Opération Coronavirus, la contribution de Oula Kelbocha

Propos d’un chat confiné

Je m’appelle Oula Kelbocha … et je suis un chat sacré de Birmanie de vingt et un mois.

En fait, mon vrai nom est Odin du Clos de Soliman. Mais Maman, en me voyant dans une exposition féline, s’est écriée « Ouhla … Quel beau chat ! »… et le nom m’est resté. Parfois, quand je l’entends, j’ai mal aux chevilles, mais je me suis habitué à l’admiration de Maman pour mon poil soyeux, ma frimousse de petit tigre blanc mes yeux bleu-foncé et ma queue en panache que même Henri IV m’aurait enviée.

Il paraît que je suis confiné depuis bientôt trois semaines. En fait j’ai toujours été confiné, car Maman m’interdit de sortir dans le jardin et de me balader dans les buissons ou autour de la piscine.

Maman a trop peur de me perdre. Ce qui a failli arriver récemment, depuis que ma Princesse, la belle Opium, ne veut plus que je l’honore. Elle était pourtant contente en janvier quand je lui faisais l’amour au moins dix fois par jour, quand elle feulait « viens mon bel amour ! » en langage chat… Mais brutalement, fin janvier, elle m’a rejeté.  Difficile de cumuler les soucis du chat en rut et de l’amant délaissé ! Alors j’ai commencé à manger de moins en moins… puis plus du tout. Maman s’en est émue et m’a fait torturer par une foule de vétérinaires. Malgré les comprimés immangeables qu’ils m’administraient, j’ai continué à déprimer. Mes petits bourrelets ont disparu, on sentait juste mes os. De 4,5 kg je suis descendu à 3,7 kg en un mois.

Et finalement ils ont trouvé et m’ont soigné. Opium ne veut toujours pas de moi, mais elle est maintenant très occupée avec nos enfants, qui viennent d’être délivrés d’un confinement dans son ventre. Elle était devenue si grosse que Maman disait qu’elle ressemblait à un poisson lune…

Opium est la mère de mes dix enfants, dont neuf vivants, car nous avons malheureusement perdu notre petite Plume à 7 jours, l’été dernier, trop faible pour survivre. Maman vient de raconter dans son livre « Tous les chats de ma vie »  notre histoire et celle des chats qui nous ont précédés.

Quand elle écrivait son livre, à Paris en février, elle restait souvent à la maison. Mais, depuis que nous sommes arrivés à Antibes début mars, je ne comprends plus Maman. D’habitude, elle disparaît une bonne partie de la journée, nous laissant nous chamailler, faire nos griffes sur les matelas et les tapis et voler des friandises en son absence. Mais quelques jours après son arrivée ici, son comportement a totalement changé. Elle est tout le temps sur notre dos. Elle ne quitte la maison qu’à peine une fois par semaine de préférence, de préférence tard le soir ou tôt le matin. Malgré la température presque estivale, elle sort avec un épais cache-nez blanc, de grosses lunettes noires et un bonnet de ski qui lui cache les cheveux et le reste du visage. Et, en arrivant à la maison, elle enlève ses chaussures. Avant-hier soir,  notre père adoptif est sorti pour aider Maman à décharger la voiture et est rentré sans se déchausser. Moi j’aime la bonne odeur de ses semelles et me suis vautré par terre… Maman était furieuse : elle m’a lavé !!! Et elle a mis sur le sol un produit qui pue le propre…

Je me demande si maman n’est pas en train de devenir folle. Et mon papa aussi. Hier, ils ont fait dix fois le tour du jardin dans le sens des aiguilles d’une montre, puis dix fois dans l’autre sens. Comme je fais le soir dans la maison en miaulant pour appeler ma chérie !

Tous les soirs à peu près à l’heure où je me réveille de ma sieste, ils allument un écran du salon où toujours le même type, que Maman surnomme « Bille de clown », prend un air de croque-mort pour débiter des chiffres. Il parle de milliers de morts, montre des lits d’hôpital, des gens avec des cache-nez comme ceux de maman…

Et ils regardent aussi un autre type, qui semble un grand chef. Il y a quelques jours, il avait une belle barbe noire, mais, de jour en jour, un côté de sa barbe commence à ressembler aux poils de nos congénères sacrés de Birmanie. Va-t-il muter ? Il ne sera en tous cas pas primé en exposition s’il y participe…

Je ne comprends pas non plus pourquoi Maman ne quitte quasiment plus la maison ou le jardin et ne rencontre plus personne. D’habitude, nous sommes souvent envahis pas une bande d’humains bruyants et agités qui cherchent tous à nous caresser, me forçant à trouver ma tranquillité sous le lit ou dans un placard. Or, depuis quelque temps, plus personne ne vient.

En revanche, Maman est suspendue une grande partie de la journée à un petit appareil noir auquel elle parle (alors qu’il n’y a personne dedans). Ce truc a un miaulement bizarre, aigu, il paraît que c’est une sonnerie.  Et quand elle lui parle, elle me gronde si je miaule !

