« la tradition du roman policier tel que les aiment les lecteurs d’ Agatha Christie et de S.A Steeman »

LE LIVRE DU JOUR : TANTUM ERGO

  Eddy Baccardi a choisi une profession originale et inédite : être à l’écoute de personnes en instance de divorce ou déjà officiellement séparés pour lesquelles cette situation est difficile à vivre.
 Malheureusement, plusieurs de ses « consultantes » vont être retrouvées assassinées de façon atroce puisqu’elles sont découpées. Autre point commun entre les victimes : trois petits ronds de cendre et une formule latine extraite de l’ hymne des vêpres Pange lingua : TANTUM ERGO.
 Eddy va se retrouver associé à cette enquête par celui qui en est chargé, le Commandant Crevette (dont le prénom n’est par Omar).
 Un point commun entre ces femmes va être trouvé. Il s’agit d’un monastère dans lequel toutes ont été pensionnaires à la même époque. Mais pourquoi ces meurtres ? Les deux enquêteurs vont avoir fort à faire pour résoudre l’énigme.
 Première enquête mettant en scène Crevette et Baccardi, TANTUM ERGO se rattache à la tradition du roman policier tel que les aiment les lecteurs d’ Agatha Christie et de S.A Steeman. Les détectives amateurs apprécieront ce mystère.
 TANTUM ERGO de Maurice Daccord L’ Haramttan 218 pages 21,50 €
 Retrouvez À L’ ÉCOUTE DES LIVRES chaque mercredi à 18h30 sur Radio Massabielle (97.8 Mhz et 101.8 Mhz)

Maya Nahum reçoit Pablo Daniel Magee sur Radio J dans « L’Etoile et le Jasmin »

L’étoile et le jasmin

L’Etoile et le Jasmin est une émission littéraire crée par André Nahum qui, depuis 25 ans donne, en liberté, la parole aux écrivains et à tous les artistes qui posent un regard sur le monde à travers leurs œuvres.

Maya Nahum reçoit Pablo Daniel Magee

Maya Nahum, diplômée d’histoire et de lettres. Auteure, chroniqueuse et scénariste elle a travaillé pour plusieurs médias ( Libé, radio France , a présent Causeur). Elle a enseigné l’écriture pendant 15 ans.
Elle présente un jeudi sur deux à 10h35, l’émission « L’étoile et le jasmin » au micro de Lise Gutmann.

Grand entretien d’Emmanuel de Landtsheer par Dan Burcea pour LETTRES CAPITALES

Interview. Emmanuel de Landtsheer: «On peut tout transformer dans la vie, encore plus lorsque l’on est enfant»

« Le Petit Roi » d’Emmanuel de Landtsheer est un roman surprenant à la fois par le profil particulier de son personnage principal, Jami, un garçon à part, et par son univers narratif retraçant l’expérience intérieure de celui-ci sur un chemin initiatique bien à part. Rien de sensationnel, répondra-t-on, lorsque l’on parle d’une œuvre fictionnelle où la première des libertés est celle de répéter avec Jami « j’ai trouvé que la représentation des choses était plus belle que leur réalité ». Que sa cache-t-il derrière ce refus Jami de se lancer à bras ouverts vers le monde extérieur et quel est le sens profond de cette allégorie de l’expérience de la parole que nous propose ici l’histoire ô combien étonnante de ce Petit Roi ?

Quelle idée magnifique de placer votre voix narrative à la hauteur d’un enfant de 5 ans, de bousculer son quotidien résumé « aux fonctions premières » (comme il dit), et de sonder sa fragilité ! Comment est né ce roman que vous qualifiez d’« aventure » dans laquelle vous souhaitez embarquer également des amis de votre enfance, et qui, selon vos propres confidences, est resté longtemps dans un carton avant d’être publié ?

L’écriture m’a toujours accompagnée, comme une amie discrète et fidèle, qui ne demandait jamais son dû, ni que je m’occupe d’elle et lui glisse à l’oreille tous ces mots que j’avais envie d’écrire.

Je l’ai délaissée souvent, regardée de loin, comme un horizon que je ne pouvais atteindre. Et puis, un jour, il y a presque 20 ans, mon père est mort dans mes bras. Expérience cruelle, mais qui grandit l’enfant qui est en vous pour en faire un adulte éclos en quelques secondes, et prêt maintenant à tout affronter. Ce que je fis.

J’ai donc commencé à écrire, sans trop réellement savoir où j’allais, une sorte de besoin inconscient qui au fil de l’écriture devient une envie de plus en plus forte. Une envie qui vous entraîne vers des paysages que vous n’attendiez pas, vous fait découvrir virage après virage des routes magnifiques où votre plaisir, pour ne pas dire bonheur, vous nourrit chaque jour de découvertes nouvelles et délicieuses.

