France Net Infos a repéré plusieurs citations d livre de Daniel Horowitz

LEIBOWITZ OU L’ABSENCE DE DIEU de Daniel Horowitz, une critique de Dominique Iwan

« Il n’est pas aisé de cerner l’approche philosophique de Leibowitz du judaïsme, parce que nous sommes confrontés au paradoxe d’un Juif orthodoxe qui en tant que rationaliste exclut toute idée d’intervention divine dans la Nature ou dans l’Histoire. En quoi, dans ces conditions, consiste la foi de Leibowitz ? »

C’est l’objet de l’ ouvrage écrit par Daniel Horowitz : Leibowitz ou l’absence de dieu, publié par les Editions l’Harmattan.

Daniel Horowitz est né en Suisse où il grandit au sein de la communauté juive. Passé la soixantaine il émigre en Israel où cet intellectuel autodidacte se consacre à l’écriture. Il pratique six langues et cultive une identité juive athée.

Interpellée par cette présentation de l’auteur j’ai voulu en savoir plus, en effet je partage avec lui ce particularisme qui fonde également mon identité de juive athée.

Pour ce faire l’auteur nous livre la parole de Yeshayahu Leibowitz qui se situe au coeur de deux questions primordiales : comprendre comment le monde fonctionne et savoir pourquoi il fonctionne ainsi. C’est surtout la deuxième question qui va nous préoccuper.

Mais d’abord qui est Leibowitz ? « Scientifique, philosophe il fut l’un des penseurs juifs les plus remarquables du XXè siècle. »

Daniel Horowitz a compris très jeune que le sens de la vie n’était pas une question à poser à d’autres qu’à soi-même. « Je n’ai jamais éprouvé de sentiment religieux … », pourtant le judaisme fait partie de ses racines c’est  à ce titre qu’il se livre à un exercice intellectuel passionnant.

Nous entrons dans le vif du sujet : « les religions, toutes les religions sont des formes d’idolâtrie. » et le judaisme rabbinique n’échappe pas à cette règle. Le rôle du judaisme a donc été  d’en diminuer la toxicité et de faire apparaitre « un Dieu transcendant, abstrait, absent et finalement selon l’auteur, inexistant … »

La pensée de Leibowitz juif orthodoxe s’articule autour du concept de valeur (…) l’homme dispose d’après lui du libre arbitre qui se manifeste par « ce qu’il veut »« Dieu n’a ni forme ni corps » dit Maïmonide, « on ne peut rien en dire, pas même qu’il existe » formule attribuée à Ben Schlomo Zalman (autorité rabbinique du XVIIIè siècle).

« Dieu invisible et indicible », on ne parle pas encore d’athéisme concept formulé vers la renaissance, mais les juifs sont sans doute les premiers a l’avoir pensé en empruntant la voie du monothéisme.

Pour comprendre la foi de Leibowitz ou tout au moins s’en faire une idée, l’auteur évoque les grands courants de la pensée juive, celle de Maïmonide philosophe juif du XIIè siècle déjà cité précédemment, qui réfute le surnaturel et la superstition, Yehuda Halevy qui représente un courant mystique juif, et Baruch Spinoza philosophe hollandais du  XVIIè siècle issu d’une famille juive marrane (donc forcée à la conversion mais continuant a pratiquer en secret). Il est l’un des premiers philosophes à avoir pensé une Cité ou la religion serait séparée de l’Etat.

Leibowitz voulait préserver la pratique religieuse tout en mettant fin à l’illusion d’un Dieu personnel, cette notion peut sembler paradoxale pourtant il répondait que « le judaisme n’est pas une croyance mais une exigence » (…) Pratiquer les commandements est pour Leibowitz un art de vivre qui ne suppose aucune intervention divine, quelle qu’elle soit, parce que c’est la pratique en elle-même qui est la contrepartie. »

Daniel Horowitz acquis à la lumineuse cohérence du philosophe nous indique à la fin de son livre que « l’héritage spirituel de Leibowitz réside peut-être en ce que le judaisme des origines n’a jamais été autre chose qu’une marche vers l’athéisme, et que dans ce sens le judaisme est un humanisme malgré tout ».

