John Karp dans Le Monde – Le NFT, copyright à l’heure du numérique par Charles de Laubier

NEW YORK, NEW YORK – JUNE 28: Digital artist FEWOCiOUS auctions five new unique NFT works of art, along with five physical paintings and never-before-seen drawings in a collection titled « Hello, i’m Victor (FEWOCiOUS) and This Is My Life » at Christie’s on June 28, 2021 in New York City. (Photo by Noam Galai/Getty Images)

Sommes-nous gentils envers l’Ukraine? PAR LE PHILOSOPHE EMMANUEL JAFFELIN (Entreprendre)

Ukraine : les Occidents n’ont rien fait pour éviter la guerre

(Photo Alex Chan ABACAPRESS.COM)

Par Emmanuel Jaffelin, philosophe, auteur de Célébrations du Bonheur (Michel Lafon)

Tribune libre. Les Ukrainiens en bavent depuis le 25 février 2022 puisque Poutine a lancé la guerre et des chars militaires sur leur pays. Les français ont une expression populaire disant : « 22, vlà las flics ! », les ukrainiens diront peut-être plus tard, dans leur langue ou en russe : « 22, vlà les russes ! ». Ce que les historiens ukrainiens pourront ajouter à cette formule, c’est que l’Amérique, les pays de l’Union Européenne (dont la France et même une partie de la population russe) ont dénoncé cette guerre, certains ont même livré aux ukrainiens des armes (missiles, etc) et de la nourriture , mais ils se sont refusés à y envoyer des soldats pour stopper l’armée russe !

 De là à dire que ces solidaires de l’Ukraine sont « gentils » est  inexact. Je rappelle la définition de la gentillesse. « Etre gentil, c’est rendre service à quelqu’un qui vous le demande[1] ». Or, les Ukrainiens ont demandé à l’Occident, et notamment aux Etats-Unis, d’intervenir militairement, non de leur accorder une aumône !

« Le président ukrainien a réclamé à la fois une aide en matériel militaire et une intervention pour prendre le contrôle du ciel ukrainien afin d »empêcher tout bombardement russe. Il a également demandé un durcissement des sanctions économiques contre la Russie, notamment une interdiction des importations de pétrole et de gaz russes, et la suspension en Russie des cartes de crédit Visa et Mastercard, ont rapporté les élus américains cités par l’AFP – –[2]».  Mais vue la gamelle en guerre des Etats-Unis (Viêt Nam 1961-1975 et Afghanistan 2001- 2021) et vue la jeune ardeur martiale de leur président Biden (79 ans) , il s’avère clair que les soldats américains n’y interviendront pas, sauf, peut-être (trop?) très tard !

« Biden demande aux américains de quitter l’Ukraine maintenant face au risque de guerre[3] ». Plutôt faire partir les américains de l’Ukraine  que de les y faire venir. Certes, il s’agit de civils américains installés en Ukraine dans le premier cas. Mais les militaires ne doivent visiblement pas plus se risquer à mourir  que les civils selon cette nouvelle vision américaine et européenne, donc occidentale, tant il est vrai que les pays de l’U.E ne font pas mieux que l’U.S.A. La commission[4] de l’UE décide ainsi d’accueillir « temporairement » les ukrainiens ayant fui leur pays ; et elle « prête » aussi de l’argent . Le parlement européen vote ainsi d’accorder un prêt de 1,2 milliards d’euros à l’Ukraine: la logique est celle du fric ! S’achève ainsi l’idée du militaire allemand Clausewitz selon qui « la guerre, c’est la politique poursuivie par d’autres moyens ». Or, si l’Occident, qui voulait intégrer l’Ukraine à l’ouest, fait de la diplomatie, il ne fait plus la guerre, donc ne fait plus de politique (internationale) et n’évite donc pas la guerre et l’entrée des chars russes en Ukraine !

Cherchons l’erreur : qui ne veut pas la guerre, la rencontre. Se vis pacem para bellum ! Tout fout le camp. La passivité post-moderne occidentale l’emporte sur le bellicisme antique et médiéval !

