Actualités (NON EXHAUSTIF)

François Martini séduit par « Jasmine Catou détective »

Mystères et boule de poils.

Jasmine, chatte ingénieuse.



Dans un appartement parisien, une jeune chatte veille au bien-être de sa maîtresse, laquelle a bien des soucis futiles. Heureusement, la chatte sait résoudre toute énigme insoluble. C’est ainsi que Christian de Moliner s’amuse à imaginer les aventures détectives de la chatte de son agent littéraire, laquelle chatte n’est pas plus sociable que cela, et, perchée à l’abri des visiteurs, elle résout cinq énigmes amusantes.

Sans aucune prétention, ce court recueil ne vise à rien d’autre que divertir son lecteur, ou, je gage, ses lectrices, car c’est un univers féminin que la chatte explore mentalement.

Cinq mystères sont les sujets d’études de l’animal avisé ; tantôt chez Poe, tantôt chez Simenon, voire simplement un rébus, mais à chaque fois comme si la vie de sa maîtresse était en jeu ! Moliner se plaît à tout compliqué et tout dramatiser. Dans le seul but de nous soutirer quelque sourire. Il y parvient très bien.



François Martini

La Cause littéraire a bien lu Valérie Fauchet, Bravo à Marjorie Rafécas Poeydomenge

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge 06.11.19 dans La Une Livres, Critiques, Les Livres, Essais

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet, Editions Ipanema, octobre 2019, 233 pages, 17,90 €

Une voyante passe aux aveux, Entretiens avec Marie-Noëlle Dompé, Valérie Fauchet (par Marjorie Rafécas Poeydomenge)

Il existe, malheureusement, des dons que l’on subit. Certaines personnes possèdent en effet le don de « pré-voir ». Contrairement aux surdoués, les dons de voyance sont jugés douteux et sont ignorés par la science. Pourtant ces personnes « voyantes » n’ont pas décidé d’avoir ces « flashs », ils s’imposent à eux. Comment faire alors pour ne plus voir ?

Dans ce livre Une voyante passe aux aveux, le témoignage de Valérie Fauchet est troublant, sa vie ressemble à un roman fantastique. Pour donner du coffre à ses expériences, et prouver qu’elle n’a pas peur d’être titillée par l’exigence de preuves factuelles, l’auteure a eu la bonne idée d’être interviewée par une magistrate, Marie-Noëlle Dompé. La voyance au tribunal ? Oui, mais il ne s’agit pas pour autant d’un procès. Cette magistrate, aguerrie à l’impartialité, a joué le rôle de l’investigatrice bienveillante pour comprendre comment se manifeste cette méga intuition chez notre voyante peu commune. La voyance apparaît alors sous un autre jour, plutôt comme une hypersensibilité insoutenable. Comme une faille qui attire la lumière d’un flash.

Les gens dotés d’une hypersensibilité sont plus facilement fatigués, car ils absorbent énormément les émotions des autres, voire des objets… Car pour Valérie Fauchet, même les objets portent une histoire. La foule est pour elle tel un vampire, elle l’épuise. Ces phénomènes de clairvoyance sont provoqués par des émotions très fortes. Etymologiquement, émotion veut dire « dérangement ». Les artistes peuvent eux aussi d’ailleurs avoir cette sensibilité médiumnique. Comme le souligne justement l’auteure, les artistes sont « chacun dans leur genre » des mediums, et pourtant personne ne les craint. Car leur don se manifeste dans une expression artistique, un don qui heureusement est reconnu par nos sociétés.

Son témoignage est à certains moments poignant. On est saisi de compassion lorsqu’elle explique qu’elle a découvert son don, en pressentant, 8 jours avant, les futurs attouchements de son instituteur… Mais personne ne s’en alerte. Malgré cet épisode douloureux, sa vie ressemble aussi à un conte de fée. Elle voit par exemple des Elfes dans le jardin de sa maison de Rennes. Un peu comme dans les légendes celtes, elle vit des jours enchantés sur l’île aux moines, île dotée d’une énergie très particulière. Les artistes, et en particulier les poètes, sont ses amis. Elle a par exemple le plaisir d’échanger sur l’onirisme et la poésie avec le peintre brésilien Cicero Dias, ami de Paul Eluard, ouvert à la médiumnité. Après sa période bretonne enchanteresse, elle a le coup de foudre pour un appartement rue de Tournon à Paris, qu’elle transforme en cabinet de curiosités. Une vraie vie de bohême s’ouvre alors à elle. Elle apprend alors qu’une célèbre voyante, Mademoiselle Lenormand, habitait dans cet appartement et qu’elle recevait régulièrement Joséphine de Beauharnais. En somme, une jolie coïncidence.