Et enfin, plus récemment dans une interview à Causeur, il nous confie (…) « Leibowitz rend à Dieu ce qui est à Dieu et au monde ce qui est au monde » (…). Cette vision implique une séparation radicale entre Etat et religion. »

Important ouvrage philosophique où je me replongerai certainement, car cerner la pensée complexe de Leibowitz, est un travail redoutable et sans doute audacieux, peut-être arriverai-je juste à donner l’envie de penser, de réfléchir comme son épigraphe en début de livre que je fais mienne « A mes petits-enfants, non pas pour qu’ils pensent à moi, mais pour qu’il pensent. »

Actu.fr a craqué pour « Mondial Stéréo »

Lot-et-Garonne. Les Hurlements de Léo: « Il y a des gens qui continuent de crever, c’est dégueulasse ! »

A l’occasion de la sortie de leur nouvel album, le groupe entame une tournée sur le thème de l’exil et passe par Tonneins, samedi 22 février 2020

C’est une longue histoire d’amitié entre le groupe Les Hurlements de Léo, 23 ans d’âge, et l’association Staccato (à peine moins…).

Cette dernière fait venir ces « artisans de la musique » comme se définit Laurent, membre du groupe, pour un concert thématique, sur l’exil, le 22 février 2020 à Tonneins.

Sur le thème des migrants

Avec « Mondial Stereo », Les Hurlements de Léo promettent un concert « avec la même énergie et toujours des textes impliqués sur une musique enjouée. Ce sera un concert dynamique et joyeux autour d’une thématique forte. Un concert humaniste ».

La thématique de l’exil a été choisie par le groupe qui s’est mis à la place de ceux qui doivent, un jour, tout quitter. « Nous envisageons ce périple. On se pose des questions de comment nous aimerions être accueillis. On est en droit de se demander pourquoi on ne sauve pas un homme qui se noie. Tout ça, c’est diluer par l’actualité, mais ça continue… Il y a des gens qui continuent de crever, c’est dégueulasse ! »

Ce spectacle fait suite à la réalisation d’un conte illustré musicalement et en dessins, en novembre dernier, pour les enfants : « J’ai des enfants et, il y a 4-5 ans, ils venaient avec des questions récurrentes du type : ‘Qu’est-ce qu’un migrant ? Pourquoi ils partent ? Pourquoi ils viennent ?’ J’ai fait ce conte en tant que citoyen et en tant que père ».

Malgré la thématique de ce spectacle, la musique est enjouée, « solaire, très dansante… et on le joue plus tôt que d’habitude pour que les gens puissent venir avec leurs gosses » conclut Laurent.

Pratique

Mondial Stéréo par Les Hurlements de Léo, samedi 22 février à 18h à la Manoque. Tarifs : sur place, 15 € ; préventes à 13€ (hors frais de loc.) ; 10€ pour les moins de 12 ans.

Erwann Créac’h, vétérinaire ET écrivain dans « La Semaine vétérinaire »

Les sentiers de la gloire

Comme la vocation vétérinaire est souvent liée à un rêve d’enfant, le désir de faire du cinéma caresse celui d’approcher son mythe (dont le Festival de Cannes est un des temples sacrés). Artisanat laborieux liant une infinité d’étapes à une multiplicité de talents, le septième art n’en est pas moins un milieu féroce où l’on doit faire ses preuves. Accorder son rêve au parcours de combattant qu’est la réalisation d’un film exige culot et ténacité. En tant qu’écrivain, Erwann Créac’h (N 95) n’en manque pas. Son précédent livre fut refusé plusieurs fois avant d’être finalement publié et distingué. Sans doute a-t-il mis beaucoup de lui dans le personnage central de son nouveau roman, un jeune réalisateur qui, après des déboires de débutant et au prix d’une détermination sans compromis n’épargnant personne (pas même lui-même), parviendra jusqu’au tapis rouge du Palais des festivals. Connaissant de l’intérieur l’univers qu’il décrit (pour y travailler en parallèle de sa pratique vétérinaire), aiguisant sa fiction avec l’authenticité du vécu, l’auteur nous entraîne, à la première personne, dans l’apprentissage fiévreux et jusqu’au-boutiste de son double romanesque. On retrouve la tonalité intimiste et douce-amère qui faisait mouche dans son premier opus, à laquelle s’ajoute ici le talent de développer une situation, comme en temps réel, en lui insufflant l’imprévisibilité de la vie. Une vraie qualité de scénariste qui rend le film – pardon, le livre – particulièrement captivant. M.B.

