Actualités (NON EXHAUSTIF)

Réécoutez l’émission radio de Pauline Deysson sur la Chasse au Trésor

En Quête de Sens 

Émission du 27 mai 2021 : Les monuments et musées vont-ils retrouver leurs visiteurs à leur réouverture ?

Pauline Deysson, documentaliste et co-auteur de « Le trésor de l’Entente Cordiale » (La chouette d’or)

Fériel Fodil, directrice exécutive du Château de Chantilly 

Eva Grangier, directrice adjointe au service Culture du Département des Hauts-de-Seine

Pierre Ménat, lauréat du 24ème Prix littéraire de l’association dryade Europe Promotion à Saint-André les Vergers

Pierre Ménat est le lauréat du 24ème Prix littéraire de l’association dryade Europe Promotion à Saint-André les Vergers

(après Jacques Delors, Valéry Giscard d’Estaing etc aussi lauréats de ce Prix Europe Promotion)

avec « Dix questions sur l’Europe post covidienne – entre confiance et défiance » (L’Harmattan)

Quelques retombées Presse à retrouver icihttps://guilaine-depis.com/category/pierre-menat/dix-questions-sur-leurope-post-covidienne-entre-defiance-et-puissance/ 

 

Diplomate de carrière, Pierre Ménat a suivi de l’intérieur la marche de l’Europe pendant plus de trente ans. Conseiller de deux ministres des Affaires Étrangères (Jean-Bernard Raimond et Alain Juppé), puis conseiller du président Chirac pour l’Europe, deux fois directeur des Affaires européennes au Quai d’Orsay, il a également servi comme ambassadeur de France en Roumanie, Pologne et aux Pays-Bas. Il vient de publier «Dix questions sur l’Europe post-covidienne : Entre défiance et puissance» (L’Harmattan, Pepper, octobre 2020)

Contact interview sur l’Europe après le Covid et le Brexit guilaine_depis@yahoo.com 06 84 36 31 85

France 3 Pays de la Loire applaudit Fiona Lauriol

C’est l’histoire d’une petite-fille qui refuse de laisser sa grand-mère centenaire dans son Ehpad. Fiona Lauriol a embarqué Dominique en camping-car. Elles sont parties de la Faute-sur-mer en Vendée direction le sud de la France, l’Espagne et le Portugal. L’occasion d’écrire un livre pour Fiona.

Fiona a eu peur de voir sa grand-mère centenaire mourir loin de tout le monde dans son Epahd. « Je me suis dit c’est pas possible, il faut que j’aille la chercher ». Fiona propose à Dominique de l’emmener en voyage dans un camping-car. A 101 ans, c’était maintenant ou jamais.

Déjouant tous les pronostics, la centenaire se transforme en aventurière au long cours. Avec sa petite-fille, elle trouve un second souffle. Elles enchaînent 4 voyages sur 3 ans : le sud de la France, Andorre, l’Espagne et le Portugal. Au compteur, plus de 15 000 kilomètres !

Pour s’engager dans ce périple hors du commun, Fiona a mis sa vie entre parenthèses. Elle s’est occupée de sa grand-mère 24 heures sur 24. Elle lui avait promis d’écrire son histoire. Grâce au troisième confinement, c’est chose faite. Un livre intitulé « 101 ans, mémé part en vadrouille » retrace leurs aventures et tous les liens tissés au fil des voyages.

De la patience, du courage et beaucoup d’espoir

Fiona garde en elle la patience que lui a transmise sa grand-mère, le courage aussi et l’espoir que représente cette étonnante aventure. Dominique s’en est allée à 103 ans. Grâce à Fiona, ses dernières années auront été riches en découvertes et en échanges.

