revoir l’émission : https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/bfm-crypto-le-club/bfm-crypto-le-club-goldman-sachs-voudrait-racheter-certains-actifs-de-celsius-27-06_VN-202206270487.html

Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !

La Suisse apparaît comme un pays de neige au chaud dans ses montagnes, patrie de la célèbre gamine Heidi, méfiant envers le reste du monde mais ouvert à la mondialisation par ses multinationales (Nestlé, Novartis, Roche, ABB, Adecco, Holcim, Schindler…). Mais c’est surtout un pays stable parce que démocratique depuis les accords entre cantons du XIIIe siècle, organisé par des institutions formelles en 1848 après la tempête Napoléon. Mais qu’est-ce donc que la démocratie suisse ? Est-elle plus démocratique que la nôtre, qui est notre orgueil depuis 1789 ?
Il semble que oui… Parce moins centralisée, moins gérée par des technocrates issus du même milieu et formés à la même école, plus ouverte aux revendications de la société civile via les « votations » qui sont des référendums populaires – une respiration taboue en France où « le pouvoir » veut tout contrôler. Fédéralisme, autonomie jusqu’aux communes, neutralité géopolitique, défense totale par les citoyens en milice, démocratie directe et proportionnelle, « concordance » (voir ce mot), Exécutif directorial, initiatives populaires, diversité culturelle et linguistiques (quatre langues officielles) – la Suisse est un modèle qui fonctionne.
La proposition des va Nupes pour un référendum d’initiative citoyenne, RIC (ou populaire, RIP), piquée aux Gilets jaunes qui avaient été inspirés par le Rassemblement national (une belle proportionnelle!). En revanche le référendum d’initiative partagée, introduit dans la Constitution française) est inepte pour un Suisse car la volonté du peuple ne se partage pas et ledit peuple y est cantonné sous tutelle des élus.
Au contraire, il y a deux référendums dans le pays : l’obligatoire et le facultatif – il fallait y penser. « Diviser chacune des difficultés (…) en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour mieux les résoudre », énonçait Descartes dans son fameux Discours de la méthode (règle numéro deux). Le référendum obligatoire touche aux institutions et chaque citoyen est donc amené à donner son avis (ou à s’abstenir : le « vote obligatoire » n’est pas obligatoire pour le citoyen).
Le référendum facultatif vient du peuple, si la proposition des citoyens recueille 50 000 signatures dans les cent jours. Ce référendum ou « votation » (qui est l’acte de voter) peut avoir lieu à tous les niveaux : commune, canton, fédération. Et 50,01 % des votants suffisent à adopter la proposition dans le cas du facultatif, mais la majorité du peuple plus celle des cantons dans le cas de l’obligatoire.
Les élus sont ainsi « surveillés » et contrés si leurs décisions vont au rebours des désirs de la majorité populaire. Mélenchon n’aimerait pas une telle procédure, lui qui, tel Robespierre, sait mieux que les citoyens ce qui est bon pour eux, y compris « l’élire premier ministre » au mépris de toutes les procédures et institutions établies. Il l’utiliserait sans aucun doute pour « révoquer » les élus qui ne lui conviennent pas, après une habile campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux comme ses sbires savent si bien le faire. Vite utilisé comme instrument du plébiscite à la Mussolini-Hitler-Mao-Castro-Chavez en France, sur le modèle idéalisé de Robespierre qui faisait voter à sa botte (qu’il avait soignée), le référendum obligatoire à la suisse n’est malheureusement pas pour demain.
Mais le facultatif pourrait être mis en œuvre… à conditions que les politiques osent faire appliquer son résultat – ce qui n’est pas gagné après celui de Notre-Dame des Landes, encore une velléité Hollande.
L’auteur, métis de Français et de Suisse fort sympathique, a passé 25 ans dans le golf avant de racheter l’IFOP avec Bossard consultants en 1988 puis « un laboratoire de cosmétiques » sans autre précision en 1995.