Maman dit à son appareil noir plusieurs fois par jour « oui ça va, nous sommes confinés à Antibes ». Je suis jaloux de ce truc noir, car à moi elle ne parle guère que pour me gronder : « laisse Opium tranquille », « ne fais pas tes griffes sur les tapis »… Du coup, j’ai compris que pour attirer l’attention de Maman, je devais multiplier les bêtises et je ne manque pas de m’y employer !

La sédentarité de Maman a quand même un bon côté pour nous. Jamais je n’ai vu à la maison autant de réserves de pâtée et de croquettes. J’ai même trouvé où elle range le stock important de friandises et je me suis enfilé en douce ce matin quelques délicieuses bouchées au canard.

Elle a aussi un stock important de notre jouet préféré, le papier toilette, qu’elle a hélas mis sous clé. Il paraît que c’est très difficile d’en trouver en ce moment. Pourquoi nos humains n’utilisent-ils pas notre litière ? Maman vient d’ailleurs d’en stocker des kilos dans le garage… est-ce pour cela ?

Ma princesse, qui est une rebelle, a essayé de s’enfuir. Elle m’a dit qu’elle voulait que nos bébés soient des chatons libres … Moi, j’aime trop Maman et mes croquettes pour aller bien loin. Heureusement, Maman a vite récupéré ma princesse avant qu’elle ne franchisse le portail et lui a installé un nid douillet dans un grand tiroir, qu’elle partage avec nos bébés. J’ai proposé de me confiner avec eux mais ma princesse est une vraie mère juive et ne veut pas encore que j’approche les petits.

Heureusement je sais qu’un jour les oisillons quittent le nid, comme l’ont fait nos bébés précédents et que je retrouverai un jour ma jolie princesse pour moi seul. Mais, horreur…. Maman dit qu’elle veut me retirer les bijoux de famille dès que j’atteindrai de nouveau 4kg.

Alors je surveille attentivement mon poids sur la balance bébé qu’elle a louée et je n’oublie jamais de faire mon marathon quotidien dans la maison.

En regardant dehors, je rêve de la vie du chat des voisins qui n’est pas confiné et vient me narguer à la fenêtre. Maman dit que c’est un « chat de gouttière » mais je ne l’ai jamais vu sur le toit.

Je crois que le confinement rend Maman bizarre. Elle parle du virus de la bière, qui serait très dangereux, y compris pour les chats. Mais moi je ne bois pas de bière… 

Je suis quand même très inquiet car, si Maman mourait, qui achèterait mes croquettes et ma pâtée ?

 Nouvelle « Mon coronavirus au quotidien » par Michèle Makki

 MON CORONAVIRUS AU QUOTIDIEN par Michèle Makki

 Le chien fait des gaz. C’est un bouledogue français. Il s’appelle Caïpi, abréviation de Caïpirinha, le très bu cocktail. Cette race-là fait des gaz.

– Il faut le sortir, je dis.

Qui s’y colle ? Mon mari ou moi ?

Le chien c’est ma sauvegarde, mon passeport, mon visa pour une vie à risques. Je mets un masque, des gants, je deviens une aventurière et je m’engouffre dans l’ascenseur. En sortant de l’immeuble, je manque de m’étaler sur les marches du perron, car j’y vois à peine, les yeux coincés entre le capuchon de ma veste et le bord du masque, pendant que le chien tire sur la laisse.

– Bonjour !

Un Sans- Masque m’aborde, saluant et postillonnant, encore un peu et il me ferait la bise !

Cet individu-là n’a pas absorbé les consignes de distance sociale et se comporte anormalement, c’est -à- dire normalement pour une époque révolue.

Je m’enfuis comme Polanski au festival de Cannes et je m’en vais chanter l’Ave Maria dans la forêt. Pour les promenades hygiéniques du chien et de moi-même- il fait ses besoins, je respire l’air- j’ai choisi un bout de forêt qui survit entre deux immeubles, parcouru par un ruisseau qui n’en sait rien du coronavirus et continue sa vie coulante et murmurante. On fait le tour de la forêt qui sent le caca car tous les propriétaires de chien vont là, puis on rentre en évitant les voisins.

J’enlève mon équipement de pestiférée sur le balcon, je me désinfecte, je me vaporise de senteurs variées, je me lave les mains, je les passe au gel, au gel, au gel…

– Au prix où on l’a payé, tu devrais l’économiser, grogne mon mari.

S’il savait à quel prix j’ai payé les gants !

On s’assied devant la télévision pour le téléjournal, le chien à nos pieds, la fenêtre ouverte pour évacuer les mauvaises odeurs récurrentes provenant de Caïpi.

On se prépare pour le coup de massue, les nouvelles, qui nous écrasent d’une pesanteur visible. Le destin enfile les morts comme des perles dans le ruban des jours :  aujourd’hui tant de morts, bien plus qu’hier et bien moins que demain, nous sommes tous condamnés au confinement, à la solitude, même le pape dit la messe tout seul.  « Admirez la spiritualité du dépouillement », dit un intervenant.

L’Iphone de mon mari retentit : Il retentit tout le temps, la sonnerie est au maximum.

