Balustrade Coronavirus, auteurs de nouvelles sur le covid 19 et le confinement

Balustrade Coronavirus, auteurs de nouvelles sur le covid 19 et le confinement

Alain Llense, auteur du roman jubilatoire « Emmanuel, Brigitte et moi » inspiré par l’histoire des Macron transposée dans l’univers de la haute gastronomie Nouvelle « Louise et Louis » 

Si la lumière est là c’est que bientôt ils seront là aussi, Paul, Virginie, les jumeaux, ils ne sont pas de ceux qui se rendent aux nuages fussent-ils noirs, aux épidémies fussent-elles mortelles, aux locataires provisoires fussent-ils armés d’amour et d’insouciance. Ils vont rentrer bientôt retrouver leurs vies de carte postale, leur appartement de magazine déco, rentrer pour reprendre leur vie et fabriquer des souvenirs qui rempliront ensuite leurs foutus cadres photos. D’ici là, il faudra être partis, retrouver les rives opposées de la Seine et une vie où Louise et Louis n’auront plus rien à se dire puisqu’il n’y avait qu’une fois, que c’était celle-là, que c’était cette nuit et qu’à cette aube tout s’achève. Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-nouvelle-dalain-llense/

Alain Schmoll, auteur du roman politique et sentimental « La Tentation de la vague » Nouvelle « LA CORONOTENTATION D’UN VAGUE VACCIN»

Il faut dire que j’avais été bien inspiré, le mois dernier, de téléphoner à Camilo, à La Havane. Nous avions été très copains, une quinzaine d’années plus tôt, lorsque nous combattions côte à côte pour la révolution mondiale voulue par Fidel Castro. Les temps avaient changé. Fidel avait disparu, mais son esprit planait encore sur la mémoire des jeunes guérilleros de l’époque. (…) Mon vrai nom est Werner, pas Romain… Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-nouvelle-dalain-schmoll/

 

 

Deux nouvelles écrites par des chats :

Christian de Moliner, auteur de « Jasmine Catou détective » Nouvelle « Jasmine Catou et le Covid 19 »

Je m’étire voluptueusement sur notre canapé, en m’efforçant de reproduire au mieux une posture présentée dans l’émission de télévision, le chat, son maître et le yoga. Je me sens bien, détendue. Je savoure pleinement l’instant présent et le rayon de soleil qui réchauffe mon ventre. Ah ! Maman s’approche de moi en souriant. Ma récréation est terminée, je crois ; elle me saisit et m’affuble d’un drôle de masque, un cône blanc, avant de me porter jusqu’à ma cage de transport. Je savais que je devais sortir ce matin, mais ce déguisement ridicule me surprend et m’exaspère. Ma mère m’a avertie hier que nous étions attendues aujourd’hui dans un studio d’une radio parisienne pour présenter Les enquêtes de Jasmine Catou, le livre dont je suis l’héroïne.  (…) Le philosophe antique aurait été incapable d’interpréter les aboiements de Griffouille même s’il est aussi intelligent que moi. Le vétérinaire aurait eu raison de souligner que le présentateur confond allégrement humains et animaux. Mais il se tient coi pourtant, il est devenu prudent. Jasmine Catou tu as encore triomphé ! Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-nouvelle-de-christian-de-moliner-sur-jasmine-catou/

Oula Kelbocha, Mascotte des Editions des Coussinets  Nouvelle d’Oula Kelbocha

La sédentarité de Maman a quand même un bon côté pour nous. Jamais je n’ai vu à la maison autant de réserves de pâtée et de croquettes. J’ai même trouvé où elle range le stock important de friandises et je me suis enfilé en douce ce matin quelques délicieuses bouchées au canard. Elle a aussi un stock important de notre jouet préféré, le papier toilette, qu’elle a hélas mis sous clé. Il paraît que c’est très difficile d’en trouver en ce moment. Pourquoi nos humains n’utilisent-ils pas notre litière ? Maman vient d’ailleurs d’en stocker des kilos dans le garage… est-ce pour cela ? Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-contribution-de-oula-kelbocha/

Gérard Muller, auteur du roman écologique « Daintree, la forêt intelligente » Nouvelle « Un voyage avec retour »

Cela me revient. J’ai été testé positif au corona virus. Cette saloperie. D’abord de la fièvre, des courbatures, un essoufflement qui accompagne le moindre mouvement. Et puis la toux, une toux sèche qui déchire les poumons. Le lendemain matin, d’horribles douleurs dans la poitrine. 40 °C. Tout va alors très vite : le SAMU, l’ambulance, l’hôpital où des soignants déguisés en cosmonautes m’accueillent, s’affairent autour de moi. Ils me branchent à de l’oxygène. Augmentent la pression et le débit toutes les heures. Prennent mon pouls. La quantité d’oxygène dans mon sang diminue comme le niveau d’eau dans un oued après la pluie. Soudain, c’est la panique. Six personnes autour de moi. Elles me soulèvent, me retournent, me perfusent, me parlent, mais je n’entends plus rien. Ma tête se vide. Et puis plus rien. Plus aucun souvenir. Ma vie s’est arrêtée là. Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-nouvelle-de-gerard-muller-un-voyage-avec-retour/

Michèle Makki, auteure d’un roman historique sur Pompéi « Pompéi, Le Sang et la cendre » Nouvelle « Mon coronavirus au quotidien »

 Je m’absorbe, vexée, dans le documentaire qui passe à la télévision, tourné avant la pandémie, censé donner du courage aux téléspectateurs ou, plus modestement, censé leur changer les idées. Il y est question de femmes qui accomplissent des exploits en solitaire. En vrac, l’une a traversé le désert à moto, l’autre a vécu au fond d’une grotte souterraine pendant trois mois, la troisième, qui est chamane, jeûne deux jours sur trois et apprend aux gens à marcher pieds nus. Voyant cela, je me dis que je ne serai jamais célèbre et que je ne serai jamais invitée à une émission tv. Le seul risque que je prends, c’est de sortir le chien en période de pandémie. Lire la suite de la nouvelle en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/nouvelle-mon-coronavirus-au-quotidien-par-michele-makki/

 

Balustrade Coronavirus, auteurs vertus du confinement

Balustrade coronavirus, auteurs sur les vertus du confinement

Anne Bouillon, docteure en philosophie et professeure de yoga dite « La Gymnosophe » Durant le confinement, Anne Bouillon propose des cours de gymnosophie (philo-yoga) gratuits que vous pouvez suivre à 18h sur sa page facebook en direct ici : https://www.facebook.com/lagymnosophe/

Ce retrait du monde social qui nous est imposé est en vérité une chance inouïe et inespérée, l’occasion de nous retrouver, voire de nous chercher nous-mêmes pour la première fois, de plonger en soi et de suivre le chemin de nos âmes parfois perdues dans l’agitation perpétuelle, la course effrénée dans vers le néant. Dans cet anéantissement provisoire d’une partie de notre « moi social », il nous est offert la possibilité de nous élever métaphysiquement, spirituellement, de réapprendre à contempler. (…) En tant que docteur en philosophie et professeur de yoga, contrainte comme grand nombre de personne à cesser mon activité professionnelle ordinaire, j’ai décidé de donner tous les jours de 18h à 19h20 un cours en live afin de faire découvrir la philosophie et le yoga, où vous pourrez puiser des clefs pour dépasser vos peurs et retrouver la liberté : la liberté n’est pas dehors, elle est intérieure, elle est en vous. Informations ici : https://lagymnosophe.com Lire la suite de son texte en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-balustrade-coronavirus-cours-de-philo-yoga-gratuits-avec-la-gymnosophe/

Thierry Caillat, auteur du roman « Camille » inspiré par l’histoire de Camille Claudel

Attendrons-nous d’être plongés dans cette nouvelle crise, infiniment plus grave sur le plan humain, pour nous poser la question du «que faire»? Ne serait-ce pas le moment de lancer le débat — certaines voix ont commencé à le faire —, publiquement, en mettant à profit la disponibilité momentanée des oreilles dans une grande partie de la population? Pas de s’en tenir à des analyses macro-économiques, des querelles entre spécialistes, ni même à des annonces calamiteuses. Il faut se pencher sur le quotidien futur, solliciter l’imagination de tous pour multiplier les idées pratiques, les initiatives, préparer la population à passer brutalement d’un État-providence à son paroxysme, à une démarche proactive face à une terrible adversité. Lire la suite de son texte en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-la-collaboration-de-thierry-caillat/

Eric Jeux, auteur de la saga pour adolescents « Le Temps des infralents »

