Actualités (NON EXHAUSTIF)

La revue littéraire « Souffle inédit » a un coup de foudre pour les « Journaux intimes de  » écrits par Marianne Vourch

Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach de Marianne Vourch

Par Yves-Alexandre JULIEN 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach Par Yves-Alexandre JULIEN 

Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach : Un voyage littéraire et musical expérimental 

Une expérience littéraire unique

Dans « Cher Cahier, » Philippe Lejeune nous rappelle que la rédaction du journal intime est une pratique culturelle moderne. En lançant un appel dans Le Magazine Littéraire en avril 1988, Philippe Lejeune, spécialiste de la littérature personnelle, a eu la chance de recevoir les témoignages de quarante-sept diaristes – c’est un coup de sonde dans un univers d’écriture méconnu -, quarante-sept personnes qui racontent l’histoire de leur journal, décrivent leurs pratiques, expliquent ce qu’elles en attendent. Marianne Vourch, pourrait être la quarante huitième en élevant cette pratique à un nouveau niveau en imaginant les journaux intimes de trois géants de la musique: Bach, Mozart, et Chopin. À travers son coffret de trois tomes, elle offre une expérience littéraire unique, un voyage musical aux couleurs et illustrations originales, nous dévoilant les secrets de vie et de création de ces compositeurs dans la fiction.

Dialogisme de l’écriture diariste: Voix littéraires en écho 

Dans le foisonnement dialogique de l’écriture diariste comme Marianne Vourch nous en offre trois versions pour trois musiciens de renom, des références littéraires se devinent, mettant en lumière le paradoxe de l’immédiateté et du détachement analytique. Henri-Frédéric Amiel, dans son journal intime, exhorte à la réflexion en s’adressant à lui-même à la deuxième personne, soulignant la dualité intrinsèque de cet acte introspectif: “Disséquer son cœur, comme tu le fais, c’est tuer sa vie.” Cette forme de dialogue interne, tout en révélant la vanité du journal intime, dévoile la complexité du rapport du diariste à son propre être.

À la manière de Michel Leiris, le journal intime – tel qu’en ceux de Marianne Vourch – trouve son lyrisme dans cette objectivation de soi. Pour Leiris, la catharsis opère non seulement par la formulation, mais à travers le chant, le « point de tangence du subjectif et de l’objectif. » Cette idée du journal comme chant, évoquée dans une entrée de son propre journal le 8 janvier 1936, suggère que la véritable œuvre du journal intime réside dans cette fusion poétique du moi et de l’extérieur, ce point de convergence où la subjectivité rencontre l’objectivité, faisant ainsi du journal un espace vibrant de lyrisme et de réflexion.

Jean-Sébastien Bach: une vie comme un cour d’eau …

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

Dans « Le Journal Intime de Jean-Sébastien Bach, » Marianne Vourch nous transporte au bord de la rivière, Bach signifie d’ailleurs rivière en allemand… Jean-Sébastien aime se souvenir de son ancêtre qui jouait du cistre au bord de la rivière. C’est à cet endroit même que la musique des flots se transforme en notes et guide la plume de Bach vers la grâce de Dieu. À la croisée de l’intimité et de la création, cette fiction explore la source d’inspiration du compositeur, révélant un dialogue entre sa vie, ses peines, et les éléments naturels qui l’entourent.

Wolfgang Amadeus Mozart: Les notes qui dansent dans le vent 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

« Le Journal Intime de Wolfgang Amadeus Mozart » nous plonge dans les années de formation du jeune prodige. Marianne Vourch donne vie à l’enfant Mozart, transformant en or tout ce qu’il touche. À travers sa plume enchantée, elle nous dévoile ses impatiences, désespoirs, rêves et ambitions. Cette fiction explore le quotidien du compositeur, un récit captivant qui met en lumière les coulisses de sa génialité musicale.

Frédéric Chopin: Les mélodies de l’enfance et de l’exil

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach

« Le Journal Intime de Frédéric Chopin » nous emmène dans l’intimité du jeune virtuose. Marianne Vourch y dévoile la tendresse des mélodies et la puissance des rythmes qui ont marqué son enfance en Pologne. À travers les pages de ce journal imaginaire, Chopin nous livre ses sentiments, son langage musical, devenu plus tard le refuge de l’exilé. Une fiction qui éclaire la vie intérieure d’un compositeur souvent énigmatique.

