Alain Nicolas a bien lu « La Chambre de Léonie » d’Hélène Waysbord
« Le point fixe et douloureux de mes préoccupations » C’est de sa chambre que parle Marcel Proust dès le premier chapitre de « Du côté de chez Swann ». Chambres habitées, chambres rêvées, chambres écrites, la Recherche s’écrit de chambre en chambre, jusqu’à celle, tapissée de liège, où l’auteur s’enferme pour construire sa cathédrale, « monarque couché » n’admettant à ses petits levers que quelques privilégiés. Hélène Waysbord a consacré un mémoire à la métaphore chez Proust. C’était dans les années 1950, quand l’auteur était peu étudié. Revenant sur cette attraction, elle fait de kla chambre une figure centrale, le jalon d’un parcours où la lecture de l’oeuvre et les souvenirs de sa propre vie se côtoient sans se confondre. Il faut de l’audace pour prendre le risque d’être prise pour celle qui se prend pour Proust. Hélène Waysbord tient ce pari et nous livre quelques clés d’un itinéraire étonnant, qui conduisit la petite fille juive cachée à la campagne sous les ors de la République, comme conseillère de François Mitterrand pour les grands projets, sans jamais perdre le goût de la madeleine. Alain Nicolas dans L’Humanité