CRITIQUE MON SIXIÈME SENS PAR ESTEBAN FRÉDÉRIC
asophit | Publié le
MON SIXIEME SENS
« Le plus grand bien que nous faisons aux autres hommes n’est pas de leur communiquer notre richesse, mais de leur faire découvrir la leur. Louis Lavelle ».
Disons le tout net, Esteban Frédéric a du talent. Pianiste, Médium et maintenant écrivain, les fées se sont penchées sur le berceau du petit Esteban.Mais le chemin n’a pas été facile à suivre et c’est dans son livre « Mon sixième sens », que l’auteur nous raconte son parcours, riche de rencontres, de passions, de prises de risques, de joie et de tristesse.
Il faut souligner que servi par une écriture rythmée et simple, la lecture est facile et très divertissante. Un régal à dévorer.
Esteban a quatre ans lorsqu’il découvre qu’il n’est pas un petit garçon comme les autres. Seul dans sa chambre, il rencontre Anna, l’entité de la maison, une femme suicidée, perdue entre deux mondes.
« A peine le porte refermée qu’un ressenti étrange commence à m’envahir. Une présence, un être invisible est avec moi dans la chambre. De plus j’ai la sensation que quelqu’un appuie sur ma gorge, au point que j’en ai le souffle coupé. (…)Elle ne partira jamais. De nuit en nuit, j’apprends à la connaître. Le prénom Anna résonne en moi comme une évidence. Cette entité a été une femme et elle est morte en ce lieu. Suicidée par pendaison. (….) Comment l’ai-je appris ? Parce que, bien que très jeune, alors que je ne suis pas entré dans ma cinquième année, je suis déjà médium. P20/21 »
Suite à cet épisode fondateur, le don se révèle de plus en plus à notre jeune Esteban.
« Ma rencontre avec Anna est une sorte de déclencheur. De ce jour, mes capacités de voyant et de médium ne font que s’amplifier. Trop sans doute car il suffit d’un simple contact physique avec une personne pour les flash me submergent. P 22 ».
Mais le don est handicapant car les visions s’accélèrent et toute vie sociale devient problématique. Pour Esteban la voyance est une souffrance et il veut s’en détacher.
Heureusement il y a la musique. Le piano devient son meilleur ami. Enfant hypersensible, c’est à elle qu’il confiera ses émotions. Comment faire autrement de toutes façons ? Les adultes le penseraient fou s’il venait à se confier sur ses visions.A dix ans sa grand-mère chérie décède brutalement d’un arrêt cardiaque inattendu.
C’est le drame qui fait sortir Esteban de l’enfance.
Bien décidé à ne pas laisser le don l’envahir Esteban se jette à corps perdu dans sa musique.
Mais c’est sans compter sur la puissance du don qui ne le quitte pas, même à travers ses études musicales.
« Soudainement, alors que ma main se lève pour jouer la première mesure de l’œuvre, je sens un grand froid m’envahir, des frissons parcourent mon être. Je blêmis, je pressens ce qui est en train de se produire…La transe médiumnique est violente, soudaine, incontrôlable. Je perds toute maîtrise de mon corps. Ma volonté est anéantie, mais mes doigts sont littéralement électrisés. Ils courent sur le clavier, comme animés par une vie propre. Je suis un être physique, habité par une autre volonté que la mienne. Je deviens comme spectateur de moi même. Je ne joue pas du Chopin, il est moi, et je suis lui. Une véritable fusion des âmes et des esprits se produit. P27 ».
Et puis, il y a la rencontre; celle qui sera sans aucun doute la plus importante dans sa vie de voyant.
C’est sur le chemin du conservatoire qu’Esteban passe régulièrement devant une boutique. Serait-ce un signe, un clin d’œil du destin ? Le don ne serait-il pas en train de retenir Esteban en lui disant, « puisque que tu veux quitter ma route pour celle de la musique, et bien je reviens me mettre sur tes pas pour que tu ne m’oublies pas ». Qui sait ?
Quoiqu’il en soit, c’est armé de son plus grand courage qu’Esteban finit par ouvrir la porte de la boutique ésotérique de Michel.
La rencontre est fondatrice.
Michel transmettra son savoir à son jeune élève. Premières consultations, initiation aux cartes et à leurs secrets. L’homme devient le mentor d’Esteban, et Michel est estomaqué par la puissance du don de celui-ci.