La plume de Marianne Vourch: Entre fiction et réalité 

Marianne Vourch, Les journaux intimes de Mozart, Chopin et Bach
Crédit @Radio France / Christophe Abramowitz

Marianne Vourch, productrice sur France Musique, a initié la collection de podcasts « Le Journal Intime de… ». Sa plume imaginative donne vie à ces journaux, offrant un regard original sur la vie intérieure de ces compositeurs emblématiques. Sa collection, totalisant près d’1,5 million de téléchargements, témoigne de l’attrait du public pour cette fusion entre fiction musicale et réalité historique.

Journaux imaginaires : un miroir littéraire et musical attendu comme substitut de l’existence et écho de l’incréé

Le journal intime, souvent perçu comme un substitut de l’existence, trouve son incarnation dans les paroles d’Henri-Frédéric Amiel: “Ce journal est un exutoire; ma virilité s’évapore en sueur d’encre” (13 juillet 1860). Marianne Vourch, en créant les journaux intimes de Bach, Mozart et Chopin, offre une perspective unique sur cette tension entre l’acte d’écrire et l’expérience de vivre. Les narrations de Marianne Vourch, loin d’être une simple compensation littéraire, deviennent une exploration poétique des identités musicales et personnelles.

Le journal comme négatif du livre 

À l’instar de Michel Leiris, qui voit le journal comme un substitut de l’œuvre littéraire irréalisable, les journaux imaginaires de Marianne Vourch se profilent en tant que négatifs du livre. Le journal, pour Leiris, émerge souvent dans les creux de la créativité littéraire, mais chez Marianne Vourch, il devient un formidable inventeur de la personne littéraire de Bach, Mozart et Chopin. Là où le journal devient un dépôt des tentatives avortées chez Henri-Frédéric Amiel, les écrits de Marianne Vourch révèlent une création foisonnante, capturant les nuances et les aspirations de ces compositeurs.

Célébration de l’inutile et de la tautologie 

Bien que certains diaristes, tels qu’Amiel et Gide, questionnent l’utilité du journal, cette inutilité, cette gratuité, devient le corollaire nécessaire du genre diariste. Chez Marianne Vourch, chaque ligne de ses journaux intimes rouvre le texte à son point de surgissement, où la musicalité des mots s’entremêle avec la réflexion profonde des personnages. En incarnant la poétique du journal intime, Marianne Vourch crée un miroir littéraire et musical, explorant le potentiel infini de l’expression personnelle et artistique à travers des journaux imaginaires de compositeurs éternels.

En revisitant les conventions du journal intime à travers l’objectif fictionnel, Marianne Vourch nous invite à explorer les tréfonds de l’âme musicale de Bach, Mozart et Chopin. Ces journaux imaginaires, entre réalité historique et créativité littéraire, élargissent notre compréhension de ces génies musicaux. Le coffret « Le Journal Intime de… » devient ainsi une porte d’entrée captivante vers un univers où la musique et la fiction s’entrelacent.

À travers la plume inventive de Marianne Vourch, les journaux intimes de Bach, Mozart et Chopin prennent vie, tissant une toile complexe entre l’expression littéraire et la création musicale. Dans cette exploration des identités, Marianne Vourch transcende la dichotomie entre l’acte d’écrire et celui de vivre, offrant une symphonie littéraire et musicale où la personnalité de ces compositeurs s’épanouit.

Ces récits loin d’être de simples substituts de l’existence, deviennent des pièces maîtresses d’une création littéraire et musicale entrelacée. À l’image du journal en tant que négatif du livre, ces journaux intimes sont des inventaires fascinants des vies intérieures de Bach, Mozart et Chopin. L’inutile et la tautologie, interrogés par certains diaristes, se muent chez Marianne Vourch en une célébration de la richesse poétique, de l’expression personnelle et artistique.

En miroir des dialogues littéraires explorant le journal intime, Marianne Vourch insuffle une nouvelle vie à ce genre, le transformant : littérature et musique se reflètent mutuellement. À travers ses créations, elle élargit la portée du journal intime en lui conférant une dimension musicale, révélant ainsi une harmonie singulière entre les mots et les notes. Les journaux intimes que nous propose Marianne Vourch sont sans nul doute un hymne à l’intersection de la création littéraire et musicale, ouvrant une porte sur un univers où les compositeurs éclairent, de manière poignante dans des récits de vie, l’essence même de l’âme créatrice à la fois consciente et fabuleusement irrationnelle.

