Thierry Gineste et Claude Rodhain sur « Est-il toujours possible de se remettre de ses blessures d’enfance ? »

Est-il toujours possible de se remettre de ses blessures d’enfance ?

Réécoutez l’émission en cliquant ICI

Benedicte Sillon, psychologue clinicienne et formatrice, elle est auteur de « Les blessures d’enfance – Les connaître, s’en remettre » (Mame, 2023)

Claude Rodhain, avocat honoraire, est l’auteur de plusieurs romans historiques, d’un thriller et d’une autobiographie. Son dernier roman est « L’ombre du Roi-Soleil » (La route de la soie Ed., 2023)

Dr Thierry Gineste, médecin spécialisé en psychiatrie et historien de la psychiatrie. Il est le co-fondateur de la Société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse. Il est également l’auteur de nombreux travaux scientifiques portant sur la psychiatrie infanto-juvénile. Son dernier ouvrage est « Souviens-toi de moi dans les ténèbres » (Ed. L’Harmattan, 2023)

l’Hebdo Bourse Plus « Dominique Vian et Quentin Tousart projettent la transformation comme une opportunité d’action et non comme un problème à subir passivement. Un petit livre étonnant de surprises. »

Littérature

Yannick URRIEN

Effectual Impact : partir de soi pour entreprendre de changer le monde à son échelle avec les méthodes effectuales.

Forbes publie « L’ère du leader co-créateur : transformer les désaccords en synergies » de Dominique Vian et Quentin Tousart auteurs de « Partir de soi pour changer le monde »

TRIBUNE DANS FORBES DE QUENTIN TOUSART ET DOMINIQUE VIAN
Dominique Vian, professeur associé en cognition entrepreneuriale à SKEMA Business School. Docteur en sciences de gestion de Telecom ParisTech, Dominique Vian est l’auteur de six méthodes effectuales déjà utilisées dans une soixantaine d’incubateurs, pépinières, technopoles, mais aussi par des consultants en stratégie d’entreprise, des directions générales et d’innovation (notamment ISMA360 et FOCAL).
Quentin Tousart, entrepreneur passionné dans l’innovation numérique
Quentin Tousart a créé à l’âge de 22 ans, la startup e-commerce Webdistrib qu’il a pu revendre prospère en 2006. Avec un esprit créatif et novateur, il a alors créé Webpulser, une agence e-commerce qui connaît également un joli succèsSes valeurs principales sont la coopération, l’espoir et la liberté. 
L’ère du leader co-créateur : transformer les désaccords en synergies

Confronté aux frictions incessantes entre individus, équipes et échelons hiérarchiques, comment le leader navigue-t-il pour réaliser des changements bénéfiques ? Consciemment ou pas, le leader adopte un style parmi trois postures que sont l’autoritarisme, le compromis ou la co-création.

L’autoritarisme provient d’un héritage ancien et profond

Parce qu’il accorde la suprématie au chef, l’autoritarisme permet un processus décisionnel clair. Hélas, il tue l’initiative. Les relations interpersonnelles n’étant pas valorisées, elles ne peuvent que se dégrader. A la fin, il y aura des gagnants et des perdants. Ceci génère un sentiment d’injustice voire de colère du celui qui n’y trouve pas son compte. La fin tragique de Georges Besse (Renault) en 1986 est un exemple caricatural de l’échec de l’autoritarisme.

Le compromis est inhérent à la vie en société

Le compromis, reflet de nos sociétés modernes, s’est largement développé notamment dans les organisations intergouvernementales. En permettant la prise en compte de différents points de vue, il favorise la cohésion du groupe autour d’un intérêt partagé à défendre et l’évolution pacifique. En revanche, le processus décisionnel est plus long. Il instaure une logique perdant-perdant, même si chacun cherche à minimiser sa perte. Par exemple la COP15 de Copenhague a été perçue comme un échec car seul un accord minimal a été atteint pour le climat.

Autoritarisme et compromis visent à gommer ou à diminuer l’impact des divergences tandis que la co-création les valorise en les unifiant. Ils ne seront plus l’objet d’une lutte et deviendront des ressources.

 La co-création, un concept théorisé récemment

La co-création puise ses racines dans des pratiques sociales anciennes de collaboration, mais sa conceptualisation et son essor sont très contemporains. Cette attitude peut se résumer par l’idée de poursuivre un objectif atteignable que je veux et qu’un autre veut aussi. Bien que très puissant, son développement est sans aucun doute freiné par la variété terminologique (coopération, effectuation, intégration, transformation, invention). La co-création favorise l’innovation avec une création de valeur pour tous. Elle développe la confiance car elle s’appuie sur une logique gagnant-gagnant. Elle demande en revanche des compétences en gestion de la complexité. Basée sur une liberté d’engagement, cela ne marche pas à tous les coups.

Comment développer la co-création ?

La littérature décrit ce qu’est un leader efficace. Il est celui qui comprend les sources de divergence, construit la confiance, favorise l’interdépendance et crée des conditions pour intégrer diverses perspectives dans des solutions innovantes. Cependant, elle ne nous dit pas comment faire.