Dans cet énorme pavé de 816 pages classé par ordre alphabétique (un classement par thèmes eut été plus pratique), rédigé avec l’aide d’étudiants de Suisse romande, pas moins de 361 entrées allant d’Abraham (accords) à Watteville (entretiens de concordance). Il y a même le mythique Grütli p.336, fondamental pour l’histoire du pays. Vous aurez pour 40 € ou 43 francs suisses un bon poids de 1,285 kg de démocratie fraîche. A vous de la cuisiner selon votre goût et selon vos menus. Un questionnaire « d’indice démocratique » est même placé à la fin pour vous aider en termes nutritionnels pour un régime équilibré de démocratie.
Allez, « vous ne vivez pas en démocratie… et vous ne le savez pas – parce que vous ne connaissez pas le modèle suisse ! » (Tel est le sous-titre).
Dominique Motte, De la démocratie en Suisse, 2021, La route de la soie éditions, 816 pages, €40,00 (semble-t-il pas disponible sur le site Amazon ni sur celui de la Fnac)
Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com
L’édition de la poésie est-elle un modèle économique dépassé ?Par Marc Alpozzo, philosophe et essayiste
Entretien avec Vincent Gimeno-Pons et Yves Boudier, organisateurs du Marché de la poésie de Paris.
La poésie d’aujourd’hui est-elle toujours vivante ? Elle demeure certes, très dynamique, elle est encore animée par des centaines de petites maisons d’édition et une multitude d’événements, comme le Marché de la poésie, de la place Saint Sulpice à Paris, cela demeure un monde archipelisé avec des communautés qui souvent s’ignorent, parfois se critiquent et cultivent toutes un public de passionnés. J’ai interrogé les deux organisateurs du Marché de la poésie de Paris, afin de comprendre si ce modèle économique est encore viable, malgré les petits tirages en poésie.
Le Marché de la Poésie est un événement qui frappe par sa fréquentation. Me concernant, je l’ai découvert cette année où il est revenu après deux ans de Covid au bon emplacement dans le calendrier. Avec ce vent de beauté et d’émotion annonçant les grandes vacances d’été, l’ambiance est d’une convivialité unique Place Saint-Sulpice. Les aficionados du poème se retrouvent chaque année pour deviser de la poésie. Pourquoi la poésie ne touche-t-elle pas un plus large public ? Pensez-vous qu’elle soit trop élitiste ou que l’école n’enseigne plus les bases suffisantes pour comprendre la beauté d’un poème aujourd’hui ?
Si l’événement touche autant de public (environ 50 000 visiteurs et plutôt des amateurs de poésie que de simples badauds), c’est pour plusieurs raisons :
Le Marché de la Poésie est un événement unique en France, en Europe, voire dans le monde. Réunissant près de 500 éditeurs et revues de poésie, il permet aux visiteurs d’y retrouver une production poétique (nous ne prétendons pas à l’exhaustivité, mais on y trouve plus de 90% de l’édition de poésie française et francophone puisque belges, québécois, suisses… y viennent également en nombre). À présent, le public de ce Marché rassemble un nombre considérable de gens venus de toute la France et de l’étranger pour y retrouver à la fois une production unique rassemblée en un seul lieu et également pour tous les professionnels de la chaîne du livre qui travaillent dans le domaine de la poésie – heureusement, il en existe encore : tout cela prouve bien qu’il y a un authentique public pour la poésie, certes un public plus restreint que dans d’autres domaines, mais un public d’une grande exigence.
Maintenant, si vous le permettez, nous allons vous présenter le Marché de la Poésie dans le cadre de l’entreprenariat : nous fêterons en 2023 ses 40 ans. C’est un Marché dans tous les sens du terme. D’abord celui du rapport direct entre producteur et consommateur, non seulement en terme de ventes (qui constituent assurément la moitié du travail réalisé pendant les cinq jours), mais aussi en terme d’échanges, sur le contenu, le contenant (n’oublions pas que la plupart de ces éditeurs sont des artisans), d’échanges avec les auteurs (pour la plupart des éditeurs c’est également le lieu de la rencontre avec leurs auteurs qu’ils ont rarement l’occasion de rencontrer), lieu de dialogue entre éditeurs (peut-être est-ce quasiment le seul endroit où se croisent les différents courants de la poésie contemporaine) ; tout cela se déroule avec une parfaite humanité entre les uns et les autres.
