Les Echo enquêtent sur les Chasses au Trésor

https://www.lesechos.fr/2014/10/la-folie-des-chasses-au-tresor-1104397

Publié le 31 oct. 2014 à 1h01Mis à jour le 6 août 2019 à 0h00

J’ avais organisé des chasses au trésor pour mes enfants et ils avaient été vraiment enthousiastes. Je me suis dit que c’était une bonne idée d’essayer de recréer cela parmi nos collaborateurs », explique Maud de la Moissonnière, chargée de communication interne chez LexisNexis, éditeur et fournisseur d’informations juridiques. Il s’agissait aussi d’une manière d’innover dans la présentation annuelle des produits aux salariés. Tout un après-midi, près de 300 collaborateurs du groupe ont eu à résoudre plusieurs énigmes dans le quartier des Tuileries, à Paris. Pour y parvenir, ils devaient se servir de produits vendus par le groupe. « Il y avait plusieurs équipes et nous avons mélangé des salariés de services qui se croisent peu et cela a créé une véritable solidarité participative entre eux », confie Maud de la Moissonnière.

Cette chasse au trésor personnalisée a été mise sur pied par Ma Langue au Chat. Cette société organise régulièrement ce type d’événements pour des grands groupes tels que BNP Paribas ou EDF, qui en sont friands pour des opérations de « team building ». « Nous avons un réseau d’auteurs qui travaillent sur l’écriture des énigmes. Nous faisons aussi jouer des comédiens professionnels qui interviennent dans l’intrigue, donnent des indices aux joueurs et créent des quiproquos », décrypte la dirigeante Isabelle Ruelland. Ma Langue au Chat compte aussi des collectivités locales dans son portefeuille de clientèle, dont la Mairie de Paris, pour qui elle organise, tous les ans depuis 2005, une chasse au trésor réunissant près de 30.000 participants. Résultat, pour un événement de grande envergue ou concocté sur mesure, la fourchette de prix est comprise entre 12.000 euros et 30.000 euros. Des montants qui ont fini par susciter des vocations. « Le secteur est indéniablement en croissance. Cela a longtemps été un marché de niche, mais aujourd’hui on compte une dizaine d’entreprises semblables à la nôtre en France », note Isabelle Ruelland.

Positionnée sur le créneau des particuliers, la société Qui Veut Pister Paris ? organise, tous les week-ends, quatre chasses au trésor dans les ruelles parisiennes. Munies de jumelles, boussole et même d’une lampe UV pour trouver les indices à l’encre noire, plusieurs dizaines de personnes s’esquintent les méninges pour résoudre casse-tête sur casse-tête. Le fondateur, Guillaume Nanjoud, écrit lui-même toutes les intrigues. Le but ? Résoudre une enquête grâce à des indices disséminés dans la ville – flèches sous des bancs publics, énigmes écrites sur un bout de papier -, et découvrir au passage certains quartiers et leur histoire.

Les prix tournent autour de 10 euros par personne et cette entreprise a rapidement séduit touristes et Parisiens. « Essentiellement des jeunes entre 18 et 35 ans qui veulent découvrir leur ville », précise Guillaume Nanjoud. « Qui Veut Pister Paris ? va franchir la barre des 600 chasses au trésor organisées sur l’année 2014 », avance Guillaume Nanjoud, qui assure qu’après 200.000 euros de chiffre d’affaires en 2013, les revenus de son entreprise vont avoisiner les 400.000 euros cette année. Installé également à Bordeaux, Strasbourg et Lille, il prévoit de se déployer prochainement à Toulouse et Nantes. Ce phénomène de la chasse au trésor gagne peu à peu l’ensemble du territoire. « De nombreuses villes organisent elles-mêmes leur propre chasse au trésor ou leur jeu de pistes pour faire découvrir leur patrimoine aux touristes et visiteurs de manière ludique », explique Jacques Bandet, qui tient le site spécialisé www.chasses-au-tresor.com.

Un outil marketing

Les entreprises ne sont pas en reste et sont de plus en plus nombreuses à franchir le pas dans une optique de marketing. Cet été, afin de faire la promotion de nouveaux pneus, Michelin avait organisé une chasse au trésor numérique (des énigmes sont publiées en ligne et permettent, in fine, de retrouver un objet caché) avec le gain d’un roadster pour le vainqueur.

Même initiative du côté d’Asmodee en février dernier. Pour les vingt ans de Jungle Speed, son jeu de société phare, le groupe a lancé une chasse qui a duré près de cinq mois, et a permis au gagnant d’empocher 20.000 euros. « Pour un budget de 30.000 euros, nous avons eu près de 10.000 participants et 20.000 visiteurs uniques mensuels sur le site dédié », souligne le directeur marketing du groupe, Nicolas Benoist, pour qui le coup promotionnel est réussi.

