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Un livre fort de Marc Lumbroso « tout en nuances et modération » d’après Maya Nahum dans Causeur

Marc Lumbroso: itinéraire d’un Juif français ordinaire par Maya Nahum


Ordinaire ? Sans doute. Et c’est peut-être cela qui fait l’intérêt de ce livre : l’histoire d’un homme ordinaire du siècle dernier, devenu un témoin inquiet de la France du XXIe siècle, empêtrée dans des communautaristes étouffants, ces « identités meurtrières » que déplorait Amin Maalouf il y a déjà 20 ans.

Car ce sont ses propres identités multiples, ouvertes et joyeuses dont traite essentiellement Marc Lumbroso et du temps où il était facile d’être un homme, un Français, un juif, sans peur et sans reproches.

C’est fini. « Les juifs français, comme moi, ne sont pas seulement tristes ; ils sont inquiets pour eux-mêmes et pour la France ».

On n’est pourtant pas dans le 9-3 mais dans le XVIe arrondissement de Paris où vit Marc Lumbroso et dont il est maire adjoint. Chef d’entreprise et ancien président du B’nai B’rith France, si lui a peur, il y a de quoi s’alarmer. D’autant qu’il est « Homme de modération et de nuances » comme l’écrit son maire, Claude Goasguen dans la préface du livre.

Marc Lumbroso est né à Tunis en 1943. La Tunisie est alors sous protectorat français. Musulmans, Maltais, Siciliens, Sardes, Français – dont beaucoup de Corses -, Juifs y vivent côte à côte.

La communauté juive est double, d’une part les Touansas, dont la présence, antérieure à la conquête arabe, remonte aux Phéniciens, d’autre part les Granas, les juifs chassés d’Espagne et du Portugal en 1492 et qui se réfugièrent en Italie (Le mot Grana vient de la déformation de Livourne, Ligourna, donnant Grana).

Cette distinction entre Touansas et Granas était profonde. Les premiers considérant les autres comme des presque goys, les seconds regardant de haut les Touansas, trop orientaux et pas assez occidentaux pour eux.

C’était il y a fort longtemps bien sûr ! Mais cet antagonisme a donné lieu à des récits et blagues qui se racontent encore dans les familles. Les Lumbroso sont Grana de Livourne justement. Ils sont viscéralement attachés à la France. Sans doute parlent-ils italien ? Le jeune Marc fréquente un collège jésuite qui fut son « apprentissage de l’universalité… » et où il ne s’est jamais senti autant Français, écrit-il, c’est là qu’il approche le monde chrétien.

Il rencontre l’Hachomer Hatzaïr, la Jeune garde, un mouvement scout juif dont le but est d’envoyer les enfants vivre en Terre Sainte. Il ne fera pas son alya mais devient sioniste à tout jamais.

Il perd sa mère très jeune et rêve de France où il part après le bac pour faire ses études. Il y rencontre une jeune polonaise, juive, qui deviendra sa femme et la mère de ses enfants.

Marc Lumbroso vit Mai 68 comme étudiant, en couple avec Annette. Politiquement il se sent plutôt « centre droit », très opposé aux valeurs de droite. Un humaniste pour le progrès social, mais aux antipodes de la pensée marxiste. Modéré et nuancé.

1969 : Seize mois de service militaire. Il est vite affecté au TGPE (tableau général des propriétés de l’État). Il n’y connaît rien mais se voit chargé de la mise à jour des ouvrages appartenant à l’armée de terre. L’expérience de l’armée le rend « plus républicain et patriote que jamais, fier d’être Français, et soulagé d’avoir été reconnu comme tel en dépit de [s]es différences de juif d’Afrique du Nord », écrit-il. Ses identités se portent bien.

Marc Lumbroso va trouver chez les francs-maçons du Grand Orient de France un écho à ses valeurs : « un chemin initiatique sur fonds de solidarité et de fraternité… mais chez les êtres humains le sentiment de fraternité n’est pas naturel ». Lucide, il cite Caïn. « Je ne suis pas le gardien de mon frère ».

Marc Lumbroso finira par choisir le B’nai Brith, « les Fils de l’Alliance », association juive équivalente des francs-maçons et il en deviendra le président.