Mais est-il judicieux d’être marié à une voyante ? On sourit lorsqu’elle relate que son don n’était pas un cadeau pour son ex-mari, car elle visualisait toutes ses maîtresses, et ce, même à distance… Son mari ne pouvait pas cultiver de jardin secret. Ce qui peut donner l’impression encombrante et obsessionnelle d’être tout le temps espionné…

La voyance souffre aujourd’hui d’une image délétère, elle est perçue comme la misère de tous les espoirs déçus. Elle est souvent l’appât facile de charlatans qui exploitent le mal-être des personnes insatisfaites de leur présent. Cette voyance « bas de gamme » et payante est à l’opposé du « connais-toi toi-même ». On gagne souvent plus de temps à chercher à comprendre l’origine de ses désirs, que de tenter de les assouvir à tout prix. Malgré le charlatanisme qui entoure ce don qui défie les lois spatio-temporelles, la « vraie » voyance ou la médiumnité sont une forme d’intuition. Elles échappent certes à l’intelligence logique, mais appréhendent le monde autrement. Einstein soutenait que « le mental intuitif est un don sacré et le mental rationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur fidèle et a oublié le don ». Notre occident est si rationnel qu’il barre la route à l’intuition. La voyance peut être perçue comme une alchimie des émotions qui nous livre une autre clé d’interprétation de la réalité. A travers son témoignage, l’auteure a cherché à « desorcelliser » la voyance.

Même quand une personne a des « flashs », ces images restent toujours interprétables. Valérie Fauchet insiste sur le fait qu’il n’y a pas de vérité absolue, même sur le passé. Sa voyance est la possibilité « d’offrir un autre regard ». La façon de vivre l’évènement prédit est elle-aussi subjective. Par conséquent, attention à l’hubris : ne jamais prédire des choses de façon catégorique. Le doute cartésien doit être la règle, même dans ce domaine de l’intuition. La médiumnité reste un mystère et n’obéit à aucune loi.

Cet ouvrage souhaite offrir une vision moins matérialiste du monde dans lequel nous vivons. Valérie Fauchet a parfois l’impression d’être à la fois sur terre et dans l’au-delà. C’est dur de vivre cette dualité, c’est comme le destin de mélusine, mi-femme mi-serpent, ce type de femmes dérange… Notre monde continue de refuser la complexité.

Marjorie Rafécas-Poeydomenge

Valérie Fauchet, née en 1968, après des études de Lettres modernes à la Faculté de Rennes, a écrit de nombreux textes de chansons pour des artistes de renom. Il s’agit de son premier témoignage sur sa médiumnité.

A propos du rédacteur

Marjorie Rafécas-PoeydomengeMarjorie Rafécas PoeydomengePassionnée de philosophie et des sciences humaines, l’auteur publie régulièrement des articles sur son blog Philing Good, l’anti-burnout des idées (http://www.wmaker.net/philobalade). Quelques années auparavant, elle a également participé à l’aventure des cafés philo, de Socrate & co, le magazine (hélas disparu) de l’actualité vue par les philosophes et du Vilain petit canard. Elle est l’auteur de l’ouvrage « Descartes n’était pas Vierge ».

« Sortir ici et ailleurs » vante les mérites du roman « Camille » de Thierry Caillat

Encore un ouvrage sur Camille Claudel, mais qui n’est pas une biographie.

 

Un roman plutôt, qui refuse le sempiternel mélodrame de la pauvre Camille vampirisée par le méchant Rodin.
Camille est en effet une vraie fille de son temps, contrainte et dominée, famille, société, manque d’argent ; mais elle est douée pour l’art, source de libération, de liberté peut être… Dur, dur, d’être artiste quand on ne peut être que femme au foyer ou génitrice par obligation..

