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Lettre ouverte au Président Vladimir Poutine par Christian Mégrelis qui l’a connu il y a 30 ans (02/03/22)

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Lettre ouverte au Président Vladimir Poutine par Christian Mégrelis qui l’a connu il y a 30 ans 

Le 2 mars 2022

Au Président Vladimir Poutine. Lettre ouverte

Cher Vladimir Vladimirovitch, 

Voilà trente ans que nous nous sommes rencontrés pour la première fois à la mairie de Léningrad, fraîchement rebaptisée Saint Petersbourg. Vous développiez un Comité international pour la renaissance de Saint Petersbourg et m’aviez aimablement proposé d’y participer. Votre premier adhérent était le Prix Nobel d’économie Wassily Leontief, personnalité hors du commun, que j’ai donc connu grâce à vous. Nous avons évidemment discuté de la perestroïka de Mickael Gorbatchev dont j’assurais la promotion en Europe, et de l’avenir de l’Union soviétique qui vivait ses derniers mois. Les élections des maires de Moscou et de Saint Petersbourg au scrutin libre étaient une bonne perspective pour l’établissement de la démocratie en URSS.

Ce premier contact m’est revenu à l’esprit en cette période de guerre européenne qui a été comme un cavalier de l’Apocalypse surgissant dans la paix générale. Je n’ai aucune compétence pour savoir qui a raison et qui a tort dans la vieille querelle entre la Russie et l’Ukraine qui traine depuis 30 ans. L’épisode de la Crimée m’a paru secondaire puisque cette péninsule a été conquise par la Russie sur la Turquie et que sa donation à l’Ukraine, signée par Nikita Khrouchtchev, s’est faite sans consultation de la population. Les territoires russophones d’Ukraine s’accommodaient alors de la tutelle ukrainienne mais les choses ont changé.

Bref ce qui me préoccupe est l’avenir de deux peuples que je connais bien et que j’aime beaucoup : les Russes et les Ukrainiens. Chez aucun de mes amis des deux côtés de ce qui était voici encore une semaine une frontière je ne décèle la moindre animosité. Par contre, je constate une désespérance universelle et la certitude qu’il n’y aura, au bout de cette aventure militaire, que des pleurs et des grincements de dents dont la Terre entière risque de vous tenir pour responsable.

A nos âges, Vladimir Vladimirovitch, vous, maître du monde et moi heureux grand-père, que pouvons nous espérer d’autre que de laisser un bon souvenir ? Voilà un langage que j’ai tenu à d’autres chefs d’Etat. Certains ne l’ont pas écouté et sont morts en le regrettant. J’espère que vous y penserez au milieu des mille difficultés que vous rencontrez à chaque instant.

Après la renaissance de Saint Petersbourg qui nous a réunis, il faut aujourd’hui penser à la renaissance de la Russie qui va être le chantier du siècle pour lequel la planète entière est prête à participer dès que les troubles en Ukraine seront apaisés. J’espère vivement que, comme tous les Russes, vous y pensez.

Veuillez agréer, cher Président, l’expression de ma haute considération.

Christian Mégrelis, auteur de « Le naufrages de l’Union soviétique – choses vues »

L’auteur : Christian Mégrelis : X, HEC, Sciences-Po, est chef d’entreprises, essayiste et écrivain. Après quelques années au Ministère de la Défense, il s’oriente vers une carrière internationale. Il crée sa start-up en 1970. Tourné vers les marchés internationaux, son groupe, installé en Russie depuis 1989, intervient sur tous les continents pour étudier et construire des projets industriels et d’infrastructures. Auteur de plusieurs ouvrages publiés aux Etats-Unis, en France et en Asie sur la géopolitique, les relations internationales, et le christianisme. Son ouvrage Keys for the future, publié en 1981 aux Etats-Unis, anticipait déjà la fin de l’URSS.

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La Gentilhommière du Bonheur – un projet du philosophe Emmanuel Jaffelin (« Eloge de la gentillesse », « Célébrations du bonheur »)

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Qu’est-ce qu’une école de philosophie ? Disons-le simplement : c’est une école antique créée par quelques grecs[1] et destinée à sculpter ses élèves pour en faire des sages. Pas des singes : juste des sages !

A noter : Justinien, l’empereur romain d’Orient (Justinien 1er ou Le Grand, né en 482, mort en 565 à Constantinople), est réputé comme étant le plus grand empereur byzantin: chrétien fervent, il, décida de fermer « toutes » les écoles de philosophie au VIe siècle après Jésus Christ.

Résultat : la philosophie est morte depuis 15 siècles. Morte ?  à travers un strict onanisme intellectuel, philosopher au XVIIe siècle comme au XXI e siècle se réduit à penser ! Avancer vers la sagesse, sculpter son âme et celle des élèves est tout simplement im-pensable pour la majorité des enseignants de philosophie ( aux lycées comme dans les universités) . Cette Sculpture de l’âme est seulement pensée aujourd’hui par le philosophe de la gentillesse  comme le fondement même et donc le but de la philosophie!

Solution : créer une école de philosophie privée, indépendante de l’État et donc de son ministère de l’Education Nationale afin de former des sages qui aideront l’humanité à préparer le monde qui vient, un monde écologiquement menaçant et auquel la sagesse apportera une des solutions !

Homologoumenon te phusei[2]

Pour créer cette Gentilhommière du Bonheur, le philosophe de la gentillesse cherche un Mécène qui lui offrirait :

1- la possibilité de créer cette école dans une belle maison bourgeoise (voire un château).

2- Il souhaiterait également voir le montant de son salaire d’agrégé versé par le Mécène

3- et il aurait besoin de rémunérer d’autres intervenants.

4- Il a également besoin de moyens pour faire la publicité de cette école qui sera payante ainsi que pour en ouvrir des antennes dans d’autres villes de France, voire dans d’autres pays francophones. Cette école ne sera pas une secte et restera très ouverte à la science.

Vivons, cher lecteur, conformément à la nature !