Nous avons bâti cette manifestation sur le travail des éditeurs et des revues, c’est sans nul doute ces fondations qui auront permis à ce Marché d’exister encore au bout de 40 ans.
Il semblerait que depuis l’ouverture d’états généraux de la poésie en 2017, les réflexions se déroulent dans un cadre plus précis, délimité par le thème annuel. En 2022 : la pensée du poème. Qu’est-ce qui est actuel dans la poésie à notre époque ?
La poésie et les poètes ne sont pas hors sol, « hors le monde ». Certes la poésie ne suit pas nécessairement l’actualité immédiate (ça c’est la fonction d’autres écrits), mais elle est un questionnement permanent des contours sociaux, politiques, environnementaux et humains de notre société, parfois à la frontière de la philosophie. Le poème lié à l’actualité est une presque contradiction puisque, dans son geste de création, la poésie nécessite un recul, une distance. Le temps de réflexion lié aux états généraux permanents de la poésie permet de réfléchir, de questionner les arcanes de la création poétique plus en profondeur
Penseriez-vous que ces états généraux ont révolutionné ce qu’était traditionnellement le Marché de la Poésie ? Etait-ce son aboutissement évident, naturel ? Y a-t-il eu des critiques au-delà des louanges ? A qui les travaux de ces états généraux sont-ils transmis ?
Comme nous vous le disions, le public du Marché de la Poésie est d’une grande exigence.
Au-delà d’un état des lieux de la poésie contemporaine qui permet aux professionnels de ce secteur de poser des jalons, ces états généraux permettent et permettront, nous l’espérons, une meilleure connaissance des différents univers de la poésie contemporaine. Inventaire des formes, des pensées, des courants qui la traversent, de ceux qui la portent ou bien la véhiculent. Sur le fond, ils posent une question essentielle : la poésie serait-elle nécessaire ? Toutes ces approches sont complémentaires et construisent un savoir précieux, par exemple pour assurer la transmission entre les générations, les courants, les langues à la fois du patrimoine poétique et de la création la plus vive.
Héraclite affirmait qu’on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. Diriez-vous de la poésie qu’elle est toujours la même ou systématiquement différente ? Colle-t-elle aux préoccupations de la société ou bien a-t-elle son éternel ADN ? La poésie de Houellebecq dont le réalisme se mêle à la satire ainsi qu’au mythe a-t-elle redonner ses lettres de noblesse à la poésie, – ses recueils de poèmes ont même été publiés en poche chez J’ai lu ? Est-ce que poésie et politique, voire critique sociétale peuvent faire de la très bonne poésie ?
L’écriture du poème est une remise en cause permanente de sa forme, de son contenu. N’oublions pas que la poésie est l’essence de la langue et sans nul doute de la pensée.
Quant à Michel Houellebecq, c’est un cas un peu particulier. Ce n’est pas parce qu’il a écrit ce qui pourrait sembler des poèmes qu’il est pour autant poète ; bien-sûr, libre à lui de pratiquer comme il l’entend le poème, mais à nos yeux, nous avons avec lui affaire à une activité d’écriture plutôt archaïque et mimétique de modèles très classiques, tels qu’une certaine presse aime promouvoir. Nous vous renvoyons sur ce point à un article de Martin Rueff, « La non-poésie des non-poètes », parus en mai 2013 dans les pages « Rebonds » du journal Libération. Il ne viendrait nullement à l’esprit de qui s’intéresse aujourd’hui à la poésie contemporaine de prendre cet écrivain pour modèle en poésie. Et il y a suffisamment d’authentiques poètes à prendre pour exemple, plutôt que de tomber dans un piège médiatique où l’on voudrait modéliser des formes poétiques « consommables », comme beaucoup d’autres contenus « culturels », d’ailleurs. La poésie n’est pas un phénomène de mode, elle traverse les temps. Pour ce qui concerne le cas Houllebecq, nous ne saurions nous prononcer sur la patrimonialité de son « exercice poétique ». Seul le temps en décidera…
J’ai remarqué qu’au-delà des livres de poésie, sont également présents sur le marché tout autre genre de livres, comme des romans, des essais, des revues. Mais la condition sine qua none pour qu’un éditeur puisse exposer parmi vous est-elle de publier aussi de la poésie ? Pourquoi ce prisme jeté sur la poésie ?
