INSOLITE ET ÉRUDIT : ABCMer de Jean-François Marquet aux Éditions La Découvrance (HIVER 2014-2015)

Capture d’écran 2014-11-19 à 00.26.11.pngABCMer

Jean-François Marquet

 

Parution novembre 2014

 

Attachée de presse : Guilaine Depis

 

T 06 84 36 31 85 –

Courriel : guilaine_depis@yahoo.com

 

Collection :

Format : 12 x 18

Nombre de pages : 110

Illustrations : 40 dessins au trait, N&B

Prix TTC : 12 euros

ISBN 13 : 978-2-84265-810-6

Thème CLIL : 3643

Rayon librairie : Littérature de voyage, la Mer

Court texte qui contient une quinzaine de mots venus de la mer (en italique). :

« En arrivant de ma dernière vadrouille, j’étais complètement déglingué après cette biture prise avec quelques lascars. Un peu désemparé, je me suis dirigé, à l’estime et parfois en dérapant, jusqu’à ma cambuse. Là, je me suis affalé sur un strapontin avec un quart d’eau plate pour garder la ligne. À vrai dire, j’étais au bord de la nausée.

Il faut vraiment que j’arrête cette vie de patachon. »  Jean-François Marquet,  ABCMer.

 

Le livre :

Jean-François Marquet propose de redécouvrir des mots – une quarantaine – issus du monde maritime et passés dans le langage courant, dont l’origine a été oubliée. Tout d’abord situé dans le contexte usuel actuel, le mot à l’aide d’une citation, d’un exemple historique est ensuite expliqué dans son contexte d’origine. Chaque mot est accompagné par un dessin de Sébastien Léger.

 

Un avant-goût des mots :

À Dieu vat’, affaler, arriver

biture, bord, branle-bas

cambuse, cape, chiourme, cinglé, corbillard

débâcle, déglinguer, démarrer, déraper,

désemparé, draguer

estime

forban, fretin

gabarit, gouverner, guindé

Havre

jauge

larguer, lascar, ligne

nausée, nef

panne, parage, patachon

quart

ricochet

strapontin

tiens bon

va-et-vient, vadrouille, vrac

 

JF Marquet-5.jpgL’auteur :

Jean-François Marquet est originaire de Nantes. Diplômé de Lettres modernes et de psychologie, il devient début 90 auteur et réalisateur de séries documentaires pour France Culture, les Ateliers de création de Radio France (diffusion sur le réseau des chaînes francophones : RSR, RTBF, Radio Canada) ; puis de 1993 à 2006, auteur de fictions radiophoniques pour France Inter. En 2004, il devient producteur délégué à France Culture pour les émissions Le Vif du Sujet, puis Sur les Docks. Depuis 2000, il est aussi réalisateur de films institutionnels et pédagogiques et participe à la fondation et collabore jusqu’en 2008 à l’aventure de Télé Nantes.

 

Livre édité :

Souverains poncifs, éditions Coiffard, 2013.

 

L’illustrateur :

Sébastien Léger, après des études de graphisme et d’animation à Bordeaux, travaille sur des épisodes de dessin animé pour un premier studio d’animation parisien et ensuite de nouveaux studios à Angoulême et toujours sur des dessins animés. En parallèle, il dessine pour des livres illustrés, etc.

 

Quelques mots

 

Capture d’écran 2014-11-19 à 00.24.37.pngARRIVER

A, comme Arriver,

 

Aujourd’hui on arrive un peu partout et un peu n’importe comment. On arrive à ses fins, d’ailleurs comme le disait Charles de Gaulle avec malice : « il n’y a que les arrivistes pour arriver », on arrive également par le train, la tortue arrive avant le lièvre, parfois même on n’arrive pas à dormir. Et, on le sait trop bien, un quart d’heure de gloire peut arriver à n’importe qui.

Mais, quoiqu’il arrive toutes ces choses peuvent nous arriver sans avoir à quitter la terre ferme et, si l’on en croit le sens maritime d’arriver, c’est peut-être une erreur. Car, tout comme on alunit sur la lune et qu’on atterrit sur la terre, on arrive logiquement sur une rive. Quoique, curieusement, quand le bateau arrive à bon port, lui, atteint des quais mais pas une rive à proprement parlé, sans doute une des nombreuses subtilités trompeuses du français.

Arriver est, en somme, un synonyme d’accoster ou d’aborder. Du reste, jadis, l’arrivage était un droit de débarquement des marchandises dans un port.

Mais, pour la marine à voile, arriver a un autre sens encore. On peut par exemple arriver tout plat c’est-à-dire manoeuvrer pour augmenter l’effet du vent dans les voiles en éloignant le cap du bateau de la direction du vent, on dit alors laisser porter et lorsque le même effet est involontaire, à cause d’une forte rafale par exemple on dit abattre.

L’embarcation fait donc une arrivée ou une abattée

Et, si on revient sur la terre ferme, le mot rival à la même racine qu’arriver, il vient aussi de la rive. En latin les rivaux étaient des propriétaires qui voyaient passer sur leurs terres, la même rivière. Une chose qui n’est pas sans créer certaines rivalités pour la jouissance de l’eau. Tout arrive.

 

Capture d’écran 2014-11-19 à 00.25.13.pngChiourme

C, comme chiourme ou G comme garde-chiourme.

 

Chiourme et garde-chiourme, deux mots qui fleurent bon l’ancien argot façon Michel Audiard. Et effectivement, la chiourme que nous connaissons aujourd’hui nous vient bien de l’argot des bagnards qui employait la chiourme pour désigner le bagne, les travaux forcés, la réclusion puis par extension la population pénitentiaire et la communauté des bagnards.

Donc on s’en serait douté, les gardes-chiourme n’étaient autres que les gardiens du bagne.

