Argoul a passé un bon moment avec Fiona Lauriol

Fiona Lauriol, 101 ans – mémé part en vadrouille

Fin août 2018, mémé a 101 ans et se morfond en Ehpad. Comme elle est seule, elle est désagréable ; comme elle crie la nuit et embête le monde, on lui donne des somnifères ; comme elle est vaseuse la journée, elle n’a plus le goût à rien. Qu’à chier pour faire chier le monde et engueuler ceux qui s’occupent d’elle comme d’un paquet pour lequel on est payé. D’où la décision de sa petite-fille Fiona, avec l’accord de sa mère Fosca, de retirer mémé de la maison de retraite pour s’occuper d’elle à plein temps.

Non pas qu’il y ait eu tendresse ou lien particulier entre grand-mère, née en 1917, et petite-fille, née en 1982. Mais un souci de la plus jeune, routarde convaincue dès son plus jeune âge ayant parcouru le monde, à ne pas laisser mémé passer le siècle sans lui offrir quelques beaux derniers instants.

Ces instants vont durer des mois car mémé partira définitivement à 103 ans. Mais, entretemps, quel périple ! Partis de Vendée pour la Provence, puis retour en camping-car un peu exigu ; repartis pour l’Espagne puis le Portugal dans un camping-car pour quatre et plus neuf. Les parents viennent aussi, en « fourgon » la première fois, puis en fourgon plus voiture pour se déplacer plus facilement en courses et en visites. C’est tout un convoi étiqueté « 101 ans, mémé part en vadrouille », qui parcourt les routes du sud.

Mémé est ravie. Bien-sûr, je vous passe le premier chapitre de (re) connaissance mutuelle avec merde à nettoyer et change de couches ; comédie pour les médicaments et pour avaler une bouchée ; caprices pour être servie, à bonne température, et qu’on s’occupe d’elle, y compris à trois heures du matin. C’est mémé, c’est-à-dire une vieille retombée en enfance ou presque, partant parfois dans des délires où Fiona qui s’occupe d’elle est l’Autre qu’on peut engueuler à loisir, ou chanter en pleine nuit pour bien la réveiller et avoir de la compagnie. Heureusement pas d’Alzheimer.

Et puis les semaines passent, puis les mois, et chacun trouve ses marques. Mémé est ravie de voir du nouveau chaque jour et de la famille constamment à ses côtés. Elle découvre des fêtes, se déguise, est prise en photo, passe à la télé ! Une belle fin pour une vie commencée dans la misère, mendiant dès 2 ans dans une Italie très pauvre, avant de planter le riz les pieds nus dans l’eau à 12 ans. Tout un monde passé, italien, catholique, macho, où les filles devaient trouver le bon parti qui fait bouiller la marmite et élever la marmaille sans laquelle on n’est décidément pas une femme.

Fiona est le garçon manqué, toujours pas mariée à 38 ans, sans mec ni gosse non plus, en bref une horreur pour mémé. Elle veut l’apparier à tous les mâles en uniforme qui l’impressionnent, surtout les blonds musclés, on ne sait pourquoi. Mais Fiona glisse, bavarde, sourit, traduit, s’exprime en sabir multilingues, s’entremet. Le camping-car est une occasion de se déplacer libre qui permet de s’arrêter presque partout (sur les parkings réservés ou en demandant l’autorisation). Cette indépendance permet le luxe des relations de hasard. Et il y en a !

Sauf qu’en avril 2020, patatras ! C’est le Covid. Les confinements commencent, les déplacements limités, les frontières se ferment. La famille est en Espagne avec ses trois véhicules et elle va passer 57 jours sans bouger du parking de la commune de Bellus, près de Valence en Espagne. Avec plusieurs autres étrangers bloqués aussi, venus de toute l’Europe (dont un Belge particulièrement borné). La vie s’organise.