Tout d’abord, nous ne sommes pas intégristes. L’univers de la création littéraire dépasse, déborde largement le genre poétique. La plupart des éditeurs que nous recevons au Marché ne publient pas que de la poésie. Allions-nous leur interdire l’accès à d’autres productions que celles directement liées au poème ? la question se pose également de savoir entre prose poétique, poème, etc., qui aurait droit de cité ? Il y a aussi des poètes qui publient d’autres formes de textes (essais, romans…), allait-on exercer un dictat qui ne nous ressemble guère ? Nous recevons également des fanzines, des livres liés à l’art : c’est un marché ouvert à la création.
Croyez-vous que toute littérature contenant une musicalité est poétique ?
Ce serait se tromper de règle : la musique ne deviendrait-elle alors systématiquement poésie ? Et, sur ce point, nous songeons à mettre en place, dans le cadre des prochains États généraux permanents de la poésie, la thématique suivante : Le Son du poème. Cette question englobe certes celle de la musicalité, mais la déborde largement, s’ouvrant vers de l’oralité en général, et de cette question très peu souvent évoquée, celle de la musicalité intérieure de la lecture silencieuse du poème…
Comment choisissez-vous vos Présidents d’honneur ? Le choix de Nancy Huston s’est-il imposé pour l’attachement qu’elle a à la poésie, pour ses valeurs ou pour le style de ses écrits ?
Il est des univers qui se partagent : nous essayons de trouver des personnalités dont l’attachement à la poésie (contemporaine de surcroît) semble des plus évidents. L’an passé, Hélène Cixous, qui affirma d’emblée ne pas écrire de poème, expliqua avec une remarquable sensibilité, que la poésie irradiait l’ensemble de son œuvre.
La poésie vous semble-t-elle la forme suprême de la littérature ? Perd-elle de sa force lorsqu’elle est chantée ? Je crois me souvenir que CharlElie Couture a été votre Président d’honneur…
Si le poème n’est pas déformé pour exister en chanson, alors pourquoi pas. Mais il ne s’agit nullement d’assimiler la poésie et la chanson.
D’abord parce que, techniquement, la chanson a sa composition toute particulière. Et même si certains font facilement l’amalgame, toute chanson n’est pas poème, tout poème n’est pas chanson ; même si parfois la lisière est ténue.
Qu’est ce qui fait la réussite du Marché ? Est-ce un très bon modèle économique ?
Nous aurions préféré que le succès du Marché de la Poésie ne soit pas ce qu’il est. Pour cela, il aurait fallu que le livre de poésie (qui représente aujourd’hui 0,3% du chiffre d’affaires en librairie – la littérature représentant 9% du CA librairie, comme quoi l’on se fait beaucoup d’idées sur ce que peut représenter le domaine de la création dans son ensemble) soit réellement diffusé et distribué, mais c’est un livre qui demande, exige du temps pour exister. Or aujourd’hui le temps est compté de toute part (sans parler également du « désherbage » du livre en bibliothèques, lorsque son taux de rotation n’est pas suffisant).
Comment expliquez-vous que les médias grand public semblent bouder une manifestation dont le public est fou ? Y a-t-il aujourd’hui un désintérêt pour un genre littéraire qui cherche à éveiller la sensibilité à travers langage construit de sonorités, d’images, de rythmes, d’émotions ?
Malgré le peu de visibilité médiatique de cette manifestation, sa rencontre avec le public est bien là. Nos visiteurs ont pris l’habitude de retrouver ailleurs (sur la toile, sur les réseaux sociaux et dans le bouche à oreille, sans compter tout ce que nous faisons, avec nos moyens, en terme de communication), toutes les informations dont ils ont besoin pour nous retrouver.
Ce Marché de la Poésie dans sa forme française a-t-il fait des petits ? D’autres pays ont-ils imité votre formule ?
