(sculpture d’illustration : « Le cri empêché »)
La sculptrice Isabelle Béné sur le devant de la Seine
Issue d’une famille de marins et d’armateurs paimpolais, Isabelle Béné a toujours adossé son art au vent de ses souvenirs d’enfance. Et c’est la mairie du 8e arrondissement de Paris qui va servir d’écrin à sa nouvelle exposition qui ne manque pas de sel. Une expo, à dominante bleu-mer, qui embarque à son bord deux passagers très célèbres. En effet, dans le prolongement de cet espace, la sculptrice, illustre en modelages et en photos, les années fusionnelles de Camille Claudel et Auguste Rodin.
Isabelle Béné expose, au japon, en Mongolie, dans le monde entier et ses environs. Mais c’est dans son atelier de la rue Campagne Première à Paris, qu’elle arrime son art à la rive gauche de la Seine. Attirée par le dessin et la sculpture, prise par une fièvre créatrice, dès l’âge de 4 ans, elle livre ici au visiteur l’histoire d’une vie. La mise en relief, sculptée par les années, de ses certitudes et de ses incertitudes. Des sculptures ancrées aux frontières du réel et de l’imaginaire, chahutées, en leur surface, par des courants ambivalents, mais guidées par la main et le geste parfait de l’artiste.
Entre obscurité et luminosité
Posée sur une table, une scuplture or qui a osé dévoiler ses courbes lors d’une expo à Téhéran, met du Moyen-Orient dans son récit de voyage. Pour toujours et encore évoquer en spirales, dans son intériorité, le féminin de l’être si cher à Isabelle Béné.
Autre coquillage et autre message quand il en ressort, du noir des profondeurs, une tête, le regard tourné vers l’intérieur. Une figure obscure, captive de l’eau, mais qui reprend vie… quand jaillit la lumière de la main de l’artiste. Une création sous-marine surprenante qui a reçu un 1er prix du public dans un salon international de sculpture.
On s’arrêtera également : Sur des silhouettes, sur une chevelure folle sculptée par le vent du large et l’idée du sculpteur ; sur ces modelages d’une main dont les lignes se lisent au fond de la mer ; sur ces oiseaux plus vrais que nature, légers et haut perchés sur un socle qui peine à retenir leur envol.
Elle donne du relief à sa profondeur
Oui, Isabelle Béné est résolument une sculptrice du mouvement. Elle donne consciemment ou inconsciemment, même aux objets du quotidien, une dimension vibratoire qui maquille le réel. Et rend ainsi au rêve, la part qui lui revient…
Une seule, de ses nombreuses œuvres, ne sera jamais visible à Paris, La Vierge Noire, qu’elle a dédiée au monde très fermé des gitans. « Elle est fabriquée avec de la houille des mines de Silésie. Je suis allée la chercher, explique t-elle, à 1 000 mètres de profondeur dans les entrailles de la terre. Et elle est exposée dans un lieu sacré ». Une élégante manière de dire que son art est voyageur et se trouve, aussi, là où on ne l’attend pas !
Le vernissage de cette exposition aura lieu le 31 mai à 18 h 30. Elle restera visible à la mairie du 8ème jusqu’au 14 juin. Du lundi au vendredi de 12 h à 18 h (le jeudi jusqu’à 19 h). Le samedi de 9 h à 12 h.
Jean Le Hénaff