Blockchain : une série de conférences sur la nouvelle révolution (avec Remy Peretz) par Jean-Pierre Largillet

Blockchain : une série de conférences sur la nouvelle révolution

En introduction du hackathon autour des technologies blockchain qu’il organise du 4 au 11 février, le collectif Côte d’Azur blockchain Stampede a monté une série de conférences vendredi 4 février à partir de 14 heures sur cette nouvelle révolution. L’occasion d’entrer dans le mouvement et de découvrir les acteurs et startups azuréens déjà engagés. A suivre en digital.

Blockhain conférences

C’est le grand jour vendredi 4 février pour le collectif Côte d’Azur blockchain Stampede et son hackathon qu’il organise du 4 au 11 février en partenariat avec le Village francophone Côte d’Azur. En introduction de l’événement et pour acculturer le plus grand nombre à la Blockchain, ses applications, ses atouts, ses freins, une série de tables rondes et conférences se tiendront ce vendredi après-midi de 14 heures à 18h45 et déboucheront sur le démarrage du Hackathon.

Il sera plus particulièrement de Fintech et de Web3.0. Pour les Fintechs, seront explorés les forces et faiblesses des protocoles Blockchain & outils transpartisans, smart contracts, NFT, crypto-actifs, cryptomonnaies, impacts de la tokenisation dans les actifs virtuels, aspects réglementaires… Concernant le Web3.0, l’analyse portera sur le trio blockchain, NFT et Métavers. L’occasion aussi d’entrer dans la révolution blockchain, mais également de faire connaissance avec les acteurs azuréens de ces technologies émergeantes et des startups qui sont déjà engagées dans le mouvement et seront peut être les étoiles de demain.

Voici le programme des conférences.

  • 14h15 – 14h30 : Ouverture du Côte d’Azur Blockchain Stampede
  • 14h30 – 14h45 : Les Cryptomonnaies et les NFT décryptés. Avec Kathleen Jobin et Rémy Peretz. Kathleen Jobin est professeur en BlockChain et crypto-monnaies et PDG d’une Startup qui imagine l’interaction entre les jeux vidéo et la BlockChain. Elle présente son livre « Investir dans les cryptomonnaies comme on investit en bourse ». Il apporte sur ce marché en pleine croissance, les conseils indispensables de spécialistes reconnus pour investir sans faire d’erreur. Rémy Peretz, coproducteur du podcast NFT Morning, parle de son livre « NFT Revolution », taillé pour vous si vous considérez déjà que les NFTs vont révolutionner le monde de l’art et de la finance.
  • 14h45 – 15h30 : Les NFT : phénomène de mode ou réelle révolution ? Une table ronde pour décrypter le phénomène des NFT en présence d’experts français et internationaux : Aurélien Lallemant (Le Village By Crédit Agricole PCA), Julien Bonnel (Wynd), tous deux co-fondateurs du Côte d’Azur Blockchain Stampede ainsi que Christophe Gauthier, CEO de FRENCH-ICO.com®, solution de financement en cryptomonnaies et plateforme de vente aux enchères de NFT, Philippe Nadeau, Directeur Général de DigiHub Shawinigan, Rémy Peretz, Sylvain Theveniaud, directeur de l’Accélérateur Allianz, fondateur de NFT Oasis, serial investisseur dans les cryptomonnaies et les NFT (Cryptense, Ledger, Artpoint, Exclusible ,…)
  • 15h30 – 16h00 : Le Sℎawitosℎi la cryptomonnaie locale de la ville de Shawinigan avec Frédéric St-Laurent. Entrepreneur expérimenté dans le domaine des paiements et des cryptomonnaies, il fera un témoignage sur le projet d’expérimentation d’une cryptomonnaie propre à la ville de  Shawinigan au Canada, le Shawitoshi (contraction de Shawinigan et de Satoshi Nakamoto, le développeur présumé du Bitcoin)
  • 16h00 – 16h30 : Tout savoir sur la réglementation des crypto-actifs avec Hugo Bordet. Chargé d’affaires réglementaires chez ADAN (Association pour les Développement des Actifs Numériques), il revient sur les principaux aspects réglementaires à prendre en compte dans tout processus de création d’actifs numériques
  • 16h30 – 17h00 : Cardashift, le premier launchpad à impact de l’histoire de la Blockchain ! Tangui Friant, Co-fondateur de Cardashift, présentera Cardashift, le premier launchpad communautaire fondé sur la blockchain Cardano (ADA) qui vise à financer et accélérer de nouveaux projets résolvant des problèmes sociétaux et environnementaux du monde entier.
  • 17h00 – 17h30 :  La Blockchain comme levier de croissance par Krill.io & Wynd. Ce sont deux sociétés en hyper-croissances de notre territoire qui témoigneront du potentiel business et des usages de la Blockchain. Kryll.io, après une ICO de 3,5 M€ en 2018, a lancé la toute première plateforme publique de crypto trading qui automatise les stratégies de placements sur les marchés. Wynd figure à l’indice French Tech FT120 du gouvernement français qui référence les 120 entreprises technologiques les plus en hyper-croissance. La startup a conçu une plateforme de commerce unifié permettant aux enseignes comme Carrefour, Decathlon ou Orange et aux commerçants locaux de gérer leur encaissement omnicanal, leur logistique et leur relation client. Une plateforme reconnue au niveau international par le cabinet Gartner qui l’a référencé parmi les meilleures du marché
  • 17h30-19h30 : Lancement du Hackathon

