Auteur : Guilaine Depis
Durant l’exposition « Socotra », plusieurs soirées vous sont proposées
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Trois événements « Socotra, des dragonniers et des hommes » auxquels vous êtes invités durant l’exposition de Benoit et Cécile Palusinski
Vernissage de l’exposition « Socotra, des dragonniers et des hommes » du photographe Benoit Palusinski avec textes de l’écrivain Cécile Palusinski (beau livre paru cette année) en présence de Mohammed Jumeh, ambassadeur du Yémen à l’UNESCO
Soirée Poésie avec Eric Poindron, Sapho, Charlotte Saliou, Prince Roro…
Cinq événements Balustrade de juin 2024 auxquels vous êtes invités
Pour télécharger le PDF des 5 soirées de juin, merci de cliquer ICI
Soirée Poésie avec Eric Poindron, Sapho, Charlotte Saliou, Prince Roro…
Exposition « Socotra, des dragonniers et des hommes » (Paris 6ème) et trois soirées événements du 5 au 14 juin 2024
L’exposition « Socotra, des dragonniers et des hommes » (photographies de Benoit Palusinski, textes de Cécile Palusinski) aura lieu du 5 au 14 juin 2024 au coeur de Saint-Germain des Prés, à l’Hôtel La Louisiane (tous les jours de 17h à 20h) 60 rue de Seine 75006 Paris.
Vernissage mercredi 5 juin à 19h
Rencontre Biodiversité samedi 8 juin à 16h avec Leli Anvar à 18h « L’arbre de vie en littérature persane », Charles Cohen, forestier à Paris après avoir exercé ce métier méconnu dans le nord de la Colombie britannique, Françoise Cadol (podcast « Le frisson des arbres »)
Soirée Poésie mercredi 12 juin à 19h avec Eric Poindron, Sapho, Charlotte Saliou, Prince Roro…
Inscriptions obligatoires pour les 3 événements par sms 06 84 36 31 85
Contact presse : guilaine_depis@yahoo.com
« ambitieux » : le roman d’Alexandre Arditti sur Mark Zuckerberg
L’assassinat de Mark Zuckerberg, par Alexandre Arditti
Créé en 2004, Facebook connecte aujourd’hui presque trois milliards d’humains à travers le monde, ce qui suscite à la fois passions et critiques. Accusé de manipuler les données, de voler du temps de vie, Mark Zuckerberg laisse rarement indifférent. Journaliste et éditeur de presse, Alexandre Arditti a, lui, imaginé le meurtre de l’entrepreneur, à travers un polar bref, sec, au titre programmatique. Par Étienne Ruhaud.
Tueur d’un certain âge, face à un flic lui-même d’un certain âge, Travis tente de justifier son crime par des motivations idéologiques profondes, sous l’œil désabusé du commissaire Gerbier et de ses collègues. À mi-chemin entre le thriller et la pièce de théâtre, faisant la part belle aux dialogues, L’assassinat de Mark Zuckerberg demeure assez concis, tout en embrassant un certain nombre de grandes thématiques contemporaines.
Un meurtre
Paris, de nos jours. L’actualité est marquée par une série de scandales, d’affaires de corruption, et par l’assassinat de diverses personnalités : les ex-présidents François Hollande et Donald Trump, Angela Merkel, Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, etc. Alors en France, Mark Zuckerberg, donc, est exécuté par balles au début de sa conférence, dans un amphithéâtre de la Sorbonne.
Immédiatement arrêté, Patrick Travis, la cinquantaine, passe rapidement aux aveux, face à Gerbier, divorcé, sans grandes illusions quant à la condition humaine. S’ensuit un long dialogue entre deux hommes d’une même génération.
Supérieurement intelligent, opposé aux réseaux sociaux, sources de divertissement et de manipulation, Travis apparaît rapidement comme une sorte de vieux con légèrement dépassé ; incapable d’accepter la modernité, la venue (inéluctable, selon Gerbier), du transhumanisme. Membre du groupe militant Table rase, Travis souhaite ainsi une sorte d’impossible retour en arrière, et se heurte aux oppositions, aux doutes de son interlocuteur. La fin du roman réserve une surprise singulière aux lecteurs.
Un roman théâtral et métaphysique
Faisant la part belle aux dialogues, Alexandre Arditti nous offre donc ici une fiction quasiment théâtrale, et qu’on imaginerait volontiers portée sur scène.
L’essentiel du livre est ainsi constitué par une conversation, à bâtons rompus, entre Gerbier et Travis, chacun portant la contradiction à l’autre, tout en vidant une bouteille de whisky. Pour un peu, nous pourrions évoquer Garde à vue, le fameux film de Claude Miller mettant en scène Michel Serrault, Lino Ventura et Guy Marchand.
Loin d’être terre-à-terre, les propos ici tenus approchent pourtant de la réflexion sociétale et philosophique. S’écharpant sur de grandes questions, Gerbier et Travis semblent partager le même désabusement. À cette différence près que Gerbier se révèle totalement fataliste, acceptant passivement l’évolution d’un monde qui lui déplaît, quand Travis, mégalomane, pense pouvoir inverser le cours des choses, lutter (entre autres) pour la démocratie.
Bref mais ambitieux
Court, concis, composé de petits chapitres, chacun portant un titre, L’assassinat de Mark Zuckerberg vaut aussi par un suspense maintenu de bout en bout, jusqu’à la surprise finale, à l’ultime retournement.
Écrit dans un style à la fois sobre et efficace, typique du genre polar, L’assassinat de Mark Zuckerberg paraît très (trop ?) ambitieux. En évoquant un groupe terroriste lambda, sorte d’« Extinction/rébellion » en plus violent, Alexandre Arditti illustre aussi les débordements auxquels peut aboutir l’idéologie anti-progrès, luddite.