[1]-Platon crée l’Académie, Aristote le lycée, Epicure le Jardin et les stoïciens Le Portique

[2]– formule stoïcienne signifiant, vivre conformément à la nature, ce terme « nature » désignant le destin !

François de Combret, grand entretien sur Musil dans Lettres Capitales

Interview. François de Combret : La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités

 

Dans La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, François de Combret se penche sur Der Mann ohne Eigenschaften, le roman inachevé de l’écrivain autrichien Robert Musil, publié en 1931-1932 et traduit en français par Philippe Jaccottet en 1954. Il s’agit selon lui « d’une des œuvres majeures de la littérature du XXe siècle ». Ancien magistrat honoraire à la Cour des Comptes, François de Combret nous propose une analyse dense, qui se penche avec rigueur sur les 1800 pages que contiennent ces deux volumes du roman de l’écrivain autrichien.

En 2019 vous vous êtes déjà fait connaître à travers la publication d’un Bréviaire de La recherche du temps perdu. Or, dans la Préface de La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités que vous venez de publier aux Editions du Palio, vous mettez sur la même échelle de valeurs le roman de Robert Müsil avec le chef-d’œuvre proustien et avec Ulysse de James Joyce. Quels ont été, selon vous, les critères qui ont permis au roman inachevé de l’écrivain autrichien d’occuper cette place honorable au même rang que les deux autres ?  

Au même titre que « La recherche » et « Ulysse », l’« HSQ » renouvelle l’art romanesque. En effet, le livre ne correspond en rien à la définition stendhalienne du roman : « un miroir qu’on promène le long d’un chemin ». En quatrième de couverture du tome 2, l’éditeur définit ainsi le caractère novateur du livre : « Musil a pour principe de choisir de minces coupes de vie qu’il modèle en profondeur et donne à sa description du monde une ampleur universelle. Sous prétexte de décrire la dernière année de l’empire austro-hongrois, il soulève les questions essentielles de l’existence de l’homme moderne pour y répondre d’une manière absolument nouvelle, pleine à la fois de légèreté ironique et de profondeur philosophique. Narration et réflexion s’équilibrent.»

Autrement dit, pour Musil, l’intrigue romanesque importe peu. Elle n’est qu’un prétexte de mise en scène pour analyser le cœur humain. Le thème de l’HSQ est le questionnement de l’essentiel.

Et pourtant, le roman, écrivez-vous, « est difficile d’accès tant il déroute le lecteur ». En quoi consiste cette difficulté ? Est-elle due à la complexité de genre dont il fait preuve ?

Le livre est déroutant, d’abord, par sa dimension : près de 2.000 pages.

 Il est déroutant aussi par la pauvreté de l’intrigue :  le récit des réunions du cénacle  de « l’Action Parallèle », procédure de préparation de l’année jubilaire destinée à célébrer  les 70 ans de règne de l’Empereur d’Autriche-Hongrie , est un thème artificiel et abstrait qui ne tient aucunement le lecteur en haleine.

Il est déroutant enfin parce qu’il n’appartient à aucun genre connu. Il n’a ni précédent ni descendance. Il est un kaléidoscope disparate au confluent du conte philosophique, du traité métaphysique, du pamphlet politique, de la satire des mœurs, de la science-fiction, de délicieuses histoires d’amour et de la poésie de géniales métaphores ….

Finalement, le livre ressemble à une longue pièce de théâtre classique dont il respecte les trois règles d’unité : unité de temps (non pas un seul jour mais une seule année), unité de lieu (Vienne) et unité d’action (l’Action Parallèle). Les acteurs sont peu nombreux (une vingtaine), rarement plus de deux ou trois ensemble sur le plateau, et ils  alternent, entrant et sortant de scène  à tour de rôle, tout au long des 161 levers de rideau.

Inouï et du jamais vu.

Pourtant, au-delà de cette difficulté de classification, l’Homme sans qualités impressionne par ses qualités esthétiques et son inventivité. Vous le rapprochez également du style de George Orwell. Pouvez-vous nous en dire plus sur cet aspect ?

L’HSQ a été publié en 1930. « Animal Farm » date de 1945 et « 1984 » de 1949. Je ne sais si George Orwell avait lu Musil mais ses livres, qui n’ont pas la densité ni l’épaisseur de l’HSQ, sont, à certains égards, de la même veine : allégorique et satirique.

Dans « Animal Farm », George Orwell systématise l’allégorie animalière, forme de métaphore fréquente dans l’HSQ. Musil s’attache en effet à associer à chacun de ses personnages une espèce animale, si bien que les analogies entre hommes et bêtes abondent tout au long des 2.000 pages, formant un contraste saisissant avec la cérébralité de l’œuvre. A la page 389 du second tome, Musil écrit : « nous portons notre peau de bête avec les poils à l’intérieur et nous ne pouvons pas l’arracher. » En plus de tout le reste, l’HSQ est aussi un bestiaire.

Comme « 1984 », l’HSQ est aussi une « dystopie », c’est-à-dire le récit d’une fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur. Comme « 1984 », l’HSQ s’apparente ainsi à  une utopie qui vire au cauchemar et conduit à la contr’utopie.

Nous le disions en introduction, votre livre est impressionnant de rigueur, digne d’un compte-rendu d’une lecture suivie. Comment avez-vous conçu votre livre ? Y a-t-il une similitude avec le Bréviaire sur l’œuvre de Proust ou vous éloignez-vous de la méthode de ce dernier qui utilise les entrées par ordre alphabétique ?

L’intention des deux ouvrages est identique : faciliter l’accès à un chef d’œuvre réputé hermétique. Mais les méthodes  utilisées sont différentes parce que  Proust et Musil ne s’appréhendent pas de la même façon.

Les 3.000 pages de « La Recherche » forment un ensemble compact en six tomes alors que les 2.000 pages de « L’HSQ » sont ordonnées en 161 chapitres. Proust a agencé son récit aussi méticuleusement que Musil le sien, mais il a effacé presque toutes les traces de construction, laissant au lecteur le soin de se débrouiller pour trouver les césures et les jointures.