Un cas rencontré récemment est celui de la demande d’un salarié qui a besoin de l’accord de son employeur pour lancer une activité extérieure à l’entreprise et ainsi disposer de revenus complémentaires. 

L’’entrepreneur ne veut pas de conflit d’intérêt, ni que cela perturbe la vie de l’entreprise. Le salarié souhaite travailler en autonomie et varier ses activités perçues comme répétitives.

L’attitude autoritaire consiste à accepter ou à refuser. Le compromis serait de définir des conditions précises de l’exercice d’une activité qui minimise la perte des deux parties. L’attitude de co-création relie des objectifs faussement disjoints. Par exemple, l’employé souhaite diversifier ses activités et le salarié aussi. Tous deux recherchent une augmentation de revenu. L’employeur recherche des opportunités et des personnes motivées, autonomes pour développer de nouvelles activités. Un partage de la valeur à créer est possible.

La méthode “effectual goals”* reprend la co-création comme moteur du changement et propose une séquence en trois étapes. La première favorise l’expression d’une pluralité d’objectifs. Ceux-ci sont ensuite reliés selon la logique moyen-effet. Enfin, la méthode vise à connecter les moyens présents aux futurs souhaités. Cette méthode s’applique à des situations d’entreprises mais aussi à des situations politiques ou géopolitiques voire personnelles. Ces approches nouvelles visent à unifier des différences plutôt qu’à les éliminer.

Quentin Tousart et Dominique Vian « Effectual Impact, Partir de soi pour changer le monde à son échelle avec les méthodes effectuales»

les méthodes effectuales pour analyser l’erreur de Poutine (Ukraine) dans Entreprendre par Quentin Tousart et Dominique Vian)

Faiblesse d’une pensée subjective dans l’analyse des effets : le cas de l’Ukraine 

Pourquoi continuons-nous à rechercher l’homme fort alors que le stratège visionnaire tout-puissant serait voué à l’échec ? Solitaire dans sa prise de décision, n’est-il pas celui qui se prive de la force du collectif ?

Intersubjectivité démocratique contre subjectivité du visionnaire

L’intersubjectivité est un concept qui se rapporte à l’intersection entre les perspectives cognitives des individus [1]. Elle est souvent considérée comme une force intrinsèque aux démocraties, car elle est le résultat d’une communication et d’une compréhension mutuelle entre des individus ayant des points de vue différents. L’intersubjectivité porte sur un point de la situation et ne nécessite pas que les personnes soient d’accord sur tout. Cela peut être un point d’accord au milieu d’un océan de désaccord.  C’est cette petite victoire qui doit être considérée comme la valeur essentielle. Contrairement à l’intersubjectivité, la subjectivité, c’est la pensée d’un seul. Dans le cas de l’Ukraine, l’analyse des effets de la politique de Vladimir Poutine montre que la subjectivité d’un dictateur peut mener à des résultats contraires aux objectifs initiaux.

Le plan Poutine : envahir l’Ukraine pour étendre l’influence russe

Le plan de Poutine visait à envahir l’Ukraine et renverser le pouvoir en place pour empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN et ainsi augmenter la zone d’influence de la Russie. Cependant, le résultat a été exactement l’inverse du résultat recherché : l’OTAN s’est renforcée et la zone d’influence de la Russie n’a pas grandi, sauf en Afrique, très loin du théâtre des opérations.

La subjectivité du visionnaire : un plan rigide et peu efficace

Le dictateur s’en tient le plus souvent à la stricte application d’un plan autour d’un objectif défini et d’une causalité devenue obsessionnelle : la perte territoriale depuis la fin de l’Union soviétique à récupérer. Pourtant, le plan est une approche causale qui, en cas de guerre, ne peut se dérouler sans à-coups, car l’adversaire travaille à déjouer les plans du camp opposé. Pas de quoi s’en offusquer si la fin justifie les moyens. Le dictateur aura toujours le moyen de  minimiser rétrospectivement l’échec d’une partie du plan.

La subjectivité du visionnaire autoritaire se manifeste également dans son besoin de persuader qu’il a raison d’où la propagande. Le plan devient un élément central pour rassurer les Russes : si tout est sous contrôle, il n’y a pas de souci à se faire pour son pays. Cependant, les effets de la situation générée ne sont pas vus, et ce phénomène est amplifié par le fait que les échecs ne sont pas facilement révélés en raison de la peur qu’inspire le dictateur. Il se coupe progressivement de la réalité et renforce sa propre bulle de subjectivité.

L’intersubjectivité dans les démocraties : un atout pour agir efficacement

Dans les démocraties, des écarts de perception existent, mais au fil du temps, les boucles de rétroaction unissent plus qu’elles ne divisent, comme dans le cas des pays de l’Ouest de l’Europe qui ont su donner raison aux pays de l’Est à propos du risque que représentait Poutine. L’intersubjectivité devient une caractéristique des démocraties et est réduite voire inexistante dans une dictature qui ne connaît pas d’opposition interne. Il n’y a de place que pour une seule pensée et un seul discours du chef suprême.

