Texte recopié du catalogue des trente ans des Editions Des femmes :
Catherine Weinzaepflen
Devant ma fenêtre, les petits cyclamens blancs (jardinière longitudinale) ont été comme revigorés par la neige tombée la nuit dernière. Ciel bleu sur Paris. Le blanc, très blanc, des pétales oblongs s’allie au vert sombre, très sombre, des feuilles. Fragilité et force tout à la fois. Il a dû y avoir des cyclamens en hiver dans la Librairie de la rue des Saints-Pères. Il y avait toujours des fleurs dans cette librairie verte. Façade verte, étagères vertes, fauteuils de rotin verts. Un jardin. Ce lieu en aboutissement d’un travail intense : certaines femmes écrivaient, d’autres fabriquaient les livres, d’autres lisaient. Et toutes faisaient tout. La Librairie Des femmes, un lieu de silence et de rencontre. Avec fleurs. Un lieu protégé pour nous qui avions ensemble le désir de nous sauver.
Je ne mesurais pas alors à quel point mes livres étaient à l’abri de la violence du monde. A l’abri des diktats commerciaux. Cette différence… oui, cela surtout : le droit à la différence. La librairie était un lieu de désir. De vie. Il en reste les livres (on peut toujours les commander, et cela encore est différent : pas de pilon – autodafé communément pratiqué.)
Le travail des Editions Des femmes perdure à travers les livres. Pour ce qui me concerne, ceux que j’ai eu la chance d’inscrire dans ce lieu constituent les fondations de ceux qui ont suivi.
C.W.