J’ai écrit ce roman en quelques mois, en partageant chaque page écrite avec un fidèle ami, plus âgé, jeune retraité, dont je sais que mes pages chaque jour envoyées lui apportaient du bonheur.

Et puis mes deux amis d’enfance, JO Martin, journaliste, ami fidèle depuis mes 15 ans, qui ne l’avait pas lu, et qui était le seul à pouvoir écrire une préface aussi magnifique, et mon amie Almarine, artiste peintre, dont je savais que la sensibilité était proche de celle de mon personnage et qui a dessiné cette magnifique couverture.

Si ce roman est resté 18 ans dans son carton, c’est peut-être parce que c’était son chemin, comme le mien qui a changé et m’a fait découvrir de nouvelles lumières qui ont éclairé ces pages pour en faire ce qu’il est aujourd’hui.

Dès le début de votre livre, Jami, nommé aussi Le Petit Roi, se décrit lui-même comme « un observateur » doué d’une forme de « mission personnelle à accomplir ». Qui se cache derrière ce garçon ? Y a-t-il quelqu’un – et pourquoi pas vous-même ? – qui vous a servi de modèle ? Jusqu’où pouvons-nous soupçonner cette histoire comme étant autobiographique ?

Elle a bien sûr une part autobiographique. Je ne pense pas que l’on puisse totalement se détacher de soi en écrivant, même si la plus grande partie de cette histoire est de la fiction. C’est un livre sur le ressenti, des sensations perçues enfant sur lesquelles on ne sait pas mettre de mots, sur des joies et des souffrances qui vous ont construit et ressortent un jour au fil d’une histoire pour l’enrichir. 

Enfant, je regardais le monde comme une autre planète, celui du monde des adultes, dans lequel je ne comprenais pas comment j’allais m’y inscrire. Il est vrai que mon personnage dans son regard est proche de ce que j’étais, avec ce sentiment très fort que si j’étais là, ce devait être pour en faire quelque chose.

Et comme je regardais le monde avec beaucoup d’étonnement, mais aussi de peur, je m’enfuyais dans mon monde d’enfant, qui me rassurait.

« Mon pouvoir à moi, c’était mon silence » – déclare votre héros comme une volonté de tourner le dos au monde des adultes. Plus tard, nous comprendrons qu’il s’agit en réalité d’un besoin cruel d’attention et finalement d’amour. Peut-on en conclure que ce besoin d’amour est en filigrane le vrai sujet de votre livre ?

Oh que oui !

Quel est l’enfant qui n’a pas besoin d’amour…. J’ai eu des parents aimants, mais dont le regard porté sur l’enfant consistait à vouloir le fondre dans un moule et non l’accompagner sur son propre chemin de vie afin qu’il devienne réellement lui-même. L’amour reçu est en ce sens plutôt castrateur, même si l’on parle toujours d’amour.

Et en tant qu’architecte et designer, j’ai toujours cherché à créer du lien, que ce soit au travers de mes objets ou de la relation que je tisse avec mes clients. Donner du sens aux choses… cette très belle phrase « objets inanimés avez-vous donc une âme… ». Je pense que l’échange est porteur de sens et que l’âme qui est la mienne se mêle à celle de mes clients dans un acte créatif commun.

L’échange est un acte d’amour, tout simplement, et Jami dans son histoire en devenir ne cesse de rechercher ces échanges, tout en silence, tout en subtilité, cachant toujours derrière ses actes une quête absolue d’amour.

Cet enfermement dans le silence conduit Jami au mutisme. Les choses deviennent inquiétantes pour son entourage, mais pas pour lui, qui se réfugie dans un monde imaginaire et dans la rêverie. « Je vis peut-être la nuit et rêve mes jours, je ne sais pas », nous dit-il. Peut-on croire que pour Jami le rêve, l’imaginaire fonctionnent comme des échappatoires à sa solitude d’enfant mal-aimé ?

Oui totalement. Jami dans son rapport au monde et à ses parents, est totalement incompris, il n’est pas regardé, pas accompagné, pas ou mal aimé. 

J’aimais enfant, et ce que je disais à mes propres filles, regarder sur mes épaules ces petits hommes en blanc qui vous accompagnent, vous guident et vous conseillent. Il faut savoir les entendre, parfois les attendre, mais toujours avoir la conscience qu’ils sont là, juste à côté, invisibles et qu’il suffit d’y croire pour leur donner vie. C’est ça l’imaginaire…

C’était là ma façon de ne jamais être seul face au monde.