À la Mairie du XVIe, il s’occupe du logement, avec compassion et rigueur. Il veut aider les gens en détresse. Pendant son mandat, il rencontre huit à dix mille personnes en demande de logement. Et en tant que maire adjoint, il marie. Même des personnes du même sexe ou une transsexuelle. Pour lui ce n’est pas plus insolite qu’un vieillard qui épouse une jeunette, comme ces couples de circonstance pour obtenir la nationalité française… Marc Lumbroso ne juge pas. La pluralité des identités. Sa crainte vient d’ailleurs, de « l’identité obsessionnelle ». De ces islamistes qui hurlent leur haine antisémite, mais aussi de l’extrême droite qui reprend du pouvoir, ou des « gilets jaunes » qu’il considère comme un soulèvement identitaire des plus démunis.

Ces extrémistes de tous bords sont un danger pour les juifs de France, qui voient ressurgir les vieux clichés : le juif riche, le juif partout, le juif tueur d’enfants (palestiniens bien sûr). Quelques pages du livre parlent de Dieu et de Spinoza, dont il se sent proche, retracent l’histoire de la Palestine et de la création de l’État d’Israël, d’autres pages parlent de laïcité, qu’il défend bec et ongles, Marc Lumbroso est cultivé. Il se dit agnostique.

Il faut lire l’Itinéraire d’un Juif français ordinaire comme on se balade en forêt, on peut revenir sur ses pas, s’attarder sur une page comme sur un arbre, repartir vers une autre clairière. Tout ici est nuances et modération, ce qui calme en ces temps de certitudes folles.

 Maya Nahum

Laurent Kebous des « Hurlements d’Léo » s’exprime sur le drame des Migrants dans « 20 Minutes »

 

interview sur ce lien https://www.20minutes.fr/bordeaux/2738455-20200312-video-bordeaux-tout-monde-encore-place-toit-tete

Lui se dit « anarchiste » et se marre. Elle assure ne pas vouloir parler politique. Lui, c’est Laurent Bousquet alias « Kebous », membre des Hurlements d’Léo, groupe bien connu de la scène bordelaise et, elle, c’est Perrine Fifadji qui a rejoint les HDL sur le projet Mondial Stéréo. Sorti le 21 février, l’album concept rassemble la grande famille des Hurlements (Les Ogres de Barback, Féloche, les VRP, La rue Kétanou, etc.) pour pousser un coup de gueule contre le sort réservé aux migrants. Laurent, Perrine et leurs acolytes y parlent immigration, discrimination, droit au logement, etc. A la veille des élections municipales ce 15 mars, ce concert est l’occasion de voir moins loin que la Méditerranée et de transposer ces grands thèmes à Bordeaux, ville où, selon Laurent Bousquet, tout le monde n’a pas encore « sa place ou un toit sur la tête ».

Avez-vous suivi la campagne des municipales ?

Laurent Bousquet : Ne me demandez pas pour qui je vais voter, je ne suis pas là pour ça. Je suis anarchiste moi (rires) et, surtout, je ne serai pas le porte-voix d’un candidat. En revanche, je suis membre d’un groupe impliqué, qui prend la parole pour la donner à ceux qui ne l’ont pas. On n’est pas des porte-drapeaux et on rapporte juste des faits qui nous bouleversent. Comme, ce matin, quand j’ai pris le tram et que j’ai encore vu des gens se faire déplacer par la maréchaussée parce qu’ils dormaient devant un magasin… Ça me choque encore de voir qu’à Bordeaux tout le monde n’a pas sa place ou un toit sur la tête.

Justement, le logement était un grand thème de la campagne…

Perrine Fifadji : Je connais des gens qui cherchent en vain à se loger à Bordeaux. Leurs revenus sont, certes, peu élevés, mais c’est terrible de voir qu’ils sont obligés d’autant s’éloigner du centre-ville, voire de Bordeaux. La ville évolue et c’est bien mais il y a ce phénomène de gentrification. Le quartier Saint-Michel, par exemple, a pas mal changé. Alors, certes, les quartiers sont rénovés, mais quand les habitants n’ont plus les moyens d’y rester il y a un problème.

Laurent Bousquet : A Saint-Michel, les points cardinaux sont restés là. Ils n’ont pas non plus détruit la flèche, ni le marché des Capucins. On a gardé des repères. Le Saint-Michel dans lequel j’ai vécu, entre 1996 et 2002, a muté et heureusement. On ne doit pas vivre dans le passé. Mais ce qui me gêne, c’ est plus ces logements vacants. A Bacalan, où j’habite, les logements vacants sont des logements sociaux. Il y a un véritable problème. Mais c’est Bacalan, donc ce n’est pas Bordeaux.