Elle rencontre Auguste Rodin, elle apprend auprès de lui mais doit rester dans son ombre, les femmes rappelons-le, peinent à être plus qu’objets de luxe ou meubles !
La Belle Epoque (?), affreuse illusion pour la femme qui ne veut pas être cocotte ! Heureusement Camille est douée pour cet art difficile, costaud, qu’est la sculpture, et ses mains parlent pour elle. Elle peut s’échapper…

Car Camille existe en-dehors de Rodin : elle a une famille, une vie, des amies avec qui elle voyage… en Angleterre.
Auguste l’a pourtant formée, aidée, séduite et peut-être un peu aimée. Puis laissée quand… il la suit de loin, lui fournit un peu de travail.
Puis dans la solitude du travail, sa vie se vide.
Mais elle est vivante Camille, et douloureuse, et attachante. Elle souffre et nous fait souffrir au travers du courant de sympathie qui s’est instauré entre Thierry Caillat et elle. Et nous.

L’auteur
Thierry Caillat est un passionné de musique classique, d’architecture et d’urbanisme mais il a fini par céder aux muses de l’écriture et cela donne le roman Camille.
Inscrit dans un atelier, il s’est initié aux gestes de la sculpture, aux sensations des mains, des doigts, à la force des bras qui font l’œuvre.
Camille le roman traverse son regard et notre temps même s’il souffre au travers de son personnage, à cause de cette soi-disant Belle Epoque qui tient les femmes en laisse.

Un livre qui nous fait aimer notre temps bousculé qui donne enfin la parole aux femmes… et plus de liberté à l’art.
Jacqueline Aimar

Camille
Thierry Caillat
Edition L’Harmattan
251 pages
isbn 978-2-343-17648-2

ForumOpera a repéré « La Défense d’aimer »

Liebesverbot à Bayreuth par Laurent Bury

Non, ne vous y trompez pas : ce n’est pas de sitôt que l’un des premiers essais lyriques de Wagner aura le droit d’être représenté à Bayreuth. Sous le titre La Défense d’aimer, le roman que Domitille Marbeau Funck-Brentano fait paraître aux éditions L’Harmattan (qui a aussi sa collection de fiction, on ne le sait pas toujours) retrace l’éphémère idylle de l’auteure avec un séduisant individu qu’elle s’amuse à surnommer Fasolt, idylle qui se noue entre les différents soirs d’un cycle du Ring donné sur la verte colline en 1978. Après avoir obtenu des places pour la fameuse Tétralogie du centenaire (il est ici et là question de la production signée Patrice Chéreau, et notamment du « jeu d’une folle sensualité » qu’il exige des chanteurs), la narratrice se rend à Bayreuth où elle succombe vite au charme d’un individu volage, s’embarquant dans une passion forcément sans lendemain. Peut-être plus que par ses liens finalement assez ténus avec le spectacle wagnérien, le livre pourra intriguer lecteur par son côté roman à clef : l’auteure est accompagnée en Allemagne par un chef d’orchestre prénommé Jean-Claude, et le mystérieux Fasolt étant un romancier français qui, sous son nom de plume, s’était notamment penché sur le cas de Floria Tosca. Si l’on ajoute que ce court récit est dédié « à la mémoire de Jean-Pierre A. », on comprendra à quel jeu il permet de s’amuser.

Domitille Mabeau Funck-Brentano, La Défense d’aimer, préface de Jean-Claude Casadesus. L’Harmattan, juin 2019, 15,50 euros. ISBN : 978-2-343-17461-7

Pour France Net Infos, « Les Conquérants d’Aton » est « une lecture voluptueuse à la poésie ensorcelante »

 Philip KAYNE, romancier égyptologue, nous propose une duologie envoûtante,« Les conquérants d’Aton »,tomes 1 et 2 parus aux Editions Baudelaire en juin 2019.
Arrivée au terme de ma lecture de « La part de vérité », je ne résiste pas à l’envie de vous citer la dédicace qui a accompagné ce livre :« Les secrets inouis de l’Egypte pour ceux qui savent les découvrir. » Quel bel hommage à ce livre captivant, véritable invitation à la ballade intellectuelle et spirituelle …… « En ces temps reculés, le sacré imprégnait la vie quotidienne des Egyptiens, habitués à s’en remettre aux divinités ancestrales », préface Roger Sabbah, expert incontestable, égyptologue et archéologue qui lit  l’hébreu biblique, connaît l’araméen et dévoile le sens caché des hiéroglyphes égyptiens.La XVIII ème dynastie représente sans doute la quintessence de la civilisation pharaonique, le roman de Philip Kayne s’y glisse avec volupté, tant il est empreint de  « la douceur du matin, la caresse du vent, les joies de l’amour, de victoire ou de détresse. » Le règne de Amenhotep III bat son plein, sa grande épouse royale, Tiy lui donnera sept enfants dont Khétarâ qui deviendra le quatrième Amenhotep, futur Akhenaton. 