En conséquence, « La recherche » se déguste par « fragment », pour reprendre l’expression de Paul Valéry, selon lequel « Proust, l’intérêt de ses ouvrages réside dans chaque fragment », alors que « L’HSQ » se délecte par chapitre.

Pour « La Recherche », mon maître a été Paul Valéry : le « Bréviaire » est formé par une collection de  « fragments », classés par ordre alphabétique . J’ai détricoté « La recherche ».

S’agissant de l’HSQ, j’ai suivi le conseil de Rabelais : « c’est pourquoi fault ouvrir le livre et soigneusement peser ce qui y est déduict. Puis, par curieuse leçon et méditation fréquente, rompre l’os et sucer la substantifique moëlle ».

Mon travail s’est apparenté à une dissection : j’ai   analysé l’HSQ chapitre par chapitre et j’en tenté d’en extraire la quintessence sous forme de citations , présentées en lettres italiques et guillemets.

Vous parlez abondamment de métaphores, de poésie, de personnages puissants. Quels ont été, tout au long de votre lecture, les motifs les plus récurrents dans l’univers narratif de ce roman, les plus précieux à vos yeux ? Lequel vous a-t-il marqué le plus ?

La trame du roman entrelace plusieurs histoires dont le déroulement est sinusoïdal : les personnages apparaissent, disparaissent et resurgissent, inopinément, tout au long des levers et baissers de rideau des 170 chapitres scéniques.

Les intrigues entrecroisées sont au nombre d’une vingtaine et les épisodes en reviennent régulièrement sur le devant de la scène tels des leitmotivs. Si ces épisodes étaient regroupés par sujet et rassemblés, le livre   prendrait la forme d’une vingtaine de chapitres consacrés à des histoires distinctes, avec des rapports plus ou moins distants entre elles .

Sans prétendre à l’exhaustivité : Ulrich et son père, Ulrich et Bonadéa, Ulrich et Diotime , Ulrich et Arnheim, Ulrich et le comte Leinsdorf ,Ulrich et Walter, Ulrich et Clarisse, Walter et Clarisse, Arnheim et Diotime ,  Diotime et Tuzzi, Moosbruger, le général Stumm von Bordewehr, le couple Fishel, Gerda et Hans Stepp, Rachel et Soliman , Ulrich et Agathe, Agathe et Gottlieb ….

Le personnage central du livre est sans conteste « l’homme sans qualités » lui-même, prénommé Ulrich : Ulrich est le pendant musilien du narrateur de « La Recherche » : c’est autour de sa personne que se dessinent la plupart des épisodes. Progressivement, par petites touches, tel un peintre impressionniste, Musil dessine le portrait de ce personnage auquel le lecteur s’attache de plus en plus et finit par se lier d’amitié. « L’homme sans qualités » est en réalité un homme d’extrême qualité, habité par l’ironie, la tolérance et le doute.

Et, enfin, quelle recommandation pourriez-vous donner aux futurs lecteurs de votre livre afin de les aider à mieux utiliser ces notes dans la connaissance du roman que vous analysez ou pour inciter les novices à mieux faire leurs premiers pas ?

S’agissant du débutant , j’espère faciliter sa lecture  en  raccourcissant  l’œuvre des trois-quarts, par élimination  surtout de la plupart des passages ésotériques.

Il arrive en effet fréquemment que Musil, au beau milieu d’un récit, prenne  lui-même la place de ses personnages pour  se lancer  dans des digressions  philosophiques  abstraites. Par exemple, au chapitre 88 du tome 1, Musil fait irruption sur scène pour déclarer abruptement : « il y a déjà longtemps que nous aurions dû faire mention d’une circonstance effleurée par nous en plus d’une occasion, et qui pourrait se traduire par cette formule : il n’y a rien de plus dangereux pour l’esprit que son association avec les Grandes Choses. » « Les Grandes Choses » ? Suivent quatre pages difficiles à comprendre…

J’ai épargné au lecteur la plupart des incidentes de ce genre, qui sont sans doute de grand intérêt pour les initiés mais risquent de rebuter les néophytes.

S’agissant des initiés, j’espère que mon ouvrage pourra les intéresser en ce sens qu’il a un effet de loupe sur ce qui est essentiel dans l’œuvre de Musil et que j’ajoute des commentaires pour montrer la postérité de l’œuvre, notamment dans le courant existentialiste et le théâtre de l’absurde.

Ainsi, mon travail ambitionne d’être à un précis pour les uns et une exégèse pour les autres.

Propos recueillis par Dan Burcea©

François de Combret, La Substantifique moëlle de l’Homme sans qualités, Éditions du Palio, 2022, 449 pages.

Roberto Garcia Saez, un romancier engagé dans le monde humanitaire et dans la cause LGBT

Roberto Garcia Saez

Romans régulièrement montés au théâtre en France et à l’étranger où il est question de sida, de paludisme, de santé, de sexualité, de drogue, d’LGBT, de mondialisation, de diversité, de solidarité, d’inégalités sociales, d’ ego. 

Recevoir le(s) livre(s) / interview : merci de contacter guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

https://www.robertogarciasaez.com

Le monde onusien, arrière-cours et dépendances

Un éléphant dans une chaussette (acte I) *Réédition de « ONU soit qui mal y pense »

suivi de

Dee Dee Paradize (acte II)

Après le succès de son premier ouvrage ONU soit qui mal y pense (paru en 2011 aux éditions des Etoiles), republié sous le titre Un Éléphant dans une chaussette, Roberto Garcia Saez nous livre la suite des aventures de Patrick Roméro et du policier Paul Harrisson dans Dee Dee Paradize. Des années plus tard, la traque du golden boy de l’humanitaire reprend. Dans cette histoire en deux actes, on vit le destin croisé de deux ego masculins que tout semble opposer. « Chacun est la tique sanguinolente de l’autre. Jusqu’à l’extinction des feux. Mensonge, vérité, c’est 50-50. Sauf pour ceux qui n’ont pas les moyens de miser ».

