Philip Kayne est dans la prestigieuse revue Ultreïa grâce à l’égyptologue Florence Quentin

Ultreïa de janvier 2020

Bifurcations et empreintes

Beaucoup d’encre a coulé sur le légendaire couple d’Akhenaton, premier monothéiste de l’histoire, et de l’iconique Néfertiti : Philip Kayne nous entraîne tambour battant dans une histoire haletante où le roman peut prendre toutes les libertés mais aussi ouvrir des pistes à des questions très discutées, comme les liens entre le culte à Aton et le Dieu des Hébreux. Un bel hommage à « la magnificence sociale, culturelle et spirituelle des bords du Nil ». Florence Quentin

Le romancier Philip KAYNE sur TV5 Monde dans l’émission « TERRIENNES » merci à Liliane Charrier

TERRIENNES TV5 MONDE

Femmes de l’Egypte antique : libres et maîtresses de leur destin

Dans l’Egypte des pharaons, les femmes possédaient, géraient, décidaient, gouvernaient… Contrairement aux Grecques ou aux Romaines de l’antiquité, elles étaient les égales des hommes – du moins devant la loi. Les précisions de l’égyptologue et romancier Philip Kayne.

 

Aussi patriarcale et hiérarchisée fût-elle, l’Egypte de l’antiquité laissaient les femmes vivre leurs vies dans de nombreux domaines. Appuyé sur une économie prospère, le pays avait les coudées franches pour pourvoir au bien-être et à la dignité de ses sujets, y compris les femmes – si ce n’est à égalité, du moins davantage que dans d’autres civilisations antiques.

Pour résumer la dualité du statut des Egyptiennes d’avant notre ère, entre devoir et autonomie, entre soumission et liberté, le romancier Philip Kayne cite une autre égyptologue, Christiane Desroches Noblecourt :  « …la mère que l’on respecte avant tout, la femme sujette à une stricte loi morale, mais dotée d’une grande liberté d’expression — sa capacité juridique entière, son étonnante indépendance financière, l’impact de sa personnalité dans la vie familiale et la gestion des biens communs et de ses biens propres.« 

Tandis qu’en Grèce antique, berceau de la démocratie, les femmes valent moins qu’un esclave – puisqu’elles ne peuvent jamais accéder au statut de citoyen – et restent d’éternelles mineures, les Egyptiennes, elles, possèdent des biens, gèrent leur patrimoine au même titre que les hommes, dirigent des entreprises, excercent la médecine, participent aux récoltes, sont tisserandes, brasseuses ou scribes dans l’administration. Elles occupent des fonctions spirituelles élevées, comme les adoratrices d’Amon, et accèdent à des postes de hauts fonctionnaires, jusqu’à celui de vizir.

Les différences de compétence ou de salaire entre hommes et femmes n’ont pas lieu d’être ; l’éducation des filles vaut celle des garçons et la naissance d’une fille est accueillie de la même manière que celle d’un garçon. Nombreuses sont les expertes en physique, mathématiques et architecture.

La littérature a beau aussi dépeindre des femmes frivoles, capricieuses ou peu fiables, les Egyptiennes de l’antiquité bénéficient d’une situation qu’on ne retrouve qu’en peu de sociétés. Si les femmes du peuples peuvent disposer de leur personne et se faire une place dans la société, c’est avant tout que la loi les considérent en égales de leurs contemporains et que leurs droits sont défendus devant les tribunaux au même titre que ceux des hommes.

Protégées par la loi

En se mariant, les Egyptiennes  conservent leur nom – au plus ajoute-t-on « épouse de X ». Elles gardent leurs biens propres, qu’elles administrent à leur guise, même s’il peut aussi exister un contrat de mariage. Elles peuvent divorcer, intenter un procès pour récupérer tous les biens du ménage et gagner ce procès, puis se remarier. Si le divorce intervient sur l’initiative du mari, ce dernier devra céder une partie des biens communs à son épouse ; si c’est la femme qui prend l’initiative, elle est tenue à la même obligation, mais dans une moindre mesure.