Féminin Bio interviewe Carol Le Fur ! Merci à Anne Ghesquière

Féminin Bio

Anne Ghesquière reçoit Caroll Le Fur, coach d’orientation et spécialiste de la génération Z. Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? est le titre de son dernier livre. Nous allons parler de quelle orientation pour les jeunes et comment en tant que parents bien les accompagner sur ce passionnant chemin – Épisode #76

Dans cet épisode avec Caroll Le Fur, j’aborderai les thèmes de son livre.

Qui est mon invité de la semaine, Caroll Le Fur ?

Nos ados nous étonnent souvent, nous émerveillent parfois et nous laissent aussi un peu perplexes, notamment quand il s’agit d’orientation scolaire et professionnelle. On voudrait qu’ils s’épanouissent dans leurs futurs métiers, mais ils ne savent souvent pas ce qu’ils veulent faire, et nous non plus.

Caroll Le Fur, fondatrice de Best-Futur est coach d’orientation. Sa spécialité : engager un dialogue constructif sur le futur professionnel d’une génération Z, aux parents parfois un peu perdus.  Cette spécialiste d’un monde du travail en mutation est aussi auteure du livre « Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?» aux Ed. Eyrolles où elle donne aux parents les clés d’un échange bienveillant pour l’avenir professionnel de leurs enfants.

Quelques citations du podcast avec Caroll Le Fur : 

« La juste posture n’est pas facile mais salutaire. Le non-jugement et l’accueil sont importants »
« Les jeunes sont souvent seuls avec la question de l’orientation, il faut en prendre conscience »
« Certains parents pensent à la place des enfants. Ils oublient de les questionner »
« Comment penser plutôt que quoi penser, avoir un sens critique. C’est ce que nous devons apprendre aux jeunes »
« Les parents osent dire de plus en plus qu’ils souhaitent avant tout que leurs enfants soient heureux »
« Les talents, se sont des billes qui se révèlent au fur et à mesure de notre évolution »
« Il faut rassurer les ados : s’interroger sur son avenir est sain »
« On ne peut plus fonctionner en terme de filière « porteuse » et programmer l’enfant dans ce sens »
« Pour les nouvelles générations, le travail, c’est seulement 40% de leur intérêt »

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Bonne écoute ! 

Cet épisode a été réalisé grâce au soutien de LÉA NATURE, engagée de nature et premier fabricant français de produits bio et naturels, partenaire officiel de la #Saison2 de « Métamorphose, le podcast qui éveille la conscience ». Merci !

Choisis ses spécialités avec Caroll Le Fur (interview dans Le Parisien)

Réforme du lycée : choisir ses spécialités, un vrai casse-tête pour les lycéens

Maths, anglais, philo… les élèves de 1ère doivent décider quelles spécialités ils garderont en terminale. Un choix qu’ils craignent lourd de conséquences pour leur orientation post-bac.

Le 12 février 2020 à 07h28

Anglais ou philo ? Entre les deux matières, le cœur de Lou balance, et sa raison n’est guère plus éclairée. Laquelle de ces deux disciplines la préparera le mieux à Sciences-po ? Dans son lycée de Moulins (Allier), la jeune fille a entendu des avis contradictoires, chacun de ses profs prêchant naturellement pour sa matière. Au forum de l’orientation où elle s’est rendue récemment, elle est restée le bec dans l’eau.

Et pour cause : en rebattant largement les cartes du système scolaire, la réforme du lycée déstabilise les établissements du supérieur, et laisse des milliers d’élèves passablement perdus devant leurs « fiches avenir ». Quelle orientation, quand la boussole n’indique plus de Nord?