Dans cette nouvelle fiction qui file en trombe entre l’Asie et l’Afrique, Roberto Garcia Saez nous replonge dans l’univers pachydermique et abracadabrantesque des Nations Unies et des grandes ONG où, derrière la noblesse des luttes qu’elles mènent contre des fléaux comme le sida, s’épanouissent en marge turpitudes et bassesses.

Son personnage principal, Patrick Roméro, expert en santé publique et lutte contre le VIH Sida, aussi libertin que prodigue, revient dans ce deuxième roman blanchi des perfides accusations dont il avait fait l’objet et qui auraient bien pu gripper l’engrenage bien huilé de sa réussite. Mais le flic Harrisson, dont la vie a ranci depuis que Roméro lui a échappé, entend bien éteindre une bonne fois pour toute le sourire narquois de ce soi-disant chevalier blanc de l’humanitaire. Sur leur route tombent des Dee Dee « comme autant de belles fleurs piquouzées jusqu’à plus soif pour se sauver de leurs vies de traviole ».

Entre les lignes de cette course poursuite déjantée, l’auteur livre son regard nourri par une expérience de terrain sur des questions dont la réponse ne se trouve pas au café du commerce : santé publique, place des institutions internationales dans l’échiquier mondial, la justice sociale, lutte contre les inégalités, dictature de la transparence, corruption, réforme sanitaire, esclavagisme sexuel, etc.

Ce livre propose aussi une réflexion sur l’importance de renforcer la sécurité sanitaire mondiale à travers des approches multilatérales. À l’heure où sévit la Covid 19, la vocation de cet ouvrage est d’interpeller le public, en particulier la jeunesse, sur la gestion des pandémies à venir, et la nouvelle donne mondiale dans laquelle le multilatéralisme devient une nécessité évidente.

A propos de l’auteur

Roberto Garcia Saez est un expert reconnu du monde humanitaire qui a ce titre effectue des missions d’aide au renforcement des politiques de santé depuis 25 ans. Il a alterné des postes à l’Union Européenne, au Fonds Mondial, de fonctionnaire à l’ONU, et d’expert indépendant pour diverses organisations internationales en Afrique, Asie, New York et Genève. II dirige aujourd’hui une société de conseils stratégiques pour différentes agences des Nations Unies, le Fonds Mondial et gouvernements www.hmsteam.org. Pour écrire ce roman où se mêlent cynisme et humour, Roberto s’est inspiré de son expérience dans la lutte contre les grandes pandémies à travers le monde notamment le VIH Sida, le Paludisme et de l’enjeu que représente la justice sociale dans la santé mondiale. www.robertogarciasaez.com – Facebook roberto garcia saez – LinkedIn: Roberto Garcia Saez – Twitter: @garcia_saez  

Son engagement

Roberto Garcia Saez a décidé de s’engager avec ses livres pour des causes qui lui tiennent à cœur en lançant l’opération 1 livre = 1 don : pour chaque livre vendu, un euro sera reversé à deus associations, une fondation de soutien aux victimes de violences sexuelles en République Démocratique du Congo, et à une organisation qui donne des opportunités aux enfants défavorisés au Cambodge.« Les fléaux que sont le sida, le paludisme et la tuberculose frappent encore aujourd’hui des centaines de millions de personnes dans le monde et auront tué 3 millions de personnes en 2020. Ces livres sont une manière pour moi de partager mon expérience dans la lutte contre ces grandes pandémies et de sensibiliser les jeunes sur le fait que cette lutte n’est pas terminée. Il m’a semblé naturel que ces livres, à travers cette opération, participent à ce combat qui fait partie intégrante de ma vie professionnelle ». Roberto Garcia Saez

Les associations « coups de cœur » de Roberto Garcia Saez

A propos de la Fondation Dr Denis Mukwege

« Nous tenons à remercier Roberto Garcia Saez pour son soutien à notre engagement envers notre objectif de mettre fin à la violence sexuelle en temps de guerre et de lutter contre le VIH et les autres infections sexuellement transmissibles qui sont souvent le produit de la violence sexuelle liée aux conflits. » La Fondation Dr. Denis Mukwege.

La Fondation Dr Denis Mukwege est une organisation internationale de défense des droits humains qui œuvre en faveur des victimes de violences sexuelles liées aux conflits. En attirant l’attention sur les crimes les plus honteux commis pendant les conflits, la Fondation envisage un monde dans lequel la violence sexuelle en tant qu’arme de guerre n’est plus tolérée. La Fondation travaille pour que les victimes de ces crimes reçoivent les soins holistiques dont ils ont besoin et obtiennent des réparations ; pour qu’elles aient la liberté de s’exprimer et de s’organiser à l’échelle mondiale pour mettre fin à la violence sexuelle en temps de guerre. 

A propos de la Fondation Krousar Thmey (Nouvelle Famille en Khmer)

« Roberto nous a connus en 2000 au Cambodge lorsqu’il était le Directeur du projet de lutte contre le paludisme pour l’Union Européenne. Après la création de maisons et de petits centres à taille humaine pour des enfants orphelins ou abandonnés, nous avons lancé dès 1994 les toutes premières écoles pour enfants aveugles ou sourds du pays, avec la création du braille khmer et de la langue des signes cambodgienne. En 2019, après 10 ans d’une collaboration progressive pour la reprise des écoles par le ministère de l’éducation, ce transfert se réalisait. Cet acte majeur devrait être le but de toute ONG qui se respecte. C’est cet esprit de développement que soutient Roberto ». Benoît Duchateau-Arminjon, Fondateur de Krousar Thmey

La Fondation Krousar Thmey a été créée en 1991 par Benoît Duchateau-Arminjon pour aider des enfants abandonnés dans les camps de réfugiés de Thaïlande. Elle propose un éventail de programmes interconnectés pour une prise en charge complète des enfants défavorisés qu’elle accueille au sein de ses structures. Plus de 2500 enfants y sont accueillis. La Fondation s’attache à former et responsabiliser les acteurs locaux. Reconnue internationalement, elle a vocation à être gérée par les Cambodgiens pour les Cambodgiens. Ainsi, elle emploie plus de 60 salariés cambodgiens, et uniquement 4 volontaires internationaux sur des postes spécifiques : communication, relations donateurs et finance. www.krousar-thmey.org

 

Philippe Rosenpick, avocat d’affaires passionné de street-art

Philippe Rosenpick, avocat d’affaires passionné de street-art

Pour recevoir ses écrits, l’interviewer : contact presse guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

Il publie des articles sur l’éclairage qu’apporte le Street-art sur l’Histoire, la société et le monde dans Forbes, l’Opinion Internationale, Graffiti Art.