Lors du conseil de sécurité retransmis à la télévision avant le déclenchement de l’opération spéciale en 2022, le président russe Vladimir Poutine n’a pas ménagé son chef des renseignements extérieurs, en lui demandant son avis sur l’indépendance des territoires séparatistes du Donbass. Il est évident qu’il n’avait pas le choix de s’opposer. La séquence semble tout droit sortie d’un film. 

Pourtant, les approches visionnaires solitaires sont souvent valorisées, y compris dans les démocraties, comme en témoigne la tentation de rechercher l’homme fort qui nous protège et à qui l’on remet tous les pouvoirs lors des élections. Il y a là un paradoxe.

La force des démocraties et l’intersubjectivité contre les dirigeants solitaires

A un moment où les démocraties pourraient avoir tendance à se flageller, l’intersubjectivité est une force intrinsèque dont ne dispose pas une dictature. L’intersubjectivité est une représentation partagée. Elle ne nécessite pas un consensus global mais elle est un point d’accord essentiel et suffisant pour décider d’une action. Il s’agit de se le rappeler pour justifier la force des démocraties et d’en tirer profit. En revanche, les dirigeants solitaires s’enferment dans leur propre bulle informationnelle, ce qui peut conduire à des résultats contre-productifs comme dans le cas de l’envahissement de l’Ukraine.

L’intersubjectivité apparaît donc comme une force essentielle pour la prise de décisions éclairées dans les démocraties, contrairement à la subjectivité qui ne peut que conduire à terme à l’échec. Elle est suffisante pour faire face à des situations complexes et permet de s’affranchir d’une prétendue objectivité qui n’est pas nécessaire pour décider de ce qu’il y a lieu de faire.

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/Intersubjectivity

Dominique Vian et Quentin Tousart

Dominique Vian, professeur associé en cognition entrepreneuriale à SKEMA Business School. Docteur en sciences de gestion de Telecom ParisTech, Dominique Vian est l’auteur de six méthodes effectuales déjà utilisées dans une soixantaine d’incubateurs, pépinières, technopoles, mais aussi par des consultants en stratégie d’entreprise, des directions générales et d’innovation (notamment ISMA360, qui permet de choisir rationnellement un marché accessible pour une invention, et FOCAL, qui permet d’envisager des actions originales et pertinentes).

Quentin Tousart a créé à l’âge de 22 ans, la startup e-commerce Webdistrib qu’il a pu revendre prospère en 2006. Avec un esprit créatif et novateur, il a alors créé Webpulser, une agence e-commerce qui connaît également un joli succès. Ses valeurs principales sont la coopération, l’espoir et la liberté.

« Apprentissage de la lecture : et si on passait à la méthode Apili ? » par Yves-Alexandre JULIEN dans Causeur

Apprentissage de la lecture: et si on passait à la méthode Apili ?

L’approche syllabique est plus efficace que la méthode mixte

Apprentissage de la lecture: et si on passait à la méthode Apili?

En France, l’Éducation nationale est un précieux héritage, trahi, et en déclin depuis quarante ans. Pour la compréhension de l’écrit, la France se classe au 16e rang européen seulement (rapport Pirls 2021).


Depuis quatre décennies, l’Éducation nationale en France est en proie à une crise profonde, une crise qui a vu la qualité de l’enseignement chuter, tandis que le niveau de littératie des étudiants stagne. Cette débâcle ne peut être imputée à un facteur unique, mais plutôt à une série d’erreurs, de politiques éducatives discutables et d’idéologies obsolètes.

Le dilemme de la méthode d’apprentissage

Au cœur de cette crise se trouve le dilemme persistant entre la méthode globale et la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture. Les partis politiques de gauche, au pouvoir depuis 40 ans, ont favorisé la méthode globale, mettant l’accent sur la reconnaissance des mots. Cette méthode a fait ses preuves ailleurs, mais pas en France.

L’écho de Jean Jaurès : la fluidité de la lecture

Jean Jaurès, figure politique et pédagogue éclairé, avait bien compris l’importance fondamentale de la lecture fluide. « Savoir lire vraiment sans hésitation » disait-il. Ses paroles sont aujourd’hui d’une actualité brûlante. La fluidité de la lecture est cruciale pour la compréhension, et c’est précisément ce qui a fait défaut dans le système éducatif français depuis des décennies.

L’avis éclairé de Luc Ferry

Luc Ferry, expert en pédagogie, souligne que l’apprentissage de la lecture ne se limite pas au simple déchiffrage des mots, mais doit s’accompagner d’une compréhension profonde et d’une véritable passion pour la lecture. Cette perspective éclaire l’importance de réformer notre approche de l’éducation.

Jean-Michel Blanquer : un espoir de réforme

Dans ce contexte sombre, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale de 2017 à 2022, a entrepris des réformes visant à remettre l’éducation sur la voie de l’excellence. Sa vision et ses actions, centrées sur le retour à la méthode syllabique et la promotion de la lecture, sont perçues comme une bouffée d’air frais dans un système éducatif étouffant.

