Un échantillon de l’exposition « Nus et Or » à l’Espace des femmes… Et la Star, Sophie Bassouls !




Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
Bienvenue à tous, grâce à la générosité d’Antoinette Fouque, commençons décembre en beauté, par une soirée rare à Paris !! 
Ce mardi 2 décembre, à 20 h 30, soyez nombreux à saisir votre chance de venir écouter DANIEL MESGUICH (le grand, le vrai !! Rappelons qu’il a enregistré avec Cyril Huvé un très beau livre audio aux éditions des Femmes en 2006 : « Mélodrames romantiques »
) lire des pages de l’excellent roman de son amie Véronique Beucler.
Auteur chez Albin Michel de « Les particules de mon mari sont authentiques ». 
Espace des Femmes – 35 rue Jacob, Paris 6ème

Saint-Raphaël
Antoinette Fouque, créatrice du MLF : « Je rêve d’un Grenelle des femmes »Paru aujourd’hui, lundi 1 décembre 2008
Pour la psychanalyste Antoinette Fouque, « il faut concevoir une société moins masculine, moins nombriliste, plus altruiste, plus attentive à l’autre ».
La voix éraillée est chaude, le débit rapide et l’accent de Marseille, délicieux. A 72 ans, Antoinette Fouque, petite bonne femme au regard perçant, n’a rien perdu de la flamme qui l’a toujours animée. Et qui l’a conduite à créer, avec « une poignée de copines », le MLF (Mouvement de libération des femmes) en octobre 1968. Un ouvrage collectif (1) célèbre aujourd’hui les 40 ans de ce « mouvement civilisationnel », selon l’expression du sociologue Edgar Morin. Anniversaire contesté, parfois avec virulence, par d’autres femmes, qui réfutent la fondation du MLF par Antoinette Fouque. Preuve que « le combat reste idéologique », analyse la psychanalyste marseillaise. A deux pas de sa librairie « Des femmes », dans la maison blanche du quartier Saint-Germain où elle travaille quand elle ne réside pas dans sa villa de Saint-Raphaël, Antoinette Fouque raconte, détaille, en actionnant sans cesse le mécanisme du fauteuil roulant dans lequel elle se trouve depuis une maladie invalidante. Au bout de deux heures, elle ose un inquiet : « Je ne vous ai pas trop saoulée au moins ? » Avant de demander, avec une attentive curiosité, si vous, vous vous sentez féministe. Parce qu’elle, la professeure formée auprès de Barthes et de Lacan, conclut : « Moi, je ne suis pas que féministe, je suis surtout une femme de combat. » C’est drôle, on l’aurait parié…
Comment la fille d’un berger corse et d’une immigrée calabraise a-t-elle été conduite à créer le Mouvement de libération des femmes ?
« Je suis le troisième enfant d’une famille prolétaire, née dans une France conservatrice et nataliste qui ne permettait pas aux femmes de maîtriser leur fécondité. Mon père a quitté son île à 16 ans pour devenir marin à Marseille. Il savait à peine lire et écrire, était communiste, militant du Front populaire. Ma mère était illettrée et folle de culture, comme beaucoup de méridionaux. Mes parents savaient que la voie royale pour l’ascenseur social, c’étaient les études, l’instruction comme on disait alors. Ils croyaient en l’école républicaine. Je suis allée au lycée Longchamp, j’y ai reçu le même enseignement que les bourgeoises et les filles d’avocat, même si j’habitais la Belle-de-Mai. Après des études à Aix-en-Provence, je me suis mariée et je suis venue à Paris en octobre 1960.
Le moment décisif de ma vie, ce fut l’arrivée de ma fille Vincente en 1964. Cette naissance m’a questionnée. Mon mari était au service militaire, je ne pouvais même pas toucher les allocations familiales !