L’Ukraine apprend devant la mollesse occidentale qu’elle doit se sortir seule de cette situation. Proverbe ukrainien :  Qui remue le passé perd un œil ; qui l’oublie perd les deux[5] ».  Moralité : l’Occident s’aveugle !

Emmanuel Jaffelin


[1]– Définition donnée par Emmanuel Jaffelin dans son Petit éloge de la Gentillesse (editions François Bourin, p29 et, éditions J’ai Lu, p44 )

[2]– https://www.rfi.fr/fr/europe/20220305-ukraine-face-aux-%C3%A9lus-am%C3%A9ricain-zelensky-demande-des-avions-et-une-zone-d-exclusion-a%C3%A9rienne

[3]– Le Figaro, le 11/02/2022.

[4]– La commissioon de l’UE Décida le 2 mars 2022 d’activer la directive européenne relative à « la protection temporaire »pour aider rapidement tout personne fuyant la guerre en Ukraine.

[5]-Mille et un proverbes de l’Ukraine (1889 )

« le contrepied des thèses woke sur un ton léger » avec Gérald Wittock

Le Diable est une Femme, Gérald Wittock (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou 14.03.22 dans La Une LivresLes LivresRecensionsRoman

Le Diable est une Femme, Gérald Wittock, Éditions Vérone, février 2022, 418 pages, 25 €

Le Diable est une Femme, Gérald Wittock (par Jean-Jacques Bretou)

S’appuyant sur force chiffres et statistiques, l’auteur se livre, dans sa préface, à une démonstration menant à conclure qu’un homme ordinaire ne peut vraiment connaître que sept villes dans sa vie, ce qui semble à peu près aussi vrai que dire qu’un chat a sept vies. Prenons cette proposition comme un axiome et acceptons-la pour vraie comme nous prenons pour exact les chiffres de l’OMS donnant comme âge moyen d’un être humain soixante-neuf ans et voyons voir où veut en venir Wittock.

La première partie de son livre, qui en comporte quatre, a tout du récit autobiographique si l’on accepte que de la naissance à l’âge de sept ans ses souvenirs lui ont été plutôt relatés et n’ont pas imprimé sa mémoire enfantine (comment pourrait-il se souvenir qu’il est né à 23 heures 50 et qu’il faisait 27°C avec un vent de force 7). Gérald est donc né à Rome le 27 septembre 1966 accueilli par le Ecco il Bèbè. Eccolo ! de sœur Bernadetta et émaille déjà son récit de nombreux jeux de mots et paroles de chanson. À presque six ans (il respecte ses statistiques), il déménage pour Bruxelles, nous sommes le dimanche 3 septembre 1972 et Gérald est devenu Gerry.

Il collectionne les « snots » (crottes de nez), à moins qu’il ne les mange, c’est un descendant de Napoléon, prénom de son frère, ce qui nous vaut l’irrésistible jeu de mot water, l’eau – Waterloo. À dix-sept ans, jeune mâle pubère, prêt à tout pour conquérir le monde, il est à Honolulu. Ensuite il vivra successivement à Paris, Londres, Marseille et finira sa vie à Manhattan (New York) en 2035 à 69 ans. Les statistiques sont bonnes, il a 69 ans et a vécu dans sept villes. Il a vécu une vie d’homme d’affaires et d’artiste : photographe, écrivain et surtout musicien et parolier. Il a cherché la femme de sa vie, « [Il] est enfin heureux. [Il] a pu tout accomplir dans [sa] vie ».

La deuxième partie du livre ou plutôt l’acte II, intitulé Antipode, a pour incipit : C’est l’histoire de Petru qui aime Mohammed qui aime Monica.

Mohammed vit dans les « quartiers », parmi les « dis-l’heure », il transgresse les genres en s’amourachant dans sa quête de l’éternel féminin Petru alias Monica, transsexuel.