Le propos s’avère donc, en soi, intéressant, car original. On pourrait toutefois faire reproche à l’auteur de ne pas approfondir suffisamment, d’avoir voulu viser trop haut, sans pour autant développer. Dès lors, il s’agit d’accepter un parti, un choix sans doute discutable d’économie narrative.
Cette histoire est une fiction, une parabole, presque une dystopie, selon les propres termes d’Alexandre Arditti, interviewé par Marc Alpozzo pour le magazine Entreprendre.
Cyberattaques et narcotrafiquants, Alain Schmoll le romancier qui colle le plus à l’actualité pré Jeux Olympiques de 2024
La revue Le Contemporain (Alexis Brézet du Figaro au Comité de rédaction) s’est intéressé au livre de Francis Coulon
Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel
Francis Coulon, ancien directeur financier dans des entités prestigieuses telles que DANONE et LVMH, et auteur du révélateur “Sortir de la société en crise” paru chez VA Éditions, décortique en 5 parties et 21 chapitres avec finesse entre autres les mécanismes qui régissent l’économie dans le prisme de l’utilitarisme au service de l’intérêt collectif.
Des cas concrets, des films à titre d’exemple, une bibliographie d’Aristote à Thomas Piketty construisent la réflexion de Francis Coulon alliant l’utile à l’agréable comme si d’ailleurs, on pouvait résumer l’utilitarisme ainsi.
L’auteur crée un fil d’Ariane entre la microéconomie du panier quotidien et la macroéconomie des politiques publiques, proposant une harmonie envisageable développée dans les principes de l’utilitarisme et de la libre concurrence.
I. La mise en pratique de l’utilitarisme dans la sphère publique
La démarche utilitariste d’une manière générale Francis Coulon l’aborde tout au long de son remarquable ouvrage « sortir de la société en crise. » Il y explique avec précision comment elle se distingue par sa simplicité et son souci d’efficience. En évaluant les avantages et les inconvénients d’une décision pour l’ensemble des parties concernées, elle cherche à maximiser l’utilisation optimale des ressources disponibles. Cette approche, pertinente pour la sphère publique où les budgets sont limités, nécessite une évaluation rigoureuse des politiques publiques, à la fois en amont et en aval. En respectant les critères d’efficacité, de justice et de liberté, les gouvernements peuvent mieux répondre aux attentes des citoyens et conduire des réformes plus équitables et efficaces.
Dans un monde en perpétuelle mutation, la recherche de solutions pragmatiques devient impérative. La philosophie utilitariste, souvent méconnue en France, offre une perspective intéressante. Fondée sur le principe d’utilité, elle privilégie le plus grand bonheur pour le plus grand nombre, adoptant ainsi une éthique de responsabilité plutôt qu’une éthique de conviction.Coulon questionne la mesure du bonheur en faisant référence à Emmanuel Kant « Pour répondre à cette question, il faudrait déjà être capable de définir le bonheur ; or, c’est une notion subjective. Emmanuel Kant déclara dans Fondements de la métaphysique des mœurs : « Malgré le désir qu’à tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement, il désire et il veut » -(P.77).
Cette approche, dénuée d’idéologie et basée sur l’examen des conséquences des actions, pourrait offrir des réponses concrètes aux défis individuels et collectifs auxquels nous sommes confrontés.
Cette étude, centrée sur les conséquences des actions plutôt que sur des convictions préétablies, peut être illustrée par les travaux de Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Francis Coulon s’y réfère grandement dans son livre.
Dans son ouvrage “Introduction aux principes de la morale et de la législation”, Bentham développe l’idée que les actions doivent être jugées selon leur capacité à accroître le bonheur global. Mill, quant à lui, dans “L’utilitarisme”, explore comment les actions devraient être guidées par le principe du plus grand bonheur.
« Bentham et Mill m’apparaissent comme modernes, ouverts et profondément humanistes. Ils vont contribuer au progrès de leur pays, en favoriser la libéralisation et faire reconnaître les droits de nombreuses minorités… » (P.39)
John Stuart Mill, dans son ouvrage “Utilitarianism”, soutient que “l’action est bonne si elle tend à promouvoir le bonheur”. Cette idée centrale de l’utilitarisme trouve écho aussi dans la pensée de Jeremy Bentham, qui affirme dans “An Introduction to the Principles of Morals and Legislation” que “le plus grand bonheur du plus grand nombre est le fondement de la morale et de la législation”. Ainsi, en mettant en pratique l’utilitarisme dans la sphère publique, il convient de considérer les conséquences de nos actions sur le bien-être général. Comme le souligne Peter Singer dans “Practical Ethics”, “nous avons une obligation morale de maximiser le bien-être des autres”. Cette approche éthique invite les décideurs politiques à prendre des décisions qui maximisent l’utilité collective et à promouvoir le bien-être de tous les membres de la société, tout en tenant compte des droits et des intérêts de chacun, comme le suggère aussi Amartya Sen dans “The Idea of Justice”. Ainsi, en intégrant ces principes utilitaristes dans les politiques publiques comme Francis Coulon le développe lui aussi en miroir de ces spécialistes et d’une manière étayée et convaincante dans son ouvrage « sortir de la société en crise » il est alors possible de viser un plus grand bonheur et une meilleure qualité de vie pour l’ensemble de la communauté.
Dans son ouvrage, Francis Coulon explore effectivement en profondeur les fondements et les implications de la philosophie utilitariste dans un panorama chronologique et historique bornant ses limites et celles de l’empirisme pour arriver à définir l’utilitarisme comme une philosophie moderne avec la question de la rationalité économique jusqu’à penser le libéralisme conduire à la démocratie.