C’est Josette, ou Martine, ou Amélie, qui, en ces temps éprouvés, cherchent du réconfort auprès d’un ancien copain. Prétexte : donner des nouvelles du virus, qui comme le furet est passé par ici et repassera par là, mesdames. Envoyer des texto à un gars qu’elles n’ont pas vu depuis trente ans, quelle misère ! Est-ce qu’au moins elles se sont changées de pull depuis la guerre du Golfe ? Faire les fonds de tiroir existentiels même en période de peste, j’évite, préférant me défénestrer plutôt que de ramener à l’existence tous les vieux bouts de carambar de ma vie, poisseux, collants, recouverts de poussière, qui se collent à des post-it, à des feuilles de papier tachées, et à des reliquats de calepins hors- d’usage. Les souvenirs c’est une autre espèce de virus…

– Tu n’as pas le coronajaloux ? dit mon futur ex-mari, car comme tout le monde le sait, un mariage peut ne pas durer toute une vie, même si on n’est pas  Brad Pitt, Angelina Jolie ou le prince Charles…
Je hausse les épaules de dédain. Que va-t-il chercher ? Il m’attribue des pensées médiocres alors que je me repais uniquement d’idéal.

 Je m’absorbe, vexée, dans le documentaire qui passe à la télévision, tourné avant la pandémie, censé donner du courage aux téléspectateurs ou, plus modestement, censé leur changer les idées. Il y est question de femmes qui accomplissent des exploits en solitaire. En vrac, l’une a traversé le désert à moto, l’autre a vécu au fond d’une grotte souterraine pendant trois mois, la troisième, qui est chamane, jeûne deux jours sur trois et apprend aux gens à marcher pieds nus. Voyant cela, je me dis que je ne serai jamais célèbre et que je ne serai jamais invitée à une émission tv. Le seul risque que je prends, c’est de sortir le chien en période de pandémie.

– C’est mon tour ! dit mon mari.

Il prend la panoplie du survivaliste moins le fusil et s’en va, Caïpi sur les talons.

Point final.

Aussitôt qu’il est sorti, je m’installe devant mon ordinateur et j’écris à Jean- Jacques.

Un quart d’heure plus tard, j’ai sa réponse :

 » Qu’est-ce qui te prend ? Tu baisses ! C’est quoi cet article ? Je ne peux pas le donner à l’impression ! Je t’ai demandé du sérieux, du simple à comprendre, tu dois plaire à nos lecteurs… C’est quoi ce style pour Parisiens ? Notre lectorat est composé de régionaux.  Tu n’écris pas pour Paris- Match ! »

Jean- Jacques, c’est le rédacteur en chef de notre feuille de chou locale. Le télétravail avec lui, ça fait longtemps que ça dure. Est-ce qu’il cherche à me virer ? Il faut s’attendre à tout.  « Le journal traditionnel, c’est foutu ! » Clame-t-il à qui veut l’entendre. En attendant cette catastrophe annoncée, il m’a demandé d’écrire un papier sur le thème :  » Mon coronavirus au quotidien. » Apparemment, mon texte ne le séduit pas.

  » J’attends un nouvel article dans une heure, sinon on fera sans toi », précise-t-il en caractères Arial gras.

Bon, je vais lui résumer les infos, advienne que pourra.

J’éternue une fois, deux fois, trois fois dans mon bras replié. J’ai mal à la tête. Pourvu que je ne sois pas malade !

FIN

Michèle Makki

Genève, 3 avril 2020

Flash actualité : Le 21ème Salon Culture & Jeux mathématiques tiendra bon et sera placé sous le signe des transitions.

Flash actualité : Le 21ème Salon Culture & Jeux mathématiques tiendra bon et sera placé sous le signe des transitions.

Alors que plongée dans une guerre sanitaire inédite, la France entièrement confinée est en train d’annuler et de reporter la plupart de ses projets, les mathématiques sont là pour vous apporter une bonne nouvelle : l’îlot de résistance aux déséquilibres et angoisses planétaires sera le maintien – dans tous les cas du figure – du 21ème Salon Culture et Jeux mathématiques qui se déroulera aux dates annoncées du 28 au 31 mai 2020.

Loin de sombrer dans la sinistrose ambiante, le consortium chargé d’organiser ce superbe événement a pris la décision ferme de tenir bon et de saisir l’occasion que nous donne la terrible crise pour engager les transitions du Salon Culture et jeux Mathématiques. 

Avec la numérisation, le Salon Culture et Jeux mathématiques, si fréquenté et populaire à Paris, pourra s’exporter en province et ailleurs dans le monde francophone (Quebec, Afrique …). 

En 2020 cette crise sanitaire devient une opportunité pour partager avec le maximum de personnes, de tous âges et de tous coins géographiques.

La transition c’est aussi l’apport des mathématiques face aux enjeux climatiques qui sera l’un des thèmes principaux de cette édition porté par notre marraine Valérie Masson-Delmotte.

Les transitions seront donc à la fois environnementales et numériques.

Le consortium finalise un programme voué à avoir lieu Place Saint-Sulpice durant quatre jours comme traditionnellement. 

Parallèlement, nous préparons l’amorce de la numérisation de notre Salon. 

Cela permettra de :

1) dépasser largement les frontières du 6èmearrondissement pour son audience ; chaque enfant, chaque adolescent, pourra assister et participer de manière interactive à nos animations et divers jeux et concours depuis l’arrière de son écran 

et 

2) d’entièrement nous replier sur cette unique version virtuelle du Salon dans la probabilité pessimiste où notre Salon serait empêché en dernière minute par une prolongation de plus de dix semaines du confinement.