Il existe un autre Marché de la Poésie à Montréal. Un autre, Poetik Bazar, vient de voir sa première édition à Bruxelles en 2021. Il y a également quelques petits Marchés locaux qui en ont pris la dénomination. Actuellement nous réfléchissons avec quelques acteurs locaux, à mettre en place d’autres Marchés en France, pour lesquels il faudra trouver une spécificité afin que la greffe puisse prendre.
Mettre en lumière chaque année la poésie d’un pays invité (cette année Le Luxembourg) a-t-il pour objectif de favoriser les traductions, les correspondances entre éditeurs ?
Le public du Marché de la Poésie est curieux par nature. Depuis une vingtaine d’année, nous avons un pays invité d’honneur, afin de donner à découvrir l’« esprit poétique contemporain » au-delà de nos frontières. C’est, encore une fois, l’ouverture de la poésie sur le monde à l’alentour. Devra-t-on préciser que la poésie est sans frontières ou, tout du moins, hors frontières ?
Diriez-vous que le Marché de la Poésie est incontournable pour un éditeur de poésie ? Est-ce que l’on peut encore éditer de la poésie aujourd’hui en créant un modèle économique viable ?
À chacun d’en juger. Tout d’abord, les quelques éditeurs largement présents en librairies n’ont pas forcément besoin d’être présents au Marché, parce que le visiteur vient avant tout au Marché de la Poésie pour y trouver une diversité incomparable de productions, et dans un grand esprit d’humanité – nous insistons sur ce point – et d’échange.
Cette année, un magnifique hommage fut rendu par Florence Delay au poète Michel Deguy. Il est cependant rare que vous évoquiez des poètes morts. Le choix délibéré de mettre en lumière les poètes vivants vient-il du fait d’une carence à ce niveau-là dans les autres événements poétiques français ?
Florence Delay ne fut pas la seule à intervenir dans cet hommage, il y eut avant tout, autour d’elle, des poètes pour rendre hommage à Michel Deguy.
Nous faisons hélas chaque année quelques hommages à de grands disparus (Bernard Noël et Henri Deluy l’an passé), comme nous le fîmes par exemple en 2008 pour Césaire, ou pour d’autres (Bernard Heidsieck, Henri Chopin…, comment tous les citer ?), à partir du moment où nous sommes dans le domaine de la poésie contemporaine : c’est cette dernière que nous voulons faire découvrir… et honorer.
Tout écrivain est-il capable d’écrire de la poésie ?
À lire un poème, on pourrait pense que la poésie est sans doute un travail de courte haleine, mais intense, où l’on ne peut rester à la surface de la langue, contrairement à l’écriture de la prose, qui elle peut s’arrêter à la seule fonction communicative de la langue. Mais, il existe aussi des formes poétiques de prose, même si cette question du « poème en prose » continue depuis deux siècles de diviser le monde des poètes.
Alors, c’est plutôt à l’écrivain de savoir ce qu’il fait de l’usage des mots qu’il choisit d’utiliser…
Qui sera votre Président d’honneur l’an prochain ? Et le pays invité ? Qui les choisit ?
Pour la.le président.e d’honneur, nous sommes encore en pleine réflexion.
Quant au pays invité, si tout va bien, ce sera Cuba
Le programme du Marché et de sa périphérie est-il le fruit d’une réflexion d’équipe : qui détermine les poètes à inviter ?
Nous tentons d’établir une cohérence de programmation, en lien avec les lieux qui nous accueillent, en tenant également compte de leur desiderata. C’est un long travail de réflexion que de mettre en place cette programmation, dans le cadre du Marché mais aussi et surtout dans le cadre de la Périphérie du Marché, qui dure quasiment tout un mois, aux huit points de notre hexagone (voire en Europe). Par ailleurs, nous lisons beaucoup de publications et le choix des auteurs dépend fortement de cet aspect du travail. Nous sommes sans cesse soucieux de faire connaître la création, au plus près de ce qui est accessible au public.
M. A. : Ne tentez-vous pas dans votre programme de faire un roulement afin de valoriser une par une toutes les petites maisons d’édition qui exposent fidèlement chez vous ?