Ce même Khétarâ accompagne le futur héritier, son frère Thoutmosis à une chasse au lion dont le but est de rapporter à leur père la fameuse crinière  … Cette chasse scellera le destin de Khétarâ car Thoutmosis sera blessé et décèdera peu après.

Plus tard, nous sommes en 1358 avant J.C., le futur Akhenaton(celui qui est bénéfique pour Aton) ceint la double Couronne dans la cité de Thèbes. A ses côtés se tient non seulement sa mère, la reine Tiy mais surtout la divine Néfertiti son épouse appelée Sahrâ dans l’intimité.

Un couple magique et légendaire qui va régner sur l’Egypte pendant une vingtaine d’années. Le nouveau pharaon va privilégier le culte du disque solaire Aton. Peut-être lassé par le conservatisme des prêtres d’Amon, il impose Aton comme seul dieu. Il s’oppose principalement au grand prêtre Aânen, son oncle qui le traite volontiers d’hérétique « l’idéologie que prône le prince royal met en péril la cohésion de notre Terre, son existence même ».

Malgré tout le jeune souverain va progressivement imposer une religion que certains qualifient d‘ hénothéiste et d’autres de premier monothéisme exclusif.

C’est pendant l’expédition de Nubie que le jeune Khétarâ va commencer a s’intéresser à l’art nouveau « les formes de l’art classique sont figées, steréotypées ; des images flatteuses qui ne véhiculent aucun sentiment (…) ». L’art amarnien, moins rigide et surtout non conventionnel est né.

Entre guerres, conflits religieux, intrigues et polémiques houleuses, Philip Kayne sait mêler harmonieusement réalité historique et intuition de romancier. Explorateur méticuleux de l’histoire égyptienne, il nous révèle par exemple que pour récompenser le dévouement de son beau-père Aÿ, Pharaon nommera le mont Horebmontagne d’Aÿ, le Sinaÿ …

… Et puis aussi … « le peuple Elu faisait partie de la prophétie »« Yurusalem »… « Nous appellerons cette terre AïSaRâAl ».(Israël: traduit de l’égyptien ancien par Messod et Roger Sabbah).

On s’immerge avec délice dans cette lecture voluptueuse à la poésie ensorcelante, bercée par la sourde mélopée d’Akhenaton à la gloire de sa bien-aimée …

… « Elle était mon Orient et mon Occident, l’ardent baiser du printemps, la douce caresse de l’automne. Que me reste-t-il ? Les montagnes peuvent s’écrouler, les fleuves se tarir … ma vie n’est plus qu’un désert ».

Magnifique …

Dominique IWAN

Dominique IWAN :  Parallèlement à une vie professionnelle tournée vers le monde des matériaux polymères et un bref passage dans la sphère publicitaire en tant que maquettiste, ma vie a été guidée par deux passions, l’écriture (un livre que je suis sur le point de terminer … je me mettrai ensuite en quête d’un éditeur … des nouvelles pour enfants, et la sculpture avec la création d’un blog en 2014  » entre Ciel Ether « . Je collabore au site www.francenetinfos.com depuis près de 4 ans, particulièrement dans le domaine littéraire, avec déjà l’écriture de près de 80 chroniques.

« Lettres Capitales » conquis par « Jasmine Catou détective » décide de faire une interview

LE BLOG LITTÉRAIRE DE DAN BURCEA

Interview. Christian De Moliner :

« J’ai Pris Un Chat, Car Un Félin Suscite Naturellement De L’empathie Chez Les Lecteurs »

Christian de Moliner publie « Jasmine Catou détective », un livre composé de cinq textes courts et savoureux qui tournent autour des aventures d’Agathe, agent littéraire trentenaire, et de son chat qui, grâce à ses dons extraordinaires, mérite de devenir, selon lui, tout aussi célèbre que Sherlock Holmes. En bon greffier de l’invraisemblable, l’auteur note le comportement pour le moins étonnant de cette « jolie chatte au poil soyeux et aux yeux verts » qui sauve à plusieurs reprises sa maîtresse des situations embarrassantes. Histoires vraies ou purs récits de fiction ? La frontière entre ces deux genres est traversée par tant d’événements riches en intrigues qui brouillent leurs pistes et font de ces brèves narrations de vrais canevas à la lisière du polar et du fantastique.