Bien sûr, le challenge est important en si peu de temps. Cela nous différencie des autres événements tous reportés en octobre où les embouteillages dans les agendas des professionnels, des particuliers et des scolaires seront légion, et de profiter de la situation pour espérer le plus grand succès pour notre Salon qui aura peu de concurrence en matière de sorties éducatives et récréatives à la fin du mois de mai.

Plus que jamais, le Salon Culture et Jeux mathématique sera le fer de lance des nouvelles technologies, à l’avant-garde du progrès et des formes de communication du futur.

Plus que jamais, nous avons besoin de vos participations enjouées à notre événement pionnier en matière de Salon numérisé pour vous permettre de nous retrouver tous ensembles. 

Communiqué officiel en version PDF à télécharger ici : com maths 2020

21èmeSalon Culture & Jeux Mathématiques

Du 28 au 31 mai Place Saint-Sulpice (Paris 6ème) – Entrée libre et gratuite

Le thème général sera “Les Maths : oui, ça sert.”

Avec une journée dédiée aux mathématiques pour le climat où la marraine, Valérie Masson-Delmotte, interviendra.

Actuellement responsable d’équipe au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE, Institut Pierre-Simon-Laplace) – CNRS/CEA/UVSQ,

Valérie Masson-Delmotte est aussi depuis 2015 co-présidente du groupe 1 du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui étudie les principes physiques du changement climatique.

4 thèmes principaux en 2020 : jour 1 : climat + environnement ; jour 2 : modélisation + ingénierie ; jour 3 : santé ; jour 4 : numérique

Site officiel : http://salon-math.fr           Contact presse : guilaine_depis@yahoo.com           06 84 36 31 85

Le défi de l’édition 2020 de ce Salon à succès est de donner une autre image des mathématiques, en montrant que ces dernières sont vivantes, fascinantes, étonnantes et universelles.

Il s’agit à la fois de faire découvrir les mathématiques autrement, d’en présenter des applications ludiques autant que professionnelles et de les populariser en favorisant le dialogue entre science et société.

En 2020, le changement dans la continuité :Le Salon, porté jusqu’en 2019 par le Comité International des Jeux Mathématiques (CIJM), passe pour la première fois le flambeau à un consortium d’associations, fondations et sociétés savantes travaillant collégialement (Animath, APMEP, CIJM, Club Tangente, Femmes et mathématiques, Fondation Blaise Pascal , FSMP, Kangourou, MATH.en.JEANS, SMAI, SMF) qui assurera les très nombreuses charges liées à sa préparation, son organisation et sa mise en oeuvre opérationnelle.

Traditionnellement, le Salon Culture & Jeux mathématiques, c’est 60 à 70 stands animés, 2 espaces thématique/numérique, 1 espace rencontres/conférences pour une quinzaine d’événements, divers compétitions et concours, des speed dating avec les sociétés savantes, les grands centres de recherche…

Sans oublier la brochure Maths Express (15 à 16 articles) tirée à 10 000 exemplaires.

Depuis sa création, 410 000 visiteurs et 91 000 scolaires ont participé aux Salons.

Pour l’édition 2020, officiellement « année des mathématiques » selon le Ministère de l’Education nationale, nous attendons entre 20 000 à 25 000 visiteurs dont 3500 à 4500 élèves.

Kathya de Brinon revient sur Radio Notre Dame alerter sur l’inceste durant le confinement

En Quête de Sens

Podcasts

Émission du 3 avril 2020 : Est-il plus facile de vivre le confinement seul ou en famille ?

Kathya de Brinon : journaliste, elle s’ engage auprès des enfants violentés. À ce titre, elle a créé l’association SOS VIOLENFANCE

Marie-Françoise Terren : conseillère conjugale

Anne-Laure Buffet :  thérapeute (en consultations individuelles et familiales) formatrice spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences psychologiques et conférencière. Elle a créé l’association contre la violence psychologique et auteur de « Les prisons familiales. Se libérer et guérir des violences invisibles »

Stéphan Eliez :Le professeur Stephan Eliez reçoit depuis plus de vingt ans des parents d’enfants qui présentent des troubles graves du développement, auteur de « Être parents et s’aimer comme avant, la force de la mentalisation dans le couple » 

Dr. Xavier Emmanuellimédecin fondateur du Samu social, Xavier Emmanuelli, travaille actuellement à la création d’un numéro le 19: opérationnel dès vendredi soir, ce numéro d’écoute a pour objectif de répondre aux angoisses et aux questions des Français pendant l’épidémie de coronavirus

La prestigieuse revue « Histoire et civilisations » du Journal LE MONDE a sélectionné le roman de Michèle Makki

La prestigieuse revue « Histoire et civilisations » du Journal LE MONDE a sélectionné le roman de Michèle Makki au sein de son volumineux dossier « Pompéi » : c’est la reconnaissance du talent et du savoir historique de Michèle Makki, unique ROMANCIERE contemporaine citée dans ce dossier qui restera. Les autres auteurs cités par Virginie Girod sont des essayistes. Le roman de Michèle Makki« Pompéi, le sang et la cendre »est suffisamment exceptionnelpour compter à côté des « grands » apportant un éclairage sur cette époque. Le livre de Michèle Makki à travers sa fiction apporte une touche romantique et sensible à la compréhension de ce qu’était cette société.

