Actualités (NON EXHAUSTIF)

Débat « Sommes-nous en démocratie en France ? » lundi 28 février 2022 au 10 rue Croix des Petits Champs 75 001 à 20h

Sommes-nous en démocratie en France ? 

Invitation conférence-débat

Lundi 28 février 2022 à 20h

Le Cercle Aristote reçoit Dominique Motte,

auteur du livre « De la démocratie en Suisse »

publié aux Editions La Route de la Soie

Le lieu : 10 rue croix des petits champs 75 001 Paris

Entrée gratuite pour les journalistes s’inscrivant obligatoirement auprès de guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Pour les non journalistes, c’est 5 euros l’entrée et les inscriptions se font après de revue.libres@gmail.com

 

ENTRETIEN AVEC ANNE-CÉCILE HARTEMANN sur « Métamorphose »

ENTRETIEN AVEC ANNE-CÉCILE HARTEMANN

Bonjour Anne-Cécile, j’ai beaucoup apprécié votre livre que je compare à un couteau Suisse du développement personnel. Tous les angles du travail à fournir sont abordés et à ce titre il est particulièrement complet. Où en êtes-vous de votre Métamorphose ? Pensez-vous être enfin devenue un papillon ? La mue est-elle achevée ?

Bonjour Sophie, je suis ravie de lire que vous avez apprécié mon livre et trouve votre image du couteau Suisse très adaptée, merci pour cette idée que je me permettrai de partager en parlant de l’ouvrage. À propos de la Métamorphose, je crois que c’est le chemin d’une vie. Je pense bien avoir pris mon envol à plusieurs égards, notamment dans la création de différents projets en lien avec le sujet du livre. J’ose mettre en mouvement mes idées grâce à la confiance que j’ai gagnée au fur et à mesure de mon cheminement. Je vois cependant le processus de transformation en constante évolution à travers toutes les sphères de ma vie, mon corps, mon rôle de maman, d’amoureuse, d’amie et mon activité professionnelle. À chaque nouvelle expérience j’apprends et j’évolue. Il y a des périodes d’envol et de nouvelles mues, laissant le temps aux couleurs de s’affiner. Tout le travail que je décris dans le livre m’a offert une base sur laquelle je peux m’appuyer lorsque je rencontre des peurs, des obstacles. En ce sens je peux dire que j’ai une meilleure connaissance de mes forces et de mes faiblesses mais cela ne m’empêche pas de passer par des moments plus difficiles. Je suis mieux outillée pour les traverser avec douceur.

  • P70, vous notez l’importance de la connexion au corps, vous avez réussi à changer votre mode de vie, mais comment éviter la frustration, le manque (d’un verre de vin ou d’une viande rouge) ? Comment véritablement effacer l’envie ?

 Ce changement de mode de vie s’est fait sur une longue période. Je crois que c’est justement en accueillant la frustration et le manque que j’ai pu opérer une transformation en profondeur. J’en parle d’ailleurs dans le petit chapitre sur le chocolat. Quand l’envie se fait sentir, il s’agit d’aller voir si l’on part d’un manque ou d’une envie de se faire plaisir. J’aime bien cette phrase qui me ramène souvent à la réponse « quand il y a urgence, il y a dépendance ». La privation, sans porter attention à tout ce qu’elle renferme de manque au niveau affectif par exemple, ne fera que repousser ou reporter la consommation d’une substance toxique. Le travail sur soi accompagné ou non par un thérapeute engendre la métamorphose qui nous amène non pas à contrôler ou à effacer l’envie mais à ne plus la générer. Le corps finit par ne plus demander la substance compensatrice.

En revanche, selon moi, si l’on part d’une envie de se faire plaisir, de partager un moment avec des amis autour d’un bon verre de vin, il est alors bon de saisir cette occasion et d’en profiter pleinement mais sans excès, en restant à l’écoute de son corps, il sera alors plus à même de bien l’assimiler 

  • P108, vous expliquez que vous croyiez en la complémentarité des approches, avez-vous suivi une analyse classique (type Freudienne ou Lacanienne) ?

 Chaque approche a ses vertus et il est important pour moi de dire que j’ai un grand respect pour toutes les personnes qui ont contribué à faire évoluer la psychologie. Adolescente et jeune adulte, j’ai été accompagnée par des thérapeutes formées avec des approches analytiques classiques, une pédo-psychiatre et plusieurs psychologues, une en France et 2 au Québec.

  • Si oui, quelle serait, selon vous, la différence entre une psychanalyse classique et un travail de développement personnel ? L’un peut-il fonctionner sans l’autre ?

 Le travail psychanalytique est défini comme tel : « il explore l’inconscient et fait remonter à la conscience certains événements pour régler des conflits internes à l’origine des symptômes. C’est un travail qui s’étale sur plusieurs années ». Le développement personnel est lui défini comme : « un ensemble hétéroclite de pratiques appartenant à divers courants de pensées qui ont pour objectif l’amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents et potentiels, l’amélioration de la qualité de vie et la réalisation de ses aspirations et de ses rêves ». Ce dernier pouvant s’effectuer sur une durée beaucoup plus courte. J’adhère à ces définitions et, d’un point de vue personnel, je n’aurais pas pu effectuer cette transformation sans comprendre l’origine de mes comportements insatisfaisants. L’un peut-il fonctionner sans l’autre ? Tout dépend de la problématique rencontrée par la personne qui souhaite consulter et de son degré de souffrance. Une phobie d’avion ne nécessitera peut-être pas 10 ans d’analyse alors que des relations toxiques répétitives pourront faire l’objet d’un travail plus en profondeur.

  • P89 vous décrivez votre rapport à l’alcool, pensez-vous que vous aviez développé ce qu’on appelle l’alcoolisme mondain ?

 J’ai été me renseigner sur ce qu’est l’alcoolisme mondain après avoir lu votre question. Je savais que je pouvais être sujette à cette dépendance étant donné un antécédent familial. J’ai donc toujours été consciente de mon rapport à l’alcool. Il est certain que je pouvais facilement me déresponsabiliser de ma consommation par les différentes occasions de boire qui s’offraient à moi mais j’ai toujours été attentive de ne pas plonger dans des extrêmes. C’est lorsque j’ai commencé ce travail de connexion au corps et aux émotions que j’ai compris que je pouvais boire de l’alcool pour anesthésier un malaise ou une souffrance. Plus j’ai développé la capacité à accueillir ces émotions désagréables et à les comprendre, moins j’ai eu besoin de les anesthésier.