Dans L’Express, Stéphane Barge enquêtant sur le crypto art rencontre John Karp

Gros plan

Arnaques, impostures… La face obscure des NFT agite le monde de l’art

Après avoir fait flamber le marché des oeuvres numériques, cette technologie reposant sur les cryptomonnaies voit les arnaques se multiplier.

Connaissez-vous Pak ? Fewocious ? XCopy, Hackatao ou Beeple ? Si ces noms ne vous disent rien, vous êtes passé à côté du phénomène de 2021 : la grande explosion du crypto-art. Cette déferlante a fait de ces prodiges de l’art numérique, jusque-là inconnus des profanes, des nababs du pixel. Ces multimillionnaires (en cryptomonnaies) ne doivent pas seulement leur fortune à leur créativité ou à leur virtuosité dans le maniement de la palette graphique. Leur succès ne serait pas ce qu’il est sans le NFT, non-fungible token, jeton non fongible pour les initiés. Ne vous fiez pas à ses abords barbares. Le terme est si populaire qu’il a été sacré mot de l’année par Collins, le dictionnaire anglais ! Pour faire court, cette technologie désigne un certificat de propriété numérique, qui lie une oeuvre et son concepteur au collectionneur ou à l’amateur d’art qui en fait l’acquisition. Le but est de garantir que la toile ou la sculpture est bien l’original, et non une vile copie. Un NFT s’achète avec une cryptomonnaie, principalement l’ethereum, et reste stocké dans la blockchain, un cyber-registre infalsifiable.

« L’idée de pouvoir revendiquer la possession d’un objet numérique, c’est inédit, explique John Karp, amateur d’art et coauteur de l’essai NFT Révolution. Naissance du mouvement crypto-art. En distinguant l’oeuvre originale de ses copies, le NFT crée de la rareté et donc de la valeur. » (…)

John Karp invité à évoquer « la place du NFT dans la mode » au Who’s Next

Le rendez-vous parisien de la mode Who’s Next se tient du 21 au 24 janvier à la Porte de Versailles (Paris XVe). Comme à son habitude, le salon proposera un cycle de conférences et ateliers dédiés aux grandes tendances du marché, organisés en collaboration avec la Fédération française du prêt-à-porter féminin (FFPAPF). Avec cette fois comme nouvelle thématique la notion de « mode virtuelle » introduite par les NFT.

 

Who’s Next
La première journée sera ainsi dédiée à la « Meta Generation », telle que l’analysera le bureau de conseil Leherpeur lors de la conférence d’ouverture. L’experte digitale Nathalie Badreau se penchera quant à elle sur la notion « d’expérience client augmentée » liée à la mode virtuelle. La place des NFT dans la mode sera elle développée par le spécialiste John Kharp (NFT Revolution).

