Hélène Cixous, une longue histoire avec les Editions Des femmes

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :

hc2.jpgArriver… Déjà 1975, et je n’avais jamais entendu sa voix ni parler d’elle, j’étais dans mon chemin de littératures, d’une part professeur à Paris VIII depuis 1968, libre mais enfermée dans la répétition d’une vision universitaire clôturante de la littérature, toujours encore cloisonnée, excluante, nationaliste même, rangée en casiers « littérature française » « littérature anglaise », etc. et tous ces quartiers du grand corps sectionné, toute cette boucherie louche bâillonnée, surgelée, sans sexe, et moi ramassant les morceaux épars, m’efforçant de remembrer, de rendre au Texte sa mémoire mondiale, sa langue de langues, et sa jouissance, d’autre part, écrivant, ayant avancé dans un territoire hors frontières sous le regard « de jouissance et d’effroi » de Jacques Derrida, bien/veillée par lui seul, libre, publiée par les Grandes Maisons éditoriales, mais seule en vérité, et même paradoxalement encore plus seule d’être à la fois admise et remisée, je cherchais. Je cherchais où me trouver, entière, non pas perdue comme seule de mon espèce, celle de l’être femme en plus d’écrire au plus intime du dehors. En 1974 j’avais déjà fait un pas, un bond presque, dans l’Université, en créant à la hâte le doctorat d’Etudes Féminines. Enfin nous chercheurs en textes nous pourrions poétiser, analyser les traces des différences sexuelles dans les textes sans être mis au piquet. Je parcourais la terre en quête d’écritures prochaines, on peut le dire. Il y en avait si terriblement peu.
 
hc9.jpgDéjà 1975. C’est alors qu’elle m’appelle au téléphone. Antoinette Fouque. Cela va très très vite. Je n’avais jamais entendu parler si audacieux, rappeler tous les mots bannis si impérativement, tisser si naturellement la science analytique avec la lecture. Dans l’heure nous parlâmes mythes, figures de femmes de toute éternité, théâtres des persécutions et des survies d’aujourd’hui tout comme hier. J’étais stupéfaite. Je n’avais jamais imaginé qu’une telle personnalité existât : une femme de pensée et totalement engagée dans l’action, faisant passer la pensée instantanément sur un front, une force de démascarade inouïe. Elle me demande un texte pour les Editions Des femmes à l’instant je dis oui. Il ne faut pas croire que j’étais décillée. J’étais émerveillée. Je donne Souffles. J’étais alors au Seuil. J’avais été chez Grasset. Aux Lettres Nouvelles. Il m’a semblé vivre un conte de Chrétien de Troyes. On ne sait rien, on part en quête, on pose les bonnes questions dans les lieux mauvais, là où on pourrait obtenir réponse, on oublie d’interroger, on va on va on n’arrive pas. Tout d’un coup, d’une minute à l’autre on y est. Le lieu existe en réalité, il a un visage, une vie. Et ce lieu n’est pas confiné. Il touche à l’Univers. Tout de suite après la Maison ouvre sur les places et les rues, sur les pays étrangers, sur le propre pays étranger. L’expression des passions est portée par plusieurs voies en même temps, la voix basse et infinie qui coule dans les livres, les voix hautes et entetées qui reprennent la parole publique à ses ravisseurs. J’ai dit que je n’étais pas décillée. Prendre la mesure du projet de Révolution qui était Antoinette, une intention de changer le monde sans compromis, sans limites, je ne l’ai pas fait alors. Je ne vis pas qu’une toute autre Histoire avait commencé. Et je donnai un autre livre aux éditions Gallimard. Il ne m’était certes pas venu à l’esprit qu’on pouvait appartenir à un mouvement ! Je n’avais même, je crois, jamais analysé ce qu’était un lieu, à quel point le lieu imprime, ajoute, fait oeuvre dans l’oeuvre, et qu’un livre, sans, la plupart du temps, que l’auteur en soit conscient(e) doit quelque chose de son mouvement, de son rythme, de ses possibilités secrètes, au port, à la maison, à l’horizon vu de la fenêtre de la maison. Une « maison » d’édition agit dans un texte beaucoup plus qu’on n’aime à le penser en général car, sauf exception, c’est du côté de la restriction ou de la douleur que cette action se manifeste. Quelques phrases émues d’Antoinette et soudain je pris conscience.
 
hc5.jpgC’est alors que je décidai ce qui était déjà décidé.
 