Acte III, on refait l’histoire, « Mutation », le romancier inverse la place des hommes et des femmes et nous explique comment ainsi tourne le monde sans féminisme mais avec des « hoministes ». Une fable qui tourne mal (mâle) mais ça valait le coup d’essayer.

Acte IV, décidemment et à tout jamais « Le Diable est une Femme ».

En refermant ce livre, on peut penser qu’avec force citations du catalogue français de la chanson et de hasardeux jeux de mots, c’est-à-dire sur un ton léger, Gérard Wittock a voulu prendre le contrepied des thèses woke et nous démontrer que point n’est besoin de se définir par le genre puisque les dés sont pipés, définitivement le genre féminin est diabolique.

Jean-Jacques Bretou

Gérald Wittock né à Rome en 1966 est de par sa mère un des descendants en ligne directe de Lucien Bonaparte, et fils du défunt collectionneur et bibliophile, Michel Wittock, fondateur de la Wittockiana. Diplômé de l’ICHEC à Bruxelles, il démissionne de son poste de cadre dans une multinationale de transport maritime et crée dans les années 90 sa maison d’édition et de production audiovisuelle. Début des années 2000, il rejoint le grand groupe indépendant de l’industrie musicale, PIAS (Play It Again Sam), en prenant la Direction du label de House Music, NoiseTraxx, et du label de lounge, Follow Up. En 2005, il monte son propre label, NO2 Records. Il s’installe à Marseille en 2011, où il écrit 4 nouvelles : La Vie ne dure que 7 Villes Antipodes La Mutation ; et Le Diable est une Femme.

Roberto Garcia Saez, écrivain militant, porte l’étendard du combat pour les libertés des personnes LGBT

Papier Roberto Garcia Saez – Droit humains et LGBT – auteur de Dee Dee Paradize

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Le narratif anti-LGBT : Les attaques contre l’« idéologie du genre » se sont multipliées ces dernières années dans le monde entier, dominant le débat public alimenté par les réseaux électroniques et soutenus par de nombreuses organisations catholiques et évangéliques de droite. Bien que pas toujours d’accord, ces groupes s’accordent à dire que la famille traditionnelle est attaquée, que les enfants en classe sont endoctrinés pour devenir homosexuels et que le « genre » est une idéologie dangereuse, voire diabolique, qui menace de détruire les familles, les cultures locales , la civilisation, et même « l’homme » lui-même.

Historique du mouvement LGBTGI+ : En 1948, la Déclaration universelle des droits de l’homme ne fait aucune mention de l’orientation sexuelle : à l’époque l’homosexualité est largement un sujet tabou dans la société civile3.  La dénomination « LGBT » vient des États Unis, il y a un demi-siècle. La mèche est allumée aux aurores du 28 juin 1969, au Stonewall Inn dans le quartier de Greenwich Village à New York, suite à une descente de police dans un bar gay. En réponse à cette agression dans l’Amérique de Nixon, une série de manifestations spontanées de membres de la communauté Gay et lesbiens enflamme les rues du village. Les émeutes sont largement considérées comme un événement décisif qui a transformé le mouvement de libération gay et la lutte du XXe siècle pour les droits des LGBT aux États-Unis. Il faut attendre le début du xxie siècle pour que les droits LGBT soient pris en compte officiellement dans les droits humains, à travers la Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT en 2006, l’adoption des principes de Yogyakarta en 2007. En 2008, une déclaration sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre est proposée à l’Assemblée générale des Nations unies par la France et les Pays-Bas et est approuvée par 66 États6. Cependant une contre-déclaration proposée par la Syrie est adoptée par 57 États7. En 2011 à l’initiative de l’Afrique du Sud, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies adopte une résolution affirmant les droits LGBT8. C’est la première fois qu’un organe des Nations unies adopte formellement un texte sur les droits LGBT8. Le 12 novembre 2020, la vice-présidente de la Commission européenne Věra Jourová a présenté un plan pour lutter contre les discriminations et la haine envers les personnes LGBT, et renforcer les droits des couples homoparentaux9.