Côté inclusivité, la journée de dimanche s’ouvrira sur le thème des enjeux de la diversité. Chloé Cohen (Nouveau Modèle) donnera les clefs pour fonder une marque inclusive. Une table ronde réunit trois marques no gender et unisexes : Carré Y Paris, Jeanne Friot et Calher Delaeter. Jean-Baptiste Andréani (IFA Paris Groupe) abordera de son côté la formation comme cœur du changement.

Sur l’aspect RSE, plusieurs thématiques sont annoncées comme le travail forcé au sein de la filière du textile/habillement, la communication responsable, ou la place de la traçabilité dans l’innovation. Un sujet qui sera débattu par Thomas Huriez (1083), Louis-Marie Vautier (Good Fabric) et Florence Bonnet-Touré (Fédération nationale de l’habillement). Pour sa part, Chloé Cohen (Nouveau Modèle) parlera de l’équilibre entre créativité et durabilité. Un atelier de Laëtitia Hugé (Pando) sera dédié l’embarquement d’une équipe dans des projets RSE. La chargée de campagne de Peta France, Iris Douzet, viendra évoquer l’avenir de l’association de défense des animaux.Le directeur général de WSN Développement (Who’s Next), Frédéric Maus, abordera le développement de l’omnicanalité BtoB, en compagnie de Guillaume Mesly d’Arloz (Meeko) et Julien Platel (Diatly). Des ateliers seront dédiés à l’externalisation de l’expérience wholesale ou au développement des ventes en gros à l’international. La Chaire Bali réunira de son côté Gaultier Bedek (Groupe Eram), Damien Saumureaux (Décathlon) et Pantxika Ospital (Belharra) pour aborder les liens entre ingénierie et mode.

A noter également une conférence de la journaliste Margaux Krehl dédiée à l’influence des séries télévisées sur l’industrie de la mode. Tandis que la beauté ne sera pas oubliée, avec un point sur les tendances actuelles du marché mené par Diogou Dramé (La Fabrique 621) et Marie-Laure Durier (La Beauté Française). Sans oublier le thème de la reconversion dans l’univers bijouterie-joaillerie.

John Karp sur le Mooc digital

John Karp est entrepreneur et évolue depuis quinze ans dans le domaine de la technologie. Spécialisé dans les applications mobiles, il a cofondé Food Reporter, un précurseur des réseaux sociaux culinaires, et BeMyApp. Il organise des hackathons (marathons de programmation) où les développeurs disposent de 48 heures pour concevoir une application originale. John Karp a commencé à s’intéresser aux NFT au tout début du confinement de mars 2020, d’abord en tant qu’investisseur, puis comme collectionneur. Captivé par cet univers, avec son associé Rémy Peretz, il y consacre un podcast, NFT Morning. Ensemble, ils ont écrit NFT Revolution, ouvrage paru en version numérique et papier dans lequel ils partagent leur passion et leur expérience des NFT.