  • Pour revenir sur la complémentarité des approches, vous connaissez l’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing) ? Qu’en pensez-vous et pourriez-vous nous expliquer la différence avec l’hypnose ?

 Je parle de l’EMDR dans le livre car je connais plusieurs personnes qui y ont fait appel et pour qui cela a été aidant. Par le mouvement des yeux, la technique de l’EMDR, permet, le traitement du syndrome du stress post-traumatique et des phobies. La thérapie par l’hypnose vise à rendre accessibles au sujet des ressources peu exploitées de son cerveau et à activer ses pouvoirs d’auto-guérison à l’aide de suggestions réalisées durant cet état modifié de conscience. Il est délicat pour moi de vous en dire davantage dans la mesure où je ne suis pas une spécialiste et que je n’ai expérimenté aucune des 2 approches.

  • P111 Vous expliquez que l’on peut réellement changer sa façon de penser. Cela semble difficile à comprendre pour un profane. Comment être profondément convaincu de ce changement de réflexion et surtout y a-t-il, parfois des « rechutes » ?

 Je compare souvent les pensées limitantes à un chemin. Nous avons été conditionnés par la société, l’école, l’éducation de nos parents. Parce que le cerveau suit plus facilement les chemins connus, nous les avons pris des centaines de fois, ils sont devenus des autoroutes. Il est très facile d’y retourner. Transformer ses pensées demande beaucoup de travail en commençant par identifier les pensées toxiques qui nous empêchent d’avancer. Ce chemin par lequel nous sommes passés des centaines de fois est si facile à prendre qu’il peut y avoir de nombreuses rechutes. Le mot « courage » n’est pas dans le titre de mon livre par hasard. Il faut d’abord s’arrêter sur le bord de l’autoroute pour ensuite décider de prendre un nouveau chemin qu’il sera, dans les premiers temps, difficile d’emprunter. Plus on ira, plus le chemin sera facile. Dans ma pratique thérapeutique avec l’Approche non directive créatrice, ANDC® on parle de zones sensibles, cet espace vulnérable où l’on peut accueillir avec empathie pourquoi nous avons si souvent emprunté l’autoroute. Une fois cette prise de conscience effectuée, on peut choisir une nouvelle voie et trouver plus de satisfaction dans notre vie.

  • P113 « Au lieu de mettre mon attention sur l’amoureux que je n’avais plus, j’ai commencé à voir tout l’amour qu’il y avait autour de moi », pourtant, comme l’a écrit Lamartine,  « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » ?

 Je trouve toujours important de remettre les citations dans leur contexte. Selon mes recherches, Lamartine a vécu une histoire passionnelle avec une femme. Ils se sont promis l’amour mais quand Lamartine revient l’année suivante pour la retrouver, elle est grièvement malade et meurt. Hors contexte, cette phrase pourrait évoquer de la dépendance affective alors qu’il semble s’agir davantage d’une étape de deuil. Un de mes thérapeutes m’avait soufflé, après la séparation du père de mes enfants en parlant de l’amoureux, « un plus quand il est là mais pas un moins lorsqu’il n’est pas là ». Lorsque « tout est dépeuplé » quand un seul être vous manque, c’est soit qu’il s’agit d’une étape de deuil, incontournable, soit qu’il s’agit d’un trouble de l’attachement si la souffrance perdure de façon excessive. Il peut être intéressant de se pencher sur le rapport aux peurs de perdre, d’abandon, de rejet qui pourrait guider nos vies. L’amour de soi et l’amour des autres personnes significatives autour de nous (familles, amis, collègues, etc.) constituent une manière de garder l’équilibre lorsque l’amoureux ou l’amoureuse n’est plus là.

  • P173, Concernant le test des neufs signes de la dépendance affective, ne pensez-vous pas que tout le monde peut répondre oui à au moins cinq questions ? Il y a dans l’amour une forme de dépendance. Comment faire la différence entre le « normal » et le « pathologique » ?

 J’ai envie de parler du besoin légitime d’amour, plutôt que d’une dépendance à l’amour. Le besoin d’amour est universel et nous avons le pouvoir de nous en occuper. La dépendance se subit en souffrance, laissant le pouvoir à l’extérieur de nous, sans capacité d’agir. Pouvoir répondre non à toutes ces questions implique un travail de responsabilisation qui permettra de retrouver le pouvoir sur sa vie. Selon moi, l’état de souffrance est indicateur d’une relation pathologique puisque l’amour est bienveillant.

  • Toujours sur la dépendance affective, P218/219, ne pensez-vous pas qu’il y a une dépendance « originelle » dans l’amour maternel ?

Oui, l’être humain est le plus dépendant des espèces du règne animal dans la durée avant l’autonomie. Pour des raisons biologiques d’abord mais aussi affectives. Sans amour maternel ou d’une figure d’attachement sécure, le développement psychique du bébé est affecté. Dans ce cas, il faut parfois des années pour s’en affranchir. Mais dans le cas d’un attachement sécure, il ne devrait pas y avoir de basculement vers la dépendance affective.

  • P229 Vous écrivez « j’aime les êtres humains », en effet tout au long de la lecture de votre livre, on décèle un profond humanisme, dans quelle mesure celui-ci a contribué à votre métamorphose ?

 « Seul on va vite, ensemble on va plus loin ». J’aime bien l’image des boules à facettes pour illustrer la relation à l’autre. Tantôt ombre, tantôt lumière, les différentes facettes de notre être peuvent s’éclairer de façon plus intense grâce au reflet de l’autre. La relation peut exposer à des parties de nous que nous n’aimons pas voir mais elle peut aussi être source de compréhension, de soutien et d’amour. C’est en étant conscient, que l’on peut accueillir et transformer la souffrance. Jamais je ne me serais rendue aussi loin sans cultiver les relations qui m’entourent. La relation aide, c’est d’ailleurs le nom que porte mon métier Thérapeute en relation d’aide. Pour ma part elle contribue à m’apaiser, m’accepter, me propulser, m’aimer. Au fil des années, j’ai appris à développer des relations authentiques dans toutes les sphères de ma vie, elles me permettent de trouver du réconfort pour passer à travers un moment plus difficile, elles me poussent à approfondir des réflexions dans des occasions de partage, elles sont aussi source d’enrichissement lorsque je m’ouvre à la différence, grâce à elles, j’avance, j’évolue, je me métamorphose.