Dominique rêvait de faire encore un dernier voyage vers son village natal en Italie. Fiona s’adresse à elle dans son livre : « Va mémé, ne t’en fais pas. Ce voyage, c’est toi qui le fais seule. Je te rejoindrai un jour dans très très longtemps. Mais tu peux y aller, tu m’as beaucoup appris. »

Entretien du philosophe Marc Alpozzo avec l’écrivain Christian de Moliner

Entretien Avec Christian De Moliner. Nous Avons Une Juxtaposition Entre Islamistes Et Gauchiste Mais Pas Un Mélange

Le regretté éditeur Pierre-Guillaume de Roux nous a quittés récemment, le 11 février 2021. Parmi ses dernières parutions, le roman de Christian de Moliner La croisade du mal-pensant, qui aurait pu résumer, en très grande partie au moins, l’itinéraire de cet éditeur, fils de l’écrivain et éditeur lui-même Dominique de Roux. Ce roman de Christian de Moliner, qui également publié La Guerre de France (2018) et Islamisme radical. Comment sortir de l’impasse (2019) déjà chez PGDR, est ultra-contemporain et a une résonance forte avec l’actualité immédiate, notamment la tragique décapitation de l’enseignant Samuel Paty. Fresque lucide, roman des conflits générationnels, critique de l’idéologie militante des « racisés », j’ai souhaité en savoir plus. L’auteur a gentiment accepté de répondre à mes questions.

croisade.jpgMarc Alpozzo : Votre personnage Samuel Meiersohn est un professeur d’université désabusé et presque retraité. Aussi, révolté contre son université qui ferme les yeux sur des réunions d’étudiants « racisés » qui veulent créer un espace sans blanc, au nom du rejet du « privilège blanc », on va suivre sa croisade surréaliste contre une administration démissionnaire et une société française de plus en plus passive face à la montée de ce nouvel extrémisme. Quand on lit les premières pages de votre roman, on ne peut s’empêcher de penser à Michel Houellebecq. Il est vrai que l’on aurait été en droit d’attendre un roman sur le sujet de la part de cet auteur qui a toujours été très lucide sur ces dangers sociétaux contemporains. Or, il semble que ce livre ne soit pas d’actualité. Pensez-vous que seuls des auteurs classés à l’« extrême droite » désormais peuvent s’autoriser à aborder ces thèmes très conversés aujourd’hui ?

Christian de Moliner : Michel Houellebecq va peut-être s’emparer de ce sujet, dont l’émergence est encore récente. Les premières alertes sur ce phénomène préoccupant se sont déroulées dans les années 2017 et 2018, mais l’explosion de ces comportements problématiques se situe en 2020 avec Black Lives Matter ; nous avons atteint l’an dernier un sommet malheureusement provisoire dans le délire sociétal. On en est arrivé à licencier aux États-Unis des personnes dont les opinions, sans être extrémistes ou racistes, ne sont pas conformes à la doxa bien-pensante. C’est effroyable pour la démocratie. J’ai bon espoir que Michel Houellebecq dénonce ces dérives racialistes dans un roman, avec son style qui est inimitable et que, bien entendu, je n’imagine pas avoir égalé. Nous verrons en fin d’année ou l’an prochain. Il faut lui laisser le temps d’écrire un livre sur ce thème. Je réfute totalement l’étiquette « auteur d’extrême droite ». Je suis conservateur et je crois à la démocratie et à l’égalité entre les êtres humains.  Plaquer un label « extrême droite » qui pour beaucoup est infamant (mais pas à mes yeux, chacun est libre de ses opinions) sur toute personne qui rue dans les brancards et rejette l’idéologie dominante est un procédé systématique et, malheureusement efficace pour stériliser tout débat. On ne discute pas avec des fascistes, on ne regarde pas leurs arguments : on les dénonce et on les éjecte du débat public. On les efface. Néanmoins, je pourrais répondre à votre question : oui, par le jeu de l’intolérance des « bien-pensants » seuls les auteurs qu’ils classent à l’extrême droite peuvent aborder ces thèmes puisque le simple fait d’évoquer ce problème vous colle aussitôt cette étiquette imméritée et vue comme infamante par « le camp du Bien ».