Aujourd’hui, c’est un synonyme de gardien de prison ou plus précisément de maton puisqu’on lui soupçonne pas mal d’arbitraire, voire de brutalité en tout cas d’une délicatesse très discrète. C’est sans doute pour cela qu’il désigne aujourd’hui n’importe quel petit chef abusif dans n’importe quelle structure. Et c’est sans doute aussi ce qui a fait dire à Georges Duhamel dans Biographie de mes fantômes, je cite : la moitié du monde bientôt jouera pour l’autre le rôle de garde chiourme. Et pourtant, l’origine de chiourme et de garde-chiourme n’est pas tout à fait celle-ci.

En fait, la chiourme a bien à voir avec les prisonniers puisque le mot vient de l’italien et voulait dire équipage de galère, un mot qui, si on remonte plus loin, signifiait chant de rameurs. La chiourme était donc l’ensemble des forçats liés à leur banc qui ramaient sur les galères, surveillés par les gardes-chiourme, dont on se demande toujours bien ce qu’ils étaient venu faire dans cette galère.

 

JF Marquet.jpg

RSVP INVITATION AU VERNISSAGE DU PLUS GRAND SCULPTEUR CHINOIS VIVANT : YIMING MIN LE SAMEDI 13 DÉCEMBRE 2014

Victoire de Samothrace.jpg

RSVP pour signaler votre présence : 

Attachée de presse : Guilaine Depis 06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com 

INVITATION

Pour la première fois en France

Exposition de sculptures de l’artiste chinois Yiming MIN

du 13 au 16 décembre 2014 de 10h à 19h 

Espace Pierre Cardin 1-3 avenue Gabriel  75008 Paris

L’ÉMOTION DE L’INSTANT

Vernissage suivi d’un cocktail/champagne

* une surprise sera offerte aux journalistes

le samedi 13 décembre 2014

à partir de 18h

Site officiel http://minyiming.com (contact France Yan Chen) lianechen@hotmail.fr

Curateur : Georges Saulterre (biographie icisaulterregeorges@orange.fr 

 

Capture d’écran 2014-11-24 à 13.16.45.png

 

 

TÉMOIGNAGE INÉDIT !!! « Un rescapé de La Méduse : mémoires du capitaine Dupont, 1775-1850 » – Manuscrit original de Daniel Dupont présenté et commenté par Philippe Collonge – NOUVEAUTÉ HIVER 2014-2015 aux Éditions La Découvrance

UN MANUSCRIT INÉDIT aux Éditions La Découvrance

 

Un rescapé de La Méduse :

mémoires du capitaine Dupont, 1775 – 1850

Manuscrit original de Daniel Dupont

présenté et commenté par Philippe Collonge

 

Lire la Présentation de Philippe Collonge ICI, un extrait de la première partie ICI et un extrait de la deuxième partie ICI

 

meduse1.jpgParution novembre 2014

 

Attachée de presse : Guilaine Depis

Tél :  06 84 36 31 85 – Courriel : guilaine_depis@yahoo.com

 

• Un film intitulé La machine – nom attribué par les rescapés de la Méduse – est programmé sur ARTE cette fin d’année 2014.

• Juillet 2016 : bicentenaire de l’échouement de la Méduse.

 

Collection : Document

Format : 15 x 21

Nombre de pages : 162, texte

Illustrations : 17 pages N & B

Prix TTC : 17 euros

Date de parution : novembre 2014

ISBN 13 : 978-2-84265-834-2

Thème CLIL : 3388 – 3389

Rayon librairie : Histoire (Révolution, Restauration), histoire maritime

 

Le livre

Capitaine de l’armée française, le capitaine Daniel Dupont embarque à bord de la frégate La Méduse afin de participer à la réorganisation de la colonie française du Sénégal.

Le commandement du navire est confié à un marin de peu d’expérience : Hugues Duroy de Chaumarey.

Celui-ci, malgré les avis de marins confirmés va multiplier les erreurs de navigation, et, dans la nuit du 2 au 3 juillet 1816, échoue la frégate sur un banc de sable au large du Sénégal.

 

La Méduse transporte plus de quatre cents hommes, mais ne dispose que de six canots de sauvetage. Après quelques tentatives infructueuses pour dégager le navire, le 5 juillet, les officiers donnent l’ordre d’évacuation.

Les gradés s’installent dans les canots, mais les marins et soldats en surnombre (cent cinquante) sont entassés sur un radeau mal construit et abandonnés en pleine mer.

 

meduse2.jpgDurant douze jours, le radeau va dériver au gré des flots. Sans nourriture ni eau potable, de l’eau jusqu’aux genoux, les passagers sont contraints à des actes ignobles. Certains iront même jusqu’à manger la chair de leurs camarades et à boire leur urine. « Le 7, je repris connaissance et en ouvrant les yeux j’aperçus un matelot qui me coupait le pied. Je n’avais pas la force de le retirer, cependant je lui demandais ce qu’il faisait… Je m’aperçus que le malheureux avait perdu la tête. » (Extrait des carnets du capitaine Dupont).

 

Les officiers présents tentèrent d’empêcher le massacre, en vain.

Quinze hommes sur un radeau… c’est ce que découvre, dans la matinée du 17 juillet 1816, le brick L’Argus, au large des côtes de la Mauritanie. Parmi eux, Daniel Dupont, un capitaine d’infanterie sorti du rang ; il est à la fois le plus élevé en grade et en âge des survivants du radeau de La Méduse…

Plusieurs rescapés publieront le récit de ce drame au retentissement considérable.

Daniel Dupont se contentera, à la fin de sa vie, de rédiger ses Mémoires à l’intention de sa famille.

S’il ne dit peut-être pas tout, par pudeur sans doute, tout ce qu’il dit porte l’accent de la sincérité. Ses écrits retracent vingt-cinq années d’une carrière militaire originale qui, de la Révolution à la Restauration, passe par la Vendée, les Antilles, l’Angleterre

et le Sénégal.

 

Philippe Collonge, passionné d’histoire, a retrouvé les manuscrits originaux détenus par les descendants du capitaine Dupont. Ces Mémoires, soigneusement étudiés et documentés, apportent à un large public le témoignage authentique d’un héros involontaire et modeste.