nftmorning.com

Si la blockchain est récente, son procédé reposant sur la cryptographie remonte à la Seconde Guerre mondiale et n’a jamais cessé d’évoluer depuis. John Karp cite le mathématicien Alan Turing et le film qui lui est consacré, Imitation Game. Avec la naissance de la blockchain il y a 12 ans, on est passé d’un système centralisé à un système décentralisé, explique John Karp. Le gain : plus de sécurité, donc de confiance. Cela a donné naissance aux crypto-monnaies dont le Bitcoin est la première née. John Karp explique les avantages des crypto-monnaies, citant les pays où les banques et les États ne sont pas fiables. Il compare la blockchain à “un grand notaire de l’Internet” car les transactions sont d’une fiabilité totale, infalsifiables et traçables. « Le système est tellement puissant qu’il n’a jamais été piraté ».  Et ce qui est nouveau, c’est que la confiance est établie sans la présence d’un tiers. Il en découle l’apparition des smart contracts (contrats intelligents). John Karp donne des exemples d’applications dans le monde de l’art.
S’il existe des centaines de crypto-monnaies, le Bitcoin et l’Ethereum sont les plus connues. Pourquoi leurs cours sont-ils très fluctuants ? Qu’est-ce qu’un wallet ou porte- monnaie électronique ? Une définition de la culture “crypto-monnaie ”. Qu’est-ce que les NFT ? Un cours réalisé pour le MOOC Digital de l’École professionnelle supérieure d'arts graphiques de la Ville de Paris (EPSAA) animé par Dominique Moulon à l’EPSAA et coproduit par Ars Longa.
Qu’est-ce que le minting ? En dehors de l’art, dans quels autres domaines, les NFT se sont-ils développés ? John Karp cite notamment les cartes de collection et l’univers du jeu vidéo. Transparence et pseudonymat.
John Karp explique que les deux grandes salles de vente que sont Christie’s et Sotheby’s commercialisent des NFT. C’est pour elles une question de survie.  « On assiste peut-être à la plus grande démocratisation du monde de l’art » car apparaissent des milliers de collectionneurs qui n’existaient pas avant. John Karp revient sur le Pop Art et le Street Art, deux mouvements artistiques qui ont, en leur temps, contribué à la démocratisation de l’art. Avec les NFT, l’impact est encore plus massif parce que cela passe par Internet. Cela va aller en s’amplifiant parce que l’accessibilité est plus grande, notamment grâce à Tweeter car ce réseau social est ouvert à tous, pas besoin “d’être ami”. John Karp cite aussi Discord et ses forums de discussion où se créent de vastes communautés d’artistes.
John Karp décrit les CryptoPunks de la blockchain Ethereum lancés par Larva Labs en 2017, une société précurseur. Il s’agit de 10 000 pièces uniques générées de manière aléatoire par des algorithmes. Aujourd’hui, certaines sont rares, donc plus recherchées, et par conséquent très chères alors qu’au départ on pouvait se les procurer gratuitement. Depuis quelques années, on assiste au développement des PFP (projet de photo de profil). John Karp donne l’exemple de Jay-Z et précise que les prix des PFP ont considérablement augmenté. Répertoriant quelques plateformes NFT dédiées à l’art, il en désigne trois types différents, en fonction de leur niveau de “curation”. Il cite SuperRare, Foundation, Opensea et Rarible. Nifty Gateway est un cas à part car on peut payer avec de la monnaie traditionnelle, par carte bancaire.
John Karp explique que les technologies de la blockchain vont être de moins en moins énergivores. C’est un enjeu dont tous les acteurs du secteur ont conscience et ils travaillent pour limiter les consommations d’énergie. De toute manière, celles-ci sont dérisoires par rapport à Netflix, YouTube ou les voitures. Il cite l’exemple de la plateforme HicEtNunc en open source qui est très respectueuse de l’environnement. Pour terminer, il égrène quelques tendances artistiques NFT : la pratique en série avec Beeple, la 3D avec Murat Pak, le graffiti avec Fewocious, la réappropriation avec Trevor Jones, le graphisme avec Hackatao… Et explique que toutes les tendances se mêlent désormais en art : graphisme, illustration, jeu vidéo, finance, etc., les frontières sont en train de disparaître.

Léo Marchandon interviewe John Karp sur Finance Mag

Léo Marchandon interviewe John Karp sur Finance MagDébut décembre, se tenait à Miami le plus grand salon consacré à l’Art, le Art Basel. Pas de rapport avec la finance a priori, sauf que cette année, le mot sur toutes les lèvres tenait en un sigle : “NFT”. Pour essayer d’y voir plus clair sur les rapports entre cette nouvelle technologie, l’art et la finance, nous avons contacté le spécialiste français des NFT, John Karp. Auteur du premier ouvrage français consacré au Crypto-Art, il anime de façon quotidienne “NFT Morning”, un podcast dédié à la démocratisation des NFT. Pour Finance Mag, il revient sur les fondamentaux de cette nouvelle technologie, qui fascine autant qu’elle intrigue, et en esquisse les enjeux futurs.

Le monde des NFT peut sembler un peu technique pour ceux qui en sont éloignés. Comment expliqueriez-vous ce qu’est un NFT à un néophyte ?