Coulon met en lumière la vision de Bentham selon laquelle “le bonheur est la finalité de la morale et de la législation”. En établissant un lien avec la mise en pratique de l’utilitarisme dans la sphère publique, on peut considérer les analyses de Coulon comme un guide pour comprendre comment les principes utilitaristes peuvent être appliqués dans les politiques publiques. Francis Coulon met en avant la nécessité de mesurer les conséquences de nos actions en termes de bonheur collectif, tout en reconnaissant les défis et les critiques auxquels l’utilitarisme est confronté. Ainsi, son travail offre un éclairage précieux pour explorer les implications pratiques de cette philosophie dans la prise de décision politique et sociale avec un regard particulier sur la France avec des objectifs prioritaires de réduction des dépenses publiques et de revalorisation du travail et de l’entrepreneuriat entre autre (P. 213) et les thèmes d’actualité comme l’intelligence artificielle ( P.129) pour ne citer que ces sujets cruciaux du quotidien.
#MeToo La Métropole, site du Québec, soutient « Une autre voix » pour « faire réfléchir la foule lyncheuse » – Bravo à Marie Desjardins pour avoir lu Valérie Gans
La Question interdite, Valérie Gans
Valérie Gans, une autre voix pour établir une nuance – grande absente du discours ambiant
Longtemps critique littéraire au Figaro Madame, Valérie Gans a publié de nombreux romans dans des maisons d’édition dont le nom n’est plus à faire. Lattès, Payot, Flammarion…Ses sujets touchent les femmes et les hommes, le couple, la famille, l’amour et ses affres, la vie de tous les jours. D’autres romans sous despseudos confirment sa prolificité – un petit côté chick lit mais littéraire, habile, léger et soudainement profond : des phrases qui marquent, obligeant à s’arrêter pour mieux les absorber.
Une question se pose, au sujet de son tout dernier roman, intitulé La question interdite, justement… Pourquoi ne pas l’avoir publié dans une de ces maisons dont le nom n’est plus à faire? N’en aurait-on par hasard pas voulu dans les milieux de l’édition mainstream – les milieux dominants – où tout se joue?
En effet, Une Autre Voix est le nom de la maison d’édition que Valérie Gans vient de fonder à Paris. Premier roman paru, le sien. Quel courage, quel enthousiasme, alors que La question interdite et l’éditrice fraîchement débarquée sur le terrain ont toutes les chances d’être broyées par le bulldozer officiel. Mais peut-être pas. Valérie semble solide, déterminée. Longtemps expatriée au Moyen-Orient, la journaliste a œuvré dans le monde cruel de la publicité, des médias, de l’édition. Jusqu’à maintenant, si l’on en croit les notices à son sujet, elle y a été fort bien accueillie.
C’est l’indignation qui a conduit Valérie Gans à publier son roman dans sa propre maison d’édition et à s’avancer sur la piste avec audace et résolution, comme un Cessna suivrait un 747 de toute la puissance de son seul moteur. Le tarmac n’est-il pas le même pour tous les appareils? Il y aurait peut-être lieu d’aller fouiner dans la tour de contrôle, pour voir réellement ce qui se passe.
Ce qui se passe, c’est que, de nos tristes jours, tout ne peut pas être dit. L’éditrice, la romancière, l’essayiste, tout compte fait, n’en peut plus de cette censure, de cette hypocrisie galopante – un sérieux Covid, cette fois clairement létal – une maladie nommée wokisme ayant germé dans les miasmes de la doctrine appelée rectitude politique, un virus d’une extrême perfidie qu’on attrape avec ou sans masque, avec ou sans vaccin – très peu d’épargnés dès lors roués de coups, bombardés de pierres et d’injures, exécutés. De quoi vomir. En effet. Si on tient à sa vie, il vaut mieux se camper du côté de la sphère de la victimite transformée en culte, sinon pas de salut. Les « donneurs de leçons, philosophes de comptoir, justiciers sur la toile », décrit Gans, ont tous les pouvoirs. Ils dévoreront leur proie jusqu’à l’os.
Dans ces conditions, comment proposer à l’édition mainstream (celle qui engage maintenant des sensitive readers pour obtenir les prix vendus d’avance) un roman sur l’inverse de ce que prêche la pensée unique, le sacro-saint narratif – la doxa? Un roman allant à contre-courant du seul courant en vigueur ne sera pas publié, point final. Cela n’est plus possible depuis que pour survivre selon le code des nouvelles convenances, il faut marcher sur des œufs, prendre des gants blancs, se munir de pincettes, se vautrer dans les euphémismes, se confondre en bienveillance, se moudre dans l’inclusion, se réclamer d’une morale immaculée, d’une vertu irréprochable – quelle satisfaction de léviter en intouchables, aux yeux et au vu de toute la société. Une jouissance, certainement. Alors un roman sur une jeune fille de quatorze ans manipulée par sa mère et responsable du suicide du vidéaste qui l’a filmée nue, c’est La question interdite, le sujet interdit, le thème interdit. On n’y touchera pas.
À l’heure de #MeToo, du mouvement « Balance ton porc! » et de slogans genre «Acteur, violeur, ta bite dans un mixer! », ce qui sera digne de publication est l’histoire du gros dégueulasse pédophile qui a abusé la pauvre ado perdue et traumatisée, celle du grand-père libidineux, de l’oncle pervers, du réalisateur vicieux, du comédien salace, celle des chairs abusées, des jeunes innocentes perdues et traumatisées, des psychés foutues à vie. On vous vénère, victimes, on n’en a que pour vous. On veut lire votre malheur, en parler, le répandre, et surtout pas passer à autre chose après avoir essayé de comprendre, puisque comprendre n’est pas juger… Mais on sait cela, n’est-ce pas?