Les Editions Des femmes. Elles étaient présentes, fortement incarnées, les femmes Des femmes. Plus tard on pourra les comparer avec ces figures qui donnent à la Révolution française en particulier le charme rare d’une distribution idéale : grands personnages de femmes rayonnant parmi les héros classiques. A cette époque-là elles avaient pour nom leurs prénoms, subterfuge daté, clin d’oeil lacanien anti-lacanien au thème du Nom-du-Père. Ces prénoms sont devenus très vite des sur/noms : Marie-Claude, Sylvina, Jacqueline, Florence, Michèle, Jo, Sylviane, Brigitte, Yvette, Claude, Marie, Thérèse, Michelle, et bien d’autres encore. J’imagine un dictionnaire qui les rassemblerait. Au commencement Antoinette. A côté d’Antoinette il y avait Marie-Claude. On ne peut imaginer plus dissemblables en tout sauf l’essentiel : une loyauté absolue, une adhésion au thème vital Des femmes, thème du singulier et thème du pluriel. Les différences dans les semblables. Les passions singulières, issues d’histoires si diverses, mais portées par un même souffle dans une direction sans écart.
 
A côté d’Antoinette il y a toujours Marie-Claude. Que son existence ait été interrompue brutalement n’interrompt pas sa présence. Avoir agi, créé, tenu, donné, lutté, continué, rend ineffaçable.
 
hc7.jpgLa continuité, l’endurance, le recommencement, le courage, une inflexibilité, à ces vertus partagées par chacune de ces amies de vie s’ajoutent des traits qui relèvent du savoir-vivre raffiné, du plaisir pris au plaisir reçu et donné : le goût du beau, l’élégance, l’idée qu’une maison sans fleurs serait inhabitée, que tous les sens font partie de l’intelligence, et que l’hospitalité vraie n’offre pas seulement l’abri, le toit, la sécurité nécessaire, mais des choses de beauté, une nourriture pour les yeux, tout le non-indispensable qui est encore plus subtilement nécessaire que le strict nécessaire.
 
Dire que j’ai publié trente livres aux Editions Des femmes c’est dire que j’ai été accueillie d’avance et, avant même de demander, reçue trente fois, toute une vie. Cela dépasse évidemment la publication, l’histoire éditoriale, pour devenir une histoire de création, de grâce dont tous les ressorts et les mystères conjugués restent encore à raconter.
H.C.

Régine Deforges évoque « Le manteau noir » dans L’Humanité (article du 10 mars 1998)

chawaf2.jpgCultures – Article paru le 10 mars 1998

Pêle-mêle

Le manteau noir de Chantal Chawaf

La chronique de Régine Deforges

Chantal Chawaf a enfin écrit le livre qu’elle portait en elle depuis ce jour de 1943 où elle est née, arrachée au ventre maternel. Depuis, elle, l’enfant, est la recherche de cette mère. Quête éperdue de toute une vie, cinquante ans à poursuivre un fant »me blond tué sous les bombardements de Boulogne. Le blond et insaisissable fant »me qui erre de page en page, de livre en livre. Et tout ce sang ! Le sang domine l’éuvre et la vie de Chantal Chawaf : « Sous les bombes… ils se rendaient à la clinique… où la mère de la petite devait accoucher… la voiture a été touchée… On a pu avoir l’enfant par césarienne… La mère est morte… » Les mots se bousculent, s’emmêlent, deviennent sang que la terre absorbe… lentement…. boue rougeâtre… et dans laquelle l’orpheline patauge, s’englue, étouffe. « Comment était-elle ? Je ne la connaîtrai jamais. » Les bombes explosent, résonnent sans fin dans le crâne du bébé protégé par la matrice. Après la naissance, les yeux grands ouverts dans le noir, elle écoute, elle entend les battements du céur de la morte. « Comment était-elle ? » Je ne veux pas qu’on m’emporte… Les parois du ventre maternel me protègent, elles sont un rempart contre la bêtise des hommes, contre le feu qui tombe du ciel. Là je n’ai pas peur, je suis dans le doux, dans le chaud, dans le mouillé. Je flotte dans l’amour de ma mère. Pourquoi me retire-t-on du nid ? Le sang coule sur mon visage emplit mes yeux et ma bouche, je le bois. Je ne veux pas le boire. Les lèvres du nouveau-né tètent avec horreur et volupté. Oh le sang de ma mère ! « Mais l’enfant s’entête. Elle ne veut pas naître. Elle veut celle qui est restée dans le chaos. Elle ne veut personne d’autre. Elle veut retourner dans sa mère, dans le chaos… ». .