Pour faire simple, le NFT ou Non Fungible Token, c’est une technologie qui permet d’avoir un titre de propriété sur un objet numérique. Comme tout titre, je vais avoir des attributs conférés à cet objet, et vais pouvoir en faire ce que je souhaite : le prêter, le donner, le vendre, l’utiliser comme hypothèque ou comme collatéral dans un crédit. Le NFT permet de créer de la rareté et de donner de la valeur à un objet qui n’en avait pas avant – car il n’y avait pas de notion de propriété sur les objets numériques. Il y avait déjà des achats, dans les jeux vidéo notamment, avec l’achat d’éléments cosmétiques dans un jeu comme Fortnite. Il faut se rendre compte de la taille du marché : dans Fortnite, 5 milliards de dollars ont été dépensés cette année pour acheter des “wearables”. Quand j’achète ces vêtements virtuels, je peux les porter dans le jeu, mais je n’en suis pas propriétaire. Je ne peux pas les revendre sur Leboncoin. Si je souhaite les prêter ou les donner à quelqu’un, les emmener dans un autre jeu vidéo, je ne peux pas le faire. Si Fortnite dépose le bilan et disparaît, je perds ma propriété. Ainsi, les NFT changent la donne dans la vision qu’on peut avoir des jeux  ou de l’art.

Il est parfois difficile de saisir l’intérêt de posséder un objet numérique. Au final, cela reste un simple fichier qui peut être copié à l’identique. Pourquoi acheter des NFT?

La question qu’il faut se poser pour comprendre l’utilité du NFT, c’est qu’est-ce qu’on veut faire de cet objet numérique ? Si j’ai simplement envie de l’afficher, de l’imprimer, je n’ai pas besoin d’acheter le NFT. Mais de la même manière, je peux jouir de photos d’artistes ou de copies de tableaux semblables à l’original sans posséder ce dernier. Prenez la Joconde. Il existe maintenant d’excellents peintres ou même des ordinateurs qui en font des répliques à l’identique. N’importe qui peut avoir une Mona Lisa au mur chez soi. Mais ce n’est pas la même chose que l’œuvre originale. Le NFT crée la notion d’être propriétaire de l’original, du vrai. Je sais que je possède l’objet véritable grâce au NFT. C’est le plaisir de collectionner, de posséder une certaine valeur. Pour d’autres, c’est aussi un signe extérieur de richesse, mais numérique. Je vais citer l’artiste Hackatao : « Everybody can see it, only one owns it » (tout le monde le voit, un seul le possède).

C’est aussi un changement dans la façon de concevoir le monde de l’art. Les belles œuvres d’art, personne n’en jouit. Elles sont dans un coffre-fort à Genève, personne ne les voit. Avec les NFT, le propriétaire possède l’œuvre mais tout le monde peut la voir, tout le monde peut en discuter. Les NFT contribuent à créer un modèle vertueux : vertueux pour ceux qui peuvent posséder de tels objets, vertueux pour l’artiste, vertueux pour les spectateurs. C’est une nouvelle façon de voir l’art. Et je le répète, mais c’est une vraie révolution pour les artistes qui peuvent désormais en vivre. Cela ouvre aussi la voie à l’apparition de royalties pour les œuvres numériques.

On a pu voir l’artiste Beeple vendre une œuvre à près de soixante-dix millions de dollars … Les NFT n’encouragent-ils pas un usage spéculatif ?

Beeple, ça fait 20 ans qu’il existe. C’est quelqu’un de très connu dans le monde de la 3D. Il a travaillé sur des clips musicaux. A côté de ça, il publie tous les jours un nouveau croquis 3D sur les réseaux sociaux. Il en a déjà publié plus de cinq mille. Jusqu’à présent, il n’avait pas la possibilité de vivre de son art, de vendre ses œuvres numériques natives. L’arrivée des NFT, c’est un changement de paradigme assez important pour un artiste de la trempe de Beeple.

Comment fait-on pour se lancer dans les NFT ? Que l’on soit un artiste prêt à vendre ses pièces, ou un investisseur qui souhaite acheter ?

Comment lancer un NFT ? Ça peut être très simple. Il existe déjà des plateformes accessibles aux grand public, qui permettent de créer un NFT comme on crée un profil sur un réseau social. La plateforme la plus connue s’appelle opensea.io. On uploade l’image, elle est directement « frappée » (inscrite dans la blockchain), et peut être immédiatement mise en vente sur cette même plateforme.