Le dévoilement de l’hypocrisie éducative

L’abandon institutionnel de l’école publique en France a été un sujet de préoccupation depuis des décennies, mais il est temps de révéler l’hypocrisie qui s’est répandue chez certains acteurs politiques de gauche. Comme l’ont souligné les journalistes Éric Conan et Carole Barjon dans leurs analyses précises, la gauche a souvent prétendu lutter contre les inégalités éducatives tout en contribuant à les aggraver. Cette hypocrisie est devenue de plus en plus apparente, mettant en lumière une réalité sombre.

L’élitisme de gauche

Le cynisme élitaire a prospéré au sein de la gauche, où ceux qui se disent défenseurs de la justice sociale et de l’ouverture d’esprit ont souvent été les premiers à inscrire leurs enfants dans des établissements privés ou publics élitistes sur dérogation. Comme le disait avec perspicacité Michel Leroux, « les dévots de l’équité aiment rarement partager ». Cette réalité hypocrite a persisté pendant des années, mais elle est désormais démasquée et dénoncée. Le cas de Pap Ndiaye, qui choisit une éducation privée pour ses propres enfants tout en se définissant comme un « homme de gauche », en est un exemple frappant.

Le débat sur la qualité de l’enseignement

Le déclin de l’Éducation nationale en France ne peut être attribué uniquement aux politiques menées au cours des 30 dernières années. Il est nécessaire de se pencher sur la qualité de l’enseignement lui-même. Comme le soulignent les experts, la France est le pays où les élèves passent le moins de temps à travailler ensemble, privilégiant plutôt l’écoute passive des enseignants. Les présentations orales sont rares, et l’écrit conserve une place prépondérante. Les méthodes pédagogiques semblent en décalage croissant avec les capacités d’apprentissage des élèves, et l’organisation des établissements ainsi que les emplois du temps des enseignants posent problème.

Pourtant, la liberté pédagogique est un élément essentiel du métier d’enseignant, permettant d’adapter l’enseignement aux besoins des élèves. Il est crucial de soutenir les enseignants dans leur quête d’efficacité pédagogique et de favoriser le dialogue entre la recherche en sciences de l’éducation et le monde de l’enseignement.

L’adaptation de l’Éducation nationale à la société moderne

L’Éducation nationale française n’a pas su s’adapter à la société moderne. Elle persiste à être le seul lieu où l’enfant rencontre le savoir, alors que les familles souhaitent que l’école prenne en charge ce moment où l’élève s’approprie le savoir. Le modèle finlandais, par sa meilleure concertation et organisation, a réussi à dégager la pression sur les petites classes et à favoriser le travail coopératif. Cependant, il n’y a pas de modèle parfait, et il est temps de repenser le contenu de l’enseignement pour préparer les jeunes aux besoins futurs plutôt que de copier aveuglément des modèles étrangers. Il est temps de faire preuve de bon sens pour moderniser notre système éducatif.

APILI : une solution subtile

Alors que nous explorons les problèmes de l’éducation en France et les solutions potentielles, il est temps d’évoquer APILI (apili.fr), une méthode d’apprentissage de la lecture créée par Benjamin Stevens, un orthophoniste d’origine belge.

APILI se distingue par son approche syllabique, enseignant la lecture par les sons et les syllabes, tout en intégrant l’écriture de manière ludique. Cette méthode incarne la vision de Jean Jaurès en encourageant la fluidité de la lecture dès le début de l’apprentissage.

Le test concluant à Noisy-le-Sec

APILI ne se contente pas d’être une solution théorique.

Cette méthode a été testée avec succès dans une école primaire de Noisy-le-Sec, en banlieue parisienne. Là, elle a suscité l’enthousiasme des enseignants et des élèves, et vraisemblablement pourrait avoir des effets miraculeux sur des enfants allophones, autistes et des adultes trisomiques. Cette réussite inclusive renforce l’idée que la méthode APILI offre une lueur d’espoir pour l’éducation en France.

L’éducation en France a été trahie par des décennies d’idéologies et de méthodes d’apprentissage inefficaces. Mais il y a de l’espoir. Les réformes de Jean-Michel Blanquer et l’émergence de méthodes telles qu’APILI marquent le début d’une nouvelle ère pour l’apprentissage de la lecture en France. Il est temps de rétablir l’excellence éducative et de préparer nos apprenants à un avenir brillant. Comme le disait George Eliot, « le commencement est toujours aujourd’hui ». Il est temps de commencer à changer les choses.

Yezza Mehira par Emile Cougut dans Wukali

Yezza Mehira par Emile Cougut dans Wukali

Il arrive que parfois dans un roman, on finisse par trouver quelques recettes de cuisine. On pense bien sûr aux livres d’Aurélie Foucher qui se terminent généralement par quelques recettes des spécialités de l’île de Groix, à Michelle Barrière dont l’œuvre vous incite à cuisiner des plats allant du Moyen-Âge à notre époque, ou encore le succulent Livre de recette de la série noire, car dans les romans policiers : on mange et souvent très bien. Mais, je n’ai pas le souvenir qu’au fil de mes lectures avoir trouvé une recette de cuisine qui serve de fil conducteur à une nouvelle. Et c’est exactement ce que fait Yezza Mehira dans La cuisine des âmes nues publié par la courageuse petite maison d’éditions de la Zitourme.