 

La petite fille grandit, adoptée, illégalement par un couple en mal d’enfants. L’amour de la mère adoptive étouffe l’enfant. « On l’aime sa mère, pas vrai bout d’chou ? » Elle la mange de baisers, l’habille d’organdi, la nourrit d’aliments gras malgré les restrictions ; elle est si maigrichonne, ma bonne dame ! « Si tu manges pas ta soupe, j’appelle le loup-garou. Tu sais ce qu’il fait, le loup-garou, aux petites filles qui ne mangent pas leur soupe ? Il leur pince les mollets et leurs petites fesses rondouillardes Ä J’veux pas qu’il vienne ! » Rien n’est trop beau pour l’enfant de la femme morte : les meilleures institutions, les jolies robes, les cours de tennis, les leçons particulières… Alors, pourquoi n’est-elle jamais contente ? Pourquoi crie-t-elle dans le noir quand un avion passe dans le ciel ? « C’est quoi la guerre ? » Pourquoi ne veulent-ils pas lui avouer qu’ »elle vient de la guerre, des immondices de la guerre, des cervelles rouges, des avant-bras sectionnés, des doigts séparés des mains, des corps décapités, des débris humains non identifiables, des corps rigides sous le linceul des cercueils exposés dans les chapelles ardentes, des ventres désintégrés par le souffle des explosions, des ventres noyés par les égouts éclatés, des ventres écrasés sous les abris, qu’elle vient des asphyxiés inertes dans les éclairs… » Depuis la révélation du secret de sa naissance, elle fait chaque nuit le même cauchemar : elle cherche dans les décombres son père et sa mère. « Les éclats d’obus étaient entrés dans le ciment, dans les briques, dans le plâtre, dans le zinc, dans les tuiles, dans la peau, dans la chair, dans les cheveux, dans le ventre, dans la tête, la mort avait dessiné ses lézardes… où est mon père ? Où est ma mère ? »

Tentation de la folie. La folie est là, tapie dans un coin du cerveau du bébé, de l’enfant, de la femme, de la mère ; il lui faut creuser, creuser sans cesse dans le magma de sa conscience utérine. Nulle paix pour elle tant qu’elle n’aura pas retrouvé le fil qui la relie à la famille de ses parents morts. Jour après jour, année après année, elle compulse frénétiquement les archives de Boulogne, toujours vêtue, hiver comme été, d’un long manteau noir qui lui bat les mollets. « Cherche ! cherche ! Tu te sentiras peut-être moins seule, à moins que ce ne soit pire et que tu te sentes encore plus orpheline que jamais parce que tu seras devenue la fille de tous ces tués qui n’ont pas l’habitude qu’on se penche sur leur souvenir… » Elle commence patiemment à inventorier la mort : « Hôpital de Sèvres. Femme non identifiée. Cheveux châtains avec chignon. Plus de visage. Hôpital Bichat, hôpital Laënnec… » Elle ne dort plus, mange à peine, se rend titubante à la salle des archives de l’hôtel de ville de Boulogne. « Où sont mes bombardements, ceux d’avril 44, avec un dossier rouge ? » Le
magasinier, indifférent, l’a rangé, il n’a pas le temps de s’en occuper. Elle retient sa colère, les invectives qui montent à sa bouche. « Alors subitement elle se fait honte. Elle se déteste. Un immense dégoût d’elle-même et de sa recherche l’envahit. Elle a honte d’être ici, de gaspiller sa vie, de venir tous les jours, de réclamer des dossiers qui sont pleins de sang et de lambeaux humains déchiquetés, de se nourrir des morts comme un vampire… C’est comme si la vie n’avait plus de signification… comme si les mots n’avaient plus de sens. Mais ce n’est pas la mort qui doit être la plus forte, c’est la vie. » Elle a toujours su qu’elle ne trouverait rien, mais elle avait besoin de rester parmi les tués. « … je les connais tous ces morts des bombardements, j’étais avec eux, on était ensemble, on a vu ensemble la mort violente fondre sur nous, on ne peut plus aimer votre monde, on ne peut pas aimer vos guerres, on n’a plus confiance en rien ni personne. » Enfin, elle accepte de vivre, elle a guéri, elle ne porte plus son manteau informe, son uniforme de guerre. Elle est vivante, elle le crie. Par l’écriture, elle témoignera contre la guerre, pour qu’on n’oublie pas ces multitudes de civils tués de par le monde. Témoin par le sang, par les nerfs, par la peau, par la vie qui s’échappe de la mère blessée à mort, Chantal Chawaf a écrit « le Manteau noir », un livre fort et exigeant, impudique et vibrant, qui montre d’une façon impitoyable les ravages de la guerre dans le céur et l’esprit d’un enfant innocent.