 

PORTRAIT COLLONGE PH  082-2.jpgL’auteur : Philippe Collonge qui présente et commente le manuscrit original du Capitaine Dupont

Né au Maroc en 1941, Philippe Collonge a toujours travaillé au sein du Groupe Air France dont il a été chef des Ventes pendant plusieurs années. Après différentes expériences dans des filiales du Groupe (Hôtels Méridien, Visit France, Jet Tours) il a terminé sa carrière comme directeur général de GO VOYAGES. En 1998, jeune retraité, il décide d’ouvrir une boutique de livres anciens qu’il va animer pendant quelques années avant de consacrer l’essentiel de son temps à des recherches historiques. Il s’attache à faire revivre des épisodes et des personnages de la petite histoire au travers de publications et de conférences régionales. Des Antilles au Sénégal, où il a vécu plusieurs années, en passant par la petite ville de Maintenon (28) où il réside

désormais, ses nombreux déplacements l’ont amené à croiser les traces du capitaine Dupont, un des dix survivants du radeau de La Méduse, dont il a retrouvé et commenté les Mémoires.

 

À propos du capitaine Daniel Dupont :

Né à Pierres – mort à Maintenon (Eure-et-Loir). En 1848, à soixante-treize ans, il devint maire adjoint de Maintenon.

Il mourut deux ans plus tard. Une rue de la ville porte son nom et une plaque commémorative est apposée sur sa maison, au 4, rue Saint-Pierre.

 

Capture d’écran 2014-11-18 à 23.00.56.png

Quatrième de couverture

Quinze hommes sur un radeau… c’est ce que découvre, dans la matinée du 17 juillet 1816, le brick L’Argus, au large des côtes de la Mauritanie. Parmi eux, Daniel Dupont, un capitaine d’infanterie sorti du rang ; il est à la fois le plus élevé en grade et en âge des survivants du radeau de La Méduse

 

Plusieurs rescapés publieront le récit de ce drame au retentissement considérable. Daniel Dupont se contentera, à la fin de sa vie, de rédiger ses Mémoires à l’intention de sa famille. S’il ne dit peut-être pas tout, par pudeur sans doute, tout ce qu’il dit porte l’accent de la sincérité.

 

Philippe Collonge, passionné d’histoire, a retrouvé les manuscrits originaux détenus par les descendants du capitaine Dupont (né à Pierres et décédé à Maintenon, Eure-et-Loir). Ils retracent vingt-cinq années d’une carrière militaire originale qui, de la Révolution à la Restauration, passe par la Vendée, les Antilles, l’Angleterre et le Sénégal. Ces Mémoires, soigneusement étudiés et documentés, apportent à un large public le témoignage authentique d’un héros involontaire et modeste.

 

Sommaire

Présentation des Mémoires par Philippe Collonge

Remerciements

États de services et campagnes du capitaine Dupont

 

Première partie (1792 – 1815)

I. La guerre en Vendée (1792 – 1794)

II. Campagnes aux Antilles : Guadeloupe, Saint-Eustache et Marie-Galante (1795 – 1800)

III. Dupont officier. — Révolte des Noirs. — Expédition en Colombie. — Séjour dans l’île de Saint-Martin et garnisons en Guadeloupe (1801 – 1809)

IV. Guerre contre les Anglais. — Dupont se distingue au combat. — Capitulation des Antilles et captivité en Angleterre (1810 – 1814)

V. Retour émouvant à Maintenon après vingt-deux ans d’absence (1814)

VI. Nouvelle campagne aux Antilles. — Offensive des Anglais pendant les Cent- Jours. — De retour à Maintenon, Dupont reçoit l’ordre de partir pour le Sénégal (1814 – 1816)

 

Seconde partie (1816 – 1818) — Voyage en Afrique par terre et par mer en 1816

I. La Méduse fait voile pour le Sénégal : la frégate isolée s’échoue sur le banc d’Arguant (2 juillet 1816)

II. Organisation désastreuse du renflouement de La Méduse et du sauvetage de ses passagers (2 – 5 juillet)

III. Premières nuits d’horreur sur le radeau pour les naufragés abandonnés à leur sort (5 – 7 juillet)

IV. Les journées tragiques se succèdent : faim, soif, délires et actes de désespoir (8 – 13 juillet)

V. Derniers jours d’angoisses et de souffrances : quinze survivants recueillis par le brick L’Argus (14 – 17 juillet)

VI. Du Sénégal… à Maintenon (juillet 1816 – février 1818)

 

 Épilogue :

Que devinrent Daniel Dupont et les principaux acteurs de cette tragique aventure ?

Géricault et son Radeau de La Méduse.

 

 Annexes :

I. La Vendée en 1793

II. Situation des Antilles à la fin du XVIIIe siècle

III. Description par Daniel Dupont de la région du Cap-Vert en 1816

 

IV. À la recherche de La Méduse

Présentation par Philippe Collonge des Mémoires du Capitaine Dupont, rescapé du radeau de La Méduse

Présentation des Mémoires du capitaine Dupont

 

meduse1.jpg

 Les Mémoires du capitaine Dupont n’ont fait l’objet que d’une diffusion restreinte, en 1903, à partir de la transcription de manuscrits possédés par la famille et grâce aux travaux effectués par Eugène Lecoeur, pharmacien de première classe et arrière-neveu du capitaine.

 

Leur publication, effectuée par la Société archéologique d’Eure-et-Loir dans trois bulletins successifs, n’a jamais bénéficié d’un tirage à part, et il nous paraissait intéressant, cent ans plus tard, d’en entreprendre l’édition révisée, sous la forme d’un seul volume étoffé de quelques cartes et reproductions.

 

Pour être totalement fidèle aux écrits du capitaine Dupont, nous avons travaillé directement sur les manuscrits originaux, rédigés de la main même du rescapé de La Méduse et complétés par les notes personnelles rassemblées par Eugène Lecoeur.