Lorsque nous avons mis en place nos rencontres, il nous a fallu prendre l’initiative seuls. Mais au fur et à mesure des années, c’est en concertation avec des maisons d’éditions (ou revues) participants que nous tâchons d’organiser ces événements, afin d’être en parfaite cohérence avec l’esprit initial du Marché, celui de défendre les éditeurs de poésie.
Propos recueillis par Marc Alpozzo
Marc Alpozzo
Philosophe, essayiste
Auteur de Seuls, Éloge de la rencontre, Les Belles Lettres
Le Marché de la Poésie et sa Périphérie sont organisés par l’association c/i/r/c/é, les revues et les éditeurs du Marché, avec les institutions, les auteurs, acteurs et musiciens participant aux événements, avec le concours du Ministère de la Culture et le Centre national du Livre, la participation de la Région Île-de-France de la Ville de Paris et de la Sofia.
Guillaume Millo donne une conférence sur l’organisation pour vous aider à être plus efficace
le « TELESOMMET EFFICACITE PERSONNELLE ET PKM » est officiellement ouvert !
Nous y abordons le PKM (Personal Knowledge Management) la gestion des données personnelles, des connaissances personnelles sous différents angles : la personne apprenante, les enjeux actuels, les outils et approches, la pensée visuelle, les logiciels ….
19 conférences, 19 façons d’aborder le PKM.
Le PKM est un méta softskill méconnu !
Brigitte Roujol, moi-même en est l’organisatrice.
#intelligencecollective #information #mindmapping #pkm #apprendre #apprentissage #productivité #efficacité #entrepreneur

François de Combret dans Le Monde Histoire et civilisations


Le 23 juin 2022, Philippe David a reçu Anne Mansouret dans son émissions « Les vraies voix » sur Sud Radio.
Réécoutez l’émission : https://www.sudradio.fr/programme/les-vraies-voix-sud-radio/la-chronique-presidentielle-de-philippe-rossi
Les vraies voix
Le secret des street artistes les plus « bankables » par Philippe Rosenpick
Le terme « bankable » vient du cinéma, désignant les artistes à avoir au générique et permettant d’avoir un bon retour sur investissement. Un terme qui illustre le glissement des années 90 vers des comportements financiarisés où l’art devient une valeur refuge comme l’or ou la pierre. On n’achète pas un tableau de Banksy mais un Banksy. « Et ça représente quoi ? Un million » disait déjà Picasso. Picasso, l’un des premiers artistes à être ultra bankable de son vivant.
Mais quel est le secret des street artistes les plus bankables, de ceux qui sont dans le « net plus ultra » des classements tel Kaws, Banksy, Invader ?
Code numéro 1. « Au commencement était le verbe » (évangile selon Saint Jean). Au commencement, il faut faire parler, être médiatisé,le plus possible. Les artistes bankables ont tous réussi à avoir des couvertures médiatiques très larges et transnationales. Le premier secret est de pouvoir être admiré ou “liké” aussi bien aux Etats Unis, en Asie ou ailleurs. Construction d’une image universelle, médiatisation internationale…mobilité. Invader envahit les villes partout dans le monde, s’illustre sous la mer ou dans une station spatiale internationale ; Banksy disperse ses pochoirs, attendus comme toute nouvelle version de l’iPhone, dans le monde entier ; Kaws vulgarise son « compagnon » d’un bout à l’autre du globe. Ils suivent, même s’ils s’en défendent, les codes de la consommation de masse. Ce sont les prêcheurs d’une civilisation globale. Comme le dit Benjamin Olivennes « la marchandise s’est faite spectacle et le spectacle est devenu une marchandise ». « Multiplier les petits pains » comme les miracles réalisés par Jésus de Nazareth. A défaut de pouvoir acheter une véritable œuvre , on peut acheter … un tea-shirt.