Mes personnages vivent dans un monde virtuel où ils ont la capacité de façonner la réalité en fonction de leurs souhaits. Cela pose la question de l’imagination puisque pour pouvoir créer un objet, un lieu, voire un animal, il faut d’abord l’imaginer, c’est-à-dire en construire l’image et toutes les caractéristiques à l’intérieur de son cerveau.  (…) Ce qui compte, c’est d’ouvrir les portes de ses mondes virtuels et de les sonder, les nourrir, afin d’aider notre esprit à combattre l’enfermement : le rétrécissement. Nous pouvons nous appuyer sur des paysages connus, sur des souvenirs ou des photos dès lors qu’ils  sont le tremplin, le point d’appui pour le grand saut dans notre imaginaire. Nous ne sommes pas condamnés à l’angoisse et la déprime, contre lesquelles les petits écrans ne nous permettront pas seuls de lutter. Il nous faut aller puiser à d’autres sources, telles la lecture, pour retrouver les trésors oubliés de nos mondes intérieurs. N’hésitons pas à les explorer, à nous y promener. Ils nous aideront mieux que tout divertissement à respirer et à nous libérer le temps de ce confinement. Lire la suite de son texte en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-lecrivain-pour-adolescents-eric-jeux-contribue/

Domitille Marbeau Funck-Brentano, auteure wagnérienne du roman sur le Ring à Bayreuth en 1978 « La Défense d’aimer »

Le confinement : un voyage avec soi-même, entouré de nos livres, disques, photos, temps volé au temps où toutes les contraintes sont abolies, où nous sommes autorisés enfin à jouir de tous les instants pour penser.

Le confinement : un voyage initiatique,  mais comme tout voyage Il peut aussi  prendre corps dans un voyage extérieur, un voyage à Bayreuth dont j’ai fait un roman La Défense d’aimer. 

Aller à Bayreuth pour écouter le Ring, c’est prendre le risque d’être confiné pendant une semaine dans une bulle musicale où plus rien n’existe que la musique de Wagner, ses leitmotive, ses personnages, ses interrogations sur le monde, qui partent de la fascination de l’or au crépuscule des élites pour finir par se consumer dans les flammes qu’elles ont elles-mêmes entretenues.

Sommes-nous en ce moment dans cette bulle qui verra exploser le monde capitaliste ou au contraire fera émerger un monde qui ne doit sa survie qu’à la rédemption par l’amour  rencontrée chez Wagner ? Lire la suite de son texte en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-contribution-de-domitille-marbeau-funck-brentano/

Marc Lumbroso, auteur de « Itinéraire d’un Juif français ordinaire »

Mon président, l’air grave et l’œil bleu sombre, m’affirme que le pire est à venir et que si je veux sauver ma peau et celle des autres, je dois me planquer, me terrer, me confiner, me blottir au fond de mes draps, faire le dos rond et espérer ! 

Moi, qui n’ai connu que la paix, les 30 glorieuses ; qui n’ai pensé qu’à mon bien être, celui des miens et de ceux que j’aime en toute bonne conscience ; on m’annonce que je suis en guerre ! Contre un ennemi, réductible certes, mais invisible, redoutable et vengeur. Situation ubuesque pour un enfant gâté du siècle !

Du fond de ma solitude et de mes angoisses entretenues par des médias, aussi moralisateurs qu’amplificateurs, me voilà plongé dans les réminiscences de mes plus jeunes années, au sortir de la terrible guerre où il n’était question que de bombardements, de morts de barbarie de haine, de pénuries et de danger permanent ! Lire la suite de son texte en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/coronavirus-la-contribution-de-marc-lumbroso/

 

Balustrade Coronavirus, auteurs politiques & polémistes

Balustrade Coronavirus, auteurs politiques & polémistes

Christian de Moliner, auteur notamment de « Islamisme radical : comment sortir de l’impasse ? »
La crise du grand confinement (…) Au fond qu’est-ce une société juste ? (…) Pour ma part, j’estime que dans une société « idéale » doit exister un filet de sécurité pour les accidentés de la vie, mais aussi pour les paresseux qui refusent de travailler. Le RSA, le paiement du loyer aux propriétaires, des bons alimentaires sont donc souhaitables à mes yeux. Seule condition que j’imposerais : le nombre de bénéficiaires de ces prestations ne doit en aucun cas augmenter artificiellement et on doit éviter que 300 000 nouveaux arrivés s’invitent d’eux même chaque année au partage du gâteau, sans avoir été invités par qui que ce soit. Pour le reste un écart plus faible de revenus que celui en place actuellement serait sans doute souhaitable ainsi qu’une réflexion sur les catégories qui dans un monde idéal, devraient être surpayées ou sous payées. Faut-il mettre en avant le diplôme ? L’utilité sociale ? La pénibilité ?  Ce débat sera difficile à mettre en place « les privilégiés » défendant bec et ongles leurs avantages, les « défavorisés » souhaitant accéder à un meilleur niveau de vie. Lire le début de cet article en cliquant ICI

Philippe Olagnier, deux livres à paraître à l’automne dont « Mon poing sur les i »

Philippe Olagnier est profondément militant de valeurs dites traditionnelles, de transmissions, traditions, exemplarité et honneur, respect du passé du pays, et attaché aux idées d’ERNEST RENAN, sur la nation. (…)

Libre penseur convaincu, il est révulsé par la bien-pensance dominante. Ne se reconnaissant pas dans les contours actuels de la société française, il appelle à un futur qui s’inscrive d’abord dans les racines de la nation. Lire la suite en cliquant ICI

Balustrade Coronavirus, écrivains critiquant la société

Balustrade Coronavirus, écrivains critiquant la société actuelle

Paula Marchioni, auteure du roman « N’EN FAIS PAS UNE AFFAIRE PERSONNELLE »

Aujourd’hui, la crise du Coronavirus en révélant, entre autres, la fragilité de notre système de soin nous interroge sur notre fragilité tout courtCe sont les failles de tout notre système économique néo libéral qui sont mises à nu. Peut-on légitimement continuer à ériger le profit et la rentabilité comme seule loi au détriment de l’humain, de la vie, de la nature ? Cet arrêt de travail forcé et collectif peut avoir de multiples vertus. Se confiner peut être l’occasion de repenser notre rapport au travail, son sens : Peut-on tout sacrifier au nom du profit, en commençant par l’humain ? C’est aussi la question qui est naturellement posée à la lecture de ce roman d’entreprise, une véritable descente aux enfers que la course à la rentabilité et à la culture du chiffre impose à l’héroïne « Bobette », dirigeante d’une agence de publicité, confrontée à la folie de sa cliente toute puissante « Super Power ». 

(…) Non, on ne peut pas tout contrôler avec les chiffres, on ne peut réduire l’entreprise juste à un lieu de production de profit et de gestion.(…) Après cette phase de « conscientisation » espérons que des actes suivront, pour un management plus courageux, moins « comptable », plus humain sur le terrain et pas que dans les discours. Une révolution qui doit se faire dans l’intérêt de tous et de chacun, pour une reprise économique sur des bases plus justes et durables. C’est aussi le message de fond que nous délivre ce roman d’actualité, qui narre les violences invisibles du monde du travail, drivé par la rentabilité et le chiffre. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/nen-fais-pas-une-affaire-personnelle-un-roman-de-paula-marchioni-parution-le-2-avril-2020-chez-eyrolles/

Frederika Abbate, auteure du roman « Les Anges de l’Histoire » à paraître en septembre prochain

Mon prochain roman « Les Anges de l’histoire »  initie un cycle sur la fin des temps. Dans ce roman, il y a des choses qui combattent l’incurie, l’incompétence et la cupidité des divers pouvoirs et de l’aliénation qui s’en suit, les manipulations génétiques qui signent le divorce d’avec la nature essentielle. Ces choses sont le désir absolu de vouloir rester humain, avec ses imperfections certes mais aussi et surtout avec la foncière adhérence à la vie authentique, la coïncidence de ce qu’est chacun avec son mode de vie, la création, l’amour, la recherche du sens. Dans la catastrophe sanitaire actuelle, j’ose espérer que c’est cela qui, en partie, pourrait sauver aussi. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/operation-coronavirus-sur-les-ruines-de-lhistoire-par-frederika-abbate/

Terreur versus Peur : (…) Une force maligne envahit tout, s’avance masquée, quelque chose de plus terrible que la peur, quelque chose d’extrêmement sournois et d’inopérant, qui ne remplit plus le rôle bénéfique de signal déclencheur pour parer au danger. J’ai nommé la terreur. La mithridatisation de la peur a donné la terreur. (…) La terreur tétanise. C’est son rôle. La terreur fait oublier la peur première que toute civilisation devrait toujours garder en tête, sous peine de se dissoudre : la peur de disparaître, de s’entretuer. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/terreur-versus-peur-rehabilitation-de-la-peur-par-frederika-abbate/

