Un reportage de Jean-Louis Courleux à lire intégralement ici
Guilaine Depis, attachée de presse (Balustrade)
Rampe de lancement ! Appuyez-vous sur la balustrade !
NDLR : C’est dans le restaurant du roman qu’a été remis le Prix de la Page 112 le 11 mars 2015 à Sylvain Tesson pour « Berezina ».
Présentation vidéo du restaurant aujourd’hui :
http://www.restovisio.com/restaurant/roger-la-grenouille-395.htm
de Claude DELAY
par Alan ARGOUL
Claude Delay, épouse du chirurgien Tubiana, est écrivain de l’Académie française et psychanalyste ; elle a écrit diverses biographies sur Chanel, Giacometti et Marilyn, entre autres, dont j’ai rendu compte il y a quelque temps. Pour les 78 ans en 1978 du bistrotier parisien célèbre près de la Seine, Claude Delay a composé ce portrait intime, issu des souvenirs du Chef.
Roger la Grenouille est un restaurant, sis 28 rue des Grands Augustins dans le 6ème arrondissement de Paris ; Roger la Grenouille est un homme, l’âme du bistro, orphelin obsédé par la mangeaille et dont la gouaille a enchanté Paris, des sans-logis aux enfants pauvres.
Il a accueilli des artistes, des professeurs et étudiants en médecine (la fac est toute proche), des écrivains (Léon-Pol Fargue, Malraux) et peintres dans la dèche avant d’être célèbres (Derain, Picasso, Balthus), des actrices énamourées (Mistinguett, Rita Hayworth), des aviateurs pionniers (Mermoz, Saint-Ex), des officiels incognito (Bidault, Auriol, Spaak le belge, Ali Khan) et jusqu’au pape Jean XXIII (connu lorsqu’il n’était que nonce Roncalli)… « A table, il a mis ses rangs, de bourgeois du coin, de curés et de copains. Et nourris les exclus, les clochards, les enfants » p151.
Roger Spinhirny (au nom alsacien) et son jumeau Henri ont été abandonnés par leur fille-mère à l’âge de 4 ans. Il était mal vu, dans la France catholique en plein débat passionnel sur la loi de séparation de l’Église et de l’État 1905, de n’avoir pas de mari officiel. Le père ignorait ses enfants, soit il n’en savait rien, soit il était trop jeune pour s’en soucier. La « Grande » guerre (par le nombre morts, pas par la gloire…) l’a incité à les rechercher, mais bien tard ; il ne les a jamais vus, mort en 1917 par la bêtise crasse du général Nivelle. La mère, Rosalie, était chef de cuisine à l’hôtel des Réservoirs, à Versailles. Elle ne pouvait pas déroger, ce dragon femelle : hop ! en nourrice les gniards, avant l’orphelinat industriel et catholique d’Élancourt, immense bâtisse caserne où sévissaient les bonnes sœurs sous-off. Il fallait les dompter, ces fils de Satan de moins de 10 ans, les punir d’être nés hors des liens sacrés du mariage catholique, les remettre à leur place – inférieure – dans la société bien-pensante.
Roger dit Nini (son nom était imprononçable) ne s’en est jamais remis. Nini peau-de-chien (il pelait enfant à cause de la crasse), Nini patte-en-l’air, il a des surnoms de révolté. Dur à cuire, généreux avec les pauvres, obnubilé par le manger, il a eu 14 ans en 14 – trop tôt pour aller en guerre – et 40 ans en 40 – trop tard pour être mobilisé. Sa bataille aura été alimentaire, depuis trouver à manger comme commis boucher, serveur de grand hôtel, cuisinier parfois, jusqu’à donner à manger lorsqu’il crée en 1930 le restaurant Roger. Il ne l’appellera la Grenouille que lorsqu’il aura financièrement presque touché le fond, « mangé la grenouille » selon l’expression populaire.
Le quartier si chic aujourd’hui, discret et volontiers snob, des rues entre boulevard Saint-Michel et rue Dauphine, était avant guerre le repère des putes de 13-14 ans et de leurs barbeaux. Ils se battaient au couteau parfois le soir, à l’angle de la rue Christine et de la rue de Savoie. Les vieux hôtels particuliers, enserrés dans des rues étroites débouchant sur la Seine, abritaient des bordels et des garnis pour rapins ou artistes dans la dèche. Picasso a peint Guernica au bout de la rue. Ce sont les professeurs de médecine de la fac juste au-delà du boulevard Saint-Germain (dans la rue où Marat fut tué), qui vont faire la réputation de Roger, comme Jean Rostand. « C’est alors que, un jour de 1933, le professeur Vilmain, avec sa belle barbe entra. – Vous avez des grenouilles ? – Oui, Monsieur, ment effrontément Roger qui se précipite chez le marchand de poisson rue de Buci… » p.66.
