Emission de Babette de Rozières chez Jean-Marc Morandini

Emission de Babette de Rozières chez Jean-Marc Morandini

Babette de Rozières règle violemment ses comptes dans « Morandini Live » avec Valérie Pécresse: « Cette femme c’est mensonge, mépris et manipulation ! Elle marche sur la tête de tout le monde » – Regardez

Ce matin, Babette de Rozières était l’invitée de Jean-Marc Morandini dans « Morandini Live » sur CNews, à l’occasion de la sortie de son livre « La face cachée de la politique en Ile-de-France » (éditions Orphie). Dans cet ouvrage, elle explique pourquoi elle a choisi de quitter l’équipe de Valérie Pécresse en pleine campagne présidentielle.

« Ce n’était pas une erreur d’aller en politique. Lorsque Valérie Pécresse est venue me chercher, je me suis dit ‘pourquoi pas. C’est une occasion pour moi, en politique, de parler des Outre-mer’. J’ai fait une belle expérience. Ça m’a permis de connaitre l’envers du décor », a-t-elle débuté sur le plateau de « Morandini Live ».

Et d’ajouter : « Valérie Pécresse, c’est la braqueuse en chef de la région Ile-de-France. Elle veut régner sur tout ce qui bouge, sur les municipales, sur les législatives, sur les européennes, sur la région… Elle veut être la cheftaine de tout. Elle pilote le canadair de l’argent public. Les gens sont à ses pieds ».

« Valérie Pécresse n’a d’empathie pour personne. Il n’y a qu’elle qui compte. Mon mari m’a dit de ne pas y aller. J’ai fait mon expérience. Je ne la regrette pas. Ca m’a permis de défendre pas mal de dossiers (…) Valérie n’a pas de parole, elle méprise tout le monde, elle marche sur la tête de tout le monde. C’est la reine mère. Elle abuse de ça. C’est une femme qui n’est pas gentille. On ne peut pas avoir confiance en elle », a poursuivi Babette de Rozières.

« C’est une manipulatrice. Quand elle est gentille avec quelqu’un, tu peux être sûr qu’elle veut en tirer quelque chose. C’est son style (…) Au moment, où je n’en pouvais plus, je suis partie », a expliqué la cheffe. Et de continuer : « Je savais que, dans la politique, il y avait du mensonge, de petits arrangements entre amis. Mais à ce point là, non ! Il y a la méchanceté qui va avec, le mensonge, le mépris… Tout ça, c’est dans le menu de Valérie Pécresse. Elle n’existe plus pour moi depuis le 8 mars 2022 ».

Damie Chad livre un superbe article sur « 1m976 » de Gérald Wittock dans « Chroniques de pourpre »

Damie Chad livre un superbe article sur « 1m976 » dans « Chroniques de pourpre »

Une belle enveloppe dans la boîte à lettres. Un envoi de Guilaine Depis, attachée de presse (La Balustrade). Un livre paru aux Editions The Melmac Cat. Cat est un mot qui cliquette agréablement aux oreilles des rockers. Sur le tract d’envoi, il est spécifié que le bouquin s’inscrit dans un nouveau courant littéraire le ‘’ pop roman’’.

Le terme roman ne pose point de problème, celui de pop me hérisse quelque peu. Depuis quelques années la merchandisation de la littérature tend à creuser un fossé entre littérature dite ‘’élitiste’’ et la pop culture. Alors que dans les années soixante ce dernier terme désignait une volonté séditieuse d’ouvrir le champ littéraire et musical à des expérimentations éloignées des corsetages académiques, de nos jours le mot pop tend à désigner des œuvres facilement accessibles, pour ne pas dire subalternes, destinées à un public de masse. Ceci dit, ne nous fions pas aux étiquettes.

1M976

GERALD WITTOCK

The Melmac Cat / Avril 2023 )

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Gérald Wittock n’est pas tout à fait un inconnu. Une succincte biographie au dos de la couverture nous apprend qu’il est le descendant direct de Lucien Bonaparte. C’était le fils aîné de sa mère Letizia qui le préféra toujours à Napoléon. Ce détail historial n’est pas donné au hasard. Notre auteur a déjà publié plusieurs romans, notamment La Mutation, qui évoque un monde où les femmes ont pris le pouvoir… l’a aussi fait de la musique, notamment un disque (quatre semaines N°1 en Angleterre) Make Luv sous le nom de Room 5

Couverture pop colorée, un mix manga-Warhol, de Bolo, agréable à regarder, attention un livre musical, chaque chapitre possède son QR code qui renvoie à une vidéo, le choix musical commence bien avec Riders on the storm des Doors, la suite est moins alléchante puisque l’on y trouve jusqu’à Sheila & B. Devotion. Il y a à boire et à ne pas manger dans cette playlist… Que voulez-vous, question Q avec ou sans R les rockers n’aiment que Suzie Q.