Il est notamment à l’origine d’événements de street-art tels que par exemple sur la place des invalides à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, en l’honneur du Bleuet de France, et de l’organisation du Festival de street art de Grimaud avec son épouse. 

Aujourd’hui, en voyant le monde rattrapé par des anciens démons auxquels sa génération a échappé, il aspire à écrire de plus en plus et à prendre la parole pour transmettre ses idées politiques et économiques pour un monde plus équilibré et plus juste. Cela lui tient vraiment à coeur et il a fait a ce titre une conférence sur la notion de « give back ».

L’homme pressé

Très tôt frappé par la mort de son père encore jeune, Philippe Rosenpick prend conscience que la vie est éphémère, que Thanatos peut apparaître à tout instant et rafler son souffle. Alors, comme la vie peut être très courte, il sera un homme rapide et impatient, afin d’en profiter au maximum mais aussi d’apporter comme il le peut sa contribution conformément à ses convictions. Son impressionnant parcours d’avocat d’affaires fait de lui un avocat respecté en France dans son domaine.

Fuyant l’immobilisme, la médiocrité, la paresse, l’ennui et les parcours conformistes, son insatiable appétit de vivre n’a d’égal que son désir de transmettre les leçons qu’il a retirées de la sienne. Parce qu’il a beaucoup reçu de la vie, il considère qu’il se doit de « give back » et de contribuer aux débats sociétaux. Le goût des défis et un profond humanisme colorent tous ses engagements professionnels et citoyens depuis plus de 30 ans.

Pour ses prochaines années qui dit-il « doivent swinguer » et être encore plus dans l’action – il vit chacun de ses anniversaires comme une année en moins – il souhaite prendre part de plus en plus au débat public, diffuser ses idées pour davantage de justice sociale afin de rendre à nos sociétés le sens et le gout du rêve et de l’avenir, ce qu’il juge essentiel et salvateur dans le monde de plus en plus fracturé qui s’annonce. 

En 2022, c’est Charles Pozzi qui à l’occasion de la nouvelle concession Ferrari de Levallois , leur demande de faire intervenir des street artistes pour mettre en valeur l’histoire, l’intemporalité et la modernité de Ferrari. 

Philippe Rosenpick est passionné par l’art. Précurseur pour décoder le Street-art, il s’adonne depuis 2014 avec son épouse Françoise Rosenpick au déchiffrage et à l’analyse de la société qui nous entoure par le prisme du Street-art. Il fait ainsi émerger une lecture originale du monde. 

Couple-équipe, ils sont à l’origine de très belles réalisations, comme un grand bleuet devant les Invalides réalisé en 2018 par le graffeur Crey 132, choisi par leurs soins.

En mars 2022, c’est à la concession Ferrari de Levallois qu’ils sont chargés de sélectionner des artistes.  Soirée d’inauguration prochainement – Présentation à la presse le 15 mars de 9h à 11h30

Son parcours professionnel : 

Recruté en 1988 à sa sortie d’université par le cabinet anglais Freshfields, Philippe Rosenpick exerce ensuite au sein du cabinet américain Shearman & Sterling où il effectue beaucoup d’opérations internationales, de droit boursier et de “financement structuré” (1992-1998)

Il est ensuite recruté pour créer une pratique transactionnelle au sein du cabinet Francis Lefebvre. Il est notamment à l’origine de la création d’une équipe d’une cinquantaine de personnes. Il obtient de nombreux prix professionnels, participe à l’internationalisation du cabinet en le faisant adhérer au réseau CMS et dirige le cabinet dans son ensemble de 2008 à 2012.

Fin 2015, il part pour développer un petit cabinet (Desfilis) qui n’avait pas de pratique transactionnelle reconnue. Cinq/six ans après, ils sont une trentaine d’avocats et obtiennent en 2020 le prix de la meilleure équipe de fusions acquisitions sur le segment Mid to large, un prix en Private Equity et un prix en Restructuring, le cabinet étant désormais habitué aux opérations de place. 

Dans le cadre de son exercice professionnel, il lance un Cercle de réflexion, le Cercle One, qui réunit régulièrement des chefs d’entreprises et décideurs avec des intervenants prestigieux sur des thèmes choisis. Dernière réunion fin 2021 avec Fany Létier (ancienne patronne du CIRI, directrice du cabinet d’Arnaud Montebourg) et créatrice du fonds Généo sur le thème de “la finance positive”.

Un parcours militaire remarquable

Préparation militaire parachutiste (1984) ; École d’officiers de Coetquidant (1987) ; Service militaire à la Légion Etrangère au 1er RE (1987) ; Brevet parachutiste au 2ème REP. ;

Certificat de gratitude de la Légion Etrangère (2012) par le général Saint Chamas pour son implication pour la Légion Etrangère : activités de lobbying, conférences, création avec le capitaine Jofredo de la course de vélo “la Solidaire”, défilé de la légion Étrangère à Saint Tropez etc…

Rugby, vin et Légion d’Honneur

Il est Chevalier de la Légion d’Honneur, décoration qui lui a été remise par son ami Jean pierre Rives, capitaine emblématique de l’équipe de France. 

Il a participé deux fois à la vente (et au sauvetage du stade français) et a été membre de la commission d’appel de la FFR ainsi que de la commission mise en place par Thierry Braillard sur le sport professionnel. Philippe Rosenpick a lui meme joué au rugby pendant plus de 20 ans et avait organisé chez Freshfields le premier tournoi de rugby « inter cabinets ».

