« Le populisme des bons sentiments » par François de Coincy (sur le congé paternité)

Le populisme des bons sentiments

Nous avions déjà eu cette année un extraordinaire exemple de la pression effectuée par le populisme des bons sentiments, lorsque avec raison, le gouvernement s’était d’abord opposé à la mise en place de congés supplémentaires pour un parent affecté par le décès d’un enfant. Comme si l’attribution de jours de vacances pouvait compenser le chagrin subi. Le gouvernement a cédé devant l’indignation facile des mondes politiques et médiatiques alliés objectifs dans cette course au populisme, les uns en vue des élections pour plaire aux électeurs, les autres en quête d’audience pour plaire aux lecteurs ou aux téléspectateurs.

Un autre exemple ces jours-ci avec la mise en place de 8 jours de congés complémentaires pour le père lors de la naissance d’un enfant qui est encore l’occasion de dégrader notre compétitivité et ce en pleine crise économique. Il ne s’agit pas ici de discuter du bien-fondé de la mesure qui est peut-être parfaitement justifiable. Il s’agit de voir que la durée du travail des Français va encore diminuer alors que c’est une des causes de notre absence de compétitivité. Les mêmes qui s’indignent de la fermeture d’une usine de fabrication de pneus du fait du coût du travail trop élevé continuent de créer les conditions d’augmentation de ce coût et donc de créer du chômage.

On aurait pu prendre cette mesure en décidant que ces congés seraient pris sur le quota des congés annuels, mais les défenseurs de cette disposition, qui veulent faire notre bien malgré nous, avaient peur qu’alors elle ne soit pas utilisée par les familles tandis qu’en la leur donnant gratuitement ils étaient sûr qu’elles n’allaient pas la refuser.

On aurait pu prendre cette mesure en diminuant les rémunérations nettes des travailleurs par la perception d’une cotisation ou par une augmentation des impôts. Mais on aurait entendu les mêmes défenseurs trouver insupportable toute baisse de pouvoir d’achat (ce sont souvent les mêmes qui fustigent la société de consommation).

Ceux qui ont pris cette mesure vont nous dire qu’en contrepartie, ils sont en train de baisser le niveau des impôts des entreprises. Ils oublient que l’argent n’est pas le travail. Au niveau global le produit du travail est acquis alors que l’argent à crédit doit se rembourser. La baisse de charges financée par le déficit budgétaire n’entraîne aucune amélioration à long terme de notre compétitivité nationale. 

Curieux cadeau que celui qui consiste à faire payer à nos enfants les vacances que nous prenons pour mieux s’occuper d’eux. Je ne suis pas sûr qu’ils seront heureux de rembourser la dette que nous avons contracté « pour leur bien ».

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