Cette chasse a été écrite par l’auteur français de référence en la matière : Sam Dalmas. Son fait d’arme ? « Les 12 énigmes de Dalmas », un livre publié en 2009, qui s’est écoulé à plus de 70.000 exemplaires. Cette chasse a pris fin en juin 2013, quand le lauréat a retrouvé le trésor – enterré quatre ans et demi plus tôt par ses soins, en pleine nuit, dans une forêt de l’Eure -, empochant au passage un chèque de 150.000 euros. Un montant qui oblige à une certaine prudence : Sam Dalmas est un pseudonyme, car il craint les menaces et pressions qui le forceraient à révéler des indices ou même la cache. Pour ces raisons, aucun de ses proches n’est informé de cette activité, qu’il exerce pendant son temps libre.

Mais quel est le modèle économique pour ce type de chasses au trésor ? Un organisme partenaire, en l’occurrence Malakoff Médéric, met au pot pour la doter d’un prix à même d’intéresser le plus grand nombre. Un éditeur s’occupe de la publication du livre et l’auteur est rémunéré en fonction des ventes, comme un écrivain classique. Mais le succès des « 12 énigmes de Dalmas » n’était pas acquis d’avance… Son auteur a même lutté près de dix ans avant de convaincre des partenaires. A la fin des années 1990, il fait le tour des maisons d’éditions, qui ne donnent jamais suite, avant que Marabout ne le recontacte finalement en 2007 pour compléter sa nouvelle collection « Enigme ». « Elles étaient toutes emballées. Le problème est que, pour des raisons légales, je ne peux communiquer les solutions de ma chasse au trésor à personne. Il était donc difficile de convaincre une entreprise d’investir autant d’argent dans ces conditions », raconte Sam Dalmas… au téléphone.

Soupçons de fraudes

Il faut dire que l’affaire de « La Chouette d’or » ne lui a pas vraiment facilité la tâche. Ecrite par feu Régis Hauser – Max Valentin de son pseudonyme – cette chasse entamée en 1993 avait très vite popularisé le genre, avant de jeter sur lui un voile de suspicion. « C’était la première chasse d’ampleur organisée en France, dotée d’un trésor estimé à un million de francs [près de 150.000 euros, NDLR]. Il n’y avait pas de précédent et cela a suffi à en faire un modèle fondateur », témoigne Patrick Schmoll, socio-ethnographe et auteur du livre « Chasseurs de trésors » (1), qui décrypte le phénomène. Mais alors qu’il était censé être découvert au bout de quatorze mois maximum, personne ne retrouve trace du trésor. De quoi faire naître des soupçons de fraudes, fuites, tricheries – qui n’ont jamais été étayés. Vingt et un ans après, la chasse est toujours ouverte et le trésor attend d’être déterré dans un coin de l’Hexagone.

En dépit de cet épisode, ce type de chasses au trésor a aussi le vent en poupe. Lancée début 2010 aux Etats-Unis, « Quest for The Golden Eagle », accompagnée d’un livre d’énigmes, propose un prix de 1 million de dollars. Autre illustration de cet engouement, la parution récente du premier tome de la trilogie « Endgame », aux éditions Gallimard. Ces romans cachent une énigme et chacun des trois livres sera parsemé d’indices et de codes qui permettront de la résoudre. Le gagnant repartira avec 500.000 dollars en pièces d’or. Une particularité qui ne doit rien au hasard. « C’est un choix de l’auteur. Cela fait rêver, renvoie à l’enfance, rien ne symbolisait mieux la notion de trésor », décode Hedwige Pasquet, présidente des éditions Gallimard jeunesse.

Car de quoi cette folie pour les chasses au trésor relève-telle ? « Cela participe d’un mouvement plus général du ludique à tous les aspects de la vie sociale. Les gens veulent que la vie soit « fun ». Plus profondément, cela répond à un besoin de réenchanter un monde devenu, pour beaucoup, trop rationnel, trop gestionnaire et vide de sens » , analyse Patrick Schmoll.

D’ailleurs, l’argent n’est pas le seul eldorado des chasseurs. Depuis quelques années, une nouvelle variante est en plein essor : le « géocaching », pratique née au début des années 2000 avec la vulgarisation du système GPS, tombé alors dans le domaine public. Le principe est simple : en s’aidant de données de localisation transmises par des tiers sur des sites de « géocaching », il faut retrouver une cache – généralement une boîte étanche contenant des babioles ou un registre de visites. Une fois celle-ci dénichée, on peut notamment inscrire son nom sur le registre ou remplacer la breloque par une autre, puis il faut remettre la boîte à sa place. En France, plus de 100.000 cachettes dites actives sont recensées, pour plusieurs dizaines de milliers de pratiquants réguliers. Dans le monde, on dénombre, en tout, près de 2,5 millions de « géocaches » pour plus de 6 millions de « geocachers ». Longtemps réservée aux initiés, la pratique est en train de se répandre à vitesse grand V, bien aidée par la généralisation des smartphones, équipés de systèmes de géolocalisation, et par la floraison d’applications dédiées au « géocaching ».