Un livre gigogne. Ne serait-ce que cet avertissement de l’éditeur, suivie d’une fausse préface d’un ami, remplacée par une fausse interview de l’auteur, un véritable miroir aux alouettes ce roman. Peut-être avant de commencer notre analyse devrions-nous le résumer en quelques lignes afin de ne pas perdre le lecteur. Que se passe-t-il donc dans ce roman ? Toute question simple exige une réponse aussi simple. La voici donc : rien, il ne s’y passe rien du tout. Attention, je n’ai pas dit qu’il ne nous offre que deux cents pages blanches. Encore qu’en fin de volume Gérald Wittock termine ses remerciements par un grand merci à Malevitch et à son carré noir, ce qui tout de suite obscurcit le sujet. Après quoi il ajoute une petite phrase assassine : La littérature défie la censure. Une invitation à lire entre les lignes.

Mais de quoi parle-t-il au juste s’impatientent les lecteurs. Le tract de présentation ne donne pas dans la nuance : annonce tout de go : Thématique de l’autisme. Reste qu’il y a autisme et autisme. Faut-il entendre ce mot comme l’affection dont nombre d’adolescents sont atteints depuis quelques années, ou le comprendre comme une métaphore descriptive du fonctionnement de notre société.

Le roman se déroule à New York au milieu des années-soixante-dix. S’il se passait à Tokyo, au lieu d’user du vocable autiste on emploierait le mot hikikomori, ces adolescents japonais qui s’enferment dans leur chambre à lire des mangas et à jouer aux jeux-vidéo. Mais nous sommes à New York ce qui n’empêche pas Gérald Wittock d’user de l’esthétique du théâtre français classique. Du dix-septième siècle. Un seul lieu : un appartement. Et encore notre héros 1M976 n’a pas le droit de rentrer dans la chambre de sa mère ( voir Letizia ). Ce n’est pas grave, puisque toute l’action se déroule dans un lieu exigu. Pire que les toilettes. Dans sa tête.

Est-ce que Gérald Wittock triche avec la règle de l’unité de temps. Nous avons envie de répondre oui. Nous avons envie de répondre non. Ce n’est pas que nous hésiterions. Nous conseillons nos lecteurs à relire les pages dans lesquelles Paul Valéry rapporte son entretient avec Albert Einstein, tous deux discutent de la notion d’élasticité du temps. C’est un peu comme un élastique : plus vous l’étirez, plus il s’allonge, et pourtant c’est toujours le même élastique. Une fois que vous aurez fini le livre vous aurez tout votre temps pour réfléchir sur la durée effective du récit.

J’ai peur d’effrayer le lecteur, je le rassure tout de suite, aucun temps mort, l’action n’est jamais linéaire, elle comporte de nombreux hauts et de multiples bas. Gérald Wittock est un homme de son temps, si dans Racine et Corneille, Néron et Chimène entrent et sortent stupidement comme tout un chacun par une porte, le roman est pourvu d’un ascenseur. Qui monte et qui descend. Sans jamais faillir. Une fois que vous aurez fini le livre, vous aurez tout votre temps pour savoir si, ou pour savoir combien de fois, 1m976 emprunte l’ascenseur.

Tout ce qui précède procède du cadre conceptuel de ce livre. Si je m’y suis tant soit peu étendu, c’est qu’happé par l’action, entraîné par l’enchaînement des évènements vous risquez comme le poisson prisonnier de son aquarium aux flancs transparents de ne pas vous apercevoir des murs de la prison mentale qui vous claustrophobisent. Soyez vigilants, les indices les plus anodins sont les plus ambigus.

C’est que Gérald Wittock possède un esprit particulièrement retors. Excusez-moi, je me suis trompé d’adverbe, je voulais dire doublement retors. D’abord il se sert d’un truc qui marche toujours. Il vous raconte une histoire loufoque tout en vous assurant que rien n’est plus sérieux que son récit, vous met juste le nez dans le caca de votre époque en vous contant des choses effroyables qui, dieu merci, ne se passent pas par chez nous. Vous êtes prêt à lui épingler sur le veston la Légion d’Honneur du Mec bien, le Mérite Agricole du Citoyen Conscient, la Croix de Guerre de défenseur de la Femme et même de l’Homme. Jusque là tout va bien. La livre est terminé. Eh bien non, Gérald Wittock ne mégote pas, vous rajoute un épilogue. Au cas où vous auriez tout compris, il vous instille le doute. Le ver rongeur. Vous refile le coup de l’explication psychanalytique, autrement dit le coup du miroir qui vous reflète pour que vous réfléchissiez mieux.

Si vous n’avez pas tout compris, je (tout comme l’auteur) ne peux plus rien pour vous.

Ah ! si, pourquoi le héros possède-t-il ce nom bizarre, pas la peine que je vous en fasse une tartine, c’est très bien expliqué dans les toutes premières pages.

Damie Chad.