Garder un maximum de portes ouvertes

Jusqu’ici, les lycéens entraient après la seconde dans des filières, S, ES ou L, selon une hiérarchie dictée bien davantage par leur niveau scolaire que par leurs goûts – les meilleurs se précipitant vers la « voie royale » scientifique. La réforme a substitué à cette scolarité en couloirs un lycée « à la carte », dans lequel l’appétence des jeunes est remise au centre : chacun choisit en Première trois enseignements de spécialité, puis en conserve deux en Terminale.

Maths, anglais, histoire, philo… Tout est possible. Mais ensuite vient l’orientation post-bac, où tombe, dans de nombreux cursus, le couperet d’une sélection drastique. Quelles matières cocher pour se garantir un maximum de portes ouvertes ? « Il ne faut pas parler de ça, ça va rajouter de l’angoisse ! » s’inquiète spontanément un conseiller d’orientation.

« Le problème, c’est cette tendance à vouloir toujours des garanties sur tout… Les parents voudraient qu’on leur donne un tableau avec pour les spécialités à suivre pour chaque école, mais ça n’existe pas ! soupire Michel Roger Gilmert, directeur du centre d’information et d’orientation CIO Mediacom, à Paris. Si on faisait cela, on recréerait de fait des filières et c’est toute la réforme qui tomberait à l’eau. »

Les instructions officielles consistent donc à renvoyer les jeunes à des arguments de bon sens. « Ce sont surtout les résultats globaux des élèves qui seront regardés : ce qui nous intéresse, c’est de recruter des jeunes qui savent apprendre », rassure Christine Gangloff, vice-présidente de la conférence des présidents d’université.

Une hiérarchie entre les matières ?

Le site horizons 21, créé par l’organisme d’information sur l’orientation Onisep, permet aux élèves de tester, dans les grandes lignes, l’adéquation entre leurs choix de spécialité et les cursus du supérieur. On y apprend par exemple que la combinaison « physique SVT » colle mieux au programme de médecine que « maths physiques ». Pourtant, Téo, en 1e à L’Isle-Adam (Val-d’Oise), doute encore. « J’ai un prof qui m’a dit d’abandonner la matière que j’aurais le moins de mal à rattraper tout seul, et c’est plutôt la SVT », soupèse le jeune homme, qui aimerait revêtir la blouse blanche.

« Beaucoup d’élèves hésitent entre des cursus totalement différents et pour eux le choix est encore plus difficile », note Caroll Le Fur, coach privée à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). Officiellement, aucune formation « ne peut exiger une combinaison de spécialité en particulier », annonce l’Education nationale sur son site. Les établissements du supérieur ont même signé une charte, en janvier 2019, dans laquelle ils s’engagent solennellement à ne pas instaurer de hiérarchie entre les matières.

Pourtant, « on voit des écoles post-bac qui commencent à passer le message qu’elles ne recrutent que des élèves qui ont choisi maths physiques », confie le patron des Arts et métiers, Laurent Champaney, qui préside la commission orientation de la conférence des grandes écoles. « Il est clair que dans l’incertitude, les formations ont tendance à rester sur ce qu’elles connaissent… » En clair, sans maths, toujours point de salut ? « Oui », admet-il.

Pour la Métropole, Youri Fedotoff a donné une histoire à l’Histoire

Le testament du Tsar de Youri FEDOTOFF par Marie Desjardins

Plus de cent ans sont passés depuis l’assassinat du tsar Nicolas II et de sa famille.

Ici et là dans le monde, des passionnés du destin tragique des Romanov continuent d’étudier, de chercher. Y aurait-il eu des survivants ? La question a été examinée sous tous ses angles. Mais encore… Parmi de très nombreuses rumeurs et suppositions, l’une d’elles voudrait que, du trésor impérial — notamment celui des bijoux — un inestimable trésor, de nombreuses pièces auraient disparu. En novembre 2018, StelleneVollandes, journaliste de Town and Country, rappelle ce dossier des joyaux, mentionnant divers catalogues existants, et qu’elle a consultés. Oui, il y a des pièces manquantes. Vols ? Héritages secrets ? Saccages ? Les enquêtes suivent leur cours… depuis un siècle