« Une semaine plus tard, je suis de retour. Je ne peux déjà plus me passer de Michel, de sa gentillesse, de son humour et de sa sagesse. Il m’énerve, mais c’est pour ça que je l’apprécie. Il est la voie que je cherchais. Dieu m’a écouté. Il a guidé mes pas en dehors de sa maison. P 50 ».
L’enfant devenu adolescent se partage entre le collège, le conservatoire et la boutique de Michel. A quinze ans il croise la route de Laura, il tombe amoureux.
L’histoire se construit mais, suite à sa demande, Esteban apprend par la bouche Michel que malheureusement cette histoire ne durera pas.
Malgré la puissance de l’amour qu’Esteban porte à Laura, c’est Michel qui avait raison, l’histoire se termine, Laura contrainte de déménager à Marseille pour suivre ses parents.
La vie suit son cours, Esteban loge maintenant à Montpellier chez son père.
Les études musicales se poursuivent.
Poussé par son père et un camarade, Esteban sort et rencontre Elodie, une amitié amoureuse naît entre eux deux.
Un soir, une séance de spiritisme est organisée, Esteban voit Marie, l’amour d’une vie antérieure. Les séances de spiritisme s’enchaînent, mais est-ce bien raisonnable de jouer avec le surnaturel ?
« Le spiritisme devient l’attraction du moment. Presque un jeu de société. Et le vin d’orange aidant, nous rions beaucoup lors de ces soirées. Mais rire avec les morts est-ce bien raisonnable ? J’allais sous peu avoir la réponse à cette question. P86 ».
Une nuit, allongé à côté d’Elodie, Esteban est littéralement assommé par la puissance d’une entité, il lutte mais s’évanouit sous la force de celle-ci.
« L’entité se déploie dans toute sa puissance. Elle est partout et emplie la pièce de sa présence. J’ai l’impression que la moindre particule d’air devient solide et m’écrase sous son poids. Je suis submergé par une force que je ne pensais même pas concevable. Je suis tétanisée. Immobilisé. Je ne peux plus bouger ni bras ni jambes. Lutter est un combat perdu d’avance, l’entité est bien trop forte pour moi. Ma dernière pensée est : Ouvre-lui ton esprit. C’est çà ce moment là que je m’évanouis. P88 ».
Cette entité est le père d’Elodie, mais le plus grave, c’est qu’Esteban comprend qu’en pratiquant le spiritisme avec légèreté, il a ouvert une voie vers l’au-delà, et qu’il ne sait plus la refermer.
Effrayé, il décide alors de complètement abandonner la voyance et la médiumnité pour se consacrer totalement au piano.
Brève et intense relation avec Cécilia, retour à Nîmes.
Admission dans un des plus prestigieux conservatoires d’Europe.
Promis à un grand avenir de concertiste, Esteban s’ennuie ferme au conservatoire. La passion s’étiole et le don revient en force.
« Je croyais être devenu le maître du Don, j’en suis de nouveau le jouet. P 104 ».
A vingt-cinq ans, pour trouver des réponses et de peur de devenir fou, Esteban consulte une psychothérapeute. Attentive à son histoire, celle-ci lui conseille de suivre sa voie et le rassure quant à son état mental.
« Vous savez la folie est quelque chose de très relatif. Nous sommes tous le fou d’un autre… En tout cas, je ne diagnostique pas en vous de troubles schizophréniques, si c’est ce que vous redoutez. P106 ».
Esteban est à la croisée des chemins, deviendra-t-il pianiste ou voyant ?
Première rencontre avec Gabriel, le voyant le plus renommé de l’époque. Celui-ci lui prédit un grand avenir dans la voyance.
Choisir c’est renoncer.
Esteban fait le choix courageux et risqué d’abandonner le piano pour la voyance. Le don va enfin pouvoir s’exprimer.
Le succès de l’entreprise est fulgurant. Les flashes s’accélèrent, les voyances aussi.
Gabriel prend Esteban sous son aile. Emissions de télévision, radio, salons de la voyance, notre Esteban est pris dans un tourbillon médiatique qui l’enivre mais qui ne correspond pas à son tempérament d’homme discret. C’est la rançon du succès, mais le jeu en vaut-il la chandelle ?
