Le lien des femmes entre elles : conversation entre Madeleine Chapsal et Marie-France Hirigoyen, Mardi 20 janvier, 18 h 30, 35 rue Jacob

L’Espace des Femmes-Antoinette Fouque (35 rue Jacob, 75006) vous invite à rencontrer,

mardi 20 janvier, à 18h30,

Madeleine Chapsal, écrivain
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« Méfiez-vous des jeunes filles » (Fayard, 2008)
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 » Un ruisseau de lumière ! « , s’émeut Fanny, cinquante ans, face à Marie-Claire, dix-huit ans, qu’elle n’a pas revue depuis des années.
La jeune fille vient de perdre ses parents et Fanny, sa marraine, décide de la recueillir chez elle. Mais la bienveillante Fanny ne mesure pas le danger ! Car il y a des hommes à la maison : Paul son fils, Julien le fiancé de sa fille, et Alain son mari. Qui pourrait résister à une jeune fille aussi désirable lorsque, le cœur froid, elle joue à séduire et à susciter la jalousie, bien décidée à se venger sur ceux qui l’approchent de la tragédie qu’est pour elle la mort de son père ? Fanny, naïve et jusque-là heureuse en ménage, s’aperçoit un peu tard de ce drame familial qui couve.
Un roman rose et noir sur les dangers de l’amour.

« La femme sans » (Lgf, 1993)
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Un essai sans vraiment de plan, rempli d’humeurs variées, de contradictions aussi entre avantages de la liberté d’être entièrement disponible pour ses amours et difficultés de vivre avec le regard distancié des femmes (et hommes) « avec ». Beaucoup d’interrogations, d’expressions de sentiments doux ou amers, qui devraient aider ceux et celles qui en ont eu (des enfants) comme ceux et celles qui n’en ont pas eu à se rapprocher, à s’estimer, à se soutenir quand il le faut, à se comprendre aussi. Madeleine Chapsal a un style très personnel et son ouvrage relève plus de l’essai que du roman, s’agissant ici de choses vécues comme « femme sans », ainsi que dans nombre de ses autres titres.

« Ce que m’a appris Françoise Dolto » (Fayard, 1994)
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et Marie-France Hirigoyen, psychiatre et psychanalyste
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« Les nouvelles solitudes » (La Découverte, 2007)
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Dans toutes les sociétés développées, la montée de la solitude est devenue un phénomène social majeur. Alors que les interactions entre individus sont permanentes, voire envahissantes, de nombreuses personnes éprouvent un sentiment douloureux d’isolement. Et, en même temps, beaucoup d’autres font le choix de vivre seules. Dans ce livre, la psychanalyste Marie-France Hirigoyen désire montrer que cette réalité est le fruit d’une mutation profonde des rapports hommes/femmes, encore inaboutie. Si les femmes ont enfin obtenu une autonomie nouvelle, dans le travail comme dans la sexualité, cette indépendance n’a pas été encore pleinement intégrée dans les mentalités. D’où une crise des rôles masculin et féminin et une précarisation des liens intimes. On constate un durcissement des relations dans le couple. Reflet aussi du durcissement du monde du travail. Et le surinvestissement dans la relation amoureuse s’accompagne d’une pratique croissante du ‘couple en CDD’. Les périodes de solitude et d’abstinence sexuelle conduisent à un recours accru aux sites de rencontres sur Internet ou aux ‘nouvelles thérapies’, qui se révèlent le plus souvent illusoires. Alors que, explique Marie-France Hirigoyen, la solitude peut apporter énergie et inspiration : à tout âge, la solitude choisie, tout en restant disponible à l’autre, est une source de plénitude, un moyen de sortir de la superficialité d’une société dominée par le narcissisme et le culte de la performance.

