LE CRYPTO-ART EST L’AVENIR DE L’ART
- par JOHN KARP ET RÉMY PERETZ
- 23/06/2021
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Un patchwork de dessins en 3D vendu pour 69 Millions de dollars chez Christie’s:. Cette vente réalisée en mars dernier a suscité l’émoi de la communauté artistique et économique avec des réactions plutôt controversées.
Qu’est ce qui a été acheté à ce prix-là ? Un NFT. Mais d’ailleurs qu’est ce que c’est qu’un NFT ? Un Non Fungible Token (token non fongible). Derrière cet acronyme se cache une technologie née il y 4 ans, qui permet de détenir le titre de propriété unique d’un objet numérique.
Cette personne n’a donc pas acheté l’image elle-même, mais le titre de propriété. De la même manière que vous détenez un nouvel appartement en signant un titre de propriété chez le notaire.
Ces NFT permettent, pour la première fois, de créer une économie de la propriété autour d’ objets numériques que ce soit des œuvres, des cartes à collectionner ou même des objets de jeux vidéo. Le tout repose sur la technologie blockchain, la même utilisée pour les Crypto-Monnaie qui garantit que votre titre de propriété est inaltérable, impiratable et traçable.
Ce marché a littéralement explosé en 2020 rendant incrédules certains économistes et critiques d’Art. Nicolas Bourieau, par exemple, qualifie le mouvement « d’huile de vidange de disque dur ».
Il fallait s’y attendre, la nouveauté est traitée par le dédain ou le mépris. On s’attarde sur l’aspect spéculatif, sur l’esthétique qui ne vaut pas un Vermer ou un de Vinci . On cantonne le phénomène à de la simple spéculation pour des crypto-investisseurs en manque de nouveaux produits. La plupart des personnes qui critiquent le phénomène n’ont jamais vraiment regardé les œuvres des principaux artistes qui l’incarnent. Il est souvent plus facile de critiquer pour masquer son incompréhension face à un phénomène qui nous dépasse.
(Ces personnes ne comprennent pas que) la révolution en cours bouleverse le monde de l’art numérique certes, mais aussi le monde de l’art en général.
Quelques fait :
– Le NFT c’est ,aujourd’hui, des centaines de milliers d’artistes, des milliers de galeries et autant d’entrepreneurs qui sont en train d’inventer le monde de demain.
– Des millions de personnes qui n’avaient jamais acheté d’art de leur vie sont devenues des collectionneurs.
– Dès qu’un NFT est vendu entre deux collectionneurs, un pourcentage va à l’artiste. C’est la première fois que les artistes touchent automatiquement des Royalites de leurs œuvres sur le second marché.
Ces artistes ne viennent pas de nulle part, le fameux Beeple qui a vendu son œuvre Everydays, pour 69 Millions de dollars a, pendant 13 ans, diffusé une œuvre par jour sur ses réseaux sociaux. S’il a gagné beaucoup de followers sur les 13 dernières années, il n’avait pas vendu une seule de ces œuvres il y a encore 6 mois. . Il avait la notoriété, le NFT lui a permis de générer des ventes.
Cet artiste, parmi tant d’autres, peut pour la première fois faire ce à quoi aspirent n’importe quel créatif : vivre de son art.
Ce nouveau modèle de rémunération et cette démocratisation massive de l’art fait entrer le monde dans une nouvelle ère. Grâce au numérique, il n’a jamais eu autant de collectionneurs dans l’histoire de l’humanité. Et ce n’est que le début.
Les maisons d’enchères centenaires comme Christie’s, Sotheby’s ou Philipps ne s’y trompent pas. Elles en sont déjà à leur 7èmevente de Crypto-Art depuis le début de l’année en mettant en lumière des artistes comme CryptoPunks, Beeple, Pak, Mad Dog Jones, Fewocious, Hackato ou encore Trevor Jones.
Ces maisons considèrent avec raison que ces noms sont les futurs Monet, Warhol ou Banksy. Ces artistes sont en train d’écrire les pages d’un nouveau mouvement qui attend sa reconnaissance depuis plus d’une décennie.
Évidemment, ces maisons d’enchères le font aussi pour l’aspect financier des ventes records générées grâce à ces artistes mais la spéculation n’a-t-elle pas toujours fait partie du monde de l’Art ? Si on devait balayer d’un revers de main tout ce qui est spéculatif, on devrait s’abstenir de s’intéresser à l’Art, l’immobilier ou à Internet. Même les chemins de fer au XIXème siècle ont connu des spéculations folles qui rendaient les observateurs de l’époque incrédules.
La spéculation signifie simplement que beaucoup de personnes voient dans ce mouvement une tendance de fond dont on voit à peine les prémices. Elles anticipent le fait que les pièces de maîtres achetées aujourd’hui seront des pièces historiques dans 30 ou 50 ans.
Que l’établishement artistique français méprise ce mouvement par réflexe pavlovien ,est tout à fait naturel. Aucun mouvement artiste naissant n’a eu la reconnaissance immédiate de ses contemporains, de l’impressionnisme au street-art. Il faut souvent attendre une génération pour que les musées, les revues et les galeries comprennent le nouveau medium. Mais cela ne signifie pas qu’il faut s’y désintéresser, tout au contraire…