« Les grands procès de l’Histoire » par Maître Georges Kiejman

Maître Georges Kiejman raconte les grands procès de l’Histoire

DVD 1 :
L’affaire Caillaux – 1914 (52mn), réalisé par François Chayé
L’affaire Kravchenko – 1949 (58mn), réalisé par François Chayé
DVD 2 :
Le procès Pétain (90mn), réalisé par Guy Seligman
Entretien de Philippe Labro avec Georges Kiejman, émission Ombre&Lumière

Office 13/04/2007

Maître Georges Kiejman raconte trois grands procès de l’Histoire de France : leur déroulement au jour le jour, mais aussi leur inscription dans l’Histoire. Les procès qu’il a choisi de raconter, l’affaire Caillaux, l’affaire Kravchenko et le procès Pétain ont joué tous les trois un rôle important dans notre histoire.

L’affaire Caillaux
Le 16 mars 1914, le directeur du Figaro – Gaston Calmette – est abattu de plusieurs balles de revolver. La meurtrière est l’épouse de l’un des hommes politiques les plus en vue, Joseph Caillaux. Depuis plusieurs mois, chaque jour, celui-ci est injurié, traqué par une campagne de presse virulente, conduite par le directeur du journal lui-même. Henriette Caillaux, craignant que les publications n’aillent trop loin, a décidé de venger l’honneur de son mari.
Pourquoi raconter un procès qui a des faux airs de vaudeville et pourrait passer pour simplement anecdotique ?
Parce que ce procès est atypique. S’inscrivant dans un contexte international explosif, il mêle comme jamais le politique et l’intime : l’acquittement de Henriette Caillaux vient trop tard, et la guerre vient trop tôt. En avril 1914, grâce à la victoire de la gauche, Caillaux, grand pacifiste, aurait pu gouverner la France. Peut-on rêver que le meurtre de Calmette n’ayant pas eu lieu, Caillaux aurait réussi à sauver la paix ?

L’affaire Kravchenko
En avril 1944, un « représentant du gouvernement soviétique », Victor Kravchenko, en poste à Washington, abandonne ses fonctions. Puis il entame la rédaction d’un livre (I chose freedom), publié en 1946, et vendu à des millions d’exemplaires dans lequel il raconte ses désillusions de jeune communiste : il y dénonce notamment l’existence des camps de concentration en Union soviétique. Jamais on n’avait présenté un témoignage aussi accablant contre la Russie soviétique : pour la première fois, une lumière cruelle est jetée sur la réalité d’un système politique qui, pour la moitié de l’humanité, représente alors l’espérance suprême, celle de voir liberté, égalité et fraternité enfin assurées.

En 1947, l’édition française du livre, J’ai choisi la liberté, provoque des réactions vives : l’hebdomadaire Les lettres françaises publie plusieurs articles qui affirment que le livre de Kravchenko est un faux, l’œuvre de spécialistes antisoviétiques des services secrets américains. Kravchenko décide alors d’engager un procès en diffamation.
Le procès a lieu en janvier 1949 à Paris, en pleine Guerre froide. Ce qui va se jouer pendant ce procès suivi par le monde entier, c’est la crédibilité du régime de l’Union Soviétique : le procès Kravchenko va cristalliser la guerre virtuelle que se livrent les deux Grands, en France où, pour la plupart des intellectuels français, l’anticommunisme est une maladie honteuse dont ils entendent se garder.
La condamnation finale est immense par ses conséquences : une simple faille dans les certitudes de l’époque, mais, désormais, la faille ne va pas cesser de s’élargir.

Le procès Pétain
Le 26 juillet 1945 s’ouvre à Paris l’un des procès les plus importants de notre Histoire : ce procès est celui de Philippe Pétain, Maréchal de France, héros de la guerre de 14-18, vainqueur de Verdun. Il est accusé de complot contre la République et d’intelligence avec l’ennemi, autrement dit de trahison.
Ce procès a bien sûr des enjeux politiques considérables. L’enjeu le plus important du procès, au-delà du sort personnel du Maréchal Pétain, c’est la légitimité du gouvernement provisoire de la République, rassemblé autour du Général de Gaulle : que le Maréchal soit absous ou condamné à une peine de pur principe et il faudra admettre qu’il était en droit de diriger la France comme il l’a fait. Si, au contraire, le Maréchal est condamné à une lourde peine, voire à la peine capitale, c’est l’ignominie du régime de Vichy qui est condamnée avec lui. Ce qu’il faut, au terme de ce procès, c’est éviter que la France ne se divise entre les vaincus et les victorieux. Il faut que chacun soit convaincu que c’est seulement avec le Général de Gaulle qu’il est de nouveau possible d’être fier d’être Français.
Le procès de Philippe Pétain fut à bien des égards un « procès fantôme », il eut cependant le mérite d’exister. Le procès a-t-il atteint son but : réconcilier les français dans une France unie ?

Bonus
Georges Kiejman, célèbre avocat pénaliste, s’entretient avec Philippe Labro : ils évoquent sa jeunesse, ses années de formation, son métier, son expérience de la politique, mais aussi sa vision de la vie, ses joies et ses regrets…

Georges Kiejman, célèbre avocat pénaliste, est spécialiste des questions liées à la presse, ainsi qu’à la propriété littéraire et artistique. Il a défendu de nombreux créateurs, des personnalités politiques et parfois même des États. Homme politique, il a été ministre délégué à la Justice en 1990-91, à la Communication en 1991-92, puis aux Affaires étrangères en 1992-93.

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