Svetlana Pironko : un début fulgurant

Quelquefois nommée Luz par l’un de ses amants, la belle va se retrouver étudiante à Paris, voyageuse (son âme de nomade) et plus tard éditrice, vivant à Paris, à Londres, à Edimbourg, au gré des rencontres avec des hommes dont on pourrait dire qu’elle a du mal à se satisfaire. Mariée, divorcée, romantique à la petite semaine, cette Luciole se cogne souvent contre la lumière, et découvre peu à peu, à force d’introspection, qu’à chaque malheur, [ il faut ] chercher la femme… En effet. Si un jour elle est malheureuse, elle n’aura pas à chercher très loin. Elle sera à l’origine de son propre malheur.
Ne faisant guère son miel d’une telle révélation, L. continue de s’inspecter, de s’analyser, de se reprocher quantité de choses jusqu’à ce que le malheur, enfin ! la frappe réellement : son père, cet homme fait de roc et de merveilles, meurt d’une façon inattendue. L. est inconsolable. Pire, elle va pouvoir enfin donner un socle à ses inquiétudes, justifier ce qu’elle croit être son inaptitude au bonheur.
Et puis, elle s’est trouvé un amant de belle prestance. Ils s’écrivent de vraies lettres ! Elle lui raconte le personnage qu’elle s’est inventé : une sorte de cavalier solitaire, indifférent, impénétrable. Invulnérable. Or nous savons, nous, que vulnus, la blessure, peut survenir n’importe quand…
La lectrice, le lecteur verront si elle parviendra un jour à faire confiance à ses intuitions et surtout, à lâcher prise. Pour que l’on goûte un si beau roman, nous ne vendrons pas la mèche.
Bertrand du Chambon
Svetlana Pironko, Une Heure avant la vie, éd. Le Passeur, septembre 2022, 268 p.-, 18 €.