Tout cela est raconté par le menu d’un ton alerte, avec des anecdotes parfois drôles, toujours d’un optimisme à tout crin. L’autrice, qui habite La Faute-sur-mer où la tempête Xynthia a sévit (et sur laquelle elle a écrit un premier livre), a le chic de se mettre dans des galères faute de se poser un moment pour penser les choses. Ainsi ses locataires ne la payent que lorsqu’elle va les voir – c’est pratique quand on voyage ! Au lieu de rentrer dès la menace pandémique connue (surtout que Macron n’a confiné que tardivement, à cause des politicards qui voulaient absolument être réélus aux municipales), on tergiverse, on discute avec les parents qu’on devine plutôt intellos brouillons. Autodidacte, Fiona fait des cuirs en écrivant notamment « ça va jazzer » au lieu de « jaser » dans le camp, mais elle est sympathique. Son optimisme sans faille en toutes circonstances emporte l’adhésion. Le lecteur passe un bon moment, sur plus de 400 pages sans jamais s’ennuyer.

Un cadeau de Noël qui sera apprécié de celles et ceux qui ont des « mémés » en Ehpad et qui se disent que peut-être une vie en famille serait moins triste pour passer le temps. Car la relation n’est jamais à sens unique.

Un QR code à la fin du livre permet de voir quelques photos de mémé en vadrouille.

Fiona Lauriol, 101 ans – mémé part en vadrouille, 2021, Blackephant éditions, 441 pages, €16.90 e-book Kindle €11.99

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com

Le Dit des Mots offre la première excellente lecture du roman émouvant de Pierre March

Derrière un titre poétique – La petite fille qui regardait le Bosphore – se cache un drame beaucoup plus sombre. Pour son premier roman, Pierre March invite le lecteur à découvrir un sujet souvent tabou, le sado-masochisme, à travers un amour impossible…

La petite fille qui regardait le Bosphore c’est une histoire d’amour « sulfureuse » car placée sous le sceau d’un sado-masochisme consenti entre Hugo, cadre supérieur et une jeune femme, mariée dans la tradition judaïque, Marine, créatrice du premier laboratoire privé de séquence d’ADN… Une histoire d’amour inattendue entre deux adultes ayant chacun une vie de famille, qui pourra en choquer certains, et une histoire d’amour qui finit mal.

Au fil des pages, qui joue sur un aller-retour entre passé et présent, Pierre March raconte, non sans une certaine froideur de descriptions presque cliniques, la relation qui se tisse entre ces deux êtres, réunis par le même goût pour des relations de maître à esclave. Il écrit ainsi : « Nous avons rapidement découvert que nos atomes étaient assez « crochus ». Ton masochisme, bien réel comme j’ai pu le vérifier si souvent par la suite, ne pouvait s’exprimer dans une vie de couple simple et routinière, bercée – endormie ? – par une pratique religieuse peu propice à l’épanouissement de ces pulsions sauvages et perverses qui te transperçaient régulièrement.« 

Au fil de courts chapitres, on plonge ainsi dans un univers étrange, voire choquant, pour qui est étranger à de telles pratiques sexuelles. Au demeurant, Pierre March parvient bien à faire partager comment ces relations violentes entre deux adultes consentants – elles se déroulent au milieu des années 90 – est une expression, violente, dérangeante, d’un amour profond. Pour autant, comme le dit la chanson, « les histoires d’amour finissent mal en général » et ce récit tourne rapidement à une oraison funèbre…

Portrait d’une femme marquée par la difficulté de vivre, d’échapper au poids d’une certaine tradition, et d’un homme qui lui impose les règles d’un jeu dominateur, ce roman ne peut laisser indifférent tant les choses sont décrites par le menu. Il lui écrit ainsi : « Mon école est dure, dites-vous, certes, mais cherchiez-vous donc la facilité pour que vous me reprochiez plus particulièrement cela ? Je n’ose le croire. En tout état de cause, vous ne sauriez critiquer ma méthode impunément, sachez-le, et ne fautez plus. »

