« Le livre est bien écrit et l’action soutenue » sur « Tantièmes » de Jean-Pierre Noté

Jean-Pierre Noté, Tantièmes

Dans cinq ans, en 2027, le monde sera à la merci d’une multinationale d’origine américaine qui a pour nom Babel et qui produit une box connectée qui donne accès à tout et traduit en simultané une profusion de langues. Autrement dit Alphabet, l’autre nom du gros gogol, entreprise attrape-tout qui veut le monopole sur le savoir – donc le pouvoir. Son PDG est surnommé 3K, comme on disait Y2K pour désigner (jadis) le bug de l’an 2000 (qui n’a jamais eu lieu). Les trois K viennent de son nom grec imprononçable pour un gosier anglo-saxon. Car tout doit être traduit, adapté, réduit en anglosax, la langue des maîtres du monde.

Seul un petit pays résiste encore et toujours à l’envahisseur… Pas pour longtemps. Endetté, en déclin, la France voit avec joie proposer l’achat de rien moins que l’Académie française, ce ramassis de quarante vieilles birbes, dont très peu de femmes, qui a l’outrecuidance de vouloir être maître de la langue. Aline, executive woman qui a réussi dans la tech, a sa propre entreprise de traduction à destination des pays africains francophones, TimeExpert, et 3K la convoite. Plus l’entreprise que la fille, encore qu’il aime bien dominer.

Tout ce roman « hyper » contemporain (selon le mot tendance) a pour objet de montrer l’écartèlement d’Aline entre la globalisation et le terroir, Babel et le vieil hôtel de Toulouse qu’elle habite, le mouvement pour le mouvement et l’ancrage dans l’histoire. En bref, un dilemme « ultra » contemporain (autre mot tendance). Il se trouve que, tel le yin et le yang, la contestation se trouve au cœur de sa maison en la personne de Simon, prof d’histoire sans histoires qui possède quelques tantièmes de copropriété de l’hôtel particulier qu’Aline a fini par acquérir presque entièrement. Il refuse de vendre et n’offre aucune prise. Lui aime le territoire, le vin de pays et les paysages du Carroux, ce qu’aimait aussi Aline dans sa « première éternité », son enfance et son adolescence. Curieusement, elle n’a aucune famille subsistante, donc aucune racine, sauf les souvenirs. Tout l’art de Simon sera de faire ressurgir en elle ce qui fait d’elle ce qu’elle est.

Vaste programme ! Babel a une puissance démultipliée et, grâce à sa nouvelle box connectée en drone miniature, Fly, qui suit comme une mouche son propriétaire, puis grâce à la Chip, une micropuce implantée dans le lobe de l’oreille, le maître du monde peut maîtriser les grands du monde. Il fait ainsi que le nain coréen détruise ses bombes nucléaires et se retire dans un monastère bouddhiste, que le petit dictateur russe admette que le pétrole n’est plus l’énergie du futur, que le président français consente à vendre l’Académie française. Au fond, Babel est comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses : la meilleure parce qu’elle permet à quiconque ne parle aucune des langues dominantes de suivre des cours en ligne d’universités prestigieuses dans sa propre langue aussi improbable que le corse ou l’inuit ; la meilleure parce qu’elle enjoint les dirigeants des États à œuvrer pour la planète, le climat et la paix – mais aussi la pire car elle globalise la pensée avec le savoir formaté, la politique avec la moraline universelle décrétée par un seul (Mister 3K lui-même), la surveillance de tous avec les box, les fly, les puces. Tout se sait et tout est traqué à l’aide d’algorithmes puissants. Nul ne peut échapper, même sans puce, à ce Big Brother technologique.

Aline, ambitieuse parce que solitaire et engluée dans le système où elle excelle, ne voit que les bons côtés « généreux » du programme yankee de domination technologique du monde (l’auteur aurait pu citer aussi les Chinois, guère en reste sur cette avancée du contrôle). Elle s’aperçoit in extremis de l’impasse dans laquelle elle met le monde par son ego individualiste et tout tech. Avec Simon, un mâle, un vrai, elle succombe à l’attrait du sexe, sinon à l’amour (qui peu visible dans le roman), avant que ses racines ne l’enserrent à neuf et dessillent ses paupières alourdies par la réussite. Le prof fonctionnaire et la milliardaire entreprenante vont conjuguer leurs efforts pour que le pire n’arrive pas et que les puces ne sautent pas sur les humains comme sur tous les chats pour sucer leur fluide vital.

Le plus symbolique est que tout se termine par un coup de lame de silex préhistorique dans le cerveau avancé de la technologie post-historique. Le serpent du destin se mord la queue.

