Thierry Paulmier : « clair, organisé, sans jargon et immédiatement utile dans sa vie personnelle et professionnelle. »

Thierry Paulmier, Homo emoticus

On connaissait homo consumans, homo economicus, homo democraticus, homo faber, homo festivus, homo loquens, homo ludens, homo reciprocans, homo sovieticus – entre autres : voici homo emoticus. L’homme émotionnel. Ce sont les multiples faces du genre homo, sans oublier homo eroticus. A noter pour les ignares complotistes qu’homo désigne le genre humain tout entier, et pas seulement le mâle ; il comprend donc aussi les femmes, et les enfants avant qu’ils « choisissent » un sexe.

Thierry Paulmier a étudié l’économie et la politique, il a trouvé sa voie dans la formation et la consultance pour les écoles de l’élite en France, au Brésil, au Liban et même au gouvernement, au Secrétariat général, à la Guerre. Il a été formé à la négociation à l’Academy of Dramatic Arts de New York après un passage par les plus fins spécialistes de la manipulation douce, la John Kennedy School of Government d’Harvard.

Ce qu’il dit ? Que l’être humain n’est pas purement rationnel comme le voudrait le concept d’homo economicus au XIXe siècle, mais que quatre émotions universelles orientent les « choix » rationnels : l’envie et l’admiration, la peur et la gratitude. Ce que savaient les philosophes antiques, que la raison est mue par la passion poussée par les instincts, a été « oublié » sous le millénaire de chrétienté où la foi devait remplacer tout. Le succès relationnel est de se connaître soi et autrui selon quatre vertus : l’optimisme, la douceur, la patience et la sagesse – et cela par quatre moyens d’action sur les émotions : le corps, la pensée, la parole et l’action. Vous avez en cette première partie l’essentiel de l’intelligence émotionnelle.

La suite est résolument pratique. Après avoir étudié les diverses bandes des quatre (phénomènes essentiels, émotions premières, sentiments d’infériorité, soucis de soi, points cardinaux de l’existence), puis les douze émotions secondes, place au « management » – autrement dit la manipulation (positive ou négative) sur les autres pour les faire agir conformément à vos vœux. Le terme management viendrait de l’italien qui signifie « manier » en parlant de la prise en main et du dressage des chevaux… C’est dire combien l’organisation du travail en commun et les ordres sont menés par les émotions animales : le désir de service côtoie le désir d’abus de pouvoir, l’isolement du manager les équipes au travail.

L’homme-machine a été celui de l’âge industriel où fordisme et taylorisme les ont transformés en robots (métro-boulot-dodo) tout comme les totalitarismes en politique (soviétisme, fascisme, maoïsme). Désormais la robotisation supprime carrément des emplois et l’homme intelligent (sapiens) requis par l’économie se heurte à la politique qui pousse les castes à conserver le pouvoir. L’algorithme et le traitement massif des données devrait transformer « l’intelligence » en artificielle et évacuer encore un peu plus l’humain. C’est du moins ce qu’on nous prévoit. D’où la difficulté (et c’est peu dire) de motiver les nouveaux entrants au travail qui sont encore appelés de la « ressource » humaine – comme une vulgaire matière à traiter.

« Le modèle homo emoticus espère convaincre les managers de la nécessité d’accorder la priorité à la dimension humaine et relationnelle de leur fonction et les guider dans une meilleure prise en compte de la vie émotionnelle de leurs collaborateurs et dans l’amélioration de leur bien-être au travail » p.15.

Suivent alors trois chapitres de management : de projet, de personne, d’équipe, forts utiles à ceux qui veulent réussir. Puis plusieurs chapitres de comportement, par la parole et l’action, par la peur, par l’envie, par l’admiration, par la gratitude – qui agitent les figures totémiques du Tyran, du Magicien, du Maître, du Parent. Deux chapitres portent sur la communication interpersonnelle et la négociation, points-clés de tout management efficace, qui n’est au fond qu’une situation de « vente ». Le dernier chapitre, mais pas le moindre, porte sur le management de crise, de plus en plus actuel ces dernières décennies entre krachs, guerres, attentats, catastrophes naturelles ou industrielles, pandémie… Aux causes courantes dans les équipes, les remèdes à la crise d’autorité, d’unité, d’identité. Tiens, vous avez dit identité ? Dommage que cela ne prenne qu’une seule page. Ce simple thème devrait faire l’objet d’un chapitre entier. Tant en politique que dans les entreprises, où « limage » compte de plus en plus.

Anne Lauvergeon, ancienne sherpa de Mitterrand avant de présider Areva, a préfacé cet ouvrage, fruit de sept ans de recherches et de présentations. Il est clair, organisé, sans jargon et immédiatement utile dans sa vie personnelle et professionnelle.

Thierry Paulmier, Homo emoticus – L’intelligence émotionnelle au service des managers, 2021, éditions Diateino (groupe Guy Trédaniel), 495 pages, €23.00 e-book Kindle €15.99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

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