« Femmes sous emprise » (Oh éditions et Pocket, 2005)
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En France, chaque année, une femme sur dix est victime de violence dans son couple, trois femmes en meurent tous les quinze jours.

qui dialogueront sur le thème « Le lien des femmes entres elles »

35 rue Jacob

75006 Paris

Fanny Ardant, lectrice de la Bibliothèque des voix ! (blog 15.01.09)

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jeudi 15 janvier 2009
[masse critique] La Musica Deuxième, théâtre, Marguerite Duras
Second billet rédigé dans le cadre de la quatrième opération Masse Critique de Babelio. Double merci à eux !

Décidément, je suis poursuivie par le thème de l’oubli, de la mémoire, du revivre…

Fanny Ardant – Sami Frey. Ces deux-là, Anne-Marie Roche et Michel Nollet, vont mettre le temps d’un cédé audio de soixante-neuf minutes, le temps d’une pièce en un acte, trois scènes, pour attiser et confronter les souvenirs de leur histoire douloureuse. Le temps d’une longue conversation dans le salon d’un hôtel de province, à la sortie du tribunal où leur divorce vient d’être prononcé, pour se convaincre à contre-coeurs qu’il ne pouvait y avoir d’autre forme de terme à leur passion, que la rupture.

Au début ils font semblant d’avoir oublié, de ne pas se souvenir. Il y a combien de temps ? Ils s’observent avec la distance affichée de leurs nouvelles vies. Ils se posent des questions d’abord anodines. Où est-ce que tu habites, maintenant ? Et ton travail ? Puis au fur et à mesure, leurs cercles de communication se concentrent, les interrogations deviennent plus chirurgicales, visant à rouvrir une après l’autre, les blessures mal cicatrisées.

Jeux de pattes de velours ou coups de griffes, j’ai imaginé en les écoutant la danse nocturne de deux félins qui vont déchirer et disputer jusqu’à l’aube la dépouille de leur amour.

Jamais les voix tendues mais calmes ne vont s’enfler pour éclater, même quand ils évoqueront l’enfer des violences conjugales. Même quand ils en viendront à rejouer le drame passionnel mais sans victime de sang qui les a irrémédiablement séparés. Au bout de la nuit, ils laisseront derrière eux les décombres de leur histoire d’amour, ayant attendu l’extinction des dernières braises pour partir chacun de son côté, pantelants d’émotion, résignés, brisés à jamais.

Des voix …

Les voix féminines de Duras : Delphine Seyrig, la blonde, et Fanny Ardant, la brune. J’ai le souvenir encore précis de la splendeur helvétique de Delphine interprète de Duras au cinéma et qui était la compagne de Sami Frey. Disparue très tôt emportée par la maladie. Fanny elle, est brune, vivante avec cette diction particulière, essoufflée qui rappelle celle de Delphine, parfois. Deux timbres mythiques et si personnels qu’ils ont fait et font encore le bonheur d’imitateurs masculins. Je me souviens de Claude Vega imitant Delphine Seyrig.

La voix de Sami Frey… évidemment chavirante, très légèrement voilée, et si parfaitement accordée a celle de Fanny Ardant. Tellement que parfois, surtout au début, quand on ne sait rien d’eux encore, il est possible de confondre leurs musiques, de n’entendre plus qu’un monologue, un solo.

Je n’avais jamais fait de lecture audio d’un livre ou d’une pièce de théâtre. J’ai beaucoup aimé. A la fin, j’ai eu envie de réécouter les dernières pistes et de transcrire quelques phrases au hasard, du sublime dialogue :

« Vous avez oublié que vous aviez laissé vos livres ? Vous les aviez fait venir et puis après vous n’en vouliez plus. Vous disiez que ça vous dégoûtait. […] On les laisse alors ? C’est dommage quand même, non ? »

« J’ai oublié notre histoire. La douleur, j’ai oublié. Je ne sais plus du tout pourquoi. Souffrir, comme ça, à ce point la, et ne plus retrouver pourquoi après, les raisons… »

« Je crois qu’on ne se souvient pas de l’amour. »
« Peut-être qu’on ne se souvient pas de la douleur quand elle ne fait plus souffrir. »
« Du désir, il y a ou un oubli total, ou une mémoire totale, aucune ombre. »