Les papyrus araméens d’Éléphantine en témoignent, qui content la vie d’une certaine Mibtahyah, née vers -475 : »Mariée à quinze ans avec un juif d’Éléphantine, son père la dote d’une maison et d’un terrain. Veuve sans enfant treize ans plus tard, propriétaire d’une seconde maison que lui donne son père, mariée à un Égyptien, cette fois, divorcée en -440. Elle garde les maisons, selon le contrat de mariage, et intente un procès qu’elle gagne pour récupérer les autres biens du ménage. Elle épouse un autre Égyptien, qui la laisse veuve avec deux fils vers -420 et meurt dix ans plus tard. »

Les divines adoratrices du dieu Amon avaient un pouvoir spirituel, mais aussi temporel à Thèbes (Médinet Habou).<br />  

Le mari, toutefois, reste responsable du bien-être du ménage, comme le rappelle un scribe du Nouvel Empire à un jeune marié, avec une insistance qui laisse penser que les abus n’étaient pas rares : « Si tu es sage, garde ta maison, aime ta femme sans mélange, nourris-la convenablement, habille-la bien. Caresse-la et remplis ses désirs. Ne sois pas brutal, tu obtiendras bien plus d’elle par les égards que par la violence. Si tu la repousses, ton ménage va à vau-l’eau. Ouvre-lui tes bras, appelle-la ; témoigne-lui ton amour. »

Femmes de pouvoir

Dans quelle mesure l’Empire égyptien doit-il sa longévité et son rayonnement à la place des femmes dans la société ? Toujours est-il que pour l’égyptologue et romancier Philip Kayne, la répartition pragmatique du pouvoir au sein du couple royal fut un gage de stabilité et de bonne gouvernance : « Le trône d’Egypte était une affaire de famille homme-femme, dirigée par un tandem bicéphale, souvent fusionnel ou chacun jouait une partition conjointe, une main droite et une main gauche qui appartenait à un même corps ».

Même si, contrairement aux Egyptiens du peuple, le pharaon pouvait avoir plusieurs femmes, la « grande épouse » du roi – qui peut être sa soeur ou sa fille – reste sa conseillère et participe à la gestion des harems. Ainsi de nombreuses femmes ont-elles dirigé l’Egypte aux côtés de leur royal époux, possédant un pouvoir considérable.

Récolte agricole - Tombe d'Ineni, Thèbes-Ouest.

 La spiritualité aussi était-elle placée sous le signe de l’égalité des sexes, jusqu’à la complémentarité sous le règne des légendaires Akhnaton et Néfertiti. « C’est elle qui faisait la prière du soir au soleil couchant, explique Philip Kayne. Comme les textes en témoignent : Jamais Râ ne se couchait avant que Nefertiti ne l’ai salué ».

« Nefertiti composait avec Akhenaton davantage qu’un couple, continue le romancier égyptologue, mais un vrai tandem qui a fonctionné de façon convaincante pendant 17 ansAkhenaton  n’aurait jamais pu mener à bien sa révolution monothéiste, politique et artistique sans le soutien de son épouse. A eux deux, ils accomplissent une formidable révolution des idées, des arts et de la religion, bouleversent les codes de la spiritualité, des arts, mais aussi du comportement social et de la bienséance puisque la nudité royale n’est plus un tabou. Le couple montre aussi sa proximité sentimentale et l’amour prodigué à leurs enfants, » poursuit-il. De fait, les reliefs et les fresques de l’époque représentent souvent les souverains en amoureux ou en famille, avec les enfants qui embrassent leurs parents.

Pésèshèt est la première femme médecin et physicienne connue de l’humanité. Elle dirigeait un corps officiel de femmes médecins en Afrique noire durant l’Ancien Empire égyptien (- 3 000 à - 2 263). En 1930, Selim Hassan publiait le texte de sa stèle, traduisant son titre par "Superviseuse des docteurs" ou "chef des docteurs".

Reines de diplomatie

Derrière le duo composé par Nerfertiti et Akhenaton, il y a une autre femme : la reine Tyi, mère d’Akhenation, qui initie sa belle-fille au monothéisme et aux arcanes du pouvoir. « Mère vénérée du pharaon, Tyi était, aux côtés de son époux, un fameux ministre, doué d’une grande finesse diplomatique pour gérer les affaires étrangères, notamment. Et quand son époux a commencer à décliner, c’est elle qui a pris le relais à la tête du royaume, » affirme Philip Kayne.

"Le visage aux traits réguliers de Nefertiti, tel que l'on peut l'admirer au musée égyptien de Berlin, cachait un esprit bien fait et un cœur courageux," explique Philip Kayne.Pharaon.ne ?