En France, un auteur du nom de Youri Fedotoff publie, en 2019, un bien étrange roman tenant de l’épopée, etqui pourrait en partie expliquer ce qu’il est advenu de certains de ces bijoux — et plus particulièrement desdiamants. Fedotoff, lui-même descendant d’un Russe blanc et d’une comtesse hongroise, est, par le cœur et l’âme, appelé par le parcours de ces monarques disparus. Comme de nombreux compatriotes, descendants d’émigrés de la révolution russe, il n’a pas oublié. Ceux qui aiment le tsar sans même l’avoir connu ; ceux qui vouent un culte à l’ancienne sainte Russie sont comme cet écrivain : en dépit du passage de décades, maintenant, l’allégeance est la même — on vénère, même en secret, cette famille dont la fin a frappé les imaginations.

Cependant, Fedotoff a quelque chose, disons de plus, qui l’autorise à s’éprendre de cette grande page humaine : son propre père, à la veille de sa mort, lui a livré un secret. Fedotoff en fait le sujet même du roman conséquemment intitulé Le testament du Tsar : au moment de son abdication, Nicolas II confie à son filleul, Michel Trepchine, une fortune en diamants, mais également le rôle de régent de toutes les Russies. Tout un programme, alors que les bolchéviques ont envahi le pays, massacrant les blancs afin d’ériger un système libéré des entraves — supposément — du régime implacable qui a régné pendant des siècles dans ce coin du monde.

Fedotoff a l’imagination féconde, mais également des connaissances extrêmement précises sur l’époque qu’il nomme le chaos 1917-1945. Au fil des chapitres transportant le lecteur en Russie, en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Hongrie, etc., Trepchine, un héros, s’il en est, met tout en œuvre pour reconquérir la Russie, qu’en cas de réussite, il régirait. Bien sûr, on connaît le fin mot de l’histoire. Pas un Romanov, frère, neveu, oncle ou filleul n’a retrouvé ce pays comme autrefois. La révolution a été accomplie dans tous les sens du terme. Pourtant, la diaspora existe, comme le bien filtre le mal, et, dans le secret des êtres, le tsarisme n’est pas mort, Nicolas n’est pas mort — avec sa famille, de l’au-delà, il veille sur ses fidèles qui, eux, veillent sur les legs de cette dynastie.

Et si cette histoire était vraie ? Le roman, une sorte de plongée dans ce passé chaotique revisité par Fedotoffpropose des éclairages aussi généraux que particuliers sur une kyrielle de thèmes — guerre, conflits, amour, fuites, intrigues de tout acabit. Par exemple, l’auteur reproduit des conversations intimes qui auraient décidé du cours des choses, et décrit avec brio les interventions de familles influentes se retrouvant dans des palaces européens ou des manoirs à l’île des Monts Deserts — plus jamais on ne parcourra le Maine avec les mêmes yeux. Le lecteur a l’impression que l’auteur les a connus intimement, qu’il était là par un étrange voyage de l’esprit vers ce qui n’existe plus. Dès le début, on assiste à l’enfouissement des diamants dans un endroit du monde des plus improbables, et donc possible. On fait partie du secret.

Le roman, contrairement à la biographie, donne toutes les libertés. Ce laissez-passer permet des révélations ;même si relevant de l’interprétation, celle-ci sont un chemin vers la vérité. Tout au long de ces pages saluées par Patrick Poivre d’Arvor, l’auteur fait revivre les deux guerres de divers points de vue. Le lecteur amateur de curiosités historiques se trouvera dans ce tourbillon comme dans un musée sans gardien ; il peut toucher à tout, tout écouter, tout voir — c’est un exercice fascinant.

Le Testament du Tsar, ce travail colossal montrant clairement l’érudition et la passion de son auteur, aurait toutefois mérité une édition plus attentive. C’est souvent le lot des romans d’envergure, complexes, tissés, riches, denses ; ils ne trouvent pas preneurs dans les maisons qui mènent le bal des publications. Cela est à déplorer. Car l’auteur qui en vaut la peine est souvent celui qui n’est pas soutenu. Cependant, comme il a le feu sacré (ce lieu commun qui dit bien les choses), il s’arrange lui-même pour que son cri silencieux soit entendu, même dans la steppe balayée par le blizzard. Il faut féliciter Youri Fedotoff d’avoir donné une histoire à l’Histoire. La sienne est à lire pour qui vibre à l’évocation d’un passé toujours vivant pour ceux qui voient autrement.

