Le thème de l’Astrée développée par Laurence Zordan (Rohmer n’a fait que copier ! par télépathie )
La preuve dans le texte :(…) « Dans un murmure de tuyauterie et de chasse d’eau, je refusais d’ouvrir à mon oncle. J’avais tracé un cercle mental autour de moi. Aucun homme ne pourrait le franchir, y pénétré sans avoir prononcé les paroles d’un serment fatal. J’aurais été bien en peine de dire lesquelles. J’avais simplement soif d’irréparable, d’irrémédiable, d’irréversible. Une volonté qui exalte le néant pour affirmer la présence de l’amour.
« Puisqu’il faut arracher la profonde racine
Qu’amour en nous voyant nous planta dans le coeur
Puisqu’il faut que le temps, qui vit son origine,
Triomphe de sa fin, et s’en nomme vainqueur,
Faisons un beau dessein, et, sans vivre en langueur,
Otons-en tout d’un coup et la fleur et l’épine
Et prenons de nous-mêmes un congé volontaire.
Nous le vaincrons ainsi, cet amour indompté,
Et ferons sagement de notre volonté
Ce que le temps enfin nous forcerait de faire »
J’ai retrouvé aujourd’hui, recopiés de ma main, ces extraits d’un sonnet de l’Astrée d’Honoré d’Urfé. Une manière volontariste de traiter les sentiments, une manière de nier le temps qui passe, une manière de détruire avec panache ce que le temps défait. Entre la jeune fille d’autrefois, au bord de l’abîme, dans de misérables toilettes, et la femme que je suis, quel est le lien nouant aujourd’hui ma gorge, à la pensée de l’homme oublieux qui, peut-être, ne m’embrassera jamais plus ? Il y a si longtemps, je me préparais à ne plus revoir mon oncle adorable. Comment pourrais-je maintenant prétendre qu’un inconnu ait envie de me revoir, alors que son regard est distrait par la planète entière ? (…)
Pour ceux qui, comme moi avant de faire ce communiqué, ignorent ce qu’est l’Astrée :
« Les amours d’Astrée et de Céladon » d’Eric Rohmer, sortie en salles le 5 septembre dernier : Dans une forêt merveilleuse, au temps des druides, le berger Céladon et la bergère Astrée s’aiment d’amour pur. Trompée par un prétendant, Astrée congédie Céladon qui, de désespoir, se jette dans une rivière. Elle le croit mort, mais il est secrètement sauvé par des nymphes. Fidèle à sa promesse de ne pas réapparaître aux yeux de sa belle, Céladon devra surmonter les épreuves pour briser la malédiction. Fou d’amour et de désespoir, convoité par les nymphes, entouré de rivaux, contraint de se déguiser en femme pour côtoyer celle qu’il aime, saura-t-il se faire reconnaître sans briser son serment ? Il aura fallu attendre Eric Rohmer pour découvrir au cinéma la plus folle histoire d’amour de la littérature baroque, « L’Astrée » d’Honoré d’Urfé. D’après L’Astrée d’Honoré d’Urfé