L’auteur, Sup de co Toulouse et licencié en histoire, commercial international pour l’aérospatiale durant 17 ans avant de créer sa boite de consultant, connaît bien le monde technologique des multinationales. Il aime à se ressourcer dans ses Pyrénées natales où il traque les truites fario. Son roman d’anticipation montre comment, de glissement vers le savoir en glissement pour le bien des autres peuples (moins « avancés »), se met en place insidieusement, démocratiquement et moralement, une « intelligence » artificielle qui n’est au fond qu’une technologie totalitaire destinée à transformer l’humain en fourmi. Sauf le terme WASP (White Anglo-Saxon Protestant) qui s’écrit sans H après le W, le livre est bien écrit et l’action soutenue.

Jean-Pierre Noté, Tantièmes – un monde sanspuss, Az’art atelier éditions, 2021, 205 pages, €20,00

Le livre n’est référencé ni sur Amazon ni à la Fnac en ligne, ce qui est probablement un choix idéologique mais restreint sans conteste sa diffusion.

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

RSVP Rencontre 23 septembre à 17h30 Jean-Pierre Noté à la Librairie Torcatis 10 rue Mailly à Perpignan

Lecture et présentation de Jean-Pierre Noté 

Le 23 septembre à 17h30, à la Libraire Torcatis 

10, rue Mailly 66 000 PERPIGNAN

Pour le livre Tantièmes, éd. Az’art Atelier

Il arriva un moment où un grain de sable survint. Le grain de sable portait un nom : sanspuss. Ce qui faisait son originalité n’était pas qu’il fût inattendu. Non. Sa particularité c’était sa provenance et, dans l’avion qui entamait sa descente vers Toulouse, alors qu’elle fixait l’horizon à l’Est dans l’espoir d’apercevoir le Caroux, Aline se souvint de Simon qui, là-bas, lui raconta un jour son cauchemar.
Quand l’intelligence artificielle produit un monde orwellien !

« Tantièmes, un monde Sanspuss » un roman mêlant l’intelligence artificielle et la langue de Jean-Pierre Noté

Tantièmes 

L’auteur : Jean-Pierre Noté a travaillé 17 ans pour une entreprise aérospatiale où il a dirigé la négociation de nombreux contrats internationaux dans plusieurs pays (Etats-Unis, Russie, Inde, Pakistan, Iran, Argentine, Israël et Egypte notamment) et a acquis une large expérience en matière de satellites, de lancements, de montages financiers avec des agences de crédit export et des banques. Entre 2003 et 2010 il a occupé les fonctions de directeur financier puis de dirigeant d’un opérateur de satellite africain basé à l’île Maurice. De 2010 à 2022, à la tête de sa propre société de consultance, a aidé de nombreux gouvernements à acheter des systèmes d’observation ou de télécommunications par satellites à travers le Monde (Turquie, Indonésie, Emirats Arabes Unis, Qatar). En parallèle, Jean-Pierre Noté a enseigné les contrats internationaux et les assurances spatiales au CNAM à Paris et à Pékin, à EUROMED à Toulon et dans plusieurs universités à Paris et à Toulouse. 

Il est diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Toulouse, licencié en Histoire et a une maitrise de Droit.

Montagnard depuis l’enfance, il parcourt inlassablement les Pyrénées où il réside une partie de l’année, longeant les torrents avec sa canne à mouche. Dans le cadre de ses études il a, pendant quatre ans, participé à un chantier de fouilles archéologiques dans les cavernes du Volp qui a celé pour la vie une solide passion pour la Préhistoire.

Aventures professionnelles à l’étranger, montagne, pêche, histoire et préhistoire, telles sont ses sources principales d’inspiration dans l’écriture de ses romans. 

Il a publié 3 livres :

–          21 septembre (2017 – éditions Empreinte) : un roman historique se déroulant sur tout le XXème siècle et se finissant par l’explosion d’AZF à Toulouse le 21 septembre 2001.

–          L’Affaire Neandertal (2018 – éditions Empreinte) : un very cold case, une scène d’un meurtre vieux de 36 000 ans quand Cro Magnon et Neandertal se croisaient en Europe (préfacé par Jean Clottes (fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Clottes)

–          Tantièmes, un monde sanspuss (2021 – Az’Art atelier éditions) : un thriller autour de l’intelligence artificielle  où Aline, une startupeuse ambitieuse et un tycoon californien privatisent les langues. Pour arriver à son but, Aline doit mettre la main sur L’Académie Française. Elle fait face à quelques résistances…