Quant aux petites anonymes de neuf ans, tripotées, harcelées, brisées par un instituteur, un concierge, un chauffeur d’autobus, un jardinier! Allez vous rhabiller. Ce sont les porcs célèbres, ceux qui ont de l’argent, du pouvoir, de la superbe et du succès qu’on veut abattre – des artistes flamboyants, des politiques aussi. Il faut bien alimenter la nouvelle de l’actualité à même les meilleures tables. Bien sûr, cela ne veut pas dire que les agresseurs n’existent pas. Là n’est pas la question.
Interdite ?
Valérie Gans est représentée à Paris par l’attachée de presse Guilaine Depis, directrice de l’agence Balustrade (son agence). Une autre qui n’a pas froid aux yeux et qui s’insurge contre les dérives d’un mouvement qui, au départ, au tout départ, évidemment, avait du bon. Mais depuis ce temps déjà très ancien, le macho a disparu dans un trou de souris, l’homme a été psychiquement bien castré et se comporte désormais comme un lobotomisé, pourquoi encore en rajouter une couche? Guilaine Depis défend les indéfendables d’aujourd’hui, chevauchant les médias sociaux avec son sourire éblouissant, sa grâce d’écuyère accomplie – une guerrière aux allures de star discourant comme un ministre qui aurait quelque chose à dire. Ça fait du bien de voir ça. Ça change. Ça repose de la bêtise devenue dogme, enfin on a le droit de reprendre son souffle.
Le communiqué de presse qu’elle a concocté pour présenter Une Autre Voix est parfaitement clair. Cette nouvelle maison d’édition veut ouvrir les yeux, être libre, briser le déni parce que par peur, nous sommes soumis à la Cancel Culture, au wokisme, au #MeToo, à la réécriture de l’Histoire et des livres, à la déconstruction des relations hommes-femmes et de l’amour…
L’amour…
Tiens!
Et s’il revenait, au lieu de la haine et du mépris généralisé véhiculé sur tous les écrans de ce monde?
Des femmes comme Valérie Gans et Guilaine Depis tentent actuellement une manœuvre audacieuse, voire risquée : faire la part des choses. De nos jours, cela tient pratiquement de la gageure. Cependant, il s’agit bien de la seule voie pour rétablir l’équilibre. Beaucoup de funambules du discours officiel gagneraient à s’en souvenir.
Ainsi la nouvelle maison d’édition souhaite aborder tous les sujets de société sous tous les angles.
Pas de censure chez Valérie Gans.
Ambitieux programme lancé avec La question interdite pour, lit-on dans le communiqué, « faire réfléchir la foule lyncheuse qui prend du plaisir à haïr à l’emporte-pièce dès la moindre accusation portée sur un homme par une femme, avant les résultats d’enquêtes, et les verdicts des vrais tribunaux; chambouler certaines formules imbéciles comme « Victime on te croit » érigées en dogmes du nouveau monde, avide de déboulonner les statues et de salir les idoles du passé».
Dans le monde d’aujourd’hui, une telle initiative relève de l’exploit. Chapeau à Valérie Gans et à Guilaine Depis qui la soutient.
Ce roman est à lire. Bien construit, vif,ponctué de nombreux rebondissements bien amenés. Il tient en haleine, jusqu’à la fin. Un élégant petit tour de force qui dénonce un danger réel et bien davantage une très grave réalité –en l’occurrence le bûcher embrasé par la nouvelle asphyxiante bien-pensance, terrifiante inquisitrice. L’Histoire l’a montré : les victimes ont été rôties, et après elles les bourreaux. Le vent tourne, mais on n’apprend rien de l’Histoire. Valérie Gans a le mérite de vouloir s’imposer dans ce chaos, en appeler à la réflexion, afin que le délire batte en retraite.
Qui aime bien châtie bien. Ainsi, on déplorera – hélas – certaines failles de ce premier ouvrage : une police de caractères défectueuse rognant les lettres jouxtant des apostrophes, de multiples coquilles et lieux communs, le non-choix entre l’orthographe traditionnelle ou l’horrible nouvelle, l’excès de mots anglais francisés, comme s’il fallait se ranger à cette mode virale (c’est un langage, c’est vrai), et l’absence de tirets cadratin indiquant les dialogues, un parti-pris qui n’apporte rien à la forme, et suscite l’agacement.
Néanmoins, l’anglais étant parfois irremplaçable, le souhait à formuler ne saurait être mieux servi que par cette locution consacrée : God save Une Autre Voix ! Que le Cessna décolle et qu’à défaut de dépasser le Boeing, puisque ce n’est pas possible, qu’il fasse assez de figures de voltige pour attirer l’attention des pondérés et fermer le clapet aux insupportables glapisseurs de notre affligeante époque. Alors le but de Valérie Gans aura été atteint : faire réfléchir la foule lyncheuse – la plus à plaindre et la plus nocive de toutes les dérives hystériquement dénoncées.
La Question interdite, Une autre voix.
« une réflexion profonde sur les défis et les dilemmes de notre ère numérique » Sur Alexandre Arditti
Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel
Dans son dernier roman, L’assassinat de Mark Zuckerberg Alexandre Arditti entraîne le lecteur dans un univers dystopique où la mort du fondateur de Facebook marque le début d’une enquête policière métaphorique. Alexandre Arditti nous trempe dans les tréfonds d’une société numérique en ébullition. À travers une plume acérée et une intrigue haletante, l’auteur découpe au scalpel les méfaits du progrès technologique, mettant en lumière les sombres travers d’une ère dominée par les GAFA. Une exploration sans compromis des enjeux contemporains qui secouent notre monde ultra-connecté. Dans une critique sociale sans concession, l’auteur explore également, les dérives du capitalisme sauvage et les dangers d’une société ultra-connectée et matérialiste.
