core tenable ?
Causette, le nouveau magazine « plus féminin du cerveau que du capiton » a déjà interviewé Antoinette Fouque sur son nouveau livre ! (novembre 2009) – Bravo ! Longue et heureuse vie à Causette !
core tenable ?
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
Susan Faludi
Backlash
La revanche contre les femmes
Traduit de l’américain par Lise-Eliane Pommier, Evelyne Chatelain, Thérèse Réveillé
Broché 576 p. – 37 €
Poche 748 p – 8 €
1993
« Etre femme aujourd’hui en Amérique, à l’approche du XXI° siècle, quelle chance extraordinaire ! » Les femmes ayant atteint l’égalité, le problème de leur statut ne se pose plus : pourquoi se pencher une fois encore sur cette question que les années 70 ont résolue pour toujours, telle est la mentalité actuelle qui prévaut, dans la rue ou au sein des sphères dirigeantes ou médiatiques, que ce soit outre-Atlantique ou en Europe…
« Et pourtant… » : ces deux petits mots, ces trois points de suspension, contiennent en puissance la somme de travail effectuée par Susan Faludi depuis 1986, l’ampleur de son enquête, cinq cent pages d’analyses exhaustives et d’une honnêteté qui ferait croire que la déontologie journalistique n’est pas un vain mot, quatre années terribles passées à éplucher les statistiques triomphalistes, à décrypter les sous-entendus des discours prononcés ou des paroles » en l’air « , à passer au crible les nouvelles modes vestimentaires, esthétiques, publicitaires ou juridiques, bref à chercher ce qui fonde aujourd’hui la mise au ban du problème majeur du statut de la femme au sein de la société contemporaine.
Qu’a donc découvert Susan Faludi pour que son livre, fondé sur l’analyse de ce problème que l’on proclamait caduque et résolu, touche à ce point l’opinion publique et devienne un best-seller aux États-Unis ?
En 1947, dans un film hollywoodien intitulé Backlash, ( littéralement » le coup de fouet en retour », on dirait en français le » retour de manivelle », un homme faisait accuser sa femme d’un meurtre qu’il avait lui-même commis.
Dès la première page de son livre, Susan Faludi nous livre la clef de l’énigme, qui est aussi le moteur de son ouvrage : « Derrière cette victoire des femmes américaines célébrée à grand bruit, derrière cette reconnaissance unanime et sans cesse réaffirmée du droit des femmes à disposer d’elles-mêmes, un autre message se fait jour. Et il dit ceci aux femmes : vous avez conquis la liberté et l’égalité, mais pour votre plus grand malheur. »
L’auteur montre que ce » constat de désespoir » est faux de trois façon. Les femmes tout d’abord n’ont pas acquis l’égalité : une analyse des statistiques et de leur fonctionnement le démontre à tous les niveaux, que ce soit celui du quotidien et de la vie en commun, celui du travail, celui du pouvoir politique, administratif ou médiatique, celui de la culture. Ensuite, la liberté tant vantée n’est qu’un leurre — qu’on pense par exemple à la remise en question de l’avortement aux États-Unis, ou aux représentations traditionnelles de la » féminité » définie selon des critères masculins. Enfin, la femme libérée, active, diplômée, sans mari, sans enfant mais malheureuse n’est qu’un mythe, une façon pour certains hommes et certaines femmes de se venger de cette joyeuse liberté que des femmes, qui sont loin d’être la majorité ont effectivement acquise.
« La vérité, c’est que nous assistons depuis dix ans à une revanche, à une puissante contre-offensive pour annihiler les droits des femmes”, pour faire croire que “le chemin qui conduit les femmes vers les sommets ne fait que les précipiter, en réalité, au fond de l’abîme « .
L’ouvrage de Susan Faludi nous enseigne que l’esprit critique est l’une des valeurs fondatrices de la démocratie.
Susan Faludi est enquêtrice au Wall-Street Journal ; elle a reçu le prix Pulitzer pour Backlash.
Au-delà des plaisirs qu’ils procurent, les jeux en disent beaucoup sur l’équilibre psychique et psycho-affectif de nos enfants. Dans son nouveau livre
Dites-moi à quoi il joue. Je vous dirai comment ll va, Sophie Marinopoulos, psychologue, léve le voile sur le pouvoir qu’ils possèdent.
