« Une chambre à soi » de Virginia Woolf (livre audio)

Maria Mauban lit Une chambre à soi de Virginia Woolf
1 Cassette – 16,50 € / 1 CD – 18 €

Une chambre à soi.jpgPartant de l’analyse des interdits misogynes, solides remparts d’une supériorité masculine dont la réalité paraît sérieusement ébranlée, Virginia Woolf définit les conditions d’existence et la spécificité de la création pour les femmes. Il faut d’abord « une chambre à soi », dont la portée va bien au delà du matériel. « Il suffit d’entrer dans n’importe quelle chambre de n’importe quelle rue pour que se jette à votre face toute cette force extrêmement complexe de la féminité … Car les femmes sont restées assises à l’intérieur de leurs maisons pendant des millions d’années, si bien qu’à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice. »

Animaux de combat par Christine Clerc (Valeurs actuelles du 11/17.01.08)

LE CARNET DE CHRISTINE CLERC

ANIMAUX DE COMBAT

(…)

Ma génération doit beaucoup, paraît-il, à Simone de Beauvoir dont on célèbre le centenaire : elle fut une femme libre, vivant sans entraves ses liaisons avec Sartre, Lanzmann et Algren ; elle milita pour l’avortement et écrivit : « On ne naît pas femme, on le devient. » Je trouvais cela très fort. Aujourd’hui, je crois au contraire avec Antoinette Fouque la fondatrice du MLF, qu’il est « impossible de se libérer en niant la différence des sexes » – et d’abord, la maternité. Pour l’avoir oubliée, nous avons pris beaucoup de retard dans le combat qui devrait être prioritaire : afin que des millions de mères seules aient les moyens matériels et intellectuels d’élever leurs enfants. Simone de Beauvoir s’en souciait-elle seulement ? Je relis « La force des choses » et n’y trouve qu’une bourgeoise intello préoccupée de sa propre personne, confessant dans les années 1940 : « Ce que je n’ai pas découvert, c’est la manière de traduire par des actes mon opposition au nazisme » et partant, en 1945 – année de rationnement en France – , effectuer une tournée de conférences en Espagne et au Portugal. Là-bas, elle trouve des magasins « au luxe d’un autre âge » et s’achète tenues de cocktail et manteaux de fourrure. Dans la rue, cependant, elle voit des enfants nus et « scrofuleux ». « La bourgeoisie portugaise, note t-elle, supportait très sereinement la misère des autres. » Elle aussi. Sa règle d’or : « Je ne m’appliquais pas au dégoût, ni à la compassion. » En sept cents pages, pas une once de générosité ! Beauvoir aura incarné, en somme, la « gauche ragondin ».

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Louise Blanquart par Catherine Simon (Le Monde et www.lemonde.fr du 11.10.08)

LOUISE BLANQUART

Elevée dans la tradition chrétienne, elle s’engage dans les années 1940 au PCF et restera fidèle toute sa vie à la cause ouvrière, au combat féministe et à la poésie.

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PASSIONNEE DE PHILOSOPHIE

La découverte du mouvement féministe, l’apprentissage de la « conscience sociale du sexe » l’amènent non seulement à militer (au sein du groupe Ruptures notamment), mais aussi à s’ouvrir à des courants de pensée longtemps stigmatisés par les cadres du PCF. En 1974, elle publie « Femmes, l’âge politique » (Editions sociales) et se passionne pour les débats qui soulèvent et déchirent le mouvement des femmes. Les théories d’Antoinette Fouque l’intéressent ; elle se lie d’amitié avec l’écrivain Nancy Huston.

Autodidacte (elle a quitté l’école à la fin du primaire), passionnée de philosophie, elle dévore Marx et Althusser, mais aussi Spinoza, plus tard Deleuze et Guattari aussi bien que Foucault, Derrida, Balibar… Son minuscule appartement de Montmartre, à Paris, en témoignera longtemps, tapissé de livres. Quelques semaines avant sa mort, elle avait entamé la lecture de la biographie de Hannah Arendt par Laure Adler.

Humaniste rigoureuse, fidèle à la « classe ouvrière, même si on ne dit plus comme ça », Louise Blanquart s’était rapprochée, dans les années 1990, du mouvement écologiste. Elle avait adhéré au Parti des Verts. Lectrice du Monde, elle regardait beaucoup la télévision, mais retournait sans cesse à ses livres de poésie.

