Par Yves-Alexandre Julien – Journaliste Culturel
Francis Coulon, ancien directeur financier dans des entités prestigieuses telles que DANONE et LVMH, et auteur du révélateur “Sortir de la société en crise” paru chez VA Éditions, décortique en 5 parties et 21 chapitres avec finesse entre autres les mécanismes qui régissent l’économie dans le prisme de l’utilitarisme au service de l’intérêt collectif.
Des cas concrets, des films à titre d’exemple, une bibliographie d’Aristote à Thomas Piketty construisent la réflexion de Francis Coulon alliant l’utile à l’agréable comme si d’ailleurs, on pouvait résumer l’utilitarisme ainsi.
L’auteur crée un fil d’Ariane entre la microéconomie du panier quotidien et la macroéconomie des politiques publiques, proposant une harmonie envisageable développée dans les principes de l’utilitarisme et de la libre concurrence.
I. La mise en pratique de l’utilitarisme dans la sphère publique
La démarche utilitariste d’une manière générale Francis Coulon l’aborde tout au long de son remarquable ouvrage « sortir de la société en crise. » Il y explique avec précision comment elle se distingue par sa simplicité et son souci d’efficience. En évaluant les avantages et les inconvénients d’une décision pour l’ensemble des parties concernées, elle cherche à maximiser l’utilisation optimale des ressources disponibles. Cette approche, pertinente pour la sphère publique où les budgets sont limités, nécessite une évaluation rigoureuse des politiques publiques, à la fois en amont et en aval. En respectant les critères d’efficacité, de justice et de liberté, les gouvernements peuvent mieux répondre aux attentes des citoyens et conduire des réformes plus équitables et efficaces.
Dans un monde en perpétuelle mutation, la recherche de solutions pragmatiques devient impérative. La philosophie utilitariste, souvent méconnue en France, offre une perspective intéressante. Fondée sur le principe d’utilité, elle privilégie le plus grand bonheur pour le plus grand nombre, adoptant ainsi une éthique de responsabilité plutôt qu’une éthique de conviction.Coulon questionne la mesure du bonheur en faisant référence à Emmanuel Kant « Pour répondre à cette question, il faudrait déjà être capable de définir le bonheur ; or, c’est une notion subjective. Emmanuel Kant déclara dans Fondements de la métaphysique des mœurs : « Malgré le désir qu’à tout homme d’arriver à être heureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement, il désire et il veut » -(P.77).
Cette approche, dénuée d’idéologie et basée sur l’examen des conséquences des actions, pourrait offrir des réponses concrètes aux défis individuels et collectifs auxquels nous sommes confrontés.
Cette étude, centrée sur les conséquences des actions plutôt que sur des convictions préétablies, peut être illustrée par les travaux de Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Francis Coulon s’y réfère grandement dans son livre.
Dans son ouvrage “Introduction aux principes de la morale et de la législation”, Bentham développe l’idée que les actions doivent être jugées selon leur capacité à accroître le bonheur global. Mill, quant à lui, dans “L’utilitarisme”, explore comment les actions devraient être guidées par le principe du plus grand bonheur.
« Bentham et Mill m’apparaissent comme modernes, ouverts et profondément humanistes. Ils vont contribuer au progrès de leur pays, en favoriser la libéralisation et faire reconnaître les droits de nombreuses minorités… » (P.39)
John Stuart Mill, dans son ouvrage “Utilitarianism”, soutient que “l’action est bonne si elle tend à promouvoir le bonheur”. Cette idée centrale de l’utilitarisme trouve écho aussi dans la pensée de Jeremy Bentham, qui affirme dans “An Introduction to the Principles of Morals and Legislation” que “le plus grand bonheur du plus grand nombre est le fondement de la morale et de la législation”. Ainsi, en mettant en pratique l’utilitarisme dans la sphère publique, il convient de considérer les conséquences de nos actions sur le bien-être général. Comme le souligne Peter Singer dans “Practical Ethics”, “nous avons une obligation morale de maximiser le bien-être des autres”. Cette approche éthique invite les décideurs politiques à prendre des décisions qui maximisent l’utilité collective et à promouvoir le bien-être de tous les membres de la société, tout en tenant compte des droits et des intérêts de chacun, comme le suggère aussi Amartya Sen dans “The Idea of Justice”. Ainsi, en intégrant ces principes utilitaristes dans les politiques publiques comme Francis Coulon le développe lui aussi en miroir de ces spécialistes et d’une manière étayée et convaincante dans son ouvrage « sortir de la société en crise » il est alors possible de viser un plus grand bonheur et une meilleure qualité de vie pour l’ensemble de la communauté.
Dans son ouvrage, Francis Coulon explore effectivement en profondeur les fondements et les implications de la philosophie utilitariste dans un panorama chronologique et historique bornant ses limites et celles de l’empirisme pour arriver à définir l’utilitarisme comme une philosophie moderne avec la question de la rationalité économique jusqu’à penser le libéralisme conduire à la démocratie.
Coulon met en lumière la vision de Bentham selon laquelle “le bonheur est la finalité de la morale et de la législation”. En établissant un lien avec la mise en pratique de l’utilitarisme dans la sphère publique, on peut considérer les analyses de Coulon comme un guide pour comprendre comment les principes utilitaristes peuvent être appliqués dans les politiques publiques. Francis Coulon met en avant la nécessité de mesurer les conséquences de nos actions en termes de bonheur collectif, tout en reconnaissant les défis et les critiques auxquels l’utilitarisme est confronté. Ainsi, son travail offre un éclairage précieux pour explorer les implications pratiques de cette philosophie dans la prise de décision politique et sociale avec un regard particulier sur la France avec des objectifs prioritaires de réduction des dépenses publiques et de revalorisation du travail et de l’entrepreneuriat entre autre (P. 213) et les thèmes d’actualité comme l’intelligence artificielle ( P.129) pour ne citer que ces sujets cruciaux du quotidien.