En ce qui concerne l’investissement, 99% des NFT qui se lancent aujourd’hui ne vaudront plus rien dans 10 ans. Comment estimer qu’une œuvre sera une œuvre majeure dans 30 ans ? C’est une logique assez similaire à l’art « traditionnel » en réalité. Tout dépend également de si l’on a une logique de collectionneur ou de spéculateur. Je suis plutôt un collectionneur, et c’est à travers ce filtre que je choisis les pièces que j’acquiers. Pour l’investissement, la réponse facile, c’est d’investir sur des « blue chip NFT », c’est-à-dire ceux des artistes qui sont déjà connus, qui sont durables, qui ont une communauté engagée. La notoriété d’un artiste, et donc de ses œuvres, affecte automatiquement lsa valeur de ses NFT. En fait, je conseillerais d’investir dans des artistes qui étaient là avant les NFT, et qui leur survivront. 

Quel sera selon vous l’impact de cette nouvelle technologie dans la finance ? Existe-t-il des applications en dehors de l’art ou des jeux vidéo ?

On commence à arriver à une financiarisation des objets numériques, de la même manière qu’il y a eu une financiarisation de l’immobilier. C’est un nouveau marché. A partir du moment où il y a de la valeur, il y a une activité financière. On a des collectionneurs, des investisseurs, des spéculateurs. Les grandes expérimentations autour de la financiarisation et la création de liquidité dans l’art se font déjà dans le NFT. Par exemple, on a aujourd’hui des expérimentations qui ont lieu et qui permettent d’obtenir des crédits instantanés en mettant son NFT en collatéral dans une transaction. Tout se fait via la blockchain. La vérification de la propriété et de la valeur du NFT est instantanée, tout comme l’obtention du crédit avec une condition de remboursement automatique de sa valeur, et une prise de ce NFT en cas de non remboursement. Tout se fait via la technologie NFT, sans tiers de confiance. On assiste aussi à une fractionalisation de l’art. De grandes pièces vont pouvoir être divisées pour avoir plusieurs propriétaires. Enfin, des notions d’utilité se développent autour du NFT. Si vous possédez certains NFT de chez Binance, qui fonctionnent comme des cartes de fidélité, la rentabilité sur vos placements pourra être plus importante. C’est une carte de fidélité qui peut s’échanger, mais qui peut aussi donner des droits ou des accès. Pour l’entreprise qui y a recours, c’est une nouvelle manière de gérer ses clients qui a l’avantage de ne pas consommer une seule once de donnée privée. C’est un pass d’identification sans données personnelles. Il est possible de travailler sur cette base là pour créer tout un ensemble de services qui in fine rendent la finance plus tangible.

Pensez vous que l’explosion du secteur des NFT est en partie due à la pandémie ? Elle qui a eu pour effet de pousser les gens vers les solutions numériques dans de nombreux domaines…

Assurément, le covid est un accélérateur de pratiques qui existent depuis longtemps. Tout ce qui devait arriver à plus ou moins long terme est arrivé. Le télétravail, l’apparition d’autres modes de vie, et surtout le fait de réaliser que nous sommes devenus des êtres numériques – ce qui n’est pas quelque chose de négatif en soi. Je pense qu’il faut arrêter d’imaginer cette « vie numérique » de façon dystopique comme dans le film de Spielberg Ready Player One. Le numérique crée des liens sociaux. On a plus d’interactions, on rencontre plus de monde via les réseaux sociaux. Or, quand je passe le plus clair de mon temps sur le grand metaverse des Internets, je vais naturellement chercher des signes extérieurs de richesse. Les NFT donnent corps à ce nouvel usage.

L’impact écologique de la blockchain est fréquemment pointé du doigt par ses détracteurs, et les NFT n’y échappent pas. Est-il possible d’imaginer des NFT verts ?