  • Connaissez-vous le « modèle » de Brooke Castillo :
  • C = les circonstances (elles sont complètement neutres, je ne peux pas les changer, ex : je me suis fait emboutir ma voiture)
  • P = la pensée (celle qui découle des circonstances, ex : la personne aurait pu laisser son nom, elle est malhonnête)
  • E = l’émotion (qui découle de la pensée et non de la circonstance ex : je suis en colère)
  • A : l’action (ex : je m’énerve)
  • R : le résultat (je pleure et je pense que les gens sont méchants)

      Le raisonnement de BC est de démontrer que tout part de la pensée que nous avons à la suite de la circonstance et que le résultat  est donc lié à la pensée. Si nous changeons notre pensée, nous pouvons nous éviter beaucoup de souffrance, mais ne s’agit-il pas là d’une forme d’auto persuasion ?

 J’ai déjà entendu parler de ce modèle mais n’ai pas eu l’occasion d’approfondir. Avec les personnes que j’accompagne en thérapie, je travaille beaucoup à discerner l’imaginaire de la réalité. Nous perdons effectivement beaucoup de pouvoir lorsque nous sommes guidés par certaines pensées. J’entendais ce matin une émission sur la colère. Marguerite Duras y était citée « il est beaucoup plus difficile de se défaire d’une habitude de pensée que de lancer un pavé dans une vitrine ». Ce que j’ai compris et expérimenté au cours de mes formations et thérapies, c’est qu’un événement extérieur peut raviver des blessures du passé. Il peut s’avérer nécessaire de prendre un pas de recul pour comprendre d’où peut venir une réaction excessive et inappropriée. C’est alors qu’il est possible de réagir de façon plus adaptée aux événements qui surviennent. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’auto-persuasion.

  • Avez-vous la Foi ?

 Au cours des dernières années, je me suis intéressée à la spiritualité. Au moment où j’écris ces lignes, ce que je peux dire, c’est que grâce au travail que j’ai fait sur moi, j’ai développé une confiance en moi et je crois que c’est cette confiance qui me permet de trouver une sécurité intérieure qui me propulse et m’aide à trouver des ressources lorsque j’en ai besoin. C’est aussi en apprenant à lâcher prise lorsque je vis des moments d’impuissance que je peux trouver du réconfort et que finalement les problèmes trouvent des solutions. Je crois que nous avons des ressources insoupçonnées en nous et autour de nous, dans la relation à soi, aux autres et au monde avec tout ce que la nature a d’inspirant à nous offrir.

  • A la fin du livre, vous remerciez longuement vos parents, vous leur avez donc pardonné ? Vous semblez complètement satisfaite de la teneur de vos relations, notamment avec votre père. Vous êtes allée vers lui, mais est-il venu vers vous aussi ?

 Le chapitre sur le sujet du pardon a été pour moi un moment important du livre mais aussi une étape cruciale de mon cheminement. On m’a d’ailleurs invitée à témoigner avec mon père dans le cadre d’une émission de radio au Québec à ce sujet il y a quelques jours. Je crois que l’élément déterminant dans le processus du pardon a été d’accueillir le vécu souffrant, par moi d’abord avec l’aide de mes thérapeutes, en relation ensuite avec mes parents. Je suis certes allée vers eux, mais ils m’ont accueillie. Je suis toujours touchée de repenser à ce cadeau que nous nous sommes offerts en dépassant la culpabilité et les peurs. En reconnaissant l’histoire difficile et le vécu souffrant qui en découlait, j’ai trouvé une forme de paix intérieure. Le pardon m’a aussi amenée à accepter mes parents tels qu’ils sont avec leurs failles. Ils ont fait ce qu’ils ont pu avec le peu d’outils qu’ils avaient à l’époque. C’est en établissant cet équilibre entre accueillir les émotions de colère, de peine, d’insécurité, d’impuissance et accepter le parcours de vie, que j’ai pu commencer à composer avec ce que je suis. Je peux dire aujourd’hui que la relation avec mes deux parents est équilibrée. Grâce aux outils de communication consciente auxquels je me suis formée, je suis en mesure d’exprimer les malaises mais aussi les joies en relation avec eux, j’identifie plus facilement les zones sensibles, les limites, les besoins et je suis capable d’en prendre soin. Fascinée par le pouvoir de cette communication, j’ai décidé de me former à la thérapie relationnelle. J’accompagne aujourd’hui des dyades et des couples à développer, l’écoute, l’empathie et l’expression de ce qu’ils vivent en relation. C’est une façon pour moi de contribuer à un monde meilleur, une relation à la fois.

Sophie Rey a consciencieusement lu « Métamorphose » de Anne-Cécile Hartemann

MÉTAMORPHOSE (Le courage d’aller vers soi)

Anne-Cécile Hartemann

“Ce qui ne me tue pas me rend plus fort” écrit Nietzsche dans Crépuscule des idoles ; c’est l’histoire d’Anne-Cécile Hartemann. C’est l’histoire d’une combattante revenue victorieuse  d’une guerre qui l’aura mené jusqu’au plus profond d’elle-même.

 Forte de son expérience, Anne-Cécile nous offre un livre témoignage, mais aussi un véritable manuel d’apprentissage du développement personnel.  Pédagogique, on y trouve une multitude d’exercices et de références à suivre, qui permettent au lecteur d’emprunter le même chemin que l’auteure.

 « L’intention de ce livre est par conséquent de mettre en lumière les outils auxquels j’ai eu recours, d’en parler avec mes mots, à partir de mon expérience et, de façon concrète de vous laisser le soin de les explorer à votre convenance. P18 »

 Le livre est composé de trois partie suivant un ordre chronologique : Partie un, la préparation à la métamorphose, partie deux la connexion à soi, à son corps et aux autres, partie trois le passage à l’action.

Après douze ans de vie commune, le père des deux enfants d’Anne-Cécile la quitte brutalement en l’espace de quinze jours. C’est l’élément déclencheur d’une longue et profonde remise en question. Elle prend conscience de sa dépendance affective.

Ce sont les crises qui font avancer l’humanité, à l’image de celle-ci, Anne-Cécile Hartemann en est le parfait exemple.

Malgré la douleur de la séparation d’avec son compagnon, Anne-Cécile trouve la force en elle d’affronter cette souffrance et décide de se remettre en question avec courage et honnêteté.

Elle réalise alors qu’elle n’a jamais guéri des souffrances de son enfance.

Issue de parents séparés alors même qu’elle était encore dans le ventre de sa mère, l’auteure grandi dans une insécurité affective, puis, à l’âge de sept ans doit supporter un beau père toxique et manipulateur.

Elle comprend qu’elle doit trouver le courage de faire face à cette enfance malheureuse. Anne-Cécile est une résiliente, elle commence alors à soigner ses maux.