Amateur « éclairé » en matière de vin, il a participé à plusieurs émissions de radio « in vino BFM ».

Comme citoyen engagé, il a accompagné avec deux amis une trentaine de jeunes aux États-Unis dans le cadre de la campagne américaine présidentielle de 2016, pour des séances de travail et de questions réponses avec les représentants des candidats démocrates et républicains.

L’écrivain Pierre Cormary livre une lecture très personnelle du premier roman de Pierre March

Passion fixe – A propos de La petite fille qui regardait le Bosphore, de Pierre March

C’était une autre époque, celle du Minitel rose, du 36 15 ULLA mais aussi de 36 15 DOMINA, FETISH et, pour les happy few que nous étions, MISSM, le site de référence SM régenté par la mythique Maîtresse Françoise, reine de Paris, et sous le fouet duquel se pâmèrent tant de notables nationaux ou internationaux. Combien d’heures passées sur ce forum à discuter, fantasmer, s’imaginer mille cuisantes amours et parfois en vivre – car, que les « normaux » ne se méprennent pas, l’on recherche toujours l’amour, l’acceptation, le lait de la tendresse humaine et nous autres, les errants de la chair, plus que quiconque. Sans compter toutes ces merveilleuses disputes virtuelles que nous avions pendant des jours, des semaines, des mois, à propos de l’Ave Maria sadomasochiste à tenir ou de la meilleure interprétation de l’essai de Gilles Deleuze sur Sacher-Masoch, Le froid et le cruel, notre Évangile, et qui serait susceptible de plaire le plus à Françoise.Ne nous cachons pas, nous nous connaissions tous.

Il se faisait appeler Hugo Boss, elle se faisait appeler Marine, je m’étais prénommé Parsifal. Autant les échanges avec le premier étaient aigres-doux (lui-même reconnaissant dans son texte qu’il n’était pas un interlocuteur facile et à mille lieux de nos concours de cravache intello), autant les rares dialogues que j’eus avec elle et qui, grâce à ce Bosphore, me reviennent en mémoire, me rappellent une personne d’une profondeur et d’une délicatesse effrayantes. Marine était une femme d’abîme à laquelle, bien trop jeune et matamore, je n’aurais pu accéder. Grâce à Dieu (à Artémis plutôt), je me rattrapais avec « Mathilde », la pétulante blonde aux riantes torgnoles ; « Karin Für », la pasteure norvégienne et qui fut, un 13 août 1993, ma stricte dépuceleuse – et par dessus-tout, Juliette O. « Jeux de dames », notre chère et regrettée Armande, sorcière sexuelle s’il en est, sachant comme personne transformer notre plomb en or, et qui ensorcela tous ceux (et toutes celles) qui eurent le privilège de la croiser. Ô souvenirs ! printemps ! aurore ! 

Et voilà tout ce monde qui ressuscite sous la plume sensible et hard de Pierre « Hugo Boss » March, écrivain peut-être non professionnel mais qui offre là un récit qu’aucun écrivain professionnel n’aurait pu offrir, pulvérisant au passage des produits de consommation aussi télécommandés que Cinquante nuances de Grey. Car cette Petite fille qui regardait le Bosphore est une histoire vraie, tragique et que l’auteur a su rendre inoubliable autant pour lui que pour nous. Grâce à son héroïne d’abord, cette juive originaire d’Istanbul, scientifique de renom, spécialisée en génétique et qui, dans les années 80, créa en France le premier laboratoire privé de séquençage d’ADN. Drôle de « soumise » en vérité – et qui d’ailleurs, n’en était pas une stricto sensu, et comme l’explique Maîtresse Françoise elle-même dans un entretien qui ouvre le livre, c’est-à-dire non pas une femme paumée qui tombe sous l’emprise d’un pervers narcissique et devient son objet de foire mais une vraie « masochiste », une Ariane des lanières, une « mystique qui n’avait pas besoin de maître pour être initiée » et qui ne se donnera qu’à l’homme qui la mérite et pour leur plaisir mutuel. Lorsque Marine dit à Hugo « Maître, disposez de moi », il faut entendre « faites-moi jouir. »

Certes, certaines scènes de cravache pourront faire frémir le lecteur (la lectrice !) non averti(e) quoique risquant de les égayer à leur corps défendant (car on ne choisit pas ses désirs pas plus, d’ailleurs, que tout le reste) – et un livre qui donne envie est un livre réussi. Pour autant, la vertu de cette Petite fille ne réside pas seulement dans sa dimension érotique. Tout en reconnaissant de manière parfaitement honnête la dimension déviante du SM, March transcende le pathologique par le romantique, la perversion par la passion, la domination/soumission par la fusion des corps et des âmes. Et à la fin, ce n’est pas tant à Krafft-Ebing ou à Theodore Reik que l’on pense mais bien à George Bataille, André Masson ou au Dernier Tango à Paris. Alors, pulsion de mort sans doute – mais aussi et surtout expérience des limites, goût des gouffres, surhumanité dangereuse.

Et il ne faut pas se leurrer. Dans ce récit d’amour fou, la vraie perversion est moins sexuelle que conjugale. Le vrai dominateur, le vrai « méchant », ce n’est pas le fouetteur spectaculaire mais le mari fadasse et qui se révèle bientôt procédurier infernal – ce « futur-ex » que Marine épousât naguère, à qui elle donna deux enfants, mais qui ne représenta jamais pour elle qu’un devoir social et religieux. C’est là l’aspect proprement subversif de ce beau livre imprescriptible. Le SM, c’est la liberté, la confiance, l’effusion. La pince à seins fait bien moins mal que la bague au doigt. La « fiche de dressage » (reproduite page 40 pour les plus pressés) est bien moins aliénante que les codes du mariage. Et l’on suit avec passion ce couple hors-la-loi, obligé de traverser la France pour se retrouver et s’aimer à sa façon, laissant ses traces ses zébrures à Nice, Marseille, Étretat. Ah ! La scène où Hugo fouette Marine sur la plage au risque d’être vu par les promeneurs quoique plus « occupés à éviter l’eau qui montait au gré du ressac » et pouvant mouiller leurs chaussures qu’à regarder « ce qui pouvait se passer près des dunes. » Ou celle où Hugo ordonne à Marine d’aller chercher des cierges dans une église pour un usage moins iconique qu’iconoclaste. On ne dira jamais assez que le SM est une saturnale – y compris quand c’est l’homme qui domine, soumis au désir toujours en avance de sa dionysiaque de « soumise ».  « Devant ce déchaînement pulsionnel, il n’est de réponse que dans l’exagération et seule la cravache finissait par venir à bout de ses désirs. » De punitions « vespérales » en corrections solaires, l’excès s’installe dans ce couple limite et avec lui, l’amertume, le désespoir, l’impossible. L’amour physique est sans issue, chantait Gainsbourg – et Marine était au-delà de la petite mort.