Quelle est l’origine de ce livre sur les aventures d’un félin détective ?

J’avais en tête un modèle inspiré de Sherlock Holmes donc des nouvelles et pas un roman, du moins dans un premier temps. J’ai essayé de prendre un thème original et l’idée m’est venue de choisir un détective animal, qui pense et qui écrit l’histoire en utilisant « je », tout en restant un félin. Elle ne peut pas parler, ne peut agir que comme un chat et a donc des difficultés à se faire comprendre quand elle a résolu l’énigme, ce qui est un des ressorts de mon livre.

Qui est Jasmine Catou et qui est Agathe sa maîtresse ?

Pour m’amuser, je me suis inspiré librement de mon attachée de presse Guilaine Depis et de sa magnifique chatte qui s’appelle bien Jasmine Catou. Guilaine m’avait mis au défi d’écrire un livre mettant en scène son félin.

Pourquoi vouloir présenter les cinq textes qui composent votre livre comme tout autant d’énigmes (mot prometteur) posés à Jasmine ?

J’ai cherché un mot qui définisse mes nouvelles. J’ai écarté enquête car dans mes histoires une seule nouvelle est vraiment une enquête policière. Comme l’une d’entre elles est la résolution d’un rébus, ce mot énigme m’est venu tout naturellement.

Fantômes, marabouts, rébus, pertes et morts inexpliquées, sont tout autant de sujets qui peuplent vos récits. Comment les avez-vous choisis ?

Je suis bien incapable de vous répondre ! Je me suis inspiré d’un repas chez Guilaine (où il ne s’est rien passé, je rassure les lecteurs !) pour la première histoire. Pour les autres elles sont apparues spontanément dans mon esprit, sans que je sache pourquoi et sans que je puisse leur attribuer une origine précise. Voilà la magie de l’inspiration littéraire.

Comment définiriez-vous le tandem Jasmine Catou – Agathe dans l’économie de votre livre ? Peut-on dire que c’est un couple idéal pour construire une intrigue de polar ?

Dans le couple Sherlock Holmes Watson, Watson sert de faire-valoir et explore les pistes possibles et les solutions éventuelles (toujours fausses !). Agathe réfléchit à haute voix (c’est pour cela qu’elle discute avec son amie, son amoureux ou ses invités) elle sert à faire avancer l’intrigue, mais le dernier mot revient toujours à Jasmine.

Jasmine occupe la position du narrateur omniscient. Peut-on dire que vous lui avez cédé symboliquement cette fonction ?

Bien sûr ! Cela m’a amusé que Jasmine soit la plus sagace du couple d’enquêteurs, mais qu’elle soit muette. J’ai pris un chat, car un félin suscite naturellement de l’empathie chez les lecteurs.

Entre Agathe et Jasmine Catou, il y a une vraie complicité, voire un lien d’affection. Comment Agathe vit-elle cette relation ?

Elle est folle de son chat ! C’est son enfant, sa fille, la prunelle de ses yeux. Et Jasmine adore aussi sa maîtresse qu’elle appelle toujours maman ou ma mère. C’est le cas de la vraie Jasmine Catou et de Guilaine Depis. Je n’ai eu qu’à reproduire leurs liens.

De façon plus générale, croyez-vous que la présence d’un animal de compagnie a un effet rassurant et bénéfique sur les gens, à l’exemple de ce couple de personnages que vous nous présentez dans ce livre ?

Je le pense en effet ! Comme je l’ai déjà dit j’ai cherché à susciter l’empathie du lecteur surtout que j’ai mis la photo de la vraie Jasmine qui est magnifique sur la couverture pour attendrir petits et grands.

Y aura-t-il une suite à ces merveilleuses aventures de Jasmine Catou détective ?

Oui j’ai déjà en tête une nouvelle histoire qui passera lors d’un concours de beauté pour « chattes ». Quand j’aurai fini les tâches littéraires auxquelles je me consacre actuellement je commencerai la rédaction de cette nouvelle. Ce nouveau volet n’est pas encore finalisé, je laisse donc mûrir dans mon inconscient afin qu’elle soit la plus percutante possible.

Interview réalisée par Dan Burcea

Christian de Moliner, « Jasmine Catou détective », Éditions du Val, 2019, 110 p.