 

Ce travail à partir des pièces authentiques nous a permis de préciser, de compléter, de rectifier parfois le texte publié en 1903, en nous appuyant sur des éléments géographiques ou historiques plus faciles à collecter et à vérifier de nos jours. Dans ce but, nous avons consulté de nombreux documents concernant les guerres de Vendée, l’histoire des Antilles et du Sénégal, et lu ou relu les témoignages directs et les principaux ouvrages historiques traitant du naufrage de la frégate La Méduse.

 

De cette abondante lecture, nous citerons en particulier le livre très documenté publié par Michel Hanniet, qui constitue une somme de tout ce qui a été écrit sur cet événement dramatique (éd. Actes Sud, 1991). 

 

Nous avons respecté les formulations parfois maladroites mais souvent pittoresques, et certaines tournures anciennes qui donnent une saveur particulière à ces Mémoires qui n’ont rien perdu de leur intérêt à la fois humain et documentaire. Nos corrections se sont limitées à quelques modifications d’orthographe et de ponctuation, et à la suppression de certains archaïsmes de conjugaison.

 

Le manuscrit est scindé en deux parties : la première traite des campagnes de Vendée et des Antilles, la seconde concerne le naufrage de La Méduse. Chacune de ces deux parties se présente tout d’une traite, avec, en marge de la première (période 1792-1816), une simple indication de l’année concernée. Un découpage plus clair nous a paru utile et nous avons fait précéder chaque chapitre créé d’une

brève indication des événements qu’il relate. Plusieurs indices nous font supposer que la rédaction définitive de ces Mémoires s’est faite après 1840, à partir de notes de route très succinctes – et lointaines pour la première partie – et de souvenirs beaucoup plus proches et élaborés pour la seconde (certains passages ont manifestement été rédigés dans les semaines qui suivirent le naufrage, et complétés par la suite). Si l’on ajoute à ces raisons le fait que Daniel Dupont, tout au long de sa très honorable carrière, s’est évidemment attaché à développer ses connaissances et sa culture – en particulier pendant ses années de captivité en Angleterre –, on s’explique mieux la différence de style entre les deux parties du document. Les phrases brèves, souvent elliptiques, parfois incomplètes, qui caractérisent le début de ces Mémoires, laissent peu à peu la place à des notations plus détaillées, à des descriptions plus élaborées, à des observations plus originales.

 

Pour éclairer ou rectifier certains passages, préciser certaines circonstances, situer certains acteurs, nous avons introduit un grand nombre de notes, en reprenant une partie des commentaires d’Eugène Lecoeur et en y intégrant largement le résultat de nos recherches. Nous espérons que l’abondance de ces notes n’altérera pas la spontanéité du texte, mais fournira aux lecteurs les plus exigeants d’utiles

indications sur les événements, les lieux et les personnages. Enfin, le capitaine Dupont se montrant particulièrement attentif au relevé de ses itinéraires, nous les avons soigneusement étudiés et représentés sur des cartes qui en facilitent la lecture. (Sur ces cartes, nous avons adopté le plus souvent les graphismes actuels des noms de lieux, quelquefois différents de ceux du manuscrit).

 

Ce qui nous a paru le plus attachant, dans ces Mémoires, c’est l’homme qui les a rédigés.

La sécheresse habituelle des états de service, tels qu’ils sont conservés aux Archives historiques des armées, nous donne peu d’éléments sur l’aspect physique du capitaine Dupont : – Taille : 1,73 m – Visage : ovale – Front : large – Yeux : bleus – Nez : ordinaire – Bouche : moyenne – Menton : rond – Cheveux et sourcils : châtains.

 

En fait, en dehors de sa taille, plutôt élevée pour l’époque, l’apparence de Daniel Gervais Dupont ne présentait pas de caractéristiques bien particulières. Nous pouvons cependant supposer, en nous référant aux notes d’Eugène Lecoeur, que, contrairement à son frère aîné, sa denture était solide et saine puisqu’elle lui permettait de déchirer les cartouches et de manger du biscuit. Nous conviendrons

également que sa constitution devait être particulièrement robuste ; certes, il est quelquefois saisi par les fièvres, victime d’un débordement de bile ou d’une douleur au pied, mais pour passer par où il est passé et survivre jusqu’à soixante-quinze ans aux fatigues et aux privations endurées pendant vingt-cinq années de service, il faut être bâti à chaux et à sable !

 

Mais le plus étonnant chez cet homme simple, au jugement droit – qui semble, lui, ne s’étonner de rien –, c’est la chance incroyable qui le sert dans les pires situations. Sauvé de la noyade à Pontorson, il échappe au massacre d’un convoi de malades, est épargné par un sabreur vendéen, passe au travers de la mitraille anglaise, évite la baïonnette d’un esclave révolté, traverse sans dommage les plus fortes tempêtes et, quand le malheur semble enfin le terrasser, il fait partie de la poignée d’hommes qui survit à la tragédie du radeau de La Méduse … Mieux encore, en vingt-cinq années de vie militaire, pas une seule blessure sérieuse !

 

Daniel Gervais Dupont était probablement fait pour mener l’existence paisible de son père, mais l’époque troublée en avait décidé autrement, et cet homme tranquille, respectueux de l’ordre et de la discipline, a connu une vie de tempêtes et d’éclairs, heureusement entrecoupée de périodes d’accalmie, sans jamais se plaindre ni murmurer. Dans les circonstances les plus dramatiques, il garde son bon sens et sa bonhomie, et même, nous semble-t-il, son humour…

 

Enfin, quand il regagne sa petite ville de Maintenon dont il a été éloigné si longtemps, il y déroule paisiblement la trentaine d’années qu’il lui reste à vivre sans jamais rechercher autre chose que l’affection de sa famille, la fidélité à ses amis, et l’estime de ses concitoyens.

 

Il y a chez lui quelque chose du Candide de Voltaire qui, au terme d’une vie d’aventures, en vient à la conclusion que le plus important est de cultiver son jardin. À ce titre, il nous donne à travers ses Mémoires et les notes qu’il a laissées, une leçon de sagesse et d’humanité.

