L’écrivaine Taslima Nasreen en danger imminent
Solidarité avec Taslima Nasreen
La vie de Taslima Nasreen, écrivain et grande figure du combat pour les droits des femmes, la démocratie et la liberté d’expression, est aujourd’hui gravement menacée en Inde, où elle s’est réfugiée après un exil forcé du Bangladesh en 1994, à la suite d’une fatwa des intégristes musulmans la condamnant à mort.
Il y a quelques semaines, dans le sud de l’Inde, une centaine d’intégristes l’ont agressée et blessée lors de la signature de l’un de ses livres, tandis qu’un parti islamiste appartenant à la coalition gouvernementale mettait sa tête à prix pour 500 000 roupies tout en déposant plainte contre elle et en demandant son expulsion du pays.
« Les temps sont mauvais. Je ne sais pas ce qui m’attend. Ou bien les extrémistes vont me tuer, ou bien le gouvernement indien va m’expulser. (…) Où aller . Les fondamentalistes ont le bras long. Je ne suis pas ici pour combattre l’islam. Je ne fais qu’écrire pour les droits et la liberté des femmes (…). Mais cela fait maintenant seize ans que les extrémistes essaient de me tuer. (…) Si je survis, je viendrai peut-être en Europe en Octobre », écrit-elle à Antoinette Fouque.
L’Inde est, dit-on, la plus grande démocratie du monde. Pour la première fois de son histoire, elle est présidée par une femme, depuis juillet 2007.
Or depuis qu’elle y réside, Taslima Nasreen n’y jouit pas de ses pleins droits : la citoyenneté qu’elle a demandée au gouvernement du Bengale lui a été refusée.
Ce même Etat a interdit, en novembre 2003, la vente de son autobiographie. Il a fallu une décision de la Haute Cour, en septembre 2004, pour que l’interdiction soit levée.
Aujourd’hui, elle risque l’expulsion, voire l’emprisonnement, et ceux qui l’agressent et la menacent ne sont pas sérieusement poursuivis.
Taslima Nasreen doit pouvoir vivre, écrire, être lue, en Inde, et dans le monde, en toute hospitalité et en toute sécurité.
A Paris, en novembre dernier, au Colloque « Femmes en mouvements hier et aujourd’hui pour demain », elle disait, évoquant les souffrances de l’exil : « Mais j’ai une maison, c’est l’amour que je reçois des femmes, de toutes les femmes de par le monde ».
Par la mobilisation militante, médiatique et diplomatique, nous avons réussi à la sauver en 1994. Nous devons le faire aujourd’hui encore.
Il y va de sa vie, de la liberté des femmes et de la liberté d’expression dans le monde.