Entretien. Par Dorothée Blancheton
PsychoEnfants : Pourquoi avoir écrit un livre sur le jeu ?
Sophie Marinopoulos : Parce que les jeux en disent long sur la santé psychique de nos enfants. Quand un enfant a de la fièvre, nous savons que quelque chose d’anormal se passe et nous allons consulter. La santé psychique, elle, n’a pas de visualisation. Cependant, en analysant la manière dont un enfant joue, il est possible d’établir des repères pour savoir ce qui se passe dans sa tête s’il se sent bien avec lui-même, s il a une estime de lm suffisante, si le rythme du quotidien lui convient.
PE. : De manière générale, qu’apportent les jeux à nos enfants ?
S. M. : Ils les aident à gagner en autonomie.
PE. : Est-ce aussi vrai pour le bebé ?
S. M. : Tout à fait. Dès la naissance, le bebe joue avec sa bouche pour decouvrir le monde et s’autonomiser. Le jeu lui donne la possibilité de sans faire sa curiosité. Le bebe fait ainsi ses premières expériences par lui-même. Cette découverte est possible par l’espace que ses parents lui laissent.
PE. : Dans votre ouvrage, vous créez un ludomètre, De quoi s’agit-il ?
S. M. : II s agit d’un outil qui permet aux parents d’être plus attentifs à l’évolution psychique de leur enfant. A travers le ludometre, j’explique ainsi que pour grandir, un enfant doit passer par des stades de croissance mesurables par le jeu. Ces stades sont un peu nouveaux par rapport a ceux de la psychanalyse qui sont le stade oral de O a I an, le stade anal de I à 3 ans, le stade phallique de 3 a 5 ans Ici, les phases se succèdent et se superposent.
PE. : Qu’est-ce que les enfants découvrent à travers ces stades ?
S. M. : De O a 8 mois l’enfant s’éveille essentiellement par la stimulation sensorielle les sons, les odeurs, le toucher, les paroles le nourrissent. Les tapis d’éveil, hochets, boîtes à musique sont donc à privilégier. II est aussi possible de fabriquer soi-même des jouets en faisant contraster les matières, les couleurs. De 8 a 20 mois, c’est la motricité qui prime L’enfant s’éloigne peu a peu du corps de ses parents pour explorer le monde qui l’entoure. Les cartes a tirer, les livres d’images ont du succès a cet âge. II faut opter pour des jeux avec une qualite de compréhension. L’enfant sera fier de pouvoir tenir son jouet tout seul.
PE. : Et au-delà de 20 mois ?
S. M. : De 20 mois a 3 ans, les enjeux affectifs sont plus compliqués. L’enfant se sent plus fort. II casse, crie, court et devient bruyant. Preuve évidente qu’il grandit. Les parents ont alors un rôle une fonction interdictrice à tenir. Ce qui, bien entendu, est épuisant puisque l’enfant désobéit. Celui-ci est encore trop petit pour intérioriser chaque règle, chaque non, chaque interdit. A cet âge, il a besoin de jouets solides, de pâte a modeler, de jeux d’eau. Les sorties au parc sont également importantes, elles canalisent son energie. Vers 4 5 ans, l’enfant devient plus calme. Il se construit des reperes et intègre davantage les interdits. Il aime ses jouets et veut les garder pour lui. Durant cette période, il découvre qu’il est un enfant sexué et comprend qu’il existe des jouets pour les garçons et des jouets pour les filles. C’est le début du triangle oedipien. Les petits garçons ont besoin de jouer avec leurs petites voitures et leurs circuits et les petites filles avec leurs poupées.
PE. : Et pour les 5-6 ans ?
S. M. : Place au relationnel, aux invitations d’anniversaire, aux amitiés On joue à faire comme si, à faire semblant. On opte pour la dînette, les déguisements, la marchande. Au delà de 6 ans, les sports sont conseillés, ainsi que les soirées pyjama l’enfant peut commencer à dormir à l’extérieur de la maison. Cette période est aussi celle du savoir et des activités qui vont avec maquette, jeux de societe, labo de chimiste. Attention toutefois à ne pas cristalliser d’attente narcissique sur l’enfant, à ne pas trop exiger de lui. Il doit aussi grandir seul, à travers l’ennui et l’échec.
PE. : Vous parlez du jeu du « cache-coucou » à partir de 12 mois. En quoi ce passe-temps est-il important ?