Belle âme (Pandemic 1) : (…) C’est gentil d’applaudir sur les balcons chaque soir à la même heure. Cela leur fait une belle jambe, à ceux qui sont applaudis. Je ne dis pas celles et ceux car c’est piètre comme expression. Expression répétée à l’envi parce que c’est gentil. C’est gentil d’être gentil. Cela fait paraître beau. Cela fait paraître aimable, dans le sens «  qui peut être aimé  ». Pendant ce temps, la réflexion est mise au placard. C’est le règne de la belle âme. Et chacun se l’achète à bon compte, car tout s’achète et tout se vend. Ceux qui l’oublient, oublient de penser. (…) Le pire des royaumes. Il s’appelle «  belle âme  ». Son drapeau et son modus operandi c’est «  déni de la réalité  ». Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/pandemic-1-belle-ame-par-frederika-abbate/

Culte de la mort (Pandemic 2) : (…) Il n’y a plus aucun respect pour la vie. Cette année, le printemps, ce n’est pas la reverdie. C’est le culte de la mort. Ce qui me fait froid dans le dos aussi c’est le meurtre de la pensée. Imbus d’idéologie, tenant à paraître soi-disant larges d’esprit, mais ne faisant en vérité qu’obéir aux mots d’ordre lancés par le pouvoir qui, comme sur un coup de baguette magique, se transforment en belles idées que beaucoup de gens s’empressent de défendre, ces bien-pensants n’argumentent pas quand ils ne sont pas d’accord avec d’autres. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/pandemic-2-culte-de-la-mort-par-frederika-abbate/

Pour un tribunal futur (Pandemic 3) : La personne meurt sans qu’un proche lui tienne la main. Elle est déjà rejetée du monde des humains. L’un des traits qui caractérise l’humain, c’est qu’il peut être justement inhumain, dans le sens perfide et cruel. Là, sont inhumains les états et tous leurs complices qui font que se produisent ces monstruosités. Et les médecins, les infirmiers, les infirmières, tout le personnel pleurent. Un jour viendra, et malheureusement il est très proche, où l’univers sera fait de non-humains. La cruauté et la perfidie seront intégrées par tout le monde. Les autres, les humains, seront tous morts. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/pandemic-3-pour-un-tribunal-futur-par-frederika-abbate/

La nouvelle bourse (Pandemic 4) : Je ne sors plus parce que je ne supporte pas de devoir éviter les gens, de ne pas rêver, penser, observer la vie comme je le faisais toujours, et de devoir épier pour voir s’il n’y a pas des gens aux alentours. Il y en a aussi qui s’en fichent, et qui me foncent dessus. Ils sont tous des fusils potentiels. Alors je me mets à les haïr. Je ne veux pas haïr parce que je n’ai pas été mise au monde pour faire le jeu du pouvoir. Car par cette haine insidieuse, le pouvoir peut obtenir ce qu’il désire depuis toujours. L’individualisme effréné. Que les gens ne puissent plus s’unir pour s’en défendre. Ainsi, il pourra plus facilement encore les dominer. On ne ferme pas les frontières, elles sont individualisées. Or, Hannah Arendt l’a appris à ceux qui ont des yeux et des oreilles pour voir et entendre  : l’atomisation totale des individus et l’abolition des états-nations, c’est ce que veut le totalitarisme. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/pandemic-4-la-nouvelle-bourse-par-frederika-abbate/

En mai fais ce qu’il te plaît (Pandemic 5) : Mon tempérament ne peut pas faire le jeu du pouvoir, en croyant que, dans ces cas, c’est la seule mort qui tue. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/pandemic-5-en-mai-fais-ce-quil-te-plait-par-frederika-abbate/

 

Balustrade Coronavirus, auteurs santé / psycho / famille

Balustrade Coronavirus, auteurs santé / psycho / famille

Kathya de Brinon, victime de l’inceste et Présidente fondatrice de l’association S.O.S. Violenfance – Prévention de m’inceste et de la pédocriminalité, auteure de « La femme aux cicatrices, survivante de l’inceste »

 Inceste et coronavirus : le match du siècle… Les enfants mis en danger par le confinement car l’ennemi est dans 80% des cas de pédocriminalité un membre de la famille qui sévit dans leur propre maison

Depuis l’Antiquité, et aujourd’hui encore, des millions d’enfants ont été, et sont toujours, victimes de parents incestueux ou de pédocriminels… Dans tous les pays, sur tous les continents, dans tous les milieux sociaux… Et pourtant, la pédocriminalité n’est pas une maladie contagieuse… Pas de virus mortel ! Qu’a-t-on fait pour ces enfants ? Rien, ou si peu… En tout cas, aucune opération d’envergure mondiale comme celle que l’on vit aujourd’hui pour combattre le coronavirus… Et des millions de jeunes vies ont été massacrées, lorsqu’elles ne se sont pas terminées prématurément par le suicide… Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/le-confinement-met-nos-enfants-sont-en-danger-dans-leurs-familles-par-kathya-de-brinon/

Docteur Jacques Fiorentino, auteur de nouvelles sur la paternité « Père, Passe et Manque »

CV ; Quatre règles simples pour bien vivre le confinement ; Comment peut se transmettre le virus ? ; Le corona virus créé en laboratoire ?

Le regard du docteur sur le Covid – Depuis près de 50 ans on ne parle de la Santé que pour évoquer les dépenses engendrées et les moyens de couper dans ce qui apparait accessoire alors même que plus de la moitié du PIB est consacrée aux dépenses publiques. On a oublié que la Santé, au même titre que l’Education, la Justice, la Sécurité, est une valeur essentielle qui doit être assurée dans les conditions optimales. On a oublié que la Santé est un investissement essentiel pour un pays et non pas seulement des dépenses. Ce qui se passe actuellement avec un pays en voie d’arrêt en donne une preuve dramatiquement éclatante. Cette pensée sur la « Santé dépensière » a formaté plusieurs générations de dirigeants politiques et économiques et voici le résultat. Lire la suite en cliquant ICI https://guilaine-depis.com/le-regard-du-docteur-jacques-fiorentino-sur-lactualite-covid-19/

Pandemic 5 « En mai fais ce qu’il te plaît » par Frederika Abbate

PANDEMIC 5, « En mai fais ce qu’il te plaît » Par Frederika Abbate

Le 11 mai, je le sais, est une date arbitraire. Elle ne correspond à rien de concret. Pourquoi le 11 mai  cessera le fait d’être en résidence surveillée ? Parce que tout le monde pourra avoir des masques de protection  ? Parce que tout le monde pourra être testé  ? Parce qu’il y aura suffisamment de lits dans les hôpitaux, de machines respiratoires, de personnel soignant  ? Et que donc les personnes contaminées pourront être soignées correctement et mises en quarantaine  ? Et que donc la pandémie pourra commencer à être endiguée comme il se doit  ? Ceci se passerait dans un autre pays que la France, dans un autre temps, un autre monde… Car pour fabriquer les masques, les tests, les places dans les hôpitaux, il faudrait être en mesure de le faire. Or, la crise sanitaire actuelle révèle que le pays n’est pas en mesure de le faire. La France a été vendue en tranches. Et en plus, pour des sommes dérisoires.

Le 11 mai n’a été nullement choisi pour des raisons rationnelles, concrètes, viables. Car, je regrette, rien de tout ça à l’horizon. Mais rien ne se fait sans raison. Le 11 mai, cela doit bien correspondre à quelque chose. À quelque chose qui n’est pas valable évidemment sur le plan sanitaire et social. On ne peut pas interdire aux personnes de sortir indéfiniment. On ne peut pas faire perdurer indéfiniment la période dite de «  confinement  ». Ce mot ridicule comporte plusieurs connotations utiles au pouvoir  : 1° C’est mignon d’être confiné, cela évoque le douillet, la protection agréable  ; 2° Cela évoque en soubassement la restriction, la contrainte, pour ne pas dire la mesure répressive masquée sous le côté protecteur et mignon… 3° Empêcher de faire penser à ceux qui peuvent rester chez eux que justement ce n’est pas le cas de tout le monde, que la moitié de la population est obligée d’aller s’exposer pour gagner sa vie. Alors, pourquoi le 11 mai  ? Cette date est révélatrice et emblématique de la manière dont ici depuis quelque temps se passent les choses. D’abord, il fallait donner l’idée de confiner le confinement. Pour endormir les masses. Ainsi, celui qu’on appelle le président devait lâcher quelque chose d’un peu concret. Les gens commencent à en avoir marre, à se poser des questions, à s’angoisser. Alors, on cherche une date qui ne soit pas trop proche, parce qu’en fait, quand le confinement sera véritablement viable, ma foi, on n’en sait rien. Mais pas trop lointaine non plus. Parce que sinon la population pourrait se mettre à réfléchir, à s’énerver, à manifester aussi peut-être pourquoi  pas  ? Bref, à se réveiller enfin. Car le pays ne se gouverne plus. Il marche à la séduction et à l’endormissement. Alors d’abord on lâche une date appropriée quant au plan psychique, c’est très important le psychique dans une mission de séduction et de manipulation. Tout en confinant le dé-confinement, en disant oui mais, pas pour tout le monde. Sur ce, quelques jours plus tard, son valet en chef commence à dire que cela se fera très, très progressivement. On laisse passer encore quelques jours, parce qu’il faut que cela infuse. Et celle qui porte la parole fausse de son gouvernement, rajoute encore quelques couches en rappelant que cela va être un long travail, qu’il faut bien réfléchir, que cela ne se fera pas pour tout le monde en même temps. C’est très important, cette idée que cela ne se fera pas pour tout le monde en même temps. Parce que cela, de façon insidieuse et sûre, va continuer à fracturer, à diviser la population. Pourquoi lui, il peut être libre et pas moi  ?

