Texte d’Eric Jeux, fondateur de l’IFESD
Depuis quelques semaines une double polémique enfle dans les journaux et les réseaux sociaux. D’une part, elle oppose l’Université avec le système compétitif des Classes Préparatoires et des Grandes Ecoles. D’autre part, elle accuse Parcoursup d’exclure arbitrairement des élèves méritants.
Ces polémiques ne sont pas seulement mal posées, elles éloignent encore la prise de conscience des problèmes du système d’éducation supérieur français. Pourtant l’année avait bien commencé, on découvrait horrifiés que l’Université pouvait être un lieu de misère financière et de solitude. On s’émouvait des cours en présentiel dans les classes prépas non pas pour se féliciter de l’attention portée aux élèves mais pour s’indigner de la disparité de traitement.
La différence profonde entre le système universitaire et le système des Ecoles (de commerce et d’ingénieur) c’est que le premier n’est pas sélectif au départ mais perd chaque année une part significative de ses effectifs qui en sortent sans diplôme. Alors que le second opère une sélection importante sur les élèves et qu’il les conduit ensuite presque tous jusqu’au bac+5. Les Ecoles remplissent en cela leur rôle de formateur des cadres. Comment l’Université peut-elle porter la même attention que les prépas et les écoles à ses étudiants pour les réorienter vers des formations diplômantes qui leur conviennent ?
Du côté des prépas et de Parcoursup, le problème du système actuel n’est pas seulement l’exclusion de quelques élèves maltraités par l’algorithme. Il est beaucoup plus profond. En s’appuyant exclusivement sur l’excellence scolaire, l’algorithme de Parcoursup néglige des profils essentiels, par exemple ceux qui développent l’esprit d’équipe ou ceux qui s’investissent dans l’action sociale. Ce tropisme scolaire est encore renforcé dans les prépas. Au contraire, dans les entreprises on est parfaitement conscient de la variété des besoins et les profils de coéquipiers ou moralement engagés sont recherchés activement.
Les universités américaines ont depuis longtemps compris le besoin d’une pluralité de recrutement. C’est pourquoi, elles recrutent les membres des équipes de sport, et les élèves investis socialement avec autant de soin que les élèves qui ont le meilleur niveau académique.
Avec son modèle de recrutement hors Parcoursup, une école comme l’IFESD peut jouer la différence dans son processus d’admission, et identifier les élèves qui développent d’autres qualités plus humaines. A nouveau, il ne s’agit pas de s’opposer au système existant mais d’apporter des alternatives là où il est faible. Pour créer ces opportunités pour les élèves tout en les portant vers les concours d’entrées aux grandes écoles, il est nécessaire de faire aussi évoluer la pédagogie. Comme partout, c’est la technologie qui porte des innovations disruptives capables de chambouler un système éducatif bicentenaire : les Edtech.
Les technologies déployées par l’IFESD sont un énorme atout, car elles permettent une meilleure individualisation de l’enseignement, moins de perte de temps pour les élèves, moins de tension et plus d’efficacité. Comme d’autres Edtech, nous implémentons une plateforme au service d’une pédagogie afin de conduire chacun au niveau des concours. Nous sommes confiants que les autres qualités des élèves seront reconnues par les Ecoles et par leurs employeurs futurs.
Il est donc crucial de donner leur place à des Instituts indépendants qui, comme l’IFESD ont pour vocation de combler certaines lacunes du système, et parfois de montrer des voies possibles pour son évolution.