Chronique d’une relation sur un fil du rasoir, ce premier roman explore un univers qui ne peut que susciter des interrogations, et ce d’autant plus que l’auteur ne cède à aucun folklore mais décrit, sans fard, la réalité d’une telle relation. Ce réalisme ne peut alors laisser de marbre…

(*) Ed. Le Four banal

« développer des qualités d’ouverture et d’empathie » avec Colette Portelance

Colette Portelance, Au cœur de l’intelligence

Enseignante en secondaire puis éducatrice, l’autrice a développé une expérience pratique qu’elle a approfondi avec passion par des études théoriques. L’échec scolaire n’est pas une fatalité mais un manque de motivation. Lequel est lié intimement à l’affectif. Jamais un enseignement purement rationnel ne suffit pour apprendre ; il lui faut l’intelligence du cœur pour adhérer à celui qui enseigne, donc à sa matière.

Il existe de multiples formes d’appréhender le monde pour le comprendre et s’y adapter, ce que l’on appelle « l’intelligence ». Notre approche occidentale, venue des Romains via l’Eglise, est hiérarchique et autoritaire : le sachant est l’intermédiaire qui « délivre » la vérité issue de Dieu même. Avec ça, si vous ne comprenez rien, c’est que vous êtes une bête, pas à l’image du Créateur. Le rationnel comprend, l’ambitieux fait des efforts, l’affectif cherche ailleurs, dans les amitiés particulières au lieu des leçons – en bref très peu suivent.

Portelance synthétise en première partie les types d’intelligence en trois formes pratiques : les esthètes, les pragmatiques et les rationnels. Chacun a en soi un peu des trois tempéraments mais l’un domine en général. Eduquer veut d’abord dire aimer et respecter avant d’encadrer pour que l’élève puisse se réaliser.

Les esthètes sont des artistes qui fonctionnent aux sentiments et à l’imagination ; ils ont de l’intuition et des idéaux. Les éducateurs devront respecter leur monde imaginaire et l’aider à apprivoiser leurs peurs ; toutes les méthodes d’expression créatrices sont utiles (dessin, sculpture, poésie).

Les pragmatiques ont une intelligence orientée vers la pratique, le faire ; ils sont visuels et ont le sens de l’orientation comme du bricolage ; comme ils ne savent pas quoi faire de leurs émotions, ils agissent avec des solutions concrètes plus ou moins appropriées. Très sociables, ils auront intérêt à travailler en groupe et à réaliser des exercices concrets.

Les rationnels sont les « bons élèves » de l’institution scolaire héritée des scolastiques. Cérébraux et matheux, ils ont le don d’abstraction tout en étant à peu près inaptes en émotions. D’où cette propension des « grandes » écoles à croire tout calculable, y compris les risques humains, et à négliger les affects de ceux qui en subissent les conséquences. L’éducation consistera à leur faire ressentir ce qui se passe en eux pour qu’ils ne soient pas menés sans le savoir par leurs émotions.

Quant aux intelligences irrationnelles, qui font l’objet de la seconde partie, elles se distinguent en : émotionnelle, motivationnelle, intrapersonnelle, spirituelle.

L’émotionnelle fait collaborer tête et cœur de façon à contrôler les émotions et les faire servir aux pensées et aux actes. Elle permet les relations et la faculté de rassembler les autres.

La motivationnelle est une énergie interne qui pousse à agir. Elle est liée aux émotions (la passion) mais aussi aux besoins, aux valeurs, aux pensées, aux relations. C’est ainsi que l’attachement permet l’apprentissage, le lien social de se sentir intégré et reconnu, la compétence d’approfondir sa passion.

L’intrapersonnelle est la faculté de se comprendre soi-même, de mettre des mots sur les émotions éprouvées ici et maintenant pour découvrir les ressources personnelles dans la raison, la spiritualité et la création. Être conscient, c’est être « éveillé ». Quand la tête n’est pas en relation avec le cœur, se répètent les mécanismes défensifs qui font souffrir et tourner en rond. D’où dépression, burn out et sentiment d’abandon. Les expériences déjà vécues permettent les réponses à la situation à condition d’accepter ce qui est, notamment sa propre part de responsabilité dans la situation. Pour cela, il est nécessaire de faire attention au ressenti et d’en prendre conscience afin de s’adapter aux changements.