Toutes s’ouvrent par une recette, ce qui nous en fait 13 en tout. 13 recettes provenant du pourtour Méditerranéen, en incluant la blanquette de veau, car ce plat symbole de notre pays, est aussi Méditerranéen vu l’emplacement géographique de la France. Certaines comme l’omelette internationale (à base d’herbes) ou les amuse-bouches des amants, n’ont pas « signatures » géographiques, alors que d’autres (la fenkata, le baba Ganoush ou la kamounia, entre autres) sont issues d’endroits, de pays bien identifiés.

Alors ces recettes? Comme d’habitude, leurs lectures titillent mes papilles gustatives et j’en essaie quelques unes. Elles sont toutes d’une remarquable simplicité et le résultat est à la hauteur de la sensualité qui se dégage de ces nouvelles, mais c’est ma seconde partie.

Après, nous sommes essentiellement dans une cuisine du Sud ou de l’Est Méditerranée, ces endroits où les épices sont reines (parfois un peu trop), et savoir les utiliser parfaitement, savoir trouver les équilibres, les dosages qui ravissent le palais demande, de fait, des années de pratique qu’un simple occidental gascon, hélas n’a pas ! ( Pleurons, pleurons NDLR). Mais il n’empêche que j’ai mangé grâce à Yezza Mehira une excellente soupe de pois chiche.

Les nouvelles nous font voyager de la Libye à l’Espagne (et l’Histoire numéro 1 n’est pas sans faire penser à Lucià Etxbarria, cette autrice débordant de talent), de l’Égypte à la France, de la Syrie à la Tunisie). Toutes sont des histoires de femmes : soumises, révoltées, victimes de sociétés patriarcales qui les corsètent jusqu’à être mises dans un moule qui les étouffe. Toutes se réfugient, s’expriment à travers la cuisine, le lieu où elles sont les maîtresses incontestées, le lieu où, de fait, elles peuvent s’exprimer, créer, dévoiler leurs vraies personnalités.

Ces nouvelles s’adressent à nos cinq sens d’où la sensualité (dans le sens étymologique du terme) qui s’en dégage.

Avec son style limpide, dans lequel pas un mot n’est de trop, juste à sa place, Yezza Mehira nous entraîne dans des lieux où, quelque soit le contexte parfois difficile ou oppressant, l’âme humaine trouve à s’épanouir.

« La sensualité se révèle dans la gastronomie et s’épanouit dans l’éros » (Argoul sur « La cuisine des âmes nues » de Yezza Mehira)

Yezza Mehira, La cuisine des âmes nues

Ce sont treize nouvelles entrecoupées de treize recettes de cuisine, dont le sommaire est rappelé judicieusement au début. Des nouvelles des femmes du Maghreb et du Proche-Orient où les hommes sont dominants, de par la religion d’Allah. Le seul travail bien vu de la femme, en ces coutumes, est de faire des enfants et la cuisine.

Les enfants n’ont pas leur place dans ces nouvelles où l’auteur invente des personnages qui lui ressemblent. Née en Tunisie, elle est arrivée à Paris à 2 ans et a été élevée à la Goutte d’or, quartier célébré par Michel Tournier. Elle a étudié les lettres et les langues germaniques et travaillé comme une Occidentale d’un pays démocratique libéral dans les grandes entreprises. Et pris ses aises en Suisse, où la fiscalité est moins socialiste.

La sensualité se révèle dans la gastronomie et s’épanouit dans l’éros. Quand les deux sont en conjonction, le paradis est sur la terre et dans les âmes. Mais une seule nouvelle sur treize parvient à ce nirvana – lors d’un second mariage, cette fois consenti. C’est que les familles s’en mêlent, prises dans le milieu social où tout le monde s’épie et cancane. L’arabe tunisien a même deux mots pour désigner ces potins : le glak et le gotlak, moment de sociabilité du matin entre femmes, entre petit-déjeuner et ménage.

La « plus belle femme du monde » cuisine avec plaisir pour son mari, tout en se faisant belle. Elle séduit par l’apparence extérieure et par les saveurs intérieures. Mais elle finit par s’apercevoir que son mari n’aime que ses abords corporels et ses résultats culinaires ; il est resté au fond ce petit garçon égocentré que toute mère méditerranéenne couve jusqu’à la fin de sa vie. La « soupe de pois chiche » (recette en prime) est comme le lait de la mère, une douceur de chaque soir. Lorsque le cancer lui ôte un sein, « la plus belle femme du monde » est déchue pour son époux. Elle se rend compte alors que c’est elle-même qu’elle aime, et pas son époux. « J’étais l’aimant de ma propre vie ». Si son mari ne l’avait pas épousé, il n’aurait pas eu cette existence paisible et goûteuse. Comme quoi le vrai mariage est la conjonction de deux êtres qui se sentent complémentaires et assurent leur bonheur personnel l’un par l’autre.