 

Boulevard Voltaire interviewe Kathya de Brinon sur les dangers du confinement pour les enfants

Kathya de Brinon : « Le confinement accroît les risques pour les enfants en danger »

Kathya de Brinon est fondatrice et présidente de l’association SOS Violenfance (prévention de l’inceste et de la pédocriminalit). Une association beaucoup sollicitée via Facebook en cette période de confinement où l’alcoolisme et la proximité des adultes violents fait peser un risque énorme sur certains enfants.

Explications au micro de Boulevard Voltaire.

Le docteur Jacques Fiorentino est interviewé sur le Covid 19 par Medisite

Coronavirus : peut-il se transmettre par les billets de banque ?

Opération Coronavirus, la nouvelle de Gérard Muller : un voyage avec retour

Un voyage avec retour par Gérard Muller

Un halo. Un halo au fond de mes pupilles. Un halo qui grossit peu à peu, pour devenir moins flou. Je commence à discerner un tube, puis un autre tube, puis une machine électronique, et enfin une chambre blanche, sans aucun tableau sur les murs, nue comme une toile de Malevitch.

Un bruit. Un bruit régulier, comme une respiration de quelqu’un qui s’efforcerait à de larges inspirations. Je réalise alors que ce souffle vient de mes propres poumons. Mais je ne sens aucun mouvement d’air. Alors je porte ma main droite à ma bouche. Celle-ci est obstruée par quelque chose. Du plastique. Un masque ! Un masque prolongé par un tube. Un masque qui couvre mon orifice buccal et mon nez. Je respire dans cet appareil.

Alors mes neurones commencent à se connecter via mes synapses. Un travail de fond se réalise pour en relier des millions. Pour essayer de comprendre où je suis et ce que je fais là. Ma mémoire est sollicitée, comme un puits au fond duquel un récipient serait envoyé à maintes reprises. À force d’être interpellée, à force de ramener à chaque fois un peu d’information, un peu de ce liquide vital, un dessin prend forme. Lentement, mais avec de plus en plus de précision : je me trouve dans une chambre d’hôpital.

Cela me revient. J’ai été testé positif au corona virus. Cette saloperie. D’abord de la fièvre, des courbatures, un essoufflement qui accompagne le moindre mouvement. Et puis la toux, une toux sèche qui déchire les poumons. Le lendemain matin, d’horribles douleurs dans la poitrine. 40 °C. Tout va alors très vite : le SAMU, l’ambulance, l’hôpital où des soignants déguisés en cosmonautes m’accueillent, s’affairent autour de moi. Ils me branchent à de l’oxygène. Augmentent la pression et le débit toutes les heures. Prennent mon pouls. La quantité d’oxygène dans mon sang diminue comme le niveau d’eau dans un oued après la pluie. Soudain, c’est la panique. Six personnes autour de moi. Elles me soulèvent, me retournent, me perfusent, me parlent, mais je n’entends plus rien. Ma tête se vide. Et puis plus rien. Plus aucun souvenir. Ma vie s’est arrêtée là.

Où suis-je maintenant ? Aucune agitation dans les couloirs. Aucun bruit, sinon celui de ma respiration et du cliquetis envoyé par la machine à côté de moi toutes les cinq secondes. À travers la fenêtre, des nuages et le soleil qui joue avec les ombres. Dans le ciel, aucun avion. Seuls quelques oiseaux de passage.

Je commence à avoir faim. Et soif, mais je n’ose pas bouger, étant relié à trois perfusions. Sous les draps, un corps étranger. Je les soulève pour découvrir une sonde connectée à mon sexe. Au bout de mon index, une sorte de pince accolée à la machine. J’observe les cadrans lumineux. 78. Certainement la fréquence de mon pouls. 94. Le taux d’oxygène dans mon sang. À moins que ce soit l’inverse.

J’entame alors un bilan de ma santé corporelle. Plus de douleurs thoraciques. Apparemment plus de fièvre. Plus de gêne respiratoire. Un calme souverain dans mon esprit. Serais-je guéri ? Serais-je revenu de cet enfer ? Sauf si je suis drogué ! Ou déjà au paradis ! Non, il n’y a pas de perfusions au paradis !

La porte de la chambre s’ouvre. Une infirmière me sourit, malgré le masque qui recouvre son nez et sa bouche. Déguisée de pied en cape, elle observe les cadrans, vérifie le niveau des poches, soulève mon drap pour examiner ma sonde, avant de m’adresser la parole.

Je ne comprends absolument pas ce qu’elle me dit. Dans quelle langue me parle-t-elle ? S’il s’agit d’une langue ! Comme je plisse mon front pour lui signifier que ses propos ne sont pas décodés par mon cerveau, elle réitère ses propos. Toujours aussi impénétrables.