« Pharaon ne se décline pas au féminin, explique Philip Kayne, car le principe est masculin. Mais il y a eu des pharaons femmes [les Egyptiens de l’antiquité distinguaient genre et sexe, ndlr], à commencer par la grande Hatchepsout, qui a dirigé l’Empire au même titre qu’un homme durant l’une des périodes les plus calmes et prospères de l’Empire« .

Fille de pharaon, Hatchepsout, tout d’abord régente de son neveu, occupe le pouvoir après plusieurs décès dans son entourage – une sorte de « coup d’Etat » en douceur. Sur les fresques et reliefs anciens, elle est représentée avec tous les attributs du pharaon, à commencer par le pagne et la barbe postiche. Son apparence est si semblable à celle des pharaons hommes qu’elle fait naître le doute : et si d’autres souverains habillés en hommes avaient, en réalité, été des femmes ?

La célèbre Cléopatre VII (-69 à -30), elle, a connu un parcours similaire. Sœur de pharaon, elle est montée sur le trône à la mort de son frère, lorsqu’elle s’est retrouvée seule devant la vacance du pouvoir. Cléopâtre, Nefertiti, Hatchepsout… Lorsqu’on évoque l’Egypte de l’antiquité, les premières images qui viennent à l’esprit sont celles de ces femmes puissantes qui ont autant marqué leur temps et la postérité que les hommes qui furent leurs contemporains, si ce n’est plus. Ce qui inspire à Philip Kayne cette réflexion : « Indubitablement, la femme étyptienne de l’antiquité était l’avenir de l’homme… et inversement… quelle leçon de modernité, pour notre époque !« 

Nerfertiti et Akhenaton et 3 de leurs 6 filles.

Hatchepsout portant la barbe du roi (musée du Caire).

 

 

Encore une lectrice conquise par « Les Conquérants d’Aton »

LES CONQUÉRANTS D’ATON – TOME I : LA PART DE VÉRITÉ

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Les conquérants d’Aton – Tome I : La part de vérité

De Philip Kayne

Roman aux éditions Baudelaire

Parution 01/06/2019

430 pages 

22€

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Description :
Nous sommes en 1358 avant J-C.

Le quatrième Amenhotep, futur Akhenaton, ceint la double Couronne dans la cité de Thèbes. Aux côtés du nouveau Pharaon se tient non seulement sa mère, la reine Tiy, qui l’a initié au culte d’Aton l’Unique, le Vrai, mais aussi et surtout la divine Néfertiti, son épouse, qu’il appelle Sahrâ dans l’intimité.

Un couple de légende est né, mais personne ou presque ne s’en est aperçu. Akhenaton, iconoclaste convaincu, veut bouleverser les codes, renverser les barrières qu’on tente de lui imposer. Néfertiti, elle, soutient son époux, démontrant qu’au-delà des apparences, sa beauté cache un coeur vaillant et un esprit bien fait. Dans ce combat partagé, elle deviendra son égale. Pour les tenants des divinités traditionnelles, la situation vire au cauchemar. Pharaon remet en cause leur pouvoir, et, pire encore, porte atteinte à leurs immenses richesses.

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La lutte des clans entre les Anciens et les Modernes aboutira à un combat sans merci qu’Aânen, Grand prêtre d’Amon, mènera contre le couple royal. Même Kya, l’épouse seconde d’Akhenaton, va prendre parti contre lui?; sans doute pense-t-elle que la couronne siérait mieux à son fils, Sememkharâ. Devant tant d’empêchements, Akhenaton et Néfertiti vont-ils renoncer?? Se renier soi-même est inconcevable pour le couple solaire qui veut accomplir jusqu’au bout le destin inouï qu’il s’est choisi. Main dans la main, Akhenaton et Néfertiti vont s’y engager avec d’autant plus de résolution que le chemin emprunté est sans retour.

«Je me suis attaché à rendre une image non-conventionnelle et crédible d’un couple, si moderne dans son attitude de révolte face à la raideur des traditions, aux stéréotypes de toutes espèces.»