Catherine Simon

100 ans de féminisme dans lefigaro.fr (11.01.08)

www.lefigaro.fr (11.01.08)

100 ANS DE FEMINISME par Laure Daussy

A l’occasion des 100 ans de la naissance de Simone de Beauvoir, retrouvez en photo les principaux événements du féminisme et de l’histoire des femmes en France

07.03.06. Anniversaire du manifeste des 343. Des féministes se réunissent pour les 20 ans du manifeste paru dans le Nouvel Observateur, signé par 343 femmes affirmant avoir pratiqué un avortement. Parmi elles, Antoinette Fouque, une des fondatrices du MLF, au premier plan. Simone de Beauvoir était parmi les signataires. AFP

Simone de Beauvoir, une oeuvre-vie par Josyane Savigneau (Le Monde des Livres du 11.01.08)

SIMONE DE BEAUVOIR, UNE OEUVRE-VIE

Si l’on aime Simone de Beauvoir, on admire son honnêteté, sa lucidité, son souci de vérité, sa volonté de liberté. Voici un livre sur elle, « Castor de guerre », de Danièle Sallenave, qui possède ces qualités. Et le désir de montrer plutôt que de juger.

La haine de Simone de Beauvoir a été constante chez les féministes dites « différentialistes », qui prêtent aux femmes des qualités particulières et une supériorité sur les hommes, la maternité. Au lendemain de sa mort, en avril 1986, Antoinette Fouque, la fondatrice du Mouvement Psychanalyse et Politique, dénonçait, dans Libération, ses idées « égalisatrices, assimilatrices, normalisatrices », son « universalisme intolérant ».

A cette opposition, fondée sur le rejet des thèses du « Deuxième Sexe » (1949), se sont ajoutés, depuis, des écrits de supposées féministes – tardives – expliquant à longueur de pages à quel point elles avaient « dépassé » Beauvoir, qu’elles semblaient ne pas avoir lue.

(…)

Elle aurait eu 100 ans le 9 janvier. Depuis sa mort, le 14 avril 1986, plusieurs publications posthumes sont venues éclairer le parcours et l’oeuvre de Simone de Beauvoir. Son centenaire suscite de passionnants livres, notamment les essais de Danièle Sallenave et de Jean-Luc Moreau. C’est aussi l’occasion pour Liliane Kandel de se souvenir des rencontres des féministes des années 1970 avec l’auteur du « Deuxième Sexe », et pour Juliette Rennes d’évoquer sa « présence-absence » dans les études universitaires.

(…)

Josyane Savigneau

Espace Des femmes, 08.01.08 (Femmes Plus par Amandine Cauchy)

http://www.femmesplus.fr/femme/diaporama/l-espace-des-femmes-d-antoinette-fouque.18899.fr.html

« Impasse des deux anges », en plein coeur de Saint Germain des Près. On ne pouvait rêver mieux. C’est ici que vient d’ouvrir l’Espace des Femmes. Un endroit pour nous, simplement, pour une création libre, des échanges, de l’art et de la musique encore et encore. Et derrière ce joli projet, Antoinette Fouque. Visite en images !

Antoinette Fouque par Amandine Cauchy (Femmes Plus) 08.01.08

http://www.femmesplus.fr/mag-femme-feminisme-antoinette-fouque.18901.fr.html

[Par Amandine Cauchy, 08 janvier 2008]

Nous aimerions qu’il y ait un lieu où,
singulières, cependant-nous aurions dépassé l’état d’urgence,
-l’état de siège –occupation et résistance,
l’état de guerre et de violence,
l’amour de la haine parmi nous. (…)
Gravidanza (2007)*

Pour Aung San Suu Kyi et Taslima Nasreen…
Ah, Antoinette. Toujours là dans sa lutte. Toujours vigilante aux femmes, à leurs détresses, à leurs appels au secours.
Aung San Suu Kyi, Prix Nobel de la Paix, chef du parti démocrate birman, toujours assignée à résidence depuis 1988, soutient les manifestations du peuple birman durement réprimées par la dictature ? Elle se démène, ne décroche pas de son téléphone : actions, pétitions, manifestations !
Taslima Nasreen, l’écrivaine bangladeshi, est de nouveau menacée pour son combat pour l’émancipation des femmes ? Vite, elle agit, toujours guidée par la sécurité physique et la liberté d’expression de son amie de lutte.

Pour la force créatrice des femmes…
Antoinette est une femme impatiente. Elle est une femme de pensée, une femme de rassemblement.
En 1968, après mai, et après avoir écouté les slogans machistes et autoritaires, Le pouvoir est au bout du phallus, Le pouvoir est au bout du fusil, c’est la naissance du Mouvement de Libération des Femmes, avec Monique Wittig et Josiane Chanel. « En pleine époque de décolonisation, nous avons essayé de nous décoloniser, pour que les femmes libèrent leurs paroles ! C’était l’époque du « notre corps nous appartient » », se souvient-elle.