Roger la Grenouille a fait de l’authentique. Que des produits frais achetés aux marchands qu’il connaissait de père en fils, dans le quartier ou aux Halles de Baltard (avant déménagement à Rungis). Il donnait les restes aux gens dans la dèche ; par fidélité, il a invité chaque jeudi les enfants orphelins ; il a aidé les résistants, caché quelques Juifs dans sa propriété de campagne durant l’Occupation. « Ce mélange typiquement français d’anarchiste et de conservateur, ne lui ont pas enlevé son côté gueule d’amour » p.121.
Depuis février 2006, Roger la Grenouille a été repris par Sébastien Layrac, gérant du restaurant Allard, cuisine traditionnelle, à 50 m rue de l’Éperon, en face du lycée Fénelon très connu pour les amours adolescentes de Gabriel Matzneff dans les années post-68. Il a gardé son décor et son authentique. Il a conservé sa carte traditionnelle française avec cuisses de grenouille, escargots, queue de bœuf et foie gras – et ses desserts normands, résidence campagnarde du vrai Roger.
Une très bonne adresse, parisienne populaire.
Claude Delay, Roger la Grenouille, 1978, Pauvert, 156 pages, €11.59
La page Facebook de Roger la Grenouille-restaurant
Le restaurant Roger la Grenouille sur :
Tripadvisor Figaroscope Télérama Parisinfo Resto à Paris Bienvenue à ma table, blog Ideal gourmet, « offrez ce restaurant » en pochette-cadeau valable 1 an
Ce livre de Claude Delay est aussi un restaurant où a été remis le 3ème Prix de la Page 112 à Sylvain Tesson mercredi 11 mars 2015
Présentation vidéo du restaurant aujourd’hui :
http://www.restovisio.com/restaurant/roger-la-grenouille-395.htm (et en photo l’écrivain Claude Delay, Philippe Tesson et l’attachée de presse de Claude Delay, Guilaine Depis)
« Je voulais trouver une place où l’on mange… Je pensais qu’à une chose, c’est de manger. » C’est Roger Spinhirni, dit Roger la Grenouille, qui parle. Sa mère qui l’abandonne, son enfance misérable, l’orphelinat d’Elancourt, il n’oubliera jamais. Sa vie entière est une faim insatiable ; il n’a de cesse de la nourrir des souvenirs qu’il collectionne dans l’antre fétichiste de son restaurant de la rue des Grands Augustins. Manger, et surtout, faire manger, c’est le coeur de sa vie. Balthus, Fargue, Vitrac, Picasso, les Joliot-Curie, Mistinguett, Malraux, et bien d’autres, tous ses habitués, ses familiers, sa famille, attablés serrés comme on fait chez lui, l’ont compris.
Aujourd’hui, à la suite des artistes, des intellectuels et des hommes politiques, les touristes du monde entier se bousculent pour connaître l’un des lieux célèbres de Paris.
Mais Roger qui ramasse encore les miettes de pain sur les tables, s’il aime les grands de ce monde, nourrit aussi, et pour rien, les carabins sans le sou, les poètes affamés, les clochards et les gosses du quartier.
Claude Delay, subtilement, le laisse parler, et comme c’est son métier, elle déchiffre ses dires avec science, sympathie et humour.
« Ce n’est pas un hasard, dit Jacques Laurent, dans sa préface, que Claude Delay, après avoir écrit un livre sur Coco Chanel, en écrit un sur Roger la Grenouille. Cette jeune femme est attirée par les mystères de Paris. »
Pour interviewer le lauréat Sylvain Tesson, ou la Présidente-fondatrice du Prix de la Page 112, Claire Debru, ne pas hésiter à me joindre si vous êtes journaliste : 06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com
Par Claude Combet, le 11.03.2015
PRIX LITTERAIRES
Berezina, le récit de voyage en side-car à travers la Russie de Sylvain Tesson (Guérin), remporte la 3e édition du prix et figure sur les meilleures ventes GFK/Livres Hebdo
Décerné désormais à un roman de la rentrée de janvier-février (pour se distinguer du prix de la page 111), nommé en hommage à Woody Allen (et à une réplique du film Hannah et ses sœurs), le prix de la page 112 récompense « un ouvrage littéraire paru en début d’hiver, dont la tension stylistique et romanesque est remarquable de la première à la dernière page ».
Le jury a donc jugé que Berezina, 11e sur la liste des meilleures ventes romans GFK/Livres Hebdo cette semaine, en a donc toutes les qualités. L’auteur deDans les forêts de Sibérie poursuit sa fascination pour la Russie et fait le récit de son voyage en side-car, de Moscou à Paris, sur les traces de Napoléon.
Sylvain Tesson a été élu par six voix, contre quatre à Juliette Kahane pour Une fille (L’Olivier). Les deux autres finalistes étaient Jean Rolin, avec Les événements (POL) et Anne Wiazemsky, avec Un an après (Gallimard).
Le jury se compose de Marcel Bénabou, Grégoire Bouillier, Christophe Bourseiller, Lidia Breda, Aymeric Caron, Claire Debru, qui l’a créé, Anne Goscinny, Brigitte Lannaud Levy, Nicolas d’Estienne d’Orves, François Tallandier, Bruno Tessarech et Guillaume Zorgbibe.