La spirituelle est plus vague, faculté de connexion à soi, aux autres et à l’univers, Dieu ou pas. Elle permet de vivre en étant pleinement soi et d’en comprendre le sens. Ouverture d’esprit, empathie, éthique, sincérité, créativité et générosité sont associées à cette forme d’intelligence. Elle permet d’aller plus loin.

Un chapitre particulier est consacré à l’intelligence irrationnelle à l’école : vaste programme en France tant « l’esprit » même du prof est orienté vers la délivrance intellectuelle du savoir au détriment de son affective acquisition ! Or il ne saurait y avoir éducation sans relation personnelle.

Ce livre est un manuel de développement personnel à l’américaine, orienté vers la pratique. Il sera utile aux parents et aux enseignants avant tout, mais aussi à soi et aux rapports humains en entreprise, en association, dans les bureaux. Le diplôme n’est pas tout, ni la position sociale ; les qualités humaines sont de plus en plus sollicitées et reconnues dans les CV. Pour bien travailler, bien créer et bien diriger, il faut être soi et se connaître tout en développant des qualités d’ouverture et d’empathie qui permettent de comprendre les autres afin de mieux se faire comprendre.

Colette Portelance, Au cœur de l’intelligence, 2021, Editions du CRAM (Canada), 294 pages, €20.00

Attachée de presse BALUSTRADE : Guilaine Depis, 06 84 36 31 85 guilaine_depis@yahoo.com  

Le grand philosophe Robert Redeker a lu « Célébrations du bonheur » d’Emmanuel Jaffelin pour Marianne

LE BONHEUR EST UN EFFET, NON UN BUT

Et si nous avions tort de courir après le bonheur ? De le considérer comme la fin de toutes nos activités ? Rien de plus trompeuse que cette recherche à perdre haleine : elle ne conduit qu’à la déception, qu’à l’amertume, qu’au désespoir ! Nous prenons l’heur, lorsqu’il complaît à nos désirs, pour le bonheur, oubliant qu’il se renversera bientôt en son contraire.

C’est dans cet heur, pourtant, que nous plaçons nos rêves de félicité. Nous succombons au coup de foudre, et voilà que tout tourne mal ! Nous donnons la vie à un enfant, et voilà qu’il meurt ! Nous avons gagné au loto, et voilà que nous perdons en qualité d’existence ! Notre faute de logique : nous plaçons notre bonheur dans ce qui ne dépend pas de nous.

Lorsque surgit l’événement contraire, la maladie, la ruine, la séparation, la disgrâce, la mort, nous nous croyons malheureux. Le malheur est une question d’interprétation. En soi, il n’existe pas. Ce n’est pas l’événement qui nous fait souffrir, mais le jugement que nous portons sur lui. Il est malheur parce que nous le jugeons tel. La mort d’un enfant n’est pas un malheur en soi ; ce n’est un malheur que dans notre jugement. Nous pouvons juger qu’elle est dans l’ordre des choses. Si les événements ne dépendent pas de nous, notre jugement lui, en dépend. Le bonheur n’est pas un but de l’action, mais un effet de la liberté intérieure.

Ne nous fions pas au titre, Célébrations du bonheur. Ce livre n’est pas un sirupeux pensum de développement personnel, cette espèce littéraire aussi toxique qu’invasive, mais un véritable livre de philosophie pour tous, écrit dans la langue du quotidien. Aussi limpide que les Entretiens d’Épictète, il est un symptôme de l’inépuisable fécondité du stoïcisme, qu’Emmanuel Jaffelin remet au goût du jour.