Les réseaux sociaux ne sont pas épargnés non plus par la fièvre de la chasse au trésor. Pour la promotion de son dernier album, Coldplay en a aussi organisé une, via Twitter, en février dernier. Après avoir caché des paroles de leurs nouvelles chansons dans les bibliothèques de neuf pays différents, le groupe a « tweeté » des énigmes permettant de les retrouver. Même si cette fois encore, la quête ne menait à rien de sonnant et trébuchant, l’opération a quand même fait du « buzz » et leurs textes ont vite été débusqués. Après tout, peu importe le trésor, chacun sait que ce qui compte, c’est l’ivresse de la quête.

Gilles Costaz offre sur Web Théâtre l’une des plus belles critiques de la pièce de Sophie Jabès sur Camille Claudel (29 octobre 2014)

Critiques / Théâtre

Camille, Camille, Camille de Sophie Jabès

par Gilles Costaz

Les trois visages d’une artiste

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Camille Claudel n’en finit pas d’inspirer nos auteurs dramatiques. Sophie Jabès joue le jeu différemment. Ce n’est pas une Camille Claudel qu’elle ressuscite, mais trois ! D’où ce titre avec le pré,nom trios fois proclamé. Elle représente l’artiste à trois moments de son existence, comme si elle était à la fois la même et quelqu’un de différent en fonction de l’âge et des épreuves de la vie. Il y a d’abord la jeune Camille, aux cheveux longs, que Rodin prend sous sa coupe, qui admire le maître et se demande si elle cèdera à ses exigences de mâle séduit par sa beauté. Vient ensuite (ou plus tard, car l’ordre chronologique n’est pas respecté, Sophie Jabès bat ses cartes à sa façon) la Camille de la maturité, blessée, abîmée par le comportement du grand homme infidèle, abandonnée à sa solitude, mais fière de ses sculptures. Puis, enfin, apparaît la Camille de la fin, vieille, édentée, folle, internée dans un établissement psychiatrique (Camille Claudel fut cloîtrée trente ans !) . Ayant entrecroisé les monologues de chaque personnage, Sophie Jabès les fait se rencontrer. Elles ne comprennent pas qu’elles sont une seule et même personne. Elles s’invectivent, se couvrent de reprochent mais se rejoignent dans les plaintes. 
L’exercice est assez théorique, mais les dialogues ont une belle force émotive. Au delà du drame de Camille Claudel s’exprime la tragédie de bien des artistes femmes à travers les siècles. Clémentine Yelnik, qui joue la Camille âgée, est impressionnante, tant elle crée un personnage déchiré et douloureux. Nathalie Boutefeu incarne la Camille du milieu de la vie avec classe. Vanessa Fonte est la jeune Camille avec une douceur élégante. Le metteur en scène Marie Montegani crée un climat noir, un climat pictural, en même temps qu’un mouvement implacable, autour d’une œuvre où se mêlent la sincérité du texte et l’insolite de la forme.

Camille, Camille, Camille de Sophie Jabès, mise en scène de Marie Montegani, scénographie d’Elodie Monet, lumière et vidéo de Nicolas Simonin, images de Christophe Cordier, avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, Geneviève Dang.

Lucernaire, 18 h 30, tél. : 01 45 44 57 34, jusqu’au 22 novembre. (Durée : 1 h). Texte aux éditions Lansman.

Photo D. Ceccato.

« Camille, Camille, Camille », Une pièce de théâtre de Sophie Jabès pour le 150ème anniversaire de la naissance de Camille Claudel

VIENT DE PARAÎTRE :

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À l’occasion du 150ème anniversaire de la naissance

de Camille Claudel le 8 décembre 2014,

Lansman Éditeur publie : Camille, Camille, Camille

de Sophie JABÈS

Collection “Théâtre à vif”,

n°253

ISBN 978-2-8071-0004-6

10€

Attachée de presse de Sophie Jabès :

06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com

À L’AFFICHE EN CE MOMENT :

PREMIERE CRÉATION AU LUCERNAIRE de Camille, Camille, Camille, pièce de Sophie Jabès sur Camille Claudel, mise en scène de Marie Montegani, avec notamment Nathalie Boutefeu, Vanessa Fonte, Clémentine Yelnik (voir note de bas de page)

Le texte au théâtre étant incomplet, la lecture du livre de Sophie Jabès est recommandée.