Quant à l’énigmatique « SoniaK2Tataouine », au pseudo tout droit sorti d’un réseau social, a-t-elle existé ? Une nouvelle lui rend hommage. Toutes deux du sud tunisiens, toutes deux réussissant leur « cursus » (drôle de mot technocratique) à Paris, toutes deux rêvant du bon job qui paye bien, et sur le point de réussir. Mais… « Tous ces chocs culturels en pleine figure ». L’immigration, même à la seconde génération, n’est pas un parcours de tout repos. « Nous ne savions pas vivre comme eux. Mais nous le voulions tellement » p.73. Donc, à la fin des études, la fugue de chez les parents tunisiens, restés traditionnels ; puis le chantage affectif à la « mort de la grand-mère », le mensonge utile et permis – la taqiya – et le mariage arrangé, au bled, où il ne fallait surtout pas revenir. Dès lors, la prison à vie. La famille, le milieu, les traditions, la religion.

A quoi cela sert-il d’émigrer ?

Yezza Mehira, La cuisine des âmes nues, 2023, éditions de la Zitourme (micro-édition de Zoug en Suisse), 144 pages, €13,00 – non référencé sur Amazon

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Apili dans L’Hebdo Bourse Plus du 22 septembre 2023

Littérature

Hebdo Bourse Plus n°1204

Yannick URRIEN

Apili : apprendre à lire grâce à l’humour !

Cette semaine, nous abordons un sujet qui va concerner tous les parents : la défense de la méthode syllabique. En effet, les enfants ont de plus en plus de mal à lire et à écrire. Gabriel Attal, nouveau ministre de l’Éducation nationale, estime que la maîtrise de l’écrit chez les jeunes est devenue une « urgence républicaine » et il plaide pour le retour à la méthode syllabique. Benjamin Stevens, orthophoniste, a mis au point une méthode qui facilite l’apprentissage de la lecture et des mathématiques en combinant l’humour et l’approche syllabique. Cette méthode a été vendue à 100 000 exemplaires dans 40 pays depuis deux ans.

Benjamin Stevens rappelle que « toutes les études confirment qu’il y a toute une génération d’enfants et de collégiens qui ont de grandes difficultés de lecture. Auparavant, 10 à 20 % des enfants rencontraient des difficultés de lecture à l’entrée en sixième, pour atteindre 130 mots à la minute. Mais après la crise sanitaire, nous nous sommes aperçus que quasiment 50 % des enfants n’y arrivaient plus à l’entrée en sixième. Les raisons sont multiples. D’abord, c’est la méthode de lecture utilisée, puisque nos grands-parents utilisaient des méthodes complètement syllabiques. Dans les années 60, des psychologues ont voulu apprendre aux enfants à photographier les mots, puisqu’en tant qu’adulte on arrive à les reconnaître rapidement. Mais ils ont dit cela sans connaître le fonctionnement du cerveau. Plus tard, il y a eu les travaux de Stanislas Dehaene, qui préside le Conseil scientifique de l’Éducation nationale, et ils ont compris qu’il fallait absolument passer par le décodage. À force de décoder les mots, l’enfant commence à les reconnaître. Le fait d’apprendre des mots par cœur, cela freine l’apprentissage, car l’enfant ne peut pas stocker tous les mots dans sa mémoire. Les enfants qui n’apprennent pas avec une méthode syllabique sont de moins bons lecteurs à l’âge adulte. Ensuite, il y a le problème du vocabulaire et du langage. Beaucoup d’enfants comprennent moins bien les textes au CP, donc il est vraiment essentiel que les enseignants apprennent avec la méthode syllabique. Malheureusement, une étude réalisée l’année dernière indiquait que moins de 10 % des enseignants utilisaient la méthode syllabique. »

On voit de plus en plus de personnes mettre leurs doigts sur les mots en déchiffrant un texte lentement, tandis que d’autres arrivent à lire très facilement, presque en photographiant les groupes de mots. Pour l’auteur, « il y a un endroit dans la zone gauche du cerveau qui est dédié à la lecture. Cette zone va se spécialiser et, plus l’enfant va déchiffrer les mots, plus il va les reconnaître rapidement. Quand nous lisons un texte, c’est automatique, cela ne demande aucun effort, c’est l’objectif pour nos enfants. Il faut bien identifier les mots, les déchiffrer, et évidemment les comprendre. Beaucoup d’enfants ont des difficultés de compréhension. Il est aussi important de lire des histoires aux enfants, car on sait que lorsque l’on lit des histoires aux enfants, au cours de leur petite enfance, cela leur permet de développer leur vocabulaire et leur langage. À l’inverse, si l’on ne parle pas beaucoup aux enfants, ils n’ont pas beaucoup de vocabulaire et ils ont un stock d’environ 500 mots quand ils arrivent en cours préparatoire. Forcément, ils vont avoir plus de mal à comprendre les textes qu’ils vont lire. Ils vont aussi avoir plus de mal à lire, et surtout à comprendre les contextes. Le niveau de langage est déterminant pour l’apprentissage. »