En 1944, en cinq mois, d’avril à août, les bombardements ont tué sept mille personnes et en ont blessé neuf mille.

 

« Le Manteau noir » est publié chez Flammarion. Les autres livres de Chantal Chawaf sont disponibles aux Editions des Femmes, au Mercure de France, aux Presses de la Renaissance, chez Stock, Pauvert, Ramsay et Plon. C’est une éuvre importante qui fait l’objet d’études approfondies dans différents pays.

Colette Fellous recommande déjà Guillemette Andreu (France Culture)

Carnet Nomade de Colette Fellous sur France Culture recommande (déjà !) « Tableau d’honneur »…

émission du dimanche 1er février 2009
Voyages en enfance

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/carnet_nomade/fiche.php?diffusion_id=69826

Guillemette Andreu
Tableau d’honneur
Des femmes-Antoinette Fouque – 2009

« La guerre a fait des ravages dans les rangs. Les monuments aux morts de la région en témoignent. Invraisemblable saignée d’hommes dans la force de l’âge. La petite Lise lit l’effondrement de la natalité dans les rangs clairsemés des communiantes…
Femmes vêtues de noir, orphelins à ne plus savoir qu’en faire, c’est un voile de deuil qui recouvre le pays. Les consolations à cette tristesse ? Peu. La recherche d’une amitié sincère, d’une parole tendre, d’un adulte compréhensif. Et puis, dans cette grisaille entretenue par la misère et le chagrin, l’éblouissement de la lecture. Et pas n’importe laquelle. Les Misérables, le livre compassionel. Mais cela suffit parfois pour avancer dans la vie. Soudain on n’est plus seul. On est des millions. Et parmi ces millions, il va se trouver Guillemette Andreu pour reprendre le chant hugolien et laisser derrière elle une trace lumineuse. »
Jean Rouaud

A paraître en février 2009.

Thierry Gandillot écrit sur « Le manteau noir » dans L’express (article du 5 février 1998)

chawaf2.jpgLa vie après les morts

Par Gandillot Thierry, publié le 05/02/1998

 

Une enfant adoptée cherche la vérité. Chantal Chawaf signe une hallucinante descente aux Enfers.

C’est un bébé qui fait peur. A la pouponnière de Boulogne, les puéricultrices évitent d’instinct le «petit poids» qui occupe le lit n° 7. Elle se nomme Marie-Antoinette, mesure 50 centimètres et pèse trois kilos quatre. Les nurses ne savent rien de ses origines; mais elles sentent que ce poupon, «rayonnant d’une vie fixe, étrange», n’est pas comme les autres. Ce qu’elles ignorent: le drame de sa naissance.

La fillette a été arrachée par césarienne à sa mère morte, tuée en compagnie de son mari, porte de Saint-Cloud, pendant le bombardement du 15 septembre 1943, dans l’automobile qui conduisait le couple vers une clinique chic de Boulogne où devait avoir lieu l’accouchement. Le destin en avait décidé autrement. L’action du 15 septembre devait être la dernière de cet été sanglant. Or le médecin qui sauva le bébé remarqua que, dans leur inquiétude, les futurs parents s’étaient précipités à la clinique une semaine trop tôt. Sans cette hâte, toute la famille serait encore vivante.

Une seule personne sait la vérité, la directrice de la crèche. Yvonne de Chaumont est impressionnée par ce bébé qui «semble n’avoir plus de vivant qu’une gravité d’adulte, qu’une blessure existentielle qu’on lit dans son regard dilaté, à vif, comme des chairs écorchées». Elle sait aussi que ses parents sont d’ «excellente souche», comme on dit dans son milieu. Trichant avec la loi, elle va proposer à un couple d’amis qui ne peut pas avoir d’enfant d’adopter en toute illégalité la petite miraculée.