Photo de couverture @Radio France / Christophe Abramowitz

« Un livre à offrir pour la planète » : Socotra de Cécile et Benoit Palusinski

Socotra, des dragonniers et des hommes

Socotra est un archipel du golfe d’Aden, au large de la Somalie et du Yémen. « En raison de sa biodiversité et de la présence de quelque 700 espèces uniques au monde, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco au sein de l’archipel de Socotra et a été déclarée réserve de biosphère en 2003 par l’Unesco », écrivent les Wikipèdes. Alexandre (le Grand) y serait passé avant la marine soviétique, et ses habitants, outre force serpents, gros lézards et tortues, seraient composés de métis de Grecs, d’Arabes et d’Indiens.

L’île est un joyau de la biodiversité végétale et animale, voire humaine. Plus de 700 espèces endémiques dont 37 % de plantes qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur la planète. Dont les fameux dragonniers – qui sont des arbres – élagués par les cyclones violents dus aux perturbations du climat, asséchés par le réchauffement, abattus pour servir de chauffage à ses quelques 43 000 habitants en raison de l’envol du prix du gaz dû à la guerre sale de Poutine, et dévorés par les dents voraces des chèvres. Son houppier en forme de parasol dense recouvre une sève rouge comme le sang d’un dragon, d’où son nom.

Certains des quelques 28 000 arbres de la dernière forêt de dragonniers sur les plateaux montagneux de Dixam ont près de mille ans. Draceana cinnabari est classé comme « vulnérable » sur la Liste rouge des espèces menacées,

Benoît met en images ces arbres majestueux dans un somptueux noir et blanc dramatique – brumes sur les arbres et dents éclatantes des enfants -, tandis que Cécile évoque les liens de l’homme et des arbres dans de très courts poèmes délicats. Car il faut « vivre poétiquement le monde », rappelle Hölderlin selon l’un des préfaciers Vincent Munier.

Un livre à offrir pour la planète, à la fête de la Naissance millénaire, reprise en Noël chez les chrétiens.

Les droits d’auteur du livre seront reversés à l’association Socotra dragon blood tree, mobilisée pour la protection du dragonnier.

Socotra, des dragonniers et des hommes, photos Benoît Palunsinski, textes Cécile Palunsinski, introduction de Mohammed Jumeh, ambassadeur du Yémen auprès de l’Unesco, édition en français, anglais et arabe Melrakki 2023 – avec le soutien de la Région Bourgogne-Franche Comté, 150 pages, €42,00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Bretagne actuelle recommande « Souvenirs souvenirs » de Marianne Vourch

Souvenirs souvenirs – 20 chansons françaises au piano un « objet » musical de Abdel Rahman El Bacha

Quel livre enchanteur ! Son format « 33 tours » est à ravir. En outre, il relève du propos inattendu d’ouvrir une porte sur la musique par le piano ; manière de transmettre les classiques de la chanson française à la faveur d’œuvres populaires qui ont résisté au temps. Abdel Rahman El Bacha invite à la (re)découverte des classiques oubliés. La mer de Charles Trenet… Trois petites notes de musique interprétées par Yves Montand… Mon amant de Saint-Jean immortalisé par Lucienne Delyle… La complainte de la butte dont Mouloudji a fait un standard… Frehel et sa Java bleue mise en musique par Vincent Scotto… et tant d’autres, parmi lesquels les trois « B » : Barbara, Brassens, Brel ; mais aussi Aznavour, Piaf, Duteil, tous sont dans… Souvenirs Souvenirs… Vingt doubles pages, chacune sujette à une chanson mythique avec son texte intégral et un extrait de la partition piano à écouter sur le CD en support. Au-delà d’un formidable cadeau (à faire ou se faire) Souvenirs Souvenirs est un merveilleux objet de collection qui prend naturellement place sur une table de salon ou la tablette d’un piano… éventuellement dans une bibliothèque, aussi, tout est possible quand c’est beau…

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Décembre 2023 – Bretagne Actuelle & J.E.-V. Publishing

Souvenirs souvenirs – 20 chansons françaises au piano, un livre musical d’Abdel Rahman El Bacha aux éditions Villanelle, 46 pages couleur au format 33 tours, incluant 20 partitions et un CD – 24 €

« Le Jour où » de Claude Rodhain par Cendrine Genty sur Vivre FM

Cendrine Genty reçoit Claude Rodhain dans « Le jour où… ».

