Un roman wagnérien de Domitille Marbeau Funck-Brentano
Il nous sera permis d’aimer le roman de Domitille Marbeau Funck-Brentano, pour son allant, la limpidité de son style qui laisse frémir les êtres et les choses, la proximité, que l’on devine, avec l’histoire qui nous contée et l’aura de bonheur des instants qu’elle évoque.
Si le critique ne doit se défendre d’aimer, il convient toutefois qu’il s’interdise de résumer le récit, d’en réduire le propos à l’anecdote. Il ne trahira pas en disant que l’ensemble se tient sous une égide wagnérienne, que nous sommes à Bayreuth et que la vie rêvée de l’art s’entrelace à la vie de la narratrice. Cette façon d’être au monde, à la fois ici et ailleurs, dans la réalité et dans le mythe, n’est pas, de loin, la plus mauvaise façon de vivre et d’écrire un roman.
« Nous avons », écrivait Nietzsche, – qui fut tour à tour le plus fervent admirateur et le plus sévère contempteur de Wagner, – « l’art pour ne pas mourir de la vérité ». Ce roman wagnérien illustre le moment où la voix du cœur vient à la rencontre de ce que nous recevons de l’art, pour s’y mêler, pour en faire un seul mystère amoureux.
Par devers tant de commentaires savants et de réinterprétations scéniques parfois controuvées, il est un message de la Tétralogie qui nous parvient sans faillir: nous sommes, et l’écriture au présent du roman nous rend à cette évidence, et quoiqu’il nous advienne, conduit à devoir choisir, ici et maintenant, entre le pouvoir et l’amour.
Luc-Olivier d’Algange
Domitille Marbeau Funck-Brentano, La Défense d’aimer, L’Harmattan 2019