Taslima Nasreen appelle à l’aide, relayée par l’Alliance des femmes
Une pétition émanant d’alliance des femmes en solidarité avec Taslima Nasreen est actuellement en ligne sur internet, suite à un appel à l’aide de l’écrivain du bengladesh lui-même. Taslima Nasreen a été menacée de mort par une fatwa suite à son premier roman, Lajja (La honte), dans lequel elle prenait position pour les femmes battues dans l’islam, mais aussi pour les minorités non islamiques, ici les hindouistes, dans les pays musulmans, tels que le sien.
Pour échapper aux extrémistes, en 1994, elle a dû fuir son pays, pour habiter successivement Berlin, Stockholm, et New York, puis Calcutta où elle essaye d’obtenir la nationalité indienne, en vain. Agressée par un groupement politique musulman à Hiderabad en août dernier, alors qu’elle présentait la traduction d’un de ces livres, elle fait aussi l’objet d’une mise à prix, de plus de 11 000 dollars, pour sa décapitation, ordonné toujours par des islamistes indiens. Si aujourd’hui Taslima Nasreen appelle à l’aide c’est qu’elle risque l’expulsion, ou… la mort, selon elle. La justice indiennre la poursuit par ailleurs pour avoir semé « La discorde, la haine, et la malveillance entre les groupes religieux », et elle risque jusqu’à trois ans de réclusion.
Dans un entretien donné à Amnestie sans frontière le 8 mars 2003, elle expliquait la dure situation des femmes dans son pays, « elles n’ont aucun droit élémentaire » dit-elle, « elles ne vivent pas comme des êtres humains », avant de décrire les phénomènes trop fréquents de viols, dont les auteurs ne sont presque jamais inculpés. Au-dessus du texte de la pétition, ces paroles de Taslima Nasreen : « Les temps sont mauvais. Je ne sais pas ce qui m’attend. Ou bien les extrémistes vont me tuer, ou bien le gouvernement indien va m’expulser. (…) Où aller ? Les fondamentalistes ont le bras long. Je ne suis pas ici pour combattre l’islam. Je ne fais qu’écrire pour les droits et la liberté des femmes (…) Mais cela fait maintenant seize ans que les extrémistes essaient de me tuer (…) Si je survis, je viendrai peut-être en Europe en Octobre » écrit-elle à Antoinette Fouque. Il est possible d’imaginer que cela pourrait lui arriver n’importe quand.
Taslima Nasreen est en grand danger aujourd’hui, comme le fut Salmann Rushdie. Dans un article d’opinion, le journaliste Didier Jacob évoque sa rencontre avec Taslima Nasreen, son amour pour Victor Hugo, et le parallèle entre les deux romanciers.