Les arguments utilisés par le mouvement de l’idéologie anti-genre assemblent et lancent des revendications afin de vaincre ce qu’ils considèrent comme une « idéologie du genre » ou des « études sur le genre » par tous les moyens rhétoriques nécessaires. Par exemple, ils s’opposent au « genre » parce qu’il nie supposément le sexe biologique ou parce qu’il sape le caractère naturel ou divin de la famille hétéronormative. Ils craignent que les hommes perdent leur position dominante ou soient fatalement diminués si nous commençons à cesser de penser en fonction des sexes. Ils pensent que les enfants se font suggérer de changer de sexe, sont activement recrutés par des personnes homosexuelles et trans, ou sont poussés à se déclarer homosexuels dans des contextes éducatifs où un discours ouvert sur le genre est caricaturé comme une forme d’endoctrinement. Et ils craignent que si quelque chose appelé « genre » est socialement accepté, un flot de perversités sexuelles, y compris la bestialité et la pédophilie, se déchaînera sur la terre. Le principal objectif du mouvement est de renverser la législation progressiste obtenue au cours des dernières décennies par les mouvements LGBTQI et féministes. En effet, en s’attaquant au « genre », ils s’opposent à la liberté reproductive des femmes et aux droits des parents isolés, s’opposent à la protection des femmes contre le viol et la violence domestique, nient les droits juridiques et sociaux des personnes trans ainsi qu’un éventail complet de garanties juridiques et institutionnelles contre la discrimination sexuelle, l’internement psychiatrique forcé, le harcèlement physique brutal et le meurtre. Toute cette ferveur s’est intensifiée pendant une période de pandémie au cours de laquelle la violence domestique a grimpé en flèche et les enfants homosexuels et trans ont été privés de leurs espaces de rassemblement dans des communautés vitales.

DEE DEE dans « Un Eléphant dans une Chaussette » « Dee Dee Paradize » : Durant ma carrière au sein d’organisations Internationales dans la lutte contre les grandes pandémies (Union Européenne, Fond Mondial, ONU), j’ai été le témoin d’un argument similaire notamment dans la lutte contre le VIH-Sida. Au début des années 2000, l’administration G. W, Bush stigmatisait clairement les personnes qui étaient le plus à risque de contracter le virus (Gay, Transgenres/transsexuels, travailleurs.euses du sexe et usagé.es de drogues intraveineuses). Leur approche idéologique (ABC : Abstinence, Behavior, Condom) se basait sur le fait qu’il fallait rectifier « des comportements déviants ». En stigmatisant ces personnes nous avons favorisé la propagation de l’épidémie à cette époque dans beaucoup de pays. Un autre pays comme la Thaïlande, à l’époque dirigée par Thaksin Shinawatra, livra carrément une guerre contre la drogue sans distinction entre les trafiquants et les usagers.

Dee Dee est un personnage central de mes deux romans. Ce transgenre Congolais rêve de justice sociale et d’une vie libre qu’elle pense trouver en Thaïlande. Originaire de Kinshasa, elle entretient une relation ambiguë avec un fonctionnaire des Nations Unies atypique en poste sur place, brillant et libertin (Patrick Roméro). Sous l’œil complice de son épouse, tous deux se retrouvent régulièrement dans un échange aussi tendre que sensuel. Sous fonds de dictature de la transparence au sein des Nations Unies, Patrick est accusé par un flic buté de Scotland Yard d’être la pierre angulaire d’une malversation financière. Alors que Patrick aidera Dee Dee à s’envoler pour Bangkok, cette dernière se retrouve bien malgré elle au centre d’une investigation internationale qui nous fait voyager entre l’Afrique, l’Asie et les sièges sociaux climatisés de l’ONU.

Pour développer le personnage de Dee Dee, je me suis inspiré d’une des figures emblématiques de la révolte de Stonewall, Marsha P. Johnson, une Drag-queen afro-americaine. Mais aussi d’amies rencontrées lors de mes années de missions en Asie du Sud-Est dans mes activités de lutte contre le VIH-Sida au sein du Fonds Mondial.