Or, malgré ces entreprises d’endormissement et de séduction, la douleur et la colère montent. Je le vois à cette sorte d’acceptation de la mort. Oui, la mort est naturelle, inévitable et vouloir la neutraliser comme le voudraient le post-humanisme et la nouvelle techno-médecine qui a commencé à se propager chez les riches, c’est criminel. Je le sais bien, j’ai écrit un roman à ce sujet qui va paraître. Mais je ne veux pas mourir à cause d’un gouvernement et d’un pays indigents. Sur des tableaux, listons chez plusieurs pays, les nombres de cas déclarés touchés par le virus et le nombre de morts. Pour certains pays, pour des nombre de cas déclarés à peu près équivalents, les nombres se référant aux  morts sont très différents. Beaucoup dans un pays, beaucoup moins dans un autre. S’accusent ainsi des écarts considérables. Il faut croire qu’on n’est pas tous égaux devant la mort. Et ceci, non pas du fait de raisons intrinsèques mais du fait de l’environnement, de la qualité de la prise en charge, des soins. Chaque soir, le bourreau énonce des montagnes de chiffres. Et la pandémie commence à être comparée à des pandémies affreuses. Ce qui est faux bien sûr. On accentue à l’extrême la gravité de cette pandémie pour pallier l’incurie, la gestion basée sur la séduction pour cause d’incapacité à traiter vraiment le problème, pour signifier  : Voyez, si les gens meurent comme ça, ce n’est pas à cause de nous. C’est à cause du seul virus. Il est diabolisé car cela forme un alibi.

Le problème quand se produit une répression forte et qui, de surcroît, est impuissante à nous protéger, c’est que cela enclenche presque systématiquement la réaction inverse, légitimant le fait qu’il y ait des malades et des morts, en invoquant le fait naturel  : la mort. Si tant de gens sont malades et meurent actuellement, ce n’est pas tant à cause du virus, que de la manière dont cela a été traité et cela continue à être traité ici, c’est-à-dire fort mal. C’est pourquoi, mon cœur se refuse à mettre en perspective les morts par accidents de la route, cancers, infarctus ou autre motif avec les personnes qui, par ce coronavirus, sont déjà mortes, qui vont mourir aujourd’hui et qui mourront demain et encore demain… Une chose est d’accepter l’inéluctabilité de la mort, ce que nous devrons tous faire un jour ou l’autre, acceptation d’ailleurs gravée dans notre inconscient car lui ignore la mort. Une autre est d’avaler le fait que, pour un certain nombre de personnes, la mort n’aurait pas fauché. Cela, c’est plus dur en somme, beaucoup plus dur à accepter. Mon tempérament ne peut pas faire le jeu du pouvoir, en croyant que, dans ces cas, c’est la seule mort qui tue.

33ème jour de «  confinement  », quand l’incurie du pouvoir se fait passer pour la faucheuse.

Top Santé met à jour son interview du docteur Jacques Fiorentino

Le coronavirus (Covid-19) a-t-il vraiment été créé en laboratoire ?

C’est une fake news largement relayée sur les réseaux sociaux : le coronavirus SARS-Cov-2 aurait été créé en laboratoire. Une info fausse et dangereuse.

Incroyable mais vrai : tandis que les chercheurs s’efforcent de trouver un traitement contre le coronavirus, les théories du complot, elles, n’en finissent pas de se propager. Sur les réseaux sociaux, il y en a une qui a la faveur des complotistes : le coronavirus SARS-Cov-2 (responsable de la maladie Covid-19) aurait été créé en laboratoire par des scientifiques maladroits… ou peu scrupuleux. Selon une enquête de l’Ifop réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française fin mars 2020, 26 % des Français seraient persuadés que le coronavirus a été créé en laboratoire – 17 % pensent qu’il a été fabriqué « de manière intentionnelle » et 9 % « de manière accidentelle« .

VIH et coronavirus. Dans un entretien au site Pourquoi docteur ?, le 16 avril, le professeur Montagnier explique qu’il ne croit pas que le Covid-19 provienne d’une contamination dans un marché de Wuhan. Selon lui, « le coronavirus est sorti d’un laboratoire chinois avec de l’ADN de VIH« . Rappelons que, depuis plusieurs années, le Prix Nobel de médecine a développé des théories controversées, notamment sur l’origine et la transmission du VIH, sur l’homéopathie ou encore sur la vaccination.

« Des travaux sur les coronavirus ont effectivement été conduits dans les laboratoires de Wuhan, notamment suite aux épidémies de SRAS (en 2002) et de MERS (en 2012), en collaboration avec le National Institutes of Health (NIH, aux États-Unis) en particulier, reconnaît le Dr. Jacques Fiorentino, médecin. Toutefois, à l’heure actuelle, rien n’indique que le coronavirus Sars-Cov-2 a été créé en laboratoire. Il me semble qu’aujourd’hui, la priorité, c’est de lutter contre cette épidémie mondiale : ce n’est pas le moment de chercher des coupables, d’élaborer des explications sans données précises et encore moins de laisser se propager des théories complotistes évidemment anxiogènes.« 

Existe-t-il un lien entre le VIH et le coronavirus ? « À ce jour, aucun expert spécialiste du SIDA n’a mis en évidence cette donnée, objecte le Dr. Fiorentino. En France, nous avons de nombreux experts reconnus à l’international.« 

Le coronavirus SARS-Cov-2  a-t-il été conçu en laboratoire ? « Non » répond catégoriquement le Dr. Jacques Fiorentino. « À partir de modèles expérimentaux, les chercheurs ont pu reconstituer le trajet du coronavirus SARS-Cov-2 : si les spécialistes ne sont pas encore 100 % sûrs de ses origines exactes, le coronavirus est bel et bien passé de l’animal à l’homme.« 

Une déclaration confirmée par une étude internationale, conduite par des chercheurs britanniques, américains et australiens, publiée le 17 mars 2020 dans le journal Nature : « nos analyses montrent clairement que le SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus délibérément modifié » concluent les scientifiques. Limpide.

Le virus SARS-Cov-2 a-t-il pu « s’échapper » d’un laboratoire ? Peu probable, selon le Dr. Jacques Fiorentino : « le niveau de sécurité d’un laboratoire de virologie est encore plus élevé que celui d’une centrale nucléaire. Par ailleurs, pour répondre aux complotistes qui misent sur une maladresse de l’armée, ce sont principalement des bactéries qui sont étudiées dans le cadre militaire (comme dans « arme bactériologique ») – or, comme son nom l’indique, le coronavirus est un virus.« 

S’INFORMER, OUI, MAIS PAS TOUT LE TEMPS ET PAS N’IMPORTE COMMENT !

Puisque aucune publication sérieuse ne soutient l’hypothèse d’un virus créé en laboratoire, pourquoi les théories du complot sont-elles autant relayées ? « D’un point de vue psychologique, il est rassurant d’avoir un coupable à blâmer lorsqu’on est dans l’incertitude, analyse le Dr. Fiorentino. Pendant l’épidémie de peste du XIVème siècle, par exemple, on a accusé les populations juives : c’est un réflexe humain que de vouloir rejeter la faute sur quelqu’un.« 

Mais d’autres éléments plus terre-à-terre jouent aussi : « les complotistes trouvent étrange que le coronavirus SARS-Cov-2 ait été aussi rapidement identifié par les chercheurs, par rapport au virus du Sida, par exemple, qui a nécessité plus d’un an d’étude, souligne le Dr. Fiorentino. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce coronavirus appartient à une famille (les Coronaviridae) que l’on connaît bien, suite aux épidémies de SARS et de MERS. Nous avions déjà toutes les clés en main pour l’identifier.« 

En outre, « les (nombreuses) zones d’ombre qui subsistent quant aux origines de ce virus attisent les théories complotistes. Elles sont notamment liées au pays à partir duquel l’épidémie s’est propagée dans le monde : en Chine, l’information (même scientifique) est verrouillée, ce qui fait qu’on ne sait pas exactement de quand date le premier cas de Covid-19, combien de malades sont décédés, à quelle date est apparu le virus… » La liberté d’informer, premier rempart contre les fake news !