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« Elle était née pour la douceur et la gloire. Elle récoltera les larmes et le sang » S.J.

(Camille, Camille, Camille, Premier Acte, Tableau 5).

 

Camille, Camille, Camille, c’est  le récit de la rencontre de Camille jeune fille, juste avant son histoire d’amour fusionnelle avec Rodin, avec la Camille de 40 ans, juste avant son enfermement, et la Camille de 78 ans, juste avant sa mort. La plus âgée  des trois veut  prévenir les deux plus jeunes des dangers qu’elles encourent. Mais peut-on échapper à son destin ?

Œuvre de fiction, Camille, Camille, Camille fait de la vie de Camille Claudel une tragédie dont le chœur antique nous livre les échos du destin de celle qui en sculptant réussit à se libérer du silence.

La pièce Camille, Camille, Camille est traduite en hébreu par Lena Shillony.

 

Points forts :

       Entre la tragédie grecque (présence d’un chœur à l’antique) et l’introspection psychanalytique d’une femme d’exception ;

       Une résonance biographique de Camille Claudel déclinée en trois dimensions humaines, l’élève de Rodin (la jeune fille), l’artiste (la femme corpulente) et l’internée (la femme édentée);

       Une écriture à la fois crue et poétique ;

       La sensualité explosive de Sophie Jabès pour laquelle l’écriture est une véritable expérience charnelle ;

       Camille Claudel, une des premières femmes créatrices reconnue de manière posthume, fraye le chemin vers l’exploration de notre matrimoine ;

        Une rencontre entre Sophie Jabès, écrivain sensible aux combats de femmes, entière et engagée, qui a trouvé dans Camille Claudel une âme sœur.

 

jabes bassedef.jpegL’auteur : Sophie Jabès est écrivain, dramaturge, scénariste et productrice.

Elle est Membre de H/ F Ile de France, association pour égalité femme homme dans l’art et la culture. Photo ci-contre © Philippe MATSAS / OPALE

Autres livres publiés de l’écrivain Sophie Jabès : Alice la saucisse (Verticales, 2003), Caroline assassine (Lattès, 2004, prix Murat 2005, prix du Lycée Auguste Blanqui), Clitomotrice (Lattès, 2005), L’Homme de la Mer Noire (Le Rocher, 2008), La Duchesse de Singapour (Pierre Guillaume de Roux, 2011).

Première pièce de théâtre : La Chambre (2010).

Site officiel de Sophie Jabès : http://www.sophiejabes.com

Retombées médiatiques : http://guilainedepis.blogspirit.com/sophie-jabes/

 

* 1 oct – 22 nov 2014 – Théâtre du Lucernaire – 53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris.(du mardi au samedi à 18h30)

* 3 déc – 5 déc 2014 – Théâtre 95 – Cergy Pontoise – coproducteur

* 12 déc 2014 – Théâtre André Malraux – Rueil Malmaison – coproducteur

Argumentaire officiel à télécharger ci-dessous :

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Audrey Natalizi donne son sentiment suit la pièce de Sophie Jabès dans « Mes illusions comiques.com » (23 octobre 2014)

« Camille, Camille, Camille » de Sophie Jabès / Marie Montegani / Théâtre du Lucernaire

Capture d’écran 2014-12-01 à 15.03.41.pngC’est une plongée au cœur dans l’âme de Camille Claudel que nous proposent Sophie Jabès (pour le texte) et Marie Montegani (adaptation et mise en scène) au Lucernaire. Loin de se limiter à ce que l’on connait de la biographie de la sculptrice, les deux femmes nous livrent ses pensées les plus profondes dans un spectacle poignant intitulé Camille, Camille, Camille.

Capture d’écran 2014-12-01 à 15.03.32.pngLes trois Camille du titre ne sont bien sûr qu’une seule et même personne, représentée aux trois âgés de sa vie, par trois comédiennes différentes présentes sur scène simultanément. Il y a d’abord Camille au seuil de sa mort (Clémentine Yelnik), vieillarde enfermée depuis trente ans. On la dit folle ? Ses souvenirs semblent de prime abord clairs. Il y ensuite Camille la quadragénaire (Nathalie Boutefeu), sur le point d’être internée. Une femme pleine d’amertume contre celui qui l’a laissée, Rodin. Un fiel qui la ronge, la pousse à détruire ses oeuvres, la fait sombrer. Et puis il y a Camille la pétillante, pleine de vie et de jeunesse (Vanessa Fonte), magnifique, sur le point de succomber aux avances de son maître. Trois instants clefs de la vie d’une femme. Trois instants qui nous font ressentir tous ses doutes, ses douleurs, ses questionnements intérieurs sur la difficile articulation entre sa passion pour la sculpture, son amour pour Rodin et le jugement de sa famille.