« Nous allons aimer moins maintenant, les autres gens. Moins. »
« Nous sommes moins forts maintenant, nous avons perdu de notre force. Nous nous sommes rapprochés de la fin de notre vie. »

http://tillybayardrichard.typepad.com/le_blogue_de_tilly/2009/01/masse-critique-la-musica-deuxi%C3%A8me-th%C3%A9%C3%A2tre-marguerite-duras.html

Coline Serreau lit « Trois guinées » de Virginia Woolf pour la Bibliothèque des Voix

Trois guinées.jpgTexte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
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Souvenirs d’une séance d’enregistrement de cassettes : Je me souviens d’une atmosphère concentrée mais détendue. J’ai lu avec beaucoup d’émotion les textes de Virginia Woolf, textes forts, intelligents et combattants. On reprenait tel ou tel passage, en toute confiance, jugeant et discutant ensemble de la meilleure prise. Quel bonheur de mettre son métier au service d’un grand texte pour une lutte essentielle.
Amitiés aux Editions des femmes.
C.S.
***************
C’est un texte politique. Virginia Woolf, ici, va droit aux faits avec la plus redoutable précision. Femme, elle reconnaît, décèle et dénonce en précurseur ce scandale d’autant plus occulté qu’il s’inscrit partout, s’étale avec une évidence majestueuse : le racisme ordinaire qui réduit les femmes à l’état d’êtres minoritaires, colonisés. Scandale politique. Dictature qui annonce toutes les autres.

Heinrich von Kleist, lu par Catherine Deneuve (« La marquise d’O »)

Catherine Deneuve lit

 Heinrich von KleistLa marquise d’O

CD La marquise d'O.jpg1 CD – 83 mn – Texte intégral – Enregistrement réalisé en 2008

« A M…, ville importante de Haute-Italie, la marquise d’O…, dame d’excellente réputation, veuve et mère de plusieurs enfants fort bien élevés, fit savoir par la presse qu’elle était, sans savoir comment, dans l’attente d’un heureux événement, que la père de l’enfant qu’elle allait mettre au monde devait se faire connaître, et que, pour des considérations d’ordre familial, elle était décidée à l’épouser. »

Heinrich von Kleist (1777-1811) est écrivain, journaliste, passionné de philosophie. Auteur de pièces de théâtre, La cruche cassée, de drames, Penthésilée, ainsi que de nouvelles comme La marquise d’O, il fut incompris de son vivant et se suicide à 34 ans après l’échec de sa dernière pièce, Le prince de Hombourg. Il est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus grands poètes romantiques allemands.

Marguerite Duras, lue par Catherine Deneuve (« Les petits chevaux de Tarquinia »)

Catherine Deneuve lit

Les petits chevaux de Tarquinia de Marguerite Duras

CD Les petits chevaux de Tarquinia.jpg1 CD – 71 mn – enregistrement réalisé en 1981

« Dans un petit village d’Italie, situé au pied d’une montagne au bord de la mer, dans la chaleur écrasante du plein été, deux couples passent des vacances comme chaque été : Gina et Ludi, Jacques, Sarah et l’enfant. D’autres amis sont là, dont Diana. Ils se baignent, se parlent, s’ennuient… Dans la montagne, au-dessus du village, un jeune homme a sauté sur une mine. Ses parents là-haut, veillent.

« Qu’est-ce qui manque à tous ces amis ? demande Diana.

 – Peut-être l’inconnu, dit Sarah. » »

Marguerite Duras

Sylvia Plath, lue par Catherine Deneuve (« Letters home »)

Catherine Deneuve lit

Letters Home de Sylvia Plath

Introduction lue par Madeleine Assas – Extraits 2 cassettes

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Catherine Deneuve lit
Letters Home
de Sylvia Plath

Coffret 2 Cassettes – 24,50 €

Américaine d’origine autrichienne, née dans le Massachusetts en 1932, Sylvia Plath mena aux États-Unis une carrière d’universitaire, parallèlement à sa vocation et à son travail d’écrivain, avant d’émigrer en Angleterre, à l’âge de 23 ans.