M.A. : Votre personnage est au soir de sa vie, mais, à la lecture de votre roman, on a aussi le sentiment que cette bataille est peut-être sa dernière mais la plus importante cependant, parce que probablement la plus urgente avec le basculement irréversible de la société française dans une autre forme de société, racialiste, anti-blanc, violente et xénophobe. Pensez-vous que les antiracistes d’hier sont les racistes d’aujourd’hui, et comment expliquez-vous une évolution aussi négative de notre société française, qui a pourtant toujours été ouverte et tolérante vis-à-vis de la diversité ? Pensez-vous que c’est la revanche du colonisé sur le colon d’autrefois ?

C.M. : Oui l’antiracisme est un racisme qui, j’assume la portée de mes mots, est aussi délétère que l’antisémitisme. Attaquer sans cesse les blancs, leur reprocher tout et n’importe quoi, vouloir les exclure de certains lieux ou de certaines réunions est un comportement raciste qui devrait être condamné comme tel par les tribunaux. Parler de revanche du colonisé sur le colon n’a à mes yeux aucun sens. Si on emploie ces termes, on justifie la posture racialiste, on lui fournit des excuses. Si on excepte les pays d’Afrique du Nord, les colons n’ont jamais dépassé au total 100 000 personnes et tous loin de là n’étaient pas des exploiteurs. Leurs descendants sont peu nombreux. Les pieds-noirs qui habitaient en Algérie, en Tunisie ou au Maroc, étaient avant tout des personnes simples, qui pour la plupart ne s’enrichissaient pas au détriment des indigènes, mais vivaient en Afrique du Nord comme ils l’auraient fait en France. Et tout cela est terminé depuis 60 ans ! Quant à l’esclavage, 0,02 % des « Français de souche » de la métropole descendent de négriers. Et parmi les noirs qui étaient affranchis nombreux étaient ceux qui étaient eux-mêmes possesseurs d’esclaves. Nous avions affaire à un système, hélas, admis par tous et qui heureusement a pris fin en 1848. De toute façon, la culpabilité d’une personne ne se transmet en aucune manière à ses descendants. Nous ne sommes pas comptables des erreurs de nos aïeux. Il faut donc cesser de mettre en avant ces arguments anti-blancs qui sont odieux et révoltants. Non, la couleur de peau n’a aucune importance dans notre pays, non la France ne rejette pas les noirs ou les musulmans.  Il ne faut rien laisser passer et traîner devant les tribunaux tous ceux qui au nom de l’antiracisme tiennent des propos racistes.

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Samuel Paty est un enseignant assassiné par un terroriste islamiste,
le 16 octobre 2020 dans la commune française de
Conflans-Sainte-Honorine, située dans les Yvelines.

M.A. : Lorsque j’ai reçu votre roman, je l’ai lu d’une seule traite. C’est un roman très lucide, qui donne un éclairage certain sur un phénomène politique inquiétant qui est le « racialisme », importé des États-Unis, notamment grâce à cette nouvelle idéologie dominante des « racisés » et des « intersectionnels ». Votre personnage est une sorte d’anti-héros houellebecquien mais très proche de nous. Il s’étonne, se révolte et se désespère de ce que devient la société française qu’il a tant aimée, à la fois devant les trahisons de la gauche, qui est passé de la lutte des classes à la lutte des races, et qui ne veut plus que l’on désespère la mosquée, mais aussi du tapage d’une presse aux ordres, qui peut faire d’une Traoré un phénomène de société au mépris des vérités concernant son frère. Est-ce que vous pourriez dire, en paraphrasant Flaubert, « Samuel Meiersohn c’est moi » ?   

C.M. : Samuel Meiersohn partage nombre de traits communs avec moi. Son penchant pour l’œuvre de René Grousset et l’épopée des Croisades est également le mien. Comme lui, j’ai toujours été de droite et j’ai été confronté à la gauche dominante et conquérante. J’aurais pu faire une carrière universitaire, mais comme mon héros j’aurais dû adhérer au parti communiste pour l’emporter contre un collègue soutenu par des trotskistes. Cet épisode m’a beaucoup marqué et me révolte encore aujourd’hui. Comment peut-on distribuer des postes d’enseignants en se basant non sur la valeur des postulants, mais sur leurs opinions politiques ? La franchise universitaire est à mes yeux une horreur antidémocratique ; pour moi les postes et l’avancement des carrières devraient être du seul ressort de l’inspection générale, comme c’est le cas pour les classes préparatoires.