Emmanuel Jaffelin, Célébrations du bonheur. Guide de sagesse pour ceux qui veulent être heureuxMichel Lafon, 176 p., 12 €

Robert Redeker

Philippe Boyer a lu pour la Tribune l’essai de John Karp et Rémy Peretz

Pour Noël, offrez des NFT par Philippe Boyer dans la Tribune

HOMO NUMERICUS. Nombre d’artistes et de collectionneurs -et peut-être un jour le grand public- parient déjà sur les NFT. Ces « jetons non fongibles » permettent de certifier l’authenticité d’objets virtuels ou réels. Simple évolution technologique ou future vraie révolution d’usage ? Par Philippe Boyer, directeur relations institutionnelles et innovation à Covivio.

Photo d’illustration: le 30 septembre dernier, le public se presse devant « Hold onto your Bitcoin ». Cette oeuvre de l’artiste Gustav Szabo, plus connu sous le nom de Szabotage, sera ensuite convertie en NFT et mise aux enchères en ligne chez Sotheby’s, à la Digital Art Fair de Hong Kong (Chine). (Crédits : Reuters)

Et si, en guise de cadeaux disposés au pied du sapin, les traditionnels paquets avaient cédé leur place à de simples attestations numériques certifiant que nous sommes les heureux propriétaires d’objets virtuels? En clair, plus besoin d’ouvrir ses paquets pour, sans attendre, essayer la dernière paire de baskets à la mode, ou admirer, en l’exposant sur son mur, la peinture d’un artiste connu. À la place, nous nous contenterions d’une attestation numérique, preuve irréfutable que nous sommes bien le propriétaire d’un produit ou d’une œuvre fabriquée en quantité très limitée, voire en un exemplaire unique.

Cette vision « originale » pourrait être celle d’un futur Noël lorsque marques et clients auront cédé aux sirènes de la propriété d’objets virtuels rendue possible par l’apparition des NFT.

Le jeton non fongible, contre le « copillage » des œuvres

Un NFT (3 lettres pour signifier « non-fungible token », en français, « jeton non fongible ») est une technologie qui pourrait transformer des industries à l’instar des médias, du monde des jeux vidéo, de la mode, des loisirs ou encore celui du marché de l’art. Pour faire simple, les concepteurs des NFT sont partis d’un constat qu’il fallait protéger les créateurs d’œuvres d’art numériques, ceux-ci régulièrement dépossédés de leur travail du fait que leurs œuvres, exposées sur internet, pouvaient être très facilement dupliquées et copiées, à l’infini. Les NFT ont vocation à mettre fin à ce « pillage systématique » grâce à un procédé d’encryptage d’une œuvre sur la blockchain, registre commun de transactions réputé inviolable. À l’instar d’un acte notarié, un NFT s’apparente à une preuve électronique infalsifiable et inaltérable qui permet de savoir qui est à l’origine de quoi et qui possède quoi.

Pour être concret, et appliqué au marché de l’art (qui représente 70% de l’activité des NFT), John Karp, co-auteur de « NFT Révolution – Naissance du mouvement Crypto-Art [1] » cite l’exemple de la Joconde :

« Il n’y en a qu’une sur terre, signée Léonard de Vinci. Ce tableau est au Louvre, mais n’importe qui peut en obtenir une photo, une image, donc une copie. Posséder un NFT signifie que tout le monde convient que vous possédez l’original d’une œuvre, même si n’importe qui peut en obtenir une copie et que l’artiste en détient toujours les droits d’auteur »

Art, industrie du luxe, jeux vidéo… les NFT gagnent du terrain

Outre le marché de l’art qui s’est engouffré dans la brèche NFT (au mois de mars dernier, une œuvre d’art 100% numérique de l’artiste Beeple s’est adjugée 69,4 millions de dollars via l’émission d’un titre de propriété NFT [2]), d’autres secteurs s’y intéressent. Il y a quelques jours, Nike a racheté la marque de mode digitale RTFKT (prononcez «Artéfact») qui conçoit des articles de prêt-à-porter virtuels. Chaque pièce créée (chaussures, lunettes, vêtements…) étant associée à un jeton numérique certifié et traçable sur la blockchain, qui fait de son propriétaire le détenteur unique d’un objet qui n’existe pas « dans la vraie vie » mais qui trouve toute sa valeur auprès des collectionneurs ou importé dans l’univers du jeu vidéo, demain dans le Métaverse [3].