Il existe déjà aujourd’hui des NFT qui ont une empreinte carbone neutre. Ils ne sont pas basés sur Ethereum mais sur des blockchains plus récentes qui consomment moins d’énergie et qui réduisent énormément la consommation d’un NFT. La blockchain Ethereum avance elle aussi avec un nouveau protocole qui sera neutre d’un point de vue du carbone, et qui devrait arriver d’ici un an. Mais il faut se dire que la question de l’impact écologique de la blockchain a d’abord été soulevée par les aficionadosdes NFT. C’est d’abord et avant tout un débat interne, qui a été par la suite récupéré par les gens de l’extérieur. Il faut se rendre compte que l’impact écologique des NFT est extrêmement faible par rapport à un Netflix, un Amazon ou un Volskwagen. C’est un débat qui est légitime, comme pour toute activité ; je regrette simplement que le seul secteur qui se pose cette question et que l’on incrimine de fait soit celui des NFT.. Ensuite, il faut également s’intéresser aux productions d’électricité qui sont derrière la blockchain : très peu de fossiles, beaucoup d’énergies renouvelables. Les gens qui font avancer les NFT aujourd’hui se posent évidemment la question de l’écologie et tentent par tous les moyens de réduire l’empreinte carbone due à leurs activités. En réalité, ce sont souvent ceux qui critiquent qui ont une empreinte carbone plus lourde. 

Philippe Boyer a lu pour la Tribune l’essai de John Karp et Rémy Peretz

Pour Noël, offrez des NFT par Philippe Boyer dans la Tribune

HOMO NUMERICUS. Nombre d’artistes et de collectionneurs -et peut-être un jour le grand public- parient déjà sur les NFT. Ces « jetons non fongibles » permettent de certifier l’authenticité d’objets virtuels ou réels. Simple évolution technologique ou future vraie révolution d’usage ? Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.

Photo d’illustration: le 30 septembre dernier, le public se presse devant « Hold onto your Bitcoin ». Cette oeuvre de l’artiste Gustav Szabo, plus connu sous le nom de Szabotage, sera ensuite convertie en NFT et mise aux enchères en ligne chez Sotheby’s, à la Digital Art Fair de Hong Kong (Chine). (Crédits : Reuters)

Et si, en guise de cadeaux disposés au pied du sapin, les traditionnels paquets avaient cédé leur place à de simples attestations numériques certifiant que nous sommes les heureux propriétaires d’objets virtuels? En clair, plus besoin d’ouvrir ses paquets pour, sans attendre, essayer la dernière paire de baskets à la mode, ou admirer, en l’exposant sur son mur, la peinture d’un artiste connu. À la place, nous nous contenterions d’une attestation numérique, preuve irréfutable que nous sommes bien le propriétaire d’un produit ou d’une œuvre fabriquée en quantité très limitée, voire en un exemplaire unique.

Cette vision « originale » pourrait être celle d’un futur Noël lorsque marques et clients auront cédé aux sirènes de la propriété d’objets virtuels rendue possible par l’apparition des NFT.

Le jeton non fongible, contre le « copillage » des œuvres

Un NFT (3 lettres pour signifier « non-fungible token », en français, « jeton non fongible ») est une technologie qui pourrait transformer des industries à l’instar des médias, du monde des jeux vidéo, de la mode, des loisirs ou encore celui du marché de l’art. Pour faire simple, les concepteurs des NFT sont partis d’un constat qu’il fallait protéger les créateurs d’œuvres d’art numériques, ceux-ci régulièrement dépossédés de leur travail du fait que leurs œuvres, exposées sur internet, pouvaient être très facilement dupliquées et copiées, à l’infini. Les NFT ont vocation à mettre fin à ce « pillage systématique » grâce à un procédé d’encryptage d’une œuvre sur la blockchain, registre commun de transactions réputé inviolable. À l’instar d’un acte notarié, un NFT s’apparente à une preuve électronique infalsifiable et inaltérable qui permet de savoir qui est à l’origine de quoi et qui possède quoi.