« J’ai été porté par une puissance incroyable, et j’ai reçu une aide très précieuse que je décris dans cette essai. Ce soutien m’a permis de regarder la plaie et de m’armer pour commencer à la soigner. Patience, courage, confiance, ce mantra m’a habité et m’habite toujours. C’est ainsi que j’avance. P23 »

 Ainsi, au fil des pages, Anne-Cécile nous livre des pistes de développement personnel, à travers  des exercices simples et ludiques mais qui, lorsqu’ils sont pratiqués régulièrement et sérieusement sont d’une puissance insoupçonnée.

C’est la notion de neuroplasticité.

« Depuis plusieurs années, la recherche fait des découvertes fascinantes sur le cerveau humain, et nous n’avons pas fini d’en apprendre sur la neuroplasticité. La possibilité de modifier les circuits neuronaux est aujourd’hui prouvée. Je l’ai moi-même expérimenté. Notre identité n’est jamais définitive, rien n’est figé. P24 ».

Quel merveilleux espoir alors, puisque tout est entre nos mains !

Un second outil dont nous parle Anne-Cécile et qui est évoqué dés le début de l’ouvrage est l’ANDC (approche non directive créatrice).

« L’approche non directive créatrice est une approche relationnelle, professionnelle de nature affective. Elle favorise le développement de l’amour de soi et de la confiance en soi. Elle favorise également l’épanouissement de la créativité, le cheminement vers l’autonomie et la liberté d’être, dans le respect du fonctionnement global de l’être humain et du rythme de progression des étapes de son évolution, de sa croissance et de son autocréation. P30 »

 S’ouvrir à son monde émotionnel et comprendre ses besoins. Accepter le changement avec courage, patience et gratitude pour se libérer et s’épanouir. Lâcher prise en douceur et avec confiance. Savoir dire merci.

Exercice 1

La métamorphose commence à s’accomplir, les premiers résultats se font sentir.

Anne-Cécile change sa façon de consommer, devient flexitarienne et pratique le jeûne. Le Yoga est sa nouvelle passion.

Elle dort mieux et lorsqu’elle est stressée préfère faire un exercice de cohérence cardiaque ou de méditation plutôt que de déboucher une bouteille de vin.

Nous n’avons pas tous les mêmes valeurs, mais pour bien se connaître et aller au plus profond de soi-même, il faut connaître celles qui nous correspondent. Là encore Anne-Cécile nous propose un exercice simple, mais si puissant qu’il peut véritablement être un pilier du changement.

Valeurs
Besoins

La loi de l’attraction ainsi que l’intuition «  Les synchronicités peuvent se manifester dans toutes sortes de situation, et pas seulement pour des évènements majeurs. Si on écoute sa petite voix intérieure, qu’on est résolu à la suivre et qu’on est à l’affût des signes qui nous confirment qu’on fait bonne route, il y a de bonnes chances que ce que l’on souhaite, parfois même inconsciemment, se produise, et sous une forme inattendue. P213 », la pensée positive, la confiance en soi et en l’avenir, l’empathie font l’ensemble des notions qui participent à son évolution personnelle.

« L’empathie demande de se connecter à sa propre vulnérabilité pour être en mesure de ressentir la fragilité de l’autre. P156 ».

 Ne nous méprenons pas, même si le livre est une bouffée d’espérance pour tous les cabossés de la vie, et même si Anne-Cécile nous dévoile tous les outils nécessaires à ce changement, celle-ci, en toute honnêteté, nous explique aussi que cette construction personnelle ne se fait pas sans peine. L’auteure insiste sur le fait qu’il faut faire preuve de patience, de courage et de confiance. Peut-être même de Foi. Foi en l’univers et Foi en soi même.

L’honnêteté, et la sincérité sont ce qui définissent d’ailleurs Anne-Cécile. Son ouvrage est une prise de risque personnelle car elle ose se livrer à ses lecteurs en toute transparence.

« J’ai longuement hésité à aborder la question de cette partie sombre de mon être. Traiter de la dépendance affective, dans sa dimension pathologique (la dépendance étant inhérente à l’être humain), demande de me dévoiler en cohérence et en authenticité(…).P171 »

 « Ce qui est différent dans ce livre est ce qui m’appartient en propre : j’écris avec cœur et authenticité, avec ma personnalité et mes particularités. P 200 »

 Avec cœur et authenticité effectivement, et cela se ressent tout au long de la lecture.

Ce livre est une mine d’or, un ouvrage majeur dans le monde du développement personnel.

A lire, à relire, à garder sur sa table de chevet.

Un livre soutien, un livre intelligent et nécessaire.

Depuis sa lecture nous mettons en pratique les exercices et nous avons beaucoup d’espoir de suivre le chemin d’Anne-Cécile Hartemann.

Edition du CRAM

Attachée de presse : Guilaine Depis

Le trompe-l’œil des résultats économiques de Bruno Le Maire. Par François de Coincy

Le trompe-l’œil des résultats économiques de Bruno Le Maire

La présentation statistique peut relever de l’art du trompe l’œil.  On ne sait en constatant la mine réjouie du ministre annonçant la croissance « historique » du PIB en 2021 s’il se grise de sa capacité de manipulation des chiffres ou s’il en est sa propre victime.

Reprenant les pourcentages d’évolution vantés par Bruno Le Maire, le graphique ci-contre, diffusé dans le Figaro du 29 janvier, est particulièrement trompeur :

Cette image ne représente pas l’évolution du PIB de la France mais l’évolution du pourcentage de croissance du PIB et pour montrer à quel point cela n’est pas la même chose, regardons-en la comparaison sur les trois dernières années.

L’évolution du pourcentage (graphique A) est bien plus flatteuse que l’évolution de la valeur (graphique B), alors que c’est bien cette dernière qui correspond à celui du PIB réel. Le graphique présenté (A) n’est pas faux en soi, mais c’est une manière trompeuse de nous présenter la réalité. Si on veut être correct, il faut afficher le graphique en valeur tout en indiquant les pourcentages (B).

Le graphique de gauche (A) laisse croire que le PIB a dépassé celui des années antérieures alors qu’il n’en est rien. De plus l’image indique « +7% » alors que le trait reliant à l’année précédente a une valeur de 15% (7+8).

Ce trompe-l’œil en cache un autre.

Lorsque nous calculons le PIB, alors que la valeur ajoutée des entreprises est calculée sur ses recettes, celle de l’Administration est basée sur ses coûts sans tenir compte du solde budgétaire de l’Etat. (Cette méthode absurde fait que si l‘Etat embauchait en plus 1 million de personnes à ne rien faire, le PIB augmenterait alors que cela n’apporterait aucune production réelle).