À la fin, Hugo aura ce mot superbe : « me manque aussi ce sentiment d’être Maître du monde alors que j’avais triomphé de toi ». Aujourd’hui, il y a ce livre, véritable mausolée de l’amante que l’auteur a mis vingt-six ans à oser et qui figurera désormais en bonne place dans l’enfer de nos bibliothèques, son héroïne au paradis. Car on l’aimera à jamais cette Marine.

Questions à Pierre March « Hugo Boss »:

Vingt-sept ans pour écrire et publier ce livre. C’est le temps qu’il vous a fallu pour faire le deuil de votre amour ?

On ne peut pas faire un tel deuil, du moins ne l’ai-je pas pu. Le temps lave peu à peu les larmes et adoucit les peines profondes et puis, un jour, on se retrouve face à des photos, des souvenirs et j’ai éprouvé alors le désir irrépressible que cette histoire, cette femme plutôt, ne sombre pas dans l’abîme de l’oubli. Femme d’abîme sans aucun doute mais femme de chair et de sang, de joie, d’éclats de rires et de larmes cachées et donc inoubliable. Elle ne m’a jamais vraiment quitté mais je ne l’ai jamais voulu non plus… Je sais que je retournerai un jour dans ce cimetière d’Arnavütkoy, pour un nouvel Adieu sans fin.

En avant dernière page du livre, vous insérez l’avis de décès que vous aviez envoyé au Monde, le 28 août 1995. Marine, dites-vous, n’aurait pas voulu que son départ sombrât dans l’oubli. Était-ce parce qu’elle souhaitait qu’on retienne ses travaux scientifiques ou parce qu’elle espérait aussi inscrire votre aventure unique dans l’actualité comme pour l’officialiser aux yeux du… monde, justement ?

 Cela se situe sur un autre plan. Marine était indéniablement et à juste titre fière d’un parcours peu commun. De la petite fille qui accompagnait son père dans ses parties de pêche sur la mer de Marmara à la scientifique interlocutrice d’instituts de recherche prestigieux comme l’Inra par exemple, il y a un chemin que peu de personnes sont capable de parcourir avec succès et à aussi grande allure. Elle en était fière, d’une manière enfantine, étonnée elle-même, ou pas? « d’y être arrivée ». Notre histoire amoureuse devait restée cachée au début et elle ne l’envisageait que comme un domaine extrêmement privé qui ne pouvait être partagé en raison de son « anormalité »

Vous avez tenu à ce qu’une photo d’elle apparaisse en quatrième de couverture. On y voit une femme riante courir dans l’eau comme une petite fille. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de cette photo sur laquelle on revient très souvent lors de la lecture de votre livre comme pour la scruter et comprendre le mystère de cette femme – parce que oui, on veut connaître Marine ?

Une escapade en couple…alors que cela nous était interdit en réalité. Nous avions réussi à programmer ce long weekend du 29 avril au 1er mai 1995 et je rêvais de l’emmener au château de Sassetôt-le-Mauconduit, sur la côte d’albâtre, à quelques encablures de Fécamp. C’est un lieu magique ; une ancienne résidence d’été de Sissi, non loin des falaises des vaches noires. Le château est superbe, le parc ne l’est pas moins et les chambres, avec leurs grands lits à baldaquins, offrent des colonnes très opportunément placées aux quatre angles… comme il se doit.

Un week-end ensoleillé, de longues heures allongées sur les galets inconfortables de la plage d’Étretat, des moments de grâce, de silence, de tendresse. Une parenthèse presqu’ordinaire, empreinte d’une conjugalité dont elle rêvait déjà consciemment quand j’étais en retard d’un métro je crois ! Je n’ai jamais pu retourner à Étretat.

Dans la réédition, cette photo est à l’intérieur du livre.

La famille de Marine est-elle au courant de ce livre et si oui, comment l’a-t-elle pris ?

Quelques temps après son décès, son laboratoire a été vendu par son mari qui est retourné à Istanbul avec leurs deux fils. Je ne sais s’il revient en France et si le hasard le mettra en présence de ce livre. Je ne suis pas certain de le souhaiter. Cette femme n’était pas la sienne…

Marine était « une femme intelligente surdouée, qui savait aimer et ne savait pas vivre », écrivez-vous. Que représentait le SM pour elle ? Une façon de survivre, de dépasser la vie ? Même question pour vous.

Marine, Gila plutôt, comme je l’ai écrit, avait attendu l’âge de trente-six ans pour se faire opérer d’un appendice nasal caricatural qui la défigurait. Raisons financières ? Religieuses? Je ne sais et ne veux pas accabler un homme que je ne connais pas. Ce visage caricatural, que je n’ai connu qu’en photo, lui interdisait toute forme de séduction, c’est certain et je ne vois rien, de ce que je sais de son enfance à Istanbul, qui ait pu générer chez elle ce masochisme profond qui la poussait vers le fouet avec autant de passion. Elle avait souffert au delà du dicible de cette infirmité et il m’a semblé qu’elle se punissait d’avoir tant attendu pour vivre enfin. Elle avait un caractère excessif, passionné, emporté parfois « off limits » et je me suis attaché à la rendre « raisonnable » si tant est que cela était possible. Sa déraison était si attractive aussi ! Le graal de l’orgasme ne lui était accessible qu’à travers des « punitions » d’une sévérité extrême et je n’y ai vu de pulsion morbide que bien tardivement.