 

Philippe Collonge

Extrait de la deuxième partie des Mémoires du capitaine Dupont

Seconde partie (1816 – 1818) des Mémoires du Capitaine Dupont

Voyage en Afrique par terre et par mer en 1816

 

I

 

La Méduse fait voile pour le Sénégal : la frégate isolée s’échoue sur le banc d’Arguin

(2 juillet 1816)

 

Embarquement et départ de l’île d’Aix. – Première semaine de mer. – Escale à Ténérife. – Passage du tropique du Cancer. – La Méduse s’isole et navigue trop près des côtes. – Échouement sur le banc d’Arguin.

 

Le 7 de juin nous nous sommes embarqués à bord de la frégate La Méduse, commandée par Monsieur Roi de Chaumaraix, mouillée dans la rade de l’île d’Aix. J’avais ce jour-là un grand mal de dent. Aucun des passagers n’était encore embarqué. Ils arrivèrent successivement les jours suivants. Ce fut le 12 que M. Schmaltz, colonel et commandant pour le Roi au Sénégal, s’embarqua avec sa famille.

 

Le 17, sur les huit heures du matin, nous appareillâmes ; le vent, n’étant pas très bon, nous obligea de louvoyer pour sortir de la rade. Il y avait en compagnie avec nous, la corvette L’Écho (M. Cornet de Venancourt), le brick L’Argus (capitaine de Parnajon), et la gabare La Loire (M. Gicquel-Destouches). Sur les quatre heures de l’après-midi, on aperçut un signal que La Loire faisait et qui demandait à mouiller : la marée montait alors, et elle dérivait. On lui signala de mouiller, ce qu’elle fit et nous aussi. Nous mouillâmes dans la baie des Basques jusqu’à huit heures du soir que nous appareillâmes de nouveau : la marée descendait et nous favorisait pour sortir. La brise n’était pas très forte, nous passâmes une nuit assez agréable.

 

Le lendemain 18, nous n’apercevions plus la terre. Les vents étaient au nord-est et nous avions vent arrière. Ce même jour on voyait la plus grande partie des passagers qui ne savaient où se fourrer pour rendre leur déjeuner et leur dîner ; les figures étaient décomposées et à chaque instant ces Messieurs portaient ce qu’ils avaient mangé aux poissons qui, sans doute, s’en arrangeaient très bien. Moi qui était, comme beaucoup d’autres qui avaient déjà embarqué, spectateur de tout cela, nous nous amusions, car on ne plaint jamais ceux qui ont le mal de mer, quoiqu’ils souffrent beaucoup.

 

Le 19, même temps, petite brise. Le 20, de même. Le 21 nous doublâmes le cap Finisterre avec un vent fort, mais très bon ; le 22, le vent devint plus fort, mais toujours bon. Nos passagers trouvaient que la mer était mauvaise, mais la vérité est qu’elle était très belle pour des marins. Sur les quatre heures de l’après-midi, la corvette L’Écho nous signala qu’elle avait perdu un homme qui était tombé à la mer. Elle mit de suite une chaloupe à l’eau, mais toutes ses recherches furent inutiles, l’homme avait disparu. Ce fâcheux accident nous occasionna deux heures de retard.

 

Le 23, même continuation de temps et de route. Nous filions douze noeuds à la minute, ce qui faisait quatre lieues à l’heure. Sur les cinq heures de l’après-midi, on aperçut beaucoup de souffleurs et de marsouins qui venaient très près de la frégate. Au même moment, un mousse qui avait mis son linge sale à la traîne, en voulant le retirer, le linge l’emporta ; de suite un cri se fit entendre de la batterie : « Un homme à la mer ! ». On mit de suite en panne, c’est-à-dire qu’on masqua les voiles pour empêcher que la frégate ne marchât, mais cela demanda du temps. On mit une chaloupe à l’eau, on jeta de suite la bouée de sauvetage, le malheureux la manqua. La chaloupe fit des recherches mais ne trouva personne ; elle revint après trois heures de recherches. La mer était très grosse pour une petite embarcation et les

matelots qui étaient dedans eurent mille peines à rattraper le bâtiment.

 

Le 24, nous perdîmes de vue la gabare La Loire et le brick L’Argus, qui, n’étant pas aussi bons voiliers que La Méduse et L’Écho, restèrent en arrière. Nous filions ce jour-là treize noeuds.

 

Le 25 nous louvoyâmes dans la nuit pour reconnaître l’île de Madère, par la latitude de laquelle nous étions, et le 26, à la pointe du jour, nous aperçûmes la terre, ainsi que les îles de Porto-Santo et les îles Désertes – ainsi nommées parce qu’elles ne sont point habitées. Lorsque nous fûmes vis-à-vis le port de Madère, notre capitaine de frégate, qui nous avait toujours promis qu’il y toucherait et qu’il y enverrait une chaloupe, changea de suite de projet et fit courir au large ; nous n’y allâmes donc point, mais nous passâmes si près de terre que nous pouvions distinguer facilement le monde qui s’y promenait. L’île nous parut très bien habitée et très bien cultivée.

 

Le 27, bon vent et rien de remarquable. Nous passâmes la nuit à louvoyer pour aller à Ténérife par la latitude de laquelle nous étions. Le 28 au matin nous entrâmes dans la rade ; on ne mouilla point, mais on envoya une chaloupe à terre ; plusieurs officiers de marine y furent, ils y restèrent presque toute la journée. La ville où ils débarquèrent se nomme Sainte-Croix. Nous restâmes à louvoyer et nous eûmes le temps d’examiner le pic qui est connu sous le nom de pic de Ténérife et que l’on voit de loin en mer. Il y avait encore de la neige dessus, ce spectacle est très beau aux yeux des voyageurs …/…

 

II

Organisation désastreuse du renflouement de La Méduse et du sauvetage de ses passagers (2 – 5 juillet)

 

Vaines tentatives pour dégager la frégate. – Construction d’un radeau. – La situation s’aggrave :

on prend des mesures arbitraires d’évacuation. – L’ordre est donné de quitter le navire à la hâte et

dans la confusion.