Situation en Europe et dans le monde : Si en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique latine, les lois interdisant l’homosexualité ont été abolies, dans 69 pays l’homosexualité est illégale (selon le rapport 2020 [1] de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (Ilga). La loi y prévoit des sanctions ou les juges y prononcent des peines à l’encontre des gays et lesbiennes. Dans 11 pays, les relations homosexuelles sont passibles de la peine de mort. Certains pays considèrent les relations entre adultes de même sexe comme un crime, d’autres États mentionnent dans leurs textes de loi des « actes contre-nature », « indécents » ou « immoraux », laissant la place à l’arbitraire des juges. En Juin 2021, le parlement hongrois a voté une loi pour éliminer des écoles publiques tout enseignement lié à « l’homosexualité et au changement de genre », associant les droits et l’éducation LGBTQI à la pédophilie et aux politiques culturelles totalitaires. En décembre 2020, la Cour suprême de Roumanie a invalidé une loi qui aurait interdit l’enseignement de la « théorie de l’identité de genre », mais le débat sur ce sujet reste violent. Parmi les 32 pays d’Afrique qui interdisent l’homosexualité, citons des pays très peuplés : Nigeria, Éthiopie, Égypte, Tanzanie, Algérie ou Maroc par exemple. En Asie, 22 pays sont aussi dans ce cas, parmi lesquels on trouve l’Indonésie, le Bangladesh, le Pakistan, la Birmanie, l’Iran, l’Irak et Singapour.

En France les discriminations homophobes sont interdites par la loi. Toutefois, les brimades et violences persistent. Le droit constitue une avancée essentielle mais ne dit pas tout des conditions de vie des personnes gays et lesbiennes.

John Karp sur Smart Patrimoine parle de la première vente aux enchères de NFT en France

La maison FauveParis a accueilli jeudi 10 mars, la première vente aux enchères de NFT en France. Depuis le 1er mars et la promulgation d’une loi au Journal officiel, les maisons de ventes peuvent proposer de l’art numérique, sans support physique, lors des enchères publiques. Revoir l’émission ICI

Les cinq finalistes au Prix Cazes 2022 (remise du Prix le 20 avril 2022)

Le 86ème Prix Cazes sera décerné le mercredi 20 avril 2022

Le 86ème Prix Cazes sera décerné le mercredi 20 avril 2022. (Brasserie Lipp)

contact presse : guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

La deuxième sélection de 2022 (les cinq finalistes, liste de sélection établie le Mercredi 9 mars 2022)

86emePrix Cazes Brasserie Lipp

Monument National.  Julia Deck. Éd de Minuit

555. Hélène Gestern. Arléa

Chef. Gauthier Battistella. Grasset 

Blanc Résine. Audree Wilhelmy Grasset 

La Tour. Doan Bui. Grasset

 

Le jury

Fondé en 1935 par Marcellin Cazes, le Prix Cazes récompense un auteur pour un roman, un essai, une biographie, des mémoires ou recueils de nouvelles.

Il est décerné chaque année par un jury composé de :

Joël Schmidt(Président) ;  Claude Guittard (Secrétaire général) Brasserie LIPP – 151 Bd Saint Germain – 75006 PARIS ; 

Mohammed Aïssaoui ; Gérard de Cortanze ; Nicolas d’Estienne d’Orves ; Christine Jordis ; François-Guillaume Lorrain ; Carole Martinez ; Eric Roussel ; Léa Santamaria (librairie Libres Champs)

 

1935-2020 L’histoire du PRIX CAZES (pas d’édition en 2021 cause covid)

Le Prix Cazes est l’une des plus anciennes distinctions littéraires. Cette récompense, créée à l’initiative de Marcelin Cazes, continue, au fil des décennies, à révéler des auteurs prometteurs. Comme il avait une clientèle très “intellectuelle”, Marcelin Cazes eut l’idée en 1935 de créer un prix littéraire qu’il décernait chaque année au mois de mars et qu’il dotait à l’origine d’une somme de deux mille cinq cents francs.