Si mon milieu n’était pas répressif, en revanche, dans celui, littéraire, que je fréquentais, la misogynie était flagrante, les femmes n’avaient pas droit au chapitre. Elles étaient censurées, jamais citées, jamais sur la photo, quand on parlait du Nouveau roman par exemple. Seuls les hommes tenaient la vedette. »
Alors est arrivé Mai 1968…
« Là, j’ai fait la connaissance, au début de l’année, de Monique Witting, un écrivain qui avait eu le prix Médicis en 1966. Elle était déchaînée comme moi contre la misogynie. On s’aperçoit vite que le mouvement de 68 est passionnant, mais très machiste, « la victoire au bout du fusil », « la victoire au bout du phallus ». On crée alors un comité à La Sorbonne, avec Marguerite Duras, Nathalie Sarraute, André Téchiné… Il y avait des artistes, des étudiants, des ouvriers. On a l’impression que d’un coup, tout est possible. Mais les femmes ne prennent jamais part aux débats.
Nous décidons alors de lancer un groupe de femmes pour libérer la parole. Début octobre, Marguerite Duras nous prête un studio rue de Vaugirard. On s’est assises par terre et on s’est mises à discuter, à quelques-unes. On fait des réunions avec des femmes battues, des femmes qui nous racontent des incestes. On organise des crèches sauvages. C’est ainsi qu’est né le MLF. »
D’autres datent la naissance du mouvement du 9 août 1970, quand un groupe de femmes dépose une gerbe à la femme inconnue du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe.
« Il s’agit là du baptême médiatique du mouvement. Depuis deux ans déjà, j’avais créé le MLF avec Witting et quelques autres. Nous avons fait une première sortie publique à Vincennes, en 70. Witting voulait prendre un cap médiatique, moi je songeais plutôt à lancer une université populaire. »
Quelle était votre définition du MLF ?
« D’abord, j’ai créé le MLF pour toutes les femmes, pour m’adresser au plus grand nombre. Pas pour une minorité. Sur le fond : Simone de Beauvoir disait que la femme est un homme comme un autre. Moi je dis non : il y a une différence des sexes. Il y a deux sexes. Nous sommes égaux, mais différents. Nous devons affirmer les deux à la fois. Celles qui m’attaquent aujourd’hui ont refusé de penser cette différence des sexes.
Il ne faut pas oublier que les femmes donnent la vie. Elles n’ont pas à sacrifier la maternité à l’ambition professionnelle ou vice-versa. Chez Beauvoir, il y a une vision machiste de la grossesse. Même une haine de la maternité. En France, on a le plus grand taux de fécondité et 80 % des femmes travaillent. Preuve que les femmes n’ont pas sacrifié l’ambition à la maternité, mais ont essayé d’avoir les deux. Le MLF n’a pas été seulement un mouvement social et politique, mais un mouvement civilisationnel. On a organisé, dans les années qui ont suivi, des conférences mondiales sur les femmes, dans la foulée du MLF. »
Vous pensez que les femmes sont sur le bon chemin ?
« On a plus gagné, dans les quarante dernières années, qu’en 4 000 ans. En affirmant tous les droits que nous avons conquis et les droits à la création, va peut-être émerger un nouvel humanisme, comme à la Renaissance. Il faut concevoir une société moins masculine, moins nombriliste, plus altruiste, plus attentive à l’autre. »
Et en politique ? Quelle place pour les femmes ?
« C’est toujours un milieu très machiste, où les femmes sont harcelées, en difficulté. Rachida, Rama… Elles le disent toutes. Le monde politique est un enfer pour les femmes. Notamment lors de la grossesse, pivot de la vie des femmes, toujours pas admise par la société. Il n’y a qu’à voir les quolibets dont fait l’objet Rachida Dati. Il y a une vraie résistance économique aussi. En cas de problèmes comme aujourd’hui, les premières victimes de la crise sont les pauvres et les femmes. »
Et Ségolène Royal ?