En ce qui me concerne, il y a eu Marine, et le reste de mes historiettes sadomasochistes n’a pas de réelle importance. J’y ai vu principalement l’affirmation d’un pouvoir. J’ai toujours assumé d’être un « dinosaure », un des derniers, un rescapé du Crétacé pour emm… les neo-féministes!

En vous lisant, j’ai pensé à Georges Bataille ou Pierre Klossowski. Vous ont-ils influencé dans votre écriture, eux ou d’autres ?

Il m’a fallu un temps infini pour écrire ce récit. J’en ai rédigé la moitié d’un trait, alors même que j’arrivais à Istanbul, quelques mois après la mort de Gila, la nuit, dans ma chambre d’hôtel et ensuite j’ai « lambiné » sans doute un peu tétanisé par une douleur sourde qui ne me quittait pas quand j’écrivais. J’ai pris conscience de ce remords à la lumière d’une réflexion de Catherine Robbe-Grillet qui me demandait récemment pourquoi je me sentais coupable. C’est ce remords plutôt qui a guidé ma plume, bien plus que des réminiscences de Georges Bataille dont mes lectures furent adolescentes et que Klossowski que je ne revois que dans le film de Bresson  Au hasard Balthazar où il jouait mais dont je n’ai rien lu ( Diable…devais-je donc avouer cela aussi ingénument?…), mon style n’appartient donc qu’à moi, pour autant est que j’en aie un !

Vous qui avez connu l’époque du Minitel rose, des sites SM, « primitifs » si j’ose dire, comment voyez-vous l’évolution de ce monde trente ans après ?

J’ai eu plaisir à lire sous votre plume que j’avais « pulvérisé au passage des produits de consommation aussi télécommandés que Cinquante nuances de Grey« . Je n’imagine pas que cette Petite fille aura un jour autant de succès que cette triste pochade mais il me plaît de penser que j’ai contribué à rendre vivant, intense et vibrant un amour placé sous les auspices du fouet, de la douleur et de l’acmé d’une osmose physique et intellectuelle.

Le monde que j’ai connu a disparu je crois, il n’en reste que des remugles frelatés et/ou commerciaux. Je me souviens de soirées chez Françoise, qui trônait, hiératique figure de la Mère Originelle (un peu fouettarde tout de même) tandis que les heureux élus abusaient les uns des autres, de façons très diverses et variées mais dans une authenticité indéniable.

Cinquante nuances de foutre…. ça rapporte! Mais ça n’a rien de SM.

Il y a une personne extraordinaire que vous évoquez dans votre livre, décédée elle aussi (le 15 août 2012 – jour de l’Assomption), mythe minuscule mais mythe quand même de notre ancien monde, et qui fut une très chère amie à moi, Juliette O. « Elle était belle. Elle savait le jeu et ses arcanes les plus secrètes. Elle m’intimida. », écrivez-vous. Je rajouterai à votre portrait que c’était aussi quelqu’un qui mettait formidablement à l’aise y compris dans les plus indicibles situations. Pourriez-vous en dire plus ?

Je ne veux pas risquer de « réduire » cette femme que j’ai un peu connue, mais pas assez puisque d’une part de toute évidence elle était attirée par Marine qui, elle, n’avait aucune inclination homosexuelle, et que cela limitait un peu la mise en  » tentation » telle que je la décris dans la scène à Bagnolet, et que d’autre part j’ai quitté le monde SM après la mort de Marine, ce qui m’a coupé d’une personne que j’appréciais beaucoup mais qui m’aurait rappelé Gila de façon trop cruelle. Ce qu’elle avait d’intimidant pour moi résidait dans son expérience tellement plus riche que la mienne alors que je l’avais invitée à assister à une séance avec Marine et que je craignais un peu que ce ne soit bien banal, alors qu’en vérité, elle me le confia peu après, elle avait été très émue de ce moment partagé ; mais les formes délicieuses de Marine devaient aussi y être pour quelque chose….

En revanche, vous êtes plutôt sévère avec « Mathilde », « la belle de ce monde SM, au demeurant plutôt minaudière et finalement assez quelconque ». Voulez-vous que je vous envoie mes témoins, Monsieur, pour votre muflerie rétroactive ?

Bah, je ne voulais certes pas vous offenser mon cher, comme vous l’écrivez nous nous connaissions un peu à travers ces forums où nous ferraillâmes autrefois… mais celle que je nommais dans l’intimité  » la belle en cuisses » (en raison de tenues assez courtes qui les dévoilaient à l’envi) représentait un contraire absolu de la femme qu’était Marine qui était agacée, jalouse peut-être un peu je crois, de voir une bande de  » rémoras » accrochés à ses basques au demeurant fort courtes… Marine se vivait toujours laide en réalité et supportait difficilement qu’un physique agréable pût apporter des conquêtes ; et pourtant elle était belle !

Heu…Vous préférez l’épée ou le 1858 Navy à poudre noire? (à vingt-cinq mètres je n’y suis pas mauvais!)

Et pour finir, un mot sur Maîtresse Françoise, notre reine à tous ?

Que dire de cette maîtresse femme qui a traversé bien des vicissitudes, des épreuves, et a néanmoins réussi à devenir et rester en effet la Reine de ce monde SM?…

Je lui dois cette rencontre, je lui dois Marine, je lui dois Gila. Je lui dois une des plus belles amours de ma vie ; étrange et dramatique à coup sûr mais… Je lui dois enfin d’avoir vécu ce moment unique dans la vie d’un homme où une femme lui demande de porter son enfant, sans rien attendre en retour que ce qu’il voudra bien lui donner de son temps et de son amour.

Ce moment est un marque au fer rouge et c’est à Françoise que je dois cette brûlure et je ne l’en remercierai jamais assez !

Merci à vous enfin, qui m’avez fait revivre quelques instants délicieusement pervers, quand bien même c’est douloureux de réactiver cette blessure.