S. M. : Le « cache-coucou » a une fonction symbolique : Papa et maman se cachent derrière leurs mains pour reapparaître ensuite. Ce jeu permet à l’enfant de maîtriser son angoisse de la separation. Il lui donne l’impression de maitriser l’éloignement de ses parents et de mieux supporter leur distance.
PE. : Les enfants jouent-ils toujours autant qu’autrefois ?Sophie Marinopoulos – LLL 1790 €
S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’éc
rans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.
À lire…
Quand s’inquiéter ? Quand votre bébé ne repond pas aux stimulations sensorielles. Quand votre enfant manifeste une peur
excessive face au monde qui l’entoure. Quand votre enfant n’évolue pas dans ses activites ludiques. Quand votre enfant manifeste de fortes désorganisations d’ordre corporel.
S. M. : Ils joueraient autant si on leur laissait plus d’espaces et moins d’écrans. Les écrans annulent la créativite et la curiosité. Face aux écrans, on n’est plus dans la rencontre avec un autre.
À lire…
MLF : 40 ANS ET TANT A FAIRE sur www.elle.fr (02/11/09)
Elles étaient une quinzaine, âgées de 17 à 33 ans, bien décidées à ne plus s’en laisser conter. C’était en octobre 1968. Réunies dans un petit studio de la rue de Vaugirard, à Paris, elles posaient les bases d’un mouvement qui allait faire avancer les droits des femmes à pas de géant. Elles s’appelaient Antoinette Fouque, Monique Wittig… et venaient de fonder le Mouvement de libération des femmes. Quarante ans après, le MLF est toujours là en dépit des attaques et il a accompagné toutes les conquêtes des femmes : de l’IVG à la parité en passant par l’égalité au travail. « Nous avons plus fait en 40 ans qu’en 4 000 ans », déclarait récemment Antoinette Fouque. Aujourd’hui, la relève est-elle assurée ? « Oui, répond Jacqueline Sag, militante de la première heure. Mais c’est plus difficile. Les jeunes femmes qui ont bénéficié de nos acquis sont beaucoup moins politisées. Elles n’utilisent pas forcément les mêmes armes. En tout cas, il y a encore fort à faire. »
Catherine Robin
A lire : « Génération MLF » (Editions des Femmes). Sortie le 16 octobre.
A lire « Dites-moi à quoi il joue, je vous dirai comment il va ».
Pour la premiere fois, un psychanalyste apprend aux parents à mesurer l’équilibre psychologique de leur enfant en le regardant jouer. A cette fin, l’auteur a conçu un « ludomètre », courbe de croissance ludique qui donne des repères par tranche d’âge.
Sophie Marinopoulos, éditions Les Liens qui libèrent, 17,90 €
LE JOURNAL DES PSYCHOLOGUES
NOVEMBRE 2009
DOSSIER INTIME DE L’ECRITURE
RECITS CLINIQUES ET ECRITS DE L’ANALYSTE
Par Eva-Marie Golder
Lorsque les représentations ne s’organisent pas en récit qui ait un sens, la pensée est effractée, l’écriture est suspendue, et c’est bien de sa propre inscription dans la réalité et de son sentiment d’appartenance dont il est question. L’histoire ne peut être écrite. (…)
Bibliographie : Bing E., 1976, Et je nageai vjusqu’à la page. Paris, Editions des femmes, 1993
Elisabeth Bing
… et je nageai jusqu’à la page
320 p. – 22,50 € – 1982 – Réédition 1993, augmentée d’une postface
Le succès des ateliers d’écriture imposait la réedition de cet ouvrage publié une première fois en 1976, et qui a fait école…
Elisabeth Bing a choisi pour titre de son ouvrage l’expression enfantine petit François à qui l’écriture, labyrinthe mortel pour celui qui ne trouve pas sa voie, aura fini par apporter la paix et la confiance : » je nageai jusqu’à la page où je m’endormis « . Car ceci n’est pas à un récit comme les autres…
Vaste poème où il s’agit de dire la différence et l’excès, » texte oralisé « , recueil de créations enfantines, analyse des refoulements imposés dès leur plus jeune âge aux enfants qui ne correspondent pas à une norme d’éducation précise, témoignage, ni euphorique, ni pessimiste d’une femme qui a participé aux premiers ateliers d’écriture, plaidoyer pour une écoute de l’imaginaire, rêve intime d’une écriture de l’expression de soi, du voyage intérieur, d’une écriture-danse, travaillée, créatrice, libérée des tabous de l’âge adulte, telles peuvent être les mille et une façons d’aborder cet ouvrage.