Capture d’écran 2014-12-01 à 15.01.39.pngDans une demi-obscurité, les monologues se succèdent avant que les trois Camille ne dialoguent par delà le temps, par delà la raison, comme une expression de la schizophrénie du personnage. « Si jeunesse savait … » dit l’adage. Alors Camille la vieillarde va tenter de mettre en garde la bouillonnante jeune fille : ne pas succomber à Rodin, fuir loin pour rester soi-même, ne pas se perdre, ne pas se faire voler son œuvre. Mais la vieillarde n’est pas dupe :  « je sais qu’on ne remonte pas le temps » conclut-elle, attendant la mort comme une délivrance.

Capture d’écran 2014-12-01 à 15.01.26.pngDistribution parfaite : chacune des trois comédiennes se fond dans la peau du personnage à des âges différents. A fleur de peau, chacune à leur manière, elles insufflent la folie, la passion à ce texte déjà criant de douleur. Une introspection particulièrement réussie et un spectacle que l’on n’hésite pas à vous recommander.

Camille, Camille, Camille de Sophie Jabès, adaptation scénique et mise en scène Marie Montegani. Avec Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik. Au Théâtre du Lucernaire, du mardi au samedi à 18h30, jusqu’au 22 novembre 2014 (relâche le 28 octobre). Durée : 1h.

 

Rue du Théâtre a entendu le « CRI ÉTOUFFÉ » de Camille Claudel dans la pièce de Sophie Jabès (22.10.14)

Capture d’écran 2014-10-23 à 15.36.58.pngCri étouffé

Par Cécile STROUK

Publié le 17 octobre 2014

‘Camille, Camille, Camille’, c’est le portrait de Camille Claudel à travers trois générations d’elle-même. L’histoire d’une vie, reconstituée par l’auteur Sophie Jabès, qui donne une belle cohérence au discours digressif de la sculptrice maudite.

Si Camille Claudel voyait à quel point elle est présente sur les planches et sur les écrans, cela l’aiderait sans doute à se réconcilier avec le « cauchemar » que fut sa vie. Alors, bien sûr, il n’y a pas de Camille sans Rodin, son mentor, ce monstre de luxure, cet amant de 24 ans son aîné, mais cette relation – à force – n’est devenue plus qu’un prétexte à des écrits épistolaires tendus et denses. Celle qu’on a cherché à museler a, malgré tout, clamé sa « liberté à grand cri », jusqu’au bout. Et Dieu sait que sa vie fut longue : environ 80 ans, dont 30 ans en hôpital psychiatrique.

camille-300.jpgC’est justement par la fin que l’auteure, Sophie Jabès, décide de commencer. La pièce s’ouvre sur une vieille femme assise en avant-scène sur un banc, recroquevillée, voix rocailleuse et traînante, visage émacié par le clair-obscur de la salle. Elle s’adresse à nous, avec une colère contenue. Ce qu’elle nous raconte, ce n’est pas une histoire, mais une suite de digressions. Clémentine Yelnik, dans ce rôle de Camille internée, réussit à transmettre la force tremblante dont elle imprègne son discours.

Après une dizaine de minutes d’une intervention qui emporte le spectacteur déjà loin dans cette vie décousue, la voix et le corps retombent, tel un automate qui aurait arrêté de fonctionner. Un deuxième tableau nait alors des ténèbres de la scène. Celui d’une femme plus jeune, d’une quarantaine d’année, agitée. Elle peste contre sa soeur Louise, son frère Paul, sa mère. Seul son père, son gentil père, est épargné. Lors de ses logorrhées, elle lance des draps blancs, les mets en boule, se déplace d’une direction à une autre, vêtue d’une longue robe informe qui vient souligner cette perdition aux airs de tragédie grecque. Dans ce rôle, Nathalie Boutefeu exacerbe le côté hagard d’une Camille déjà statufiée par la vie.

 

Puis, prend forme le troisième et dernier tableau, plus lumineux. La voix d’une jeune fille émerge, la vingtaine, belle, vive, ambitieuse, avec déjà quelque chose de démesuré dans son regard. Entourée par une table et de la matière à sculpter, les cheveux ébouriffés, elle vient de rentrer dans l’atelier de Rodin et nourrit l’espoir fou de devenir sa muse pour se rapprocher au plus près de son génie. Cette énergie prête à imploser est très bien exprimée par Vanessa Fonte qui utilise une voix affirmée et une gestuelle tour à tour gracieuse et précipitée.