« Je l’ai soutenue. En voilà une qui a mené de front désir d’enfants (puisqu’elle en a quatre) et ambitions, puis qui a été vue comme une femme trompée. Et qui continue à être belle. C’est un chemin de vie que j’admire. Si elle avait fait davantage appel aux femmes à la présidentielle, elle serait passée. Mais je crois que c’était prématuré, ça n’était pas mûr. Peut-être seulement a-t-elle manqué d’indépendance quant à sa vie affective.
Or, pour une femme, il y a quatre indépendances à trouver : l’indépendance érotique, l’indépendance économique, l’indépendance politique et l’indépendance symbolique (comme par exemple garder le nom de famille de la mère). C’est le cadre indispensable.
Si je suis radicalement une femme de gauche, de gauche extrême (je n’ai jamais cependant eu de carte) et même si j’ai appelé le MLF à voter Mitterrand, pour moi, au-delà de la politique, il y a l’éthique. »
Comment pourrait évoluer concrètement la cause des femmes quarante ans après la création du MLF ?
« Je rêve d’un Grenelle des femmes. Pour globaliser la question, en allant du plus réel au plus symbolique. Pour prendre le problème de A à Z, du corps au droit de gérer la cité. Regardez en Espagne, c’est un bon exemple, il y a deux vices-premiers ministres, un homme et une femme. Ce qui ne veut pas dire que les femmes s’occupent des problèmes des femmes. Ne l’oublions pas : les droits des femmes font partie intégrante des droits de l’homme, c’est inscrit dans la charte de l’ONU. »
1. Génération MLF 1968-2008, aux éditions Des Femmes, 18 euros.
Savoir +
Dans le cadre du magazine « Empreintes », France 5 propose un portrait d’Antoinette Fouque vendredi, à 20 h 30, réalisé par Julie Bertuccelli. Prévu début octobre, il avait été remplacé au dernier moment par un magazine sur Jean-Marie Le Clézio, qui venait d’obtenir le prix Nobel de littérature.
« Les gays sont les enfants du MLF »
Antoinette Fouque, éditrice indispensable et militante infatigable, revient sur quelques éléments clés de la naissance du Mouvement de libération des femmes qu’elle a cofondé et dont on faite les 40 ans cette année.
LE FHAR
« J’ai conseillé à Guy Hocquenghem d’aider les homos de province en leur montrant qu’on pouvait vivre son homosexualité et assumer son espace de liberté intérieure. Grâce à Mai 68, nous sommes devenus nous-mêmes la matière de nos révolutions. Guy m’a écoutée et a créé le Front homosexuel d’action révolutionnaire, le FHAR, en 1971. » A la même période, Antoinette Fouque organise une réunion pour parler du caractère politique de l’homosexualité et en faire un point de combat pour lequel homos et hétéros doivent lutter. Elle voit alors débarquer chez elle, rue des Saints-Pères, une centaine de filles de Pigalle ravissantes et travesties, au grand dam de se voisine de palier.
LE LESBIANISME
« Je n’étais pas hostile au lesbianisme mais l’idée d’adhérer ou de coller à une étiquette de « féministe » ou de « lesbienne » m’aurait empêché de penser. Je disais souvent à Monique Wittig : une lesbienne ressemble à une fille qui imite un garçon qui imite un homme. Les Gouines rouges ou lesbiennes radicales étaient des baraquées bottées, casquées et en cuir. » Antoinette Fouque et Monique Wittig ont cofondé le Mouvement de libération des femmes (MLF), dont la spécificité à l’époque était la non-mixité. Tandis que la première découvre, à travers sa grossesse, la puissance de la gestation féminine et le fait qu’il y a deux sexes et non un seul neutre et/ou masculin, la seconde se détache du terme femme pour élaborer un devenir-lesbien.
LE MLF ET LE MONDE GAY
« Les gays sont les enfants du MLF, au fond nous sommes tous les enfants de ce Mouvement de libération des femmes, voilà ce que j’ai envie de dire au monde gay. En même temps, le MLF s’est pensé et a agi contre d’autres forces d’oppression, de classe et de race notamment. » Le MLF, mouvement altruiste, a permis la libération des femmes et a aussi lutté pour toutes les libertés. Il a montré en outre tout ce qu’il y avait de fasciste et de machiste dans le déni de l’homosexualité.
