À propos de « L’ange du Liponard » : Le premier article sur l’inédit du géant de la littérature italienne Mario TOBINO

Mario Tobino, L’ange du Liponard

Capture d’écran 2015-04-23 à 00.36.01.pngNeufs nouvelles sur la mer et les marins, par un auteur italien devenu médecin psychiatre mais qui a toujours gardé la nostalgie de son enfance en bord de mer, à Viareggio, près de Pise. Très populaire en Italie parce qu’il écrit sans façon, dans le style réaliste qui plaît aux années d’après-guerre, il a reçu en 1962 le prix Strega, l’équivalent du Goncourt français.

L’auteur, né en 1910, a connu ces gamins de douze ans qui devenaient mousses sur les navires encore majoritairement à voiles sur la Méditerranée. Il a connu ces jeunes hommes, capitaines de trente ans dans les années trente. Il raconte ces histoires simples et rudes de marins, réduites aux bases de l’humanité : la femme, la peur, l’autorité, la jalousie, la vieillesse.

La nouvelle qui donne son titre au recueil garde l’unité de temps, l’unité de lieu et l’unité d’action du théâtre classique. Le temps, quelques jours de bonace, qui encalminent inexorablement un navire à voiles ; le lieu, l’étroite goélette, où tout le monde se côtoie, où tout se voit, les corps nus des marins et surtout le bain féminin à l’eau de mer qui plaque le maillot sur les formes juvéniles ; l’action, tous les événements sont liés et nécessaires, comme pour une tragédie : le jeune capitaine qui emmène à bord sa femme tout juste épousée, la bonace qui désœuvre et fait travailler l’imagination, le côtoiement social qui égalise les conditions et suscite le jeu, lequel tourne en drame. La catharsis survient lorsque meurt le capitaine, pour s’être emmêlé les mains en haut d’une corde lors d’une course en tête de mât : le champ est libre désormais pour les hommes. Sauf le Second, en responsabilités, et le mousse, trop jeune pour désirer, tous les marins passent sur la Femme, à tour de rôle, jusqu’au port. C’est la nature, c’est le destin. Qui est l’ange ? La goélette, bien-sûr, mais peut-être aussi la seule femme du bateau – ou bien encore le mousse, le seul à rester libre.

Capture d’écran 2015-04-23 à 00.36.21.pngUn autre mousse fera naufrage, sans le savoir, dans un bateau voilé qui s’éventre sur un rocher. Enfermé par le prévenant capitaine dans sa cabine, il se retrouve tout seul, mais à trente mètres de la terre. Un vieux berger viendra le délivrer. Travail, sensualité, côtoiement des hommes, terreur d’être englouti – et expérience unique d’avoir fait naufrage et de s’en être sorti.

Les matelots adultes sont en proie à d’étranges lubies : untel croit que sa femme le trompe, bien qu’elle lui ait donné deux gamins. Sur les insinuations d’un serpent sur un autre bord, jaloux de sa joie de vivre, il revient en catastrophe au village côtier, pour trouver sa femme… en bonne mère et bonne ménagère. Un autre, un meccano, ne peut supporter de se faire engueuler par un patron avare qui le houspille un peu fort, alors qu’il s’est levé très tôt pour remettre en état un moteur usé jusqu’aux coussins. Deux marins en bordée se baladent en ville et suivent une femme qui les séduit ; c’est une professionnelle, mais ils n’ont pas les mots pour l’aborder, ni peut-être la paye – ils ne font que rêver. Un vieux se souvient de la mer et se délecte une dernière fois du poisson qu’il a lui-même pêché, accommodé à l’huile et au citron.

Capture d’écran 2015-04-23 à 00.36.34.pngUn village sur un rocher, avec l’église dans les embruns, est le théâtre de la dernière des neufs nouvelles. La tante de l’auteur vient de mourir, lien charnel et maternel dernier avec l’endroit qui l’a vu naître et où il tant joué, enfant.

Ces histoires simples et vraies, un peu surannées, laissent un charme à l’esprit comme un vin long en bouche. Lues facilement, il ne faut pas se laisser prendre à leur apparente spontanéité car elles font travailler l’imaginaire longtemps encore après avoir été dévorées.