Benjamin Berton a craqué pour Gérald Wittock dans Sun Burns Out : « 1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John »

Amateurs de romans et musiques psychédéliques dingos, bienvenus. On n’aurait pas misé une pièce sur cet autoproclamé « roman pop » signé par un auteur qu’on ne connaissait pas, Gérald Wittock (ancien producteur et coauteur du tube Make Luv de Room 5 qu’on ne résiste pas à l’envie de placer ci-dessous), descendant de Lucien Bonaparte (ma foi) et fondateur du musée des Arts du Livre et de la Reliure (ma foi bis). 1m976 avait tout du roman foireux mais… pas du tout : ce livre de 200 pages et quelques se dévore avec passion, s’écoute aussi (un peu) et affiche un niveau de fantaisie qu’on avait pas croisé depuis la mort de feu Kurt Vonnegut Jr (c’était en 2007) et la retraite du non moins génial Jim Dodge.

Gérald Wittock évolue (ne nous enflammons pas) un cran en dessous de ces deux-là (il faut des décennies de travail pour domestiquer et organiser une imagination débridée) mais nous sert avec cette aventure loufoque et surréaliste de Teddy Murrey, jeune blanc à demi handicapé qui s’aventure dans le monde après la mort soudaine de sa mère avec laquelle il vivait cloîtré depuis sa naissance, une odyssée formidable, pleine de couleurs (pop donc), d’énergie et de trouvailles. Teddy, qui rappelle les héros naïfs des romans de science-fiction des années 50, courageux, sans doute séduisant, mais aussi totalement imbécile, prend l’ascenseur et en descendra à six ou sept reprises pour être projeté (sans logique apparente) dans des univers divergents et opprimants, futuristes et, pour la plupart, qui en feront une victime traquée ou un révolutionnaire malgré lui. Il rencontre une nana dont il s’amourache 1f675 (dans cette séquence, les humains prennent pour nom leur taille précédée d’un F pour les femmes, d’un M pour les hommes, d’où le titre du bouquin) et il croisera à plusieurs reprises dans le roman sous des formes/visages différents. Teddy s’enfuit, est poursuivi/interrogé par la Police, rencontre le président de la République, fait l’amour, participe ensuite à une version télévisée du jeu The Running Man, chasse à l’homme médiatique inventée en son temps par Stephen King et qui avait donné un chouette film avec Paul Michael Glaser en 1987, et on en passe.

On ne va pas reprendre les péripéties du livre une à une mais celles-ci s’enchaînent à un rythme effréné et qui ne lâche jamais son emprise sur nous. Le style de Wittock est allègre, assez soigné et si la structure de l’ouvrage est lâche, incohérente et finalement plus foutraque qu’il ne le faudrait, le traitement ne nuit jamais à la lecture et à l’efficacité d’ensemble. 1m976 fait forte impression et déroule son programme sans se retourner ni se poser de questions existentielles sur sa crédibilité.

On finit par s’attacher aux personnages et à éprouver une vraie tendresse pour le héros malgré lui, ce qui ne fera qu’amplifier l’émotion qu’on ressentira au moment du retournement final (chut). La lecture est égayée par l’incrustation de QR Codes renvoyant vers des vidéos YouTube et clips qui forment une playlist aussi inégale et surprenante que le livre lui-même et qu’on retrouve en fin d’ouvrage. L’irruption de ces vignettes dans le corps de texte agit comme une cerise hallucinogène sur un cake aux champignons et achève d’ouvrir des espaces dans l’espace pour ajouter au vertige du lecteur. Comme dans tout bon roman beat, de Burroughs (Benway) à Will Self (Busner/Mukhti), le mot de la fin appartient à un docteur (Koschnick) qui nous livre les clés du récit. Gérald Wittock retombe sur ses pattes et nous pas tout à fait, mais la science est sauve à défaut d’être saine.

1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John. La folie n’a jamais été un obstacle à la raison.

Amateurs de romans et musiques psychédéliques dingos, bienvenus. On n’aurait pas misé une pièce sur cet autoproclamé « roman pop » signé par un auteur qu’on ne connaissait pas, Gérald Wittock (ancien producteur et coauteur du tube Make Luv de Room 5 qu’on ne résiste pas à l’envie de placer ci-dessous), descendant de Lucien Bonaparte (ma foi) et fondateur du musée des Arts du Livre et de la Reliure (ma foi bis). 1m976 avait tout du roman foireux mais… pas du tout : ce livre de 200 pages et quelques se dévore avec passion, s’écoute aussi (un peu) et affiche un niveau de fantaisie qu’on avait pas croisé depuis la mort de feu Kurt Vonnegut Jr (c’était en 2007) et la retraite du non moins génial Jim Dodge.