I. Contrôle de la pensée et flot continu d’Informations
Arditti dépeint un monde où le contrôle de la pensée et la manipulation des masses prennent de nouvelles dimensions avec l’avènement des réseaux sociaux et du capitalisme numérique. Avec le personnage de Travis, l’auteur met en lumière la stratégie du noyage intellectuel dans un flot incessant d’informations, tant publicitaires qu’indigentes, afin de maintenir la population dans l’ignorance et la soumission. Une mise en garde percutante contre l’emprise croissante des nouvelles technologies sur nos vies, où chaque clic nous éloigne un peu plus de notre libre arbitre autant qu’une analyse pertinente qui questionne notre rapport à la vérité et à la liberté d’expression à l’ère du tout digital.
« Le meilleur moyen de vous contrôler, c’est de vous rendre complètement accros. » (George Orwell, 1984)
« Méfiez-vous de l’évidence, elle passe son temps à changer. » (Jean d’Ormesson cité au début de L’assassinat de Mark Zuckerberg)
II. Capitalisme sauvage et endoctrinement par le réseau.
En examinant les motivations du terroriste et les conséquences de ses actes, Arditti soulève des questions cruciales sur les véritables enjeux de notre société moderne. Le roman interroge le rôle des grandes multinationales du numérique, les GAFA, dans la quête effrénée du profit au détriment des libertés individuelles et de la démocratie. Il met également en garde contre les risques d’endoctrinement et de polarisation des opinions au sein d’une société de plus en plus matérialiste et fragmentée dans un monde où le profit prime sur l’humanité.
Dans une société rongée par le capitalisme sauvage et l’emprise des géants du numérique, Alexandre Arditti nous confronte à une réalité troublante. À travers les pages de son roman, l’auteur dénonce sans détour les dérives d’un système économique où le profit prime sur les valeurs humaines et la démocratie.
« Une société dont l’économie ne survit qu’en générant des besoins artificiels, avec pour objectif d’écouler des produits dont la plupart sont inutiles voire nocifs pour la population comme pour la planète, ne me paraît pas digne de survie à long terme. » (Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes cité dans L’Assassinat de Mark Zuckerberg, p. 57.)
III. Transhumanisme et Wokisme encore et toujours…
Au fil du dialogue entre le terroriste et le commissaire, l’enquête policière devient le théâtre d’un débat philosophique sur l’idéologie moderne. Arditti explore les notions de transhumanisme et de wokisme en mettant en opposition les aspirations à un nouveau monde et les valeurs fondamentales de l’humanité, révélant les contradictions d’un monde en quête perpétuelle de progrès.
L’auteur critique la tendance à uniformiser la pensée et à censurer toute divergence d’opinions au nom d’une morale progressiste, soulignant les dangers d’une société où la liberté d’expression est menacée. Une réflexion profonde sur les enjeux éthiques et moraux qui dessinent le visage de notre avenir autant qu’une interrogation essentielle sur le devenir de l’humanité dans un monde en quête de sens et de progrès.
« La vérité n’est pas ce que vous voulez, mais ce que vous avez besoin de savoir. » (Orson Scott Card, La Stratégie Ender)
« Que se passerait-il si une partie, même minoritaire, de la population se mettait soudainement à refuser cette société du tout-numérique ? À contester ce nouveau monde où la surveillance généralisée deviendrait la norme, et par extension où la liberté d’expression, les opinions divergentes, et toute complexité dans le débat public auraient disparu. » (Extrait de L’assassinat de Mark Zuckerberg)
Selon Pierre Bourdieu, dans son ouvrage La distinction, il est essentiel de déconstruire les mécanismes de pouvoir et de domination qui régissent les sociétés modernes. L’assassinat Mark Zuckerberg offre une opportunité de réflexion sur la manière dont les élites économiques façonnent l’opinion publique et influencent les décisions politiques.De même, Manuel Castells, dans sa trilogie L’Ère de l’Information explore les transformations sociales induites par la révolution numérique. Le roman d’Arditi permet d’illustrer concrètement les concepts abordés par Castells, notamment en ce qui concerne les nouveaux rapports de pouvoir et les formes de résistance émergentes face à la domination technologique.
En politique, Francis Fukuyama, dans La fin de l’Histoire et Le dernier homme, évoque les défis auxquels les démocraties libérales sont confrontées à l’ère de la mondialisation et de la technologie. L’Assassinat de Mark Zuckerberg offre une analyse subtile des tensions entre liberté individuelle et contrôle social, enrichissant ainsi le débat sur l’avenir de nos sociétés démocratiques.
En étudiant les réactions des personnages face aux événements qui secouent leur univers, ces analystes décryptent les mécanismes de résistance et d’adaptation à un environnement en constante évolution, posant ainsi les bases d’une réflexion approfondie sur les défis de la gouvernance et de la citoyenneté à l’ère du digital.
« Les médias ont le pouvoir de vous faire adorer, détester ou simplement ignorer tout le monde. » (David Foster Wallace, Infinite Jest)
« La meilleure façon de contrôler la pensée d’une population est simplement qu’elle n’en ait pas. » (L’assassinat de Mark Zuckerberg, p. 53)
V. Éviter les écueils de la stigmatisation: Pourquoi Arditi omet délibérément la religion et la nationalité de Zuckerberg dans son roman
Dans sa démarche artistique, Alexandre Arditti fait le choix délibéré de ne pas inclure la religion et la nationalité de Mark Zuckerberg dans son récit. Cette décision vise vraisemblablement à prévenir tout risque de stigmatisation et à recentrer l’attention du lecteur sur les véritables enjeux de l’histoire. En écartant ces éléments potentiellement polémiques, l’auteur évite de nourrir des narratives complotistes et xénophobes qui pourraient détourner le message central du roman.