Femmes, pas féministes
« En 68, Avec Monique Wittig, nous étions en désaccord avec « le Deuxième Sexe » de S. de Beauvoir. Pour Wittig, c’était par rapport au lesbianisme, pour moi, par rapport à la maternité, au fait d’être mère et de le vouloir -je venais d’avoir ma fille 4 ans plus tôt ».
Mais très vite, pour Antoinette, avec l’instance « Psychanalyse et Politique » il s’agissait de positiver le terme « femme », et de savoir « si cet esclavage maternel des femmes n’était justement pas causé par cette immense richesse ou compétence constituée par la procréation ».
Parce que pour elle, « en faisant le MLF, je visais à donner une dimension politique à cette expérience de la grossesse propre aux femmes, à donner une traduction politique à l’expérience psychique et physique qu’est la grossesse ». Alors que Wittig rejetait le terme « femme » : « Monique Wittig en était même arrivée à la conclusion que « Le mot femme est un terme d’oppression ». Moi pas du tout ! »

Une création libérée
Dans la lignée, en 1974, Antoinette fonde sa maison d’édition, les Editions des Femmes où aujourd’hui encore elle rêve de « donner lieu, tracer des voies positives en mettant l’accent sur la force créatrice des femmes ».
S’ensuit un passage au Parlement européen de 1994 à 1999. Et surtout, depuis quelques semaines, la création de l’Espace des Femmes, où elle a déménagé sa Maison, l’Alliance des femmes, avec ses amies artistes, écrivaines.

« Phallocentrée »
« Phallocentrées », les sciences humaines maintes et maintes fois décortiquées dans deux essais de féminologie -terme qu’elle a inventé, (Il y a deux sexes, 1995 réédité en 2004) et Gravidanza (2007), mêlant histoire, philosophie, anthropologie….
On l’a compris, Antoinette n’aime pas ces « ismes » qui fixent les choses, ni les « é », qui assoient les généralités.
Antoinette n’aime pas que l’on parle de « la » femme, et préfère parler « des femmes », et de « leur entrée dans l’Histoire ».

« L’envie de l’utérus »
Pour Antoinette, il y a « deux sexes », deux corps, deux libidos, l’une ne prenant pas le pas sur l’autre, n’en déplaise à Freud et à son « envie du pénis », dictat d’une libido unique d’essence mâle.
Pour Antoinette, la procréation et la possibilité de donner vie constituent la force des femmes. C’est quelque chose qui échappe aux hommes et qu’ils nous envient. C’est « l’envie de l’utérus », qui se traduit notamment par la tentative de maîtriser et de contrôler cet utérus.
Pour Antoinette enfin, « la perte de cette expérience (celle de la grossesse) appauvrirait l’humanité, démographiquement bien sûr, mais la priverait aussi d’une richesse ».

Une permanence historique
« Depuis 40 ans, il y a une permanence historique des femmes, un mouvement continu. Aujourd’hui, être une femme n’est ni un privilège, ni une damnation. Et si l’on vit encore dans une phase phallique, on finira par la dépasser, l’humanité va grandir, pour atteindre enfin sa maturité, son stade géni(t)al pour l’un et l’autre sexe. »

« Un autre temps viendra »
Bel exemple que celui de Ségolène ! « Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, elle a rempli un vrai contrat humain. Avec ses quatre enfants et sa carrière, elle a donné l’exemple ! Elle s’est heurtée au machisme ; elle a été battue : je savais que le temps n’était pas venu. Mais il viendra, un autre temps viendra… »
Alors ?
Encore se risquer, entre gestes et mots ; à la béance ;
à la relance entre dires et pas ; et dégager la tête, et les mains et les voix ;
les langues et les yeux, les oreilles, le cœur ; énoncer, de plein chant, nos revivances, toutes.
Gravidanza (2007)

Plus d’infos !
* Extrait de « Des femmes en mouvements », décembre 1977

Espace des Femmes, 35, rue Jacob, Paris 6ème
Renseignements : 01 42 22 60 74

L’Espace des Femmes
Gravidanza, Féminologie II, par Antoinette Fouque, aux Editions des Femmes, 2007, 15 euros

Il y a 2 sexes, essai de féminologie, par Antoinette Fouque, chez Gallimard, le Débat, 1995 (édition revue et augmentée en 2004)