Ce n’est pas bien grave quand le déficit est faible ou lorsqu’il est identique d’une période à l’autre, mais les circonstances actuelles font qu’il donne une image déformée de la réalité.

Que donne le PIB corrigé du déficit de l’Etat ?   Les déficits ont été de 75 milliards en 2019, 211 milliards en 2020 et 155 milliards en 2021. Les PIB corrigés sont donc respectivement de 2260, 1934 et 2140 milliards d’euros (graphique C).  On est donc loin d’avoir retrouvé en 2021 le niveau de 2019 puisque on est même en dessous de 2017 (2187 milliards).

On peut ajouter qu’en général, l’accroissement de la dette publique correspond plus ou moins au déficit budgétaire mais que ces deux dernières années l’accroissement de la dette a été supérieur de 100 milliards au déficit de la période. Cette situation accroit encore le doute qu’on peut avoir sur la solidité d’une reprise sous perfusion monétaire.  

Quelle qu’en soit la représentation, nous savons l’immensité de la dette générée qui aurait pu être atténuée si on avait associé un effort populaire aux soutiens nécessités par la pandémie. Ce sujet risque d’être absent du débat électoral car si Emmanuel Macron n’a pas intérêt à en parler pour ne pas ternir le bilan du « quoi qu’il en coûte », ses compétiteurs non plus, qui seraient obligés d’en tirer des propositions de redressement peu alléchantes pour les électeurs. Ce serait aux médias d’imposer ce sujet, plutôt que de rester sur la question facile de l’immigration autour de laquelle s’est constitué un surprenant quasi-consensus national.

Après les élections, l’ère de l’argent facile va se terminer et le successeur de Bruno Le Maire risque de ne pas afficher le même optimisme. Il lui faudra un grand pouvoir de persuasion pour faire passer les pilules : l’art du trompe-l’œil n’est pas près de s’éteindre.

François de Coincy, Chef d’entreprise à la retraite, François de Coincy avait publié en 2020 Mozart s’est-il contenté de naître ? renouvelant l’analyse de la théorie économique à partir des idées qu’il a accumulées au cours de sa vie professionnelle sur l’efficacité de la liberté dans le monde économique. Ce premier essai lui a donné une crédibilité lui permettant de publier des articles dans Figaro Vox ou Economie Matin. Il publie en 2022 Sept idées libérales pour redresser notre économie (L’Harmattan) afin de nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle de la France.

Réformons les droits de succession, en mettant fin à l’hypocrisie des taux élevés. par François de Coincy

Réformons les droits de succession, en mettant fin à l’hypocrisie des taux élevés.

La quasi suppression de l’héritage pour les plus riches, proposée par Jean-Luc Mélenchon, n’améliorerait pas la situation financière de la France ou des Français.

Bernard Arnaud étant crédité d’une fortune de 160 milliards d’euros, et Monsieur Mélenchon proposant de tout prendre au-delà de 12 millions, une âme candide calculant bien, pourrait penser que le décès du patron de LVMH génèrerait un pactole permettant un cadeau de 5000 euros pour chacun des ménages français.

Malheureusement la situation ne serait pas aussi rose :

Soit, pour payer les droits de succession les héritiers seraient obligés de vendre et nécessairement à des étrangers puisqu’aucun Français sensé n’achèterait une entreprise pour en être dépouillé à sa mort. Dans ce cas, chaque ménage français pourrait effectivement percevoir 5000 euros mais l’entreprise deviendrait américaine ou chinoise, en tout cas étrangère, et le patrimoine industriel français diminuerait de 160 milliards.

Soit L’Etat pourrait préempter l’entreprise et on ne pourrait distribuer aucun montant, puisque les 160 milliards sont la valeur de l’entreprise et non une liquidité, à moins qu’on ne donne à chaque ménage quelques actions de la société qui ne leur apporterait que 75 euros de dividendes par an.

Restée dans le giron de l’Etat ou répartie entre les Français, l’entreprise verrait son avenir confié à quelques hauts fonctionnaires et sa stratégie dépendre des péripéties politiques, électorales et syndicales. On serait alors loin de la préservation patrimoniale obtenue par une gestion de long terme.

Le barème actuel facialement très élevé est grevé de multiples abattements qui génèrent inégalités et faible rendement.

Notre Candide préfèrera s’en tenir à la situation actuelle et découvrira que le législateur a créé un barème spoliateur lui permettant d’afficher une politique égalitariste populiste et en même temps de multiples dispositions dérogatoires afin d’éviter de bloquer l’économie du pays.

En effet si les héritiers de Bernard Arnaud devaient payer suivant le barème (45%) 70 milliards, ce serait au final quel que soit leur financement, un transfert de l’investissement productif vers le budget des dépenses de l’Etat et donc à terme le désinvestissement total du pays.

C’est pour cela que le rendement réel de l’impôt sur les successions est très en dessous des taux affichés : Le patrimoine des Français est de l’ordre de 12000 milliards et s’il est transmis en moyenne tous les 40 ans cela représente 300 milliards par an ramenés probablement à 250 compte tenu de l’exonération des petites successions. Comme les droits réellement perçus sont de 15 milliards, le taux réel moyen ne ressort qu’à environ 6% (chiffre cependant bien au-dessus de ce qui se pratique dans la majorité des pays comparables).

Simplifions le système avec un taux unique de 10% et une exonération des petites successions.

Supprimons les tranches à taux progressifs qui découragent l’investissement de long terme et empêchent la constitution de patrimoines familiaux. Appliquons un taux unique de 10% et les recettes de l’Etat augmenteront, même en tenant compte de la suppression de l’IFI qui n’est qu’une autre forme bureaucratique d’impôt sur les transmissions.

Supprimons également les abattements, exonérations, régimes discriminatoires et toutes ces mesures qui désavantagent ceux qui ne sont pas informés et font supporter aux autres les honoraires de conseillers fiscaux et financiers.

Le problème posé par une puissance excessive des entreprises mondiales ne concerne malheureusement pas les sociétés françaises.

On ne peut ignorer le problème posé par la puissance de plus en plus grande prise par les sociétés des hyper riches dont le pouvoir pourrait aller contre l’intérêt de leur pays. Il me semble que ce risque est très exagéré dans nos pays démocratiques qui ont la capacité d’adapter leurs lois si nécessaire. En ce qui concerne les GAFAM, les autorités américaines sont partagées entre volonté de limiter leur puissance et crainte de brider leur expansion économique mondiale. Malheureusement la France n’a pas d’entreprises si importantes qu’elle soit confrontée à ce qui n’est qu’un dilemme de riches.