Ce n’est pas de l’anglais, j’aurais alors compris. De l’allemand ou une langue de cet acabit. Oui, cela doit être de l’allemand. Maintenant, j’en suis presque sûr. Je hausse légèrement les épaules pour lui signifier que je ne parle pas son dialecte. Elle semble me comprendre, et me fait signe qu’elle va revenir. Elle jette un dernier coup d’œil sur les appareils, pose la main sur mon front, et semble rassurée avant de quitter la chambre.

Où suis-je ? En Alsace, où les gens parlent encore un dialecte à base d’allemand ? Non, une infirmière parlerait le français. Alors en Allemagne ! Qu’est-ce que je fais dans ce pays, alors que j’ai été hospitalisé dans la banlieue parisienne ! La France aurait-elle été envahie une nouvelle fois ? Ai-je été le jeu d’une faille spatio-temporelle dont l’univers a le secret ? Ai-je été télétransporté à l’occasion d’une fluctuation quantique ?

Ces réflexions tournent en boucle dans mon cerveau, alors que la porte s’ouvre à nouveau. Mon infirmière réapparaît, toujours aussi souriante et masquée, en compagnie d’une autre femme plus âgée, mais autant harnachée.  Elle se dirige tout de suite vers moi pour m’annoncer :

— Comment allez-vous Monsieur Delponte ?

Il me faut quelques secondes pour comprendre qu’elle m’a parlé en français et qu’il s’agit bien de mon nom.

— Je me sens bien. Reposé, un peu fatigué mais serein, m’entends-je dire dans le plastique qui recouvre ma bouche.

Ma voix se perd dans l’oxygène, et je suis sûr que mon interlocutrice n’a rien entendu.

— Monsieur Delponte, j’ai le plaisir de vous apprendre que vous êtes guéri. Totalement guéri et que vous allez pouvoir rentrer chez vous dès demain matin.

 

Je lui fais signe que je souhaiterais lui poser quelques questions, mais que j’en suis empêché par le masque qui couvre mon visage. Elle se tourne vers l’infirmière qui, d’autorité, ôte l’objet en question. Une sensation de fraîcheur m’enveloppe instantanément, comme si je sortais pour la première fois dehors à la fin de l’hiver.

— Nous allons pouvoir vous entendre maintenant, m’annonce-t-elle.

D’une voix qui sort d’outre-tombe, tant elle est caverneuse et métallique, je me lance :

— Pourriez-vous me dire ce que je fais ici, en Allemagne ? Car je suis bien en Allemagne, non ?

Un rictus de satisfaction traverse le tissu qui abrite ses lèvres.

— Vous vous trouvez effectivement en Allemagne. À Heidelberg, plus précisément. Vous y avez été transféré en hélicoptère, il y a maintenant trois semaines, car votre hôpital était plein. Ceci s’est effectué dans le cadre d’échanges entre nos deux pays.

Un chiffre attire tout de suite mon attention.

— Trois semaines ! Mais qu’ai-je fait durant ces trois semaines ?

— Vous avez été plongé dans le coma et vous avez été sous respirateur artificiel. Mais vous vous en êtes sorti tout seul, et nous sommes très fiers de vous, car vous êtes le premier dans cette clinique à réaliser cet exploit !

 

Ses paroles cheminent lentement dans mes cortex cérébraux, avant que je ne saisisse toute leur portée. Trois semaines de coma artificiel ! Trois semaines de trou noir ! Comme si une divinité avait effacé pour toujours trois semaines de ma vie !

— Aurais-je des séquelles ?

— Vraisemblablement non. Regardez comment vous réagissez tout à fait normalement.

L’entière dimension de ce qu’elle vient de m’annoncer m’apparaît alors complètement.

— Je… Je remercie toute l’équipe qui a réalisé ce… miracle… Je ne sais pas comment vous remercier… Je…

Une larme profite de cet instant pour couler sur ma joue, ce qui entraîne par mimétisme un sourire ému sur le visage des deux femmes qui me font face.

— Nous n’avons fait que notre métier, Monsieur Delponte. Nous n’avons fait que notre devoir.

— Tout de même, je… murmuré-je alors que ma voix se perd dans un sanglot.

 

Comme nous prolongeons cet échange émotionnel, un homme entre dans la pièce, transportant une housse de vêtement. L’interprète se retourne vers moi pour m’annoncer :

— Voilà votre costume pour demain. Comme vous avez maigri de quinze kilos, nous vous en avons fait un sur-mesure.

— Un costume, mais pourquoi faire ? Ne m’avez-vous pas dit que je pourrai sortir demain ?

— Tout à fait. Mais avant cela, il y aura une petite fête.

Comme mes yeux semblent vouloir sortir de leurs orbites, elle m’annonce :

— Comme vous êtes le premier Français à sortir des soins intensifs en Allemagne, Madame Merkel et Monsieur Macron viendront demain nous visiter pour fêter l’événement. Événement dont vous serez la vedette, bien-sûr ! Événement qui symbolise l’amitié de nos deux peuples et leur collaboration dans ces moments difficiles.

 

L’énormité de ses paroles m’interpelle au point que je me demande s’il ne s’agit pas d’une farce. À la vue du sérieux qui s’empare des trois visages qui m’observent, je dois me rendre à l’évidence. Un doute s’immisce alors dans mes limbes :

— Mais comment vais-je rentrer en France ?

