« Le Matin »
20 février 1981
Milvia Maglione, peintre et femme
Rue de Seine, les Editions des Femmes viennent d’installer une nouvelle librairie-galerie, et c’est Milvia Maglione, dont on n’avait pas vu les travaux à Paris depuis longtemps, qui inaugure cimaises et vitrines.
Qu’elle s’exprime sur une toile traditionnelle avec des pinceaux, ou sur un grand drap laissé souple avec du fil et une aiguille, le fait plastique domine chez Milvia Maglione et s’impose totalement. Il n’est pas ici un côté peinture et un côté couture, même si l’artiste a tenu tout un temps à mettre en évidence les instruments d’un univers dit spécifiquement féminin pour, à sa manière, se joindre à un combat nécessaire.
L’histoire de Milvia Maglione se raconte sur fond de paysage. C’est dans le paysage que naît une simple zone de lumière qui marque le temps de l’éclair de la pensée, de la réflexion, de la descente aux tréfonds de soi. C’est dans le paysage que la poupée, mais aussi la petite fille, se voit en morceaux, sa tête roulant comme une balle.
C’est du paysage enfin qu’émerge un très bel autoportrait. La tête est pleine d’images, lisibles, signifiantes, saisies dans une sorte de microscope géant, qui sont à déchiffrer une par une. Simplement parce qu’elles parlent de l’histoire d’une femme, mais aussi de celle de toutes les femmes.
Maïten Bouisset
Librairie des Femmes, 74 rue de Seine, jusqu’à fin février.