Samuel n’est pas déçu par la gauche à laquelle il n’accorde aucun crédit, mais par l’hypocrisie de sa hiérarchie pourtant proche de ses idées ; celle-ci « collabore » et fait tout pour éviter les incidents. Nous sommes en plein dans les accommodements dits raisonnables, mais qui cachent mal une totale capitulation. Meiersohn se révolte sans réfléchir, sans débat intérieur. Il fait ce que sa conscience lui dicte et entame sa croisade sans se soucier des conséquences, contre l’avis de ses proches. Il fait ce qu’il lui semble juste.

M.A. : L’idéologie racialiste se mêle étroitement avec l’islamo gauchisme, fortement dénoncée et en même temps niée par une partie de la gauche, mais pas toute, notamment Julien Dray qui la revendique. On a pu constater aussi, suite à la tragédie récente où ce professeur décapité par un islamiste, Samuel Paty, a fait dire à une certaine gauche en guise de réponse : « oui, mais… » Est-ce que votre personnage porte son prénom en hommage à cette victime de la terreur islamiste ? Y avez-vous pensé au moment où vous écriviez ce roman ? Croyez-vous que l’islamo gauchisme soit bien différent de la gauche marxiste, notamment dans ses méthodes et ses revendications ?

C.M. : J’ai écrit ce roman en février 2020, donc bien avant la décapitation de Samuel Paty. Je voulais pour mon héros un prénom juif, puisque son père a été élevé dans la religion de Moïse. Le terme islamo gauchisme recoupe une alliance entre des islamistes qui mettent en avant la charia et qu’on ne peut vraiment pas classer à gauche de l’échiquier politique. Ce sont des extrémistes de droite, figés dans des lois dont l’interprétation est gelée depuis quatorze siècles. À côté d’eux se trouvent de purs gauchistes dont l’idéologie n’a pas vraiment changé depuis 1968. Leur recherche de damnés de la terre, d’opprimés les a conduits à encenser les musulmans rigoristes. À leurs yeux, ils remplacent le prolétariat qui a pour une grande part été absorbé par la classe moyenne et qui a « trahi » en acceptant le capitalisme.

Nous avons donc une juxtaposition entre islamistes et gauchistes, mais pas un mélange. De même que le vinaigre ne peut fusionner avec l’huile, ces deux courants de pensée seront toujours différents. Et si les islamistes parvenaient par malheur au pouvoir, ils extermineraient leurs anciens alliés gauchistes.

Je désapprouve le slogan « lutter contre l’islamo gauchisme ». Toutes les opinions sont tolérées en France sans aucune exception. C’est la grandeur de la démocratie. On peut donc, si on le souhaite, être islamiste ou gauchiste. La seule limitation à cette liberté est l’interdiction de paroles racistes, d’injures, de menaces ou d’actes antidémocratiques. En revanche, lutter contre l’intolérance des islamo gauchistes est impératif. Il est inadmissible qu’un enseignant voie sa carrière universitaire bloquée, car il a exprimé des doutes sur les trans ou parce qu’il a protesté contre une réunion racisée. C’était le sens du combat de Frédérique Vidal au départ et elle avait pleinement raison. Malheureusement, elle a été piégée par ses adversaires qui ont feint de croire qu’elle voulait expurger l’université. Les « islamo gauchistes » sont très forts pour faire oublier leurs turpitudes et leur intolérance. Systématiquement ils prétendent que s’attaquer à leurs dérives est une agression contre la liberté d’expression.

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La Ministre Frédérique Vidal fait appel au CNRS pour mener
une étude du l’islamo-gauchisme et déclenche une polémique nationale

M.A. : Votre roman est titré La croisade d’un mal-pensant. N’est-ce pas justement faire l’aveu que ce combat est perdu d’avance, car la bien-pensance, revendiquant un Bien absolu et indéniable, aura toujours une longueur d’avance sur les mal-pensants, grâce notamment aux trahisons des clercs et des médias ?