Le jury, composé de douze membres et présidé par André Salmon, se réunissait à midi, votait, puis était invité à déjeuner par la Brasserie Lipp ainsi que le lauréat – “qui n’était jamais introuvable ni même bien loin”- et quelques courriéristes littéraires.

En 1935, la première année, le prix fut attribué à une compagnie théâtrale, Le Rideau de Paris de Jean Marchat et Marcel Herrand, deux jeunes comédiens metteurs en scène. Les lauréats suivants, véritables écrivains, devinrent souvent des auteurs à succès.

En effet, le prix Cazes servait à l’époque de “tremplin” car plusieurs lauréats obtinrent par la suite le prix Goncourt, le prix Femina ou Interallié.

En quelques années, le prix Cazes est devenu “l’événement littéraire du printemps” (contrairement aux autres grands prix, remis à la rentrée) qui mobilisait le monde littéraire et journalistique parisien.

L’ année 1950 devait marquer l’histoire du prix. En effet, cette année-là, Marcelin Cazes décida de décerner le prix qui porte son nom dans sa maison natale de Laguiole. Il organisa pour cela un voyage en car au départ de Saint Germain des Prés, le 24 mai 1950, avec à son bord 35 journalistes, courriéristes, membres du jury et amis. Un périple, sûrement plus gastronomique que littéraire, qui dura 5 jours et couronna le lauréat Marcel Schneider pour son roman Le Chasseur vert.

Depuis 1950, le Prix Cazes, toujours décerné chaque année au mois de mars, a couronné le talent de nombreux auteurs pour leurs romans, essais, biographies, mémoires ou recueils de nouvelles : de Solange Fasquelle (1961) à Jean Claude Lamy (2003), en passant par Michel de Grèce (1970), José-Luis de Villalonga (1971), François de Closets (1974), Cavanna (1979), Olivier Todd (1981), Edgar Faure (1983), Jean Paul Aron (1985), Jean Marin (1995), Jean-Paul Enthoven (1997), Clémence de Bieville (1998), Shan Sa (2001), Gérard de Cortanze (2002), Béatrice Commengé (2004), Françoise Hamel(2005), Emmanuelle Loyer (2006) ou Richard Millet (2007), pour ne citer qu’eux…

En 2018, le 83e Prix Cazes a été décerné à Régis Wargnier pour son roman Les prix d’excellence (Éditions Grasset)

En 2019, le 84e Prix Cazes a été décerné à Louis-Henri de La Rochefoucauld pour son roman La prophétie de John Lennon (Éditions Stock).

Un lieu chargé d’histoire

La Brasserie Lipp

Fondée sous l’enseigne “Brasserie des bords de Rhin” en 1880 par un alsacien du nom de Léonard Lipp, la Brasserie fut reprise en 1920 par la famille Cazes, d’origine auvergnate.

A cette époque, il s’agit d’un petit établissement d’une dizaine de tables seulement, mais le succès grandissant de la désormais Brasserie Lipp pousse Marcelin Cazes à s’agrandir rapidement.

Les trois clientèles de Lipp

En 1926, la Brasserie passe donc de 10 à 90 tables pour accueillir dès lors les “trois clientèles de Lipp” que Marcelin Cazes décrit dans son livre 50 ans de Lipp (éditions La Jeune Parque) : “à midi, des hommes d’affaires, des commerçants du quartier qui voulaient déjeuner dans un endroit calme et sérieux ; de cinq heures à huit heures, des écrivains, libraires, éditeurs, magistrats, artistes qui se réunissent pour bavarder ou se délasser de leurs travaux devant des demis ou des apéritifs : et le soir, le tout Paris.”

À cette époque, la Brasserie Lipp a déjà une solide réputation littéraire, fréquentée notamment par Verlaine et la dernière bohème du Quartier Latin. Au fil des ans, Marcelin Cazes, figure emblématique de la Brasserie, en fit le point de chute de grands noms qui ont marqué la littérature française : Malraux, Gide, Saint Exupery, Proust, Camus

La Brasserie sera même classée “lieu de mémoire” par le Ministère de la Culture plusieurs années plus tard.