Notre fiscalité est déjà très élevée et si la réduire est une gageure compte tenu de l’importance du déficit budgétaire, essayons au moins de la rendre plus simple et moins décourageante.  

 François de Coincy, 

Chef d’entreprise à la retraite, François de Coincy avait publié en 2020 Mozart s’est-il contenté de naître ? renouvelant l’analyse de la théorie économique à partir des idées qu’il a accumulées au cours de sa vie professionnelle sur l’efficacité de la liberté dans le monde économique. Ce premier essai lui a donné une crédibilité lui permettant de publier des articles dans Figaro Vox ou Economie Matin. Il publie en 2022 Sept idées libérales pour redresser notre économie (L’Harmattan) afin de nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle de la France.

 

 

Parution de « Mon sixième sens » l’autobiographie de Esteban Frédéric, N°1 de la voyance en ligne

La Balustrade de Guilaine Depis vous propose pour la période mars à décembre 2022 :
(pour demander un livre, merci d’adresser un mail à guilaine_depis@yahoo.com et pour interviewer l’auteur sms 06 84 36 31 85)
Mon sixième sens
itinéraire d’un voyantl’autobiographie inédite de Esteban Frédéric
Préface de Stanislas Delorme, Consultant intuitif et fondateur du « Guide de la Voyance »
aux Editions De Vinci, parution le 9 mars 2022
Comment Esteban Frédéric a reçu le don de communiquer avec l’au-delà
Qui n’a jamais rêvé d’être voyant ? Mais, être assailli de flashs, et vivre, en permanence, aux frontières du paranormal peut se révéler profondément déstabilisant. Voyant depuis sa plus tendre enfance, Esteban Frédéric cache à tous ses facultés extra-sensorielles durant sa jeunesse. Il lui faudra plusieurs années pour parvenir à mettre des mots sur sa véritable nature : il est voyant et médium. 
* Faisant table rase des idées reçues, ce livre dévoile, sans fard, comment un voyant parvient à apprivoiser la puissance des forces invisibles. 
* Un livre qui aide à réfléchir à notre propre rapport à la médiumnité
« La musique fait partie de moi, elle habite chacune des cellules de mon corps. Je joue du piano depuis mes 4 ans, je n’arrêterai jamais. J’ai étudié au Conservatoire et été lauréat de nombreux concours internationaux. (…) Musique et voyance sont intimement liées : l’une et l’autre se sont constamment enrichies, en moi. La musique a fait éclore des dimensions inespérées de facultés médiumniques, et la voyance affine en permanence la qualité de mon oreille musicale, car exercer la voyance affine tous mes sens, sans que je puisse l’expliquer. » Esteban Frédéric
Esteban Frédéric, N°1 de la voyance en ligne. https://www.esteban-frederic.fr/
Nominé parmi les 10 meilleurs voyants de France en 2015, Esteban Frédéric est un jeune médium qui a été très tôt propulsé sous les feux des projecteurs. Après avoir travaillé en direct à la télévision et à la radio, il a crée sa plateforme de voyance. Il y propose des consultations aux côtés de son équipe de voyants.
Déjà paru : L’Oracle du sixième sens (best-seller paru fin 2020) (photo en pièce jointe ici)
Dans ce coffret, vous découvrirez 47 cartes magnifiquement illustrées, pour éveiller vos facultés intuitives dans tous les domaines. Que vous soyez simple débutant ou déjà à l’écoute de votre intuition, cet oracle vous aidera à retrouver la voie d’accès à vos sens subtils. Il vous accompagnera au quotidien pour répondre à vos questionnements intérieurs, purifier votre esprit et apaiser votre âme.

Article du Professeur d’université Jean-Michel Devésa sur « La petite fille qui regardait le Bosphore » de Pierre March

Sous la petite fille la mère ?

par Jean-Michel Devésa[1]

Au début de La Petite Fille qui regardait le Bosphore (Le Four banal, 2021), Pierre March observe que « [d]epuis Shakespeare on n’a plus guère écrit d’histoire d’amour qui mériterait d’être lue ». Lui raconte la sienne ou plutôt il en témoigne. Par fidélité à celle avec laquelle il a partagé un « amour fou », littéralement infini, puisqu’aujourd’hui encore le narrateur est en proie à la passion éprouvée à l’endroit de Marine (Gilla), pourtant disparue un sinistre 20 août 1995 et reposant depuis dans le « cimetière paisible d’Arnavütkoy ».

Pour ma part, lisant La Petite Fille qui regardait le Bosphore, j’ai souvent levé les yeux au ciel (en aucune façon par désintérêt ! mais parce qu’on ne lit bien un texte qu’en s’en détachant de temps à autre pour s’abandonner à la rêverie et à la réflexion, Roland Barthes n’a pas été le dernier à nous le rappeler et à nous l’enseigner !), j’ai donc fréquemment regardé en moi, tout en suivant Hugo et la lumineuse Marine (une Lucie de l’entre-deux mondes, à la charnière de l’Europe et de l’Asie, là où dans nos mémoires et nos bibliothèques retentissent toujours les clameurs des armées de Darius, brille le sombre éclat des palais de la Sublime Porte, resplendissent tirées de leurs fourreaux les lames des janissaires et bruissent les désirs chuchotés derrière les façades en bois des yalis, ces somptueuses demeures ottomanes à l’élégance des courtisanes de haut vol. J’avais comme réminiscences Racine, Bajazet et les représentations convenues parce qu’exotiques du sérail, et plusieurs plans du film L’Immortelle d’Alain Robbe-Grillet.

En vérité, ce livre n’est pas un roman, et tout juste un journal même s’il en emprunte la démarche dans l’exposé du déroulement des faits, il est avant tout un tombeau, le cénotaphe érigé à la gloire de la femme « pure » aimée et aimante, comme s’il s’agissait pour Pierre March de s’acquitter avec de l’encre et des phrases de la dette terrible contractée à son égard, pas seulement pour le bonheur reçue d’elle, mais hélas parce qu’il a été impossible de la retenir de ce côté-ci du monde, parmi nous, pauvres vivants, et qu’épuisée elle a préféré rejoindre les âmes errantes au nombre desquelles en son for intérieur elle se comptait.

C’est ainsi que j’ai lu cette Petite Fille, en en tournant précautionneusement les pages, de crainte de perturber la paix dans laquelle repose Marianne.