Ursula Del Aguila
Aux éditions Des femmes – Antoinette Fouque :
Génération MLF 1968-2008, de Antoinette Fouque
Frères et sœurs – sur la piste de l’hystérie masculine de Juliet Mitchell,
et réédition du bouleversant Sita de Kate Millett.
La Clause de l’Européenne la plus favorisée-27 et 28 novembre 2008-Paris 1
Dans le cadre de la Présidence française de l’Union Européenne
LA CLAUSE DE L’EUROPEENNE LA PLUS FAVORISEE
« Le meilleur de l’Europe pour les femmes »
Les 27 et 28 novembre 2008
Au Centre des Conférences Internationales
19, avenue Kléber – 75016 Paris, France
PROGRAMME DU COLLOQUE
JEUDI 27 NOVEMBRE 2008
09h00-09h30 : Accueil des participants
09h30-11h00 : Le meilleur de l’Europe pour les femmes.
Introduction : présentation du programme et des participants
Par Frédéric Taddéi, journaliste (culture et société) de France Télévisions, qui animera le débat.
Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
Margot Wallström, Vice-présidente de la Commission Européenne.
Valérie Létard, Secrétaire d’Etat à la Solidarité.
Vladimir Spidla, Commissaire européen chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’égalité des chances.
11h00-11h45 : Présentation de la Clause de l’Européenne la plus favorisée.
Présentation des méthodes de travail et des domaines de la Clause
Projections commentées et annonce du « Bouquet législatif »
Maria Cornaz, Violaine Lucas et Barbara Vilain répondront aux questions de Frédéric Taddéi.
12h00-13h00 : Faisabilité juridique de la Clause
Avec la participation de Professeurs européens spécialistes de Droit communautaire institutionnel :
Jean-Luc Sauron (France), Maître des requêtes au Conseil d’Etat.
Eva Edwardsson (Suède), Professeure de Droit européen.
Inge Govaere (Belgique), Professeure de droit européen à l’Université de Gand et Directrice du département d’études juridiques
européennes du collège d’Europe de Bruges.
Andreu Olesti Rayo (Espagne), Directeur du département d’études juridiques européennes du Centre d’études internationales de
Barcelone. Débat mené par Frédéric Taddéi et Séverine Dupagny, juriste européenne.
*
14h15-15h45 / 16h30-18h : Ateliers
Choisir de donner la vie, animé par Violaine Lucas (France).
Pays participants : Chypre, Danemark, Irlande, Pays-Bas, Pologne, Portugal.
La famille : havre affectif ou piège pour les femmes ?, animé par Séverine Dupagny et Anne Dussaulx (France).
Pays participants : Autriche, Estonie, Grèce, Malte, République tchèque.
Violences : femmes battues, femmes violées, femmes prostituées, animé par Maria Cornaz (France).
Pays participants : Estonie, Espagne, Lettonie, Lituanie, Suède.
Travail : l’indépendance économique des femmes, socle de toutes les libertés, animé par Barbara Vilain (France).
Pays participants : Allemagne, Bulgarie, France, Italie, Roumanie, Royaume-Uni.
Politique : quelle démocratie pour les femmes ? animé par Faye Fisch (France).
Pays participants : Belgique, Finlande, Luxembourg, Hongrie, Slovaquie, Slovénie.
La Clause de l’Européenne la plus favorisée-27 et 28 novembre 2008-Paris 2
VENDREDI 28 NOVEMBRE 2008
09h00-09h30 : Intervention de Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes
09h30-12h00 : Le Parlement Européen à l’écoute des rapporteures
Table ronde des Présidents de cinq groupes parlementaires (PPE-DE ; PSE ; ADLE ; Verts ; GUE – Gauche verte
nordique). Ils réagissent, lors d’un débat, aux conclusions des rapporteures.