Youri Fedotoff, Le testament du Tsar, Chaos 1917-1945, Y & O éditions, 2019, 420 pages

 

Noémie Marijon consacre une émission de RCF à « Mondial Stéréo »

Un conte sur l’exil à écouter ici :

https://rcf.fr/la-matinale/un-conte-sur-l-exil

Présentée par Noémie Marijon

LA CHRONIQUE JEUNESSE LUNDI 10 FÉVRIER À 8H52

DURÉE ÉMISSION : 3 MIN

Un conte sur l’exil

© Les Hurlements d’Léo

On aborde un sujet d’actualité : « Un conte sur l’exil : Mondial stéréo » aux éditions Baco, par Laurent Kebous, Tomas Jimenez

J’ai trouvé un album et un cd qui permettent d’aborder le sujet de façon réaliste et émouvante avec des enfants d’âge primaire? ça s’appelle Mondial Stéréo, les auteurs sont Tomas Jimenez et Laurent Kebous du groupe de musique Les Hurlements d’Léo. 

L’album d’une trentaine de pages est issu d’ateliers d’écriture et de temps d’échanges entre les auteurs et des classes d’enfants des Landes et de la Gironde. Cela rend le conte particulièrement adapté aux enfants. 

Mondial Stéréo cherche à alerter les lecteurs sur la situation alarmante des migrants et des réfugiés dans le monde. 

QU’EST-CE QU’ON RETROUVE DANS CET ALBUM ?

Tout d’abord Mondial Stéréo c’est un projet qui utilise plusieurs supports. Il y a le conte, mais aussi un site internet mondialstereo.com sur lequel il y a une version audio du conte raconté par Néry Catineau. Vous pourrez retrouver l’adresse sur le site de RCF. Et enfin il y a aussi un CD de 13 titres qui va sortir le 21 février et qui regroupe des jolis noms de la chanson française contemporaine notamment la rue Kétanou, Aldebert et les Ogres de Barback.

Ce disque regroupe des chansons aux accents reggae, tzigane, flamenco ou soul. 

Mais revenons au livre, on découvre l’histoire de Léo, un lionceau (qui représente un jeune syrien). Il vit avec son père et sa mère et déjà tout petit sa vie est marquée par la musique. Léo apprend à chanter avant de parler et jouer de la guitare avant de marcher. Mais rapidement sa vie et celle de son pays est bouleversé par la guerre, son père est contraint à se battre et il meurt lors du conflit. Alors Léo et sa maman fuient, ils prennent un bateau bringuebalant. Sur le bateau Léo va rencontrer des amis mais aussi l’amour avec Calypso. Après une traversée mouvementée, les épreuves ne sont pas finies pour Léo et ses amis, en effet ils sont envoyés dans un camp de réfugiés. Je vous laisse découvrir la fin de l’histoire qui est positive et pleine d’espoir. 

EN DÉFINITIVE QUEL EST VOTRE AVIS SUR CE PROJET MONDIAL STÉRÉO ?

Je trouve l’initiative formidable, le conte est très touchant et le projet musical superbe, j’ai un peu plus de réserve sur les illustrations de l’album, mais elles sont modernes et colorées et devraient plaire à la plupart des enfants. En plus pour chaque livre vendu, un euro sera reversé à l’association SOS Méditerranée qui cherche à sauver les personnes en difficulté aux portes de l’Europe. Ce livre et le CD qui l’accompagne sont donc un bon moyen de sensibiliser les enfants à la question de l’exil et d’aider concrètem

Breizh info décortique l’essai de Marc Lumbroso, le juif Français ordinaire – Merci à Christian de Moliner

 

Chronique littéraire. Itinéraire d’un juif français ordinaire, un livre de Marc Lumbroso, critiqué par Christian de Moliner

 

L’identité française est au cœur des problèmes de notre pays. Que signifie être Français ? Quel devoir implique cette nationalité ? La question se pose surtout pour ceux qui sont nés hors de France ou dont les parents sont venus d’un autre pays. Il existe beaucoup de Français de papier, qui vivent sur notre sol, ont la carte d’identité, peuvent voter, mais préfèrent et de loin leur seconde nationalité, celle de leurs parents ; ils sont en sécession, selon les propres mots du Président Macron. Or leur poids est de plus en plus important dans notre société et ce problème grandissant sera difficile à résoudre. Peut-être même est-il insoluble.