Jeanne et René de Lummont acceptent. Lui est un aristo qui magouille dans les milieux collabo. Ce sera Daddy. Elle, oisive avec un léger penchant pour la bouteille, possède une gouaille célinienne. Ce sera Dadou. Ils sont fous de la gosse, maladroits, grossiers, vulgaires; elle refusera leur amour. Au risque de la folie.

Un jour – Marie-Antoinette a 20 ans – excédés par son hostilité, ses parents adoptifs lui «lâcheront le morceau». A un détail près: ils ignorent le nom de ses parents. Ils savent seulement que sa mère appartient à une grande famille du Nord et son père, à l’aristocratie poitevine. Les Lummont n’ont jamais voulu en savoir plus. Et Yvonne de Chaumont a emporté son secret dans la tombe.

C’est le début d’une hallucinante descente vers ces Enfers que Chantal Chawaf va visiter, cercle après cercle, de son écriture obstinée, ravinée, douloureuse. Pendant trente ans, Marie-Antoinette va se murer dans sa détresse. Jusqu’au jour où, à l’âge de 50 ans, elle plonge dans les archives de Boulogne. Troncs décapités, têtes mutilées, bouillies cérébrales, sexes en putréfaction, jambes sectionnées, bras déchiquetés: les comptes rendus administratifs méticuleux des massacres de septembre 1943 s’entassent, témoignages désincarnés d’une horreur que le foetus a vécue dans toutes les fibres de son petit être prêt à respirer la vie. Vrombissement des avions porteurs de mort, stridence des piqués, souffles de feu, éclairs de la mort blanche, brûlure des corps, odeur des chairs calcinées. Cauchemars. Mensonges. Folie.

Un demi-siècle après la tragédie, un fantôme vêtu d’un long manteau noir arpente la nuit de Boulogne à Auteuil pour se débarrasser de «cette souillure de la mort» qui s’est incrustée en lui, depuis que l’horreur a frappé porte de Saint-Cloud. A la recherche de la vérité. Si elle existe.

Le Manteau noir, par Chantal Chawaf. Flammarion, 420 p., 125 F.

Débat sur le Déni de grossesse, mardi 3 février, dès 18 h 30 (ouvert à tous !)

reagissez-deni.jpgA la suite du passionnant documentaire :
« Déni de grossesse : ces bébés clandestins », diffusé sur France 3 le 19 janvier 2009,
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L’Espace des Femmes-Antoinette Fouque (35 rue Jacob, Paris 6ème) vous invite à rencontrer, mardi 3 février, dès 18 h 30 :

Andrea Rawlins-Gaston, la réalisatrice du film, auteure également de « Jeunes, sans travail et déjà mères » (France 3, 2008)
et
Sophie Marinopoulos, psychologue clinicienne et psychanalyste. Très engagée dans la lutte pour la reconnaissance de la santé psychique comme faisant partie intégrante des questions de santé publique, elle a fondé l’association PPSP (pour la prévention et la promotion de la santé psychique) et dirige un lieu d’accueil et d’écoute des familles à Nantes. Après plus de 20 ans de travail auprès des femmes dans leurs parcours maternels, elle milite pour que la réalité du déni de grossesse soit reconnue et la parole donnée aux femmes.
Son dernier livre : La vie ordinaire d’une mère meurtrière : récit (Fayard, 2008)

Faites passer le message et venez nombreux !!

Marguerite Duras : que du bonheur à écouter ! (blog 24.01.09)

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Babelio et Marguerite Duras.
Par Sylvie Niel le samedi 24 janvier 2009, 12:00:00 – Livre – Lien permanent

Impressions Livres Oeuvre Talent
La Musica Deuxième de Marguerite Duras, dit par Fanny Ardant et Sami Frey.  »Editions Des Femmes, La Bibliothèque des Voix. »

La critique de ce CD est faîte dans le cadre de l’Opération Masse Critique de Babélio.