Introduire la dimension de la religion, de la nationalité et de l’appartenance au monde du capitalisme de Mark Zuckerberg aurait pu ajouter une dimension supplémentaire au récit, mais Alexandre Arditti a probablement pris la décision consciente de ne pas le mentionner pour plusieurs raisons. En effet, cela aurait pu détourner l’attention du lecteur de l’essence même de l’histoire, qui se concentre sur les critiques sociales et les enjeux liés à la technologie et au pouvoir des grandes entreprises. Mentionner la religion ou la nationalité de Zuckerberg aurait également pu être perçu comme une tentative de stigmatisation, ce qui pourrait nuire à la réception du roman.
Cependant, certains auteurs xénophobes et complotistes pourraient avoir interprété ces éléments comme des preuves supplémentaires d’un prétendu « complot mondial ». Ils auraient peut-être invoqué des théories du complot antisémites ou anti-capitalistes pour renforcer leur argumentation. Par exemple, des auteurs comme Henry Ford, dans son ouvrage Le Juif international, ont propagé des théories du complot antisémites qui accusaient les Juifs d’être à la tête d’un complot mondial pour dominer le monde. De même, des figures complotistes modernes pourraient avoir exploité l’appartenance de Zuckerberg au monde du capitalisme et son origine juive pour étayer leurs théories sur un contrôle mondial exercé par une élite occulte.
Toutefois, en choisissant de ne pas inclure ces détails dans son roman, Arditti peut avoir évité de nourrir ces narratives complotistes et xénophobes, se concentrant ainsi sur les véritables enjeux sociétaux soulevés par son histoire. Cela permet également au lecteur de se concentrer sur les thèmes principaux du roman, sans être distrait par des considérations qui pourraient être mal interprétées ou détournées de leur contexte. En fin de compte, la décision de ne pas mentionner ces éléments spécifiques contribue à maintenir l’intégrité de l’œuvre littéraire et à éviter toute récupération par des mouvements idéologiques nocifs.
Grâce à L’assassinat de Mark Zuckerberg Alexandre Arditti offre une réflexion profonde sur les défis et les dilemmes de notre ère numérique. En mêlant intrigue policière et critique sociale, l’auteur nous invite à questionner notre rapport aux nouvelles technologies, à repenser nos valeurs et à envisager l’avenir avec lucidité. Ce roman captivant nous pousse à nous interroger sur ce que nous voulons vraiment pour notre société et sur les choix que nous devons faire pour façonner notre destinée collective.
Hélène Rumer, petite-fille de Thomas Narcejac dans Entreprendre : le talent littéraire en héritage ? Elle publie « Mortelle petite annonce »
Hélène Rumer, le roman noir coule dans le sang de la famille
Lorsqu’on est la petite-fille d’un grand écrivain de romans noirs, l’excellent Thomas Narcejac, du duo Boileau-Narcejac, il arrive que l’on ait dans le sang le don et le talent de ce grand-père. C’est le cas d’Hélène Rumer qui signe un roman noir à caractère psychologique, Mortelle petite annonce. Rencontre.
Chère Hélène Rumer, votre roman est un roman policier psychologique. Mortelle petite annonce raconte une intrigue du point de vue des différents personnages. Pourquoi ce choix ? On dirait que vous avez choisi l’angle de la caméra suggestive.
Dans ce roman, je me suis attachée à décrire des personnalités et ai tenté d’explorer leur singularité, leur complexité, leurs qualités, leurs défauts, leurs mensonges, leurs secrets ; je voulais montrer ce qui tient du paradoxe et ce qui se loge au cœur de chaque être. J’ai procédé en donnant la parole à chacune et chacun : témoins indirects du drame, membres de la famille, relations, amis, voisins. J’ai délibérément choisi de créer une atmosphère irrationnelle en faisant intervenir les principales victimes du meurtre en état de mort imminente.
J’ai façonné leur personnalité, leur vécu, et ai tenté de décrire qui ils sont dans leur profondeur, avec le souci constant de les faire parler avec sincérité et justesse, et ainsi d’approcher de la vérité… Quelle vérité, me direz-vous ? Celle que chacun détient ou croit détenir. En cela, je me réfère à l’esprit de contradiction qui imprègne le théâtre de Pirandello, à la relativité du langage et de la raison, notamment dans sa pièce Chacun sa vérité (Cosi è [se vi pare]). On le sait, chacun voit midi à sa porte, c’est le cas dans la vie et bien sûr dans ce roman, chacun a sa perception des choses.
J’ai trouvé intéressant de croiser les opinions, les expériences ; chacune (et chacun) détient une pièce du puzzle et porte dans son intériorité une part de vérité avec son regard propre. En cela, effectivement, on peut y voir une forme de « caméra suggestive ». D’ailleurs, de nombreux lecteurs m’ont fait remarquer que ce roman était très « visuel », voire « cinématographique ».
Nous sommes plongés en plein désastre familial. Votre personnage Pierre, le père, est un tyran familial. Alors forcément, on a l’impression que votre roman est très actuel et s’inscrit dans les débats sociétaux à la mode, notamment autour de la masculinité toxique, et les violences faites aux femmes. Est-ce une dénonciation sous- jacente ?