 

J’étais dans la batterie occupé à faire quelque chose, lorsque je vis notre capitaine de frégate sortir brusquement de sa chambre avec un air effaré, en disant : « Nous touchons ! ». Comme la frégate avait beaucoup d’air, elle donna successivement des secousses qui devinrent de plus en plus fortes. Ceux qui se trouvaient sur le pont lorsqu’elle toucha, me dirent qu’ils pensèrent tous tomber en arrière et que la mâture manqua de tomber aussi. Dans un premier moment, on dit que nous étions à marée basse, ce qui nous donna l’espoir de remettre la frégate à flot, à marée haute ; mais point du tout, nous étions à marée haute. Le mal était fait, on aurait pu le réparer en jetant nos canons, nos boulets, une partie de nos vivres, nos gueuses qui étaient dans la batterie et dans la sainte-barbe, à la mer ; la mâture peut-être aussi, afin d’alléger la frégate au moins de trois pieds ; mettre les chaloupes à la mer et porter des petites ancres au moins à cinq cents brasses par derrière la frégate, afin

de nous retirer par où nous étions entrés.

 

On mit bien les chaloupes à la mer, on porta une petite ancre à environ cinquante brasses, mais on ne jeta rien à la mer ; si bien que quand on vira au cabestan, la frégate ne remua point. On reporta une grosse ancre à environ quinze brasses, car on ne put aller plus loin, parce que cette ancre était mal placée sur le derrière de la grande chaloupe.

 

Toutes les dispositions que prirent nos Messieurs les officiers de marine furent sans succès et cela ne devait pas être autrement. Notre capitaine, qui n’était pas plus marin que moi et qui n’avait point embarqué depuis vingt-cinq ans, aurait été beaucoup mieux à sa manufacture de tabac que sur La Méduse ; encore n’avait-il jamais embarqué que comme aspirant ou enseigne de vaisseau. J’ai appris, depuis peu, par différentes personnes, que des paris avaient été faits à Brest par les marins qui connaissaient ses moyens de navigation, que la frégate ne rentrerait pas dans un port de France…

Extrait de la première partie des Mémoires du capitaine Dupont

Première partie (1792 – 1815) des Mémoires du Capitaine Dupont

 

2

 

Campagnes aux Antilles : Guadeloupe, Saint-Eustache et Marie-Galante Occupation des îles hollandaises. – Séjour à Saint-Eustache où une attaque anglaise est repoussée. – Retour en Guadeloupe. – Daniel Dupont en garnison à Marie- Galante pendant deux années.

 

Le 1er mars (1795), embarqué pour aller prendre possession des îles hollandaises. Le premier jour, après avoir été coucher à Deshayes et partis le lendemain, par un bon vent, nous avons été deux jours et sommes débarqués à Simson-Baie, île Saint-Martin ; de là nous avons fait route par terre pour gagner le Fort-Amsterdam, capitale de la partie hollandaise. Nous n’y sommes restés que trois jours et nous sommes repartis, quatre compagnies de notre bataillon, pour Saint-Eustache. Nous y sommes arrivés dans la même journée, la traversée n’étant que de huit lieues. Les Hollandais nous ayant remis les forts, on a hissé le pavillon français à côté du pavillon hollandais ; les troupes hollandaises montaient la garde avec nous, et nous avons vécu en bonne intelligence, ainsi qu’avec les habitants de l’île, pendant deux ans que nous y sommes restés en garnison.

 

Saint-Eustache est une petite île de trois lieues de circonférence, qui était bien riche avant la guerre de la Révolution. Son port était ouvert à toutes les nations et était franc. Aussi il s’y faisait un grand commerce, mais la guerre lui a causé sa ruine. Il y avait autrefois un volcan qui est éteint, qu’on nomme le Bol, et qui est aujourd’hui rempli de broussailles. À Saint-Eustache il y a beaucoup de juifs ; nous étions logés auprès de leur synagogue et nous les entendions prêcher et chanter de notre caserne. J’y suis entré une fois, c’était toujours le soir qu’ils s’y réunissaient.

 

Le 31 janvier (1796) je me trouvais détaché à la batterie Dewind qui est dans la partie sud de la colonie, et en vue de Saint-Christophe, qui appartient aux Anglais, quand je vis quatre bâtiments anglais appareiller et faire route pour venir attaquer les bâtiments français qui se trouvaient dans la rade. J’ai bien vite envoyé un homme de mon poste prévenir le gouverneur que deux vaisseaux et deux frégates faisaient route pour Saint-Eustache, et, quand ils ont été à portée de canon, j’ai commencé le feu ; mais ils m’ont fait beaucoup d’honneur : ils ne m’ont pas répondu… Ils se réservaient pour la rade, mais on les a si bien reçus qu’ils ont été obligés de laisser arriver vent arrière et de se retirer du combat pour réparer leurs avaries. Nous ne les avons plus revus.

 

Parti de Saint-Eustache à la fin de 1796 pour retourner à la Guadeloupe. Dans la nuit de notre départ, sous le vent de Saint-Christophe et au moment où nous y pensions le moins, il nous est arrivé un coup de canon d’une frégate anglaise qui nous donnait la chasse ; j’étais malade de la maladie de mer dans ce moment-là : j’ai été bientôt guéri, ainsi que tous mes camarades qui se trouvaient pris comme moi de la maladie de mer…

 

Nous étions trois goélettes, les deux premières se sont sauvées, mais la troisième a été prise et je me trouvais dans la première. Le lendemain, au jour, nous n’avons plus rien vu et nous sommes arrivés le lendemain à la Basse-Terre ; nous avons été casernés au Champ d’Arbau. À compter de ce moment, j’ai été fait sergentinstructeur et je n’ai plus guère monté la garde tout le temps que je suis resté sergent.