C.M : La cancel culture, la bien-pensance forment actuellement la doxa dominante chez les intellectuels et dans les médias. Des journalistes notamment à France Inter oublient totalement que leurs opinions sont contestables, qu’ils ne détiennent absolument pas la vérité absolue, que ceux qui pensent différemment d’eux ont le droit moral de le faire. Pour tout cela j’ai employé mal-pensant pour marquer l’opposition de mon personnage principal à l’idéologie dominante. Ce terme est emblématique de mon roman. Le mot « croisade » est lié à la fois à l’échec final et au thème du pensum de Samuel qui passe plus de dix ans de sa vie à concevoir un ouvrage complet sur un sujet pourtant traité de nombreuses fois par d’autres : les croisades.

M.A. : Vous faites une distinction conceptuelle pertinente lorsque vous montrez au fil de votre roman que l’on essaie de confondre progressisme et complaisance avec une pensée victimaire qui veut imposer en France les usages islamiques. Devant les injonctions autoritaires de la « cancel culture » et du « name and shame », n’est-ce pas un totalitarisme radical qui s’implante progressivement en France, alors que les revendications, proches de celles des marxistes d’alors, interdisent tout commentaire et toute critique au risque d’être taxé de « raciste », de « xénophobe » ou d’identitaire ? Votre roman se termine dans un épilogue sanglant. Est-ce que vous pensez que c’est totalement prémonitoire ?

C.M. : Nous sommes en effet confrontés au totalitarisme. Comme vous le soulignez, dès qu’un homme politique évoque des thèmes qui déplaisent aux bien-pensants, ceux-ci le qualifient d’identitaire, de raciste ou de xénophobe. Heureusement, ces incantations ont de moins en moins d’effets et des opinions plus mesurées émergent et font leur place au soleil. À force de traiter de fascistes tous ceux qui sont à droite de l’extrême gauche, cette injure perd de son mordant. Nous avons déjà été confrontés à une telle violence politique dans les années 1950 quand Sartre qualifiait de chien tout anticommuniste, en 1968, quand des militants gauchistes assassinaient Georges Besse en le qualifiant de « brute ». L’extrême gauche n’est pas tolérante. Elle veut faire taire par la violence tous ses opposants. L’islamo-gauchisme parviendra-t-il à éliminer toute voix discordante ? Pour ma part, j’en doute, les résistances à leur totalitarisme deviennent de plus en plus nombreuses. L’opinion publique a basculé et n’est pas favorable à ce fascisme vert-rouge. La mode de la cancel culture va s’essouffler avant de disparaître tellement elle est grotesque. Elle sombrera dans le ridicule. Il faut juste tenir bon et ne jamais se décourager.

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L’éditeur Pierre-Guillaume de Roux, décédé le 21 février 2021

M.A. : Pierre-Guillaume de Roux nous a quitté brutalement au début de cette année. C’était un éditeur courageux, et sensible aux problématiques de notre société contemporaine, qui n’hésitait pas à publier des voix discordantes avec la bien-pensance, comme la vôtre par exemple. Que pouvez-vous nous dire de cet éditeur ? Pensez-vous qu’il puisse un jour trouver un remplaçant de sa trempe dans notre paysage éditorial actuel ? Est-ce encore possible ?

Pierre-Guillaume était un éditeur à part dans le paysage littéraire tant sa production était abondante. Il publiait nombre d’auteurs qui peut-être n’auraient pas été édités ailleurs. J’ignore si sa maison d’édition survivra à la disparition de son fondateur, il est encore trop tôt pour le dire. Mais si elle sombrait, elle laisserait derrière elle un trou que pour l’instant personne ne pourrait combler. Heureusement, le paysage littéraire n’est jamais figé. Un éditeur peut fonder une nouvelle maison et reprendre ce créneau.  En effet, les auteurs de droite même s’ils sont peu nombreux représentent un marché potentiel qui a son public et ses aficionados. Voilà de quoi tenter un jeune éditeur ambitieux et qui ne partage pas le credo de la bien-pensance.