Gérald Wittock évolue (ne nous enflammons pas) un cran en dessous de ces deux-là (il faut des décennies de travail pour domestiquer et organiser une imagination débridée) mais nous sert avec cette aventure loufoque et surréaliste de Teddy Murrey, jeune blanc à demi handicapé qui s’aventure dans le monde après la mort soudaine de sa mère avec laquelle il vivait cloîtré depuis sa naissance, une odyssée formidable, pleine de couleurs (pop donc), d’énergie et de trouvailles. Teddy, qui rappelle les héros naïfs des romans de science-fiction des années 50, courageux, sans doute séduisant, mais aussi totalement imbécile, prend l’ascenseur et en descendra à six ou sept reprises pour être projeté (sans logique apparente) dans des univers divergents et opprimants, futuristes et, pour la plupart, qui en feront une victime traquée ou un révolutionnaire malgré lui. Il rencontre une nana dont il s’amourache 1f675 (dans cette séquence, les humains prennent pour nom leur taille précédée d’un F pour les femmes, d’un M pour les hommes, d’où le titre du bouquin) et il croisera à plusieurs reprises dans le roman sous des formes/visages différents. Teddy s’enfuit, est poursuivi/interrogé par la Police, rencontre le président de la République, fait l’amour, participe ensuite à une version télévisée du jeu The Running Man, chasse à l’homme médiatique inventée en son temps par Stephen King et qui avait donné un chouette film avec Paul Michael Glaser en 1987, et on en passe.

On ne va pas reprendre les péripéties du livre une à une mais celles-ci s’enchaînent à un rythme effréné et qui ne lâche jamais son emprise sur nous. Le style de Wittock est allègre, assez soigné et si la structure de l’ouvrage est lâche, incohérente et finalement plus foutraque qu’il ne le faudrait, le traitement ne nuit jamais à la lecture et à l’efficacité d’ensemble. 1m976 fait forte impression et déroule son programme sans se retourner ni se poser de questions existentielles sur sa crédibilité.

On finit par s’attacher aux personnages et à éprouver une vraie tendresse pour le héros malgré lui, ce qui ne fera qu’amplifier l’émotion qu’on ressentira au moment du retournement final (chut). La lecture est égayée par l’incrustation de QR Codes renvoyant vers des vidéos YouTube et clips qui forment une playlist aussi inégale et surprenante que le livre lui-même et qu’on retrouve en fin d’ouvrage. L’irruption de ces vignettes dans le corps de texte agit comme une cerise hallucinogène sur un cake aux champignons et achève d’ouvrir des espaces dans l’espace pour ajouter au vertige du lecteur. Comme dans tout bon roman beat, de Burroughs (Benway) à Will Self (Busner/Mukhti), le mot de la fin appartient à un docteur (Koschnick) qui nous livre les clés du récit. Gérald Wittock retombe sur ses pattes et nous pas tout à fait, mais la science est sauve à défaut d’être saine.

1m976 est un roman surprenant qui, à l’image de sa playlist, passe d’Abba au Doors, en passant par les Beach Boys et Elton John. La folie n’a jamais été un obstacle à la raison.

« 1m976 » de Grald Wittock, « un bon divertissement » pour Argoul

Gérald Wittock, 1m976

Ce roman est meilleur que le précédent et premier : on s’améliore en faisant. Il est plus organisé, bien que délirant, mais marrant. Naming et zapping ont été écartés sans ménagement pour raconter une histoire. Elle se lit au galop, au rythme (and blues) de cet auteur belge cosmopolite et multiculti fan de mots et de musique. Car ce roman ne serait pas original s’il n’y avait, entrelacées entre les chapitres, des « chansons » à écouter par scan du code barre placé judicieusement sur la page. Ça fait « pop ! » comme le champagne, ça pétille, d’où le nom de pop roman.

L’histoire est celle d’un garçon de 15 ans vivant dans le Bronx à New York dans ces années 1970 mythiques – car elles sont la jeunesse de l’auteur. On y découvre l’informatique et les jeux vidéo, la baise torride et simple (avec des filles), le délire psychédélique de la Grosse pomme bouillonnante de mafias et de gangs ethniques, le fantasme de nourrir la planète avec de la chair humaine, l’orgueil égoïste des ultra libertariens qui n’ont jamais cessé de dominer l’Amérique, le racisme ordinaire bien ancré, les sectes sexuelles et pédo à la Moon, le jean en velours côtelé et la chemise en polyester – mais l’auteur ne semble pas se souvenir que, dans les années 70, tous les sous-vêtements (petits-bourgeois, prudes et engonçant) étaient bannis : pas plus de « caleçon » sous le jean, que de soutif sous le tee-shirt ou encore de chaussettes (les tongs étaient de rigueur). Colonisé de mœurs et ébloui par l’aura des États-Unis, l’auteur célèbre aussi le sempiternel Coca qui rendra obèse et abrégera l’espérance de vie yankee plus que les armes en vente libre. Il adore détailler minutieusement les caractéristiques de l’ordinateur IBM dernier cri de l’époque, le M16 de précision, les puissantes Transam V8 et les énormes camions chromés au museau de chacal. Il en jubile.