Alors qu’il est invité à une conférence concernant la communication avec les défunts, Esteban retrouve la trace d’un petit chat perdu. Mais le plus important c’est que sa grand-mère chérie lui parle et lui explique que l’amour est plus fort que la mort.
« En réponse, je reçois des ondes d’amour et de tendresse. Une sorte de bienveillance absolue, que je n’ai jamais ressentie auparavant. Puis, je vois une image floue, mais je reconnais sans difficulté la salle de conférence et la centaine de personne qui ont assisté à la soirée. J’entends alors distinctement ma grand-mère prononcer ces mots : C’était de l’amour Esteban. L’amour n’est ni vivant ni mort. L’amour est éternel. P150 ».
Invité par Gabriel, retour dans un salon de la voyance. Les consultations s’enchaînent, le rythme est épuisant.
Esteban comprend que Gabriel veut le posséder et gérer sa carrière. Les deux hommes sont à l’opposé l’un de l’autre. Esteban décide de reprendre sa liberté et renonce à l’amitié ambiguë de Gabriel.
Heureusement il y a la pétillante Lucie. Ils s’installent ensemble, elle gère ses rendez-vous et elle le protège. Malheureusement, au bout de quelques mois, celle-ci s’ennuie et ils se quittent.
La carrière d’Esteban se poursuit. Il recrute les meilleurs voyants du pays et créé une plateforme en ligne. Ainsi, il peut gérer ses consultations comme il le souhaite.
Sa réputation le dépasse, il est contacté par une consultante qui lui demande d’aider son jeune fils que les psychiatres pensent schizophrène. L’enfant est simplement médium, Esteban le fait sortir de l’hôpital et se donne pour tâche de l’aider à son tour, comme Michel l’a aidé quand il était enfant lui même.
C’est d’ailleurs dans une vision que Michel lui apparaît pour lui dire qu’ils ne se verront plus.
« C’est pour ça que je lui là cette nuit. Pour te dire adieu. Tu as pris ma place auprès d’un autre petit garçon en souffrance. Car le don le fait souffrir, comme il pu te faire souffrir toi-même quand tu étais enfant. Il est égaré, guide le sur le chemin de la médiumnité. Ton tour est venu de transmettre ce que tu sais. P210 ».
Alors qu’il passe quelques jours de vacances en Espagne avec deux amis, Léo et Raphaël, Esteban va vivre un épisode particulièrement traumatisant.
Les trois compères ont loué un logement et profitent d’une soirée pour se détendre en dégustant un verre.
Soudainement un bruit de verre brisé se fait entendre au sous sol. Problème, il n’y a pas de vent, les portes sont verrouillées et ils sont seuls dans la maison.
La maison est « chargée » et cet épisode de verre brisé n’est que le début de multiples événements violents et rationnellement inexplicables.
« Le salon semble avoir été soufflé par une bourrasque démente. Un fauteuil est renversé, les coussins du canapé sont éparpillés aux quatre coins de la pièce, et un morceau de tronc d’arbre qui fait office de pied de table basse, a été déplacé sur plusieurs mètres. Debout, au milieu de la pièce, nous sommes tous trois frappés de stupeur. P 225 ».
Après plusieurs manifestations de l’entité présente avec eux, les deux amis d’Esteban, quittent la maison à la demande de celui-ci.
Seul à seul, Esteban et l’entité fusionnent afin de permettre à celle-ci de rejoindre le ciel, ce qu’elle ne pouvait pas faire seule. L’épisode est rude mais Esteban n’en ressort que plus fort.
L’enseignement d’Esteban est simple. Etre voyant c’est profiter de son don pour aider les autres et leur permettre de s’épanouir. A travers ce livre, l’objectif d’Esteban est entre autre, d’aider les autres médiums à découvrir leur don.
La lecture de ce livre aura été décidément captivante et complètement inattendue.
Peut être trop rationnelle, on aimerait rencontrer l’auteur pour se laisser complètement convaincre par la puissance de son don.
Néanmoins, loin d’être voyante, nous pouvons tout de même souhaiter, si ce n’est prédire, la prochaine adaptation cinématographique de cette histoire tant haletante qu’extraordinaire.
« Mon sixième sens » Esteban Frédéric.
Éditions De Vinci
Contact : https://guilaine-depis.com/