Pour échapper au confinement, par Eric Jeux
Atteint par le Coronavirus la veille, ce début de confinement m’a paru bien naturel. Heureusement pour moi, les symptômes que je ressentais étaient légers : petite fièvre, grattements de gorge, maux de tête et courbatures. Ils étaient de l’ordre d’un gros rhume. Sans doute en temps normal, j’aurais poursuivi ma vie habituelle. Cette fois-ci, il s’agissait d’éviter tout contact afin de ne pas transmettre davantage la maladie à des gens plus fragiles ou moins chanceux que moi. Je restai donc cloitré en attendant que le mal passe, incapable d’une activité intellectuelle et créative, et livré à mes seuls démons intérieurs. Au bout de quatre jours, les symptômes de la maladie disparaissant, je retrouvai ma sérénité et mon imagination. Je pouvais donc à nouveau m’intéresser au sort de mes chersInfralents, les héros de ma saga de science-fiction.
Mes personnages vivent dans un monde virtuel où ils ont la capacité de façonner la réalité en fonction de leurs souhaits. Cela pose la question de l’imagination puisque pour pouvoir créer un objet, un lieu, voire un animal, il faut d’abord l’imaginer, c’est-à-dire en construire l’image et toutes les caractéristiques à l’intérieur de son cerveau. J’ai pu me rendre compte lors de mes nombreuses visites dans les collèges et les lycées, que ce travail d’imagination n’est pas du tout évident pour la plupart des gens et mêmes des ados. Il s’agit pourtant d’une capacité toute naturelle puisque le monde dans lequel nous vivons n’est pas seulement le monde extérieur tel qu’il nous est donné, mais surtout le monde tel que nous nous le représentons. A chaque instant, notre cerveau crée à partir de nos sens, une représentation complète du monde extérieur et c’est dans cette représentation personnelle que nous vivons.
Il est donc tout à fait possible et même naturel d’utiliser nos capacités cérébrales pour créer des représentations de réalités alternatives pour nous y échapper : « Je m’imagine dans une verte prairie vallonnée, l’herbe odorante effleure mes pieds nus, je marche au gré d’une pente douce par les méandres herbeux jusqu’à la mer qui se dévoile d’un coup. J’aspire à grand coup, l’air frais et iodé se mêle aux effluves tièdes de fleurs et de foins… »
Personnellement, je suis attiré par les grands espaces, tel se retrouvera plutôt dans un stade bondé, tel autre sur une piste de danse survoltée. Ce qui compte, c’est d’ouvrir les portes de ses mondes virtuels et de les sonder, les nourrir, afin d’aider notre esprit à combattre l’enfermement : le rétrécissement. Nous pouvons nous appuyer sur des paysages connus, sur des souvenirs ou des photos dès lors qu’ils sont le tremplin, le point d’appui pour le grand saut dans notre imaginaire. Nous ne sommes pas condamnés à l’angoisse et la déprime, contre lesquelles les petits écrans ne nous permettront pas seuls de lutter. Il nous faut aller puiser à d’autres sources, telles la lecture, pour retrouver les trésors oubliés de nos mondes intérieurs. N’hésitons pas à les explorer, à nous y promener. Ils nous aideront mieux que tout divertissement à respirer et à nous libérer le temps de ce confinement.
Eric Jeux
Le temps des Infralents chez PGDR
Tome 1 : L’envol de Lena, Tome 2 : Les chimères de Karl.