Teddy est trop intelligent pour aller à l’école et sa mère possessive le garde à l’appartement. Il ne sort pas et s’évade en créant des algorithmes pour animer un gros serpent dans un jeu vidéo, travail pour lequel il est payé. Longiligne et pâle, il a la maniaquerie et l’agoraphobie de l’autiste, probablement Asperger. Le réel et le trip s’emmêlent comme les pattes de la Panthère rose. L’ascenseur est la clé qui le fait basculer d’un monde à l’autre. Le groom, qui ressemble au gamin belge Spirou des BD, semble le passeur d’un monde à l’autre. Il se révélera… mais je vous laisse le découvrir. Pop manga, il y a de l’action et des images. Malgré un « avertissement », une dédicace et une (fausse) préface – le tout destiné à des journalistes pressés qui ne lisent jamais les livres dont ils causent, le reste se lit avec plaisir. Ce n’est pas l’œuvre du siècle (peut-être la prochaine fois ?) mais un bon divertissement.

Gérald Wittock, 1m976 – pop roman, 2023, The Melmac Cat, 215 pages, €14,00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

« Vents contraires » dans Mauvaise nouvelle, par Maximilien Friche

Vents contraires, Jean-François Kochanski

Par Maximilien Friche 
7 mai 2023 20:00 

Voici donc l’histoire vraie de Ryo Kurusu, soldat de sa Majesté l’empereur du Japon… C’est en visitant le temple Yasukuni à Tokyo que Jean-François Kochanski tombe nez à nez avec le visage d’apparence occidentale d’un jeune officier parmi les soldats japonais morts au combat durant la Deuxième Guerre Mondiale. De cette énigme, après des recherches fouillées au Japon où l’auteur s’installe, sort Vents contraires. Si Ryo a l’allure occidentale, c’est qu’il est le seul métis illustre de cette armée, un métis qui illustre dans sa chair le conflit dans cette partie du globe. Son père est un ambassadeur japonais, sa mère est américaine et il est né sur le sol américain. Jean-François Kochanski nous raconte comment Ryo va devenir japonais, parce que ses parents ont tranché, décidé pour lui. Il découvre son pays à l’âge de 8 ans et y suit l’école et ses études bien souvent loin de ses parents et de ses sœurs qui vont à travers le monde au fil des nominations du père diplomate.

Vents contraires est un récit à plusieurs étages. Nous suivons d’abord la construction d’une identité, celle de Ryo, au cœur même de sa contradiction de naissance. « Ma vie se résumait à avoir été un être perdu entre deux mondes, juste incapable de retrouver son chemin. » On constate que Ryo va devenir japonais essentiellement parce qu’il le désire, et cette allégeance à sa patrie ne dépend d’aucune renonciation. Sa part américaine restera, même enfouie, au fond de lui comme un possible resté en germe.

Nous suivons ensuite cette étrange culture japonaise, si étrangère pour nous. L’auteur note le rapport ambigu déjà à l’époque des japonais vis-à-vis de l’Occident, « Le sentiment d’attraction et de répulsion ressenti par bon nombre de japonais vis-à-vis d l’Occident. » Ce sentiment contradictoire va jusqu’à se manifester dans cette déclaration de guerre violente : « La peur de s’ouvrir au monde, mêlée à la volonté d’y participer, se reflétait dans l’attaque de Pearl Harbor. »

La guerre est finalement un accélérateur d’identité pour tous et particulièrement pour Ryo. Plutôt que de suivre un parcours de diplomate comme on lui propose sous prétexte que sa connaissance des langues et des cultures ennemies pourrait être utiles, il choisit de devenir militaire. Il ne peut pas se permettre de suivre les pas de son père, il lui faut conjurer son statut de métis. Il veut être japonais, comme ses parents ont choisi pour lui, il veut être pleinement japonais. Dès lors, celui dont le visage, semblable à celui d’un acteur américain, se remarque tout de suite, revêt l’uniforme militaire, symbole de son appartenance au pays, l’habit fera de lui le « moine ». La formation donnée a pour but de « Réincarner le samouraï de jadis dans chaque soldat de l’Empereur ».

La tragédie, celle qui venait de leur enlever leurs lendemains, qui dissolvait tout, va se vivre dans la chair même du héros. « L’identité que père et mère avait désiré me donner ne pouvait prendre un autre chemin et combattre la nation m’ayant vu naître en était le prix. » Devenu pilote, il abat un avion ennemi, enlève la vie d’un homme, et il éprouve ce que la guerre fait de nous, il ressent ce soulagement dénué de toute humanité. « Si tout avait été différent, j’aurais pu être un des leurs. » se dit-il à deux reprises en son for intérieur où loge en gésine son identité américaine.

Jean-François Kochanski nous offre un récit à la fois historique et psychologique, voire spirituel au travers de Vents contraires. C’est un ouvrage documenté, parsemé de lettres échangées entre les protagonistes de cette tragédie. Heureuses familles qui s’écrivent ! Retenons l’amertume de cette tragédie : le père diplomate a échoué à préserver la paix avec les Etats-Unis, et c’est cet échec qui fera de son fils un héros de guerre mort au combat.