Un sourire de connivence accompagne sa réponse :

— Dans l’avion présidentiel, évidemment !

 

 

Pandemic 2 « Culte de la mort » par Frederika Abbate

PANDEMIC 2
Printemps : Culte de la mort

Dire que c’est le printemps… Le temps du renouveau, de la reverdie et surtout du retour du soleil pour faire enfin de nouveau le stock de bien-être et de vitamines. Mais on ne peut pas prendre le soleil cette année, à moins d’habiter dans une maison avec jardin privatif ou d’avoir fui les métropoles, loin des gueux qui peuvent attraper la peste, dans sa résidence secondaire avec ou sans piscine mais du moins avec jardin. C’est tout de même idiot ces familles qui s’entassent dans des appartements minuscules, qui ne peuvent même pas sortir les enfants qui, en outre, traînent toute la journée à la maison puisque, figurez-vous, il n’y a pas école. Il faut occuper les enfants. Il faut travailler tout de même, par le si glorifié télétravail et dont il faudrait par ailleurs grandement se méfier, avec des enfants en bas âge qui réclament des jeux et des soins. Dire que c’est le printemps et qu’on ne peut pas en profiter. Dire que des gens ne le verront jamais plus, parce qu’ils sont morts prématurément, bêtement. La mort, c’est toujours bête. Cela fait mal de partir. Cela fait mal à ceux qui voient les gens aimés partir. Mais mourir faute de soins appropriés, faute de masques, faute de lits d’hôpital, faute de respirateurs, c’est comment  ? Je n’ai pas encore trouvé de mots pour le dire. En revanche, il y en a un qui me vient spontanément à la bouche quand je pense à ceux qui ont laissé faire cela. Criminel.

Cette année le printemps a pris une tournure autre. Ce n’est pas le soleil, ce ne sont pas les fleurs qui poussent, les robes fleuries qui nous attirent aux devantures des magasins, les rencontres à l’extérieur entre amis. Ce n’est pas la sensation si agréable de sentir l’air sur sa peau (même s’il est pollué à mort), ce n’est pas l’exposition tant attendue aux rayons solaires bénéfiques. Non, cette année, le printemps c’est  : Les gens qui se battent dans les supermarchés. Les petits mots à des homosexuels, à des infirmiers pour leur dire qu’ils doivent dégager. Les chiens passés à l’eau de Javel, comme si les animaux n’étaient pas des êtres vivants. Les femmes de ménage qui ne peuvent pas travailler et qui auront quoi? Les coursiers qui vont partout, exposés à la maladie, bien obligés de gagner leur croûte. Eux qui ont permis à celui qu’on appelle le président de faire baisser la courbe du chômage et de s’en vanter. Tant pis pour les coursiers s’ils n’ont aucun droit, tant pis pour eux s’ils sont les nouveaux esclaves qui vont livrer ces messieurs-dames. Et puis, n’est-ce pas, il faut bien se faire livrer puisqu’on n’a pas le droit de sortir.

Nous sommes tous en résidence surveillée. Je crois que c’est comme ça que ça s’appelle, quand on est coupables, quand on est persona non grata. On n’est pas mis en prison. Mais on ne sort pas de chez soi. Alors, je me demande. De quoi sommes-nous coupables pour être mis en résidence surveillée  ? Coupables d’être d’éventuels porteurs d’un virus (qui, soit dit entre parenthèses a été causé par la cupidité et la bêtise des humains). Coupables de ne pas avoir eu de masques pour s’en protéger. Coupables de ne pas avoir été avertis à temps (ce n’est qu’une petite grippe qu’on nous disait, pas de quoi en faire un plat). Coupables de ne pas se faire tester, grâce à quoi seules certaines personnes seraient prises en charge et écartées et pas des populations entières. Coupables d’être dans un pays qui n’a plus d’industries, qui est tributaire d’autres pays pour fabriquer des choses essentielles, coupables d’être dans un pays qui a recours à l’étranger pour 80 pour cent des substances de base pour fabriquer les médicaments. Cela fait froid dans le dos, cela. Dire qu’on pourrait nous faire crever en nous privant de ces substances de base. Les médicaments ne pourraient pas être fabriqués.

Il n’y a plus aucun respect pour la vie. Cette année, le printemps, ce n’est pas la reverdie. C’est le culte de la mort.

Ce qui me fait froid dans le dos aussi c’est le meurtre de la pensée. Imbus d’idéologie, tenant à paraître soi-disant larges d’esprit, mais ne faisant en vérité qu’obéir aux mots d’ordre lancés par le pouvoir qui, comme sur un coup de baguette magique, se transforment en belles idées que beaucoup de gens s’empressent de défendre, ces bien-pensants n’argumentent pas quand ils ne sont pas d’accord avec d’autres. Ils leur lancent des qualificatifs injurieux, des anathèmes préfabriqués. Je pourrais en donner la liste tant ce sont toujours les mêmes qui reviennent dans des ritournelles rancies qui, dans le fond,  ne veulent rien dire. Ou bien,  mieux encore, ils interdisent la parole à ceux qui ne pensent pas comme eux. C’est ignominieux. Au milieu de tout ça, heureusement il y a aussi des gens merveilleux, qui aident les autres, qui s’entraident.