Elle avait à peine 18 ans lorsqu’en 1950 elle envoya la première de quelque sept cents lettres qu’elle devait écrire, principalement à sa mère – qui les a recueil-lies après sa mort.

Dès le commencement, le désir d’écrire va de pair pour elle avec la volonté de s’insérer dans l’Amérique des années 50, une Amérique où l’aspiration au bonheur se confond avec un idéal de réussite forcené.
Toute sa correspondance reflète cet écartèlement entre une vocation – écrire – et l’obsession constante, souvent douloureuse, d’atteindre à la perfection dans tous les domaines, au prix d’un travail inlassable.

D’exaltations en dépressions, de crises destructrices en élans créateurs, ces lettres éclairent les raisons qui ont poussé Sylvia Plath, peu après la parution de son roman La cloche de détresse, à se donner la mort, à Londres, dans la solitude où elle se retrouvait, séparée des siens, au cours d’un hiver difficile.

Duong Thu Huong, lue par Catherine Deneuve (« Les paradis aveugles »)

Catherine Deneuve lit

Les paradis aveugles de Duong Thu Huong – Extraits choisis par Phan Huy Duong – 1 cassette

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Duong Thu Huong
Les Paradis aveugles
Traduit du vietnamien par Phan Huy Duong
Préface de Michèle Manceaux

398 p. – 23 € – 1991

Hang, l’héroïne des Paradis aveugles, travaille en URSS, comme beaucoup de Vietnamiens. Appelée à Moscou au chevet de son oncle maternel malade, elle se souvient de son enfance et de l’histoire familiale telle qu’elle l’a vécue et telle qu’elle lui a été racontée. Un passé meurtri afflue où elle se sent exilée. Son Viêt-nam natal lui revient en mémoire, avec ses odeurs et ses images, et par dessus tout la visage de sa mère.
Le passé de Hang et de sa famille, c’est un pan de l’histoire du Viêt-nam, avec ses soubresauts et ses cruautés, avec ses trouées de lumière, ses souvenirs de douleur, en cette terre russe :

“ Dans ma mémoire surgirent des centaines de visages, ceux de mes amis, ceux des gens de ma génération. Visages rongés par le souci, délabrés, effondrés, grimaçants, poussiéreux. Visages éperdus, craintifs. Visages de la peur… La peur de ne pouvoir acheter quelques marchandises, la peur de ne pouvoir les envoyer, la peur d’apprendre qu’un vieux père, qu’une vieille mère n’avaient pas résisté à la misère en attendant ces misérables subsisdes… La peur qu’un dignitaire de l’ambassade ne… Visages du calcul. Il fallait penser à tout, (…) Penser à sa vie, aux lendemains douteux, à un avenir de brume sur l’océan… Comment pourraient-ils se confondre, dans la rue, aux visages des humains, de ceux qui jouissaient tranquillement de la paix, du bonheur, de la liberté ?… Avoir vingt ans, et sentir les rides des années sur son front, les cernes de la misère autour de ses yeux (…) Et la honte, et le mépris de soi sous le regard des autres… Une déchirure sans fin…
Un petit paradis naissait dans mon âme, sous la grande voile d’un bateau. Tout m’était alors cher, la voile rapiécée, le marchand grossier, le visage indifférent du passeur, celui, humilié, de la femme aux lourds paniers de pommes de terre. C’était ma part de ce monde, un petit coin de paradis s’attardant dans les derniers soirs de l’enfance. Le vent glacé, le clapotis de l’eau, le crépuscule mauve descendant sur l’horizon, les cadavres blanchis des éphémères flottant à la surface de l’eau… J’avais une mère… paradis unique, merveilleux de l’enfance. ”