Le jour où Claude fait de sa mère, sa « mère imaginaire », son moteur de réussite, c’est ce qui va permettre à l’enfant qu’il est de se construire sa détermination. Celle lui permettant de pouvoir, un jour futur, dire à sa mère « Tu vois maman, je suis l’enfant que tu ne connais pas. Je suis l’enfant que tu aurais pu aimer. Je suis l’enfant que tu as abandonné. » 

Car à l’âge de deux ans, le petit garçon se retrouve à l’hospice publique. Nous sommes en 1941, en plein coeur de la seconde guerre mondiale, et pour Claude, c’est le début d’un chemin de vie où règnent les sévices, les brimades, les punitions. Où règnent l’absence d’amour, l’absence de présence. L’absence de bras, de tendresse. De réconfort

De foyers en foyers, jusqu’à la maison de correction à l’âge de 9 ans, Claude grandit avec une pensée qui le terrifie « s’il meurt, il finira crevé comme un chat crevé dans un caniveau avec personne pour venir chercher sa dépouille. 

Claude grandit. Plus que jamais déterminé à réussir pour, « un jour, faire danser sa maman dans ses bras ». 

Son ouverture à la vie, son ouverture aux autres, le mènent à vivre de très belles rencontre. Et de se construire une riche et passionnante vie professionnelle. 20 ans ingénieur. 20 ans avocat à la tête de son Cabinet spécialisé en propriété intellectuelle, Claude s’accomplit. Et s’épanouit dans l’écriture de romans et d’auto-fiction. Lui qui enfant, n’avait jamais connu la possibilité de lire des livres. 

A travers le récit de Claude, à travers le partage de son regard sur la vie, nous découvrons la puissance de chacun de nos choix. Comme lorsque tout petit encore, Claude, âgé d’à peine 10 ans s’évade de la maison de correction. Comme lorsqu’il ose dénoncer les mauvais traitements subis. Comme lorsqu’un beau jour, il découvre que sa mère est toujours en vie. Cette mère qu’il a tant imaginé. Tant rêvé. Tant fait danser dans ses rêves. A 50 ans, Claude peut la découvrir. Découvrir l’histoire de son abandon. 

Ou pas…

Des années plus tard, en direct dans « Le jour où… », Claude nous livre les coulisses de ses choix de vie. Le pourquoi, malgré un début de vie si difficile, il se sent profondément protégé par la vie. Aimé par elle aussi ! Lui qui l’aime tant. Et qui sait si bien la savourer 

Devenu papa il y a des années de cela, Claude en savoure chaque jour le bonheur. Et l’amour partagé 

« Le  jour où… » explore ces moments décisifs qui marquent nos vie. Subis ou choisis. Décidés ou inattendus. La vie extra-ordinaire de Claude nous plonge au coeur de ces instants précis qui redéfinissent nos destins. Et sculptent nos défis personnels… 

Claude Rodhain est l’auteur de 16 livres.

Son dernier livre actuellement en librairies : L’Ombre du Roi-Soleil aux Editions La Route de la Soie 

France inter sélectionne « Souvenirs souvenirs » de Marianne Vourch et Abdel Rahman El Bacha

Un jour, une idée cadeau : voici le calendrier de l’Avent 2023 du service culture de France Inter

Par 

9 décembre : le livre-disque « Souvenirs souvenirs »

Voilà un cadeau qui va contenter à la fois les amoureux de la chanson française, les pianistes en herbe, et les fans de karaoké : un livre disque de vingt chansons, avec paroles et partitions, dans lequel Abdel Raman El Bacha donne à entendre Barbara, Trenet, Brel, Brassens, avec la voix de son piano.
Abdel Rahman El Bacha est un immense pianiste classique, qui a grandi à Beyrouth : là-bas, c’est grâce à la radio qu’il a connu ces chansons françaises entrées dans son coeur. De Piaf à Brel, en passant par Azanavour, Barbara et Montand, Abdel Rahman El Bacha sublime ces chansons avec ses nouveaux arrangements, dont certaines sonnent vraiment classique, à l’image de cette tarentelle d’Yves Duteil, dans la lignée des autres célèbres tarentelles de Rossini ou Chopin.

« Souvenirs, souvenirs » : 20 chansons françaises au piano, aux éditions Villanelle. 24€.