Les Juifs pourraient faire partie de ce problème : ils ont une religion et des coutumes particulières et surtout possèdent un pays de substitution : Israël. Mais même s’ils sont nés pour une partie d’entre eux en Afrique du Nord, ils ont pour la plupart opté pour la France et se sentent pleinement citoyens de notre pays, même s’ils soutiennent pour la plupart Israël. Nous avons le cas d’Éric Zemmour qui au fil de ses livres qui sont autant de succès, célèbre notre pays et insiste sur le choix qu’il a fait, lui le juif berbère de choisir de s’intégrer dans notre peuple. Les deux allégeances ne sont pas incompatibles loin de là.

Marc Lumbroso vient de sortir un livre décrivant son itinéraire dans un livre paru aux éditions l’Harmattan. Ses ancêtres étaient originaires de Livourne (en Italie), ils avaient émigré à Tunis au dix-neuvième siècle bien avant le protectorat français. Mais la mémoire collective de cette famille garde le souvenir d’une origine encore plus lointaine : les Juifs Livournais descendaient en effet d’israélites chassés du Portugal et d’Espagne vers 1492. M. Lumbroso, né en 1943 à Tunis, est le dernier d’une famille de 3 enfants ; il est né deux ans après la mort à la naissance de son frère et a souffert d’être un enfant de substitution. À peine sorti de l’enfance, Il a perdu sa mère emportée par un cancer à 48 ans. Il a suivi sa scolarité d’abord dans une école de l’alliance israélite puis au lycée Carnot de Tunis et enfin dans un établissement secondaire tenu par les jésuites dont 40% des élèves étaient chrétiens, 30% musulmans et 30% juifs, symbole d’une société tunisienne harmonieuse, malgré l’existence de trois communautés religieuses différentes. De son enfance et de son adolescence, il a gardé un attachement à Israël après une année chez les scouts israélites, une connaissance de l’Hébreu et de sa religion, mais s’il se sent de culture juive, il est plutôt agnostique, laïque et avant tout français. Après le bac obtenu en Tunisie, M. Lumbroso est parti pour Paris effectuer des études à l’institut dentaire où il a rencontré sa femme. Il a fait son service militaire en 1968 avant de retourner terminer sa formation. Il a commencé par la suite une vie professionnelle bien remplie. Il est devenu également adjoint au maire du 16ième arrondissement, il est entré au grand Orient de France et au B’nai B’rith une association laïque juive.

Le livre de M. Lumbroso est touffu et nullement linéaire, il aborde plusieurs sujets qui finalement convergent pour brosser un portrait de notre pays. À travers les multiples détours et digressions, l’auteur précise son attachement à Israël, même s’il rappelle qu’il ne peut être tenu responsable des décisions, parfois contestables, du gouvernement de ce pays. Il avance néanmoins que l’indignation sur les événements de Cisjordanie et de Gaza est sélective, puisque des massacres bien plus graves perpétrés au Yémen, en Syrie en Iran ou en Irak n’ont aucun écho en France. J’ajouterai à cette liste le massacre ignoble de chrétiens en Afrique. Autre thème largement abordé par M. Lumbroso le problème du multi-communautarisme et de la sécession des musulmans. Il rapporte une anecdote qui lui semble caractéristique de notre époque : une jeune femme lui a demandé de pouvoir se marier voilée, ce qu’il a refusé. Elle a obtenu gain de cause dans une autre mairie de quartier, la loi étant floue sur ce sujet.

En conclusion, l’essai de M. Lumbroso est intéressant, car il relativise le choix d’une partie des intellectuels musulmans de dénigrer et de critiquer leur propre pays. Une autre voie est possible

Christian de Moliner

Crédit photo : DR
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