 » La Réforme agraire, comme un ouragan, avait dévasté champs et rizières, semé la désolation. La Section de rectification des erreurs fut naturellement incapable de recoller les morceaux. Elle réussit néanmoins à dégager un peu l’atmosphère sinistre qui étouffait le village. Ce fut un concert de rires, de pleurs, de soupirs. On se racontait publiquement les malheurs, les injustices subis. On invoquait à haute voix l’âme des innocents massacrés. Dans les demeures, les lampes à huile brûlaient toute la nuit. les maisons ouvraient leurs portes, les conversations roulaient, les réunions battaient leur plein… On réclamait le châtiment des délateurs, la réhabilitation de l’honneur bafoué, le règlement des dettes de sang… « 

Les Paradis aveugles a fait partie de la dernière sélection 1991 du prix Femina étranger.

Duong Thu Huong
 » Je voulais être chanteuse, mais je suis partie au front. C’était l’endroit le plus dangereux. J’ai toujours aimé le dangereux. « 
Duong Thu Huong, née en 1947, est une combattante. A vingt ans, elle se porte volontaire pour aller, avec le groupe  » Chanter plus haut que les bombes « ,
sur le front de Binh Tri Thien, dans la province du Viêt-nam alors la plus bombardée par l’aviation américaine. En 1979, elle se trouve parmi les premiers écrivains à la frontière septentrionale, lors de l’agression chinoise.
Elle ne voulait pas devenir écrivain.
 » Cela m’est arrivé par hasard à cause de la douleur. « , dira-t-elle à Michèle Manceaux qui l’a rencontrée en 1991.
Auteur de nouvelles, romans, pièces de théâtre, poésies, mais aussi d’articles, Duong Thu Huong est actuellement l’écrivain le plus populaire du Viêt-nam. Par son courage et sa générosité, elle a ouvert la voie à la  » renaissance de la littérature vietnamienne  » qui tente de restituer au langage son humanité.
Le 14 Avril 1991, les autorités vietnamiennes l’arrêtent. En France, une pétition signée par de nombreux intellectuels français et vietnamiens demande sa libération immédiate. Duong Thu Huong sera libérée en Octobre 1991.

Rainer Maria Rilke, lu par Catherine Deneuve (« Lettres à un jeune poète »)

Catherine Deneuve lit

Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke

CD Lettres à un jeune poète.jpgIntégral – 1 CD – 75 mn – Enregistrement réalisé en 1991

A la fin de l’automne 1902, un jeune homme de vingt ans, élève de l’Ecole militaire décide d’envoyer ses essais poétiques à Rainer Maria Rilke et lui demande de les juger.

Ce qu’il attendait sans trop y croire arriva, “ le prince ” répondit, et une correspondance s’établit entre les deux hommes. Dix lettres constituent ce recueil.
A la demande que lui fait le jeune homme, Rainer Maria Rilke ne répond pas.

 » Vous me demandez si vos vers sont bons… Votre regard est tourné vers le dehors ; c’est cela qu’il ne faut plus faire. Personne ne peut vous apporter conseil ou aide, personne. Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s’il poussse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s’il vous était défendu d’écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l’heure la plus silencieuse de la nuit : « Suis-je vraiment contraint d’écrire ? » Creusez en vous-même vers la plus profonde réponse. Si cette réponse est affirmative, si vous pouvez faire front à une aussi grave question par un fort et simple « je dois », alors construisez votre vie sur cette nécessité », lui répond Rilke dans l’une des dix lettres qu’il lui adresse.

Dix lettres, dix manières d’apprendre à dire “ comme si vous étiez le premier homme ”.

Françoise Sagan, lue par Catherine Deneuve (« Bonjour tristesse ») + texte de Catherine Deneuve dans Le Nouvel Observateur (1987)

Catherine Deneuve lit Bonjour tristesse de Françoise Sagan

Prologue : Bertrand Poirot-Delpech – Texte intégral – 3 CD – Durée totale : 157′ – Enregistrement réalisé en 1986

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Françoise Sagan a dix-huit ans au printemps 1954 lorsqu’elle écrit Bonjour tristesse, qui lui vaut le prix des Critiques et fait d’elle l’enfant terrible des années 60.