Trois voix, trois portraits, trois Camille. Une femme. La pièce donne à voir son évolution à travers les décennies, de sa rencontre avec Rodin, à son enfermement jusqu’à sa mort. Une mort qu’elle reçoit avec joie, la délivrant de la solitude et de l’isolement.

La noirceur est omniprésente dans cette mise en scène qui opte pour des résonances entêtantes, un éclairage et des costumes sombres. Camille jeune a beau avoir senti le danger d’une liaison avec Rodin, elle la consommera jusqu’à s’en consumer ; Camille quarantenaire a beau se battre contre ceux qui veulent l’enfermer, criant à son génie rédempteur, elle sera quand même capturée. Et ce, malgré les conseils de la vieille femme qui, à un moment de la pièce, rejoint ces deux parcelles d’elle-même pour les prévenir du danger imminent qu’elles courent.

vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegMais ni l’une ni l’autre n’est capable d’entendre ces paroles sages, car chez Camille, c’est la raison qui est menaçante. Pas la passion. Alors, quand cette autre jeune femme apparaît tel un spectre sur l’écran placé en arrière scène leur annoncer des malheurs, elles la voient d’un mauvais oeil.

Camille ne veut pas du malheur extérieur. Elle a déjà le sien, qu’elle s’est construit de longues années autour de toutes sortes de fantasmes, projections, frustrations et envies. C’est cette vie mentale, sans laquelle Camille n’aurait pu tenir aussi longtemps, qui est montrée ici.

Télérama Sortir a aimé « Camille, Camille, Camille » de Sophie Jabès (21.10.14)

Capture d’écran 2014-10-21 à 18.54.53.png21 octobre 2014

Trois représentations de Camille Claudel, jouées par trois comédiennes, animent la scène : la jeune étudiante en art dont le maître est Rodin ; l’artiste mûre que Rodin spolie et abandonne ; la vieille femme, enfermée à l’asile de Montdevergues qui attend la mort dans le désespoir. Si le texte de Sophie Jabès a le mérite de nous rappeler le génie et la tragédie de cette artiste délaissée de tous, si la présence de trois artistes de voix et d’âges différents forment un chœur parfois émouvant, le jeu souvent en force de Nathalie Boutefeu et de Vanessa Fonte transforment la folie, qui s’empare du personnage, en énergie sans nuances. Seule Clémentine Yelnik trouve la vérité d’une vie intérieure confuse traversée par les voix du passé.

Sylviane Bernard-Gresh

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La Voix des sans Voix a aimé « Camille, Camille, Camille » de Sophie Jabès (12.10.14)

« Camille, Camille, Camille »

Texte de SOPHIE JABÈS

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Une vieille femme sur un banc, Belle, terrifiante. Elle nous regarde, nous fixe de ses yeux qui ont tout vu. Tout compris. Au-delà des frontières de la raison.

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Une autre, la statuaire dévastée. Dispersée près d’une valise. Ecartelée entre la vie et la vie. Entre la haine, la peur et l’oubli.

Une troisième, jeunesse allongée, dos nu gracieux, triangle de soie offert… à qui ?

A celui qui vient. Celui dont on ne cesse de parler. Présence, absence qui plombe. Au nom sans cesse prononcé. Cet homme-là n’a pas de prénom, c’est un artiste : « Rodin ». Deux syllabes modulées entre désir, désespoir et rejet. C’est par lui qu’elles existent. C’est pour lui qu’elle s’est enchainée. Pour lui ou pour l’art. Mais n’est-ce pas là le revers d’une même histoire ? Si et on le sait d’avance. Puisqu’on est venu pour Elle. Puisqu’on est venu pour elles, pour leur histoire. Pour son histoire superbement diffractée sur scène, superbement interprétée.

Tendresse particulière pour la femme au banc et la fille aux rubans. Deux facettes d’une même ténacité. D’une hauteur d’âme qui ne veut rien lâcher.

camille-300.jpgLa folle sait. Comme tous les fous. Déchirante, vibrante, ironique même, la folle connaît la fin de l’histoire : la belle n’ira pas danser, la bête l’aura dévorée après l’avoir possédée. On n’oubliera pas de sitôt son regard sur nous posé. La belle pressent, comme toutes les belles, le danger. Infernal dilemme entre passion et raison. La femme mûre, trahie, abandonnée, en est dévastée…

Le destin est en marche, rien ne peut l’arrêter. Même si, un temps, (miracle de la mise en scène de Marie Montegani), l’union entre les trois Camille (Clémentine Yelnik, Nathalie Boutefeu, Vanessa Fonte) semble se sceller.