Audrey Pulvar, journaliste politique de France Télévisions, et Frédéric Taddéi mènent les échanges.
*
14h30-16h00 : « Droits des femmes = droits des hommes ? »
Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
Rama Yade, Secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme.
Dzamila Stehlikova, Ministre de Droits de l’Homme et des minorités nationales (République Tchèque).
Nyamko Sabuni, Ministre de l’Intégration et de l’Egalité des sexes (Suède) (sous réserve).
Irene Kahn, Secrétaire Générale d’Amnesty International.
Débat mené par Audrey Pulvar.
16h-16h15 : Intervention de Bernard Kouchner, Ministre des Affaires étrangères
16h15-16h30 : Pause
16h30-18h00 : Femmes en attente d’Europe ?
Dialogue entre Roselyne Bachelot, (France) Ministre de la Santé, de la jeunesse, des sports et de la vie associative,
Elisabeth Guigou, (France) Ancienne Ministre des Affaires européennes et Députée de Seine-Saint-Denis à l’Assemblée
Nationale et des représentantes de pays de l’Union pour la Méditerranée : Algérie, Croatie, Egypte, Maroc, Tunisie
et Turquie, mené par Audrey Pulvar.
18h00-18h15 : Conclusion
Le Secrétariat Permanent Européen de la Clause
Par Gisèle Halimi, Présidente de Choisir la cause des femmes.
A partir de 18h30 : Cocktail de clôture
Le colloque se déroulera en français et en anglais (traduction simultanée).
16 XI 2008

« LES OBSCURES » DE CHANTAL CHAWAF
Ce dernier roman de Chantal Chawaf se déroule dans la complexité et la dureté d’une vie de femme, de deux femmes : belle-mère abandonnée par son mari turc, belle-fille ne connaissant de son père que les reproches et les coups… Recherche d’une autre compagnie qui n’apporte rien de plus que contraintes et nouvelles violences. L’humanité n’est pas coupable. Ce sont les femmes qui se montrent impuissantes.
Les scènes de brutalité témoignent de manque d’amour, elles étaient nées filles au pays des fils…
Ces deux personnages hors du temps sont imprégnés d’une souffrance voulue. Conflit expliquable par le passé de ces êtres battus, spoliés de la douceur, de l’affection que peut montrer une mère. Vivant imprégnées d’un passé séculaire qu’elles n’ont jamais connu et ne connaîtront jamais, dont elles ne parviennent pas à se libérer. Ces brutales, à la méchanceté cruelle parfois, sont en réalité en mal d’amour. Qui le comprendra ? Qui le ressentira ?
« Mon frère c’est un individu, les gars d’aujourd’hui sont des individus », ils n’ont que l’égoïsme pour exister.
La vie de ces deux « Obscures », belle-mère ivre de tendresse, belle-fille violente, frustrée au quotidien, est inconciliable.
La lutte tantôt sournoise, tantôt violente, méchante, où les cicatrices corporelles témoignent de l’intensité des coups, se déroule dans une banlieue particulièrement inhospitalière, qui n’apporte rien que ses tours et son indifférence à ces deux femmes avides de tendresse volée.
Pourtant… Lise avait été conçue pour une vie bien différente. N’avait- elle pas tourné la page des beaux jours… ?
Et sa vie s’imprégnait d’eau, de lacs dans lesquels peu à peu elle semblait s’immerger, disparaître. Un jour avait surgi Yashar…
« Peut-on réveiller une somnambule ? Enfouis dans les cellules de son ascendance par les femmes, l’infériorisation, l’exploitation, la lapidation, la répudiation, l’esclavage rendaient Yashar fragile, nerveuse, violente. De l’histoire de l’Orient, Yashar, turque, arrière-petite-fille de Tcherkesses, ne connaissait que cet héritage impulsif qui, au moindre choc, à la moindre contrariété, se manifestait par des vociférations, par une rancune où, en état second, elle devenait incontrôlable, semblait étrangère à elle-même, se comportait en visionnaire, porteuse d’un monde ancien dont elle ne pouvait pas mesurer l’emprise ».