Jami n’est pas un rêveur introverti. Vous faites de lui un sculpteur-créateur capable de repeupler tout un univers qui prend vie sous sa main de maître. Est-ce que, selon vous, l’enfance est capable d’une telle performance, celle de créer un monde à elle, rassurant, lénifiant, voire vrai ?

Oui je le pense, et encore plus aujourd’hui. Chaque petit être est un créateur en devenir, chaque enfant dessine, c’est d’abord son premier mode d’expression, avec insouciance, sans notion de ce qui est beau. Il a juste besoin de raconter, ou de se raconter.

Enfant, je dessinais beaucoup, et puis un jour on m’a offert un avion en balsa que je devais monter. J’en ai fait un catamaran, parce que j’aimais la mer et qu’il me semblait qu’un bateau était plus proche de mon univers qu’un avion. On peut tout transformer dans la vie, encore plus lorsque l’on est enfant. Et puis en créant, c’est aussi une part de soi même que l’on observe et que l’on cherche à comprendre. Il me fallait créer, comme Jami ressent ce besoin vital, parce que c’est au travers de ses actes créatifs qu’il prend forme en lui-même.

Le thème de la mort est aussi présent dans votre livre, un thème incongru si l’on tient compte de l’âge de votre héros. Et pourtant, cela ne nous empêche pas de vous interroger sur le rôle qu’elle occupe dans ce récit où la solitude semble bien ancrée ?

Lorsque l’on est seul, terriblement seul, enfant, on n’est pas complètement vivant parce que la vie n’est pas partagée, pas comprise, pas accueillie. On devient vivant et on échappe à la (sa) mort lorsque l’on tisse du lien, avec les autres, mais aussi avec soi. Et puis j’ai écrit ce roman juste après la mort de mon père, peut-être pour lui rendre la vie qu’il venait de perdre, ou du moins pour la re-créer sous une autre forme. Mon père mort reste vivant aujourd’hui non pas au travers de ce qu’il a fait, mais au travers de ce Petit Roi.

Et puis cette notion si abstraite pour un enfant qu’est la mort, c’est-à-dire la prise de conscience de sa propre mort, est tellement absurde, qu’elle n’a de sens que lorsque l’enfant comprend qu’il va faire quelque chose de sa vie.

Le but de la vie, c’est la vie.

Laissons au lecteurs le plaisir de découvrir la fin de cette histoire. À nous de nous poser la question sur ce qui pourrait arracher un enfant aux griffes de la solitude et du manque d’amour. Comment comptez-vous rendre Jami un garçon heureux, finalement ? 

À mon sens, c’est lorsque l’enfant prend conscience qu’il sera toute sa vie dans une forme de solitude, c’est cette solitude qui le poussera à croiser, échanger, rencontrer, s’ouvrir aux autres, de la même manière qu’il devra lui-même être curieux de l’autre. 

Ce n’est qu’en croisant nos âmes que l’on devient soi-même, mais faut-il pour cela avoir des parents attentifs, qui ne vous considèrent pas comme un petit animal à élever comme son clone, mais un être à part entière qui n’appartient qu’à lui.

Dès lors, l’enfant sera accompagné sur son propre chemin de vie, avec comme quête essentielle de trouver ce qui le nourrira et le rendra heureux.

Et si à défaut ce n’est pas le cas, il faut espérer que d’autres sauront voir cet enfant en devenir, lire entre ses lignes qui ne sont pas encore écrites, et inventer ces mots qui le feront grandir.

Jami a eu cette chance, par son silence, sa capacité de prendre du recul, sa force créatrice, de chercher seul et de construire son chemin, mais, comme il est écrit, on n’est jamais complètement seul…

Interview réalisée par Dan Burcea

Emmanuel de Landtsheer, Le Petit Roi, Éditions Saint Honoré, mais 2020, 161 pages.

« Un livre iconoclaste » avec « des idées décoiffantes » (Breizh)

Chronique Littéraire. Mozart s’est-il contenté de naître ?

Voilà un livre iconoclaste à une époque où on ne cesse de parler d’égalité économique entre tous les êtres humains, où on s’efforce de faire culpabiliser ceux qui gagnent le plus et où on rêve du revenu universel.

Pour beaucoup de nos compatriotes, dans une société idéale, ceux qui sont au RSA toucheraient 1 000 € par mois tandis que les travailleurs les plus productifs ne gagneraient mensuellement que 3 000 €. Mais une telle société ne serait-elle pas cauchemardesque  et en décourageant les initiatives individuelles n’amènerait elle pas une misère généralisée ?