Finalement, on observe que plusieurs générations ont été sacrifiées : « Cela fait plus d’une trentaine d’années que les enseignants utilisent des méthodes mixtes. Cela fait au moins quatre ans que l’Éducation nationale incite à l’utilisation des méthodes syllabiques dans les écoles, mais on voit bien que c’est très compliqué et que le changement demande énormément de temps. Il y a eu un guide pour expliquer aux enseignants ce qu’il faut faire, mais on sent qu’ils ont leurs habitudes et qu’il est compliqué de changer tout cela. Cela a évidemment un impact sur l’orthographe, puisque le niveau général a fortement baissé. Nos parents et nos grands-parents avaient une orthographe quasi parfaite au moment du certificat d’études. »

Benjamin Stevens est orthophoniste et il rappelle que ce sujet le concerne directement : « Les orthophonistes s’occupent des enfants qui ont des difficultés de langage, mais aussi de la lecture et de l’orthographe. On s’occupe des enfants dyslexiques, qui ont un vrai trouble de la lecture, cela va souvent de pair avec l’orthographe, mais aussi avec le calcul mathématique et la logique. J’ai rencontré des enfants qui avaient du mal à lire et je ne savais pas quoi leur proposer pour les motiver. J’ai essayé de leur faire lire des phrases humoristiques et j’ai bien vu que cela changeait tout pour eux. Cela permettait aussi de tester leur compréhension car, si l’enfant ne réagissait pas, c’est qu’il n’avait pas compris la phrase. À partir de là, j’ai voulu créer une vraie méthode accessible à tous et j’ai travaillé avec des scientifiques pour comprendre ce qui se passe dans le cerveau par rapport à la lecture. J’ai travaillé pendant six ans pour créer la meilleure méthode de lecture au monde, en parallèle à mon métier d’orthophoniste. Et, depuis 2020, j’ai reçu des milliers de témoignages de parents, d’enseignants et d’orthophonistes qui m’expliquent que c’est une excellente approche. » La méthode syllabique est finalement la méthode fondamentale d’enseignement, que l’on retrouve dans toutes les civilisations : « Même aux États-Unis, après avoir essayé des méthodes plus mixtes, les enseignants reviennent à la méthode syllabique. C’est pareil pour toutes les langues, parce que la zone du cerveau qui est dédiée à l’apprentissage de la lecture et à l’apprentissage des mots écrits est maintenant connue. Il faut apprendre le code, comme un code secret, qui permet de décoder et de déchiffrer tous les mots. Dans notre langue, il y a beaucoup d’irrégularités, mais l’enfant peut apprendre à les reconnaître à force de s’entraîner. »

Son dernier livre porte sur les mathématiques : « On peut faire des liens. En mathématiques, il y a le triple code. Il y a le code indo-arabe, avec le système de chiffres que l’on connaît, le code oral et la quantité, c’est-à-dire le système analogique. Il faut que l’enfant puisse faire des liens entre ces trois codes. On apprend d’abord à compter à l’oral, ensuite on apprend à reconnaître les chiffres à l’écrit, enfin on apprend à les associer avec différentes quantités. Donc, les enfants dyslexiques, qui ont du mal à reconnaître les lettres, peuvent avoir des difficultés à reconnaître les chiffres. » Les chiffres romains ont donc finalement une certaine logique : « C’était effectivement un très bon système. Je pense que le système indo-arabe, inventé par les Indiens et rapporté en Europe par les Arabes, est vraiment le plus efficace. Pour l’apprendre aux enfants, il faut passer par la manipulation, avec des cubes ou des allumettes. Malheureusement, cela s’est perdu dans nos classes où il y a moins de matériel. Avant, on pouvait jouer avec les quantités et travailler avec une balance. Donc, il était plus facile pour les enfants de comprendre les notions de quantité ou de distance. »

Ce sujet est essentiel car on peut se demander quel est l’avenir d’un pays lorsqu’une jeunesse ne sait pratiquement plus lire : « C’est un problème sociétal majeur, car la lecture est la colonne vertébrale des apprentissages. Si un enfant n’a pas la lecture, il aura des difficultés pour tous les apprentissages. Avant, il faut aussi parler de vocabulaire, car un enfant qui n’a pas de vocabulaire sera en échec scolaire. Le niveau de vocabulaire est déterminant et la pratique de la lecture est la base de tous les apprentissages. C’est la même chose pour l’orthographe. Même dans un monde numérique, on est entouré d’écrits en permanence. C’est pour cette raison qu’il faut travailler l’orthographe avec des techniques plus anciennes et plus efficaces. J’ai voulu que les parents puissent être aussi acteurs de l’apprentissage de leur enfant. J’ai voulu regrouper tous ces conseils dans la méthode Apili pour m’adresser aux adultes qui accompagnent des enfants, en faisant en sorte que n’importe quel adulte puisse apprendre à lire à leur enfant. Grâce à l’humour, on passe un bon moment, on discute et on réfléchit ensemble. » Enfin, on peut ajouter que le théâtre a aussi un rôle dans l’apprentissage car « cela permet de travailler la mémorisation, la lecture et la compréhension. Certaines activités peuvent être très utiles, comme la cuisine. C’est parfait pour les enfants : ils doivent lire une recette, comprendre la recette, manipuler des quantités et réfléchir. »

« Tables de multiplication Apili : apprendre les tables grâce à l’humour » de Benjamin Stevens est publié aux Éditions Liberté.
« Apili : apprendre à lire grâce à l’humour ! » de Benjamin Stevens est publié aux Éditions Liberté.