 

Parti de la Basse-Terre pour aller tenir garnison à Marie-Galante. Le premier jour aux Trois-Rivières, deuxième journée à la Capesterre, troisième journée au Petit-Bourg et embarqué de suite dans des embarcations pour la Pointe-à-Pitre. Et parti le lendemain pour Marie-Galante. J’y suis resté deux ans bien tranquille ; j’y faisais les fonctions d’adjudant sous-officier.

 

Marie-Galante est une petite île dépendant de la Guadeloupe qui a environ une vingtaine de lieues de circonférence, pays assez plat et qui a à peu près vingt mille habitants. Christophe Colomb la découvrit en 1493. Elle est à dix lieues de la Guadeloupe, à la même distance des Saintes et à peu près à la même distance de Dominique.

Extraits de « ABCMer » de Jean-François Marquet aux Éditions La Découvrance (NOUVEAUTÉ HIVER 2014-2015)

ABCMer

Jean-François Marquet

 

Illustré par 40 dessins de Sébastien Léger

 

Un avant-goût des mots :

À Dieu vat’, affaler, arriver

biture, bord, branle-bas

cambuse, cape, chiourme, cinglé, corbillard

débâcle, déglinguer, démarrer, déraper,

désemparé, draguer

estime

forban, fretin

gabarit, gouverner, guindé

Havre

jauge

larguer, lascar, ligne

nausée, nef

panne, parage, patachon

quart

ricochet

strapontin

tiens bon

 

va-et-vient, vadrouille, vrac

 

A DIEU VAT

A, comme A dieu va ou mieux, A dieu vat’

 

A dieu va ou A dieu vat’ est employé aujourd’hui, pour ceux qui l’emploient encore, comme une expression synonyme de à la grâce de dieu ou que dieu nous guide ou encore à dieu plaise.

A savoir tout de même qu’on peut écrire A dieu va en trois mots mais également Adieu en un seul mot et plus loin Va ou Vat’ en prononçant bien le T dont on dit qu’il viendrait du breton mais qui plus sûrement vient d’une ancienne façon de conjuguer le verbe aller avec un T à la troisième personne du singulier. Il est vrai en outre, qu’en langage marin on prononce volontiers les T comme dans bout ou canot Bref, autrefois, cet Adieu vat’ était dit pour souhaiter une bonne navigation mais pas seulement.

Car, comme disait Maxime Du Camp, l’ami de Flaubert, dans les mémoires d’un suicidé : «Quand la dernière montagne eut disparue sous les nuages, un sanglot monta jusqu’à mes lèvres et je poussai le cri des matelots en péril : A dieu va »

 

 

Explication de texte : en fait, dans l’ancienne marine à voile, Adieu vat’ était un commandement donné à l’équipage pour virer de bord par vent debout (de face).

La manoeuvre était particulièrement délicate sur ce genre de bâtiment parce que pendant le virement de bord le bateau n’est pas franchement manoeuvrant. Et s’il ne parvient pas à passer le lit du vent, sa vitesse tombe et il peut dériver vers des rochers ou vers un autre bateau de la flotte. C’est l’équivalant de Envoyez! Dans le commandement actuel qui dit d’abord Paré à virer! Envoyez! Le risque que comportait cette manoeuvre jadis nécessitait donc qu’on s’en remettre à Dieu.

 

AFFALER

A, comme Affaler,

 

Aujourd’hui dans le langage commun on utilise volontiers le verbe affaler sous la forme s’affaler… « J’étais tellement épuisé que je me suis affalé sur le canapé en regardant TF1».

On l’utilise donc pour dire qu’on se laisse tomber lourdement, qu’on se vautre, qu’on s’écroule, soit par fatigue soit parce que quelqu’un, quelque chose ou la télévision nous a fait tomber physiquement ou d’ennui.

Eh bien, ce n’est pas tout à fait ça ou plutôt ce n’est pas que ça. L’auteur à succès, Stephen King, qui a sans doute le pied marin, écrivait dans La ligne verte : « On peut affronter la bise mais mieux vaut s’affaler dans la tempête ». Il ne croit pas si bien dire.

 

Mais remontons un peu le temps. En fait, affaler vient d’un mot néerlandais qui signifiait «faire descendre ou laisser descendre ». En terme marin on ne s’affale donc pas mais on affale des objets, un colis, ou un homme le long du mât au bout d’une corde ou encore un filet. On affale même la morue dans la cale, d’ailleurs le matelot chargé de cette manoeuvre est appelé l’affaleur. 

 

On peut aussi affaler en grand ou affaler en bande, c’est-à-dire laisser tomber le plus vite possible, c’est comme ça qu’on affale une voile par exemple. Comme quoi on peut aussi bien affaler une morue qu’un phoque. Autrefois, on utilisait aussi ce verbe pour dire que le bateau était poussé par le vent vers la côte. En somme, on affale sous les rafales.

D’ailleurs, s’affaler quand on parle du bateau lui-même c’est, ni plus ni moins, qu’il s’est échoué et pas forcément sur un canapé.

 

FRETIN

F, comme fretin

 

Fretin est à l’origine un diminutif. Le diminutif d’un mot de l’ancien français fret qui

voulait dire débris et fret n’était autre que le participe passé du verbe freindre qui, lui,

voulait dire briser qui vient lui-même du latin frangere qui en français actuel a donné

enfreindre ou encore fraction. Là, il faut se souvenir de ses versions latines.

 

Dans ce sens de débris, de chose sans valeur, fretin a disparu excepté dans l’expression menu fretin. Le menu fretin qualifie des choses et surtout des personnes de peu d’importance. Ainsi, Marivaux, en parlant de ses proches pouvaient dire :

« Pour ce qui est de mes parents, ce n’est pas du fretin non plus : on les appelle Monsieur et

Madame », on sent bien que ce n’est pas rien.

 

Bref, la police peut avoir arrêté le menu fretin sans avoir mis la main sur les caïds ou les cerveaux de l’affaire. Et ça n’est pas sans rapport avec le sens maritime du mot fretin, un mot qui n’est pas lié à la navigation ni à la construction navale mais bien à la pêche.