» Tout geste est de torture s’il est condamné de l’intérieur « . Comment renaître à l’expression, quand la norme vous a in/formé depuis votre plus jeune âge ? Rétablir une positivité du geste, offrir aux enfants bloqués la possibilité d’une course libre, d’une marche accordée avec leur être profond, montrer que l’écriture ne se confond pas avec les règles de la grammaire, » créer un état de dérangement (…) pour que renaisse le désir « , tel est l’enjeu de ce livre sensible et émouvant.
Accorder la pulsion d’écrire à la pulsion du sang dans les veines, au rythme personnel des battements du coeur, au cheminement intérieur, « rétablir l’accord profond entre ce sang noir qui coulait de la plume et le rouge sang des veines « , c’est la démarche même d’Elisabeth Bing dans ce livre à la fois concret et poétique.
Au terme d’un parcours qui rappelle à chaque lecteur une relation oubliée entre son corps et sa parole, l’auteur nous aura appris à « oser l’impudence de faire écrire les autres « ; à » décontracter « l’enfant (en nous) qui écrit, à libérer ses gestes, ses mots ; à suggérer que la vie est » voix et corps « .
Du même auteur |
Elisabeth Bing a travaillé avec des enfants dits » caractériels » à partir de 1969. Elle a participé aux premiers ateliers d’écriture, et a poursuivi ses activités auprès d’adultes, à Paris comme à Aix-en-Provence.
Marina Da Silva signe un dossier Kateb Yacine dans Le Monde Diplomatique de Novembre 2009
Des mots qui pratiquent des brèches
Mort il y a vingt ans, l’écrivain Kateb Yacine connaît toujours une popularité certaine en Algérie, où un colloque international vient de lui être consacré. En France, les hommages n’ont guère été médiatisés. Ce «poète en trois langues», selon le titre du film que Stéphane Gatti lui a consacré, demeure un symbole de la révolte contre toutes les formes d’injustice, et l’emblème d’une conscience insoumise, déterminée à rêver, penser et agir debout.
Romancier et dramaturge visionnaire, considéré grâce à son roman Nedjma comme le fondateur de la littérature algérienne moderne, Kateb Yacine était avant tout un poète rebelle. Vingt ans après sa disparition, il occupe en Algérie «la place du mythe ; comme dans toutes les sociétés, on ne connaît pas forcément son œuvre, mais il est inscrit dans les mentalités et le discours social ». Il reste aussi l’une des figures les plus importantes et révélatrices de l’histoire franco-algérienne.
Kateb, qui signifie «écrivain» en arabe, était issu d’une famille de lettrés de la tribu des Keblout du Nadhor (Est algérien). Le 8 mai 1945 — il n’a pas encore 16 ans —, il participe aux soulèvements populaires du Constantinois pour l’indépendance. Arrêté à Sétif, il est incarcéré durant trois mois à la suite de la répression, qui fait quarante-cinq mille morts. Sa mère, à laquelle il est profondément attaché — c’est elle qui l’a initié à la tradition orale et à la poésie —, sombrera dans la folie. Cette date du 8 mai marquera l’existence, l’engagement et l’écriture de Kateb à tout jamais.
C’est en septembre de cette même année, à Annaba, qu’il tombe éperdument amoureux d’une de ses cousines, Zoulheikha, qui va inspirer Nedjma («étoile»), rédigé en français, œuvre fondatrice qui a totalement bouleversé l’écriture maghrébine. Dans cette histoire métaphorique où quatre jeunes gens, Rachid, Lakhdar, Mourad et Mustapha, gravitent autour de Nedjma en quête d’un amour impossible et d’une réconciliation avec leur terre natale et les ancêtres, la jeune fille, belle et inaccessible, symbolise aussi l’Algérie résistant sans cesse à ses envahisseurs, depuis les Romains jusqu’aux Français. La question de l’identité, celle des personnages et d’une nation, est au coeur de l’oeuvre, pluridimensionnelle, polyphonique.
(Retrouvez la version intégrale de cet article dans Le Monde diplomatique actuellement en kiosques.)