Pour être concret, et appliqué au marché de l’art (qui représente 70% de l’activité des NFT), John Karp, co-auteur de « NFT Révolution – Naissance du mouvement Crypto-Art [1] » cite l’exemple de la Joconde :

« Il n’y en a qu’une sur terre, signée Léonard de Vinci. Ce tableau est au Louvre, mais n’importe qui peut en obtenir une photo, une image, donc une copie. Posséder un NFT signifie que tout le monde convient que vous possédez l’original d’une œuvre, même si n’importe qui peut en obtenir une copie et que l’artiste en détient toujours les droits d’auteur »

Art, industrie du luxe, jeux vidéo… les NFT gagnent du terrain

Outre le marché de l’art qui s’est engouffré dans la brèche NFT (au mois de mars dernier, une œuvre d’art 100% numérique de l’artiste Beeple s’est adjugée 69,4 millions de dollars via l’émission d’un titre de propriété NFT [2]), d’autres secteurs s’y intéressent. Il y a quelques jours, Nike a racheté la marque de mode digitale RTFKT (prononcez «Artéfact») qui conçoit des articles de prêt-à-porter virtuels. Chaque pièce créée (chaussures, lunettes, vêtements…) étant associée à un jeton numérique certifié et traçable sur la blockchain, qui fait de son propriétaire le détenteur unique d’un objet qui n’existe pas « dans la vraie vie » mais qui trouve toute sa valeur auprès des collectionneurs ou importé dans l’univers du jeu vidéo, demain dans le Métaverse [3].

Dans le secteur de la mode, les grandes maisons parient, elles aussi, sur les NFT: Balmain [4], Balenciaga [5], Louis Vuitton [6]… se sont lancées via des collections hybrides (physiques et virtuelles) ou d’autres initiatives originales (jeux)… le tout permettant de tracer le cycle de vie des produits, de la fabrication en passant par la vente et la revente sur le marché de la seconde main, sans oublier l’acte d’achat en lui-même.

Selon le site Nonfungible.com, le marché des NFT (chansons, gifs, mèmes, vidéos, photos, cartes de jeu, objets physiques et/ou numériques…) devrait atteindre près de 10 milliards de dollars d’ici à la fin 2021, contre à peine 200 millions l’année dernière [7].

Il est difficile à dire si ce phénomène NFT s’apparente à une nouvelle bulle spéculative ou si l’on se trouve en présence d’une vraie révolution tant ce phénomène est encore récent, et cela dans un contexte où l’essentiel des opérations sont encore de faibles montants : les trois-quarts des transactions étant inférieures à 10 dollars et 1% supérieures à 1.600 dollars [8].

Une prochaine « révolution NFT » ?

Bien que le nombre d’acheteurs de NFT soit encore limité et que ces derniers se retrouvent plutôt autour du marché de l’art, le fait est que les FNT ne cessent de progresser, et cela grâce aux millions de gamers qui, pour enrichir leur expérience de jeux n’hésitent pas à acheter et à revendre des compléments numériques qui s’acquièrent via l’acquisition de jetons non fongibles.

À terme, et si cette « révolution NFT » devait advenir, il n’est pas fantaisiste d’imaginer que nombre de chaînes de valeur économiques pourraient s’en trouver bousculées dans un contexte où monde réel et monde virtuel seront de plus en plus proches l’un de l’autre, jusqu’à vivre de nouvelles expériences immersives ponctuées d’objets et d’univers hybrides (à la fois numériques et réels).

En attendant cette période où, au pied de son sapin (virtuel), chacun recevra un message l’informant qu’il est devenu l’heureux propriétaire de jetons non fongibles, on se contentera, plus classiquement, d’ouvrir ses paquets ; ceux-là bien réels, et d’apprécier le détournement de circonstance de ces 3 lettres « NFT » pour signifier : « Noël, Famille, Trinquons »… Joyeux Noël !

NOTES

1 https://www.thebookedition.com/fr/nft-revolution-naissance-du-mouvement-crypto-art-p-386785.html

2 https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/11/une-uvre-numerique-se-vend-69-3-millions-de-dollars-chez-christie-s-un-record_6072801_3246.html

3 https://www.latribune.fr/opinions/blogs/homo-numericus/le-web-est-mort-vive-le-metaverse-891558.html

4 https://www.voguebusiness.com/fashion/exclusive-why-balmain-is-betting-big-on-nfts

5 https://www.vogue.fr/vogue-hommes/article/balenciaga-fortnite-collaboration

6 https://cryptoast.fr/louis-vuitton-lance-jeu-mobile-nfts/

7 https://nonfungible.com/blog/q2-2021-nft-report

8 https://www.nature.com/articles/s41598-021-00053-8