Vents contraires, Jean-François Kochanski, récit, AZ éditions, 18€

Comment mieux accompagner son enfant autiste ? Gérald Wittock face à Marie-Ange de Montesquieu

Avec Gérald Wittock, auteur-compositeur. En 1992, il démissionne de son poste de cadre dans une multinationale et crée sa maison d’édition et de production audiovisuelle. Il est père d’un enfant autiste et auteur d’un pop roman « 1 m 976 – autisme, musique, New-York » (The Melmac Cat, 2023),

Barbara Donville, psychothérapeute, qui a longtemps exercé dans la thérapie parentale des enfants autistes. Elle se consacre désormais à ses travaux de recherche. Sa pensée, à la fois originale et pragmatique, en a fait une contributrice reconnue dans l’univers de cette pathologie. Elle a elle-même un enfant autiste, pour lequel elle a développé une méthode,

Peggy-Loup Garbal, installée à La Réunion depuis plus de quinze ans. Auteure, conteuse et journaliste, elle se consacre aujourd’hui exclusivement à l’écriture ; son premier roman est « Vengeresses » (Ed. Philippe Rey, 2023)

Et Sophie Vinziers, traductrice et interprète, qui a travaillé pour des organismes internationaux dont l’Unesco et la Commission européenne. Elle raconte son parcours dans « Comment j’ai sauvé mon enfant autiste ?» (Odile Jacob, 2023)

Conférence de Thierry Millemann « la preuve scientifique de notre immortalité » – par Guilaine Depis

Conférence de Thierry Millemann « la preuve scientifique de notre immortalité » – par Guilaine Depis

Avec Jean-Marc Bastière, écrivain, rédacteur en chef du « Monde Histoire et civilisations » et journaliste au Figaro littéraire – sur le livre de Thierry Millemann « Ondes et énergies cérébrales dans la physique quantique »

Pierre Ménat analyse la guerre en Ukraine pour Lettres capitales

Interview. Pierre Ménat : «L’Union européenne et la guerre », un livre instructif et utile pour comprendre la situation actuelle et le rôle que peut jouer l’Union européenne dans la sécurité 

Après France cherche Europe désespérément et Dix questions sur l’Europe post-covidienne, Pierre Ménat, diplomate, ancien conseiller pour les affaires européennes auprès de Jacques Chirac, ex-ambassadeur de France en Roumanie, en Pologne et en Tunisie vient de publier L’Union européenne et la guerre. L’auteur analyse avec tout autant de maîtrise et de rigueur l’actualité européenne issu du conflit russo-ukrainien et tente de définir « la place pour l’Union européenne dans l’ordre international de 2023 ». Un livre instructif et utile pour comprendre la situation actuelle et le rôle que peut jouer l’Union européenne dans la sécurité » de notre continent.

Nous nous trouvons, comme vous l’affirmez dès l’Avant-propos de votre livre, devant « une situation nouvelle sur l’écosystème de l’Union européenne ». Quel est l’objet du livre que vous venez de publier et quel est le regard auquel il invite le lecteur ?

La guerre d’Ukraine née de l’invasion russe représente un électrochoc pour l’Europe et donc pour l’Union européenne. Cette « opération militaire spéciale » affecte profondément notre sécurité, notre économie, nos valeurs. Rien ne sera plus comme avant. L’Union a réagi en condamnant cette invasion, en adoptant des sanctions d’une ampleur inédite à l’encontre de la Fédération de Russie et en apportant une aide multiforme à l’Ukraine. Mais à plus long terme, ces événements conduisent à repenser les contours de l’action de l’Union, qu’il s’agisse de défense, d’élargissement ou de construction d’une souveraineté.

Devant ce bouleversement géopolitique, vous proposer deux lignes d’analyse. La première est celle « de décrire et d’analyser ce conflit » ce qui n’est pas dites-vous « l’objet principal de votre livre ». Quelles seraient les limites de cette démarche ?

Naturellement, je ne m’abstiens pas de revenir sur l’origine du conflit et sur son déroulement. Mais les limites de cette démarche sont doubles. D’abord, l’analyse des développements militaires est évolutive et leur description dans un livre est vite dépassée. Ensuite, certains auteurs sont plus qualifiés que moi pour décrire les opérations militaires sur le terrain.

La seconde est illustrée par l’affirmation qui suit de près la précédente et que vous formulez ainsi : « Notre propos est plutôt de nous interroger sur le rapport de l’Union européenne à la guerre en général, et à celle-ci en particulier. » Vous renforcez cette idée par un argument historique concernant la fondation même de l’Union européenne, celui de bannir le retour de la guerre sur notre continent. Qu’entendez-vous par cette volonté de lutter contre la guerre considérée comme « l’antithèse existentielle de la construction européenne » ?