Cécile, adolescente, met en oeuvre un drame qui coûtera la vie à Anne, maîtresse de son père. Quand celle-ci quitte leur maison de vacances, Cécile lui crie :
« Anne, Anne, ne partez pas, c’est une erreur, c’est ma faute, je vous expliquerai… Anne, nous avons besoin de vous ! Elle pleurait. Alors je compris brusquement que je m’étais attaquée à un être vivant et sensible, et non pas à une entité. Elle avait dû être une petite fille, un peu secrète, puis une adolescente, puis une femme. Elle avait quarante ans, elle était seule, elle aimait un homme et elle avait espéré être heureuse avec lui dix ans, vingt ans peut-être. Et moi… Le visage, ce visage, c’était mon oeuvre. J’étais pétrifiée, je tremblais de tout mon corps contre la portière. « Vous n’avez besoin de personne, murmura t-elle, ni vous, ni lui.« 

Message personnel par Catherine Deneuve (dans Le Nouvel Observateur, janvier 1987 )

Bonjour tristesse est la seconde cassette que j’ai enregistrée. La première, c’était Les Petits Chevaux de Tarquinia, que Marguerite Duras avait adapté spécialement pour une lecture à haute voix. Le côté très narratif m’avait fait penser à Antonioni, à cette lenteur inexorable des choses de la nature… J’ai eu un plaisir fou à lire Sagan. Je souriais souvent en la lisant. Sans doute parce que tout m’attendrissait, le côté Saint-Tropez, Jaguar et pieds nus, bref, les images des années 60, et des années Sagan, précisément. C’est un texte qui n’a pas vieilli, toujours aussi juste, exact, avec cette simplicité qui vous donne du plaisir. Pour moi, les deux livres – Les Petits Chevaux et Bonjour Tristesse – sont des livres cinématographiques, enfin je veux dire par là qu’ils s’approchent, dans leur ton et par leurs descriptions, davantage du cinéma que du théâtre. Mais en même temps le travail que l’on me demandait ressemblait un peu à celui qu’exige le théâtre. Et, on le sait, le théâtre est quelque chose qui me fait peur et qui m’attire. Alors ça m’enchantait, ce travail-là, c’était comme une manière d’apprivoiser le démon.

Enregistrer un texte, pour moi, c’est un exercice entre le sprint et la course de fond. Il faut se lancer. On lit d’une seule traite, comme s’il s’agissait d’une représentation. Tout doit passer par la voix. Je suis très sensible aux voix, elles évoquent des visages, ce sont des formes magiques, elles portent un message personnel. Grâce aux voix, l’intimité passe entre le lecteur et l’auditeur…

Le texte, il faut qu’il me parle à l’oreille, à l’oreille interne. Comme les mots de Sagan. Pour Bonjour Tristesse, j’ai pris des notes. Je voulais jouer plat, trouver un rythme, travailler les dialogues. Je relisais souvent des passages mais je ne les apprenais pas par coeur. Je n’avais pas le livre en mémoire, j’avais envie plutôt d’être empoignée par lui. Il y a encore une chose que je voudrais dire : lire de cette façon, ça me donne envie d’écrire. Il faut que je passe à l’acte, il le faut.

 

Le Nouvel Observateur, janvier 1987 

Catherine Deneuve : son indispensable livre de portraits aux éditions Des femmes

 Livre aux éditions Des femmes-Antoinette Fouque

Catherine Deneuve, Portraits choisis
Catherine Deneuve, portraits choisis rassemble pour l’essentiel les photos exposées au Pavillon des Arts à Paris, en novembre 1990, à l’initiative de Studio Magazine. Répondant au souhait de Catherine Deneuve, les photographes ont cédé leurs droits en faveur de l’association Arcat-Sida.
 
« Le photographe essaie de vous deviner et de prendre en vous quelque chose qu’il sent ou qui correspond à l’idée qu’il se fait de vous. C’est pourquoi il est important de s’offrir au regard des meilleurs. » C.D.

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