L’excellente Valère-Marie Marchand a reçu
jeudi 7 mars 2013 de 15h à 16h20
Frédéric Andrau pour son livre
Monsieur Albert – Cossery, une vie
sur Radio Libertaire (89.4 FM) dans son émission Bibliomanie que vous pouvez réécouter ici.
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
L’excellente Valère-Marie Marchand a reçu
jeudi 7 mars 2013 de 15h à 16h20
Frédéric Andrau pour son livre
Monsieur Albert – Cossery, une vie
sur Radio Libertaire (89.4 FM) dans son émission Bibliomanie que vous pouvez réécouter ici.
A l’occasion du centenaire de la naissance d’Albert Cossery, Frédéric Andrau publie une biographie intitulée Monsieur Albert.
L’occasion pour moi de revenir sur cet écrivain curieux et sur le dernier livre que j’ai lu : Mendiants et orgueilleux
Albert Cossery est né le 3 novembre 1913 au Caire. Vers l’âge de 20 ans, il s’est installé à Paris où il est mort le 22 juin 2008, dans sa chambre de l’hôtel, à 94 ans.
Il écrivait en français, mais ses romans se déroulaient en Égypte.
On dit qu’à la question : « Pourquoi écrivez-vous ? « , il répondait : » Pour que quelqu’un qui vient de me lire n’aille pas travailler le lendemain « …
Les titres de ses quelques livres s’inscrivent facilement dans la mémoire :
Les Hommes oubliés de Dieu (1941).
La Maison de la mort certaine (1944)
Les Fainéants dans la vallée fertile (1948).
Mendiants et orgueilleux (1955)
La Violence et la Dérision (1964)
Un complot de saltimbanques (1975)
Une ambition dans le désert (1984)
Les Couleurs de l’infamie (1999)
Le roman se déroule au Caire, bien sûr. Le début est assez léger. Un homme veut attirer l’attention d’une femme. Quoi de plus banal :Il y a longtemps, j’avais lu Les Fainéants dans la vallée fertile. Plus récemment, j’ai lu Mendiants et orgueilleux. J’en donne quelques extraits, pour donner envie.
« Tout en elle proclamait une fierté naïve et un mépris total pour son entourage.
Elle passa près de Yeghen sans rien changer de son allure, et feignant de l’ignorer complètement. Celui-ci s’était presque arrêté sous le réverbère ; il montra son visage en pleine lumière, la bouche tordue par un rictus qui voulait être un sourire engageant. Mais cette mimique bouffonne fut perdue cette fois pour la jeune fille. Elle ne daigna même pas lui jeter un regard.
Yeghen , déçu par cette façon d’agir, fit encore quelques pas, puis se retourna et courut derrière elle. Il se sentait prêt à provoquer une émeute s’il le fallait. Comment avait-elle osé l’ignorer !
Elle s’arrêta, interdite, l’air grave et un peu effrayé. L’affaire se compliquait pour elle ; elle ne pensait pas qu’il aurait le courage de l’aborder. Instinctivement, elle avait tendu la main ; Yeghen lui remit le bout de papier contenant le poème et s’éloigna en toute hâte, sans se retourner.
Cela s’était passé sans incident ; il avait réussi son coup d’une façon magistrale. Comment allait-elle réagir après la lecture du poème ? »
Puis on tombe sur un dialogue moins banal :
(chapitre V)
Les choses ne vont pas en rester là. Une fille va mourir des mains de l’un de ces deux hommes.
La suite du roman va donc être une enquête policière, mais le lecteur n’aura pas à chercher l’auteur du crime, puisqu’il aura assisté à la strangulation. Ce plutôt une sorte de Crime et châtiment en moins long et sous une autre latitude.
Kindred, 9 mars 2013
Frédéric Andrau en Belgique :
– vendredi 8 mars 2013 à 18h30, rencontre à la librairie Tropismes, suivie d’une projection du documentaire de Sophie Leys sur Albert Cossery
– samedi 9 mars de 17h à 18h, dédicace au stand 114 (rue du Marteau, 19 1000 Bruxelles) à la Foire du Livre
– article de Frédéric Saenen dans Le Salon littéraire
– article de Christopher Gérard sur Archaïon
Frédéric Andrau était l’invité du 19-20 sur France 3 dimanche 3 mars 2013. En tant qu’attachée de presse, j’ai décrypté pour vous ce qui a été dit lors de ces cinq minutes consacrées à son livre Monsieur Albert – Cossery, une vie publié par les Éditions de Corlevour.
Notons que CINQ MINUTES à la télévision pour évoquer la littérature, c’est déjà EXCEPTIONNEL. BRAVO ET MERCI à Jean-Noël Mirande pour avoir été un excellent lecteur et pour avoir osé ça.
INTRODUCTION DE JEAN-NOËL MIRANDE :
C’est un écrivain égyptien qui avait élu domicile au coeur de Saint-Germain des Prés à Paris, pour écrire des livres en français. Albert Cossery fut un artiste rare dont les livres sont de petites merveilles. Un récit lui rend hommage pour le centenaire de sa naissance : Monsieur Albert de Frédéric Andrau.