Dans le secteur de la mode, les grandes maisons parient, elles aussi, sur les NFT: Balmain [4], Balenciaga [5], Louis Vuitton [6]… se sont lancées via des collections hybrides (physiques et virtuelles) ou d’autres initiatives originales (jeux)… le tout permettant de tracer le cycle de vie des produits, de la fabrication en passant par la vente et la revente sur le marché de la seconde main, sans oublier l’acte d’achat en lui-même.

Selon le site Nonfungible.com, le marché des NFT (chansons, gifs, mèmes, vidéos, photos, cartes de jeu, objets physiques et/ou numériques…) devrait atteindre près de 10 milliards de dollars d’ici à la fin 2021, contre à peine 200 millions l’année dernière [7].

Il est difficile à dire si ce phénomène NFT s’apparente à une nouvelle bulle spéculative ou si l’on se trouve en présence d’une vraie révolution tant ce phénomène est encore récent, et cela dans un contexte où l’essentiel des opérations sont encore de faibles montants : les trois-quarts des transactions étant inférieures à 10 dollars et 1% supérieures à 1.600 dollars [8].

Une prochaine « révolution NFT » ?

Bien que le nombre d’acheteurs de NFT soit encore limité et que ces derniers se retrouvent plutôt autour du marché de l’art, le fait est que les FNT ne cessent de progresser, et cela grâce aux millions de gamers qui, pour enrichir leur expérience de jeux n’hésitent pas à acheter et à revendre des compléments numériques qui s’acquièrent via l’acquisition de jetons non fongibles.

À terme, et si cette « révolution NFT » devait advenir, il n’est pas fantaisiste d’imaginer que nombre de chaînes de valeur économiques pourraient s’en trouver bousculées dans un contexte où monde réel et monde virtuel seront de plus en plus proches l’un de l’autre, jusqu’à vivre de nouvelles expériences immersives ponctuées d’objets et d’univers hybrides (à la fois numériques et réels).

En attendant cette période où, au pied de son sapin (virtuel), chacun recevra un message l’informant qu’il est devenu l’heureux propriétaire de jetons non fongibles, on se contentera, plus classiquement, d’ouvrir ses paquets ; ceux-là bien réels, et d’apprécier le détournement de circonstance de ces 3 lettres « NFT » pour signifier : « Noël, Famille, Trinquons »… Joyeux Noël !

NOTES

1 https://www.thebookedition.com/fr/nft-revolution-naissance-du-mouvement-crypto-art-p-386785.html

2 https://www.lemonde.fr/culture/article/2021/03/11/une-uvre-numerique-se-vend-69-3-millions-de-dollars-chez-christie-s-un-record_6072801_3246.html

3 https://www.latribune.fr/opinions/blogs/homo-numericus/le-web-est-mort-vive-le-metaverse-891558.html

4 https://www.voguebusiness.com/fashion/exclusive-why-balmain-is-betting-big-on-nfts

5 https://www.vogue.fr/vogue-hommes/article/balenciaga-fortnite-collaboration

6 https://cryptoast.fr/louis-vuitton-lance-jeu-mobile-nfts/

7 https://nonfungible.com/blog/q2-2021-nft-report

8 https://www.nature.com/articles/s41598-021-00053-8

Michelle Gaillard consacre son émission à « La Chambre de Léonie » d’Hélène Waysbord sur Fréquence Protestante

Réécouter l’émission ici : https://frequenceprotestante.com/diffusion/clin-doeil-du-17-12-2021-2/

Ancienne professeur de lettres, Hélène Waysbord va relire Proust alors qu’elle est en Normandie pendant le confinement. Les correspondances qui vont alors s‘établir avec ses douleurs d’enfance – la disparition de ses parents à Auschwitz -, lui font écrire une leçon de littérature avec un livre inclassable : « La chambre de Léonie » paru aux ed. Vistemboir.