Certes, Pierre, le père de famille, est un personnage sombre ; il se comporte comme un « tyran domestique » ; pour ne rien arranger, il a de nombreux défauts, il boit, il magouille et s’arrange avec la vérité, il a un tempérament de joueur très « borderline » surtout par rapport à la gestion des biens et des finances de la famille, il est très autoritaire et même parfois violent. Pour autant, je n’ai pas construit ce personnage dans le but de dénoncer la violence masculine envers les femmes, encore moins de m’inscrire dans un quelconque courant à la mode.
Ce qui m’importait, c’était de tenter de comprendre comment un être humain parvient à commettre l’impensable. Je crois que tout un chacun peut glisser vers la folie, tout dépend des circonstances, de la succession d’événements plus ou moins tragiques que l’on traverse au cours d’une existence ; l’accumulation de traumas non traités peut un jour déboucher sur un drame, il suffit d’un élément déclencheur pour que la folie surgisse et se traduise par des actes d’une violence inouïe frôlant la barbarie.
Je suis toujours frappée de découvrir des titres surréalistes à la rubrique des faits divers relatant des crimes abominables. La même question se pose à chaque fois : comment de tels drames (familiaux, passionnels ou autres) peuvent-ils avoir lieu ? Les enquêtes dévoilent souvent une réalité tristement banale, celle des drames du quotidien et de la folie ordinaire qui s’est subitement emparée d’un voisin prétendument tranquille ou d’une mère de famille que l’on croyait sans histoire.
Dans Mortelle petite annonce, j’ai délibérément mis Pierre sous pression. Les premiers temps, il fait face en trouvant des solutions, en éludant ou en s’arrangeant. Mais peu à peu, les problèmes s’accumulent comme les nuages au-dessus d’une montagne : son emploi est directement menacé, sa situation financière se dégrade fortement, son banquier le lâche, Marie-Ange son épouse ouvre – enfin ! – les yeux sur ses arrangements hasardeux et pour la première fois, elle se rebelle, se met en colère et exige des explications ! J’ai voulu le pousser à bout, savoir à quel moment il craquerait. D’une manière générale, il s’agissait d’avancer pas à pas et de déterminer à quel moment la folie (c’est bien de cela dont il s’agit) ferait irruption dans un esprit a priori sain. Où se situe le point de bascule ? Difficile d’avoir des certitudes en la matière…
Dans le cas de Pierre, je l’ai confronté à un événement inattendu et particulièrement cruel qui le place face à sa conscience et le renvoie aux conséquences de ses mensonges, de ses actes. Je ne dévoilerai pas ce point de bascule pour ménager le suspense et laisser la surprise aux lecteurs, mais c’est à ce moment précis que tout dérape.
Si l’on extrapole et que l’on essaie de comprendre la violence des crimes qui caractérise nos sociétés occidentales, on voit bien, lors de procès, par exemple, que les magistrats, les juges font appel à des experts psychiatres pour trouver une explication rationnelle aux comportements criminels. Ces hommes de loi « instruisent les dossiers, accumulent les preuves, analysent les faits pour reconstruire l’histoire de ces personnes ayant commis des atrocités ». Dans ce genre d’affaires, on explore les méandres de la nature humaine – souvent sombre voire misérable et apparaît alors une réalité qui dépasse largement la fiction et fait toucher du doigt la folie, suscitant incompréhension, consternation voire sidération.
C’est donc un huis-clos familial, un confinement qui conduit aux circonstances de la mort de cinq personnes. Nous sommes dans une famille CSPC+, donc une famille assez bourgeoise. Vous décrivez l’oppression familiale, et les intrigues qui se cachent derrière les portes fermées. Vous avez décrit le contraire de la famille idéale. Est-ce une critique de la famille ?
Vue de l’extérieur, la famille de Jarnac ressemble à une famille bien comme il faut, une famille presque parfaite. M. et Mme de Jarnac vivent dans un quartier cossu de Versailles, ils ont l’un et l’autre une bonne situation professionnelle, leurs enfants sont bien éduqués, fréquentent des écoles privées. La famille part régulièrement en vacances.
Aux dires des voisins, les de Jarnac sont des gens « charmants, serviables, aimables qui leur prêtent des outils de jardin ou arrosent les plantes pendant les vacances, emmènent leurs enfants à l’école, leur rapportent du cidre ou des petits gâteaux de Bretagne. Bref ce sont des gens bien, adorables ».
Mais… en écoutant Laurie, la baby-sitter, on découvre une réalité bien différente. Dès son premier entretien avec M. et Mme de Jarnac, elle perçoit un malaise qu’elle a d’ailleurs du mal à définir : d’après elle, ils ne sont « pas naturels », c’est « comme s’ils jouaient la comédie, qu’ils se forçaient à sourire ». Issue d’un milieu populaire, Laurie est une jeune fille qui a beaucoup de bon sens, de sensibilité et elle ressent immédiatement une distance entre leur monde et le sien. Plus le temps passe, plus elle prend la mesure des dysfonctionnements qui perturbent la vie de cette famille.
Alors s’agit-il d’une critique de la famille ? On peut voir les choses sous cet angle, mais ce n’était pas le but recherché. Les de Jarnac sont le contraire de la famille idéale, certes, mais à vrai dire, je ne sais pas si la famille idéale existe. J’ai de sérieux doutes sur la question.
Soyons honnêtes, chaque famille a ses secrets, ses problèmes, son mode de fonctionnement, ses dysfonctionnements et vit en s’accommodant de ses imperfections.
