À batons rompus…
Premier roman
La Conversation, de Alexandre Arditti (*) c’est un court texte en forme de rencontre entre une jeune journaliste stagiaire et un vieux routier de la politique, réputé pour ne pas être d’un abord facile.
L’action de La Conversation se passe pour l’essentiel dans un même lieu : le luxueux décor d’un des salons de l’Hôtel Plaza Athénée, à un jet de pierres des Champs-Élysées à Paris. Un cadre où a lieu une interview inattendue : celle d’un ancien président de la République, âgé de 90 ans, Victor Esmenard, et Charlotte, 20 ans, une jeune journaliste stagiaire chargée de réaliser cette dernière interview du vieux routard de la politique de passage dans la capitale pour y recevoir son prix Nobel de la Paix… Dès le départ, Charlotte sent que l’exercice n’est pas un cadeau : « Pour une jeune journaliste sortant à peine de l’université, interviewer un prix Nobel de la paix – de surcroit un ancien président de la République – était pour nombre de mes confrères, notamment masculins, quelque peu incongru : je n’avais aucune légitimité pour le faire. » Cela dit, au cours de ce rendez-vous qui va durer un temps certain, Charlotte n’est pas au bout de ses surprises. Et le lecteur non plus…
Journaliste lui-même et éditeur de presse, Alexandre Arditti connaît bien les codes du milieu et sait bien restituer en quelques pages l’atmosphère de la rédaction d’un grand hebdomadaire à l’orée de l’été. Son portait de la patronne de Charlotte sonne plus vrai que nature : « Ma rédactrice en chef se prénommait Caroline. Grande, blonde, toujours impeccable et dotée d’un sourire désarmant, elle revendiquait fièrement une belle cinquantaine, comme il est de bon on de le faire dans les pages « beauté » des magazines féminins du groupe, édités au sixième étage de notre immeuble. »