Gravidanza

Michèle Ramond, sa féconde rencontre avec Antoinette Fouque

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
mr1.jpgMichèle Ramond
La rencontre avec Antoinette Fouque et les Editions Des femmes fut un grand moment de ma vie. Si j’en prends rétrospectivement la mesure je dirai que ce fut un événement et je ne saurais le définir sans avoir recours à des termes qui fassent intervenir la notion d’Histoire. Il s’est agi pour moi en effet d’un choc historique qui s’est propagé en ondes successives, me sortant peu à peu d’un état d’absence au monde dont je n’avais même pas conscience. Faire entrer l’Histoire dans sa vie n’est pas forcément un mouvement naturel et spontané si les circonstances ne l’exigent pas de la façon la plus pressante. Mais si l’on est appelé à regarder autour de soi, les circonstances l’exigent toujours. (…)Par ses entretiens vivifiants et l’exemple d’une activité sans relâche dans les domaines de la pensée analytique et de l’action politique et sociale, Antoinette Fouque, entourée du collectif Des femmes, a sorti le regard de son inertie oculaire. J’entrevis, parce qu’elles devenaient subitement accessibles, les sphères où s’élaborait la pensée de mon époque, où les idéologies mûrissaient et se confrontaient, où les actions utiles au progrès social se décidaient, puis se préparaient avant de se manifester en plein jour et d’inspirer des lois qui se voteraient au Parlement, qui entraîneraient des changements de société, des mutations dfans la pensée, dans l’imaginaire et dans la langue. Sans doute suis-je devenue à partir de là plus consciente du monde qui m’entoure, et que pour une très mince part je constitue, de ce monde beaucoup plus fragile et périlleux qu’on ne pourrait le croire en restant à l’abri de sa « maison » et de ses fantasmes. (…) Aujourd’hui où tant de guerres de poursuivent et se rallument nous sommes aussi menacés par la guerre des générations et la guerre des sexes. Tout projet de transmission risque alors d’être anéanti. Puissent les Editions Des femmes continuer encore longtemps à transmettre le désir de perpétuer l’héritage, fait d’attentes, de projets et d’espérances, des femmes et des hommes de cette terre. Et puissé-je disposer encore d’un peu de temps pour faire oeuvre, même modeste, de leur don.
M.R.

Eva Forest publie aux éditions Des femmes et conte le soutien qu’elle a reçu jusqu’à sa cellule d’isolement (1974)

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Quand en 1974, totalement enfermée dans une cellule d’isolement d’une prison franquiste, la nouvelle de votre solidarité m’est arrivée par des chemins clandestins, ce fut comme si le soleil était entré dans le cachot et comme si une énergie puissante me donnait des forces pour continuer à vivre. Je n’ai jamais oublié ce moment. Et je n’ai jamais su vous l’exprimer. Des femmes fut ensuite ma maison d’édition, mais elle fut toujours plus que mon éditrice, elle fut une main tendue qui me transmettait la chaleur de milliers de femmes qui dans le monde se mobilisaient pour une cause juste, non pas ma cause, mais la cause commune qui nous faisait lutter pour un monde meilleur et plus libre.
Aujourd’hui, tant d’années plus tard, des choses terribles continuent à avoir lieu dans le monde, j’ai vécu de très près l’agression génocidaire de l’Irak, la violence sous forme de tortures qui se pratiquent dans mon pays, et je sais que la lutte est longue et que nous n’en verrons pas la fin. Mais nous ne comptons pas, ce qui est important c’est qu’un jour se réalise le désir tant désiré. Je dois vous confesser que quand je regarde en arrière et que je vois le ciel sous lequel je me suis déplacée au fil des années, vous êtes un point lumineux, un souvenir magnifique, une des choses prodigieuses qui m’est arrivée, qui encouragent les espérances jamais perdues.
E.F.

forest.jpgEva Forest
Journal et Lettres de prison
Diario y cartas desde la carcel
Édition bilingue français-espagnol
Traduit de l’espagnol par le collectif de traduction des éditions des femmes

450 p. – 7

1976

De Yeserias, la prison de Madrid où elle est détenue depuis son arrestation arbitraire par la police franquiste en septembre 74, Eva Forest écrit à ses enfants…

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Extrait du journal :
…Je veux que vous sachiez que je me promène dans ma cellule bien qu’elle soit très petite : une fois le matin très tôt et avant de me coucher. Comme ça je reste en forme… (…) En sortant du lit le matin, je fais une petite excursion. Parfois, j’ai soif et je m’arrête à la  » fontaine aux colombes  » je l’appelle ainsi depuis mon rêve, il s’agit de la cruche en plastique blanc qu’il y a sur la table de nuit. Après quoi je suis en pleine forme…

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Extrait d’une lettre :
Yserias le 10 novembre
… Et tous nos amis sont là, nos camarades dispersés dans tous les coins du monde, dont le cœur bat au même rythme que le nôtre, dont les préoccupations sont les mêmes que les nôtres ! Et chaque matin je me lève pour un jour nouveau, je regarde l’avenir, je fais des projets de travail et je me dis que rien de ce que nous éprouvons n’est inutile, que tout s’inscrit en nous, s’accumule comme puissance créatrice pour se transformer un jour en une énergie nouvelle qui servira aux êtres de demain…

Eva Forest a été libérée de prison le 1er juin 1977, après des manifestations de solidarité.