 

Dès le début du XVIIème siècle le menu fretin s’emploie principalement par les morutiers pour désigner les prises de trop faible taille, donc de dernière qualité et pour tout dire : invendable. En somme à la fois petit et sans valeur.

 

Aujourd’hui, les pêcheurs professionnels comme les pêcheurs du dimanche nomment menu fretin les poissons trop petits qu’ils remettent généralement à la mer quand ils ne sont pas morts étouffés au fond du filet sous le poids des poissons les plus gros.

Enfin, dernière précision, le fretin n’est pas celui qui met son bateau en location,

lui, c’est le fréteur du bateau, et celui-là n’est pas forcément menu.

 

Capture d’écran 2014-11-18 à 23.59.45.pngPATACHON

P, comme patachon

 

Aujourd’hui, bien sûr, on connaît le mot patachon qu’on emploie plus guère que dans l’expression mener une vie de patachon et pour dire que quelqu’un mène une vie un peu instable voire franchement dissolue. Mais, sait-on encore que le nom de patachon était celui qu’on donnait au cocher qui conduisait la diligence qu’on nommait une patache. Une diligence à deux roues assez inconfortable mais qui permettait de voyager à peu de frais. Et le fameux cocher qui en tenait les rênes était réputé pour s’arrêter régulièrement dans des auberges où il ne buvait pas que de l’eau.

 

Mais, me direz-vous, quel rapport avec la mer ? En fait, cette patache terrestre a un ancêtre marin, un bateau particulier. Son nom viendrait de l’espagnol pataje qui désignait un petit bateau de guerre.

 

La patache était donc au XVIIIème siècle un petit bateau qui naviguait au service de plus grands navires entrant dans les ports pour y percevoir le droit d’ancrage ou bien la gabelle. C’est donc logiquement que cette embarcation est devenue la barque officielle du service des douanes qu’on a appelé patachon celui qui pilotait cette barque. En argot marin, le patachon a désigné tous les douaniers. Un surnom pas vraiment plus sympathique que son concurrent le gabelou.

 

 

Capture d’écran 2014-11-18 à 23.57.15.png

QUART

Q, comme quart

 

Le quart vient du latin quartus qui veut dire quatrième, et logiquement il divise tout en quatre, il peut même couper les cheveux, en quatre. « Le quart de rouge, la boisson du garde rouge », eh bien ce quart de rouge, que chante Nino Ferrer n’est autre que le quart d’un litre de vin rouge ; Mais je vous vois d’ici partir au quart de tour et vous

demander ce que le quart a à voir avec le langage marin.

 

En fait, le quart est la période, autrefois de 6 heures soit un quart de journée, puis de 4 heures, période donc pendant laquelle plusieurs membres de l’équipage

accompagnés d’au moins un officier sont de veille pour assurer la sécurité du bateau, la navigation, les manoeuvres et la surveillance des éventuels navires

ennemis. Ces membres d’équipages sont appelés les hommes de quart.

 

Il y a donc les quarts de jour et les quarts de nuit. Ces derniers n’étaient pas franchement les préférés des matelots c’est pourquoi ils ont appelé le quart qui va de minuit à quatre heures : le quart du cimetière et celui qui va de quatre à huit heures : le quart du bouledogue.

Toujours en terme marin, le quart désignait également la ration d’un quart de litre attribué au matelot. Par extension il a signifié le gobelet en fer blanc qui fait cette contenance et qu’on utilise toujours même à terre.

 

A savoir enfin que dans l’argot des prostitués faire le quart c’est faire le trottoir.

 

Georges Saulterre, curateur du sculpteur chinois Yiming MIN

Biographie de Georges Saulterre (site officiel http://www.saulterre.com)

Des Flèches des Cathédrales sur l’autoroute A10 parue dans le Guinness des Records 1998, à Ange et Tortue Glorieuse, première sculpture monumentale installée au Jing’an Park de Shanghai,  et tout dernièrement la Chimère exposée  Au musée d’art contemporain de Qingdao (Chine), Saulterre n’a de cesse de nous offrir une palette d’œuvres symboliques, sensuelles, un musée de l’Imaginaire comme on aime.

Plus de 155 000 000 d’automobilistes en France croisent annuellement ses sculptures monumentales ; le Héron cendré, A l’aube des temps, le Signal des Alpes, Sur la trace des vikings, l’Aérotrain, le mémorial de la Paix d’Alizay (France),  le coq géant au milieu du vignoble bordelais Château la France, c’est lui… Sa poésie et sa démesure esthétisante touchent tous ceux qui savent encore rêver..

Homme du bonheur, homme de bonheur, il est de notre temps et témoigne de tout, voit tout, sent tout : le bonheur certes mais aussi le drame, le silence et le vacarme, la paix et la guerre, le passé et le présent.

Saulterre en parle, nous en parle. Véritable magicien, il transcende les idées, transpose les concepts, recrée les formes, maîtrise la matière au gré de son inspiration et de ce qu’il entend exprimer. Il façonne, domine, soumet les matériaux, utilise le grès comme le plâtre, le verre comme le métal, l’aspérité comme la forme pleine, le figuratif comme l’abstrait. Il se sert de tout, et tout lui sert !

La verticalité n’est pas faite que de rondeur : il prend, domine, habite l’espace, apprivoise le vide, conjugue de façon surprenante puissance et légèreté et dresse partout, dans les parcs et sur les routes, en France comme à l’étranger,  ses sculptures monumentales où l’inox se joue des volumes et de la pesanteur, où le mouvement s’exprime dans une dimension colossale qui métamorphose la lumière au gré des heures qui passent.

Flèches qui s’élancent, volutes de métal qui enlacent l’espace, ailes ou pyramides , miniatures qui caressent le vide avant l’envol, il les fait habiter des lieux contemporains et les apprivoise à la mesure d’aujourd’hui.