Avant de découvrir la sélection annoncée dans Livres Hebdo, une visite s’impose !
Rendez-vous sur le site officiel du Prix de la Page 112, conçu par sa Présidente fondatrice – qui est en plus une très belle réalisation graphique, drôle et esthétique à souhait, dans l’esprit du Prix de la Page 112 : http://www.prix-de-la-page-112.com
Attachée de presse (pour interviewer la Présidente Claire Debru ou les membres de son jury, ainsi que le futur lauréat) : Guilaine Depis 06 84 36 31 85 / guilaine_depis@yahoo.com
Huit titres figurent dans la sélection 2015 :
Babylone Underground, d’Eloïse Cohen de Timary (Serge Safran Editeur)
Une fille, de Juliette Kahane (L’Olivier),
L’homme qui aimait trop travailler, d’Alexandre Lacroix (Flammarion)
La lettre au capitaine Brunner, de Gabriel Matzneff (La table ronde)
Les événements, de Jean Rolin (P.O.L)
Je vous écris dans le noir, de Jean-Luc Seigle (Flammarion)
Berezina, de Sylvain Tesson (Guérin)
Un an après, d’Anne Wiazemsky (Gallimard)
« Le tout dernier né des grands prix littéraires de l’automne »
Alain Beuve-Méry, Le Monde
Sélection 2015 en cliquant ici
Édition 2015 DU
« Don’t forget the poem on page 112 : it reminded me of you…
Page 112 ! »
Créé en hommage à Woody Allen (et à une réplique d’Hannah et ses sœurs), le prix de la page 112 a « pour vocation de récompenser un ouvrage littéraire paru en début d’hiver, dont la tension stylistique et romanesque sera remarquable de la première à la dernière page”. Il sera décerné le 11 mars pour la 3e année, en partenariat avec le restaurant Roger la grenouille à Paris.
Originellement remis à l’automne, il s’est déplacé en début d’année, et porte sur des titres de la rentrée littéraire de janvier et février, pour se distinguer de son concurrent, le prix de la page 111 (pourtant créé après par Radio Nova).
Le jury se compose de Marcel Bénabou, Grégoire Bouillier, Christophe Bourseiller, Lidia Breda, Aymeric Caron, Claire Debru, Anne Goscinny, Brigitte Lannaud Levy, Nicolas d’Estienne d’Orves, François Taillandier, Bruno Tessarech et Guillaume Zorgbibe.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Prix de la Page 112
sans jamais oser le demander :
http://www.prix-de-la-page-112.com Infos : contact@prix-de-la-page-112.com
Attachée de presse : guilaine_depis@yahoo.com / 06.84.36.31.85
Notre partenaire batracien et germanopratin,
le légendaire
Un vieux bistrot des années 30 ; un décor unique en son genre, baroque et chatoyant ; une ambiance chaleureuse ; une cuisine authentique…
La famille Layrac vous attend dans ce lieu chargé d’histoire(s) pour déguster sa cuisine bistronomique ainsi que les cuisses de grenouilles , spécialité de la maison.
http://www.restovisio.com/restaurant/roger-la-grenouille-395.htm
Ce livre de Claude Delay est aussi un restaurant où a été remis le 3ème Prix de la Page 112 à Sylvain Tesson mercredi 11 mars 2015
« Je voulais trouver une place où l’on mange… Je pensais qu’à une chose, c’est de manger. » C’est Roger Spinhirni, dit Roger la Grenouille, qui parle. Sa mère qui l’abandonne, son enfance misérable, l’orphelinat d’Elancourt, il n’oubliera jamais. Sa vie entière est une faim insatiable ; il n’a de cesse de la nourrir des souvenirs qu’il collectionne dans l’antre fétichiste de son restaurant de la rue des Grands Augustins. Manger, et surtout, faire manger, c’est le coeur de sa vie. Balthus, Fargue, Vitrac, Picasso, les Joliot-Curie, Mistinguett, Malraux, et bien d’autres, tous ses habitués, ses familiers, sa famille, attablés serrés comme on fait chez lui, l’ont compris.
Aujourd’hui, à la suite des artistes, des intellectuels et des hommes politiques, les touristes du monde entier se bousculent pour connaître l’un des lieux célèbres de Paris.
Mais Roger qui ramasse encore les miettes de pain sur les tables, s’il aime les grands de ce monde, nourrit aussi, et pour rien, les carabins sans le sou, les poètes affamés, les clochards et les gosses du quartier.
Claude Delay, subtilement, le laisse parler, et comme c’est son métier, elle déchiffre ses dires avec science, sympathie et humour.
« Ce n’est pas un hasard, dit Jacques Laurent, dans sa préface, que Claude Delay, après avoir écrit un livre sur Coco Chanel, en écrit un sur Roger la Grenouille. Cette jeune femme est attirée par les mystères de Paris. »