J’entends par là qu’à l’origine de la construction européenne, il y avait la volonté d’éviter à tout prix le retour de la guerre sur notre continent. Tel était le sens de la démarche d’intégration des Pères fondateurs dans le domaine du charbon et de l’acier, puis du marché commun et enfin des politiques communes. Cette guerre que nous voulions bannir s’est encore éloignée après la chute du Mur de Berlin, malgré les conflits de l’ex-Yougoslavie, sujet sur lequel l’UE a d’ailleurs fait preuve d’une insuffisante présence. A présent la guerre nous est imposée par une puissance voisine que nous voulions considérer comme un partenaire. Le réveil est rude.

Je vous propose de choisir comme entrée en matière une question que vous posez, en la choisissant même comme titre d’un de vos chapitres, et qui, semblerait aujourd’hui caduque, compte tenu de l’évolution ultérieure des événements. Reposons-la et essayons de comprendre ô combien elle est utile et nécessaire pour comprendre l’histoire de ce conflit. « Est-ce que la guerre d’Ukraine était-elle inévitable ? » Que répondez-vous à cette question ?

J’essaye de remonter à l’origine de la guerre, c’est-à-dire aux événements de Maïdan en 2014. L’Union européenne était impliquée puisque la chute du président Ianoukovitch avait eu pour cause son refus en novembre 2013 de signer l’accord d’association UE-Ukraine. Il est possible qu’une concertation en amont des responsables de l’UE avec la Russie ait contribué à faciliter les choses. Ensuite, après le déclenchement du conflit du Donbass, le format Normandie a été créé mais l’implication de nos dirigeants n’a pas été suffisante pour obtenir le respect, tant par l’Ukraine que par les séparatistes pro-russes, des accords de Minsk. Toutefois, personne ne peut affirmer que la guerre d’Ukraine de 2022 était inévitable. Et s’il est légitime de se pencher sur les origines du conflit, personne ne doit oublier que le déclenchement de la guerre fut le fait de la Russie, qui en envahissant l’Ukraine a violé le droit international.

Dans ce contexte, quelle est la position de l’Union européenne ? Dans quelle mesure est-elle impliquée dans ce conflit et quelles sont ses missions ? Peut-on espérer une cohésion d’attitudes de la part des États membres ?

L’Union européenne a clairement pris partie et elle a eu raison. Je vous l’ai dit tout à l’heure, l’UE a condamné l’invasion russe, adopté un régime de sanctions d’une très grande ampleur. Elle a décidé de ne plus dépendre de la Russie pour son approvisionnement énergétique et a obtenu des résultats rapides à cet égard. L’UE a apporté une aide évaluée à plus de 50 milliards d’euros à l’Ukraine. Aide économique, accueil de réfugiés mais aussi, ce qui est plus nouveau, aide militaire via notamment la facilité européenne pour la paix. Pour le moment l’unité de l’UE a préservée mais deux nuances doivent être apportées. D’une part, cette unité recouvre une gamme étendue de positions, par exemple entre celles des Baltes et de la Pologne d’une part, de la Hongrie de l’autre. D’autre part, l’UE, tout en soutenant l’Ukraine, devrait davantage s’investir dans la recherche de solutions qui, le moment venu, seraient de nature à mettre fin au conflit, même si c’est très difficile.

Vous élargissez l’angle de votre analyse en posant une autre question, elle aussi d’une accrue actualité. Cela concerna la place de l’Union européenne dans l’ordre international de 2023. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Oui, un nouvel ordre international s’ébauche en 2023. Des blocs se reforment avec d’un côté l’Occident « collectif » pour reprendre l’expression qu’utilise la Russie, de l’autre des régimes autoritaires (Russie, Chine, Iran, Corée du Nord, Syrie). Et un troisième groupe de pays qui comprend beaucoup de pays africains, le Brésil, l’inde et bien des pays d’Asie, qui sans s’aligner automatiquement sur la Russie, contestent l’ordre américain. Par ses valeurs démocratiques, l’Union européenne appartient naturellement au premier groupe. Mais elle doit conserver son identité et jouer un rôle original. Pour cela, elle doit mieux valoriser son statut de première zone de prospérité économique, faire ressortir sa contribution élevée au défi écologique, retrouver son rayonnement scientifique et intellectuel et enfin de doter d’instruments de puissance plus robustes. Je fais des propositions sur ces sujets.

On a parlé longuement de la politique des sanctions. Selon vous, est-ce que ces mesures sont-elles efficaces ?

Le problème des sanctions est qu’elles ne résultent pas d’une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU. Seuls 34 Etats sur les quelque 195 que compte la communauté internationale les ont adoptées. Ce seul chiffre souligne les possibilités de contournement. Bien sûr les sanctions ont eu une certaine efficacité en réduisant la capacité de la Russie à approvisionner ses capacités militaires. Mais l’économie russe ne s’est pas effondrée. La récession en Russie n’a été que de 2,3 % en 2022 et une timide croissance de 0,3 % est prévue en 2023. Moscou a réussi à diversifier son approvisionnement énergétique et s’est préparée depuis les sanctions de 2014 à développer sa production agricole.