Ce roman n’est pas votre premier, mais il a une particularité, c’est qu’il est un roman d’atmosphère, un roman policier psychologique, qui nous rappelle ceux de votre grand-père, qui n’était autre que le célèbre Thomas Narcejac, qui a écrit de nombreux romans policiers avec Pierre Boileau, notamment Celle qui n’était plus (1952), D’entre les morts (1954), Les Eaux dormantes (1984), etc. Est-ce que vous reconnaissez cette filiation dans votre propre œuvre ?
J’avoue à ma grande honte avoir lu trop peu de ses romans. Je vais devoir remédier à cela, car il nous a laissé un très bel héritage et nous devons honorer sa mémoire. Mais rappelons que mon grand-père Thomas Narcejac a d’abord écrit seul des nouvelles, des pastiches d’auteurs de littérature policière. En 1948 il remporte le prix du roman d’aventures grâce à son roman La mort est du voyage et rencontre Pierre Boileau lors du dîner offert en son honneur par Albert Pigasse et la Librairie des Champs-Elysées. Pierre Boileau avait remporté ce même prix dix ans plus tôt en publiant Le repos de Bacchus. Au cours de ce dîner, leur conversation est très animée et leur entente est immédiate. Ils décident d’écrire ensemble « quelque chose de différent » ayant pour but de renouveler le roman policier. C’est le début de leur association. Ils deviendront le célèbre tandem Boileau-Narcejac qui publiera, comme vous le rappelez, Celle qui n’était plus porté à l’écran par Clouzot sous le titre Les diaboliques puis D’entre les morts dont Hitchcock tirera son chef-d’œuvre Vertigo. De nombreux films et téléfilms seront également tirés de leur œuvre foisonnante.
Le fonctionnement de leur tandem était le suivant : Boileau esquissait l’intrigue et Narcejac rédigeait et donnait vie aux personnages qu’il faisait évoluer dans des atmosphères lourdes et des situations ambiguës.
Pour ce qui est de la filiation que vous me prêtez, il m’est difficile de la reconnaître ou de la confirmer. Ce qui est certain, c’est que j’ai un goût marqué pour le roman d’atmosphère où les équilibres sont fragiles, les situations bancales, les personnages troubles. S’il y a une quelconque ressemblance, je dirais qu’elle est complètement inconsciente, c’est la seule explication que je peux fournir. Vous savez, c’est comme sur les photos, la ressemblance des membres d’une même famille saute généralement aux yeux des personnes extérieures !
La figure de votre grand-père vous a certainement impressionnée jeune. Ce n’est pas votre premier métier l’écriture. Est-ce que vous pensez que c’est précisément ce grand-père auteur de romans policiers qui sont aujourd’hui des classiques du genre, qui vous habite et qui habite votre écriture ? Est-ce que vous pensez que la marque de Narcejac se retrouve dans votre propre œuvre ?
Enfant, je voyais mon grand-père très occasionnellement. Il résidait à Nice tandis que nous habitions en région parisienne. Lorsqu’il montait à Paris, c’était généralement à l’occasion de la sortie d’un roman, pour rencontrer des journalistes, enregistrer des émissions de radio ou de télévision : il passait le temps d’un déjeuner que je trouvais toujours trop court. J’étais effectivement très impressionnée par l’homme : d’abord, physiquement, il était très grand, large d’épaules, il avait fière allure, portant toujours un chapeau de feutre. Ensuite, en tant qu’ancien professeur de lettres et de philosophie, il avait une immense culture et il possédait l’art et la manière de captiver son auditoire ; il avait toujours une anecdote à raconter, une drôlerie à dire et on percevait son envie de transmettre, son goût marqué pour la pédagogie, ce qui m’a été confirmé par l’un de ses anciens élèves du lycée Clémenceau à Nantes que j’ai récemment eu la chance de rencontrer.
En ce qui me concerne, j’ai très jeune montré un goût pour les lettres et les langues étrangères et suis devenue traductrice d’allemand. J’étais animée par l’idée de retranscrire les idées d’un texte le plus fidèlement possible, même si l’outil linguistique a ses limites et chaque langue ses particularités.
Un jour je me suis mise à écrire et ai eu beaucoup de plaisir à créer des personnages, à les faire évoluer dans un contexte donné, leur faire traverser les épreuves de la vie. A la longue, je me suis rendu compte que je m’attachais à eux comme s’ils étaient vivants. L’écriture est une aventure unique, un peu comme un voyage intérieur. Rien que pour cela, j’aurais aimé avoir l’avis de mon grand-père, échanger au sujet de la création d’une intrigue, de la psychologie des personnages, de leurs failles, leurs faiblesses…
Indéniablement, la personnalité d’un tel grand-père est marquante. Malgré tout, il reste très présent dans mon quotidien, car ma bibliothèque est remplie de ses ouvrages. Chaque jour, j’ai une pensée pour lui. Et puis, ma sœur, mes cousins, l’ayant-droit de Boileau et moi continuons à faire vivre son œuvre, nous sommes régulièrement sollicités pour des droits de traductions, des adaptations théâtrales ou cinématographiques.
Tout ceci explique peut-être certaines similitudes dans la façon de décrire les atmosphères, de créer des personnages ambigus ou des gens comme vous et moi ; lui, était un géant du roman policier, alors que je débute tout juste dans le métier. Ceci dit, j’ai la conviction que les absents sont très présents autour de nous, le seul fait d’être absent nous fait penser à eux, nous sommes reliés à eux par des fils invisibles et ils ont des messages à nous transmettre par des voies parfois inattendues.
Propos recueillis par Marc Alpozzo
Philosophie et essayiste, auteur de Galaxie Houellebecq (et autres étoiles). Éloge de l’exercice littéraire, Éditions Ovadia, 2024 et co-auteur de L’humain au centre du monde. Pour un humanisme des temps présents et à venir, Les éditions du Cerf, 2024.