D’autres lecteurs entreront par d’autres biais dans ce texte qui d’ailleurs me paraît à contre-courant de l’atmosphère dans laquelle nous baignons concernant l’intimité des sujets que nous sommes et les voies d’accès que nous empruntons, les uns et les autres, pour nous soustraire (dans l’ordre du symbolique et de l’imaginaire) avec la petite mort à l’emprise de la camarde et échapper à la finitude dans l’instant fugitif du jouir. Il est certain qu’on relèvera que cette histoire, qui a aligné des « jeux troubles et pervers », n’a rien d’un conte rose et qu’elle n’est pas bonne à circuler dans toutes les mains. Si à la charnière du XXe et du XXIe siècles des confessions de ce type ont obtenu plus qu’un succès d’estime, aujourd’hui le vent puritain qui souffle des rivages d’Amérique va probablement inciter la critique à conserver le silence sur cet ouvrage. Je souligne donc le courage de son auteur, celui d’être prêt soit à affronter les horions et l’indignation des nouveaux moralistes soit à souffrir une invisibilité qui a valeur d’antichambre du pilon. Et ce, parce que l’univers dans lequel évoluent les protagonistes de La Petite Fille qui regardait le Bosphore est celui de ce que, dans les media et sur les réseaux sociaux, et maintenant dans la société tout entière, il est convenu d’appeler le bdsm (pour « bondage / domination / sado-masochisme »)…

Sous ses codes et ses conventions, fourmille une multitude de pratiques et d’habitudes que les adeptes ont tendance à penser pour eux-mêmes et à présenter aux autres comme exprimant la quintessence de leur orientation sexuelle et de la « culture » que lui prête leur communauté, alors que, naturellement, en matière de sexualité humaine, entre partenaires majeurs et consentants, chaque relation se fantasme, se parle, se noue, et « s’expérience » de manière singulière. Or il n’est pas impossible que le mérite de ces rites (susceptibles de choquer et d’effrayer, voire de dégoûter) est de laisser affleurer ce qui se joue vraiment dans l’amour et le sexe (quand des individus s’y livrent et s’y risquent, c’est-à-dire fréquemment, et depuis la nuit des temps, et indépendamment de l’économie libidinale qui est la leur), en l’occurrence l’illusion névrotique d’un retour vers à la mère, d’un retour à la mère, avec laquelle en son ventre la « communion » était totale, avec qui à la naissance et durant quelques semaines de plus on ne faisait (croyait-on) qu’une entité organique et psychique.

L’ordre moral, non plus bourgeois, mais petit-bourgeois et postmoderne, demeure rétif, sinon hostile, à l’expression et à l’épanouissement des minorités sexuelles, et notamment de celles dont les pratiques interrogent frontalement, en les mettant en scène, parfois jusqu’au kitsch, les enjeux de pouvoir qu’aucune sexualité ne peut évacuer[2].

Les travaux et les analyses de Maurice Blanchot (Lautréamont et Sade), de Georges Bataille (L’Érotisme) et de Gilles Deleuze (Présentation de Sacher-Masoch), pour ne citer qu’eux, constituent une somme d’outils conceptuels, de réflexions théoriques et critiques, et d’observations, qui permet de mieux cerner ces perversions que sont le sadisme et le masochisme.

Dans cette perspective, il est indispensable d’être prudent d’autant que l’air du temps est à l’amalgame et au semblant, et que l’emploi de catégories descriptives, comme « le BDSM », « le SM » (pour « le Sado-Masochisme ») et la relation « D/s » (pour « la relation Domination/soumission »), accrédite l’idée d’une même économie psychique, aux versants sadique et masochiste « complémentaires ». Toutefois, les pratiques sexuelles supposées fédérées et regroupées sous ses dénominations n’ont peut-être en commun qu’un certain fétichisme et un indéniable rapport (symbolique ou pas) à la violence et à l’humiliation. Il serait par conséquent réducteur, pour les analyser, de recourir à une hypothétique « unité sado-masochiste[3] » si elles relevaient de « régimes » et de « fonctionnements » distincts. Jeanne de Berg (Catherine Robbe-Grillet) est sans aucun doute mieux inspirée en soulignant sobrement le lien de cette sexualité avec Thanatos, la pulsion de mort[4].

C’est en me fondant sur ces thèses que je me suis penché sur La Petite Fille qui regardait le Bosphore, persuadé que cette sexualité, chaque fois qu’entre adultes elle « met en théâtre » un rapport de domination, mobilise des stéréotypes qui occultent les plaies de sujets qui, pour les panser, ou du moins pour s’en accommoder, rejouent les conflits qui les ont modelés, façonnés, pétris, et qui ont présidé à leur structuration psychique.

C’est une liaison de ce genre, « pas commune », qui a bouleversé les existences de Marine et de Hugo (Pierre) et transfiguré leur quotidien bien qu’en les condamnant les deux à des « amours clandestines ». Sa relation (précise et claire sous la plume de Pierre March) enseigne beaucoup quant à ce qui trame nos attractions et nos engouements, même pour celles et ceux d’entre nous dont les modalités par lesquelles ils atteignent à la plénitude de l’extase sont à mille lieux de celles par lesquelles de concert vibraient Marine et Hugo. J’en viens par conséquent à formuler des vœux, sincères, pour que La Petite Fille qui regardait le Bosphore trouve son public, un public tolérant, intelligent et fin, à l’écoute de tous et de chacun, aimant la littérature laquelle procède de ces opérations mystérieuses de l’esprit qui du vil métal et des maux produisent des perles et des joyaux.  

[1] Professeur des universités, écrivain.

[2] Se reporter à Benno Rosenberg, Masochisme mortifère et masochisme gardien de la vie, Paris, P.U.F., Coll. « Monographies de psychanalyse », 1999, p. 137 : « […] Freud ajoute quelques lignes plus loin « qu’une certaine adjonction de ces deux aspirations [le sadisme et le masochisme] entre dans la relation sexuelle normale… », ce qui veut dire qu’à ses yeux, il y avait une dimension sadique-masochique de toute sexualité en tant que telle, et à partir de là, dans toute pathologie. »

[3] Se reporter à Gilles Deleuze, Présentation de Sacher-Masoch, (1967), Paris, Minuit, 2004, p. 37 : « Quand on mélange sadisme et masochisme, c’est qu’on a commencé par abstraire deux entités, le sadique indépendamment de son monde, le masochiste indépendamment du sien, et l’on trouve tout simple que ces deux abstractions s’arrangent ensemble, une fois qu’on les a privées de leur Umwelt, de leur chair et de leur sang. » 

[4] Jeanne de Berg, Le Petit Carnet perdu, Paris, Fayard, 2007, p. 12-13 : « […] le sadomasochisme relève d’une certaine idée de l’érotisme qui joue quelquefois avec la mort et ses visages ; il s’en approche, fasciné, mais ne pénètre jamais dans son domaine. »

Entreprendre publie « Les dérives d’un système technocratique : les fossoyeurs du scandale des EHPAD » par François de Coincy

« Les dérives d’un système technocratique : le scandale des EHPAD »

Les dérives d’un système technocratique : les fossoyeurs du scandale des EHPAD.