 

Marie Desjardins, excellente lectrice de « Camille » de Thierry Caillat, pour La Métropole

Un livre de plus sur Camille Claudel, mais pas n’importe lequel

par Marie Desjardins

Publier aux éditions de l’Harmattan n’est pas toujours bon signe.

Cela veut souvent dire que le manuscrit a été refusé par les maisons dites bonnes, ou encore prestigieuses. C’est un cercle vicieux : les pontes de la critique littéraire ne rendent compte que des parutions desdites bonnes maisons, et de celles des auteurs connus – les maisons ne publient que ce qui nourrira cette industrie formatée du mérite. Du reste, grâce à l’Harmattan (et c’est le but heureusement atteint), une chance estparfois donnée d’exister à ce qui en vaut le coup.

C’est le cas de Camille, paru en 2019, et portant sur la célébrissime sculptrice. L’auteur, Thierry Caillat, précise qu’il s’agit d’un roman. Le texte est néanmoins truffé de citations tirées de correspondances, témoignages, documents divers, ce qui le rapproche bien davantage de la biographie mise en scène avec habileté et rigueur. Caillat a respecté la méthode propre du biographe, en se mettant notamment à la sculpture pour mieux comprendre l’œuvre de son sujet (et il y réussit très bien), mais aussi en relatant fidèlement les faits connus à l’intérieur de balises assez strictes.

Pour qui ne sait pas grand-chose de la vie de Camille Claudel, sœur de Paul, amante de Rodin, flamme de Debussy, etc., le texte proposé par Caillat – féru de musique et d’architecture, auteur sur le tard – est très efficace : documentation soignée, facture classique, vocabulaire riche et un tantinet suranné évoquant d’autant mieux l’époque, volonté psychologique, chronologie impeccable, mise en contexte respectée, très bonne description des œuvres. Le cocktail est gagnant même si linéaire, parfois convenu, et dépourvu d’une réelle originalité de point de vue et de composition.

Ce n’est pas un reproche. La démarche de Caillat, sous le label roman, est importante et louable puisqu’elle est celle de la liberté d’expression que lui permet ce label, et il en faut. Ainsi l’auteur propose une interprétation – son interprétation sensible – de cette vie aussi flamboyante que désastreuse, d’une infinie tristesse. Les grandes lignes de l’existence morcelée de Camille Claudel sont connues – l’avant, et l’après. Mais le travail très attentif de Caillat remet les choses en perspective, à sa façon, en ce qui concerne cette figure clivante. Lorsque Camille fut enfin extirpée de l’oubli, des décennies après sa mort anonyme, d’abordpar Henri Guillemin et Jacques Cassar, l’interprétation traita beaucoup de l’injustice de cette existence – une femme coincée dans son époque, sans droits, abusée, mise à l’écart, internée par sa propre famille et développant par conséquent un comportement agressif – la bête se défend. Puis, le dépouillement des archives a montré par exemple que le frère avait eu ses raisons d’engloutir sa sœur une fois pour toutes, et que l’amant-mentor-patron avait aidé sa maîtresse rebelle en toute discrétion, jusqu’à son dernier souffle – à lui.

Il n’en reste pas moins que Camille Claudel a fait les frais – astronomiques – « de la solitude d’une vocation et de l’incompréhension qui l’entoure », selon la formule de Blanche Morel, auteur de Méprise. Cela est clairement montré par Caillat, bien qu’avec une indulgence parfois limite pour Paul Claudel, ce génie bien-pensant qui se pavana d’un pays à l’autre et d’une femme à l’autre tandis que sa sœur périclitait chaque jour un peu plus, d’un atelier à l’autre dans son cas, à courir après tous les subsides qui ne venaient jamais, à quémander, à jongler avec les piètres deniers qu’elle récoltait de son travail acharné, remarquable, évidemment, et qui enrichit jusqu’au milliard tant de galeristes après sa réhabilitation…

Certes, la question (quasi politique) suscitée par un tel parcours est systématiquement la suivante : pourquoi aurait-il fallu entretenir l’imbuvable de la famille alors que les autres réussissaient? À chacun sa croix! Oui, bien sûr. Sauf que… Et merci à Thierry Caillat d’avoir cité cet extrait particulier et d’une immense lucidité de la déchirante correspondance de Camille à l’asile : l’artiste enfermée s’étonnait que sa propre mère investisse tant pour la garder derrière les barreaux, alors que pour la faire s’épanouir en liberté, quand il en était temps, sa bourse ne s’était déliée qu’avec des grincements de dents virant aux craquements.