Pour France Net Infos, « Les Conquérants d’Aton » est « une lecture voluptueuse à la poésie ensorcelante »

 Philip KAYNE, romancier égyptologue, nous propose une duologie envoûtante,« Les conquérants d’Aton »,tomes 1 et 2 parus aux Editions Baudelaire en juin 2019.
Arrivée au terme de ma lecture de « La part de vérité », je ne résiste pas à l’envie de vous citer la dédicace qui a accompagné ce livre :« Les secrets inouis de l’Egypte pour ceux qui savent les découvrir. » Quel bel hommage à ce livre captivant, véritable invitation à la ballade intellectuelle et spirituelle …… « En ces temps reculés, le sacré imprégnait la vie quotidienne des Egyptiens, habitués à s’en remettre aux divinités ancestrales », préface Roger Sabbah, expert incontestable, égyptologue et archéologue qui lit  l’hébreu biblique, connaît l’araméen et dévoile le sens caché des hiéroglyphes égyptiens.La XVIII ème dynastie représente sans doute la quintessence de la civilisation pharaonique, le roman de Philip Kayne s’y glisse avec volupté, tant il est empreint de  « la douceur du matin, la caresse du vent, les joies de l’amour, de victoire ou de détresse. » Le règne de Amenhotep III bat son plein, sa grande épouse royale, Tiy lui donnera sept enfants dont Khétarâ qui deviendra le quatrième Amenhotep, futur Akhenaton. 

Ce même Khétarâ accompagne le futur héritier, son frère Thoutmosis à une chasse au lion dont le but est de rapporter à leur père la fameuse crinière  … Cette chasse scellera le destin de Khétarâ car Thoutmosis sera blessé et décèdera peu après.

Plus tard, nous sommes en 1358 avant J.C., le futur Akhenaton(celui qui est bénéfique pour Aton) ceint la double Couronne dans la cité de Thèbes. A ses côtés se tient non seulement sa mère, la reine Tiy mais surtout la divine Néfertiti son épouse appelée Sahrâ dans l’intimité.

Un couple magique et légendaire qui va régner sur l’Egypte pendant une vingtaine d’années. Le nouveau pharaon va privilégier le culte du disque solaire Aton. Peut-être lassé par le conservatisme des prêtres d’Amon, il impose Aton comme seul dieu. Il s’oppose principalement au grand prêtre Aânen, son oncle qui le traite volontiers d’hérétique « l’idéologie que prône le prince royal met en péril la cohésion de notre Terre, son existence même ».

Malgré tout le jeune souverain va progressivement imposer une religion que certains qualifient d‘ hénothéiste et d’autres de premier monothéisme exclusif.

C’est pendant l’expédition de Nubie que le jeune Khétarâ va commencer a s’intéresser à l’art nouveau « les formes de l’art classique sont figées, steréotypées ; des images flatteuses qui ne véhiculent aucun sentiment (…) ». L’art amarnien, moins rigide et surtout non conventionnel est né.

Entre guerres, conflits religieux, intrigues et polémiques houleuses, Philip Kayne sait mêler harmonieusement réalité historique et intuition de romancier. Explorateur méticuleux de l’histoire égyptienne, il nous révèle par exemple que pour récompenser le dévouement de son beau-père Aÿ, Pharaon nommera le mont Horebmontagne d’Aÿ, le Sinaÿ …

… Et puis aussi … « le peuple Elu faisait partie de la prophétie »« Yurusalem »… « Nous appellerons cette terre AïSaRâAl ».(Israël: traduit de l’égyptien ancien par Messod et Roger Sabbah).

On s’immerge avec délice dans cette lecture voluptueuse à la poésie ensorcelante, bercée par la sourde mélopée d’Akhenaton à la gloire de sa bien-aimée …

… « Elle était mon Orient et mon Occident, l’ardent baiser du printemps, la douce caresse de l’automne. Que me reste-t-il ? Les montagnes peuvent s’écrouler, les fleuves se tarir … ma vie n’est plus qu’un désert ».

Magnifique …

Dominique IWAN

Dominique IWAN :  Parallèlement à une vie professionnelle tournée vers le monde des matériaux polymères et un bref passage dans la sphère publicitaire en tant que maquettiste, ma vie a été guidée par deux passions, l’écriture (un livre que je suis sur le point de terminer … je me mettrai ensuite en quête d’un éditeur … des nouvelles pour enfants, et la sculpture avec la création d’un blog en 2014  » entre Ciel Ether « . Je collabore au site www.francenetinfos.com depuis près de 4 ans, particulièrement dans le domaine littéraire, avec déjà l’écriture de près de 80 chroniques.