Code numéro 2: ils ont une identité propre et basent leur travail sur la répétition, ce qui les rend identifiables au premier coup d’oeil. Ils s’affranchissent du goût national . En principe, dans les ventes aux enchères, les œuvres d’art sont souvent différentes d’un pays à l’autre et répondent à un goût national bien établi. Ce qui se vend au Japon ne se vend pas forcément en Hollande et ne se vend pas forcément en France. Sauf à avoir réussi à dépasser les particularismes locaux. Les street artistes, nomades, créent une sorte de goût universel qui s’élève au dessus des cultures nationales dans un monde globalisé. Les réflexes de la mondialisation servent la propagation d’une culture universelle, d’une dénonciation universelle, d’une indignation universelle, d’un like universel. Partout on retrouve les mêmes marques de vêtements, partout on va retrouver les mêmes œuvres, la mondialisation impose les mêmes références, y compris dans l’art.
Code numéro 3 : Ils créent des communautés, un sentiment d’appartenance : je suis de ceux qui ont un Invader, un Banksy, un Kaws, un « obey ». Pas forcément besoin d’aimer l’art. Il suffit d’avoir et d’en être. Autrement, aucun capitaliste n’aurait un tableau de Banksy chez lui. Le seul nom de l’artiste devient un titre, une sûreté indépendante de l’œuvre, un effet de commerce négociable, un produit financier dérivé. Tout en dénonçant la société de consommation, les artistes en profitent. Pied de nez ou duplicité ? Quelle est la différence entre un print non signé de Banksy et celui qui est signé ? Le prix. L’œuvre s’estompe derrière le numéro. L’égo du collectionneur grandit d’avoir une œuvre signée 150/600 par rapport à la même copie, non signée. Le ressort de la possession, avant le goût, contribue à l’appartenance à une classe sociale. Si on relit les ouvrages de Gustave Lebon, « la psychologie des masses », de Edouard Bernays, de Walter Lipmann sur la « fabrique du consentement » ou encore de Jean Baudrillard,on trouvera de reels parallèles avec les analyses de ces grands théoriciens de la société de consomnation, du consentement des foules et de la fabrique de leur engouement.
Code numéro 4 :enfin, sortir du lot c’est aussi souvent « s’indigner » ou dénoncer, ce qui a fait de Stéphane Hessel l’un des écrivains les plus bankables de son époque. L’art doit avoir du sens, sinon c’est un divertissement a-t-on pu dire. « Le XX siecle a mis en place une esthétique dont l’un de premiers critères est le choc ». ( Benjamin Olivennes). On n’a pas le temps de rentrer dans l’œuvre, de l’analyser, de la savourer, de l’apprendre, d’y revenir. Il faut comprendre tout de suite, en rire (plutôt jaune) et faire le buzz. Il faut marquer l’esprit dès le premier regard . C’est ce que fait Banksy en dénonçant les dérives de notre société. C’est que fait Shepard Fairey avec un style emprunté aux codes du constructivisme russe en mixant message, déco, art et politique. On s’indigne, on alerte et … ensuite business as usual. Kaws, issu de la scène graffiti, reprend les codes de la culture pop art qu’il met dans un shaker avec le graffiti, s’inspire du pop shop de Keith Haring, de Murakami et d’Andy Warhol. Une démarche plus intellectuelle qui cherche à démocratiser l’art en s’appropriant les codes de la consommation de masse et qui permet à chacun d’y mettre le second degré qu’il veut. Invader nous oblige à lever la tête pour constater que notre spiritualité emprunte désormais plus à Mario Bross et aux jeux video, futurs vestiges de notre société …de consommation.
Alors que Jean Baudrillard constatait que « la consommation de masse exclut en principe la culture et le savoir » (Jean Baudrillard), le street art en se « merchandisant » perd peut-être de sa vocation première, ses lettres de noblesse originelles et surtout de son rapport à l’art en empruntant les codes de la société de consommation. Que reste-t-il du rapport à l’art quand Invader, Kaws ou Shepard lancent des marques de vêtements ou que les artistes font des collabs avec les grandes marques ?Banksy critique le marché de l’art financiarisé avec son tableau « I can’t believe you morons actually buy this shit » et actionne l’auto destruction de son tableau « girl with the balloon » ……sous les applaudissements des traders du monde entier. Plus je m’indigne, plus le prix monte. Plus le prix monte, plus l’indignation se marginalise sous les coups de marteau des ventes aux enchères. Et plus le street art devient une branche de l’art contemporain. Volatile mais branché, « up to date », véhiculant un petit frisson bad boy qui ravit les marques, en quête de différenciation ; les street artistes se mettent scène, créent des stories, captent des followers, déclinent un art visuel attractif et coloré. Qui fait la courte échelle à l’autre ? Qui vampirise qui ? Qui sert la cause de l’autre ? En reprenant les standards de la société de consommation, les street artistes ne courent-ils pas le risque de créer une demarche spatio- temporelle qui se périme avec les modes et qui est le contraire de l’art, dont la vocation est de passer l’épreuve du temps ?