Le conseil du médecin ? « Il est tentant de rester bloqué devant une chaîne d’info en continu en ces temps difficiles. Mais je crois que la saturation a tendance à émousser le sens critique : plus on ingurgite d’information, moins on est capable de faire la part des choses entre ce qui est fiable et ce qui est fantaisiste. Je recommande donc un « temps » dans la journée consacré à l’information (une heure ou deux, ça suffit) avec des sources fiables (idéalement scientifiques). Il faut aussi accepter que, pour le moment, on ne sache pas tout : ne succombez pas à la tentation de « combler le vide » avec des théories farfelues !« 

Merci au Dr. Jacques Fiorentino, ex-urgentiste (SAMU et SOS Médecins), ex-instructeur pour la Croix Rouge Française.

Opération Coronavirus : « Sur les ruines de l’Histoire » par Frederika Abbate

Par Frederika Abbate

Sur les ruines de l’Histoire

Le COVID-19 et le « Progrès »

Walter Benjamin dans son génie a imaginé l’Histoire telle une seule et unique catastrophe, que fixe l’Ange de ses yeux effrayés. Ailes déployées et tournant le dos à l’avenir, le visage tourné vers le passé, il voudrait réparer ce champ de ruines, le remembrer. Mais il en est empêché. Car le vent du Progrès, qui souffle constamment, l’en éloigne à jamais.

Pour le titre et la teneur de mon roman « Les Anges de l’Histoire », je me suis inspirée de ce texte de Benjamin où apparaît son fabuleux Ange de l’Histoire, évoquant le tableau « Angelus Novus » de Paul Klee, acquis par le philosophe en 1921 et qui, après quelques déplacements dus à la deuxième guerre mondiale et à la fuite de Benjamin menacés par les nazis, a fini par se retrouver au musée d’Israël.

Dans « Les Anges de l’Histoire », le « progrès » de la marche du monde où, justement, de monde il n’y en a plus qu’un, aboutit à un état de perfection du capitalisme jamais atteint auparavant, qui aplatit la singularité des individus, neutralise les personnalités et, secondé par le « progrès » techno-scientifique, vise à la destruction de la nature humaine, par, notamment, des manipulations génétiques allant jusqu’à vouloir l’éradication du maître absolu, la mort.

Le maître absolu : la mort

Tout ceci se retrouve et se décline dans la pandémie actuelle. L’éclosion du virus, (sa prolifération d’abord chez l’animal et son passage à l’humain par la gestion cupide de l’élevage et de la vente d’animaux au détriment de l’hygiène), sa propagation, non par laxisme ou incurie mais par choix délibéré et idéologique de ne pas toucher à la sacro-sainte liberté de circulation, qui, dans une situation aussi catastrophique qu’une crise sanitaire, révèle sa face et sa fonction véritables : le capitalisme sans frein. Ainsi que les manipulations politiques subséquentes ne reculant pas à jouer insidieusement sur le maître absolu qu’est la mort, l’instrumentalisant à leur profit.

Les Anges et les ruines

Ma mission de romancière est double. Voir, observer, prolonger, pousser à l’extrême pour mieux voir et rendre visible tout ce qui concerne les données essentielles de l’humain, d’une part dans leur versant atemporel ; et d’autre part prises dans les conjonctures les plus actuelles en mettant en relief les dégâts que celles-ci causent dans la vie et l’esprit des êtres.

Parallèlement à cela, le deuxième pan et non des moindres de ma mission, consiste à proposer un style de vie, de pensée, de ressentir qui me semble authentique et qui entre en résistance contre nos faiblesses intrinsèques et les répressions extérieures diverses que plus ou moins consciemment nous subissons.

Ainsi, pour le premier point, je vois la pandémie comme l’un des rejetons du drame où nous ont menés des années de malfaisances et qui se sont cristallisées dans le virus. Vouloir toujours plus, ne pas songer au lendemain, ne pas se soucier des facteurs proprement humains, ne penser qu’à la rentabilité outrancière. Et l’on voit d’ailleurs qu’on aboutit à l’inverse du résultat escompté. Car comme la plupart des états n’ont pas voulu fermer les frontières dès le début, étant aliénés à la marche inexorables du profit, méprisant la nécessité élémentaire consistant à protéger les populations, des crises économiques plus graves vont en résulter. Dans « Les Anges de l’Histoire », la marche inexorable du capitalisme libéral montre que l’on pourrait aboutir à la disparition de la nature humaine. Et la catastrophe sanitaire que nous traversons ramène à l’atmosphère d’apocalypse de ce roman, à son questionnement central sur la valeur de la vie humaine (dans les hôpitaux de France, vu leur degré de dégradation, le choix doit être fait souvent entre qui doit vivre et qui doit mourir). Dans « Les Anges de l’Histoire » est rendu visible le risque d’aller jusqu’au bout de l’humanité : de plus en plus de gens mènent une vie asservie au profit, au paraître et qui sont prêts à tout, vraiment à tout pour écraser les autres. Trop cupides, ils se sont éloignés du principe vital. En voulant toujours plus, ils bafouent le corps humain, l’amour, la mort… C’est un monde ravagé par la machine idéologique du profit, où sont neutralisés les élans primitifs essentiels, l’amitié, l’authenticité d’une vie en accord avec soi-même, la singularité des individus… Or, tout ceci amène aussi à la pandémie. La pandémie va rendre encore plus criantes des injustices et des inégalités scandaleuses.

L’immunité collective

Comme dans « Les Anges de l’Histoire », des gens vont être sacrifiés. Envoyés au casse-pipe, pour que se résolve d’elle-même la pandémie. L’immunité collective est inhumaine. Il faut le dire. C’est cela qui va arriver. Comme en témoignent les annonces venant d’être faites au sujet de la fin de ce qui est appelé «confinement». Les enfants pourront retourner à l’école. Petits porteurs sains et dans l’impossibilité absolue due à votre âge d’employer les « gestes barrières », contaminez bien vos enseignants, vos parents. Et vos parents d’ailleurs pourront mieux travailler parce que l’école, pour les petits, sert aussi de garderie, pas seulement à formater les esprits. Tandis que les étudiants, qui sont capables d’appliquer les « gestes barrières » mais n’ont pas besoin d’être gardés, ne pourront pas retourner à la fac. Étrange, non ? D’abord, on nous enferme, parce qu’on n’a pas voulu faire le nécessaire à temps. Sans compter que seule la moitié de la population reste chez soi, les autres sortant pour aller travailler… Et ensuite, on nous libèrera. Comme ça, trop heureux de pouvoir enfin profiter du printemps, on va se contaminer à profusion. Tout cela est savamment orchestré. On nous le dit, je n’invente rien. Il faut faire de la place dans les hôpitaux. Tout s’orchestre à partir de là. À partir des budgets restreints pour la santé, finalement… On criera à la joie de la fin du « confinement » mais pas de la fin de la pandémie. C’est là qu’il faudra faire très attention.

Alors, celui qui peut ne pas travailler encore quelques mois, ayant des réserves financières, pourra ne pas aller s’exposer. Tandis que ceux qui seront obligés d’aller travailler pour gagner leur vie, s’exposeront. Et ils travailleront ainsi, à leurs risques et périls dans le sens littéral du terme, à l’inhumaine immunité collective.

La vie ou la mort

Dans les hôpitaux de France, pays apparemment rangé dans les pays développés (en quoi serait-elle développée ?), faute de lits et de matériel, le personnel hospitalier est investi de l’horrible tâche de devoir choisir. Dans le fond, je ne vois pas pourquoi des personnes âgées auraient moins le droit de vivre que d’autres. Pour moi, une vie est une vie. Ce problème nous concerne tous actuellement, c’est un vrai problème d’éthique. Je ne sais pas si l’on mesure à quel point cela va changer la vie des personnes dans les milieux hospitaliers d’avoir eu à faire ces « choix ». Ce qui pose une question essentielle : notre rapport à l’humanité, à ces questions de vie et de mort va changer. Et il est à craindre que ce soit pour le pire.