Un lieu hors du temps

Derrière cette façade en acajou verni, se cache donc une maison plus que centenaire, reprise progressivement depuis 1990 par la famille Bertrand qui se fait un devoir de perpétuer la tradition, profondément marqué par ses racines auvergnates. Pour preuve, la Brasserie Lipp abrite aujourd’hui encore tout le monde politique, journalistique, littéraire et artistique que compte Paris. Vous pourrez y croiser le regard de Scarlett Johansson, Jack Nicholson, Sophia Coppola, mais aussi Azzedine Alaïa, Jean- PaulGaultier, Jean-PaulBelmondo, Benjamin Biolay ou Sting…

En effet, tous apprécient ce lieu chargé d’histoire où le temps semble s’être arrêté depuis bien longtemps.

Bretagne actuelle a bien lu François de Combret

Inutile de se perdre dans une bibliothèque pour retrouver les œuvres littéraires inachevées. Il en existe à travers les civilisations et les époques un très grand nombre – autant, voire davantage, que d’œuvres achevées. Citons Bouvard et Pécuchet (1881), l’histoire la plus drôle de Flaubert, construite sur un minutieux travail préparatoire avant que ce pauvre Gustave ne décède au milieu de sa rédaction… Casse-pipe (1949) de Louis-Ferdinand Céline, dont la dernière partie fut rédigée avant d’être saisie en 1944 dans l’appartement de l’auteur, à Montmartre, peu après sa fuite vers Sigmaringen…  Également Le Château (Das Schloß) – 1926) de Kafka, publié par Max Brod à la mort de l’auteur après lui avoir promis de tout détruire… Notons aussi l’énigmatique roman « 53 jours » de Georges Perec, paru à titre posthume en 1989 avec adjonction de ses notes de travail… Enfin,  L’Homme sans qualités de Robert Musil.

Les œuvres inachevées révèlent des secrets de fabrication insoupçonnés

En latin, le Perfectum est le temps de l’action achevée, il sert à conjuguer notre imparfait de l’indicatif, notre plus-que-parfait et notre futur antérieur. De la Rome Antique à aujourd’hui – du Perfectum au futur antérieur – c’est avant tout la question du temps qui s’exprime dans les œuvres inachevées. Elles exposent cette temporalité au fil d’un développement abandonné avant son épilogue. Cette reddition installe le lecteur dans une forme d’entre-deux qui le mène du premier jet à l’inaccomplissement. Elle révèle des secrets de fabrication insoupçonnés, ou du moins le laisse croire ; les découvrir tient à la fois du musée et de l’atelier, comme une invitation à visiter le premier et découvrir le second avec l’œil compatissant que l’homme averti se doit d’accorder à la faiblesse et aux lacunes.

Découvrir la Vie à travers l’acceptation de la nôtre

Si certains livres sont restés en souffrance par jeu, on déplore que d’autres inachèvements aient été la résultante d’une triste fatalité : celle de la maladie ou simplement de la mort de leur auteur. L’ambition de La substantifique moëlle de L’Homme sans qualités n’est pas de résumer l’œuvre de Robert Musil, tâche impossible tant le livre est foisonnant et complexe, mais d’en défricher l’accès, y compris à travers son aspect lacunaire. François de Combret explique à la fois le classicisme et le lyrisme de Robert Musil. Il expose comment, ivre de connaissance et d’absolu, Musil invite ses lecteurs à rester en vie ; sans doute n’avait-il lui-même d’autres ambitions que de chanter cette vie imparfaite, à défaut d’en avoir une autre qui soit plus belle. Voilà ce à quoi nous initie merveilleusement François de Combret dans La substantifique moëlle de L’Homme sans qualités : découvrir la Vie (majuscule) à travers l’acceptation de la nôtre.