Beauté du théâtre qui nous donne un espace où rêver à d’autres routes, d’autres sentiers que l’autoroute annoncée. Au seuil de la mort, la folle crie à la belle de s’éloigner du vautour. Mais écoute-t-on jamais celle qui sait ?

Comment prévenir ? Comment dire ? Qui, au creux de nous, peut entendre le message caché ?

Au-delà du cas « Camille Claudel » ces questions-là sont nôtres à jamais.

Merci mesdames de nous les mettre sous le nez. Merci pour la grâce et la passion de votre interprétation. Je suis sûre qu’Elle aurait aimé.

Camille Arman ce 12 /10 /2014

Théâtrorama conseille vivement d’aller voir la pièce de Sophie Jabès (15.10.14)

Capture d’écran 2014-10-19 à 23.06.24.pngCamille, Camille, Camille

Dany Toubiana octobre 15, 2014 0

Camille Claudel, pour exister tout simplement… « Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar. » Ainsi s’exprimait Camille Claudel une dizaine d’années avant sa mort en 1943, alors qu’elle était internée au centre médical de Montfavet, dans le Vaucluse.

camille-300.jpgNée en 1864 et sculptrice de génie, elle devient l’élève de Rodin, puis son égérie durant de nombreuses années. Être artiste indépendante à cette époque relevait d’une certaine détermination dont Camille ne manquait pas. Après l’abandon de Rodin, le manque de commandes et l’isolement la condamnent au désespoir et à la misère. Internée par sa famille pendant trente ans, elle fut inhumée dans le carré N° 10, celui que l’on appelait ” le carré des fous”.

La pièce de Sophie Jabès “Camille, Camille, Camille” commence par un monologue de Camille au seuil de sa mort. En écho à ce choix dramaturgique, Marie Montegani décline la vie de Camille en trois temps et construit sa mise en scène autour d’un espace découpé également en trois. Trois visages, trois corps, trois comédiennes et Camille réduite à son seul prénom, laissant le nom de Claudel désigner l’autre, l’écrivain célèbre et l’ambassadeur de renom.

Camille en trois temps…
Dans un décor de bois aux tons grisâtres, Camille, figée sur un banc, au centre, à un mètre du public, à la veille de sa mort, ne sculpte plus que dans sa tête. Les doigts engourdis, elle vocifère encore contre l’abandon de Rodin, apostrophe son écrivain de frère pour son indifférence et attend désespérément la venue de sa mère qui, depuis trente ans, ne lui a jamais rendu visite dans son lieu d’internement à Montdevergues. Crispée dans sa souffrance, l’énergie réfugiée dans son seul regard, Clémetine Yelnick – qui a fait longtemps partie des plus grandes distributions d’Ariane Mnouchkine au Théâtre du Soleil – donne corps avec sa voix gutturale, à cette Camille en fin de vie.

À l’autre extrémité, Camille, dans sa splendeur, l’élève de Rodin, celle qui part à la conquête du monde et à qui Vanessa Fonte prête son regard lumineux, sa jeunesse et sa fougue. Entre les deux, Nathalie Boutefeu qui campe une Camille incertaine, fragile dont la vie bascule irrémédiablement vers le chaos et qui brise ses œuvres. Trio de femmes qui se défient, se rejettent et finissent par se reconnaître.

vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegDans ce corps à corps apparaissent d’autres forces en présence, les forces antagonistes d’une société qui met les femmes sous tutelle et les empêche d’exister par elles-mêmes. Le texte prend le parti de faire exister Camille uniquement dans ce dénuement. L’œuvre vit encore au plus profond d’elle-même, comme détachée de la créatrice réduite à ses seules obsessions et à ce cri ultime de défi. En creux apparaissent les visages de la famille, l’injustice criante d’une société qui a refusé à l’artiste d’être reconnue par son travail.

En 2014, à l’exception de la création lumière et des images filmées (Nicolas Simonin et Christophe Cordier), une réunion de femmes, des comédiennes à l’auteure et à la metteure en scène en passant par la scénographe et la créatrice sonore, répare cette iniquité. Comme pour établir une passerelle et permettre à Camille Claudel de reprendre la place qui lui revient à la fois comme artiste et comme femme, parmi les humains tout simplement.