 

  1. de Coincy rappelle que l’égalité est un leurre, que si les 20 % les plus riches  touchent 38,2 % de l’ensemble des revenus, ils produisent 80 % de la richesse nationale, qu’en réalité ils sont très fortement taxés au profit des plus démunis de leurs compatriotes. Or la République a posé comme principe l’égalité des droits, pas l’égalité économique. Celle-ci est-elle souhaitable ? Est-elle morale ? Comme se le demande l’auteur, Mozart s’est-il contenté de naître ? N’a-t-il aucun mérite personnel ? Est-ce injuste s’il reçoit les bénéfices de ses efforts ?
  2. de Coincy nous donne un cours complet d’économie : il démontre que le PIB est un très mauvais indicateur de la richesse produite, car les investissements sont comptés deux fois. Si on rétablit les chiffres réels, le poids des prélèvements par rapport à la richesse créée devient exorbitant (70% ) tandis que la dette monte à 150% de ce qu’on produit effectivement en un an. En outre, le travail des administrations et du secteur public est surévalué, ce qui fausse encore plus les résultats.

L’auteur a une idée décoiffante pour résorber définitivement à moindre coût le chômage : il suggère que l’État verse 1500 € par mois par travailleur aux entreprises privées. Si tous ceux qui sont éloignés de l’emploi étaient mis au travail par le biais de cette subvention,  cette mesure coûterait 300 milliards d’euros. Les entreprises qui ne paieraient plus que 600 € par mois leurs ouvriers les moins qualifiés, pourraient à nouveau rivaliser avec des pays à faible coût salarial comme le Vietnam ou l’Indonésie.

Les relocalisations suivraient et le tissu industriel du pays serait reconstitué. De plus, les économies engendrées par cette mesure (le RSA serait réduit, les charges pour les bas salaires seraient supprimées, le traitement social  du chômage deviendrait inutile) se monteraient à 385 milliards d’euros  tandis que les comptes sociaux (sécurité sociale, caisse de retraite) redeviendraient excédentaires. Le PIB croîtrait modérément (2 % à 3 %), mais au lieu d’une société où 25 % de la population potentiellement active serait oisive tout en étant financée par les 75 % de travailleurs, on passerait à une société où 100 % de la population active le serait vraiment. Pour éviter tout dérapage et tout effet d’aubaine au niveau mondial, cette subvention par travailleur devrait être strictement réservé à ceux actuellement présents en France. Dans une Europe ouverte, cette condition sera très difficile à mettre en œuvre et est à la limite de la légalité.

Dernière idée, l’auteur suggère que l’impôt sur les sociétés ne porte plus sur les investissements et de modifier la comptabilité actuelle qui le répartit sur 5 ans. Selon M. de Coincy cela boosterait  l’investissement.

L’essai de M. de Coincy est intéressant, mais il fait l’impasse sur le rôle des « ultra riches ». Ceux-ci gagnent 10  % des revenus, mais que fournissent-ils réellement en contrepartie ? M. Bezos le PDG d’Amazon voit chaque année sa fortune augmenter de quelques milliards par an, n’a pas travaillé autant pour mériter cette somme. Son entreprise oui, mais pas lui personnellement. D’une certaine façon, il confisque la plus value produite par ses employés.

Christian de Molinier

« Mozart s’est-il contenté de naître ? » François de Coincy 18 € (à commander ici)

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

« Ce policier se lit avec bonheur et le suspens se maintient tout au long du livre. » (Breizh info)

Chronique littéraire. Tantum ergo de Maurice Daccord

Ce roman se veut le premier d’une longue série : les enquêtes de Léon Crevette et d’Eddy Baccardi.