Il y a toutes les « petites » professions non-protégées, qui ne peuvent pas être exercées. Comment vont survivre ces gens ? Il y a tous ceux qui ne peuvent pas travailler, qui sont au bord de la faillite, la faillite financière et morale. Comme ce restaurateur indien que je connais, qui est en France depuis 40 ans. Cela fait 40 ans qu’il travaille, sans prendre un seul jour de congé (même s’il est souffrant), parce qu’il en a un besoin absolu pour vivre. Il n’a pas à choisir entre la santé ou l’argent. Il sait que sans argent, il ne sera pas correctement soigné. Si on peut se payer 3 000 € par jour, à l’hôpital américain, on risque beaucoup moins de mourir, non ?

Les dommages collatéraux

Les gens, déjà très individualisés et menant des vies inauthentiques, vont être encore plus individualisés et encore plus aliénables, corvéables à merci. Les livreurs sont très exposés, eux qui ont servi à celui qu’on appelle le président de montrer que soi-disant la courbe du chômage a baissé, alors qu’ils n’ont aucun droit.

Il y a tous les dommages collatéraux, dont on ne parle pratiquement pas. Les banlieues qui sont devenues plus que jamais des zones de non-droit que le gouvernement abandonne complètement. Les règles ne sont pas respectées, ce n’est pas grave. Ce n’est pas la peine d’envoyer la police, laissons gérer (contrôler, dominer) ces zones par les dealers, les islamistes. Que les gens se contaminent à qui mieux mieux. Bon débarras, cette vermine de banlieue, pourvu que soit sauvé qui doit être sauvé intra-muros (ce terme reprend ici toute sa résonance). Et comme il y a peu de monde dans les rues et pas de contrôle dans ces banlieues, les voyous terrorisent les vendeuses esseulées dans les petits commerces de bouche, livrées à elles-mêmes, sans défense.

Poisons de la mondialisation

Comme révélateur, la pandémie va nous montrer la cupidité frénétique des laboratoires pharmaceutiques. La molécule d’un certain spécialiste des maladies infectieuses de renommée internationale est bafouée, juste parce qu’elle ne vaut pas cher.

Elle nous montre aussi les méfaits de la mondialisation. Plus un seul coin de sauvé. Sauf l’extrême nord et j’espère que cela ne va pas atteindre les peuples qui vivent là-bas, qui subissent déjà les méfaits des pollutions causées par l’occident, alors qu’ils n’y sont pour rien.

Il n’y a plus qu’un monde, un modèle unique, ce qui veut dire que nous n’habitons plus nulle part, puisqu’on ne peut pas faire sien un quelconque pan de terre. Ce qui veut dire que la nature n’existe plus, pas seulement à cause des pollutions diverses mais dans notre rapport au lieu. La mondialisation est le non-respect par rapport à chaque peuple, sous couvert de respect. Dire que tout est pareil et appartient à tout le monde revient à faire que plus rien de vrai n’existe et que personne ne détient quoi que ce soit, à part une poignée de puissants pour qui le monde est une vaste cour de récréation, et qui sont en train de manger la laine sur le dos des anges…

Les Anges

Les virus mortels… je les ai imaginés dans le roman que je suis en train d’écrire, qui vient après « Les Anges de l’Histoire ». Mais jamais je n’aurais cru vivre cela moi-même. J’ai mis du temps à accepter, et je ne sais pas si cela peut s’accepter vraiment, que ce pire deviendrait actuel. Et c’est donc maintenant que le deuxième pan de ma mission de romancière s’avère pleinement indispensable. La proposition d’un nouveau mode de vivre et de penser qui soit plus en adéquation avec la vie terrestre, avec une ouverture d’esprit plus grande, une sensibilité aiguisée. Ce qui ne peut avoir lieu qu’avec le courage d’être soi, de se créer sans cesse, de ne pas correspondre aux schémas pré-fabriqués, aux rôles qu’on veut nous faire endosser. C’est pourquoi dans « Les Anges de l’Histoire », même si souffle toujours violemment le vent du Progrès qui, non seulement veut empêcher de réparer la grande catastrophe qu’est toute l’histoire, tout le passé, mais pousse inexorablement à commettre toujours plus de ravages, il y a un groupe de résistants qui vont en essaimer d’autres. Les « Anges de l’Histoire » révèle les misères du monde dit réel, notre monde, où les humains seront des monstres complets. Ce qui risque de se produire dans le réel si des groupes de gens réveillés, encore singuliers, n’alertent pas les autres et n’entrent pas en résistance pour combattre ces méfaits.

La fin des temps

« Les Anges de l’histoire » initie un cycle sur la fin des temps. Dans ce roman, il y a des choses qui combattent l’incurie, l’incompétence et la cupidité des divers pouvoirs et de l’aliénation qui s’en suit, les manipulations génétiques qui signent le divorce d’avec la nature essentielle. Ces choses sont le désir absolu de vouloir rester humain, avec ses imperfections certes mais aussi et surtout avec la foncière adhérence à la vie authentique, la coïncidence de ce qu’est chacun avec son mode de vie, la création, l’amour, la recherche du sens. Dans la catastrophe sanitaire actuelle, j’ose espérer que c’est cela qui, en partie, pourrait sauver aussi.

Le 16 avril 2020 – 31ème jour de « confinement » quand les humains risquent de devenir an-humains.

TERREUR VERSUS PEUR « Réhabilitation de la peur » par Frederika Abbate

TERREUR VERSUS PEUR (à lire ici : https://issuu.com/whiterabbitprod/docs/white-rabbit-dream-la-peur-issuu)

Réhabilitation de la peur paru dans White Rabbit Dream 3/La Peur, mars 2020

J’imagine un monde délivré de la peur.

Il y règnerait l’insouciance. Je peux jeter mes déchets partout, polluer les terres, les mers, les ciels. Je suis au sommet de tous les règnes. La nature est mon esclave.

Il y règnerait le sentiment de la liberté. Je peux marcher sur les pieds de quelqu’un dans la rue, lui marcher même sur la tête si j’en ai envie.

Il y règnerait une impression de toute-puissance. La force est de mon côté, la superbe, le fun, l’élégance. Tous ceux qui ne sont pas comme moi, les pauvres et les ringards, n’ont qu’à disparaître puisqu’ils ne suivent pas la marche du progrès.

Il y règnerait l’impunité totale. Au nom de la sécurité et de la loi, je peux donner l’ordre de matraquer, mutiler, éborgner… Parasite de la révolte, je peux fracasser des boutiques, voler ce qu’il y a à l’intérieur, frapper.

Il y règnerait la permission absolue de tirer profit de la vie humaine. Je peux arrêter d’un coup la fabrication d’un médicament destiné à combattre les maladies graves, parce qu’il n’est pas assez rentable, et créer une pénurie de ce médicament essentiel, sans m’en soucier.

Je peux ne pas réagir en sachant pertinemment que le monde va mal, que la planète est en train d’être détruite. Tant que mes poches sont renflouées, tant que je suis dans les premiers rangs, qu’est-ce que cela peut me faire ?

Il y règnerait l’inconscience. Puisqu’on peut me blesser, me tuer d’une balle, de coups de couteau, de coups de véhicule ou je ne sais quoi d’autre, à quoi sert-il d’avoir peur ? J’aurais peur tout le temps et une telle vie n’est pas possible. Tous les jours, en sortant de chez moi, je cours ce risque. Et même si je ne sors pas d’ailleurs. Parce qu’il peut se produire une explosion de gaz dans une boulangerie près de chez moi, sans qu’on me dise pourquoi, comme cela s’est produit tant de fois.

Quelle merveille de vivre dans un monde délivré de la peur ! Vivre dans un monde qui est en train de courir à sa perte.

 

Malheureusement, je ne l’imagine pas, ce monde. Il n’est que trop réel. Un danger mortel cerne les humains. Et ils ne s’en rendent pas compte.

 

Notre siècle se fonde, se construit et perdurera (ou non) sur une série de disparitions. L’une de ces disparitions, et non des moindres, est la peur. La peur a disparu.

Nous vivons sur les ruines de la peur.

C’est bien de cela dont on devrait avoir peur. Peur de la disparition de la peur. Car la peur est essentielle.

La peur, émotion première, qui signale la présence d’un danger. Le signal du danger est capital pour la survie.

 

L’ouverture au temps, basée sur la peur de disparaître, permet de s’armer contre la faiblesse intrinsèque de notre condition et de se prémunir de la pulsion première, ou du moins l’une d’elles, visant à s’entretuer. La peur de cette disparition tenait les humains liés entre eux. La peur était opérante. La peur de la disparition a créé la civilisation, par les actions héroïques, les poèmes qui les chantaient, l’art, les religions qui relient… tout ce qui perdure.

Comme la bombe atomique sert principalement dans son pouvoir dissuasif, ne sert donc que si on ne s’en sert pas, la peur de la disparition globale servait à ne pas disparaître en tant qu’humanité globale. Elle tenait dans son pouvoir dissuasif.