Mario Tobino, L’ange du Liponard et autres récits de mer (L’Angelo del Liponard), 2007, éditions La Découvrance 2015, 133 pages, 
Éditions La Découvrance, La Rochelle – attachée de presse Guilaine Depis – 06.84.36.31.85 guilaine_depis@yahoo.com

Des récits inédits de Mario Tobino : « L’ange du Liponard et autres récits de mer » – une traduction des Éditions de la Découvrance (parution 24 mars 2015)

Capture d’écran 2015-03-29 à 16.10.18.pngL’ange du Liponard

et autres récits de mer

 

de Mario Tobino

Traduit de l’italien par Patrick Vighetti

Édité pour la première fois en français –

 

Nb de pages : 130 p, texte N & B

Prix TTC : 13 euros (sortie : 24 mars 2015)

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Le livre

L’ange du Liponard rassemble neuf récits de mer qui romancent, parfois même poétisent, des souvenirs personnels comme des témoignages sur des figures que Mario Tobino a pu

connaître (Nuti, Truppino…), et dont il s’entend à rendre, dans une langue sobre, ciselée, aussi

bien les faits et gestes que les inquiétudes, les pensées, les rêves qui travaillent l’esprit de ces

marins. Toute l’oeuvre du romancier-poète-psychiatre italien allie ainsi lyrisme maîtrisé et art

de l’ellipse, descriptions essentielles et interrogations sur les âmes, réalisme et poésie.

 

Sommaire

1 – L’ange du Liponard

2 – La jalousie du marin

3 – Les débuts d’un marin

4 – Ceux de Viareggio

5 – Deux marins

6 – Le vieux marin

7 – Un marin extraordinaire

8 – Un dîner à bord de l’Emilia Guidi

9 – Une fête à Télaro.

 

L’auteur

Mario Tobino (1910, Viareggio Toscane – 1991, Sicile) a été un romancier très

populaire en Italie, dont les ouvrages largement autobiographiques ont mêlé son expérience de médecin psychiatre, ses années de guerre en Libye mais aussi sa jeunesse à Viareggio où il a côtoyé le monde maritime. Plusieurs de ses romans parlent de la mer, de la vie littorale, de ses racines liguriennes et toscanes : Il figlio del farmacista (Le fils du pharmacien), Bandiera nera (Drapeau noir), Sulla spiaggia e di là dal molo (Sur la plage et au-delà de la jetée), Il clandestino (Le clandestin), etc.

 

Livres de Mario Tobino édités en français

– Le désert de Lybie, édit. Alinéa 1990

– Les derniers jours de Magliano, édit. La fosse aux ours 2006 – traduit de l’italien par Patrick Vighetti

– Trois amis, édit. Plon 2011 – traduit de l’italien par Patrick Vighetti

 

tobino deux.jpgLe traducteur

Patrick Vighetti est né à Saint-Fons (Rhône) en 1961. Il a mené des études de philosophie à l’Université Lyon III ; doctorat de 3e cycle avec une thèse sur le philosophe napolitain Giambattista Vico : Vico face à Descartes : le lien entre l’anticartésianisme et le pressentiment des sciences humaines dans la philosophie de G.B. Vico (décembre 1985). Aujourd’hui Patrick Vighetti enseigne la philosophie dans un lycée lyonnais. Il traduit de l’italien des livres de littérature générale, philosophie et sciences humaines.

 

Une sélection des livres traduits par Patrick Vighetti

Une sélection de romans : Attentat contre le Saint Suaire, Laura Mancinelli, La Fosse aux ours 2001 ; La chanson de Colombano, Alessandro Perissinotto, La Fosse aux ours 2002 + Folio Policier Gallimard 2004 ; Train 8017, A. Perissonotto, La Fosse aux ours 2004 + Folio Policier Gallimard 2008 ; Les derniers jours de Magliano, Mario Tobino, La Fosse aux ours 2006.

 

Une sélection de livres de philosophie, sciences humaines : Les philosophes et les machines, P. Rossi, PUF 1996 ; Aux origines de l’Occident, Augusto Forti, PUF 2011 ; Manger, P. Rossi, Arléa 2012 ; Espoirs, Paolo Rossi, Arléa 2010.

 

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Isbn 978-2-84265-844-1

Parution : 24 mars 2015

Collection : Azur

 

Format : 15 x 21

CLIL : 3444

 

 

Rayon en librairie : littérature étrangère, Italie + littérature de voyage, maritime