Le premier est commandant de gendarmerie, le second invente, à l’approche de la retraite, un nouveau métier : confident de femmes (ou d’hommes) récemment divorcés. Il ne se veut ni thérapeute (il n’a pas les diplômes nécessaires), ni conseiller matrimonial, il propose juste d’être une oreille attentive. Au début, il a peu de succès, mais à mesure que le temps passe, sa clientèle grossit par le bouche-à-oreille. Malheureusement, une de ses consultantes est sauvagement assassinée et dépecée par un malade qui enfonce un crucifix dans un endroit intime. Une inscription latine est écrite sur le corps de la malheureuse « tantum Ergo ». C’est un extrait (les 2 dernières strophes) de l’hymne des vêpres Pangue Lingua, composé par saint Thomas d’Aquin et qui est, depuis le dix-neuvième siècle, lié au Saint Sacrement.  Le meurtre est suivi de plusieurs autres, le rituel (crucifix, inscription tantum Ergo) étant le même, les victimes ayant pour la grande majorité fréquenté le cabinet d’Eddy. En outre, elles portaient toutes une croix, dont le criminel a fait un usage inattendu. Le commandant Crevette chargé de l’enquête contacte Baccardi dès le premier crime et une amitié se noue entre ces deux hommes divorcés et esseulés. Ils échangent leurs avis sur l’affaire, effectuent ensemble quelques investigations. Le commandant Crevette croit tenir son coupable, un récidiviste à peine sorti de prison, mais un nouveau meurtre se produisant lors de l’incarcération de ce repris de justice, cette piste s’effondre. Baccardi lui a l’intuition que les crimes sont liés à un couvent situé dans le château de Hautval.

Il était jadis un internat pour jeunes filles. Crevette et Baccardi vont rendre visite à la  mère supérieure. Le pensionnat est fermé depuis longtemps et manque de chance les archives contenant les noms des élèves ont brûlé lors de l’incendie du couvent. Reste une vieille sœur et une photo qui permet d’identifier quelques pensionnaires et parmi elles une partie des victimes. Le couvent a été marqué jadis par un scandale : un jeune prêtre chilien s’est enfui avec une jeune adolescente Alice. L’avion qui les ramenait au Chili s’est écrasé dans les Andes ; les deux évadés seraient morts carbonisés. Il y a eu 4 survivants dont une jeune femme Béatriz gravement brûlée et défigurée. Celle-ci a entretenu une longue correspondance avec une amie d’Alice, la mère de Colombe, une des clientes d’Eddy. Cette Béatriz aurait reçu des confidences d’Alice, qui aurait été sa voisine de siège dans l’avion. Elle semble informée sur quantité d’événements, notamment ce qui s’est passé dans le couvent. L’assassin est-il en fait une femme qui aurait accompli une sinistre vengeance ?

Ce policier se lit avec bonheur et le suspens se maintient tout au long du livre. Certes, l’auteur n’écrit pas en Français châtié ; il flirte avec l’argot. On retrouve en partie l’atmosphère des romans de Simenon, avec nourritures roboratives et les enquêtes qui avancent au café ou au restaurant. On attend donc le deuxième opus de la série.

Tantum ergo de Maurice Daccord éditions l’Harmattan 21,5 €

Chronique de Christian de Moliner

Crédit photo : DR
[cc] BREIZH-INFO.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

 » Le complot est original pour un premier polar et l’on croit savoir qui est le coupable avant de déchanter, ce qui est le bonheur de lecture d’une intrigue. »

Maurice Daccord, Tantum ergo

« Donc seulement » (tantum ergo) vénérons ce sacrement… est extrait d’un hymne des vêpres Pange linguade saint Thomas d’Aquin au XIIIe siècle. Il était chanté dans les pensionnats catholiques de jeunes filles, notamment chez les plus intégristes d’entre eux, les Trappistes. Maurice Daccord en fait l’accord musical et spirituel d’un polar noir où les crimes se succèdent. Que des femmes, toutes égorgées et éventrées, gravées au bistouri d’un tantum ergo sur le sein et leur croix enfilée dans le vagin.

Bien que ce roman policier commence poussif par des considérations généalogiques et générales (le travers français de remonter aux calendes grecques avant même d’évoquer les faits au présent), il prend peu à peu son rythme de croisière pour captiver le lecteur. Le complot est original pour un premier polar et l’on croit savoir qui est le coupable avant de déchanter, ce qui est le bonheur de lecture d’une intrigue. (…)

Même si l’auteur hésite quant au style entre Fred Vargas et Frédéric Dard, il se lit aisément, les jeux de mot laids illustrant la réflexion intense des deux compères improbables : un commandant gendarme un brin balourd et un quasi retraité des assurances qui crée sa propre boite d’écoute en divorces. Le premier, dessalé, sait nager et le second, fort en alcool, vient de Rome.

Ils n’empêchent aucun des meurtres, ce qui est décevant, mais finissent par trouver le fin mot de l’énigme rien que pour eux, ce qui est réjouissant. Encore que certains mystères subsistent, ce qui est frustrant, mais le prix pour allécher le lecteur sur ce duo d’enquêteurs un peu particuliers qui vont – n’en doutons pas – poursuivre leurs activités détectives.  

Maurice Daccord, Tantum ergo – une enquête de Crevette et Baccardi, 2020, collection Noir L’Harmattan, 217 pages, €21.50

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com