Jusqu’à la moitié du 20ème siècle, la peur a rempli cette fonction. Même la guerre de 14- 18 et la grippe qui s’en est suivie, qui ont fait des millions de morts, n’ont pas écorné la peur. Car ni cette guerre ni l’épidémie, bien que monstrueuses par les hécatombes qu’elles provoquèrent, n’ont donné l’idée que l’entière humanité pouvait se détruire par elle-même. Elles ne faisaient pas système.

 

L’aujourd’hui se dresse sur les ruines de la peur. La peur a été usée jusqu’à la corde. La Shoah. L’URSS. Mao. Pol-Pot. Là, il a été vu, éprouvé, subi que l’humanité en tant que telle avait commencé à disparaître, en tout cas qu’une telle chose était possible. On a pu parler alors de la fin de l’histoire. Hitler, peut-on voir énoncer Hannah Arendt dans une interview filmée, Hitler n’est pas un grand criminel de guerre. Il n’y a que des grands crimes. Il faut arrêter de romantiser les criminels. Hitler, dit-elle en caressant son chat car je crois qu’à ce moment-là elle avait besoin de réconfort, est un clown. Entendre le mot «clown »prononcé à l’américaine, aux sonorités bien ouvertes, dans la bouche alors un peu carnassière de Hannah Arendt, permet de saisir, comme de l’intérieur, le drame.

 

Il est bien sûr indispensable de rappeler toujours les crimes perpétrés dans le sanguinaire 20ème siècle. Par devoir de mémoire envers les personnes assassinées et celles blessées à vie. Et pour mettre en garde, pour que cela ne se reproduise pas. Mais cela ne vaudra que de manière partielle. On a voulu détruire un pan de l’humanité. Mais l’humanité entière en tant que telle est toujours là. Insidieusement, est-ce que cela n’a pas planté dans le cœur de chacun une horrible semence ? Une peur paradoxale, aboutissant à son effet inverse ; le sentiment que l’humanité de toute manière se relèvera, qu’elle ne pourra jamais être éradiquée ou remplacée. La peur réversible…

Quand le pire qu’on craignait est survenu, de quoi avoir peur ? La peur en tant que signal d’UN danger a été détruite. Et avec la destruction de cette peur ancestrale, nous risquons d’être détruits aussi. Car l’histoire n’est pas finie, même hideuse, elle continue. Même si la nature ancienne de la peur a disparu. Quand ce que vous craigniez le plus est arrivé, la peur est derrière vous. Vous êtes effondré. Mais vous n’avez plus cette peur. Vous êtes passé au- delà de la peur. Et c’est grave. Car c’est la peur qui, dans l’appareil des émotions et des affects, permet de détecter la présence d’un danger. C’est à partir de ce signal qu’on se met en mouvement pour échapper à la menace, d’une manière ou d’une autre, se battre, se mettre à l’abri. Le danger était perceptible, repérable, un, identifiable, indivisible. C’était simple, basique, naturel ; l’humanité craignait de disparaître. Cette disparition foncière s’est colmatée quelque temps par la menace de la bombe atomique.

 

Quand le monde était encore divisé en deux blocs antagonistes et puissants, du temps où sévissait encore l’empire soviétique, la peur du déclenchement de la bombe atomique était solide, repérable, indivisible ; quelque chose de franc et net, brutal.

L’URSS n’existe plus. Cette peur s’est évanouie. Elle s’est disséminée en maintes parcelles infinitésimales, même si les dommages peuvent s’avérer catastrophiques. D’une part dans les accidents des centrales nucléaires, pour ce qui en est de l’atome. D’autre part dans les assassinats terroristes, pour ce qui en est des forces antagonistes en présence.

La peur est devenue une nuée, une constellation de nébuleuses, une poussière non repérable qui s’infiltre par tous les pores de la pensée.

La mithridatisation, du nom de son inventeur, le roi grec Mithridate, qui consiste à prendre un tout petit peu de poison chaque jour afin d’en immuniser le corps et de rendre le poison inopérant, s’applique aujourd’hui à la peur. La peur, par trop diffuse et de fait omniprésente, aboutit à son effet inverse. On ne ressent plus la peur. Elle n’est plus le signal d’un danger. Il y en a trop.

Comme en témoigne l’utilisation à tout-va de mots valises se terminant par « phobie ».

Nombreux sont les appels formés de nouveaux mots parés de ce suffixe : islamophobie, homophobie, grossophobie… Sous l’appel manifestement énoncé, j’y vois une autre phobie, sous-jacente et en vérité première : la peur inavouée de la peur. En filigranes, à grands cris masqués, dans une souffrance si intolérable qu’on ne peut même plus la crier, qui ne peut même plus s’exprimer ouvertement, on réclame en fin de compte le retour de la peur.

 

Les singularités sont écrasées de plus en plus, par l’économie de marché qui atteint sa perfection maximale, à une cadence folle, au sens propre débridée. Dans une perfection glaciale, les singularités sont devenues presque complètement plates, réduites à des entités qui consomment, qui se battent dans les magasins pour accéder à des pseudo-réductions qui n’en sont pas, réduites à des individus atomisés, enfermés chacun dans sa solitude. Une mauvaise solitude, qui résulte, en eux-mêmes de l’emprisonnement de leur être profond et authentique, aux trois quarts asphyxiés. La seule oxygène restante s’emploie à se grouper par petits tas, pour se sentir exister, formant des micro-minorités. Mais cela comporte un effet pervers. Le recours à un groupe —certes plus petit et moins écrasant que le grand groupe global des consommateurs, la masse aliénée—aplatit encore les singularités. La bannière de ralliement comporte le suffixe « phobie ».

 

Une force maligne envahit tout, s’avance masquée, quelque chose de plus terrible que la peur, quelque chose d’extrêmement sournois et d’inopérant, qui ne remplit plus le rôle bénéfique de signal déclencheur pour parer au danger. J’ai nommé la terreur.

La mithridatisation de la peur a donné la terreur.

 

Hormis quelques rares exceptions, peu nomment la peur de la disparition complète de l’humanité, la peur première, fondamentale, remplacée par la terreur. La terreur prend les masques d’autres peurs, diverses, fragmentées. La terreur rend ces peurs peu efficaces, difficilement opérantes.

L’humanité a peur de la détérioration et de la perte de la planète. Elle a peur que le monde s’effondre. Pour des raisons écologiques, climatiques, économiques… Elle a certes raison d’avoir ces peurs. Ces raisons sont bel et bien réelles. Mais pourquoi alors ce maelström de craintes qui n’aboutissent pas aux bonnes mesures, à cette cacophonie ?

L’humanité a mis la peur en dehors d’elle-même. L’ancienne peur, la vraie peur, a été neutralisée. Alors, ça crie de tous les côtés, ça rue dans les brancards. Pour ce faire, on a même besoin d’une presque fillette, entre Cassandre et Antigone, pour assoir un semblant de légitimité perdue à la peur.

La terreur tétanise. C’est son rôle. La terreur fait oublier la peur première que toute civilisation devrait toujours garder en tête, sous peine de se dissoudre : la peur de disparaître, de s’entretuer.

 

En vérité, les gens font semblant d’avoir peur. Mais ils n’ont pas peur. La peur est derrière eux. Et ils ne s’en rendent pas compte. Ils croient avoir peur. Mais cette peur ne détecte plus le danger un, indivisible, la menace véritable. En vérité, s’ils s’écoutaient, peut-être verraient-ils qu’ils ont peur de tout et de son contraire.

 

Peur de la nourriture qui est si mauvaise. Peur de ceux qui vendent et prônent la nourriture un peu moins mauvaise et qui en font idéologie. Parce que l’idéologie peut conduire au pire.

Peur de l’air. L’air est pollué, nocif. Peur de ceux qui dénoncent les mauvaises pratiques qui polluent l’air parce que souvent cela dénote la haine de l’antériorité.

Peur de ceux qui les écoutent et les applaudissent aveuglément. Parce qu’ils rejettent la nuance et un monde sans nuances, c’est mortel.

Peur de ceux qui se fichent que l’air soit pollué. Parce que ce sont de sales inconscients, des profiteurs.

Peur des maladies. Peur de ceux qui au lieu de les combattre, veulent fabriquer des créatures qui ne seraient plus malades et qui assujettissent ainsi les êtres à une somme d’organes. L’addition des organes, ce n’est pas la vie.

Peur de la mondialisation. Elle engendre un faisceau incontrôlable de peurs diverses ; dont la première est le resserrement. Abolition de l’espace. Abolition du temps. Plus personne n’a d’espace. Plus personne n’a de temps. Les écrans et le temps dit réel ont tout mangé. La vitesse a tué le déplacement. Peur de faire sur du place. C’est pourtant ce que tout le monde fait. Il se trouve qu’à peu près tout le monde a peur d’à peu près tout le monde, justement.

