Claudine Herrmann rend hommage aux éditions Des femmes (catalogue des trente ans)

photocherrmann.jpgLorsque, dans le cours des années soixante-dix, je suis revenue des Etats-Unis avec un manuscrit de critique féministe, chose nouvelle à cette époque, les éditeurs à qui je le montrai le refusèrent, non pas avec la lettre polie qui accompagne généralement un refus, mais avec violence et parfois des insultes. Seules les Editions Des femmes l’acceptèrent en deux jours et le publièrent aussitôt.
 
Elles publièrent aussi un grand nombre de livres écrits par des femmes ou qui parlaient de la vie des femmes, enfin, elles ouvrirent une brèche qui permit d’entrevoir le monde des femmes, ce grand domaine silencieux et ignoré. La directrice des Editions Des femmes était Antoinette Fouque.
 
Après cette première publication, nous avons décidé de rééditer un certain nombre d’ouvrages du passé qui étaient tombés dans l’oubli. Par exemple nombre d’ouvrages du passé qui étaient tombés dans l’oubli. Par exemple Corinne, le célèbre livre de Madame de Staël, épuisé depuis longtemps malgré les efforts de Simone Balayé, la savante présidente de la Société staëlienne ; il en allait de même de Delphine et des livres de Madame de Charrière dont nous avons édité Caliste, ce qui a donné à d’autres éditeurs l’idée de publier l’ensemble de son oeuvre. L’oeuvre de la duchesse de Duras qui avait été, de son temps, extrêmement connue et traduite en plusieurs langues, était épuisée depuis plus d’un siècle. Nous avons publié Ourika, qui traite non seulement de la question des femmes mais aussi du problème des Noirs. (…)
 
De Madame de La Fayette, pourtant toujours en librairie grâce à La Princesse de Clèves (dont certains critiques, ne pouvant nier la qualité littéraire, prétendaient que l’auteur était un homme), L’Histoire de Madame Henriette d’Angleterre, premier reportage jamais écrit, restait épuisé depuis des décades. Nous l’avons édité.
La Librairie Des femmes ne s’est pas contentée de reprendre d’anciens écrits, elle a tenté, avec Hélène Cixous en particulier, de chercher s’il existait un langage propre aux femmes, publié des poétesses, des romancières, des traductions de livres étrangers, enfin, proposé des cassettes de textes de femmes lues par des actrices. A part cela, elle a soutenu des femmes en difficulté et surtout imposé la notion qu’en bien des domaines, familiaux et professionnels, les femmes subissaient de considérables injustices.
C.H.

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