En face de ses mesures, l’Europe est confrontée à la crise de l’énergie et du climat. Que peut ou doit faire l’Europe face à cette situation ?

L’Union européenne s’est trouvée dans une situation contradictoire. À juste titre, elle a poursuivi son ambitieux « green deal » qui comporte notamment l’objectif de réduction de 55% des émissions de carbone d’ici 2030. C’est pourquoi cette réforme est appelée « fit for 55 ». Une grande partie de ce paquet a été transformé en 2022-2023 en textes législatifs, notamment en ce qui concerne la réforme et l’extension du marché des quotas carbone. Mais naturellement ces réformes ont pour effet de renchérir le prix de l’énergie carbonée, déjà poussée vers le haut par l’abandon de la dépendance à l’égard des hydrocarbures russes. Deux mesures sont encore en chantier : la réforme du marché de l’électricité pour rendre le prix de celle-ci moins dépendante de celui du gaz ; et la revalorisation de la place de l’énergie nucléaire, qui se heurte à de nombreuses réticences.

Et devant la crise migratoire ?

Les mouvements migratoires sont l’un des volets d’une guerre hybride. On l’a vu en octobre 2021 avec la crise provoquée par la Biélorussie qui a organisé la venue de migrants et les a poussés aux frontières de l’UE. Dans ce domaine aussi l’Union doit renforcer ses politiques en réformant plus radicalement le régime de Dublin et en adoptant une attitude plus ferme en ce qui concerne l’acceptation par les pays tiers du retour de leurs ressortissants en situation irrégulière.

Vous dédiez de précieuses pages aux questions concernant la différence entre l’Europe de la défense et la défense européenne.  Le sujet intéresse au plus haut point, surtout lorsqu’il est lié à son rapport vis-à-vis de l’OTAN. Pouvez-vous nous expliquer l’ensemble des aspects liés à ces structures et aux rapports qui existent entre elles ?

Je vais essayer de résumer car le chapitre 6 de mon livre décrit le problème en détail. Vous avez raison, il faut être attentif à la terminologie. On désigne par Europe de la défense l’ensemble des actions menées depuis 1998 par l’Union pour disposer d’une capacité de gestion des crises en pays tiers à l’extérieur de l’Union. Ces efforts, selon le traité de Lisbonne prennent la forme de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC). Celle-ci comporte trois volets ; militaire, institutionnel et industriel. En 2016, après le Brexit et l’élection de Trump, cette politique a été renforcée notamment par le fonds européen de défense et la coopération structurée (PESCO). Après le déclenchement de la guerre en 2022, de nouvelles mesures ont été adoptées, notamment la boussole stratégique. Mais cette politique est limitée car elle doit respecter les missions dites de Petersberg décrites à l’article 43 du traité sur l’Union européenne : maintien ou rétablissement de la paix, action humanitaire, conseil et assistance militaire. Ces objectifs se distinguent de ce que serait une défense européenne à proprement parler, qui consisterait pour l’UE à assumer la défense collective du continent. Un article du traité le prévoit ; l’article 42 alinéa 7 du TUE contient une clause de solidarité collective en cas d’agression. Mais la guerre d’Ukraine a conduit dans les faits à renforcer le rôle de l’OTAN dans ce domaine. Pour autant, peut-on et doit-on travailler à l’édification d’une défense européenne, au sein de l’OTAN ou parallèlement à celle-ci. Je le pense, car l’Europe ne pourra pas éternellement compter sur les Etats-Unis. Evidemment, c ’est une œuvre de longue haleine mais vous trouverez dans mon livre des propositions qui s’inspirent de la démarche suivie lors de la création de l’euro, c’est-à-dire commencer avec un petit nombre de pays. Encore faut-il que ces derniers aient la volonté politique de parvenir à cette fameuse « autonomie stratégique ».

Vous décrivez en conclusion « un monde marqué par l’affrontement, idéologique, économique et militaire ». Quel sera, selon vous, l’avenir de notre Vieux Continent, en prenant un chemin à la fois optimiste et pessimiste ?

Le chemin optimiste consiste à considérer que notre continent et en son sein l’Union européenne ont un rôle à jouer et que l’UE peut y parvenir en valorisant ses atouts de puissance, sans naturellement renier son appartenance à la communauté des valeurs démocratiques. Une vision pessimiste tendrait à penser qu’au sein du bloc occidental, l’UE serait condamnée à s’aligner sur les Etats-Unis, qui demeurent aujourd’hui la première puissance mondiale. De toute manière, le chemin est long.

Propos recueillis par Dan Burcea

Pierre Ménat, L’Union européenne et la guerre, Edition L’Harmattan, février 2023, 146 pages.