Le SNES-FSU affirme qu’on ne peut rêver plus bel hommage à Camille Claudel que la pièce de Sophie Jabès (14.10.14)

camille-300.jpg« Camille, Camille, Camille »

Jusqu’au 22 novembre au Théâtre du Lucernaire 

Capture d’écran 2014-10-19 à 23.03.56.pngLa pièce écrite par Sophie Jabès met en scène trois âges de la vie de Camille Claudel. Quand elle commence, Camille au seuil de sa mort, est assise sur un banc à l’asile de Mauvergues,

où cela fait plus de trente ans qu’elle est internée. Elle parle de sa vie, de tous ceux qui ne l’ont pas assez aimée, Rodin qui l’a abandonnée, sa mère qui ne lui écrit pas, son frère dont les visites sont si rares. Dans un second temps ce sera Camille à la veille de son internement, quelques jours après la mort de son père qui l’avait toujours soutenue. Elle maudit Rodin qui l’a abandonnée, veut détruire « tous ses enfants » avant de partir et sombre peu à peu dans la folie. Dans le troisième tableau, c’est la Camille jeune, fougueuse, déterminée, follement amoureuse de Rodin et sûre de son talent qui occupe la scène. Enfin les trois femmes vont se rejoindre, se reconnaître et marcher vers leur destin.

Sur la scène, Marie Montegani, la metteure en scène a délimité trois espaces où se placent chacune des trois Camille. Elles sont toujours là, mais chacune baisse la tête, se fait invisible quand une autre prend la parole, jusqu’à la scène finale où les trois se rejoignent et se parlent comme dans la sculpture des Causeuses. En fond de scène des projections laissent apparaître un étrange enfant messager de la mort qui fait songer à Petite châtelaine et des fragments de sculptures de Camille Claudel qui ont survécu à sa folie destructrice. La musique rappelle les inspirations de l’époque, Debussy, le Japon.

Vanessa Fonte est la jeune Camille, impatiente, fiévreuse, qui affirme son désir d’être libre, aimée et célèbre. Elle est superbe. Nathalie Boutefeu incarne la Camille pleine de révolte, que son amour-haine pour Rodin, la solitude et l’absence d’amour et de reconnaissance sont en train de conduire à la folie. Clémentine Yelnick est touchante en Camille vieille, internée, solitaire et dévastée par le manque d’amour.

vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegOn ne peut rêver plus bel hommage à cette artiste d’exception que fut Camille Claudel, un écho à la vie de celle qui écrivit : « Ma vie est un roman, même une épopée. Je suis tombée dans le gouffre. Du rêve que fut ma vie, ceci est le cauchemar ».

Micheline Rousselet

Du mardi au samedi à 18h30

Théâtre du Lucernaire

53 rue Notre Dame des Champs, 75006 PARIS

Réduc’SNES sur réservation : 01 45 44 57 34

Le très exigeant site Médiapart a repéré la pièce « Camille, Camille, Camille » de Sophie Jabès (13.10.14)

Capture d’écran 2014-10-19 à 23.04.40.pngThéâtre/Critique. « Camille, Camille, Camille » Une Pièce bouleversante de Sophie Jabès au Lucernaire

13 octobre 2014 |  Par Dashiell Donello

Quand Camille Claudel devient le sujet de son oeuvre

vz-AADC5968-0B87-432E-9A7F-F4C324CE49A6.jpegCamille, Camille, Camille, de Sophie Jabès nous conte par trois fois, le rêve de vie de Camille Claudel devenu un impossible cauchemar qui finira dans le carré des fous. Camille moribonde à l’écoute des voix du passé, Camille aux portes de l’internement et Camille élève surdouée du sculpteur Auguste Rodin.

La scénographie (Élodie Monet) évoque trois époques de la vie de Camille Claudel. La chambre d’hôpital où elle est internée, l’isolement figuré par un sol en bois sorte d’île de la solitude, et les accessoires de son ordinaire de vie que l’on retrouve dans ses sculptures. 

« J’ai voulu que renaisse sur scène celle que l’on a cherché à museler, celle qui réclamait « la liberté à grand cri », liberté de créer, de sculpter, d’exister et poser la question de la place de l’artiste femme dans la société, aujourd’hui. La musique et l’univers sonore évoquent les tourments et névroses de Camille Claudel : miroir de toutes ses passions et inspirations : l’amour pour Rodin, l’amitié et la complicité artistique avec Claude Debussy, le Japon… »  Nous dit Marie Montegani dans ces notes d’intention de mise en scène. 

 

L’idée centrale de la mise en scène fait sens en liant la vie et l’oeuvre de Camille Claudel. C’est une belle réussite ; tout comme l’intelligence du monologue à trois voix qui devient Les causeuses, mais aussi La Vague qui l’emportera, la voix intérieure de  La petite châtelaine, Clotho  symbole du temps de sa vie ; mais aussi Le cri d’Edvar Munch masque d’effroi et de souffrance de Camille. Les comédiennes Vanessa Fonte, Nathalie Boutefeu, Clémentine Yelnik, et Geneviève Dang, sont impeccablement dirigées par Marie Montegani dans cette pièce qui nous a bouleversés. 

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