Pierre Ménat dans Atlantico : Jusqu’où pourrait aller la soudaine tempête politique entre Pologne et Ukraine ?

GEOPOLITICO SCANNER

La Commission a décidé la levée de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes et plusieurs pays, dont la Pologne, ont maintenu cette interdiction.

Atlantico : La Commission a décidé la levée de l’interdiction d’importer des céréales ukrainiennes et plusieurs pays, dont la Pologne, ont maintenu cette interdiction. Pourquoi cette décision ? C’est le conflit sur les céréales ukrainiennes qui en est à l’origine ou il y a d’autres raisons ? 

Pierre Ménat : Au départ, je crois effectivement que c’est le conflit sur les céréales. La Commission européenne a décidé d’autoriser l’importation des céréales et des pays comme la Pologne ont décidé qu’ils ne suivraient pas. Et c’est l’escalade ! 

L’Ukraine a annoncé qu’elle allait déposer une plainte à l’OMC. Et surtout le Président Zelensky, à la tribune de l’Assemblée générale des nations unies a eu des mots assez durs. Sans mentionner la Pologne, mais en le faisant implicitement, le président ukrainien a dit que les pays qui agissaient ainsi ne soutenaient pas l’Ukraine et faisaient le jeu de Moscou. Ce qui est très désagréable et touche les polonais. C’est très difficile pour eux d’être présenté comme une sorte d’allié de la Russie. 

Côté polonais, il y a eu deux réactions. La déclaration du Premier ministre, Mateusz Morawiecki, qui a dit qu’il allait interrompre les nouvelles livraisons d’armes. Et puis la déclaration du Président Andrzej Duda aux Etats-Unis qui a fait une métaphore avec l’homme qui se noie : « celui qui vient en aide ne doit pas être entrainé dans la noyade ».

D’autres raisons sont plus profondes. La Pologne est en période électorale. Les élections ont lieu le 15 octobre prochain. Le PIS, le parti Droit et justice, est au pouvoir depuis 9 ans. Les élections sont donc un enjeu important. Et puis il y a toujours eu des tensions avec l’Ukraine qui ont été un peu effacées par la guerre et qui remontent à loin. Du temps de l’URSS, l’Ukraine a récupéré beaucoup de territoires qui appartenaient à la Pologne. Cette affaire s’est tassée avec le temps dans l’inconscient collectif, mais ça peut jouer un rôle  

C’est une déclaration politique pour parler à l’opinion polonaise ou c’est une brouille plus importante ?

C’est une déclaration politique c’est certain. C’est même un acte politique puisque les polonais ont annoncé l’arrêt des nouvelles exportations d’armement.

Quant à savoir si c’est une brouille plus profonde, il faut attendre le résultat des élections. Personnellement je ne le crois pas que ce sera une brouille durable parce qu’aucun des deux pays n’y a intérêt. Il est tout à fait possible que l’affaire se tasse dans les prochaines semaines  

En quoi consiste le soutien de la Pologne à l’Ukraine ? Il se traduit comment ?

C’est d’abord un soutien politique. La Pologne est un des pays qui a tout de suite condamné l’agression russe et qui a soutenu l’Ukraine dans toutes les enceintes (OTAN, ONU). Les polonais ont été dans les premiers à livrer des armes, notamment des chars. Ils apportent une aide financière assez consistante. Et enfin, la Pologne aide à l’accueil de réfugiés ukrainiens. Il y a 1 million ½ de réfugiés ukrainiens présents en Pologne. C’est un soutien de la première heure.   

Cette grogne polonaise, est-ce qu’elle peut provoquer un tournant dans la guerre ou c’est une réaction épidermique temporaire ? 

Un tournant dans la guerre, sans doute pas. Toute l’aide militaire passe par la Pologne et ça va continuer. La guerre poursuit son cours assez difficile. Il y a plusieurs fronts car les avancées ukrainiennes sont moins importantes que souhaitées. Ce qui pourrait être un tournant dans la guerre, c’est l’hypothèse où l’attitude polonaise serait adoptée par d’autres pays. Il y a eu un moment important, c’était le sommet de l’OTAN les 11 et 12 juillet dernier à Vilnius. Là, on a vu un certain nombre de tensions entre l’Ukraine et ses alliés. A commencer par les Etats-Unis. Les Ukrainiens espéraient un message un peu plus clair sur leur future adhésion. Message qui n’est pas intervenu. 

Le tournant dans la guerre, il sera climatique et politique. Climatique, parce que la période des grandes offensives va toucher à sa fin. Politique, parce que la grande échéance c’est l’élection américaine. Et là, la campagne va démarrer dans les prochains mois !