Alors que la société ORPEA avait le label RSE, bénéficiait de financements « éthiques » et mis en place un système qualité, il semble que son comportement était détestable voire frauduleux. Tout montre que ces labels à la mode n’étaient que du vent, mais ses investisseurs voulant sauver leur mise en rajoutent en voulant en faire une entreprise « à mission » dernier habillage marketing à la mode.

ORPEA serait responsable de maltraitance sur des personnes vulnérables et de détournements de fonds publics alors qu’elle n’a été l’objet d’aucun reproche notable du Ministère de la Santé qui est censé contrôler son bon fonctionnement et l’usage des fonds alloués au titre du soutien aux personnes dépendantes

Victor Castanet décrit dans « Les Fossoyeurs » un système de management amenant des salariés à avoir honte de ce qu’ils acceptent de faire.

Le livre de Victor Castanet décrit comment, par un centralisme bureaucratique, les décisions d’une Direction Générale peuvent amener les acteurs de l’entreprise à un comportement insupportable sur les personnes qui leur sont confiées au point qu’ils aient honte à la fois de leurs actions et de leur soumission. Comme les Directeurs d’établissement n’ont aucun pouvoir et que tout est décidé par quelques personnes au siège, les problèmes ne sont littéralement pas traités, faute de budget ou de personnel accordé, et les dysfonctionnements deviennent la règle.

Le livre montre l’absence de contrôle de l’Administration alors que c’est elle qui accorde les autorisations d’exploiter, c’est elle qui doit veiller à ce que le cahier des charges de cette mission de service public soit respecté, c’est elle qui est responsable des allocations qu’elle verse aux EHPAD. L’Administration n’intervient pas, (sans doute parce que ORPEA reste dans la limite des budgets fixés) et rien ne freine l’accroissement des dysfonctionnements puisque les clients, du fait même de leur état de dépendance, ne peuvent protester des mauvais traitements qu’ils subissent.  

Victor Castanet explique que la maltraitance résulte d’une part des économies sordides faites sur des produits d’hygiène ou d’alimentation et d’autre part de la tricherie sur des dépenses remboursées par l’Etat.

On peut espérer que les enquêtes internes et externes qui vont se mettre en place expliqueront pourquoi une Direction a pu s’engager dans une démarche allant contre l’intérêt de ses propres clients. Alors que l’entreprise vise une clientèle plutôt haut de gamme et que ce marché est en fort développement, cette stratégie, contraire à la philosophie affichée, ne pouvait manquer d’aller dans le mur à terme.  

Pour éviter de telles dérives, on pourrait mettre en place dans chaque établissement un « comité des proches »

Si le livre « Les Fossoyeurs » expose des faits et des interrogations sans en tirer de conclusions pour le futur, il en ressort cependant que le développement des dérives vient d’un rapport de forces totalement déséquilibré entre l’EHPAD et ses résidents. Les personnes dépendantes n’ont pas la capacité de demander au jour le jour le respect de la qualité des soins à laquelle ORPEA s’est engagé, et leurs proches, qui viennent occasionnellement, ne sont pas organisés pour obtenir le respect des clauses contractuelles.

En 2019, Hella Kherief avait publié « Le scandale des EHPAD », livre excellent tant par la clarté de la description du fonctionnement interne des EHPAD que par la force des témoignages. Elle suggérait notamment de développer la coordination des aidants familiaux pour en faire « une sorte de syndicat familial des résidents »

Il me semble qu’il faudrait reprendre et développer ce concept en créant dans chaque établissement un comité des « proches » constitué des référents désignés par chaque résident dans un état de dépendance. Ce comité, réuni périodiquement, éventuellement par internet, nommerait des représentants autorisés à circuler dans l’établissement et reconnus légalement comme des interlocuteurs officiels et de l’EHPAD et des autorités publiques.

Ainsi plutôt que de créer de nouvelles normes ou d’inventer de nouvelles autorités de contrôle, on disposerait de la solution la plus humaine, mobilisant la responsabilité des proches des personnes dépendantes en leur donnant un statut pour qu’elles aient un réel moyen d’action.

Cette organisation, permettant aux proches de vérifier la qualité des soins, devrait être appliquée dans tous les établissements traitants des personnes dépendantes, qu’ils soient privés ou public.

Remettre les acteurs défaillants dans le droit chemin ne suffira pas, l’augmentation prévisible de la dépendance est un vrai défi budgétaire et sociétal.

Ayant oublié son objet social et son client, ORPEA a échoué. Inutile d’en faire une entreprise de « mission » avec des grands mots, il lui suffit de remettre le client au centre du jeu.

Pour se relancer ORPEA devrait, sans attendre d’y être contrainte, mettre immédiatement en place ces « comités des proches » et établir la concertation qui permettra de corriger radicalement l’insuffisance des soins donnés aux personnes vulnérables. Si à court terme cela entrainera nécessairement une baisse des résultats, à long terme ce sera une politique gagnante.

Il faudra toutefois que l’on arrive à régler le problème du financement des besoins croissants du financement de la dépendance alors que le gouvernement a finalement renoncé fin 2021 à sa loi « Grand âge et autonomie » originellement prévue en 2019. La France devra décider quels moyens elle entend consacrer à la solidarité envers les personnes âgées. Les entreprises privées devront alors ne pas se contenter d’être pour l’Etat un sous-traitant commode pour respecter une enveloppe budgétaire, mais prouver qu’elles apportent globalement le meilleur service.

 François de Coincy, 

Chef d’entreprise à la retraite, François de Coincy avait publié en 2020 Mozart s’est-il contenté de naître ? renouvelant l’analyse de la théorie économique à partir des idées qu’il a accumulées au cours de sa vie professionnelle sur l’efficacité de la liberté dans le monde économique. Ce premier essai lui a donné une crédibilité lui permettant de publier des articles dans Figaro Vox ou Economie Matin. Il publie en 2022 Sept idées libérales pour redresser notre économie (L’Harmattan) afin de nourrir les programmes des candidats à l’élection présidentielle de la France.