Le site de référence Actualitté recommande « Le Journal intime de » de Marianne Vourch

Et si Mozart avait publié son journal intime

Mozart voit publier son Journal intime aux Éditions Villanelle, en fait écrit par Marianne Vourch, qui en avait produit une série de sept épisodes sur France Musique au cours de l’année 2023. L’autrice est un personnage intournable de la scène classique française et elle le prouve une fois de plus en s’adressant magnifiquement à nos enfants. Par Margaux Catalayoud.

À l’antenne, le texte est lu par le comédien Nicolas Vaude d’une voix qui ravit autant les grands que les plus petits.

Une lecture naïve

La lecture par un adulte de ce supposé journal intime peut être naïve, elle s’adresse à un jeune enfant précédé d’une personne un peu plus savante. En effet, même si la plume figure celle d’un candide, certains mots viendront pimenter le langage d’un enfant d’aujourd’hui.

Le lexique du jeune prodige engage à définir ce que sont les Dolomites, l’émail ou encore l’étourneau. Heureusement, des illustrations bienvenues ponctuent le journal intime de Mozart qui pourrait aussi bien être un carnet de voyage à la première personne !

Une leçon de vie

Cette autobiographie à l’apparence un peu anodine ne relate pas simplement la naissance et la gloire en devenir de l’enfant miraculeux à l’oreille absolue. Les différents voyages de son adolescence menés dans les Cours prestigieuses de Paris, de Vienne ou encore de Londres, sont autant un apprentissage géo-social qu’un continuum éducatif purement musical.

Wolfgang Amadeus se montre, se gonfle de l’admiration qu’on lui voue mais s’épuise aussi. Aux difficultés qui marqueront sa vie tels que le deuil, le manque d’argent, les incompréhensions, s’ajoute la santé fragile que le film de Milos Forman avait bien représenté en 1984. Plus encore, le réalisateur avait mis l’accent sur le caractère maniaque du compositeur, ce qui ne manque pas d’apparaître çà et là dans le récit de Marine Vourch.

La leçon de vie qu’il nous faut surtout tirer réside dans le tournant impulsé par la censure du prince-archevêque Colloredo qui, indirectement, le chasse de Salzbourg – sa ville natale – : davantage d’espaces sont nécessaires aux mouvements de sa créativité grandiose et Colloredo n’est pas à la hauteur de cette exigence artistique, cantonné qu’il est à son goût incapable de nouveauté.

La beauté est simple

Malgré la facilité de cette courte biographie, la grandeur de la musique de Mozart ne passe pas inaperçue. La beauté est simple et il ne fait aucun doute que Mozart vivait comme il composait, l’autrice fait dire à l’enfant : « […] Comme un petit oiseau vient picorer des graines pour les mettre dans son nid, je picorais des sons pour garnir le nid de mes futures compositions. »

Marianne Vourch n’hésite pas à lui donner la densité qui saura piquer la curiosité d’un enfant et enchanter tout lecteur sensible pour qui ces mots déclenchent une symphonie : « Le silence faisait résonner le son de la clarinette dans mes songes. J’entendais en moi sa couleur joyeuse de nostalgie. » Pourvu que chacun tende vers cette synesthésie !

En résumé, il n’y a pas meilleure éducation musicale : l’enfant s’amuse, le parent révise et, ensemble, ils jouent « à mettre le ton comme quand le Monsieur de la radio » interprète le texte de Marianne Vourch, qui nous transmet sa passion pour la musique qui élève l’âme.

Cet ouvrage s’inscrit dans un coffret du journal intime de Bach, Mozart, Chopin.

La suite du « Souper » selon Argoul, sur Nathalie Ganem « Rendez-vous à l’Elysée »

Nathalie Ganem, Rendez-vous à l’Élysée

La France, nation de commandement disent les historiens. Et quoi de mieux que Napoléon 1er pour l’incarner ? Mais, en 1815 à Waterloo, « morne plaine », les armées impériales sont vaincues par une coalition de l’Europe entière, sous la houlette des Anglais. Et non sans quelques trahisons côté français… Car des collabos, il y en a toujours eu, il y en aura toujours. Par jalousie, envie, ressentiment – tous ces beaux sentiments de la Morale du Bien qui excuse tout, n’est-ce pas ?

