La poésie de Hadlen Djenidi envoûte la Bretagne ! Lisez « Et Cetera »

D’où vient cette impression tenace que la poésie serait d’un autre âge ? C’est précisément tout l’inverse. En cette époque nihiliste, jamais n’en avons-nous eu autant besoin, et jamais ne fut-elle tant d’actualité. Pour preuve, la prose et les vers de Hadlen Djenidi.

La poésie revient à étendre l’expérience esthétique individuelle à l’échelle de tout un chacun. En dépit de la variété des gens auxquels elle s’adresse, observe Dante, la puissance cachée de la poésie réside dans la conviction intime qu’elle fut inventée pour parler d’amour – per dire d’amore. Hadlen Djenidi parle effectivement d’amour. Mais pas seulement. Il est aussi question d’un voyage, celui qu’il propose au lecteur, de son Prologue à l’Oblation finale. Et Cetera…

Le droit du bonheur

Une société courtoise et élégante ne peut être dissociée de la constitution des formes poétiques, à tel point que ces dernières revêtent un caractère spécifiquement littéraire pour chaque époque. Dit comme cela, c’est un peu déclamatoire, certes ; mais il suffit de lire deux ou trois alexandrins et quelques haïku pour y voir l’esprit de la poésie se révéler d’une conception si large et si généreuse qu’aucun lecteur de bonne foi ne peut nier certaines évidences, en particulier celle qu’existe différents types de poésie, au point qu’à la fin du XIXe siècle, elle devient l’excellence de l’absolu littéraire.

Nul davantage que les poètes n’ont plus simplement et plus radicalement posé la question primordiale de l’écriture, c’est-à-dire de la nature, mais aussi de la raison d’un comportement de ce qui est d’abord une façon d’être au monde, en soi une philosophie. C’est en cela que les textes de Hadlen Djenidi enchantent, car ils répondent à la question de savoir ce qu’est un poète autrement qu’en jouant à cache-cache avec les images. Il est ici question d’un art de l’expression visant à suggérer une harmonie du langage par rythmes ; à travers l’ensemble de ses textes, se dessine une histoire qui s’épanouit comme un langage autonome et se dégage lentement de l’écriture proprement littéraire, pour aboutir à l’éclosion d’un indéniable plaisir au fur et à mesure de la lecture. Le poème a soudain tous les droits. A commencer par celui du bonheur.

Réconciliation avec l’envie

Le poète n’a que sa plume – ou/et sa parole – pour éclairer le monde ; il éclaire aussi par analogie le passage de soi à autrui en transmettant le mystère des choses. Le devoir du lecteur est de lire et relire afin de s’imprégner des correspondances symboliques destinées à son imaginaire. C’est précisément ce que réussit Hadlen Djenini, maintenant l’équilibre entre ses vers et autrui (le lecteur). Sa poésie donne à l’espoir un avenir – ou l’inverse : un avenir à l’espoir – telle une petite lueur dont on se rapproche en lisière des forêts. Une question essentielle perdure toutefois. Que se cache-t-il véritablement sous les mots dans une époque d’enfouissement nihiliste et de récession idéologique ? Quelles qualités ? … Quelles vérités ?… Quelle densité révèlent-t-ils ?…

« Jongleur de mots, prêcheur de faux ;
Tu m’as vendu ton bonheur,
Sur une rue comblée de monde.
Tu m’as souri tu es un voleur,
j’ai guetté ton regard qui gronde. »

Nul ne saura jamais vers quel voyage intérieur mène la poésie, car les multiples trajectoires qui y conduisent sont indépendantes à chacun de nous. Seul le poète s’approche en parcourant les abords du chemin. C’est ce que propose Hadlen Djenini : ses observations introduisent à une délicate compréhension du monde, des passions et des désirs qui ondulent sous la surface. En poèmes ou en prose, ses textes sont une invitations. « Tournons en rond comme des ricochets d’étoiles filantes et buvons la nuit ! » Ou encore ceci : « Quelques marmottes et de curieux écureuil veillent sur la dernière heure du vent léger […] » Manière de se réconcilier avec la vie. Mieux, avec l’envie.

Dernier mot et ultime confidence… La poésie est un savoureux mélange de culture et de ressentis grâce auxquels les poètes s’efforcent d’exprimer leur âme. Le travail de chacun d’entre eux est proche d’un nouvel Adam. Avec lui le monde recommence une nouvelle fois, telle l’aurore sans cesse renouvelée au bénéfice de l’heureuse surprise qui exalte joies et sentiments en des vers rappelant certaines mélodies. Ce sont ces effusions subjectives et leurs interprétations universelles qui en font de séduisantes illuminations. « Ma naissance est une parjure sur cette terre sans augure /Forcément j’étais/Passablement je suis/Heureusement je deviendrai tout ce que j’ai rêvé d’être/Un être d’ailleurs, un Vénusien voyageur. » Et Cetera…

Jérôme ENEZ-VRIAD
© Février 2025 –Esperluette Publishing & Bretagne Actuelle

Et Cetera, poèmes et proses de Hadlen Djenini – Write Éditions

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