L’injustice de cette vie se situe exactement là. Du fond de sa cellule, la pauvre fille ne cessa de réclamer une petite place auprès de sa mère plutôt qu’au milieu de criardes édentées qui furent ses compagnes au cours des trente dernières années de son existence sabotée, alors que tout courrier (envoyé et reçu) était intercepté selon les instructions de la mère. L’aliénation était, ainsi, totale. Avec son Camille, Thierry Caillat propose de revisiter toute cette affaire, cette vie. Il le fait avec beaucoup de classe, de respect, de pondération en ce qu’il tente systématiquement de faire la part des choses, de cœur et, autant le dire, de talent.

 

 

 

 

 

 

 

Breizh-Info recommande l’essai de Daniel Horowitz

Chronique littéraire. « Leibowitz ou l’absence de Dieu » de Daniel Horowitz

L’auteur est né en Suisse où ses parents s’étaient réfugiés pour fuir les nazis. Il est rentré ensuite à Anvers où il a travaillé jusqu’à sa retraite dans l’industrie diamantaire avant d’émigrer à 60 ans en Israël. Son dernier livre évoque la figure singulière de Yeshayahu Leibowitz qui fut l’un des penseurs juifs les plus remarquables du XX ième siècle. M. Leibowitz est né à Riga en Lettonie en 1903 et est mort en 1994 à Jérusalem.

  Il a commencé ses études en 1919 à Berlin où il a obtenu en 1924 un doctorat de chimie et un autre de philosophie. Il décroche ensuite en 1934 un doctorat de médecine avant d’émigrer la même année en Palestine où il enseigna la chimie organique, la biochimie et la neuropsychologie à l’université hébraïque de Jérusalem jusqu’à sa retraite en 1973.Il est connu pour des travaux sur la physique quantique. Après sa retraite il continua à enseigner la philosophie. Il fut aussi rédacteur de l’Encyclopédia Hebraïca pour laquelle il rédigea de nombreux articles tant scientifiques que philosophiques ou religieux. Ses prises de position contre l’occupation de la Cisjordanie, en faveur des objecteurs de conscience et sa déclaration en pleine invasion du Liban en 1982, dans laquelle il dénonçait l’existence d’une mentalité « judéo-nazie » lui valurent de solides inimitiés.

Quand il reçut le prix Israël en 1992 le Premier ministre de l’époque Yitzhak Rabin refusa de participer à la cérémonie de remise du prix. Pour autant, M. Leibowitz s’est toujours montré un fervent partisan du sionisme et du droit pour les Juifs d’émigrer en Israël. Il fut officier dans la Haganah pendant la guerre d’indépendance de 1948.

Le livre présente principalement la position de M. Leibowitz sur le rapport qui doit exister entre les hommes et Dieu. Sa pensée est fort complexe, mais on peut en première analyse estimer que M. Leibowitz est athée, car par rationalisme il exclut toute intervention divine dans la Nature et dans l’Histoire. Il est le premier penseur du judaïsme à appeler explicitement à renoncer à l’illusion de démontrer l’existence de Dieu. De même, il estime que la scène sur le Sinaï ou Jéhovah aurait donné les tables de la loi à Moïse ne se peut se concevoir que comme une allégorie. Pour lui la Torah n’est pas sainte car écrite par une main humaine. Il en est de même pour le mur des Lamentations.

Cela posé, M. Leibowitz est un commentateur pertinent et un disciple du grand penseur juif du XII ième siècle Maïmonide, même si son interprétation du judaïsme diffère quelque peu de la sienne.  Et paradoxalement, alors que M. Leibowitz affirme que Dieu est hors de ce monde, il préconise le respect des dix commandements et des lois particulières juives, même s’il est partisan de les adapter au monde moderne notamment en ce qui concerne le rôle de la femme.

Le livre de M. Horowitz ravira ceux qui, chrétiens, juifs ou musulmans essayent de comprendre les rapports entre les hommes et Dieu si tant est que celui-ci existe. Il présente clairement une pensée complexe et puissante d’un penseur original, digne continuateur de Spinoza et Maïmonide.

Christian de Moliner

Crédit photo : DR
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