Quiconque fait le pèlerinage à Bayreuth part en quête de lui-même.
Le joli roman de Domitille Marbeau Funck-Brentano nous emmène dans le sillage d’une jeune femme qui part accomplir son rêve de toujours, assister aux représentations de la Tétralogie de Wagner, L’anneau du Nibelung, à Bayreuth, temple du culte wagnérien. Ce qui pourrait n’être qu’un récit qui nous conte les représentations des 4 opéras et le séjour à Bayreuth devient vite une quête où la jeune femme –l’auteur à l’évidence puisque ce roman est très inspiré de son propre voyage- entre en elle-même et fait le point sur sa vie. Bayreuth devient alors le lieu d’une belle histoire d’amour. Notre « héroïne » rencontre cet « écrivain de talent » dont le charme, écrit-elle, ne l’a jamais vraiment touché. Pourtant, est-ce la magie du lieu, est-ce la musique transcendante du Ring, le charme opère et Bayreuth devient l’écrin d’une passion simple et tourmentée. Une passion où l’interrogation, le doute, l’hésitation se mêlent pour aboutir à l’ultime folie : La voilà « déstabilisée », « troublée » en proie à une exaltation toute wagnérienne qui pousse les sentiments à l’extrême. Et si cette passion à la fois simple et absolue se tend vers l’infini, se doit-elle de finir comme celle des amants dans les opéras de Wagner ? Ce roman est écrit comme une partition musicale et on est happé par cette histoire que viennent rythmer les quatre opéras du Ring. Qui plus est il s’agit du Ring historique Boulez-Chéreau et ses trois-quarts d’heures d’ovation debout pour la Walkyrie. C’est pourtant le philtre d’amour de Tristan qui opère dans cette Défense d’aimer, titre donné en hommage au deuxième opéra de Wagner. Défense d’aimer peut-être mais avec quelle passion ! Lisez ce beau livre dans lequel les wagnériens habitués de Bayreuth se reconnaîtront mais où le profane saura succomber à cette belle histoire musicale et amoureuse !
La Défense d’aimer, Domitille Marbeau Funck-Brentano, préface de Jean-Claude Casadesus, éditions L’Harmattan, collection Amarante, 2019.