Hélène Waysbord fut aussi conseillère de François Mitterrand pour les grands projets, et présidente de la Maison des enfants d’Izieu.

L’écrivain Sophie Marie L recommande « Métamorphose » d’Anne-Cécile Hartemann

Les ami(e)s, bientôt Noël et une formidable opportunité de se faire plaisir en offrant ce petit guide lumineux et merveilleux témoignage d’une métamorphose, à vos proches, ainsi qu’à vous-même.
J’ai rencontré Anne-Cécile, il y a quelques semaines, lors de son passage parisien. Invitée à un atelier découverte à l’hôtel La Louisiane pour la signature de ce petit bijou grâce à notre fée Guilaine Depis. Je dis petit bijou, car il ne s’agit pas là d’un énième texte traitant de développement personnel. Mais d’un livre qui offre de nombreuses clés et étapes d’accès à une reconstriction durable. Comment sortir de la dépression? D’un gouffre de douleurs vertigineux d’une vie qui soudain s’écroule? D’une situation actée par des événements sur lesquels nous n’avons aucune prise, aucun contrôle? Comment décider d’une métamorphose et accepter de relâcher le passé pour vivre dans l’instant et la lumière? Quels outils? Quelles procédures? Quand on sait que le mental devient le pire des monstres quand on tente de se battre contre lui et le faire taire. Anne-Cécile est thérapeute, enseignante de Hatha Yoga, et animatrice de cercles philosophiques. Son texte est précis, trois parties, simples, une méthodologie, des explications intelligibles, l’expérience d’une femme inspirante. Il n’y a pas de mystère mais un miracle initié de l’intérieur qui demande constance et engagement dans cette vie. Notre seule certitude étant l’impermanence, chaque instant délivre un champ infini de possibles pour se redécouvrir, et se reprogrammer. Comme nous avons besoin chaque jour d’une douche pour laver notre corps, nous avons besoin de ce nettoyage mental qui conduira à la métamorphose. Je ne vous en dirai pas plus. Simplement de vous donner un peu d’amour, et de lire ce texte que vous ne manquerez pas de partager à votre tour.
et pour en finir, ces quelques mots du grand Kabir “Wherever you are is the entry point.”

Louis Daufresne consacre sur Radio Notre Dame une superbe émission à la démocratie (avec Dominique Motte)

Le Grand Témoin 7h30

Émission du 15 décembre 2021 : La démocratie, un modèle démocratique trop peu connu (réécouter l’émission ICI)

Dominique MOTTE, entrepreneur franco-suisse. Auteur de De la démocratie en Suisse (La route de la Soie)

A bien y regarder, la France se compare assez peu avec ses voisins, et surtout elle s’inspire très peu de ce qui se passe chez eux. Finalement, la culture qui déteint le plus sur nous est celle importée ou imposée par l’Amérique, à travers ses produits de masse et ses réseaux de communication. Certes, on a toujours un œil sur l’Allemagne, parce qu’au fond, on en a peur. Mais voit-on ce qui se passe en Suisse, pays francophone, de culture germanique ? A plusieurs reprises, je me suis aventuré sur ce terrain, avec une question : pourquoi en Suisse, ça tourne ? Il n’est pas sûr qu’Emmanuel Macron en parle ce soir au cours de son allocution télévisée. La démocratie en Suisse fonctionne sur un schéma inverse du nôtre. Les institutions, le sens du travail, l’esprit civique, l’esprit de village, de vallée, y subsistent encore, et ne sont pas incompatibles avec un niveau de vie élevé. La commune et le canton sont au cœur de l’organisation démocratique, avec pour maître-mot : référendum et subsidiarité.