Bacalan est à part, selon vous ?

Laurent Bousquet :  Bacalan, c’est à l’abri du regard des Bordelais qui, clairement, ne sont pas nombreux à aller jusqu’à l’arrêt de tram Claveau. Ils flippent (rires). Il y a des gitans, des gens pas comme eux. Mes filles sont scolarisées vers le cours de l’Yser et pour inviter des copines et des copains à la maison, ça a été compliqué au début. Les parents hésitaient.

Pensez-vous que dans cette campagne municipale les quartiers sont oubliés ?

Perrine Fifadji : Bordeaux, ça n’est pas que le centre-ville. La mixité que mon fils voit dans sa cour de récré ou que je retrouve dans mon quartier, à la Bastide, ne se voit pas ailleurs ou seulement rue Sainte-Catherine. Je suis issue de l’immigration, ma différence est visible et tout le monde devrait être représenté, avoir le droit à la parole. Bordeaux n’est cependant que le reflet de ce qui se passe au niveau national. En France, la discrimination est importante.

Laurent Bousquet : Je vis à Bacalan depuis trois ans. La mixité est visible et ça m’apporte une grande sérénité. Ça me replonge dans les années 1970 avec les copains, au pied du HLM dans lequel je vivais. Il y avait 23 nationalités et c’était génial. Le temps a fait son affaire, on nous a divisés, que ce soit à Bordeaux ou à Mont-de-Marsan. Reste que quand on habite à Bacalan, on est Bacalanais, on n’est pas Bordelais (rires). Je suis peut-être un brin chauvin, mais les Bacalanais ont vraiment cet état d’esprit, et savent que leur quartier, ce n’est pas Bordeaux.

Vous ne pensez pas que, politiquement, il y a eu un effort de fait ?

Laurent Bousquet : Beaucoup d’associations bordelaises font un travail remarquable et, comme dans beaucoup d’autres villes, on ne leur donne pas les bons outils, pas les fonds nécessaires. Les gens se sont fédérés, des collectifs se sont créés comme le collectif Bienvenue qui travaille vers les migrants de la « Zone Libre » de Cenon, par exemple.

Ce n’est pas les pouvoirs publics en place qui peuvent changer ça, ni les urnes. Je crois au pouvoir de la « fédération des bonnes intentions » et je ne suis pas certain qu’il faille un scrutin pour se réveiller un matin en disant « je suis humain ». Le scrutin organise les avancées. Les Bordelais, eux, les créent. On a d’ailleurs lancé l’association Vox Populi il y a trois ans. On travaille avec des handicapés mentaux, des écoles, etc. Ça me permet d’être un maillon du lien social à Bordeaux, d’être en accord avec les gens qui viennent à nos concerts et, surtout, avec mon discours.

Voir vidéo ici : https://www.youtube.com/watch?v=G_upjeZ6Q60&feature=emb_logo

En parlant de concerts, on fait un point sur l’offre culturelle à Bordeaux ?

Laurent Bousquet : Il y a un peu moins de lieux indé. On a tenu Le Local pendant huit ans, avec plusieurs groupes de la scène bordelaise. On a fermé parce qu’on a grandi. On passe d’un phénomène de meute, de collectif, à des préoccupations plus perso. Mais Bordeaux s’en sort bien. Il y en a pour tous les goûts, toutes les chapelles et tous les crews.

Perrine Fifadji : Le Rocher de Palmer est une salle de spectacles depuis peu mais l’association Musiques métisses y œuvre depuis très longtemps. Il y a aussi le Krakatoa, Barbey et la salle du Grand Parc, maintenant. Et puis les plus petites salles comme le Quartier Libre ou la salle du Vigean, à Eysines. L’offre culturelle est abondante. Bien sûr ça a changé, mais on a désormais une grande salle de concerts.

Autre gros dossier de ces municipales, les transports… Vous notez du changement à Bordeaux ?

Perrine Fifadji (enthousiaste) Je me déplace à vélo depuis des années et je peux affirmer que ça n’a rien à voir. De gros efforts ont été faits et aujourd’hui on a des pistes cyclables partout.

Laurent Bousquet : Mais peut-être pas assez car c’est toujours la guerre entre les cyclistes et les automobilistes.