La pièce de théâtre en trois actes de Nathalie Ganem met en scène le nœud de l’histoire. Napoléon 1er, vaincu après les Cent jours, revient à l’Élysée plutôt que de rester parmi son armée. Il se croit la France, comme d’autres avant et après lui. Démesure de l’orgueil : si les Français lors du retour de l’île d’Elbe l’ont acclamé sur la route, c’était parce qu’ils en avaient assez du « roi » sempiternel et du vieux Louis XVIII réactionnaire. La Révolution était passée et l’empereur, malgré tout, l’incarnait. Mais aussi, suggère Fouché, ministre de la Police, parce qu’ils avaient peur de l’armée.

Sauf qu’ils en ont désormais assez des batailles incessantes contre le monde entier, de croire avoir raison contre tous et de la saignée d’un million d’hommes sur 30 millions d’habitants à l’époque, qui allait affaiblir la France durablement face à la future Allemagne. Assez de guerres et de conquêtes, enfin la paix ! C’est ce que Napoléon n’a pas compris. Il espère l’union nationale mais les Chambres ne sont pas prêtes à le lui accorder, car le peuple qui vote n’est plus prêt à le suivre.

La mobilisation générale finit par fatiguer la jeunesse ; l’enthousiasme des passions n’a qu’un temps. Un temps court. Sur le temps long, ce qui importe est la paix, la vie paisible au travail, la prospérité, la famille et les enfants. Choc entre la gloire et la durée, entre la jeunesse et la maturité, entre la guerre et la paix (Tolstoï s’y essayera dans une œuvre célèbre). Le peuple choisit plutôt une vie longue et terne à une vie courte et brillante. Le peuple n’est pas Achille.

Fouché, fait duc d’Otrante en 1809, a manigancé l’abdication car il sent le peuple et suit tous les méandres de la chose du peuple, la république, par goût de la survie. Il a été et sera de tous les régimes et réchappera à tous. Joseph Fouché, né en 1759 en Bretagne et fils de matelot devenu capitaine, ami de Robespierre et franc-maçon, mitrailleur au canon des contre-révolutionnaires à Lyon (la guillotine allait trop lentement), est ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat, l’Empire et la Seconde Restauration. Après l’abdication de Napoléon 1er en faveur de son fils Napoléon II (qui n’a que 5 ans), Fouché devient président du gouvernement provisoire et négocie avec l’Angleterre. Il remet sur le trône Louis XVIII et devient son ministre de la Police. Mais il a voté la mort de Louis XVI et finit par être rattrapé par son passé. Il mourra en exil en 1820 et brûlera ses archives, laissant des Mémoires arrangées.

Napoléon envisageait en 1815 un second coup d’État pour dissoudre les Chambres et instaurer une dictature temporaire en levant une nouvelle armée de 150 000 hommes. Mais à quel prix ? La France est exsangue et une guerre civile en plus de la guerre européenne la mettrait à genoux. Mieux vaut négocier avec l’ennemi avant d’être dominé (ce que tentera Pétain en 40).

Pour éviter l’affrontement de deux mâles dominants, l’autrice ajoute en féministe Hortense de Beauharnais, fille adoptive de Napoléon, qui lui conseille de négocier avec sa belle-famille de l’empire d’Autriche. Ce que le petit Corse parvenu refuse, comme de bien entendu. Sa femme et son fils sont réfugiés à Vienne, ils y restent.

Telle est l’histoire en trois actes du douloureux passage à la modernité. Elle est incarnée par le brillant dictateur et par le machiavélique ministre, chacun jouant son rôle, le premier de gloire et d’étendre les Lumières, le second de prospérité et des nécessaires adaptations. Hortense joue la Femme, celle qui incarne les valeurs de la famille et de la continuité. Mais ni l’un ni l’autre ne l’écoutent vraiment.

Cette pièce est un peu la suite du Souper, dont Édouard Molinaro a tiré un film d’une pièce de Jean-Claude Brisville qui met en scène Joseph Fouché et Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord en 1815 sur le retour du roi.

Plusieurs représentations ont lieu à Paris, au théâtre de Nesle8 rue de Nesle dans le 6èmeles vendredis et samedis, du 2 décembre 2023 au 209 janvier 2024Elles sont jouées par les acteurs Benjamin Arba, Sarah Denys, et en alternance, Blaise Le Boulanger et Jean-Charles Garcia, mise en en scène de Nathalie Ganem. Durée 1h20, prix €22.00, tarif réduit étudiants et ayant-droits, €16.00

Nathalie Ganem, Rendez-vous à l’Élysée, 2023, L’Harmattan Théâtres, 73 pages, €11,00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com