Frédéric Andrau est l’invité de ce journal, nous le retrouverons dans un instant, mais avant cela une évocation en images de l’un des écrivains les plus singuliers du XXème siècle :
REPORTAGE DE FRANCE 3 (images d’archives et citations):
« Je ne me suis jamais senti hors de l’Egypte, je la porte en moi ». Il y a cette terre natale dans laquelle se passent ses romans et son pays d’adption, Saint-Germain des Prés, les deux seules histoires d’amour durables d’Albert Cossery. À la Libération, le jeune Égyptien débarque à Paris, il pose ses valises dans cet hôtel de la rue de Seine, il ne le quittera plus. L’établissement est fréquenté par les intellectuels et les jazzmen américains, il y apprend le goût d’une certaine bohème. « Les femmes que j’aime me fatiguent. C’est à dire être gentil, indulgent, pendant trois, quatre heures, pour moi c’est fatigant ». Pas d’attache ni de propriété : la liberté selon Albert Cossery. Rive gauche, il mène une vraie vie de dandy égoïste. Pour lui, Paris est une fête : il dort jusqu’à midi, prend son café au Flore et dîne chez Lipp. Ses fréquentations s’appellent Camus, Queneau, Vian, Gréco. On raconte que le romancier n’écrivait souvent qu’une phrase par jour. « Un paresseux intelligent, c’est quelqu’un qui a réfléchi sur le monde dans lequel il vit. Et donc ce n’est pas de la paresse. Pour moi, la paresse c’est le temps de la réflexion. » Épicurien, indolent, Albert Cossery met parfois quinze ans à terminer son ouvrage. Le plus parisien des exilés s’est éteint à 94 ans dans sa chambre d’hôtel à Saint-Germain des Prés. Il laisse sept romans et un recueil de nouvelles, tous salués par les fins lecteurs.
FRÉDÉRIC ANDRAU INTERVIEWÉ PAR JEAN-NOËL MIRANDE:
– Frédéric Andrau, bonsoir
– Bonsoir
– Alors, vous rendez hommage à Albert Cossery dans une biographie, enfin, plutôt un récit intitulé « Monsieur Albert – Cossery, une vie ». Est-ce que l’on doit dire qu’Albert Cossery est un écrivain égyptien ou un écrivain de langue française ?
– Les deux. C’est un écrivain qui est resté très égyptien jusqu’au bout de sa vie, mais qui avait fait le choix de porter un regard sur l’Egypte en dehors de l’Egypte, mais avec une acuité qui ne peut que nous avoir fait déplorer sa mort un peu prématurée par rapport aux événements qui ont suivi.
– Alors, en tous cas un écrivain très parisien – on l’a vu dans ce reportage – son clocher c’était Saint-Germain des Prés ; sa cantine c’était le Flore ou Lipp ; il vivait à l’hôtel – il a vécu après la guerre à l’hôtel toute sa vie, pourquoi il avait fait ce choix-là ?
– Il avait fait ce choix-là parce que quand il est arrivé d’Egypte à Paris, il avait bénéficié d’une chambre de bonne à Montmartre. Et puis c’était un garçon qui était plutôt élégant, plutôt séducteur, et qui avait comme exercice privilégié de draguer les jeunes filles, et si possible de les ramener chez lui à Montmartre. Mais quand il les séduisait, il leur disait « Venez chez moi, j’ai un petit pied à terre », mais il ne leur disait pas qu’il y avait tout Paris à traverser pour y aller. Donc finalement il a trouvé que c’était plus pratique d’avoir une chambre à Saint-Germain des Prés.
– En tous cas, c’est une figure que l’on a pu croiser à Saint-Germain des Prés. Il était pratiquement tous les après-midi au Flore, mais alors quand écrivait-il ?
– Il pouvait rester plusieurs jours – dans le reportage on parlait d’une phrase tous les quinze jours, il disait aussi qu’il pouvait n’écrire que deux mots par mois – je crois qu’il avait réussi le tour de force de faire de l’oisiveté un art de vivre. Donc est-ce que c’était un prétexte pour ne pas écrire beaucoup ou est-ce que c’était vraiment son rythme d’écriture ?
– Il était en tous cas à rebrousse-poils de notre époque aujourd’hui où la vitesse est plutôt revendiquée?
– Oui et ce qui est assez frappant, c’est qu’avec sept livres – huit en tout, mais sept romans – il ait laissé une telle empreinte dans la littérature, parce qu’aujourd’hui beaucoup de gens le lisent. Joëlle Losfeld qui est son éditrice attitrée me disait l’autre jour qu’elle « sortait », pour reprendre son expression, dix livres par jour. Donc ça veut dire qu’il y a quelque part en France dix personnes qui tous les jours commandent un livre d’Albert Cossery
– Et ça veut dire aussi qu’on ne trouve pas les livres d’Albert Cossery dans les bacs de livres d’occasion parce que quand on a lu un livre d’Albert Cossery, on le garde pour soi
– Oui, et puis on veut vite acheter les autres surtout
– Mais c’est vraiment quelque chose de très particulier, parce qu’en général les écrivains qui encombrent les libraires de trop de livres.. Albert Cossery, c’est vraiment parcimonieux
– Dès qu’on a découvert Albert Cosse
y, on est d’abord séduit par l’écriture. Je trouve que son écriture agit un peu comme un appareil-photos, c’est à dire qu’il pose une justesse sur les choses, sur les gens, il crée des personnages vraiment extraordinaires, il a une imagination foisonnante, et on ne peut pas oublier son écriture, c’est extrêmement précis
– En tous cas, c’est un inconnu célèbre ou un célèbre inconnu, et c’est un auteur à découvrir et surtout à découvrir à travers votre livre Monsieur Albert – Cossery, une vie, c’est aux Éditions de Corlevour. Merci beaucoup Frédéric Andrau d’avoir été l’invité de ce 19-20.
REVOIR L’ÉMISSION (c’est de 15 min 20 à 20 min 20)