Dire que quand on n’a pas de nouvelles de quelqu’un, on se demande s’il n’est pas mourant ou mort. Ceci est une transformation radicale dans tous nos rapports essentiels. Et je dédie ce texte à tous ceux qui ne reverront jamais le printemps.

2 avril 2020 -17ème jour de «confinement» à cause de la rapacité et de la bêtise des humains.

Le docteur Jacques Fiorentino démonte la fake news sur le coronavirus dans Top Santé

Le coronavirus (Covid-19) a-t-il vraiment été créé en laboratoire ? par Apolline Henry

C’est une fake news largement relayée sur les réseaux sociaux : le coronavirus SARS-Cov-2 aurait été créé en laboratoire. Une info fausse et dangereuse.

Incroyable mais vrai : tandis que les chercheurs s’efforcent de trouver un traitement contre le coronavirus, les théories du complot, elles, n’en finissent pas de se propager. Sur les réseaux sociaux, il y en a une qui a la faveur des complotistes : le coronavirus SARS-Cov-2 (responsable de la maladie Covid-19) aurait été créé en laboratoire par des scientifiques maladroits… ou peu scrupuleux.

Ça vous semble absurde ? Et pourtant : selon une enquête de l’Ifop réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population française fin mars 2020, 26 % des Français seraient persuadés que le coronavirus a été créé en laboratoire – 17 % pensent qu’il a été fabriqué « de manière intentionnelle » et 9 % « de manière accidentelle« .

Le coronavirus SARS-Cov-2  a-t-il été conçu en laboratoire ? « Non » répond catégoriquement le Dr. Jacques Fiorentino, médecin. « À partir de modèles expérimentaux, les chercheurs ont pu reconstituer le trajet du coronavirus SARS-Cov-2 : si les spécialistes ne sont pas encore 100 % sûrs de ses origines exactes, le coronavirus est bel et bien passé de l’animal à l’homme.« 

Une déclaration confirmée par une étude internationale, conduite par des chercheurs britanniques, américains et australiens, publiée le 17 mars 2020 dans le journal Nature : « nos analyses montrent clairement que le SARS-CoV-2 n’est pas une construction de laboratoire ou un virus délibérément modifié » concluent les scientifiques. Limpide.

Le virus SARS-Cov-2 a-t-il pu « s’échapper » d’un laboratoire ? Peu probable, selon le Dr. Jacques Fiorentino : « le niveau de sécurité d’un laboratoire de virologie est encore plus élevé que celui d’une centrale nucléaire. Par ailleurs, pour répondre aux complotistes qui misent sur une maladresse de l’armée, ce sont principalement des bactéries qui sont étudiées dans le cadre militaire (comme dans « arme bactériologique ») – or, comme son nom l’indique, le coronavirus est un virus.« 

S’INFORMER, OUI, MAIS PAS TOUT LE TEMPS ET PAS N’IMPORTE COMMENT !

Puisque aucune publication sérieuse ne soutient l’hypothèse d’un virus créé en laboratoire, pourquoi les théories du complot sont-elles autant relayées ? « D’un point de vue psychologique, il est rassurant d’avoir un coupable à blâmer lorsqu’on est dans l’incertitude, analyse le Dr. Fiorentino. Pendant l’épidémie de peste du XIVème siècle, par exemple, on a accusé les populations juives : c’est un réflexe humain que de vouloir rejeter la faute sur quelqu’un.« 

Mais d’autres éléments plus terre-à-terre jouent aussi : « les complotistes trouvent étrange que le coronavirus SARS-Cov-2 ait été aussi rapidement identifié par les chercheurs, par rapport au virus du Sida, par exemple, qui a nécessité plus d’un an d’étude, souligne le Dr. Fiorentino. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ce coronavirus appartient à une famille (les Coronaviridae) que l’on connaît bien, suite aux épidémies de SARS et de MERS. Nous avions déjà toutes les clés en main pour l’identifier.« 

En outre, « les (nombreuses) zones d’ombre qui subsistent quant aux origines de ce virus attisent les théories complotistes. Elles sont notamment liées au pays à partir duquel l’épidémie s’est propagée dans le monde : en Chine, l’information (même scientifique) est verrouillée, ce qui fait qu’on ne sait pas exactement de quand date le premier cas de Covid-19, combien de malades sont décédés, à quelle date est apparu le virus… » La liberté d’informer, premier rempart contre les fake news !

Le conseil du médecin ? « Il est tentant de rester bloqué devant une chaîne d’info en continu en ces temps difficiles. Mais je crois que la saturation a tendance à émousser le sens critique : plus on ingurgite d’information, moins on est capable de faire la part des choses entre ce qui est fiable et ce qui est fantaisiste. Je recommande donc un « temps » dans la journée consacré à l’information (une heure ou deux, ça suffit) avec des sources fiables (idéalement scientifiques). Il faut aussi accepter que, pour le moment, on ne sache pas tout : ne succombez pas à la tentation de « combler le vide » avec des théories farfelues !« 

Merci au Dr. Jacques Fiorentino, ex-urgentiste (SAMU et SOS Médecins), ex-instructeur pour la Croix Rouge Française.