Quand deux voix magnifiques reconnaissables entre toutes, Fanny Ardant et Sami Frey, lisent un beau texte « La Musica Deuxième » de Marguerite Duras, cela donne un vrai grand moment de plaisir.
Et pourtant c’est l’histoire d’une déchirure, d’un amour passionnel qui s’est transformé en haine, fait d’instants ponctués de bonheur et de blessures irréparables qui les conduiront vers une rupture inévitable.
Ces êtres là, à l’évidence, s’aiment encore. Après trois ans de séparation et le soir de leur divorce, ils se retrouvent sur les lieux de leur amour pour tenter de comprendre l’échec de leur mariage. Dans un premier temps la conversation est presque banale, et peu à peu la parole se libère, se fait plus dense et chacun tente de décortiquer son histoire, d’expliquer ce qui a fait qu’il en est arrivé là.
Sans violence et avec les mots justes et simples de Marguerite Duras, le couple avoue les tromperies mutuelles, les malentendus, les petites bassesses, les envies même les plus tragiques, et aussi le besoin de se reconstruire ailleurs pour elle, loin de lui  » Je veux être tranquille, partir loin… » , pour lui, tout près d’elle « Ne pars pas … j’irai où vous serez. »
Dans cette relation il est souvent question de désespoir, de révolte, de fuite et de douleur, mais aussi de nostalgie, de tendresse et d’amour avoué pour toujours.
C’est la première fois que  » j’écoutais  » un livre, j’ai passé 69 minutes de grande qualité, ponctués de courts instants de musique de Beethoven jouée par Pablo Casals et Rudolph Serkin ( Sonate pour violoncelle et piano n° 2 opus 5 ) et de Duke Ellington ( Black and Blue ). Une expérience que je vous conseille vivement et que je renouvellerai.

Deux phrases du texte où il est question de couleurs…
Elle :  » Je me souviens de cette lumière de cinéma jaune, et tout le reste dans l’ombre. »
Lui :  » Vous aviez cette robe grise, celle des femmes honnêtes. »

http://blog.couleuraddict.com/post/2009/01/23/Babelio-et-Marguerite-Duras

« Que l’arbre ne cache pas la forêt… » de Michelle Knoblauch (jusqu’au 2 mars)

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« Que l’arbre ne cache pas la forêt … »

de Michelle Knoblauch

du 22 janvier au 2 mars 2008

Espace des Femmes-Antoinette Fouque

Une artiste étonnante de singularité, des objets aussi insolites que fous (bijoux de murs, araignées pendant du plafond, grillages… et ses célèbres « forêts ») qu’Antoinette Fouque a déjà exposée il y a une trentaine d’années…… Vive la fidélité !

« Michelle Knoblauch a le geste sûr des architectes bâtisseurs. Son travail est celui de la découverte, de la profondeur. Il s’agit de savoir ce qui se passe « derrière ». Derrière cette matière papier, rhodoïds que l’on froisse, griffe, biffe, déchire. Il n’y a plus de fond, plus d’intention. L’art de Michelle Knoblauch est celui de l’accident contrôlé. Elle ouvre les veines de ses matériaux. Le noir s’impose toujours, mais il est éventré : rouge, bleu, jaune… la couleur essentielle s’échappe, s’infiltre, éclate. Sans emphase, concrète, la couleur tranche. Comme la lumière, indispensable. » Sylvie Moinet

 » Ses bijoux baroques, réalité multiforme, faits de perles rares, de pièces rapportées, assemblées peintes, moulées, tournent en rond afin que la couleur varie d’intensité. Travaux sur papier, sur toile, sculptures ou bijoux sont des espaces illusionnistes qui se rejoignent pour ne faire qu’un… » Catherine Berta

Isabelle Huppert lit Nathalie Sarraute

Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
isabelle-huppert-20050612-46174.jpgNathalie Sarraute disait qu’il n’y avait pas de littérature de femmes. Intrinsèquement, elle avait raison. Mais cette parole, pour autant indifférenciée qu’elle fût, il fallait la (leur) donner (aux femmes). C’est ce à quoi Antoinette Fouque s’est employée, inlassablement depuis la création des Editions Des femmes. Non pas pour les cantonner dans un espace clos, vite devenu muet, si les Editions Des femmes n’étaient cette fenêtre ouverte sur le monde, vers tous les horizons stylistiques et géographiques. Les Editions Des femmes, c’est une parole pour toutes et pour tous.
Puissent-elles vivre encore longtemps…
I.H.