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Christian de Moliner

Christian de Moliner, La croisade d’un mal-pensant, Pierre-Guillaume de Roux, 2021

Franck Archimbaud invité de l’économie de France 24

Franck Archimbaud invité de l’économie de France 24

Durement impactés par la crise sanitaire en 2020, les professionnels de la restauration espèrent voir le bout du tunnel avec la levée progressive des restrictions, entamée mercredi avec la réouverture des terrasses, entre autres. L’invité d’Ali Laïdi est Franck Archimbaud, traiteur et restaurateur en Normandie, qui a mis à profit le premier confinement pour écrire son autobiographie : « L’homme qui voulait Otrechoze » (éd. Scripta), du nom de son entreprise.

Revoir l’émission : https://www.youtube.com/watch?v=MVXSIe8mU4I

La revue des Comptoirs interviewe Franck Archimbaud 

Après avoir traversé un tunnel de plus d’un an, entre inactivité et réouverture sous contrôle, les cafés-restaurants voient le bout du tunnel. Cette période pénible a laissé des séquelles, mais aussi ouvert de nombreuses opportunités. Nous sommes partis sur le terrain pour prendre le pouls de cette profession convalescente. Entretien avec Franck Archimbaud, traiteur et restaurateur à Rouen et Tours, et qui a mis à profit le premier confinement pour écrire son autobiographie et lancer sa société de conseils.

La revue des comptoirs : Quel a été votre pire moment de découragement et votre meilleur souvenir ?

Franck Archimbaud : Le pire, c’est quand nous avons compris qu’il y allait avoir plusieurs temps dans le confinement, que finalement ce n’était pas juste un trimestre. C’est à ce moment-là que je me suis inquiété. Tenir trois mois c’est une chose, mais plus c’est compliqué. Le meilleur a été le fait de marquer un temps d’arrêt. Quand on a une entreprise, on ne fait plus la part des choses entre nous et elle, c’est un peu comme notre bébé, on s’investit énormément. Il faut reconnaitre que marquer une pause ce n’était finalement pas si mal. Pour ma part, cela m’a permis de faire le point. Donc c’est un mélange de moments de bonheur et de désastre pour notre secteur. 

RDC : Comment avez-vous entretenu la flamme ? Brûle-t-elle toujours ?

FA : Oui, la flamme brûle toujours car je suis avant tout un cuisinier.  Elle part du produit brut, des saveurs, des fruits, des légumes, des épices, des matières premières de qualité. Je suis un gourmand au départ, un amoureux des produits. Après, il y a l’acte de cuisiner. On met tout notre cœur dans la préparation d’un plat. Donc j’ai eu envie de préparer de bons repas à ma famille, cela entretient la flamme. Le cran d’après est de faire de notre passion un métier et cela demande beaucoup d’énergie, or elle a pris un coup pendant cette période d’arrêt. 

RDC : Comment avez-vous utilisé ce temps libre inattendu ?

FA : Finalement, je n’ai jamais vraiment décroché. J’ai été très mobilisé au pilotage de mon entreprise. Il me fallait trouver du financement pour survivre. Une société, c’est un peu comme un avion, il faut rester en l’air, faire entrer de l’argent, assurer des salaires, régler les charges… Quand d’un seul coup tout s’arrête, l’avion va piquer du nez, il faut trouver des stratégies pour éviter qu’il ne tombe. Certains sont déjà tombés malheureusement et peut-être que d’autres vont continuer. Toutefois, j’étais davantage chez moi et j’avais nécessairement plus de temps libre. J’ai ressenti le besoin de faire un point et d’écrire un livre [son autobiographie, L’homme qui voulait Otrechoze, NDLR]. J’ai commencé le métier à 14 ans et depuis c’est une course contre la montre. En général, les gens comme moi n’écrivent pas, mais là d’un coup j’ai eu beaucoup de temps. Je me suis rendu compte que j’étais toujours en train de courir, depuis 40 ans, mais aussi que nos carrières sont intéressantes. Écrire m’a permis de poser tout ce que la vie m’a enseigné. En parallèle de mes activités, j’ai donc décidé de mettre en place un projet de transmission et j’ai créé une société de conseils pour les restaurateurs. Je veux leur faire gagner du temps et partager mon expérience. 