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Mars 2022 – J.E.-V. & Bretagne Actuelle

Illustration bandeau : E.-L. Kirchner : Berliner Straßenszene  (détail) – 1913

La substantifique moëlle de l’homme sans qualités, un livre de François de Combret aux éditions du Palio – 449 pages – 21,50€

Deux ans après le Covid, l’autre peur de Philippe Enquin

Deux ans déjà. L’occasion de faire un bilan. A l’époque j’étais, comme tous, sidéré, déboussolé, soudain ma vie avait basculé dans l’inconnu…La peur.

« 80 % des personnes qui décèdent ont plus de 60 ans » répété tout au long de la journée (j’avais 85 à l’époque). Comment survivre ? Comment ne pas sombrer dans la dépression, dans l’immobilisme ? Ma passion pour la photo n’était pas suffisante. Il me fallait un projet, une création. Les projets sont pour moi un des moteurs de mon existence. Ce sont les projets qui me maintiennent en mouvement malgré mon âge. Et petit à petit ce projet a pris forme. Il fallait être confiné ? Et bien j’allais mettre à profit le confinement pour photographier depuis mon balcon du deuxième étage du boulevard Voltaire le quotidien d’une période exceptionnelle.

C’est ainsi qu’est né « De mon balcon. Chronique d’un confinement parisien ».

 Je feuillette mon livre. Il y a longtemps que je ne le faisais pas. Je retrouve le silence, le calme des rues quasi désertes, les gestes du quotidien, la bienveillance des gens, la communication et la solidarité, la communion de 20 heures, le besoin de communiquer…tout ça comme dans une bulle. La bulle du confinement. Ce que j’appelle les « étincelles d’humanité » se détachaient facilement.  Je dois avouer que suis satisfait d’avoir réalisé le seul livre (à ma connaissance) qui décrit le quotidien des habitants d’un quartier bobo (la plupart des photographes professionnels qui pouvaient rompre le confinement ont pris de magnifiques photos de Paris vide ou des scènes poignantes dans les hôpitaux). De mon balcon est un témoignage d’un moment qui ne se reproduira plus jamais.

Et maintenant ? Cette expérience m’a ouvert deux portes (ou deux voies, ou deux champs). L’envie de continuer à faire des chroniques, à utiliser des photos pour décrire une situation ou un milieu.  Et l’envie d’explorer des territoires inconnus.

Dans le passé, je ne prenais pas de photos des SDF car je ne voulais pas exploiter la misère humaine. Lors de ce confinement, la présence des SDF s’imposait. Et j’ai commencé une relation avec Jojo le clown, un SDF qui était souvent en bas de chez moi. Jojo m’a raconté son histoire (entretien qui figure dans mon livre) et mes relations avec les SDF ont évolué. En réalité auparavant je me sentais mal à l’aise pour les aborder. Nos mondes étaient tellement différents ! Le simple fait d’entamer un dialogue, de les écouter, a permis de les comprendre et de changer mes relations avec eux. Cette rencontre m’a fait réfléchir sur les stéréotypes et les préjugés de son milieu de naissance qu’on traine depuis son enfance et qui sont très difficiles à extirper.  J’ai pris conscience que la seule façon pour moi de les combattre était simplement de les connaître, de les rencontrer, d’essayer de les comprendre. J’ai décidé donc de faire des chroniques de certains milieux tels que des personnes souffrant de handicaps, des banlieusards pratiquant des danses telles que Krump ou le Voguing que très peu de gens de mon milieu connaissent, des milieux LGBT. Tels sont mes projets actuels.

 Deux années se sont écoulées et d’habitude j’observais depuis mon balcon une multitude de gens qui grouillait dans tous les sens ; tout se bousculait, les voitures et le bruit, personne ne me regardait prendre des photos, tout allait très vite et s’embrouillait.

Mais depuis une semaine je vois autre chose : 

 Je sens de nouveau un élan de solidarité et de cohésion. Mais cette fois-ci l’issue est beaucoup plus incertaine. 

Philippe Enquin