« Les Obscures » roman puissant de Chantal Chawaf, imprégné de la dure terre d’Asie dont la jeune Yashar reste une héritière.
Publié aux Éditions des Femmes/Antoinette Fouque.
Depuis sa première fiction « Rétable, La rêverie (Des femmes, 1974) Chantal Chawaf développe une oeuvre originale et incandescente, riche aujourd’hui de plus d’une vingtaine de titres.
Claudie KIBLER ANDREOTTI
Photo CKA : Chantal Chawaf (à G.) lors d’un dîner littéraire chez son amie Gwendolyn Chabrier de Saint Tropez

Jacques Derrida
Feu la cendre
lu par l’auteur et par Carole Bouquet
Texte intégral
1 CD -18 €
“ Il y a plus de quinze ans, une phrase m’est venue, comme malgré moi, revenue, plutôt, singulière, singulièrement brève, presque muette : Il y a là cendre.
Là s’écrivait avec un accent grave : là, il y a cendre. Il y a, là, cendre. Mais l’accent, s’il se lit à l’œil, ne s’entend pas : il y a là cendre. A l’écoute, l’article défini, la, risque d’effacer le lieu, la mention ou la mémoire du lieu, l’adverbe là… Mais à la lecture muette, c’est l’inverse, là efface la, la s’efface : lui-même, elle-même, deux fois plutôt qu’une.
Cette tension risquée entre l’écriture et la parole, cette vibration entre la grammaire et la voix, c’est aussi l’un des thèmes du polylogue. Celui-ci était fait pour l’œil ou pour une voix intérieure, une voix absolument basse. Mais par là même il donnait à lire, peut-être à analyser ce qu’une mise en voix pouvait appeler et à la fois menacer de perdre, une profération impossible et des tonalités introuvables. ” J.D.
Le texte Feu la cendre est publié simultanément



La femme Rykiel a 40 ans. Si jeune, elle entre dans la légende. Bon anniversaire Maman ! Nathalie Rykiel
Accusée, levez-vous.
Vous êtes la première robe que j’ai inventée, « La Divine ».
Comment avez-vous aidé ce mouvement naissant (le MLF) ?
Je cherchais un style de vie non plus lié à l’image
mais à la politique du moment,
une manière de bouger plus androgyne, plus moderne,
une sensualité du quotidien qui convenait plus
à la vie que les femmes menaient.
J’ai retourné les vêtements ; je ne les ai pas finis ;
j’ai fait des trous, des superpositions ;
j’ai décidé que l’habit c’était la liberté.
J’ai mis des mots sur les pulls, des dessins ;
je les ai attachés sur les fesses en insistant.
Désormais l’érotisme, c’était ça.
J’ai gommé l’inutile et explosé la beauté.
Je lui ai donné un rôle de comédienne
et je lui ai mis un drapeau bleu-blanc-rouge dans la main.
Sonia Rykiel, 1968-2008
*****

FR, Femme Rykiel ou Féministe Révolutionnaire ?
Guérillère, Rouge en Mai ou Continent Noir ?
C’est Sonia tout entière à sa robe vouée.
De Gravida en Gradiva, mille e tre, toutes pour une,
elles avancent, de collection en collection,
terminée et inachevable :
Métaphore, métamorphose,
insistance incessante de la Recherche,
Métonymie, récit, oeuvre accomplie,
existence prégnante de l’Energie noire :
Elément insolite de notre Univers,
monstre, mystère, merveille, mouvement,
Galaxie matricielle, lumière utérine,
ombre d’étoiles, espace-espèce,
Accélération du rêve, expansion géni(t)ale.
Textes, tissus, verbe et chair tricotés,
pièces cousues, mots rapportés,
Poète et couturière, Sonia se fait Rhapsode,
Une femme s’enfante et le Temps se dilate…
Rhapsody un black
Antoinette Fouque, 1968-2008