Philippe Rosenpick
Wokisme : la guerre des motsPar Emmanuel Jaffelin, Philosophe
Monsieur n’est pas d’hier, ni Madame ni Mademoiselle.
De Monsieur, Madame et Mademoiselle, il y a des choses à dire.
Le premier remonte à 1314, il s’écrit « Monsor » et est la contraction de l’adjectif possessif « Mon » et du nom commun « Sieur »qui, lui-même, est une abréviation de « Seigneur ». Monsieur donne Mister en british et constitue un mystère pour la réflexion.
Madame, au moyen âge, était le titre réservé aux seules femmes de chevaliers, puis à la Femme du Roi, voire à celle de son frère.
Quant à Mademoiselle ou Ma Demoiselle, le mot vient du bas latin « domnicella »qui désigne la maîtresse de maison et implicitement le mariage consommé et la reconnaissance d’un titre : la domina dominait donc socialement la servante ( ancilla ou serva) ! Quelle gène que ce nom dans une société égalitariste qui vise à traquer et éliminer les mots pouvant colporter une hiérarchie sociale.
Mademoiselle est donc un substantif qui fut éliminé en France des termes administratifs en 2012 et remplacé à l’oral par « Madame » (Appeler Madame» une adolescente âgée de 14 ans est aussi pertinent que d’appeler « chien » un chiot âgé de un mois ! Mais il faut donc désormais considérer tous les individus par l’espèce à laquelle ils appartiennent!). A dire vrai, dès le XVIIIe post-révolutionnaire, le terme Demoiselle fut maltraité, celle-ci tombant de son piédestal, perdant son statut social et ne désignant plus que la fille, voire, au dix-neuvième, la prostituée ! A noter qu’au Moyen âge existait le terme « Damoiseau » désignant le Gentilhomme qui n’était pas encore armé « chevalier ».
Ainsi, après avoir critiqué et annulé tous les Seigneurs de la société post-révolutionnaire, leurs termes furent réappropriés civilement et distribués à tous les citoyens, étrangers à la Noblesse, mais en tant que signe de respect civil et social détaché officiellement de leur origine nobiliaire. Dans son Dictionnaire Philosophique, Voltaire anticipe donc, un quart de siècle avant la révolution française, cette évolution de l’abréviation masculine : « Pour terminer ce grand procès de la vanité, il faudra un jour que tout le monde soit Monseigneur dans la nation, comme toutes les femmes, qui étaient autrefois Mademoiselle, sont aujourd’hui Madame[1]. »
Autrefois on jouait aux Dames. Avec le wokisme, on joue aux Dames, aux Messieurs et aux Demoiselles considérés comme des nomina non grata à bannir ! La vie sociale est devenue un jeu de mots soit-disant pratiqué pour guérir des maux sociaux ! En réalité, il s’agit d’une guerre des mots qui génèrent d’autres maux : ceux d’une civilisation de plus en plus déstabilisée de l’intérieur par des minorités. Et une civilisation aussi dominée par de » telles minorités file un mauvais coton : celui de la décadence. Monsieur, l’Occident agonise. Son Iel lui survivra-t-il ?
Devons-nous passer du Monsieur au Mons-Iel ?
Notre Père qui êtes aux Cieux
Que ton Iel soit sanctifié ?
Emmanuel Jaffelin
auteur de Célébrations du Bonheur (Michel Lafon, 2021), Apologie de la Punition (Plon, 2014), Eloge de la Gentillesse (Bourin 2010, Pocket 2016)
[1]– Voltaire : Dictionnaire Philosophique, article « Cérémonie », 1764