RDC : Qu’est-ce qui a changé chez vous durant cette parenthèse ? 

FA : Dans les conseils que je vais tenter de transmettre, je dirais qu’il est important de prendre du temps pour soi, ne pas être dans l’acte de consommation en permanence. Mon livre, c’est l’histoire d’un jeune de 14 ans issu d’un milieu modeste, qui ne savait pas quoi faire comme métier. Puis, qui a pensé à être pâtissier et ensuite cuisinier. À partir de là, tout s’enchaîne. Les stages, les restaurants en France et à l’étranger, les postes à responsabilités… C’est toujours une course vers les autres. Mais finalement, la véritable quête commence par une course vers soi-même, un temps consacré à soi pour vraiment savoir qui on est. Donc, il faut savoir trouver son équilibre de vie. Prendre soin de soi est essentiel et dans ce parcours je n’avais jamais appris à le faire. Préparer des repas, des mariages, cuisiner c’est une course contre la montre, un tempo, nous sommes toujours en train de courir derrière un objectif de générosité. Finalement, même si dans l’avenir je vais être toujours autant mobilisé par le travail, je vais m’organiser autrement. 

RDC : Avez-vous des regrets ?

FA : Non, pas vraiment. 

RDC : Comment jugez-vous l’action du gouvernement face à la pandémie ?

FA : Globalement, ce n’était pas trop mal. Je ne sais pas si j’aurais fait mieux, je ne veux pas critiquer. Mais, le choix d’avoir ralenti la vie en sacrifiant la culture et les restaurants, c’est une décision lourde de conséquences. Cela va me couter cher à moi, au secteur, et cela va aussi laisser des traces dans la société. 

RDC : Pensez-vous que votre entreprise survivra ? 

FA : Il va y avoir de la casse, mais elle va survivre. Elle a pris une claque, je vais perdre 50 % de mon entreprise en termes de CA. Je ne récupérerai jamais l’équivalent d’avant crise. D’ailleurs, selon moi 50 % des professionnels des CHR ne vont pas repartir de la même manière. On constate un changement de société profond. Les gens se sont posé des questions. Tous les restaurateurs le disent, ils ne vont pas retrouver leur équipe. Dans mon entreprise, sur mes 15 employés, deux jeunes ne reviennent pas pour des raisons familiales, deux ont changé de métier, d’autres changent de région. J’ai anticipé le recrutement pendant la covid, mais il va y avoir un manque. Je vais embaucher au fur et à mesure de la saison. 

RDC : Et si la crise avait aussi du bon ? Sortez-vous plus fort de cette épreuve ?

FA : Oui, dans l’ensemble, il y a du positif, parce que pour a première fois j’ai eu le temps de tracer un chemin vers moi-même. Grâce à ça, je me suis découvert et je me suis recentré. J’ai pu écrire un livre et mettre au point un projet de transmission, donc cela a été riche de créativités. Aussi, je suis impatient de voir au niveau de la société ce que ça a généré en termes de créativité. Quand on reste un an à la maison, quand on ressort, on a imaginé plein de nouveaux projets. 

RDC : Comment entrevoyez-vous l’avenir ? Quels sont vos projets de développement ?

FA : Je vais être obligé de fermer certaines sociétés, et je vais mettre plusieurs années à m’en remettre. Je vais devoir réduire la voilure. J’ai arrêté tout projet de développement. Je vais surtout réorganiser mon temps pour conseiller car j’ai énormément à transmettre. J’ai une caisse à outils pleine de solutions et d’astuces qui vont faire gagner un temps fou aux entrepreneurs de la restauration, les plus jeunes notamment. La société va tourner la page, reprendre ses habitudes, mais nous devons faire face à nos endettements. Nous avons pris un coup, il nous faut de la force pour tenir.