Peur de ceux qui, pour combattre la mondialisation, en appellent à une autre sorte de resserrement, un repli absolu aussi sinistre.

Peur des oppresseurs qui dirigent le monde car ils le font au détriment des humains. Peur des réactions de révolte que cela peut entraîner. Car tout souhait de destruction, même pour la bonne cause, peut se révéler dévastateur.

Peur des religions fanatisées. Peur de l’absence de spiritualité qui tue la fantaisie.

Peur de la mort. Peur de ceux qui veulent l’éradiquer. Parce que la vie sans la mort n’a pas de sens. Et qu’une vie qui n’a pas de sens c’est la folie et l’enfer.

Ces peurs se neutralisent entre elles. Et finalement, la peur, réduite en poussière, s’endort et entraîne avec elle les gens dans le vilain sommeil de la terreur.

 

Thanatos/Hypnos/Éros. Chacune à sa manière, ces instances correspondent à l’abandon de la maîtrise et du contrôle de la conscience. Les dissolutions momentanées de l’individualité sont salutaires.

Le sommeil où je plonge aux tréfonds de ma psyché me ressource, Hypnos.

L’amour qui fond mes limites mentales et corporelles, ouverture à l’autre, par où je prends force et consistance au monde, Éros.

La mort par où je participe du cycle éternel du vivant, Thanatos.

 

La terreur est un sommeil, hypnos, un sommeil malade, hypnos déréglé. Sommeil éveillé, où le réel n’est plus vraiment réel. Le sommeil n’est plus vraiment sommeil. Le songe n’est plus vraiment songe et le cauchemar, plus vraiment cauchemar… Tout s’inverse en son contraire, indéfiniment, dans une insignifiance mortelle. Cet hypnos omniprésent abroge presque complètement Éros et Thanatos.

Si nous ne pouvons pas rétablir le sain ordonnancement des trois instances, les cohortes de zombies que nous sommes en train de fabriquer, ne vont avoir de cesse de proliférer. Et iraient à disparaître jusqu’aux ruines de la peur. Il n’en resterait même plus le souvenir ni la trace. La mémoire de ce que, avant nous, nous avons été, ainsi que le projet de ce que, après nous, nous serons, seront pulvérisés.

Il y a quelque chose de pire que la mort. Un monde sans histoires, pur règne de la terreur.

 

Ombre parmi les ombres, j’erre entre les ruines de la peur.

Frederika Abbate

 

Pandemic 4 « La nouvelle bourse » par Frederika Abbate

PANDEMIC 4
La nouvelle bourse

Chaque soir il égrène une longue série de nombres, debout, imperturbable, derrière un pupitre, endossant un costume qui semble un peu étroit aux entournures. Il énumère les nombres, accompagnés de lieux, d’une voix un peu neutre mais appuyée tout de même à certains moments pour que, sans que les consciences s’en rendent compte, quelque chose s’inscrive dans les esprits noir sur blanc. Que la mort rôde partout et qu’il suffit de se priver de liberté pour en être épargné. Sentence qui pourrait passer pour un vœu pieux s’il ne s’agissait d’une pure et simple flagornerie. Certains soirs, il profère aussi des promesses, des trains par exemple pour transporter des malades, des masques, des tests. Là, son ton devient emphatique, on croit même qu’il va s’envoler. Sous ses dehors de vautour, ou d’un quelconque oiseau rapace qui mange les morts, perce sa technicité toute professionnelle. Ne pourrait-il pas s’imaginer facilement, son crâne chauve recouvert de la coiffe pour cacher l’actant de l’acte odieux abhorré, donnant la mort en mettant en branle la guillotine  ? C’est évident qu’il fait plutôt penser à un bourreau.

Ces nombres qui s’égrènent, est-ce une nouvelle bourse  ? Car c’est bien le cours de la bourse qui aligne des nombres accompagnés de noms. Elle est en hausse, disait-on, elle est en baisse… Hier soir, il a même employé le verbe «  se solder  », pour déduire l’argent qui rentre de celui qui sort ou bien l’inverse  ? Non, ce n’était pas d’argent dont il s’agissait. Mais des personnes malades entrées à l’hôpital sur leurs deux jambes, ou à peu près, et des personnes qui en sont sorties à jamais allongées, direction la morgue. On fait l’opération mathématique et il en sort le verbe «  se solder  ». Là du moins, c’est clair.

Avant, les malfaisances se cachaient. Plus maintenant. Elles se produisent impunément. Elles sont même érigées en valeur. C’est pourquoi il est légitime de ne pas croire la porte-parole d’un gouvernement qui, lors de sa nomination, annonça qu’elle mentirait. Là, ce fut la dernière fois qu’elle disait la vérité. On peut étendre cette façon de faire à tous ses acolytes. Bientôt, on ne pourra plus s’en plaindre, c’est leur métier.

Des tests, des masques, des tests, des masques, c’est une véritable litanie… Où a-t-on vu un pays qui, par ailleurs donne des leçons de civilité à tout le monde, incapable de produire le nécessaire pour sa population  ? Où a-t-on vu une pharmacienne, transpirant tellement elle était gênée devant l’homme qui la suppliait de lui de commander des masques, sa femme étant malade et qui ne comprenait pas que cela était impossible, finir par lui dire qu’on avait envoyé les masques dont on disposait à la Chine  ? La France, pays du luxe. Certes, mais pas le luxe de faire mourir.

Hier soir, le bourreau-vautour a eu une pensée émue envers les confinés. Cela, dit-il, les empêche de voir leurs proches, cela bouscule leurs habitudes. Comme si cela n’était embarrassant que pour les habitus et le confort. On ne va tout de même pas se plaindre parce qu’on ne peut pas aller prendre le soleil, faire du sport, aller au cinéma ou au restaurant. En n’évoquant que cela, il nous traite d’enfants gâtés. Ce qu’il omet de mentionner, dans sa liste des inconvénients du confinement, ce sont les gens qui ne peuvent pas travailler, tous les commerces, restaurants, femmes de ménages, etc. Ils ne vivent pas de l’air du temps, l’aurait-il oublié  ? Et ce sont les plus vulnérables qui vont trinquer. Le confinement n’est pas embarrassant juste au niveau des habitudes. Mais cela, bien sûr, il se garde bien d’en parler. La catastrophe a pris toute son ampleur de catastrophe juste par laisser-aller, par la bêtise de la soumission à l’idéologie, la sacro-sainte valeur du libéralisme qui est le laisser-faire. Tout doit être ouvert, transparent et couler à flots. On ne doit pas se protéger, c’est mal. Pourquoi est-ce mal  ? Sinon pour garder toujours active la disponibilité à être soit marchandise soi-même soit consommateur  ? Il faut que ça circule continuellement et de toutes parts. Le résultat, c’est l’enfermement individuel. Piètre résultat en vérité. C’est d’une logique implacable. Chacun a commencé par se dénoncer soi-même, en se réduisant à sa sexualité, en devant proclamer «  je suis hétéro  », «  je suis homo  », je suis «  trans »… Et comme ça, tout le monde surveille tout le monde, on se fiche soi-même et pour le reste aussi. Maintenant, comme l’état a été incapable de protéger les populations, c’est chaque individu qui doit le faire pour lui-même. Les frontières, ce sont les murs des appartements…

Je ne sors plus, non pas parce que c’est interdit. Une heure par jour, d’ailleurs, j’ai le droit. Je ne sors plus parce que je ne supporte pas de me comporter à la fois comme une qui fuit les pestiférés et une qui peut être aussi considérée comme telle. Je ne sors plus parce que je ne supporte pas de devoir éviter les gens, de ne pas rêver, penser, observer la vie comme je le faisais toujours, et de devoir épier pour voir s’il n’y a pas des gens aux alentours. Il y en a aussi qui s’en fichent, et qui me foncent dessus. Ils sont tous des fusils potentiels. Alors je me mets à les haïr. Je ne veux pas haïr parce que je n’ai pas été mise au monde pour faire le jeu du pouvoir. Car par cette haine insidieuse, le pouvoir peut obtenir ce qu’il désire depuis toujours. L’individualisme effréné. Que les gens ne puissent plus s’unir pour s’en défendre. Ainsi, il pourra plus facilement encore les dominer. On ne ferme pas les frontières, elles sont individualisées. Or, Hannah Arendt l’a appris à ceux qui ont des yeux et des oreilles pour voir et entendre  : l’atomisation totale des individus et l’abolition des états-nations, c’est ce que veut le totalitarisme.

9 avril 2020 – 24ème jour de «  confinement  » quand les humains ne sont plus que de nombres.