Perrine Fifadji : Franchement, on a gagné le pont de Pierre ! Et les quais de Queyries jusqu’au pont Chaban-Delmas, c’est le bon plan. Reste que nous avons encore besoin d’espaces verts, surtout rive gauche. Il y a moins de voitures, mais c’est encore très minéral. Bordeaux doit encore faire un effort.

Laurent Bousquet : Il y a plus de perspectives vertes sur la rive droite. Et vraiment, il y a des oiseaux à Bacalan. Il y fait bon vivre.

A Bordeaux, il y fait bon vivre aussi ?

Perrine Fifadji : Quand je vais dans d’autres villes, je suis toujours contente de revenir à Bordeaux.

Laurent Bousquet : On n’est pas maso. Si on n’était pas bien ici on serait partis voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

« un livre qui fait virevolter, à l’écriture soignée », avis d’une lectrice professionnelle

Megan0702   13 mars 2020
Merci à Babelio (masse critique) et les éditions L’Harmattan pour cette découverte.
L’autrice: Domitille Marbeau Funck-Brentano a été attachée de presse de l’Orchestre National de France, chargée de mission au Ministère de la Culture, et également Responsable du Service Culturel de la SACEM. Son premier roman « L’écho répété des vagues » a reçu le « coup de coeur des bibliothécaires ».
Le livre: fin des années 1970, une jeune femme mélomane est dans un train pour Bayreuth, en Allemagne. « Ce voyage, c’est un pèlerinage au coeur de la mémoire ».
Sur son parcours, elle fera la rencontre inattendue de la passion et de l’amour.
Mon avis: le bouquin me rend légère et me fait virevolter. La musique est omniprésente. Elle poursuit l’héroïne depuis son plus jeune âge, et voilà qu’elle poursuit le lecteur à présent. Les souvenirs sont doux. Il se dégage de ce livre une douceur rare. L’autrice nous offre une déconnexion avec la réalité. C’est une sensation précieuse. C’est souvent ce que je recherche avec les livres. Ce n’est pas toujours gagné. L’écriture est soignée. La plume est poétique. Bravo et merci à l’autrice pour ce joli voyage!

« Une lecture très roborative » : « La Montée des marches » d’Erwann Créac’h

La montée des marches de Erwann Créac’h

La note : 8 étoiles
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En route vers la gloire.

Donc un jeune homme doté d’un tempérament gaffeur à la Pierre Richard parvient un beau jour à totalement se déconsidérer dans le milieu cinématographique et à devenir ensuite le triomphateur du festival de Cannes.


Entre les deux, tout une série de réussites et de catastrophes composent un roman d’apprentissage au rythme enlevé et aux péripéties drolatiques. 


L’auteur visiblement connaît son monde, et nous l’évoque en une visite étourdissante, évoquant autant ses bons côtés que quelques travers assez connus. L’ambiance des plateaux de tournage est bien rendue, pour autant que l’on puisse juger par les innombrables making of dont les films sont désormais accompagnés. Notre gaffeur apprend le métier et nous l’accompagnons très volontiers car il est attachant.

Nous passons avec le héros par tous les stades de l’échelle de la conception et de la réalisation d’un film, accompagnés par des personnages pittoresques ou attachants, des producteurs intraitables aux femmes sans qui rien ne se fait. Puis arrive le temps du démarchage commercial et, enfin, de la réussite. 



C’est un peu trop beau pour être vrai, mais ce roman est un conte contemporain. Point de drame atroce ni de vilain abominable, tous le monde a ses défauts, parfois des qualités, et l’ensemble est exactement vivant, ce qui rend cette lecture très roborative.


Absolument le genre de chose à emporter en train, ou pour un dimanche pluvieux, on ne sent pas le temps passer et le soleil cannois vous accueille à l’arrivée.

Vidéo de la réunion de prévention de l’inceste et de la pédocriminalité où Kathya de Brinon, fondatrice de « S.O.S. Violenfance », parle de sa vie et de son combat

Regardez la vidéo de la réunion de prévention de l’inceste et de la pédocriminalité où Kathya de Brinon, fondatrice de « S.O.S. Violenfance » parle de sa vie et de son combat au François Coppée le 6 mars 2020 en présence de différents acteurs de premier plan sur le sujet : https://www.youtube.com/watch?v=rHvDc3aVq6o